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Mobilisation et engagement citoyen au prisme du numérique

Connaissances politiques et participation politique à l’ère numérique: ce que change linternet

The politicization of the ordinary: strengths and weaknesses of digital mobilisation
La politización del ordinario: fuerzas y debilidades de la movilización digital
Karolina Koc-Michalska, Jean Chiche et Thierry Vedel
p. 177-198

Résumés

Cet article interroge le processus de politisation des pratiques numériques ordinaires ainsi que son rôle dans la formation des nouveaux collectifs contestataires. L’intérêt de ce travail est constitué par le choix d’un cadre d’analyse original visant à souligner la complémentarité entre des perspectives théoriques rarement mises en regard. En encourageant un rapprochement entre la sociologie des mouvements sociaux, la Théorie critique et les travaux portant sur les pratiques informationnelles, l’auteur élabore une approche nouvelle de la mobilisation informationnelle non plus uniquement axée sur l’usage militant des médias mais sur l’émergence d’une posture de plus en plus engagée du citoyen face au monde informationnel. Tout en adoptant une approche critique, ce travail révèle l’importance revêtue par les « pratiques info-communicationnelles résistantes » dans les processus de mobilisation et de construction des nouveaux cadres contestataires.

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Texte intégral

  • 1 Le projet Médiapolis (Information politique et citoyenneté à l’ère numérique) a été conduit entre 2 (...)

1L’internet a aujourd’hui pénétré tous les secteurs de la vie sociale (Rieffel, 2014), dont le domaine de la politique. A-t-il pour autant changé l’implication des citoyens dans la vie politique ? Depuis deux décennies, de nombreuses recherches ont été menées sur le sujet, et se sont attachées à analyser dans divers pays la relation entre usage de l’internet et participation politique, sans aboutir d’ailleurs à des conclusions univoques. En France, on dispose désormais de travaux substantiels, mais ceux-ci ont été généralement conduits selon des approches qualitatives. L’objet de cet article est de compléter ceux-ci par une contribution plus quantitative à partir des données d’une enquête réalisée dans le cadre du projet Médiapolis (Information politique et citoyenneté à l’ère numérique)1. Après une rapide synthèse de la littérature sur l’internet et la participation politique, il propose une typologie des internautes, construite en fonction de l’ancienneté d’utilisation de l’internet et de la fréquence de connexion, et documente leur rapport au politique. L’article analyse ensuite la relation entre d’une part l’utilisation de l’internet et d’autre part, la connaissance de l’actualité politique et la participation politique, en examinant comment cette relation est affectée par les pratiques informationnelles des individus.

Etat des lieux

Les formes et les facteurs de la participation politique

2Les études menées sur l’évolution de la participation politique se sont focali­sées sur la description des diverses formes et catégorisations de l’engagement politique ainsi que sur la compréhension des facteurs agissant sur la participation (Mayer, 2010). Une des façons les plus répandues de catégoriser les formes de participation politique est la distinction entre la participation « conventionnelle » et « non-conventionnelle » (Barnes, Kaase, 1979; Whiteley, 2005). La première catégorie regroupe les activités habituellement reliées au fonctionnement du système politique institutionnel. Il s’agit entre autres du vote, de l’adhésion ou du soutien financier à un parti, d’interactions avec les élus ou les fonctionnaires ou encore des activités d’engagement dans la vie civique. La seconde, quant à elle, rassemble des pratiques ayant pour objet de contester régime politique en place, et pouvant prendre parfois des formes non licites et/ou violentes: manifester, protester, faire la grève, occuper des rues ou des bâtiments, boycotter des produits par exemple. Cette distinction a souvent été critiquée comme étant ambigüe ou artificielle. Mais dès lors que l’on considère la participation politique comme un continuum de pratiques diversifiées, elle reste néanmoins opératoire et communément utilisée dans de nombreux travaux, notamment pour constituer des index de participation (Lamprianou, 2013). De façon générale, la notion de participation politique présente une grande complexité et son usage fait apparaître de grandes variations (Bresson, 2014). Elle est souvent définie de façon étroite et liée au fonctionnement direct du système politique; mais elle peut aussi désigner les actions de citoyens dans les processus de décisions publiques (Blondiaux, Fourmiau, 2011), ou même encore, toute pratique visant à maintenir ou vivifier les interactions sociales dans la société civile (Putnam, 2000). Par ailleurs, la notion de participation politique renvoie à différentes conceptions de la démocratie (Salisbury, 1975), qui dépassent sa version représentative pour ouvrir sur des formules nouvelles (participatives ou délibératives notamment).

3Il existe un vaste corpus de recherches dédiées à l’analyse des facteurs pouvant avoir un impact sur la participation politique. Ces études distinguent une grande diversité de facteurs, notamment: l’âge (Muxel, 2011), le statut socio-économique (ex. Campbell, Converse, Miller, Stokes, 1960; Michelat, Simon, 1977; Percheron, 1982; Tam Cho, Gimpel, Wu, 2006), le niveau d’études (ex. Whiteley, 2005; Kam, Palmer, 2008), l’identification partisane (ex. Campbell, Converse, Miller, Stokes, 1960), l’évolution de la situation économique (Powell, Whitten, 1993; Lewis-Beck, Nadeau, 2000; Mayer, 2010), le niveau d’intérêt pour la politique (ex. Wolfinger, Rosenstone, 1980; Nie, Junn, Stehlik-Barry, 1996), le capital social des individus (ex. Vassallo, 2010). Ces facteurs sont souvent considérés comme agissant concurremment dans le cadre de modèles multidimensionnels. Par exemple Pattie, Seyd et Whiteley (2004) proposent un modèle basé sur la variation des ressources nécessaires pour chaque pratique: ressources individuelles, capacité de contacts, ressources collectives.

  • 2  On peut considérer avec Oxley (2012) que les connaissances plus conceptuelles, liées à l’essence-m (...)

