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Le traitement médiatique des acteurs politiques et des mobilisations

Causes et effets d’un cadrage sécuritaire

Le cas de la mobilisation anti-G8 de 2003
Causes and effects of a safe framing. The case of the anti-G8 mobilization 2003
Causas y efectos de un encuadre seguro. El caso de la movilización anti-G8 2003
Sébastien Salerno
p. 31-45

Abstracts

Stemming from a research work covering the mobilization against the G8 meetings in Evian (France), this article concerns the construction of the public debate during the meetings against the summit of the G8 in 2003. By examining the public debate before the big demonstration - and not during the moment of the demonstration, we show how a frame of a security interpretation circles solidly around the organization of the protesting event. In such a context, the social movement fails to pass its ideas and expertise, to stand out as legitimate actor in the public debate, victim also of its position of violence and the scheduled programmed of the newspapers about the counter-summit.

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  • 1  Dans la nuit du 5 au 6 novembre 1932, sur fond de climat politique tendu une formation d’extrême d (...)

1Depuis la fusillade en plein centre-ville d’une manifestation des partis et syndicats ouvriers par un commandement militaire, le 9 novembre 1932, un consensus autour d’une politique de tolérance à l’égard des libertés publiques s’est forgé à Genève (Kliebès, 1992)1. L’Etat de Genève, sa police et les mouvements sociaux collaborent en vue de limiter les débordements lors des actes protestataires. Les titres de la presse genevoise, indépendamment de leur bord politique, participent à cette dynamique en minimisant les débordements et en présentant les manifestants comme des citoyens faisant usage des libertés publiques (Wisler, Tackenberg, 2003). Cette culture politique des libertés publiques qui a contribué à la paix sociale a résisté au printemps helvétique et aux changements d’équilibre politique. L’accueil, en mai-juin 2003, de dizaines de milliers de manifestants altermondialistes mobilisés contre le G8, allait lui donner la possibilité de franchir un seuil décisif, a pensé la majorité des élus politiques genevois. De fait, la manière habituelle de penser le maintien de l’ordre s’est exprimée dans la doctrine d’engagement des forces de police (Wisler, 2006). Pourtant, deux ruptures majeures avec le modèle « historique » sont survenues : d’une part, des actes d’une rare violence (affronte­ments durs avec la police, etc.) causés par des éléments radicaux et des casseurs ont émaillé la mobilisation ; d’autre part, la presse genevoise a accordé une attention exceptionnelle à la question de la sécurité. Au fil des mois qui précèdent le contre-sommet, les articles de presse, à l’exception de ceux du journal Le Courrier, chez qui les idées altermondialistes ont porte ouverte, ancre l’idée d’un mouvement social sans autorité et dont la radicalité ne relève pas que du verbe.

2Issue d’un travail de recherche sur la couverture de la mobilisation contre le G8 d’Evian, cette présentation porte spécifiquement sur la construction du débat public sur la tenue du contre-sommet au G8. En examinant le débat public avant la manifestation géante, et non le « moment manifestant » (Favre, 1990) et ses suites, on montre comment un cadre d’interprétation sécuritaire se plaque solidement sur l’organisation de l’événement protestataire.

Protestations altermondialistes et médias d’information

Les mobilisations altermondialistes, entre habitudes et inventions

  • 2  Annemasse est une commune française située dans le département de la Haute-Savoie.

