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La maison individuelle « durable », une écologie de « bonne conscience » ?

« Sustainable » individual housing : ecology for a clean conscience ?
La vivienda individual « sostenible », una ecología de la « buena conciencia » ?
Marie Mangold
p. 110-125

Résumés

A partir d’une analyse des motivations de ménages engagés dans la construction d’une maison écologique à haute performance énergétique, cet article interroge l’offre de logement « durable » telle qu’elle se développe actuellement. Le processus de labellisation de maisons « éco-performantes » est d’abord explicité. Puis, une analyse des motivations des ménages est proposée à travers quatre registres entrecroisés : le confort, la santé, le « geste écologique » et l’autonomie énergétique. Ceci conduit à distinguer deux profils d’habitants : les premiers privilégient l’aspect écologique et de santé au sein de leur projet, tandis que les seconds recherchent une performance thermique, correspondant à une maîtrise technique de la « nature ». Au final, derrière le répertoire écologique souvent avancé, l’offre de logement « durable » permet d’abord à des individus suffisamment dotés économiquement de répondre aux injonctions actuelles à la sobriété énergétique tout en conservant un mode de vie énergivore.

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Texte intégral

  • 1 Le terme de « logement » renvoie à la construction matérielle, au bâtiment, ses matériaux et ses in (...)

1L’actualité de l’habitat « durable » interroge tant par ses formes, avec la production d’une offre de logement1 adaptée aux enjeux de « durabilité », que dans son vécu, du côté de la demande et des perceptions des habitants. Dans le contexte de déploiement de cette offre, et en particulier à travers le cas des éco-quartiers, de nombreuses recherches ont porté sur les jeux d’acteurs, les intérêts divergents et les stratégies au sein de politiques urbaines intégrant les questions de « durabilité », tout en interrogeant la place de cette dernière in situ (Espaces et Sociétés, 2011a ; Faburel et Tribout, 2011). A l’échelle de l’habitat, les analyses sociologiques portant sur les modes de vie dans ces logements ont le plus souvent mis en opposition l’aspect technocentré du bâtiment et les usages ou habitudes des habitants. La conclusion récurrente de ces analyses consiste alors à dire que les technologies sont inadaptées vis-à-vis des usages, voire contre-productives (Brisepierre et al., 2014). Peu étudiée à ce jour, c’est la promotion d’un logement « durable » qui nous intéresse ici, à travers la production de maisons individuelles à haute performance énergétique et à dimension écologique, dites « éco-performantes ». Nous questionnons ses enjeux en suivant l’évolution d’une offre immobilière locale et au travers d’entretiens, d’une part avec les constructeurs et architectes impliqués dans cette démarche, et d’autre part avec des acquéreurs de maisons « éco-performantes », afin de restituer leurs choix et leurs parcours résidentiels. En se démarquant d’une approche binaire de type technologie versus usages sociaux, ce sont des expériences concrètes d’individus et de ménages engagés dans l’acquisition d’une maison avançant des qualités écologiques et énergétiques qui sont mobilisées : quels processus, quelles expériences guident les choix de logement ?

2Cet article vise à déterminer les motivations des ménages construisant une maison « éco-performante » : quelle place prennent l’écologie et la sobriété énergétique dans leur projet de construction ? Peut-on parler de « consommation engagée », soit l’expression, par des choix marchands, de positions militantes ou politiques (Dubuisson-Quellier, 2009) ? Observe-t-on une certaine cohérence entre l’aspect écologique de leur projet de construction et leur mode de vie ? Dans un premier temps, nous reviendrons sur les conditions de diffusion d’une offre de « logement durable », à partir du processus de labellisation qui la caractérise. Puis, nous proposerons une analyse des principales motivations des ménages à travers quatre registres entrecroisés : le confort, la santé, le « geste écologique » et l’autonomie énergétique. Dans une troisième partie, les liens entre motivations, choix de construction et mode d’habitat amèneront à différencier deux profils d’habitants, permettant de questionner l’affichage écologique de ces projets. Nous interrogerons au final la pertinence de l’offre de construction « éco-performante » et sa capacité à soutenir un mode d’habiter plus durable.

  • 2 Dans le cadre de notre thèse, qui prend place au sein du projet de recherche collectif cimbees (Con (...)
  • 3 En prenant la profession la plus élevée, dans la grille des pcs, des deux membres du couple.