4Les recherches sur la participation politique sont également attachées à étudier l’influence des pratiques informationnelles ou communicationnelles. Dans les années 1950, Berelson, Lazersfeld et McPhee (1954) montraient que la vaste majorité des Américains n’avaient pas les connaissances nécessaires pour remplir pleinement leur rôle de citoyen. Cette question perdure aujourd’hui comme le note Oxley (2012) en citant une enquête du Pew Research Center qui montre un déclin continu des connaissances politiques chez les citoyens américains entre 1989 et 2007. De nombreux travaux s’intéressent aujourd’hui au rôle des conversations dans la participation politique (Pattie, Johnston, 2009; Eveland, 2009). Les travaux sur le rôle des connaissances politiques (ex. Rosenberg, 1988; Delli Carpini, Keeter, 1996; Chiche, Haegel, 2002) ont porté le plus souvent sur les connaissances en matière de politiques intérieure et internationale et ont consisté à mesurer des connaissances factuelles2. Ce type de connaissances étant le plus souvent acquis grâce aux médias, et désormais l’internet, on est naturellement conduit à s’interroger sur la façon dont la transformation des systèmes médiatiques et informationnels rejaillit sur la participation politique.

Ce que change l’internet

5Depuis deux décennies, la question des effets de l’internet sur la participation politique a suscité de nombreuses études et réflexions. Une première vague a souligné les visions plus ou moins utopiques et les espoirs de renouvellement de l’engagement politique attachés à l’internet. Celui-ci a été perçu comme pouvant simplifier l’accès au système politique, voire rendre plus aisées les pratiques politiques elles-mêmes (Wellman et al., 2001). L’utilisation de l’ internet a été vue comme une possibilité d’une part d’élargissement de l’espace public (faire participer des citoyens jusque-là peu ou pas impliqués) et, d’autre part, d’intensification, de diversification et peut-être de rénovation, des activités politiques des citoyens déjà engagés dans la vie politique. Les travaux de recherche ont également décrit le potentiel des outils de communication en ligne en montrant qu’ils pouvaient favoriser une diffusion plus rapide et plus aisée des connaissances politiques ainsi que les discussions politiques entre citoyens (Chadwick, 2006; Ward, Vedel, 2006) et contribuer à l’émergence de communautés discursives autour de grands enjeux politiques (McLeod et al., 1999, Koç-Michalska, Lilleker, 2013a, b). L’internet, en offrant la possibilité de recherches illimitées et d’un accès à une multitude de sources d’information, permettrait aux individus d’élargir leur connaissance du monde, augmenterait ainsi leur propension à s’intéresser à la politique et leur capacité à devenir des citoyens mieux informés et plus actifs (Jennings, Zeitner, 2003; Wang, 2007; Xenos, Moy, 2007).

6Ces approches optimistes ont toutefois été tempérées, voire contredites, par d’autres travaux qui soutiennent que l’internet est essentiellement un outil pour « prêcher les convertis » suivant la formule de Pippa Norris (2003). Ces travaux montrent qu’en réalité les nouvelles plateformes en ligne ne stimulent l’engagement politique que chez ceux qui sont déjà intéressés par la politique et/ou politiquement actifs; elles impliqueraient peu – et mobiliseraient encore moins - ceux qui sont peu intéressés par la politique (Bimber, 2001; Scheufele, Nisbet, 2002; Hindman, 2009; Bimber et al., 2014). En d’autres termes, l’internet éloignerait plus de la politique qu’il n’en rapprocherait, du fait du temps que son utilisation nécessite et aussi parce son usage serait davantage axé sur le divertissement que sur l’information (Putnam, 2000).

  • 3 Pour un bilan récent, cf. Greffet, Wojcik 2014.
  • 4 Sur ce point voir Rieffel (2014) pour une bonne synthèse des répercussions de l’internet non seulem (...)

7En France, de nombreux travaux sur les relations entre l’internet et le politique ont été réalisés, quoique souvent selon une approche moins quantitative que dans le monde anglo-saxon3. Quatre thématiques ont été plus particulièrement étudiés: les discussions politiques en ligne pour en comprendre les dynamiques singulières et en évaluer la correspondance au modèle habermassien de l’espace public (Wojcik, 2011; Blanchard et al., 2013); la participation des citoyens aux débats publics et aux processus de décision notamment afin de saisir l’apport spécifique des dispositifs en ligne par rapport aux dispositifs traditionnels (Monnoyer-Smith, Wojcik, 2012); les campagnes électorales en ligne ainsi que les transformations des partis politiques liées au développement de l’internet (Vedel, Cann, 2008; Barboni, Treille, 2010; Greffet, 2011; Theviot, 2013); enfin les usages politiques de l’internet et les modalités d’information en ligne sur l’actualité ainsi que leurs répercussions sur la notion même de citoyenneté (Granjon, 2011; Monnoyer-Smith, 2011; Jouet, Rieffel, 2013). Ces travaux, à l’image de ceux menés dans les autres démocraties occidentales, aboutissent à un constat désabusé des répercussions politiques de l’internet: ils soulignent des mutations et des ruptures importantes, mais sans pour autant en conclure que celles-ci modifient radicalement les logiques profondes des systèmes politiques et annoncent une révolution en quelque sorte anthropologique de la citoyenneté4.

Problématique et méthodologie

8Cet article se propose d’examiner les relations entre d’une part les utilisations de l’internet et d’autre part la connaissance de l’actualité politique et la participation politique en faisant appel à une approche quantitative. Si, sur le plan français, il apporte des données inédites, au plan international, il se situe dans un vaste ensemble d’enquêtes quantitatives. Boulianne (2009) a proposé une méta-analyse de trente-huit d’entre elles et conclut qu’il y a bien un effet de l’internet sur la participation politique, mais que celui-ci est faible et n’est plus statistiquement significatif lorsqu’on inclut dans l’analyse l’intérêt pour la politique.

9L’une des originalités de notre analyse est de considérer qu’à côté des facteurs habituellement pris en compte, les pratiques informationnelles et la connaissance de l’actualité politique affectent la participation politique des citoyens. Deux hypothèses peuvent être faites à ce sujet.

10On peut d’abord penser en suivant les travaux de Prior (2007) que la diversification des systèmes médiatiques et le développement de l’internet conduisent à une dépolitisation d’une partie des citoyens et à une polarisation accrue des citoyens politisés. En effet, alors que jusque dans les années 1980, les individus étaient tous exposés à un minimum d’information politique au travers des grands journaux télévisés, certains (notamment parmi ceux les moins intéressés par la politique) ont pu avec la multiplication des chaînes de télévision puis les innombrables opportunités offertes par l’internet éviter tout contact avec la politique. Parallèlement, les individus les plus intéressés par la politique ont pu accroître leur consommation d’information politique, grâce aux ressources disponibles sur l’internet.