3En 2003, c’est à la France qu’échoit la responsabilité d’organiser le G8, elle opte pour la ville d’Evian et annonce sa décision à la Suisse en juillet 2002. Les manifestations contre la guerre en Irak qui se sont déroulées tout au long de l’année en Europe, ajoutées au nouveau cycle de protestations transnationales porté par les groupes mobilisés autour de l’opposition à la mondialisation néo-libérale – qu’on nomme dans ce texte mouvement altermondialiste – font craindre au pays hôte des débordements. Les autorités françaises décident alors d’interdire l’accès à la ville d’eau, autour du 1 et du 3 juin 2003, dates du sommet international. Rendue publique l’information suscite l’intérêt des réseaux altermondialistes français et suisses qui voient dans l’organisation d’un contre-sommet la possibilité de montrer leur opposition au G8, d’agréger les différents pôles du mouvement le temps de l’événement, et de profiter de la présence des journalistes du monde entier pour diffuser leurs messages. C’est ainsi que Genève, et dans une moindre mesure Lausanne et d’Annemasse2, vont accueillir entre le 29 mai et le 3 juin 2003 le contre-sommet du G8. Ville internationale, Genève ne se trouve pas dans une situation inédite, elle a hébergé dans son histoire récente plusieurs protestations, surtout la mobilisation contre l’omc du 17 au 22 mai 1998. œuvre d’un mouvement altermondialiste alors embryonnaire, cette dernière avait vu se développer en ses marges de très violents affrontements entre manifestants et casseurs d’un côté, forces de l’ordre de l’autre. La violence des heurts avait choqué les Genevois habitués à voir des manifestants défiler sans violence, gouvernement et parlement genevois avaient résolu de mettre sur pied des commissions parlementaire et extraparlementaire pour faire toute la lumière sur l’événement.

  • 3  Entre 1998 et 2001, Wood (2003) recense 467 mobilisations sur les cinq continents.

4Suivant pas à pas les rencontres d’élites et d’institutions financières internationales, la dynamique protestataire transnationale n’a cessé de croître depuis: Seattle en décembre 1999; Davos en janvier 2000; Washington en avril 2000; Prague en septembre 2000; Québec en avril 2001; Göteborg en juin 2001; Gênes en juillet 2001; etc., chaque grande réunion transnationale, ou presque, a suscité un contre-sommet3. Ces mobilisations, généralement un long week-end de démonstrations et de conférences-débats qui s’achèvent par une manifestation géante le dimanche, confrontent les autorités des villes-hôtes des sommets à des problèmes inédits de maintien de l’ordre. Outre la sécurité des délégations étrangères, elles doivent gérer les épisodes de casses et les affrontements avec les forces de l’ordre qui se sont ritualisés depuis Seattle. Pour défendre la sécurité des points stratégiques (aéroport, etc.) et des lieux qui accueillent les délégations invitées pendant le sommet, les autorités prohibent l’accès public à certaines rues et places de la ville et dressent des murs de grilles et de containers autour des zones interdites protégées par la police et décrétées « zones rouges ». Si, la majorité des différents groupes mobilisés lors d’un contre-sommet se concentrent sur la mise en réseau de leur action ; expérimentent des pratiques d’auto-organisa­tion ; montent des opérations spectaculaires pour attirer l’attention des journalistes sur leur cause, etc., la frange la plus radicale vise à faire riper l’engrenage du sommet. A partir d’un continuum de possibilités tactiques qui rassemble actions directes non-violentes et usage de la force, les militants décident de barrer l’accès aux sites des conférences du sommet ou inverse­ment de bloquer les délégués à l’intérieur du centre de conférence; de forcer les barrages et affronter la police pour pénétrer dans la « zone rouge » ; de commettre des actes de violence contre les biens (Porte, 2009; Juris, 2008; Notes from Nowhere, 2004; Dupuis-Déri, 2003).

5Partant, la seule annonce de la tenue d’un contre-sommet dans une ville place la question de l’ordre publique au centre des débats. Mal gérée, celle-ci peut engendrer une crise politique qui ouvre sur une fluctuation des positionnements politiques et des cadres journalistiques. En effet, l’exceptionnalité de l’événement alloue des espaces propices aux acteurs politiques désireux de tirer sur l’élastique des règles en vigueur: classiquement, les partis conservateurs viseront à argumenter en faveur d’une plus grande attention consacrée à l’ordre public; à l’inverse, la gauche mouvementiste plaidera pour une plus grande liberté d’expression.