3Méthodologiquement, le raisonnement s’appuie sur des enquêtes de terrain2, conduites depuis fin 2012 en Alsace, fondées sur différents matériaux : de nombreuses observations (portes ouvertes, réunions avec des constructeurs, évènements du secteur du bâtiment), documentation sur les projets immobiliers, suivi de la presse spécialisée locale (Logic Immo, Hopla Immo) et nationale (Batiactu), visite de salons de l’habitat. Vingt entretiens longs (90 à 180 min), avec des acquéreurs ou futurs acquéreurs de logements « éco-performants », précédés d’une visite commentée des maisons d’ores et déjà construites, seront particulièrement mobilisés ici. On peut considérer qu’il s’agit de « précurseurs », le développement d’une offre de maison à très haute performance énergétique étant récent. Leurs profils socio-économiques apparaissent relativement proches : en majorité des couples bi-actifs, de statut cadre3, avec un niveau d’étude élevé. Ce sont le plus souvent des familles jeunes, le couple ayant en moyenne entre trente-cinq et quarante ans, avec deux enfants de moins de dix ans.

La promotion immobilière de la maison « durable » : une performance énergétique certifiée

  • 4 C’est-à-dire un débat sur les moyens techniques à mettre en place et non sur la nature même du chan (...)

4A partir d’un processus d’institutionnalisation de l’« écologie résidentielle » (Némoz, 2011), marqué par des conférences internationales telles que, la conférence des Nations Unies dite « Habitat I » de 1976, la Commission mondiale de l’onu sur l’environnement et le développement en 1987, ou encore le Sommet des villes en 1996, le concept d’« habitat durable » a remplacé celui d’« éco-construction », le dissociant ainsi d’un certain militantisme écologiste. Concrètement, en France, ce n’est qu’à partir du Grenelle de l’Environnement de 2007, mû par une volonté politique d’articuler développement économique et protection de l’environnement (Lascoumes et al., 2014), que la réduction des dépenses énergétiques dans le bâtiment est fixée comme un des principaux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique. Un cadrage technique4 centré sur les questions énergétiques est opéré dès le départ, par des groupes de travail accordant une place primordiale aux acteurs économiques (Pollard, 2012). Des mesures sont prises, telles que les réglementations thermiques (rt), établies en 1974 à la suite du premier choc pétrolier, qui voient leurs échéances se rapprocher : la norme bâtiment basse consommation – bbc –, prévue pour 2020, est ramenée à 2013, et un nouvel objectif de bâtiment à énergie positive – norme Bépos – est fixé à 2020. Dès lors, comme l’explique Julie Pollard : « Le développement durable devient un problème central pour le secteur du bâtiment, et dans le même temps, un axe de communication pour les entreprises » (ibid., 222). Saisissant cette opportunité de « communication verte », car « le développement durable est un sujet de publicité porteur » (Pascual Espuny, 2008), les groupes industriels contribuent à la diffusion d’un modèle de logement « durable » en standardisant des innovations techniques qui visent la sobriété énergétique des bâtiments (Beslay et al., 2015).

  • 5 Effinergie est une association créée en 2006 ayant pour objectif de départ la promotion des bbc, qu (...)
  • 6 Pour une description plus précise de ces deux certifications, cf. Guy Chautard (2010).

5En parallèle des normes et réglementations thermiques, un processus de certification et de labellisation voit le jour, qui constitue plus largement pour l’action publique un moyen de régulation des conduites individuelles et collectives, en augmentant progressivement les critères d’exigence du label (Bergeron et al., 2014). Ce processus s’est réalisé avec l’émergence de nouveaux acteurs tels que les organismes certificateurs et les bureaux d’étude thermique, devenus des acteurs incontournables de la production du logement « durable » : « […] les labels, fondés dans le giron des acteurs économiques et industriels du secteur du bâtiment, ont pour rôle d’anticiper la réglementation technique de l’État » (Fijalkow, 2015, 4). Ainsi, pour la construction neuve, le label bbc-Effinergie, défini à partir du référentiel de l’association Effinergie5, anticipait la rt 2012. Il a été encadré par les pouvoirs publics et délivré par trois organismes certificateurs (Cerqual, Céquami et Promotelec Services). Aujourd’hui, la rt 2020 n’ayant pas encore de label officiel, il faut se tourner vers les labels privés, délivrés par les mêmes organismes mais non contrôlés par l’État, tels que Effinergie+ ou Bépos Effinergie 2013, afin d’attester une performance énergétique supérieure. Les certifications des voisins européens telles que celle du Passiv’Haus Institut en Allemagne et Minergie en Suisse, font également office de modèle6.