11Une autre approche, suggérée par les travaux de Baum (2003), considère au contraire que l’internet multiplie les chances de contact avec l’information politique. Analysant les émissions d’infotainment ou de softnews qui sont apparues dans les années 1990, Baum a établi que celles-ci permettraient aux citoyens d’être informés de façon incidente, en quelque sorte accidentelle, sur l’actualité politique et d’avoir ainsi une connaissance des grands enjeux sociaux pouvant favoriser leur implication politique. Le développement de l’internet en autorisant l’accès facilité et illimité à de nombreuses sources d’’information pourrait agir dans le même sens. « Les caractéristiques de l’information politique disponible en ligne – sa quantité, sa richesse, son intemporalité et son accessibilité – créent un environnement médiatique bien plus favorable à l’acquisition des connaissances et des compétences nécessaire à la politique » note Chadwick (2012).

12Cet article s’appuie sur les données recueillies dans le cadre du projet Médiapolis, et plus précisément sur une enquête par téléphone auprès d’un échantillon de 1668 individus représentatif des Français en âge de voter constitué selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée), après stratification par région et catégorie d’agglomération. L’enquête a été réalisée par l’institut csa du 23 novembre au 12 décembre 2009. Dans un premier temps, nous nous attachons à préciser les utilisations de l’internet en France. Considérant qu’une grande majorité de la population française a aujourd’hui accès à l’internet, il semble que le concept de « fracture digitale » (Norris, 2001; Hindman, 2009) – c’est à dire le fossé qui séparerait les individus connectés de ceux non-connectés – n’est plus valide dans la mesure où il prend seulement en compte l’accès technique à l’internet, et néglige ses formes d’utilisation. Il est aujourd’hui plus pertinent d’orienter la recherche vers d’autres facteurs de différenciation au sein de la population des internautes, tels que l’intensité et l’ancienneté d’utilisation de l’internet. Ceci nous permet de construire une typologie des internautes (vérifiée par la méthode de Ward de classification ascendante hiérarchique) en cinq groupes principaux.

13Nous analysons ensuite les effets des différentes pratiques de l’internet sur la connaissance de l’actualité politique et sur l’engagement politique. La première est mesurée à l’aide d’une question portant sur des événements intervenus durant l’enquête, le second est mesuré par un index en compte les pratiques politiques conventionnelles et non-conventionnelles, sous forme individuelle et collective. Tout en gardant en tête la complexité du problème de multicolinéarité (Boy, Mayer, 1997), nous testons divers modèles contrôlant l’influence de divers groupes de variables explicatives: statut socio-économique et démographique, rapport au politique (intérêt pour la politique et fréquence des conversations politiques), pratiques en matière d’information politique, utilisation de l’internet (et connaissance de l’actualité comme variable explicative pour la variable dépendante engagement politique).

Une typologie des utilisations de l’internet

14L’internet occupe une place grandissante dans nos sociétés. A la fin des années 1990, on comptait seulement quelques centaines de milliers d’internautes en France. Selon l’enquête Médiapolis, 68% des Français déclaraient utiliser l’internet à la fin de 2009.

15Cette proportion apparaît considérable mais doit être nuancée à un double titre. D’une part, le fait de déclarer utiliser l’internet renvoie à des pratiques très diverses de cet outil en termes de fréquence et de d’ancienneté d’utilisation. Si 61% des internautes se connectent plusieurs fois par jour, 18% ont une consommation plus sporadique et ne se connectent que quel­ques fois par semaine ou moins souvent. En outre, la population des inter­nautes rassemble des individus qui ont une plus ou moins longue pratique de cet outil: 28% utilisent l’internet depuis plus de 10 ans et 32% depuis moins de 5 ans.

16Notre enquête permet de distinguer dans la population française de plus de 18 ans cinq grands groupes selon leur utilisation de l’internet (tableau 1). Suivant l’ancienneté de leur utilisation de l’internet et leur fréquence de connexion, les internautes peuvent se répartir en trois groupes. Le premier, que nous désignerons sous l’appellation d’internautes assidus historiques (iah), rassemble les internautes qui ont une pratique ancienne de l’internet (plus de 10 ans) et l’utilisent au moins une fois par jour. Le second groupe est celui des internautes assidus récents (iar), qui se connectent à l’internet fré­quem­ment (au moins une fois par jour) mais n’utilisent l’internet que depuis moins de 10 ans. Enfin, un troisième groupe, en quelque sorte résiduel, rassemble les internautes peu assidus (ipa), qui ne connectent à l’internet au plus une fois par semaine, sans prise en compte de l’ancienneté d’utilisation de l’internet.

Tableau 1 – Une typologie des utilisations de l’internet

Non internautes (ni)

N’ont jamais utilisé et n’utilisent pas l’internet

25 %

Décrocheurs (di)

Ont été internautes mais n’utilisent pas l’internet au moment de l’enquête

8 %

Internautes peu assidus (ipa)

Se connectent moins d’une fois par jour

12 %

Internautes assidus récents (iar)

Connectés depuis moins de 10 ans et utilisent l’internet au moins une fois par jour

36 %

Internautes assidus historiques (iah)

Connectés depuis plus de 10 ans et utilisent l’internet au moins une fois par jour

19 %

Source: Médiapolis, 2009, N=1668

  • 5  Selon la Banque mondiale, les internautes représentent 83% des Français en 2012, <http://data.worl (...)

