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Politiques sportives, relations sociales et action collective

Jean-Pierre Augustin, André Suchet et Jean-Paul Callède
p. 3-5

Texte intégral

1Au-delà des diversités de contextes, de circonstances et de situations économiques, le sport apparaît comme un terrain d’expression du vivre ensemble de premier ordre dans la société contemporaine (Augustin, 2016, 2007; Duret, 2008). Tout à la fois, pratique culturelle, secteur professionnel et moments de fête, les activités, les organisations et les rassemblements sportifs constituent désormais une structure fondamentale de régulation collective. La remise en cause des monopoles d’État, surtout en France, historiquement centralisée, mais aussi dans d’autres pays francophones, comme le Canada, la Suisse ou la Belgique, redistribue à d’autres certaines fonctions de société. Le monde sportif associatif apparait dès lors en conservatoire du lien social indispensable. Dans la pratique, l’action publique régionale autant que locale repose de plus en plus fortement sur l’idée de projet en Europe comme en Amérique du Nord. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication démultiplient mais aussi paradoxalement limitent autant qu’il est possible les relations interpersonnelles. Plus encore, la chute des grandes institutions de socialisation et de sociabilité que pouvaient être la famille, l’Église, l’armée, renforce le besoin de nouveaux espaces destinés à ces fonctions que remplit le monde sportif. Ces relations ininterrompues mais renouvelées entre pouvoirs publics, action collective et lien social sont plus que jamais à questionner. Il faut dire que les activités pratiquées changent dans le temps et dans l’espace (Suchet & Stebbins, 2015; Terret, 2013, 1996).

2L’enjeu scientifique porte aussi sur de nouvelles relations théoriques entre représentations, cultures et identités, entre pouvoir, conflits et communication, entre contraintes et liberté. Le sport s’impose en effet comme un objet d’étude permettant d’appréhender, tout autant que d’autres sinon davantage, les dynamiques contemporaines mondialisées. Le sport, omniprésent dans les médias et les discours, est devenu un genre commun dont il n’est plus permis de méconnaitre l’importance. Au plan épistémologique, les approches disciplinaires ou pluridisciplinaires sont à la fois concurrentes et complémentaires à ce sujet.

3Vingt ans après la parution du livre Sport, relations sociales et action collective (Augustin & Callède, 1995), actes d’un colloque qui avait fortement rassemblé à l’échelle francophone, et surtout qui avait présidé à un certain nombre des orientations prises depuis en sociologie politique et en géographie sociale des pratiques sportives, ce numéro thématique souhaite participer à un nouveau bilan d’étape, notamment à propos des dimensions les plus politiques de ces dynamiques sociales. Objet d’un travail collectif mené à Bordeaux depuis novembre 2015 au sein de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine et d’une réponse faite par une vingtaine d’auteurs des centres universitaires majeurs de la recherche à ce sujet les articles de ce numéro répondent aux espérances de ce projet.

4Les premiers textes de ce numéro retracent un certain nombre d’évolutions en sociologie historique et géographie politique des pratiques sportives. Dans son article introductif, Jean-Paul Callède détaille les modèles d’organisation et les rapports de force en présence dans le sport en entreprise au cours du xxe siècle. Sur la base d’un travail approfondi mené sur cet évènement sportif et touristique des années 1990, André Suchet et Dominique Jorand étudient l’organisation française des Jeux Pyrénéens de l’Aventure 1993, à la fois cas d’école d’une sociologie des organisations et cas particulier remarquable d’une géographie sociale des acteurs politiques et des initiatives privées en montagne.

5Dans une seconde partie de ce numéro, trois textes présentent une ambition théorique et programmatique : Yohann Rech et Élodie Paget, issus de la troisième génération de l’école grenobloise de sociologie des organisations sportives défendent l’intérêt de saisir les transformations actuelles des sports de nature par la théorie de l’acteur-réseau. Bastien Soulé, offre une réflexion rétrospective sur la fabrique sociale des risques liés aux pratiques récréatives et sportives de montagne sur la base de ses recherches menées depuis plus de quinze ans à ce sujet. Enfin, donnant suite à un certain nombre de jalons posés, Jean-Pierre Augustin défend sa formalisation du concept de médiation territoriale comme paradigme d’étude des cultures, des territoires et des pratiques sportives.