6Cette certification des bâtiments permet de présenter des éléments quantifiables sur la promotion immobilière du logement « durable ». L’Observatoire des Bâtiments Basse Consommation7, dans sa publication de décembre 2015, fait ainsi état de 688 400 logements certifiés ou en cours de certification bbc-Effinergie8 en 2015 en France (dont 110 020 logements individuels). Le label bepos-Effinergie, en lien avec la rt 2020, est en cours de certification pour 1020 logements collectifs et 142 logements individuels en France, et le label Effinergie+ connaît une augmentation du nombre de demandes de certification en 2015. De fait, la progression de la labellisation concorde avec l’établissement des critères de performance énergétique comme arguments de vente ou d’investissement (Espaces et sociétés, 2011b : 201-207). Le concept de « maison passive », en lien avec la certification allemande du PassivHaus Institut (phi), intéresse également de plus en plus de constructeurs et d’acquéreurs. La Maison Passive France, association faisant la promotion du bâtiment passif, estime qu’il y aurait 1 000 maisons passives en France dont environ 150 seulement certifiées par le phi9. Le coût de la labellisation, approximativement de 1500 € pour 150 m2, peut expliquer en partie cette différence, mais également l’absence d’une réglementation équivalente française. Ce flou réglementaire autorise alors, selon les arguments issus de nos entretiens avec des architectes ou constructeurs, des divergences d’appréciation en ce qui concerne les normes de construction, ce que nous avons pu constater auprès de plusieurs enquêtés déclarant avoir une maison « bien au-dessus de bbc » ou « presque passive ».

  • 10 Analyse des encarts publicitaires des numéros du magazine LogicImmo de janvier 2014 à août 2015.
  • 11 LogicImmo, n°241, Bas-Rhin, 04/2014 : 71. La démarche hqe (Haute Qualité Environnementale) nous sem (...)
  • 12 LogicImmo, n°248, Bas-Rhin, 09/2014 : 89.
  • 13 Cette fédération est une association créée par un ancien membre de la Maison Passive France, souhai (...)

7Pour exemplifier le propos, nous avons relevé dans la publication régionale immobilière LogicImmo Alsace10 les évolutions d’encarts publicitaires de constructeurs. Ainsi, en avril 2014, une entreprise fondée en 1966 met en avant les nouvelles performances énergétiques de ses réalisations comme « Première maison positive de France labellisée bepos-Effinergie et certifiée nf hqe »11. On peut aussi citer le cas d’un autre constructeur, spécialisé dans l’ossature bois, qui s’affiche dans onze des quatorze numéros du Bas-Rhin étudiés, et s’adapte régulièrement ; ainsi, à partir du numéro de juillet 2014 ajoute-t-il être « fabricant labellisé de maisons passives », et en septembre 2014, il organise des journées portes ouvertes comprenant des « conférences sur la rt 2012 et la maison passive »12. Autre indicateur, la Fédération française de la construction passive13, qui regroupe plusieurs entreprises régionales construisant tout ou en partie aux normes de bâtiment passif, occupe plusieurs stands au salon spécialisé énergie-habitat de Colmar à partir de 2014, un espace qui se voit agrandi encore en 2015. Enfin, en mars 2015, les salons de l’habitat de Colmar et de Strasbourg ont tous deux proposé des conférences sur la construction d’une maison passive, présentées par des architectes ayant suivi une formation de labellisation passive. Ceci témoigne du rôle des professionnels du secteur dans la sensibilisation des acquéreurs à ce processus de construction et, plus largement, aux questions de performance énergétique et de qualité environnementale au sein du logement. De façon semblable, Julie Neuwels, dans son travail sur le positionnement des architectes par rapport à la norme de construction passive belge, note que « ces acteurs peuvent être considérés comme des “outreach experts” qui diffusent les avancées scientifiques envers le public pour l’informer, voire pour l’éduquer » (2013, 11). 

8Un réseau d’acteurs s’est donc structuré autour de la promotion du logement « durable », axé principalement sur une efficience énergétique et dont les réglementations thermiques et les certifications évolutives se font les garants. Si la rt 2012 impose désormais aux nouvelles constructions de respecter un cahier des charges et de passer des tests de conformité, on peut s’interroger sur les motifs à vouloir dépasser la réglementation et à habiter une maison très performante énergétiquement, ou encore à opter pour des matériaux de construction écologiques. Ceci suppose de déplier plusieurs registres entrecroisés : le confort, la santé, le « geste écologique » et l’autonomie énergétique. Si ces registres permettent d’expliquer le choix d’une maison éco-performante, ils peuvent a contrario s’opposer aux bénéfices écologiques et d’économies d’énergie.

Choisir une maison « éco-performante » : quatre registres déterminants

Confort ou économies d’énergie ?

