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L’« éco-logis » politique : un dépaysement critique de l’habitat durable en Europe

Political « eco-housing »: a critical European comparison about sustainable housing
El « eco-alojamiento » político: una comparación europea crítica sobre el hábitat sostenible
Sophie Némoz
p. 30-43

Résumés

Cet article retrace les processus d’institutionnalisation de l’habitat durable dans trois pays européens : la France, la Finlande et l’Espagne. En prenant appui sur un travail de thèse (Némoz, 2009), il s’agit d’engager une réflexion sur la définition politique de la « durabilité » dans le secteur résidentiel et sur la portée critique de son approche comparative dans l’espace et dans le temps. L’objectif est d’expliciter et de mettre en débat la part de normativité que l’habitat durable exerce sur les politiques publiques en Europe. Les hypothèses d’un outil de gouvernementalisation et d’une capacité de distanciation cognitive sont approfondies, en revenant tant sur les méthodes que sur les résultats. Contre la vision simpliste d’un changement global de culture, l’européanisation de l’habitat durable est analysée comme la construction multi-échelle et muticulturelle d’un « format » : l’« éco-logis ». La légitimation de cette catégorie spatiale s’avère être dominée par un registre managérial et technologique. Celui-ci tend à réduire la transformation résidentielle à des exigences écologiques et économiques, sans ouvrir de discussion sur le fonctionnement des relations de pouvoir et des rapports sociaux. L’approche comparative se révèle être un ressort de la réflexion critique en ce qu’elle la délocalise. Elle instruit l’« éco-logis » d’une portée plus large, en éclairant plusieurs facettes que le regard doit parcourir s’il veut saisir la morphologie du pouvoir sur nos modes d’habiter avec la nature.

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Texte intégral

1Vingt ans après l’officialisation de la formule de l’habitat durable par les Nations Unies (Sommet des Villes : Istanbul, 1996), chacun peut faire le constat d’une banalisation de l’expression dans les discours publics, scientifiques, marchands et associatifs. L’indétermination demeure cependant quant au changement ainsi signifié par rapport à un logement ordinaire. Face à la montée en puissance de ce phénomène il y a dix ans, ma thèse en sociologie a eu pour horizon la question du sens, c’est-à-dire des moyens grâce auxquels les êtres humains qui vivent dans un espace social s’accordent sur la manière de le représenter et d’y agir (Némoz, 2009). Cette démarche d’analyse compréhensive a permis de conceptualiser l’« éco-logis ». Ce mot inventé en 1996 a inauguré « une maison-manifeste pour habiter le xxie siècle » comme il est possible de le lire sur les panneaux d’exposition alors installés sur la pelouse de la Grande Halle de la Villette à Paris. Toitures photovoltaïques ou végétalisées, puits canadiens, isolants extérieurs, ossatures bois et récupérateurs d’eau de pluie, les occupants sont figurés à la marge dans ces représentations d’un édifice empli de techniques. En quoi sont-elles significatives d’un programme public, d’un point de vue sur les problèmes politiques que soulèvent nos modes d’habiter avec la nature ? La question invite à suivre les acteurs laissés dans l’ombre. Elle interroge les formes de construction politique qui traversent l’imaginaire contemporain de l’habitat durable.

2Cet article propose de porter un regard réflexif sur le travail d’objectivation par la comparaison internationale. Comment peut-elle contribuer à une épistémologie critique du pouvoir sur les interactions entre l’habitat humain et son biotope? Il s’agit de restituer et de poursuivre la réflexion documentée et fondée sur la connaissance directe des discours et des pratiques de l’habitat durable. Leur approche comparative dans l’espace et dans le temps montre que cette catégorie spatiale n’est pas neutre socialement ni politiquement. L’objectif est d’expliciter et de mettre en débat la part de normativité qu’elle exerce sur les politiques de l’habiter dans différentes cultures européennes. Par « éco-logis », il est entendu la multiplicité des objets empiriques et mentaux qui agissent sur et par l’espace résidentiel à travers des normes de développement durable construites par des acteurs à différentes échelles. Le préfixe « éco- » renvoie au rapprochement progressif des dimensions écologiques et économiques qui domine les mouvements d’institutionnalisation de l’habitat durable en Europe. Leur analyse située au niveau du « logis » approfondit la variable spatiale du logement où l’impératif du développement durable a été finalement peu questionné contrairement à la ville (voir notamment: Hamman, 2008; Hamman, Blanc, 2009; Laigle, 2009; Boissonade, 2015).