17On ne doit pas oublier que presque un tiers de la population en 20095 n’est toujours pas utilisatrice de l’internet. L’analyse des raisons évoquées par les individus qui n’utilisent pas l’internet montre que la difficulté à utiliser un ordinateur et la non possession d’un ordinateur sont celles qui prédominent très largement: elles sont respectivement mentionnées par 72% et 71% des non-internautes. Viennent ensuite un ensemble de raisons qui renvoient à l’image même de l’internet. Celui-ci est perçu comme étant trop compliqué par 56% des non-internautes et 40% considèrent que les médias traditionnels leur suffisent. Pour autant, seulement 26% des non-internautes estiment qu’il n’y a rien d’intéressant sur internet et 24% que celui-ci prend trop de temps. Enfin, si pour 38% des non-internautes le coût de l’internet est un problème, l’absence ou l’insuffisance d’infrastructure ne semble qu’un obstacle accessoire et 18% des non-internautes mentionnent l’impossibilité de se connecter là où ils habitent ou ils travaillent. Au total, les éléments apportés par notre enquête confirment les analyses les plus récentes de la fracture numérique. Celle-ci relève autant (et peut-être même davantage) d’un problème de com­pé­tence et de capacité à utiliser des outils informatiques que de facteurs strictement matériels. C’est avant tout le rapport à l’informatique plus que les représentations qu’on se fait de l’internet qui commande l’utilisation de l’internet.

18A côté des non-internautes qui n’ont jamais utilisé l’internet (25% de la population), on peut aussi identifier un groupe de décrocheurs qui au moment de l’enquête ont déclaré ne pas utiliser l’internet, mais l’avoir utilisé dans le passé. Ce groupe représentait 8% de la population française de plus de 18 ans. On retrouve une proportion équivalente dans d’autres pays européens, notamment en Grande-Bretagne où ils étaient 7% (en février 2009 selon l’enquête de l’Oxford Internet Institute). L’analyse des raisons avancées par ces ex-utilisateurs montre que l’abandon de l’internet relève de deux logiques assez distinctes. Il peut s’expliquer, surtout chez les plus âgés, par une incapacité à utiliser l’outil internet qui est trouvé trop compliqué (plus qu’inintéressant). Chez les ex-utilisateurs les plus jeunes, parmi lesquels on compte une proportion majoritaire d’ouvriers et d’employés ayant des revenus peu élevés, l’abandon de l’internet semble surtout lié à des raisons matérielles et financières, telle que l’impossibilité de remplacer un ordinateur en panne ou d’en acquérir un. L’arrêt de l’utilisation de l’internet semble alors plus temporaire que définitif (et, d’ailleurs 66% des décrocheurs déclarent avoir l’intention de se connecter à l’internet dans le futur), mais il rappelle que l’ordinateur reste un poste de dépense important pour certains foyers.

Profil socio-démographique selon l’utilisation d’internet

19Les cinq groupes que nous avons identifiés présentent des profils sociodémographiques sensiblement différents comme le montre le tableau 2.

20Alors que les non-utilisateurs de l’internet se recrutent principalement dans les classes les plus âgés de la population (87% ont plus de 50 ans) et sont majoritairement des retraités, les décrocheurs constituent un groupe sensiblement plus jeune (53% ont moins de 50 ans) et se caractérisent par un niveau d’études un peu plus élevé, mais qui reste sensiblement inférieur à celui de l’ensemble de la population (77% ont un niveau d’études inférieur au Bac contre 59% pour l’ensemble de la population). Le groupe des internautes peu assidus (ipa), nettement le plus féminin, se caractérise par une sur-représentation des 35-49 ans. Le groupe des internautes assidus récents (iar) est assez logiquement à l’image de l’ensemble de la population internaute: un peu plus jeune et sensiblement plus diplômé que l’ensemble de la population française. Enfin, le groupe des internautes assidus historiques (iah) est nettement plus masculin et plus diplômé (la moitié de ces internautes ayant au moins le niveau Bac +2). Ce groupe d’internautes se singularise également un niveau de revenus plus élevé que la moyenne.

Tableau 2 – Profil socio-démographique selon l’utilisation d’internet

Ens. de la population

ni

di

ipa

iar

iah

Ens.des internautes

Sexe

Homme

48

38

48

40

49

62

51

Femme

52

62

52

60

51

38

49

Age

18-24

12

0

6

15

20

12

17

25-34

18

2

11

17

25

31

26

35-49

28

11

36

40

32

33

33

50-64

21

29

26

18

16

18

17

65et plus

21

58

21

10

7

6

7

Niveau d’études

<Bac

59

93.5

77

59

46

30

44

Bac

18

5

14

21

25

21

23

Bac+2

11

1

5

13

14

19

15

≥Bac+4

12

0.5

4

7

15

30

18

Revenu par unité

de consommation

1398 €

1150 €

1247 €

1311 €

1420 €

1922 €

1522 €

Ce tableau se lit verticalement. Exemple de lecture: parmi les internautes assidus historiques (iah), 62% sont des hommes et 38% des femmes.

Source: Médiapolis, 2009. N=1668

Utilisations de l’internet et rapport au politique

21Suivant leur utilisation (ou non utilisation de l’internet), les individus n’ont pas le même rapport au politique et le tableau 3 montre à cet égard de sensibles différences entre les cinq groupes que nous avons distingués. Les internautes assidus historiques ont un rapport au politique plus intense, plus étroit et plus positif que le reste de la population. Leur intérêt pour la politique est nettement plus fort que celui que manifestent les autres groupes: 65% d’entre eux disent s’intéresser beaucoup ou assez à la politique contre 44% dans l’ensemble de la population française. Ils sont également davantage polarisés, dans le sens où une très forte proportion d’entre eux (68%) se déclare proches de la gauche ou de la droite. Ils sont enfin proportionnellement un peu plus nombreux à penser que la démocratie fonctionne bien ou assez bien ou à estimer que les responsables politiques font attention à ce que les gens pensent. Par contraste, les internautes moins assidus ont une relation au politique sensiblement plus distante ou négative: 61% d’entre eux s’intéressent peu ou pas du tout à la politique et 56% ne se reconnaissent ni dans la gauche ni dans la droite. Ils ont une très forte défiance à l’égard des responsables politiques et ils ne sont que 41% à penser que la démocratie fonctionne bien ou assez bien.

Tableau 3 – Rapport au politique des internautes et non internautes

ensemble de population

ni

di

ipa

iar

iah

Intérêt pour la politique faible ou nul

56

64

55

61

58

35

Positionnement ni à gauche ni à droite

43

45

45

57

42

33

La démocratie fonctionne bien ou assez bien

47

46

38

40

49

55

Les responsables politiques ne font que peu
attention/ pas du tout à ce que les gens pensent

81

80

85

86

83

74

Source: Médiapolis, 2009, N=1668

Utilisation de l’internet et connaissance de l’actualité politique

22De quelle manière l’utilisation de l’internet affecte-t-elle le rapport à l’actualité politique et, en particulier, sa connaissance? L’enquête Médiapolis montre d’abord qu’en dépit du développement de l’internet, la télévision reste la principale source d’information politique de la population française (49% des Français la désignent comme leur première source d’information), bien avant la radio (21%) et la presse écrite (18%). L’internet reste une source d’information politique encore secondaire, même si sa place s’accroît régulièrement au fil des ans au détriment de la presse écrite (et tout particulièrement de la presse quotidienne nationale).