9Les enquêtés font référence à la recherche d’un « confort », relatif à la sensation de chaleur en été et de fraîcheur en hiver ainsi qu’une luminosité importante, qui sera atteint grâce à l’isolation de la maison et une conception favorisant les apports solaires. Ce confort thermique est bien souvent la priorité principale dans le projet de nouveau logement, par distinction de situations connues jusque-là :

« C’était une passoire en fait la maison, elle n’était pas isolée. Et c’est vrai que ça nous a aussi rendu attentif parce que du coup on avait tout le temps froid dans cette maison. (…) Ici c’est un confort incomparable ! » (33 ans, professeur de collège et professeur des écoles, maison supérieure au niveau bbc, poêle à bois, Surbourg, 18/08/2014)

« J’ai lu que le confort de vie dans une maison passive c’est super agréable à vivre, parce que c’est lumineux, parce que c’est calme, parce qu’il n’y a pas de paroi froide donc on se sent bien dedans, et c’est ça qui était un des critères importants. » (47 ans et 44 ans, chef de projet informatique et professeur des écoles, maison passive avec pompe à chaleur alimentant des panneaux chauffants dans les murs, Urmatt, 19 septembre 2015)

  • 14 La vmc double-flux autorégule le renouvellement de l’air et permet de préchauffer l’air entrant à l (...)
  • 15 D’autant plus que les solutions techniques sont « socialement valorisées » (Beslay et al., 2015 : 3 (...)

10Mais bien que le principe d’une maison à très haute performance énergétique soit de s’affranchir de la production d’énergie, via une isolation performante, des apports solaires et une vmc double-flux14, ce souci d’une maison « confortable » conduit certains à multiplier les équipements techniques en lien avec le chauffage ou la climatisation. Plusieurs couples ont ainsi installé un chauffage au sol pour sentir la chaleur sous leurs pieds, et ont ajouté encore un poêle à granulés ou à bois, pour jouir de la chaleur et de l’esthétique d’un « feu de bois » (cf. photo 1). Défini par les classes aisées, le confort dans l’espace domestique a une dimension socio-culturelle prégnante (Le Goff, 1994). A partir des travaux d’Alexis Roy, Hélène Subrémon soulève combien la consommation énergétique et le choix d’équipements sont un indicateur fort de distinction sociale : « plus on est riche et inséré socialement, plus on consomme, tout en étant davantage sensible aux discours d’économie et aux arguments écologiques » (2011 : 19). D’une part, la manière dont on consomme, en choisissant de s’équiper d’énergies renouvelables ou de technologies nouvelles15, importe donc tout autant que ce qui est effectivement consommé. Ceci peut conduire alors à pointer un « effet de rebond », fréquemment noté dans les études sur la consommation énergétique (Bartiaux, 2012 ; Zélem, 2010), c’est-à-dire, ici, le fait d’utiliser des moyens de chauffage pour une maison en nécessitant très peu. D’autre part, le summum du confort serait de s’affranchir au maximum des conditions climatiques extérieures, et dans l’idée de construction d’un « climat intérieur » (Subrémon, 2010), de pouvoir adopter une action vestimentaire réduite :

« Ce qui a changé c’est notre façon de s’habiller, avant dans les anciennes maisons on avait toujours froid aux pieds, enfin on était en chaussons... Et là j’ai plus de chaussons depuis que j’habite ici et puis je suis habillé vraiment beaucoup plus léger, souvent en T-Shirt. » (Urmatt, op.cit.)

11Ceci rejoint les analyses d’Elizabeth Shove sur les enjeux d’un débat relatif à la notion de confort (2005) : l’appui technique pourrait soutenir la construction sociale d’un confort thermique peu compatible avec des objectifs de durabilité, au détriment d’une réflexion sur les critères et la diffusion de ce modèle de confort.

Photo 1 – Intérieur d’une maison proche du niveau passif (non labellisée), équipée d’une vmc double-flux, d’un chauffage au sol électrique et d’un poêle à bûche (Hurtigheim, 07/05/2015)

Photo 1 – Intérieur d’une maison proche du niveau passif (non labellisée), équipée d’une vmc double-flux, d’un chauffage au sol électrique et d’un poêle à bûche (Hurtigheim, 07/05/2015)

Logement « sain » versus performance énergétique

12L’enjeu de santé, en étroite corrélation avec celui de confort, se retrouve dans les entretiens à travers la référence à un logement « sain », en particulier par rapport à la qualité de l’air intérieur et aux matériaux utilisés. Certaines personnes ont connu des allergies respiratoires les ayant particulièrement sensibilisées aux émissions de polluants, d’autres accordent une importance grandissante à ces éléments, souvent dans la continuité d’une consommation alimentaire plus saine et d’une réflexion initiée par le fait de devenir parents. Le choix de matériaux biosourcés ne se fait alors pas tant pour des raisons écologiques que par rapport à des préoccupations de santé :

« Les murs on a fait de l’enduit à la chaux, on en voulait. On est une famille très sensible niveau allergies, donc on a vérifié plein de choses. » (40 et 38 ans, cadre bancaire et technicien informatique, deux enfants de deux et six ans, Hochfelden, 27/08/2014)

« On pense que vivre dans une maison en bois il y a des ondes positives qui [permettent d’] avoir un environnement de vie sain. » (40 ans, conseillère principale d’orientation et directeur de magasin d’une grande enseigne, deux enfants de cinq et sept ans, Hurtigheim, 07/05/2015)