3Aussi, cet article reprend précisément une hypothèse qui a été formulée sur le développement durable en tant qu’« outil de gouvernementalisation de la transformation ». Il fixerait un cadre qui circonscrirait le changement social et autoriserait les acteurs à certaines formes de transformations et pas d’autres (Rumpala, 2010). Si, en référence au concept de Michel Foucault, la gouvernementalité désigne « un ensemble de techniques et de stratégies de pouvoir » (Foucault, 2004 [1977-1979]), son approfondissement s’appuie ici sur une autre hypothèse, celle-ci méthodologique. Elle est inspirée plus largement de la démarche foucaldienne qui explore les différentes extensions d’un objet d’étude au-delà de son cadre restreint et habituel. Ainsi, le prisme de l’« éco-logis » suscite de nouvelles façons d’interroger les objets canoniques des sciences sociales du politique tels que: l’aptitude de l’État à être garant des conditions d’habiter sur le territoire, la légitimation sociale de la science et des techniques, la ligne de partage entre experts et profanes, l’espace public… Ce positionnement participe au vaste programme de la « political ecology » qui s’attache à constituer une base théorique pour comprendre comment les sociétés organisent politiquement leur fonctionnement économique et écologique: production, consommation, échanges, division du travail, etc. (Gautier, Benjaminsen, 2012). Dans cette perspective, le concept de l’« éco-logis » va être examiné en deux temps. Le premier relève d’une réflexivité méthodologique sur l’exercice du dépaysement critique. Le second confrontera sa capacité de distanciation cognitive aux préjugés d’un changement global de culture dans l’institutionnalisation de l’habitat durable en Europe.

Réflexivité méthodologique autour du dépaysement critique

  • 1 Lauréat du concours de l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, le pro (...)

4Les approches comparées des dispositifs de durabilité dans différents pays européens se sont multipliées ces dernières années, en se concentrant sur les agglomérations ou à l’échelon des quartiers (Lefèvre, 2008; Laigle, 2009; Souami, 2009; Emelianoff, Stegassy, 2010). Le questionnement spécifique du logement et des politiques de développement durable mises en œuvre dans ces espaces privés apparaît encore aujourd’hui assez peu exploré dans le champ des études européennes. Cette approche internationale de l’habitat durable était inattendue pour le ministère français de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire qui a hébergé ma recherche doctorale de 2006 à 20091. La comparaison européenne des modes d’institutionnalisation de la durabilité dans le secteur résidentiel dépassait les attentes davantage axées vers l’évaluation des effets des mesures adoptées en France et l’expertise locale du programme national d’expérimentation « Villas Urbaines Durables ». Pour travailler sur la norme, il m’a semblé néanmoins important de ne pas en préjuger mais, de la laisser émerger du terrain, en adoptant une démarche d’observation la plus ouverte possible. Celle-ci ne s’est pas limitée à une immersion quotidienne au sein des services centraux de l’action publique, ou à une « observation flottante » pour reprendre une méthode qui a été développée par Colette Petonnet (1982), mais celle-ci a été mobilisée lors de plus d’une trentaine d’événements collectifs consacrés à l’habitat durable. En prenant un recul historique et géographique, le regard dynamique que j’ai porté sur cet objet de recherche en France, en Finlande et en Espagne opère « un détour » au sens où l’anthropologue Georges Balandier défend la prise de distance interculturelle comme la ligne droite de la connaissance de nos sociétés (1985). Il précise en outre que « ce changement de point de vue discerne mieux comment le politique et le pouvoir s’accommodent de la nouveauté et de l’inédit » (Balandier, 1985, 27). C’est cet effet de distanciation que j’ai recherché dans l’exercice d’une connaissance mobile de l’habitat durable. Elle allie la conduite d’enquêtes de terrain en Europe et la comparaison, l’objectif étant de distinguer les effets d’observation et les effets de réalité de façon à pouvoir déconstruire les agencements normatifs.