23Très logiquement, ce sont les non-internautes qui sont proportionnellement les plus nombreux à se tourner en premier lieu vers la télévision pour s’informer en matière politique (60%). Mais il est également frappant de constater que la télévision est également la première source d’information politique des internautes, y compris des internautes assidus.

Tableau 4 – Première source d’information politique en fonction de l’utilisation de l’internet (%)

Ens. de la population

ni

di

ipa

iar

iah

Ens. des internautes

La télévision

49

60

51

55

45

38

44

La radio

21

21

22

25

20

21

22

Internet

12

0

0

6

17

24

17

La presse écrite

18

19

26

15

18

17

17

Source: Médiapolis, 2009

  • 6 Le référendum sur les minarets en Suisse, la réforme de l’histoire-géographie en terminale scientif (...)

24Afin de tester de façon plus approfondie l’influence que l’intensité d’usage de l’internet est susceptible d’avoir sur la connaissance des enjeux politiques du moment, une question de connaissance de l’actualité a été introduite dans notre sondage. Nous avons demandé aux personnes interrogées si elles étaient au courant de trois évènements fortement présents dans les médias lors de notre enquête6.

  • 7 Nous sommes conscients des colinéarités qui peuvent exister entre les variables explicatives. C’est (...)

25Puis, afin d’identifier les facteurs susceptibles de jouer sur la connaissance de l’actualité, nous avons modélisé la variable « connaissance de l’actualité politique » en testant les facteurs explicatifs suivant 3 jeux d’hypothèses. Trois modèles de régression logistique binaire ont été construit7 (tableau 5). Dans le premier modèle (A), les variables explicatives prises en compte sont essentiellement des variables socio-démographiques et économique (genre, âge, niveau d’études, revenus) ainsi que l’intérêt pour la politique et l’intensité des conversations politiques. Dans le second modèle (B), en sus des variables précédentes, on a inclus dans l’analyse, la première source d’information politique déclarée par les personnes interrogées. Enfin, le troisième modèle (C) intègre aux variables précédentes, différentes modalités d’utilisation d’internet.

Tableau 5 — Facteurs jouant sur la connaissance de l’actualité politique

Modèle A
ses
Odds ratio

Modèle B
media
Odds ratio

Modèle C
internet
Odds ratio

Sexe

Homme (1)

1.224*

1.185

1.169

Age (gr. de comparaison: 18-24)

25-34

1.264*

1.259

1.265

35-49

2.544***

2.387***

2.461***

50-65

4.023***

3.770***

4.168***

65+

6.809***

6.574***

7.839***

Niveau d’études (groupe de comparaison: <Bac)

Bac

2.072***

1.994***

1.885**

Bac+2

2.484***

2.397***

2.217***

≥ Bac+4

3.678***

3.390***

3.100***

Revenus mensuels (groupe de comparaison: <€ 1000)

1000 € et 1666 €

1.404**

1.387**

1.342**

>1667 €

2.243***

2.223***

2.094***

Intéressé par la politique

2.856***

2.706***

2.641***

Parle souvent ou de temps en temps de politique

1.529***

1.539***

1.516**

Première source d’information politique (groupe de comparaison: tv)

Radio

1.353*

1.362**

Internet

1.073*

.999

Presse écrite

1.412*

1.400**

Utilisation de l’internet: (groupe de comparaison: non-internautes (ni et di)

ima 1.107

1.107

iar 1.341

1.341

iah 1.516*

1.516*

Constant . .190*** .161***

196***

.190***

.161***

Cox, Snell R Square . .191 .193

.190

.191

.193

Nagelkerke R Square . .266 .269

.264

.266

.269

Note: Régression logistique. Variable dépendante : connaissance de l’actualité (oui=1 [66% de répondants] non=0). Variables indépendantes: groupes de comparaison indiqués dans le tableau. Intérêt pour la politique=1, sinon=0; Parle souvent et de temps en temsp de politique= 1 sinon=0. N= 1661.Sign ***<.001 **<.05 *<.10,

Source: Médiapolis, 2009

  • 8 Chiffres non présents dans le tableau.

26De façon générale, on constate que l’âge, le niveau d’étude, le niveau de reve­nus, l’intérêt pour la politique et la propension à parler de politique font varier la connaissance de l’actualité politique. Dans le modèle A (dans lequel l’usage de l’internet n’est pas contrôlé) les hommes tendent à être davantage au courant de l’actualité que les femmes. On observe cependant que, si l’on contrôle les variables «  Sources d’information politique privilégiée  » et «  Utilisation d’internet  » (modèles B et C), ce décalage entre hommes et femmes n’est pas significatif. La connaissance de l’actualité augmente avec l’âge et les personnes âgées de plus de 65 ans ont pratiquement 6 fois plus de chances d’être au courant d’événements pris dans l’actualité politique que les 18-24 ans. Il n’y a pas de différence significative de connaissance de l’actualité entre la partie la plus jeune de la population (18-24 ans) et la partie d’âge moyen (25-34). La connaissance de l’actualité augmente avec le niveau d’études (ceux qui ont un niveau égal ou supérieur à Bac 4 ont pratiquement trois fois plus de chances de connaître un événement pris dans l’actualité que ceux qui ont un niveau d’études inférieur au Bac). L’effet du niveau d’études reste stable pour tous les modèles, et l’usage d’internet n’affecte en rien cet effet. Il en va de même pour l’effet du revenu: les groupes les plus aisés ont plus de chance d’être au courant de l’actualité (même lorsque nous contrôlons l’interaction entre revenu et niveau d’études8.

27Par ailleurs, l’intérêt pour la politique joue très fortement. Ceux qui s’intéressent beaucoup ou assez à la politique ont pratiquement trois fois plus de chances de connaître un événement marquant de l’actualité politique que ceux qui s’y intéressent peu ou pas du tout. De même, le fait parler de politique souvent ou de temps accroît d’une fois et demi les chances de connaître l’actualité politique.