« Je pense quand même plus ou moins que c’est des matériaux qui peuvent être recyclés mais j’y pense pas tant que ça. Pour moi la maison le plus important c’était qu’elle soit saine. » (33 ans, professeur des écoles et professeur de collège, deux enfants de deux et cinq ans, Surbourg, 18/08/2014)

13Cette préoccupation se retrouve dans le concept de « santé environnementale », traduisant « les préoccupations croissantes quant au rôle que peuvent jouer des facteurs environnementaux tant dans le développement de nombreuses pathologies que dans l’amélioration de la qualité de vie et la promotion du bien-être » (Charles, 2016, 220). Dans un monde « incertain » où les controverses publiques alimentent au quotidien les médias (Callon et al., 2001), le logement est plus que jamais un lieu pour se protéger de l’extérieur et de pollutions, qui, dans une lignée hygiéniste, doivent être filtrées, éliminées. Mais si les enjeux de santé recouvrent le principe d’un logement construit avec des matériaux écologiques, il n’en est pas toujours de même avec le principe de performance énergétique. En effet, la technique peut venir questionner ces représentations d’un logement « sain », ce que l’on retrouve en particulier à travers le cas de la vmc double-flux. Cette dernière est souvent perçue de manière négative car elle contredit les représentations courantes d’un air « sain », liées au fait d’ouvrir les fenêtres, amenant alors plusieurs enquêtés à choisir une performance énergétique moindre (Hamman et al., 2014). Cette innovation technique qui s’insère au sein d’un « néo-hygiénisme » intégrant « de nouvelles “émissions” à combattre », dicté par des objectifs de durabilité (Tozzi, 2013), semble alors contredire les pratiques intériorisées d’un hygiénisme diffusé il y a plusieurs décennies, où l’air extérieur venait assainir l’air intérieur dans une « maison qui respire ».

« Geste écologique » versus mode de vie contraint

14Ce que nous désignons par « geste écologique », selon l’expression utilisée par certains enquêtés, est la référence à une participation « à son échelle » à la préservation des ressources environnementales, à travers le choix d’une maison « éco-performante » :

« […] pour le geste écologique quoi, pour essayer de consommer le moins possible, comme dit pour la planète. » (35 ans, ingénieur dans l’automobile et assistante commerciale, deux enfants de deux et quatre ans, Offendorf, 19/08/2014)

« […] y’en a un qui est l’aspect écologique qui est de dire bon ben on fait notre petite pierre même si ce n’est pas grand-chose » (34 et 41 ans, chef de projet dans l’industrie et secrétaire chez un notaire, deux enfants de cinq et sept ans, Schirrhein, 20/04/2013)

15Cherchant à lier le fait d’habiter une maison « éco-performante » avec des pratiques écologiques quotidiennes, nous avons questionné les enquêtés sur leurs consommations et déplacements. Nous avons ainsi observé une diversité des profils de « conversion » aux modes de vie écologiques, ne serait-ce que dans la description de pratiques concrètes telles que la consommation alimentaire et les modes d’approvisionnement, le recours à des produits labellisés ou non (produits ménagers, lessive…), la fréquence d’utilisation de véhicules motorisés et de modes de transport « doux » (vélo, transports en commun, co-voiturage). De l’achat « bio » au végétarisme, de l’arbitrage entre « bio » ou « local » à l’utilisation de produits connus et ancrés dans les habitudes (efficacité versus protection de l’environnement), de la rentabilisation d’une seule voiture à la nécessité d’en avoir deux pour assurer sa « liberté », les choix et leurs motivations s’avèrent ici aussi complexes et croisant de multiples enjeux. On rejoint ainsi les analyses sociologiques sur l’acquisition de modes de vie écologiques et ses multiples ressorts (Dobré et Juan, 2009 ; Morel-Brochet et Ortar, 2014), en notant bien que les habitudes sont rarement contraintes si les enquêtés n’y voient pas un gain en terme de qualité de vie ou de santé :

« C’est vraiment parce qu’on le veut, pas parce qu’on est des écologistes, il faut faire ça, non... Parce que nous ça nous plaît, c’est de la bonne qualité et puis si un jour y a pas ce qu’on veut [chez le producteur local] on va à l’Intermarché on cherche ce qu’il faut, il n’y a pas de problème. » (33 et 30 ans, technicien en génie climatique/agent de maîtrise et professeur des écoles, prochainement parents de leur premier enfant, Reichshoffen, 17/09/2015)

16S’il y a donc une certaine continuité entre le mode d’habitat et la construction d’une maison « éco-performante », variable selon les enquêtés, on note qu’elle est aussi reliée à d’autres registres, tels que la santé, à l’instar des matériaux privilégiés. Enfin, notons qu’aucun enquêté n’a d’engagement associatif ou politique en lien avec les enjeux environnementaux. Leur sensibilité écologique semble donc s’exprimer à travers des choix de consommation, d’habitat, voire pour certains par leur domaine professionnel (métiers de l’environnement, de l’éducation).