Une démarche compréhensive, qualitative et comparative comme méthode de déconstruction cognitive de l’action publique

  • 2 C’est une véritable ressource pour le chercheur dans la mesure où l’effet de surprise est un déclen (...)

5La prédilection traditionnelle de l’évaluation des politiques publiques pour le comparatisme quantitatif a été renouvelée par une méthode qualitative, non seulement pour en éviter les dérives mais surtout, au profit de la compréhension d’un processus (Némoz, 2010b). A cette fin, il a été recherché une forme de comparatisme en actes au cours duquel l’étonnement est considéré comme un écho à l’étrangeté2. Dans cette posture méthodologique, le dépaysement de l’habitat durable a tout d’abord consisté en une ethnographie multi-site, non limitée à l’ethnographie institutionnelle des politiques résidentielles en France et à la production de monographies sur les opérations du programme national d’expérimentation des « Villas Urbaines Durables ». Qu’il s’agisse d’une construction ou d’une réhabilitation, d’une maison isolée, groupée ou d’un immeuble collectif, en location ou en accession, à la ville comme à la campagne ou en zone périurbaine, sous des maîtrises d’ouvrage publiques et privées, l’habitat durable m’a été signifié par des acceptions diverses, mais relevant toutes du champ lexical de l’« éco-logis » (architecture bioclimatique, bâtiment vert, maisons de haute qualité environnementale, bioconstruction...). Ce dernier a dès lors pu fonctionner comme un mot-clé, ouvrant une diversité de terrains à l’enquête des professionnels et des habitants.

6Cette quête de dépaysement scientifique de l’habitat durable a été prolongée par une comparaison internationale en Finlande et en Espagne. Au total, près d’une centaine d’entrevues, d’une durée moyenne de 160 minutes, ont été réalisées depuis l’extrémité septentrionale de l’Europe jusqu’au pourtour méditerranéen, en passant par l’Hexagone. Cet échantillon procède d’un découpage asymétrique des terrains d’investigation. La recherche à l’étranger s’est concentrée autour des acteurs directement impliqués dans les politiques nationales de l’habitat durable. Les témoignages finnois et hispaniques ont été croisés avec ceux de leurs homologues francophones. La comparaison est « contrôlée » et non « étendue » au sens où J. Bowen et R. Petersen distinguent deux types d’usage de cette méthode dans le champ politique et culturel (1999). En l’occurrence, « elle privilégie une taille beaucoup plus restreinte, circonscrite à l’examen de quelques cas similaires, jugés suffisamment proches pour tirer des différences, des conclusions robustes » (Bowen, Petersen, 1999, 103). C’est bien cette ambition qui guide le choix des nations espagnoles et finlandaises, classées respectivement aux 30e et 4e rangs mondiaux dans Environmental Performance Index 2008. La même année, la France se situe à la 10e place, de sorte que l’écart des « scores écologiques » entre ces trois pays membres de l’Europe a interpellé le ministère Français de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire, ainsi que celui de la Culture. La Direction de l’Architecture et du Patrimoine a effectivement soutenu les voyages de recherche en Europe pour un examen approfondi des politiques d’habitat durable.

Le dépaysement critique des agencements normatifs par l’approche interculturelle et biographique des processus d’action publique

7Interroger la trajectoire statutaire de l’habitat durable en tant que mot d’ordre international a été central dans ma recherche. Sans retracer ici dans le détail la socio-histoire d’« une idéologie » (Némoz, 2010a; 2011), rappelons que j’ai emprunté cette notion dans une visée « heuristique » pour reprendre les termes de Laurent Devisme, « non dans le sens d’un voile aliénant ou égarant sciemment les citoyens (renvoyant alors à une perspective de l’ordre du soupçon) mais dans le sens d’une production discursive qui enveloppe l’ensemble des acteurs afin de donner du sens à une échelle d’intervention qui manque de tangibilité » (2015, §22). L’étude des textes supranationaux sur l’habitat durable renseigne sur la construction de l’idéal légitime d’une innovation: celle de l’« éco-logis ». Plutôt qu’une approche en rupture, la notion de durabilité englobe la qualité environnementale des logements dans une perspective plus vaste de développement urbain, porteur de bien-être socio-économique. Ces injonctions d’animation et de production des espaces résidentiels ont été alors systématiquement recensées au sein de l’espace européen des politiques publiques.