  • 9 Chaîne d’information continue.

28Au total, les effets de l’éducation, de l’âge, de l’intérêt pour la politique et de l’intensité des conversations politiques sont particulièrement robustes et persistent quel que soit le modèle considéré. Le fait d’introduire dans l’analyse d’autres variables n’estompe pas l’influence de ces quatre variables. Ainsi, le modèle B indique que conjointement aux variables socio-démographiques et politiques, les pratiques informationnelles influent la connaissance d’événements marquants de l’actualité politique. Le modèle B indique que par rapport aux individus pour lesquels la télévision est la première source d’information politique, ceux qui privilégient la presse écrite et radio ont 1,4 et 1,3 fois plus de chances d’être au courant d’événements marquant de l’actualité politique. Internet comme première source d’information politique n’a aucun impact sur la connaissance de l’actualité. Cette observation va dans le même sens qu’une étude récente menée sur la société américaine. En effet, Oxley (2012) affirme que les citoyens ayant comme principale source d’information politique la radio nationale ou la presse écrite quotidienne ont une connaissance significativement plus élevée que ceux qui n’utilisent pas ces sources. Au contraire, ceux qui regardent Fox News9 ou utilisent des blogs politiques comme principale source d’infor­mation ont des connaissances moins importantes que ceux n’utilisant pas ces sources.

29L’analyse des effets de la variable « intensité d’usage d’internet » ne confirme pas la thèse d’une acquisition incidente de connaissances (modèle C). En effet, l’intensité d’usage d’internet n’a une réelle influence sur la connaissance de l’actualité politique que pour les internautes aux pratiques plus intensives. Les personnes interrogées se connectant à internet au moins une fois par jour et depuis dix ans ou plus (iah) ont 1,5 fois plus de chances de connaître les événements récents que les non-utilisateurs d’internet. Par contre, il n’existe aucune différence significative entre les internautes se connectant souvent mais depuis moins de dix ans (iar), ceux utilisant peu internet (ipa) et les non-utilisateurs d’internet. Ainsi, nous pouvons en déduire que l’usage d’internet, lorsqu’il est ancien et particulièrement, peut rejaillir, tout choses étant égales par ailleurs, sur la connaissance des enjeux politiques.

30Nos constatations ne permettent pas de soutenir l’hypothèse d’ une acqui­si­tion accidentelle de connaissances de façon suffisante. Les internautes de longue date, même sans chercher particulièrement à s’informer, ont clairement plus de chances de tomber sur des informations politiques ou sociales. En outre, il faut garder en tête que cet effet s’observe chez les utilisateurs les plus anciens de l’internet (au moins 10 ans), ce qui suggère que l’âge des personnes interrogées joue également un rôle. Les trois modèles considérés ne nous permettent pas d’établir que l’utilisation d’internet en général ou comme source principale d’information politique est associée à une meilleure connaissance de l’actualité politique pour les groupes les moins au fait de l’actualité politique (les plus jeunes, ceux ayant fait peu d’études, les moins aisés et les moins intéressés par la politique.

31Par ailleurs, nos résultats ne confirment pas non plus la thèse d’une fracture numérique basée sur l’accès à internet (Norris, 2001). En effet, il n’existe pas de différence significative entre les non-internautes et les internautes non-intensifs ou récents. Le seul groupe qui se distingue des autres est celui des usagers de longue date – ceux qui appartiennent à des communautés en ligne depuis longtemps et utilisent les plateformes en ligne de façon intensive.

Utilisation de l’internet et participation politique

32Afin de mesurer le niveau de participation politique hors-ligne nous avons proposé aux personnes interrogées une liste de onze activités politiques conventionnelles et non-conventionnelles et nous leur avons demandé d’indiquer celles qu’elles avaient déjà pratiquées (tableau 6). Nous avons ensuite construit un indice de participation politique en fonction du nombre d’activités déjà effectuées.

33Tableau 6 – Formes de participation politique

Signer une pétition

65%

Participer à une manifestation

46%

Faire grève

41%

Assister à une réunion politique

28%

Contacter un ou une élue

27%

Se consacrer à une cause d’intérêt général (par exemple un ou plusieurs week-ends pour le nettoyage d’un parc ou d’une plage)

15%

Distribuer des tracts ou coller des affiches politiques dans la rue 13%

13%

Participer à un boycott

12%

Occuper un bâtiment public ou une entreprise

11%

Soutenir financièrement un mouvement politique

7%

Ecrire des graffitis politiques

2%

Source: Médiapolis, 2009, N=1668

34Les formes de participation relativement faciles à réaliser (telle que signer une pétition) ou les plus protestataires tout en restant légales (manifestations, grèves), sont celles qui sont le plus pratiquées en France. Les formes de participation liées au fonctionnement habituel du système politique (participer à une réunion politique ou contacter un responsable politique) concernent entre un quart et un tiers de la population. Cependant seulement 13% ont participé activement à une campagne politique en distribuant des tracts ou en collant des affiches dans les rues et très peu ont soutenu financièrement un parti.

  • 10 Et fait apparaître certaines spécificités françaises par rapport aux autres pays européens, comme l (...)

35Globalement, le niveau d’participation politique des Français est assez faible (tableau 7)10. Les deux tiers des individus déclarent qu’ils n’ont déjà pratiqué, au plus, que trois des formes d’action politique proposées. Les citoyens fortement impliqués (au moins six activités politiques pratiquées) ne représentent que 11% de la population.

36Le tableau 7 indique également comment le niveau de participation politique varie en fonction de l’utilisation de l’internet. Les non-internautes sont nettement les moins engagés dans la vie de la cité: plus des trois-quarts d’entre eux ont un niveau de participation faible et seulement 7% sont fortement impliqués. Le niveau de participation des internautes pris dans leur ensemble est quasiment identique à celui de la population française, mais il varie en fonction des formes d’utilisation de l’internet. Les internautes assidus historiques sont sensiblement plus impliqués dans la vie de la cité (32% ayant un niveau de participation moyen et 16% un niveau de participation fort) par contraste avec les internautes moins assidus dont les niveaux de participation se rapprochent de ceux des non-internautes.