Autonomie énergétique : un souci de prévoyance

17Une logique économique est aussi avancée pour justifier le choix d’une maison très performante énergétiquement, et utilisant des énergies renouvelables : chauffe-eau solaire, pompe à chaleur (pac), poêle à bois, etc. Pour la plupart, le calcul a été réalisé entre le surcoût de la construction de la maison par rapport à une construction classique et sa rentabilisation sur le long terme en tenant compte de la hausse des prix de l’énergie, avec l’idée sous-jacente d’être « prévoyant » :

« On préfère payer plus au départ et moins après, que de payer moins au départ et payer toujours plus après. » (38 ans, directeur de magasin d’une grande enseigne et conseillère principale d’orientation, maison avec vmc double-flux, pac et poêle à bois, Quatzenheim, 26/04/2013)

« De toute façon, il faudra mettre l’argent un jour ou l’autre dans l’énergie, alors soit le mettre dans le chauffage, soit dans l’isolation, c’est pour ça que l’idée c’est on isole au mieux pour que la facture énergétique soit la plus basse possible. » (34 et 41 ans, chef de projet dans l’industrie et secrétaire chez un notaire, maison avec pac et poêle à bois, Schirrhein, 20/04/2013)

18Si, à partir d’une étude menée en 2005, Laure Dobigny notait une dimension politique au choix d’utiliser des énergies renouvelables, en sortant du circuit de distribution classique, elle estimait qu’une rentabilité plus importante de ces équipements pourrait rendre leur dimension économique prégnante (2009, 247). C’est ce qui est observé dans les entretiens où, avec l’augmentation du coût des énergies fossiles, l’isolation de la maison et le recours aux énergies renouvelables, par ailleurs fortement médiatisées depuis quelques années, sont devenus financièrement intéressants pour les acquéreurs. Néanmoins, il y a souvent un autre aspect ressortant derrière l’idée de rentabilité économique, et qui explique aussi l’acceptation du surcoût de l’ordre de 15 à 20 % d’une maison très performante énergétiquement. En effet, pour certains, l’idée principale est plutôt celle de devenir « indépendant » des systèmes énergétiques en produisant sa propre énergie en toute autonomie, ce qui est justifié par le fait d’avoir une maison « innovante », et de se démarquer des autres maisons :

« On préfère payer, avoir un surcoût au début, et être tranquille après, et aussi le côté novateur qui nous intéresse beaucoup. Moi ce que je veux c’est vraiment ne rien consommer en terme de chauffage, c’est vraiment ça. (…) alors on la fait certifier pour vraiment dire “moi je suis passif, c’est pas du pipeau !” » (33 et 30 ans, technicien en génie climatique/agent de maîtrise et professeur des écoles, maison passive avec vmc double-flux, Reichshoffen, 17/09/2015)

Vers une typologie de profils d’habitants de maison individuelle « durable »

  • 16 Le dernier est directeur de magasin, mais il a un frère menuisier et est ami de longue date avec un (...)
  • 17 Le rapport quotidien des individus à la « nature » et le système de sens plus global les liant à la (...)

19En hiérarchisant les motivations que nous venons de dégager, l’analyse des entretiens fait ressortir deux profils distincts. En premier, les plus convaincus par l’écologie, ceux ayant le mode de vie le plus en adéquation avec une sensibilité environnementale, sont les enquêtés ayant privilégié les matériaux écologiques, parfois au détriment d’une performance énergétique plus élevée, mais en faveur d’une surface de maison plus restreinte. Leur intérêt pour l’écologie est fortement lié à leur préoccupation pour l’aspect sain du logement. En second, les enquêtés ayant choisi la performance énergétique la plus poussée ont cherché en priorité l’innovation technique et la performance thermique, accordant moins d’importance à l’aspect écologique. Il s’agit d’hommes qui expriment une certaine fierté dans leur projet dont ils maîtrisent les aspects techniques, ce qui n’est pas sans lien avec leur domaine professionnel. En effet, sur les sept ménages dans cette situation, il y a trois spécialistes de l’informatique (technicien ou chef de projet), un technicien en génie climatique, un technicien en végétalisation de toit et un ingénieur mécanique16. Nicole Mathieu, à partir du concept de « mode d’habiter » et en particulier de « l’équation faite entre relations aux lieux et “rapports à la nature” des habitants » (2016, 572)17, propose trois figures types d’habitants. Nous retrouvons ici la figure de l’habitant « éco-conscient » dans le premier profil des enquêtés, soit une connaissance des impacts sur l’environnement de son mode de vie et une évolution des pratiques afin de les réduire, tout en étant soumis à différentes contraintes dont résultent des choix contradictoires. Le second profil développé ci-dessus correspond en partie à la figure de l’habitant privilégiant la « maîtrise » de la « nature » par le progrès technique, avec des enquêtés ayant une connaissance scientifique des questions écologiques. Bien que l’« aveuglement délibéré aux conséquences des pratiques individuelles sur les lieux » (ibid., 577) soit à relativiser, le solutionnement technique de problèmes écologiques via la performance énergétique permet de s’inscrire dans une démarche qualifiée d’« écologique », sans pour autant contraindre son mode de vie.