8Soumis à une analyse cognitive de sociologie de l’action publique, l’habitat durable a pu être identifié à un nouveau « référentiel sectoriel » en construction au sein de l’Union Européenne et ce, alors même que le logement n’est pas une compétence communautaire (Némoz, 2009, 148-152). Comme l’explique Pierre Muller, « la construction d’un référentiel de politiques publiques permet de diminuer l’opacité du réel en définissant de nouveaux points d’appui pour agir » (2000, 44). S’agissant de l’habitat durable, les premiers énoncés de la Commission des communautés européennes (cee) s’inscrivent dans le Livre vert sur l’environnement urbain et prônent « une utilisation multifonctionnelle de l’espace citadin, en favorisant les logements dans le périmètre de la ville de façon à ne pas obérer ses environs naturels » (cee, 1990, 34). Il y a là une représentation normative de l’« éco-logis » qui indique comment appréhender le développement durable dans le secteur résidentiel. Cette logique gestionnaire des relations entre habitat et environnement a été renforcée par une série d’instruments réglementaires, conventionnels, financiers, épistémiques, voire opérationnels, à travers des programmes de logements sociaux et expérimentaux. Des prescriptions techniques ont été fixées notamment par la directive européenne de « Performance énergétique des bâtiments » (directive 2002/91/ce). Ma revue de la littérature supranationale sur l’habitat durable affine l’hypothèse d’un outil de gouvernementalisation de la transformation, d’« un art de diriger les conduites » (Foucault, 2004 [1977-1979]), la nature du changement se précisant comme un processus d’innovation de l’« éco-logis ». La confrontation sur différents terrains nationaux et locaux a été privilégiée pour ne pas s’enfermer dans des théories antérieurement élaborées.

9De facture sociologique, l’expertise porte sur ce que les acteurs font concrètement, et non sur ce qu’ils sont censés faire selon le mandat qui les institue. Il ne s’agit donc pas de figer les cas nationaux dans des modèles rigides mais, de tenir compte des profondeurs temporelles des dynamiques de changement. Cette perspective compréhensive requiert la construction d’outils spécifiques. Les effets d’une action publique ne peuvent être déchiffrés de manière fine, s’ils ne sont saisis qu’à un instant « t ». Tel est pourtant l’angle d’expertise du benchmarking qui classe les différentes performances nationales au moment de l’année d’étude. Pour rendre intelligibles les processus à l’œuvre, il semble pertinent d’adopter d’autres techniques comparatives. Celles qui ont été adoptées s’appuient sur l’entretien biographique avec les parties prenantes. Le récit de vie n’est pas un outil courant dans ce type d’enquête mais, il est judicieux dans la mesure où il permet de questionner les discours stéréotypés par la confrontation à une expérience directe qu’il procure. En reconstituant ainsi « des processus d’action publique dans leur historicité » (Pinson, Sala Pala, 2007, 556), mon approche comparative a saisi la « dimension culturelle » comme « un réservoir historique de modèles de résolutions de problèmes » (Desjeux, 1998). Cette approche se situe entre l’anthropologie, la sociologie et les sciences politiques dont elle approfondit le concept d’« européanisation ». Il renvoie à « l’ensemble des processus d’ajustements institutionnels et normatifs induits par la construction européenne » (Palier, Surel, 2007, 39). La comparaison dans trois pays a l’avantage de décrire leur fonctionnement, en repérant leurs ramifications, leurs mutations et, surtout, de discerner la nature du pouvoir qu’ils imposent sur les politiques d’habiter.