Tableau 7 – Utilisation de l’internet et niveau de participation politique

Ens. de la population

ni

di

ipa

iar

iah

Internautes

Faible (0-3 activités déjà pratiquées)

66

77

63

72

66

52

63

Moyen (4-5 activités)

23

16

27

18

23

32

25

Fort (6 activités ou +)

11

7

10

10

11

16

12

Source: Médiapolis, 2009, N=1668

37Pour clarifier la relation entre l’utilisation de l’internet informationnelles) sur la participation politique en fonction des pratiques informationnelles des individus, nous avons réalisé quatre séries d’analyses de régression logistique. La variable dépendante est le niveau de participation politique en fonction du nombre d’activités politiques ayant été déjà pratiquées au moment de l’enquête. On considère qu’il y a participation politique si au moins quatre activités ont été pratiquées. Quatre modèles ont été construits: le modèle D prend essentiellement en compte des variables socio-démographiques ainsi que l’intérêt pour la politique et la propension à discuter de politique; le modèle E intègre aux variables précédentes la source d’information politique privilégiée; le modèle F ajoute aux variables précédentes, les formes d’utilisation de l’internet; enfin, le modèle G ajoute la connaissance des faits politiques. Le tableau 8 présente les résultats de ces analyses.

38De façon générale, on constate que la plupart des variables considérées ont une influence statistiquement significative sur le niveau de participation politique, ce qui rappelle combien celui-ci est un phénomène complexe qui est lié à une multitude de facteurs.

39Dans les différents modèles considérés, nous observons des schémas similaires à ceux observés pour la connaissance de l’actualité (modèles A, B, C). Une différence entre hommes et femmes concernant la participation politique peut être notée et le modèle D fait apparaître un écart statistiquement significatif entre les hommes et les femmes (les autres variables socio-démographiques étant contrôlées). Cet écart baisse lorsque nous contrôlons la variable usage des média et va jusqu’à devenir statistiquement non-significatif si l’on contrôle la typologie des utilisations de l’internet.

40L’effet du niveau d’études est stable pour tous les modèles - plus on a un niveau d’études élevé, plus on tend à participer à des activités ou actions politiques. L’influence de l’âge est un peu plus complexe et n’est pas linéaire: les individus entre 25 et 35 ans ont globalement tendance à participer autant que les plus jeunes; la participation politique est sensiblement plus forte au-dessus de 35 ans, et tout particulièrement pour les individus entre 50-64 ans.

Tableau 8 – Facteurs expliquant la participation politique

Modèle
ses D

Modèle E
media

Modèle F
internet

Modèle G
connaissance de l’actualité

Odds ratio

Odds ratio

Odds ratio

Odds ratio

Sexe

Homme

1.320**

1.247*

1.201

1.190

Age (groupe de comparaison : 18-24)

25-34

1.032

1.213

1.199

1.175

35-49

1.684**

1.864**

1.910**

1.829**

50-65

2.453***

2.887***

3.150***

2.928***

65+

1.661**

1.731**

2.070**

1.862**

Niveau d’études (groupe de comparaison: < Bac)

Bac

2.326***

1.530**

1.443**

1.402**

Bac+2

2.716***

1.824***

1.681**

1.611**

>Bac+4

4.412***

1.891***

1.690**

1.610**

Revenus mensuels (groupe de comparaison: <€ 1000)

1000 € et 1666*

1.118

1.147

1.106

1.082

≥1667 €

1.144

1.169

1.082

1.037

Intérêt pour la politique

2.274***

2.101***

2.028***

1.919***

Parle souvent ou de temps en temps de politique

2.043***

2.086***

2.055***

2.003***

Première source d’information politique (groupe de comparaison: tv)

Radio

1.480**

1.494**

1.463**

Internet

1.762***

1.606**

1.603**

Presse écrite

2.464***

2.479***

2.438***

Utilisation de l’internet (groupe de comparaison: non-internautes)

ipa

1.037

1.031

iar

1.369*

1.359*

iah

1.684**

1.651**

Connaissance de l’actualité

1.405**

Constant

082***

.056***

047***

043***

Cox, Snell R Square

.131

.154

.158

.161

Nagelkerke R Square

.181

.213

.219

223

Note: Régression logistique. N=1668 Variable dépendante: participation politique selon le nombre d’activités politiques déjà, avec 0 à 3=0, 4 à 11= 1). Variables indépendantes: groupes de comparaison indiqués dans le tableau. Intérêt pour la politique=1, sinon=0; Parle souvent et de temps en temps de politique= 1 sinon=0. N=1661

Sign ***<.001 **<.05 *<.10

41Contrairement aux résultats obtenus pour la connaissance des faits politiques, on ne peut pas établir de entre les revenus et le niveau de participation politique, et ce pour tous les modèles. Enfin, il y a une relation stable et forte et stable entre d’une part l’intérêt pour la politique et la propension à discuter de politique et d’autre part la participation politique.

42Le modèle E permet de préciser la façon dont les pratiques informationnelles affectent la participation politique. Il indique que le fait de privilégier une autre source d’information politique que la télévision accroît la participation politique, ce différentiel étant le plus élevé pour la presse écrite, puis l’internet, et enfin la radio. Les individus utilisant toute autre source d’information politique que la télévision sont généralement deux fois plus actifs politiquement.

43Le modèle F éclaire l’influence des modes d’utilisation de l’internet. On observe que les internautes se connectant fréquemment tendent à davantage s’engager politiquement que les non-internautes, ce différentiel étant le plus fort chez les internautes assidus historiques (iah qui peuvent être jusqu’à 1,6 fois plus politiquement actifs que les non-internautes. En revanche, une utilisation sporadique de l’internet (ipa) n’a pas d’impact statistiquement significatif sur la participation politique, ce groupe de faisant pas apparaître de différence statistique avec les non-utilisateurs d’internet.

44Le dernier modèle G contrôle la connaissance de l’actualité politique. Comme on pouvait s’y attendre, les individus les mieux informés ont tendance à être ceux qui ont les plus hauts niveaux de participation politiques. Il faut néanmoins préciser que le fait d’être au courant de l’actualité politique ne modifie pas l’influence du type d’utilisation de l’internet.