Photo 2 – Maison passive de 160 m2 habitable, avec 100m2 de garage, pour un couple et ses deux enfants (Hochfelden, 27/08/2014)

Photo 2 – Maison passive de 160 m2 habitable, avec 100m2 de garage, pour un couple et ses deux enfants (Hochfelden, 27/08/2014)

Photo 3 – Maison passive particulièrement consommatrice d’espace, de 156m2 habitable pour une personne vivant seul (Gries, 25/08/2014)

Photo 3 – Maison passive particulièrement consommatrice d’espace, de 156m2 habitable pour une personne vivant seul (Gries, 25/08/2014)

Conclusion : des projets interrogeant la visée écologique et sociale du logement « durable »

  • 18 Les maisons ont une surface moyenne de 140 m2 (de 110 à 178 m2).
  • 19 Les maisons coûtent en moyenne 1 892 €/m2 (de 1411 € à 2 717 € le m2), soit, avec le terrain, des p (...)

20Nous avons vu, à travers les motivations et les profils des enquêtés, que l’intérêt écologique des maisons « éco-performantes » est à replacer au sein d’autres registres et contraintes. Les caractéristiques mêmes de ces maisons interrogent leur dimension écologique : d’une surface importante18 et entourées d’un terrain (cf. photos 2 et 3), elles ont une empreinte foncière conséquente et, situées dans des communes péri-urbaines plus ou moins isolées, elles nécessitent la plupart du temps un véhicule pour tous les déplacements. Les systèmes de chauffage et de refroidissement sont utilisés afin d’assurer un confort maximum à leurs occupants, ce qui entraîne tout de même des dépenses énergétiques. De plus, d’un point de vue social, ces projets semblent réservés à une partie restreinte de la population, la majorité des enquêtés provenant des classes supérieures voire à des domaines professionnels bien spécifiques (formation scientifique, domaine technique ou encore de l’enseignement). Ces projets restent bien trop coûteux19 pour les « petits-moyens » (Cartier et al., 2008), qui, même s’ils sont intéressés par ces avancées techniques et le concept qualitatif des maisons à très haute performance énergétique, sont exclus d’emblée par leur prix.

21Enfin, cette offre de logement pose question quant au rapport à l’écologie qu’elle incarne. En se déclarant, d’une part « prévoyants » vis-à-vis du futur énergétique, et ayant fait leur « geste écologique » à travers leur projet de maison, les enquêtés valorisent leur choix de vie comme conforme aux injonctions croissantes à la sobriété énergétique et aux éco-gestes, alors que par ailleurs leur mode de vie est énergivore. Ceci rejoint d’autres analyses sur le paradoxe de l’impact écologique du mode de vie des individus les plus sensibilisés aux enjeux environnementaux (Wallenborn et Dozzi, 2007). Cette offre de logement « durable » contribue à légitimer un discours moralisateur, alors que la capacité de « prévoyance » relève de valeurs dominantes, accessible essentiellement aux classes supérieures (Comby et Grossetête, 2012). On peut donc invoquer une écologie de « bonne conscience », qui propose des biens de consommation étiquetés « écologiques », tels que la construction « éco-performante » labellisée, d’un coût supérieur aux produits standards. Elle est soutenue par une approche morale centrée sur l’individu, sans distinction de la distribution sociale des pollutions et constitue par conséquent un « paravent aux styles de vie fortement pollueurs leur permettant de maintenir leur valeur symbolique » (Comby, 2015 : 30). Sophie Dubuisson-Quellier (2009) souligne combien la consommation « engagée » offre un répertoire d’actions multiples, au sein duquel les consommateurs peuvent s’inscrire selon des modalités diverses, allant d’une démarche individualiste au projet militant collectif. En se centrant sur des intérêts tels que la santé et le confort, les habitants de maison éco-performantes s’assurent un avenir serein tout en répondant à l’injonction d’éco-citoyenneté, sans pourtant s’affilier réellement à une forme de protestation porteuse d’un projet alternatif de société.