L’européanisation de l’habitat durable: une construction multi-échelle et multiculturelle de l’« éco-logis » politique

10Si le caractère hégémonique de l’habitat durable a pu être constaté en France, en Finlande et en Espagne, ma recherche n’a pas pour autant observé de changement de culture dans la construction des normes. Dans cette analyse de la dynamique descendante de diffusion du référentiel de l’habitat durable, ma thèse montre les interrelations non linéaires de quatre échelles de régulation: onusienne, européenne, nationale et locale (Némoz, 2009). Il en ressort une construction collective de l’« éco-logis » politique au sens où c’est l’organisation du fonctionnement économique et écologique du secteur résidentiel qui s’avère au cœur de l’institutionnalisation de l’habitat durable dans ces trois pays européens. L’analyse diachronique des jeux d’acteurs et des instruments d’action publique permet de comprendre comment chaque pays réactualise des modes de développements et des rapports sociaux préexistants, tout en convergeant vers une mise en forme socio-cognitive et socio-politique relativement semblable. A rebours des approches naturalistes, essentialistes ou déterministes, ma recherche doctorale éclaire « l’innovation » à l’œuvre de cette construction européenne comme: « un processus non synchronique, charriant pêle-mêle des traditions et des représentations fossilisées, mais aussi des apprentissages, des découvertes et une certaine créativité à propos des règles » (Alter, 2003, 4).

De la diversité des cultures européennes quant aux modes d’habiter avec la nature

11La comparaison européenne que j’ai entreprise dans la région d’Helsinki, jusqu’à celle de Madrid, en repassant par Paris, m’a révélé la distance qui séparait les modes de résolution historique des problèmes sociaux de logement et d’environnement entre les trois pays. Cette diversité culturelle s’explique par une combinaison d’éléments: des représentations contrastées à l’égard des relations entre l’habitat et la nature, des rythmes variés de développement urbain, des conceptions différentes du rapport politique/société, ainsi que des modèles hérités quant à l’État-providence.

12Le poids du passé s’exerce fortement sur la mise en œuvre de nouvelles actions publiques en faveur de la qualité environnementale du secteur résidentiel. Cette dernière m’a été décrite comme une tradition en Finlande, les modes d’habiter au contact de la nature étant au fondement d’un sentiment d’appartenance collective à la nation, d’une trame d’urbanisation à l’origine de la notion de « ville-forêt » au milieu du xxe siècle (Meurman, 1972 [1947]), de « la dilution de l’architecture dans la nature » (Nikula, 1993, 30), ou encore d’une coutume estivale de déplacement vers des villégiatures rudimentaires au milieu des bois: les mökki. Il y a là une « sensibilité environnementale ». Elle a été entendue à la suite de la sociologue Laura Draetta comme « un large penchant affectif pour le contact avec les éléments biophysiques » et distinguée de la « conscience environnementale » en tant que « connaissance et reconnaissance des problèmes d’environnement » (2003, 81). Leur institutionnalisation a été perçue comme peu urgente et extrêmement rapide en Finlande, pour reprendre les termes en apparence paradoxaux des principaux acteurs rencontrés au niveau national. Cette dynamique institutionnelle s’observe dans les faits en 1983, avec la création du premier ministère finlandais de l’environnement, en union avec celui du logement. L’exode rural augmentant dans les années 1960-1970, il a donné lieu à des critiques de l’urbanisation reprises par des militants écologistes alors non affiliés à un parti politique. Leur intégration dans cette ample reconfiguration ministérielle a pu être qualifiée de « néo-corporatiste » en ce qu’il caractérise les systèmes politiques ouverts aux nouveaux problèmes sociaux et favorables à leur large prise en charge (Grossman, Saurugger, cités par Lascoumes, Le Galès, 2007, 62). En matière de logement, le caractère très distributif des politiques finlandaises a pu être rattaché à « l’État-providence social-démocrate » (Andersen, 1999). Celui-ci repose sur une coordination étroite avec les acteurs du marché qui a été relatée par les interlocuteurs finnois issus tant du secteur public que privé ou associatif et ce, à commencer par l’industrialisation de la construction en bois, première ressource du développement national avant d’être considérée comme un matériau écologique.