6Enfin, la troisième partie de ce numéro présente une série d’études de cas et de réflexions sur l’intégration sociale, les identités collectives et la notion récente d’inclusion sociale. Delphine Joannin et Christine Mennesson de l’équipe universitaire de Toulouse, interrogent les socialisations sportives des jeunes garçons par rapport à la position au sein des réseaux relationnels en milieu scolaire. Mélanie Perez et Sylvain Ferez de l’équipe de recherche spécialisée dans le domaine du handisport SantÉsih à Montpellier montrent la bascule conduisant de l’exclusion des séropositifs à l’accompagnement des « malades » du vih-sida dans le sport à la fin des années 1990. Plus largement, Jacques Mikulovic et Gilles Bui-Xuân, tenants de l’approche conative en sciences de l’intervention, ouvrent un débat et un questionnement sur les paradoxes, les enjeux et les objectifs des actions d’intégration sociale des personnes handicapées mentales par les activités physiques. Les trois derniers textes traitent ensuite du football en tant que pratique sportive et pratique sociale majeure. William Gasparini et Michel Koebel livrent les résultats inédits d’une enquête dans les clubs alsaciens de football communautaire à l’heure de tensions politiques, médiatiques et sécuritaires à ce sujet. Léni Charbonnier et Andy Smith traitent du football dans les appartenances locales en France, et tentent de montrer comment ce sport est suivi par son public et le sens qu’on lui donne à partir d’une étude quantitative en marge du championnat d’Europe uefa 2016 qui permet aussi d’apercevoir les évolutions ayant cours depuis le travail marquant réalisé par le première auteur il y a quinze ans sur le football, le rugby et les appartenances en Europe. Dernier texte de ce numéro, Michel Raspaud, ancien élève de Pierre Sansot à l’université des sciences sociales de Grenoble, signe une contribution sensible à propos des supporters dans le stade, dans la ville.

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Bibliographie

Augustin (J.-P.), 2007, Géographie du sport. Spatialités contemporaines et mondialisation. Paris, Armand Colin.

Augustin (J.-P.), 2016, Le sport, une géographie mondialisée. Paris, La Documentation française.

Augustin (J.-P.), Callède (J.-P.), 1995, dir., Sport, relations sociales et action collective. Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine.

Duret (P.), 2008, Sociologie du sport. Paris, Presses universitaires de France.

Suchet (A.), Stebbins (R. A.), 2015, dir., Loisir et Société, vol. 38, no 1, Le cycle de vie des loisirs.

Terret (T.), 2013, Histoire du sport. Paris, Presses universitaires de France.

Terret (T.), 1996, dir., Histoire des sports. Paris, L’Harmattan.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Augustin, André Suchet et Jean-Paul Callède, « Politiques sportives, relations sociales et action collective »Sciences de la société, 101 | 2017, 3-5.

Référence électronique

Jean-Pierre Augustin, André Suchet et Jean-Paul Callède, « Politiques sportives, relations sociales et action collective »Sciences de la société [En ligne], 101 | 2017, mis en ligne le 24 mai 2019, consulté le 10 septembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/6013 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.6013

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Auteurs

Jean-Pierre Augustin

Professeur émérite à l’Université Bordeaux-Montaigne, membre de l’umr passages du cnrs et de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (msha), dirigeant des recherches sur le sport, la culture et le tourisme en tant que formes contemporaines d’action collective.
jean-pierre.augustin <chez> msha.fr

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André Suchet

Maître de conférences à la faculté des staps de l’Université de Bordeaux, membre du laces (ea 7437) de la msha.
andre.suchet <chez> u-bordeaux.fr

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Jean-Paul Callède

Chargé de recherche hdr du cnrs au gemass (umr 8598), membre de la msha (10 espl. des Antilles, Campus universitaire, 33600 Pessac).
jean-paul.callede <chez> msha.fr

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