22In fine, la concrétisation de l’habitat « durable » à travers une focale d’abord énergétique montre ses premières limites en tant que proposition de « rupture » dans la manière de penser notre lien avec l’environnement et avec les autres. Elle est davantage confirmative d’une logique consumériste ayant intégré une partie de la question écologique, conduisant à neutraliser son potentiel de remise en question.

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Notes

1 Le terme de « logement » renvoie à la construction matérielle, au bâtiment, ses matériaux et ses innovations techniques, alors que le terme d’« habitat » engage des pratiques sociales « habitantes » en lien avec l’appropriation de la durabilité et un mode de vie dépassant le cadre de la résidence, tel que l’utilisent les chercheurs travaillant sur l’écologisation des modes de vie (Mathieu, 2016, 571).

2 Dans le cadre de notre thèse, qui prend place au sein du projet de recherche collectif cimbees (Conception et industrialisation de modules de bâtiment à haute qualité environnementale et sociale, fui-Oséo-Feder, 14e aap, 2012-2015), porté par le laboratoire sage (Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe), sous la direction de Philippe Hamman.

3 En prenant la profession la plus élevée, dans la grille des pcs, des deux membres du couple.

4 C’est-à-dire un débat sur les moyens techniques à mettre en place et non sur la nature même du changement (Pollard, 2012).

5 Effinergie est une association créée en 2006 ayant pour objectif de départ la promotion des bbc, qui ont servi de modèle à l’élaboration de la rt 2012.

6 Pour une description plus précise de ces deux certifications, cf. Guy Chautard (2010).

7 Source : http://www.observatoirebbc.org, consulté le 03/02/2016. L’Observatoire des bbc utilise les données fournies par les régions, les directions régionales de l’ademe, et les organismes certificateurs sous convention avec le Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement.

8 Cette certification concerne désormais uniquement des logements dont le permis de construire a été accordé avant le 1er janvier 2013.

9 Source (base de données sur les maisons passives) : <http://www.passivhausprojekte.de>, consulté le 03/02/2016.

10 Analyse des encarts publicitaires des numéros du magazine LogicImmo de janvier 2014 à août 2015.

11 LogicImmo, n°241, Bas-Rhin, 04/2014 : 71. La démarche hqe (Haute Qualité Environnementale) nous semble néanmoins peu mise en avant actuellement dans la promotion de maisons individuelles actuelle, au profit d’une approche plus strictement énergétique.

12 LogicImmo, n°248, Bas-Rhin, 09/2014 : 89.

13 Cette fédération est une association créée par un ancien membre de la Maison Passive France, souhaitant former un réseau de professionnels à la construction passive et ayant développé sa propre certification.

14 La vmc double-flux autorégule le renouvellement de l’air et permet de préchauffer l’air entrant à l’aide de l’air sortant et vice-versa selon les saisons.

15 D’autant plus que les solutions techniques sont « socialement valorisées » (Beslay et al., 2015 : 351).

16 Le dernier est directeur de magasin, mais il a un frère menuisier et est ami de longue date avec un architecte.

17 Le rapport quotidien des individus à la « nature » et le système de sens plus global les liant à la question écologique ne sont pas développés dans cet article mais pourront l’être dans des travaux ultérieurs.

18 Les maisons ont une surface moyenne de 140 m2 (de 110 à 178 m2).

19 Les maisons coûtent en moyenne 1 892 €/m2 (de 1411 € à 2 717 € le m2), soit, avec le terrain, des projets de construction de 357 000 € en moyenne.

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Table des illustrations

Titre Photo 1 – Intérieur d’une maison proche du niveau passif (non labellisée), équipée d’une vmc double-flux, d’un chauffage au sol électrique et d’un poêle à bûche (Hurtigheim, 07/05/2015)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/5050/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Titre Photo 2 – Maison passive de 160 m2 habitable, avec 100m2 de garage, pour un couple et ses deux enfants (Hochfelden, 27/08/2014)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/5050/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 352k
Titre Photo 3 – Maison passive particulièrement consommatrice d’espace, de 156m2 habitable pour une personne vivant seul (Gries, 25/08/2014)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/5050/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 356k
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Pour citer cet article

Référence papier

Marie Mangold, « La maison individuelle « durable », une écologie de « bonne conscience » ? »Sciences de la société, 98 | 2016, 110-125.

Référence électronique

Marie Mangold, « La maison individuelle « durable », une écologie de « bonne conscience » ? »Sciences de la société [En ligne], 98 | 2016, mis en ligne le 09 février 2019, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/5050 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.5050

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Auteur

Marie Mangold

Doctorante en Sociologie, Université de Strasbourg, laboratoire sage–umr 7363 cnrs (Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe – misha, 5 all. du Général-Rouvillois 67083 Strasbourg cedex).
mmangold <at> unistra.fr

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Droits d’auteur

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