  • 3 Source: Boletín Oficial del Estado Español, Constitución Española, Madrid, 1978 (décembre), art. 48

13En Espagne, les modes d’habiter avec la nature n’ont pas été portés par une dynamique interne à la société mais, par une dynamique étrangère à sa culture. Ce discours tenu par les principaux acteurs de leur institutionnalisation a été argumenté. Il se réfère à la tendance historique des villes et des villages hispaniques à construire à proximité des uns des autres plutôt qu’en pleine nature, à privilégier les « lieux de voisinage, de convivialité et d’hospitalité » (García Grinda, 2007, 17). L’architecture est déployée autour du patio avant tout autre espace extérieur, une « composante emblématique du bâti espagnol » (Capitel Martinez, 2005, 6), construit avec des matériaux sédimentaires, autrefois « dévorant le sol du pays » (Araguas, 2003), et le couvrant aujourd’hui de béton selon le secrétaire madrilène de « Los Verdes », le parti national écologiste à « l’influence très limitée » (Basnier, 2002, 48). De fait, le processus d’urbanisation est toujours en cours en Espagne, en pleine croissance au moment de la recherche sur le terrain où la « Ley del Suelo y de ordenación urbana » de 1998 déclare tout territoire constructible si rien ni personne ne s’y oppose. Cette législation du sol relève de l’« État-providence libéral » (Andersen, 1999). Celui-ci s’inscrit en Espagne dans un modèle « pluraliste » de résolution des problèmes sociaux. Il se définit par un « État régulateur en principe effacé “enregistreur des demandes” » (Grossman, Saurugger, cités par Lascoumes, Le Galès, 2007, 62). En réaction à la dictature franquiste, la constitution espagnole de 1978 a reconnu de nombreuses libertés parmi lesquelles il est écrit que « Tous ont le droit de jouir d’un environnement adéquat pour le développement de la personne, et ont le devoir de le conserver »3. La responsabilité politique étant initialement confiée aux gouvernements locaux des communautés autonomes, les premières mesures nationales et la création d’un ministère espagnol de l’environnement sont intervenus seulement en 1986 et 1996. Ces dates concordent avec la période probatoire à l’adhésion européenne du pays.

14Sans s’attarder sur le caractère exogène ou endogène des modes d’habiter avec l’environnement comme en Espagne et en Finlande, les récits biographiques de leur institutionnalisation en France ont davantage insisté sur sa dimension événementielle. C’est précisément dans les mobilisations historiques de mai 68 que l’aspiration à une meilleure qualité environnementale des logements a été revendiquée de manière critique à l’État français, en décriant le productivisme du secteur du bâtiment des années 1950-1960. L’urbanisation du pays était alors plus précoce et plus massive qu’en Finlande, ou en Espagne4. « De la recherche d’une plage sous les pavés » aux projets de construction écologique à la campagne par des « soixante-huitards baba cool », les témoignages recueillis mentionnent les premières contestations écologistes de l’urbanisme quantitatif et du modernisme des politiques nationales de reconstruction de l’après-guerre. Elles sont typiques du modèle « étatiste » que la sociologie de l’action publique attribue à la France au regard des « conflits avec l’État » et de son « rôle central » comme « organisateur des intérêts » (Grossman, Saurugger, cités par Lascoumes, Le Galès, 2007, 62). En ce qui concerne les modes d’habiter avec l’environnement, la résolution des critiques a été programmée de manière dirigiste et centralisée par les grands corps techniques et administratifs. Plusieurs d’entre eux ont ainsi présenté l’intégration de nouveaux objectifs qualitatifs dans des politiques préexistantes. Ces dernières sont caractéristiques de « l’État-Providence conservateur-corporatiste », « un édifice étatique parfaitement prêt à se substituer au marché en tant que pourvoyeur de bien-être » (Andersen, 1999).

Vers un nouveau format de production résidentielle en Europe

15En s’inscrivant dans une perspective de temps long, l’analyse comparée des jeux d’acteurs et des instruments d’action publique en France, en Finlande et en Espagne en a saisi les mutations incrémentales, remettant en perspective l’idée de nouveauté qui s’affirme à l’aube du troisième millénaire en référence au développement durable. D’après nos interlocuteurs locaux, la définition de son contenu résidentiel a alors suscité différents processus de construction des règles nationales. En Finlande, ce sont les corps de métiers et les autorités régionales, rassemblés dans les associations rts et aflra qui ont pris l’initiative de créer des trames d’indicateurs de performance environnementale pour les matériaux et les composants, puis à l’échelle du bâtiment et du quartier (éco-label m1, pimwag et promise de 1995 à 2009). L’influence cognitive des instruments supranationaux de l’habitat durable, les agendas 21 locaux et industriels, est notable dans ces systèmes d’évaluation multicritères, établis par des négociations multipartites et dont les plus hauts standards ont été entérinés par un décret national en 1997 et une nouvelle réglementation thermique en 2004, selon un modèle néo-corporatiste de l’État-providence social-démocrate, et dans le cadre des directives de l’Union Européenne au sein de laquelle la Finlande a été intégrée en 1995.