Conclusion

45Pour conclure, nous pouvons d’abord constater que la plupart des variables par lesquelles on explique traditionnellement le niveau de participation politique (soit les variables socio-économiques et politiques) conservent une influence décisive dans la France de l’ère numérique. Toutefois, notre analyse montre que les pratiques informationnelles et le mode d’utilisation de l’internet exercent également une certaine influence sur la participation politique. Celle-ci est proportionnellement plus forte chez ceux qui privilégient la presse écrite, l’internet ou la radio comme première source d’information politique, et plus faible chez ceux qui s’informent principalement par la télévision. En outre, plus l’utilisation de l’internet est intensive (sans être nécessairement ancienne), plus le niveau de participation politique tend à être élevé. On notera à cet égard que le mode d’utilisation de l’internet ne gomme pas les différences générationnelle.

46En revanche, lorsque considère la connaissance de l’actualité politique, les effets de l’utilisation de l’internet sont plus contrastés. Le choix d’internet comme première source d’information politique n’a pas d’influence statistiquement significative sur la connaissance de grands événements pris dans l’actualité politique. Et c’est seulement chez les utilisateurs d’internet à la fois les plus assidus et les plus anciens que l’on constate un effet sur la connaissance de l’actualité politique. Ce résultat ne confirme que partielle­ment la thèse selon laquelle l’internet favoriserait, de façon incidente, une meilleure connaissance de l’actualité politique.

  • 11 Pour ne mentionner que celles concernant les enquêtes quantitatives.

47D’autres recherches sont sans nul doute nécessaires pour approfondir la relation entre internet et engagement politique en France, et cela dans au moins deux grandes directions11. La première est d’ordre essentiellement méthodologique et renvoie à la difficile question de la causalité. Notre enquête, comme la plupart des études étrangères équivalentes, analyse une situation à un moment donné et ne permet pas d’évaluer précisément le sens de la causalité entre utilisation de l’internet et participation politique. Les études portant sur les relations entre pratiques informationnelles et comportements politiques sont souvent confrontées à la difficulté de déterminer variables dépendantes et variables explicatives. Des enquêtes sur panel pourraient permettre de mieux explorer cette question mais restent difficiles à réaliser. En tout état de cause, comme le note Boulianne (2009), la relation internet-participation politique devrait être plus systématiquement étudiée comme un processus dialectique, et on ne doit par ailleurs ne pas oublier la contribution que les études qualitatives (entretiens approfondis, observations de type ethnologique, etc.) peuvent apporter pour en comprendre la dynamique.

48La seconde direction de recherche concerne les relations entre participation politique hors ligne et en ligne (Koç-Michalska, Gibson, Vedel, 2014). Les internautes les plus actifs vont-ils continuer à rester attachés à des formes de participation politique traditionnelles? Le développement et l’enrichissement de nouvelles applications de l’internet – tout particulièrement les réseaux sociaux – ne va-t-il pas favoriser une migration au moins partielle de ceux qui sont politiquement actifs vers l’engagement en ligne? Plus fondamentalement, l’internet va-t-il rapprocher de la politique les citoyens les plus jeunes et/ou ceux qui s’en détournaient jusqu’à présent comme on l’espère depuis ses débuts? Cette question a jusqu’à présent reçu une réponse plutôt négative. Mais, comme en témoignent certaines études réalisées lors des campagnes électorales américaines de 2008 et 2012 (Smith, Schlozman, Verba, Brady, 2009; Smith, 2013), la massification de l’internet conjuguée à son emprise croissante sur la vie sociale pourrait changer la donne.

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Notes

1 Le projet Médiapolis (Information politique et citoyenneté à l’ère numérique) a été conduit entre 2009 et 2011 avec le soutien de l’anr. Il visait à comprendre comment les transformations des pratiques d’information en matière politique liées à l’internet rejaillissaient sur les pratiques politiques et les formes de citoyenneté. Ce projet a associé le cevipof de Sciences-Po (coordination et volet quantitatif) et le carism de l’Université Panthéon-Assas (volet qualitatif).

2  On peut considérer avec Oxley (2012) que les connaissances plus conceptuelles, liées à l’essence-même de la politique, sont apprises lors de la socialisation primaire et à travers le système éducatif plutôt que par les médias. Le niveau d’études est alors le meilleur indicateur pour ce type de connaissances,

3 Pour un bilan récent, cf. Greffet, Wojcik 2014.

4 Sur ce point voir Rieffel (2014) pour une bonne synthèse des répercussions de l’internet non seulement dans le domaine politique mais dans les autres champs d’activité sociale.

5  Selon la Banque mondiale, les internautes représentent 83% des Français en 2012, <http://data.worldbank.org/indicator/IT.NET.USER.P2> (accédé le 02.11.2013).

6 Le référendum sur les minarets en Suisse, la réforme de l’histoire-géographie en terminale scientifique, l’instauration d’une taxe sur les bonus des banquiers.

7 Nous sommes conscients des colinéarités qui peuvent exister entre les variables explicatives. C’est le plus souvent le cas dans la littérature utilisant cette méthode en sociologie électorale (Boy, Mayer 1997) .

8 Chiffres non présents dans le tableau.

9 Chaîne d’information continue.

10 Et fait apparaître certaines spécificités françaises par rapport aux autres pays européens, comme l’importance des formes de participation protestataire et la faiblesse de l’adhésion aux partis politiques, comme souligné par railleurs par Magni-Berton (2010).

11 Pour ne mentionner que celles concernant les enquêtes quantitatives.

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Pour citer cet article

Référence papier

Karolina Koc-Michalska, Jean Chiche et Thierry Vedel, « Connaissances politiques et participation politique à l’ère numérique: ce que change linternet »Sciences de la société, 94 | 2015, 177-198.

Référence électronique

Karolina Koc-Michalska, Jean Chiche et Thierry Vedel, « Connaissances politiques et participation politique à l’ère numérique: ce que change linternet »Sciences de la société [En ligne], 94 | 2015, mis en ligne le 30 juin 2016, consulté le 06 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/2523 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.2523

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Auteurs

Karolina Koc-Michalska

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    Paru dans Sciences de la société, 102 | 2017

Jean Chiche

Thierry Vedel

Les auteurs de l’article relèvent des disciplines communication, statistique et science politique.
kocmichalskagmail.com

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