16Les jeux d’échelles et les enjeux de souveraineté entre les niveaux de régulation supranationale, communautaire, nationale et locale, stimulent de nouveaux savoirs procéduraux et normatifs au nom de l’habitat durable. Cependant, ils n’induisent pas une refonte culturelle des modes historiques de résolution des problèmes sociaux et de leur rapport au développement. Si, conformément à la directive européenne 2002/91/ce, le Code Technique de l’Édification adopté en 2007 par l’État espagnol marque un changement de procédures, en définissant des règles énergétiques communes pour toutes les constructions du pays et non plus variables selon les législations locales, la nouvelle réglementation poursuit le modèle pluraliste des politiques en Espagne, en ce qu’elle a été élaborée par une agence indépendante d’experts techniques et non par l’État ou des associations interprofessionnelles. D’après ces dernières et contrairement à leurs homologues finlandais, les groupes associatifs ont échoué dans leur conception trop divisée d’un outil national pour l’habitat durable: la « Herramienta verde ». Les acteurs du secteur se sont reportés vers de multiples instruments internationaux, sans entrer localement en contradiction avec l’État-providence libéral, que ce soit à travers les normes iso pour les multinationales du bâtiment espagnol, alors en plein essor, le label leed s’agissant des architectes et des ingénieurs, ou encore les Agendas 21 locaux instaurés par de nombreuses municipalités.

17Dans une double approche à partir des référentiels et des acteurs de l’institutionnalisation de l’habitat durable, cette comparaison européenne n’identifie guère de rupture dans les rapports de force et les représentations qui définissent précisément le politique, à savoir l’« appréhension globale des problèmes liés à l’organisation d’un monde commun » (Rosanvallon, 2006, 28). Ce sont plutôt des transformations de faible amplitude, au prisme d’instruments de marché relativement inédits tels que la marque d’utilité publique « Haute Qualité Environnementale », créée à la fin des années 1990 par les grandes corporations techniques et administratives du système étatiste de la France. Les certifications gérées par l’association nationale d’acteurs publics et privés sont aujourd’hui concordantes avec d’autres indicateurs internationaux, notamment européens. Ils s’en distinguent néanmoins par leur caractère hors sol, principalement fondées sur les projets papiers, avec de rares visites de chantier et sans l’appréciation des habitants.

18Cette thèse sur l’européanisation de l’habitat durable avise des processus de « formalisation de l’« éco-logis » » (Némoz, 2009, 217 et suivantes). Sortant du cercle de l’État français, le dépaysement opéré met en évidence « le point de vue global de la technologie de pouvoir » (Foucault, 2004 [1977-1979]). Il montre comment, dans différentes cultures, la modernisation écologique domine les représentations institutionnelles du monde résidentiel issues de ce référentiel sectoriel, ainsi que les opérations de repérage, de catégorisation et de généralisation qui permettent l’équivalence dans la durée et dans l’espace d’éléments dispersés, en d’autres termes, ceux de l’économiste Laurent Thévenot: des « investissements de forme » (1986) et, plus spécifiquement, un « format » au sens où le sociologue Rémi Barbier définit « un ensemble d’exigences socialement légitimes formulées plus ou moins explicitement vis-à-vis d’une catégorie d’objets » (2007, 40). Il y a là une ambivalence finalement bien arrangeante entre une injonction forte de « l’habitat durable » et des gouvernementalisations différenciées face à la relative indéfinition de la dimension sociale de la notion de « durable ». Si le concept de l’« éco-logis » en déconstruit le registre majeur de la performance écologique et économique, l’approche comparative rend compte de la diversité des stratégies culturelles qui l’ont graduellement intégré et se sont appropriés ces enjeux, en reformulant leurs intérêts dans le formatage technologique et managérial de « l’habitat durable ».

Conclusion

19Plus qu’un mot-clé, permettant d’entrer dans l’univers matériel, symbolique et social des acteurs par leur propre champ lexical, l’« éco-logis » a été conceptualisé comme la clé de lecture analytique des techniques de gouvernement de l’habitat durable. Plutôt que de présumer d’un changement culturel, maintes fois invoqué par la formulation du développement durable dans le secteur résidentiel, la mise en perspective historique et comparative des processus de formation des normes a ainsi problématisé les dimensions sociocognitives et socio-politiques de la diffusion de ce référentiel sectoriel dans différentes cultures européennes (Némoz, 2009). Cette prise de position épistémologique permet de se défaire de l’apparente innocuité technique des instruments d’action publique de l’habitat durable. Elle porte une charge critique sur la mise en forme multi-échelle et multiculturelle des enjeux environnementaux de l’habitation qui n’ouvre pas de discussion sur la perpétuation des asymétries de pouvoir, ni de débat explicite sur sa définition comme « une industrie de la protection et du confort » (Mauss, 1947). Ce sens interculturel se prolonge et s’infléchit dans le format européen de l’habitat durable où les implications résidentielles sont circonscrites et tendent à se réduire à des exigences environnementales et économiques, dépolitisant la question sociale du développement industriel sous l’angle du management et des performances technologiques.

20La comparaison dans le temps et l’espace jette un jour nouveau et informé sur ces processus d’ajustements institutionnels et normatifs autour de l’habitat durable. Vecteurs d’idéologie et supports de gouvernance des formes et des modes de logements respectueux de l’environnement, ces processus renouvellent sans remettre en question la morphologie du pouvoir sur nos modes d’habiter avec la nature. L’approche comparative monte en généralité l’« éco-logis » par les possibilités de connexion à d’autres réalités, apparemment lointaines en Europe et dans son histoire. C’est dans cette perspective relationnelle que les tensions entre continuité et rupture ont pu être analysées au cœur de la construction de l’espace institutionnalisée. L’européanisation de l’habitat durable apparaît comme un changement d’architecture institutionnelle sans changement politique des rapports de forces et des représentations qui régissent les interactions entre l’habitat humain et son biotope.

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Notes

1 Lauréat du concours de l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, le projet de thèse a bénéficié d’un co-financement de la part du Plan Urbanisme Construction et Architecture (puca, 2006-2009).

2 C’est une véritable ressource pour le chercheur dans la mesure où l’effet de surprise est un déclencheur qui pousse à aller au-delà de l’indice. Comme l’écrit l’ethnologue François Laplantine, « l’expérience de l’altérité nous engage à voir ce que nous n’aurions même pas pu imaginer tant […] nous sommes tous tributaires des conventions de notre époque, de notre culture et de notre milieu social qui, à notre insu, nous désigne: 1°) ce qu’il faut regarder, 2°) comment il faut le regarder » (1996, 11-12).

3 Source: Boletín Oficial del Estado Español, Constitución Española, Madrid, 1978 (décembre), art. 48.

4 Source: <http://www.oecd.org/document/51/0,3343,fr_2649_33733_38808179_1_1_1_1,00.html>.

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Pour citer cet article

Référence papier

Sophie Némoz, « L’« éco-logis » politique : un dépaysement critique de l’habitat durable en Europe »Sciences de la société, 98 | 2016, 30-43.

Référence électronique

Sophie Némoz, « L’« éco-logis » politique : un dépaysement critique de l’habitat durable en Europe »Sciences de la société [En ligne], 98 | 2016, mis en ligne le 09 février 2019, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/4682 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.4682

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Auteur

Sophie Némoz

Maître de conférences à l'Université Bourgogne Franche-Comté, Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (LaSA ea 3189) ; chercheure associée au laboratoire pacte (politiques publiques, action politique, territoires)–umr 5194 cnrs/ Université Grenoble Alpes/ Sciences Po Grenoble.
sophie.nemoz[at]gmail.com

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