Apports et limites des médias d’information

6La presse joue rôle crucial et équivoque dans la carrière des mouvements sociaux (Neveu, 1999). Le groupe mobilisé qui décide investir l’arène médiatique vise un triple objectif: tout d’abord, une reconnaissance de sa mobilisation – passer avec succès les différentes sélections qui transforment les faits en nouvelles dans les rédactions, consacre l’importance de la cause portée par le mouvement; s’exprimer soi-même dans la presse, et ne pas simplement être mentionné – outre le fait d’être considéré comme un agent et non comme un objet discuté par d’autres, l’enjeu consiste à poser les termes du débat avec ses propres mots (Gamson, 2007); enfin, acquérir le soutien de l’opinion publique – son appui légitime le mouvement face aux pouvoirs publics, voire ses demandes. Les médias d’information représentent donc une ressource pour les mouvements sociaux à condition que ces derniers disposent de compétences communicationnelles suffisantes pour entretenir leur attention, sans être leurs obligés. La relation qui lie médias d’information et mouvements sociaux est en effet structurellement asymétrique puisqu’il appartient aux premiers de décider de la quantité et de la qualité de la couverture médiatique dont bénéficieront les seconds. Pour représenter ce déséquilibre, Gamson prend appui sur l’image d’une sorte de danse qu’exécutent journalistes et mouvements sociaux (1985:618): « for the media, social movements make a good copy. They provide drama, conflict, and action but they are only one source of news among many. Repetition reduces drama, and media may quickly turn its attention to other partners right in the middle of the dance ». Dans sa monographie de l’organisation d’étudiants opposés à la guerre du Vietnam, Students for a Democratic Society, Gitlin (1980) souligne la contribution de la presse à la transformation organisationnelle et idéologique d’une organisation au départ plus tournée vers la réflexion que les actions violentes. Les milliers d’adhérents nouveaux, qu’engrange l’organisation grâce à la médiatisation d’affrontements avec les forces de l’ordre lors de ses manifestations changent sa sociologie interne. Prenant appui sur une base qui sollicite désormais un discours radicalisé, les leaders systématisent les protestations entraînant l’organisation dans un cycle de violence qui précipitera sa chute. A la suite de la recherche séminale de Gitlin, la recherche sur la médiatisation des mobilisations s’est focalisée sur les biais inhérents à la couverture médiatique des mouvements sociaux. Inspirée des travaux en sociologie du journalisme sur la valeur d’information, elle est parvenue à mettre à jour des régularités saisissantes dans le traitement de l’action collective par la presse: prédilection pour les manifestations rassemblant un nombre important de participants, attention portée aux actes de violences, zoom sur les répertoires d’action originaux, etc. (Kopmans, 2005). Leur persistance dans les traitements médiatiques des protestations conduit les auteurs à parler de « paradigme de la protestation » (Chan, Lee, 1984). Les articles qui tombent dans cette rigole jugent durement les actions collectives et ne montrent aucune tolérance à l’égard des éventuels dégâts commis par les protestataires; à l’inverse, ils soutiennent l’ordre social en place, en défendant, par exemple, les décisions du gouvernement et demandant la fin du conflit, ou encore, en épuisant la présentation des causes et de leurs porteurs au folklore du défilé (Rucht, Teune, 2008).

7Les articles des médias d’informations impactent églement les autorités et les stratégies de contrôle des protestations qu’elles incrémentent. Dans la culture démocratique, l’emploi de la force par l’Etat doit être proportionné à la gravité du trouble à l’ordre public (Braud, 1993). La hantise des gouvernants dans les systèmes démocratiques est de voir tourner en boucle sur les écrans de télévision les forces de l’ordre charger sur un groupe de protestataires en apparence, en raison des conséquences politiques négatives susceptibles d’en surgir. Wisler et Guigni ont établit que le type de cadrage journalistique est un facteur explicatif important des politiques de maintien de l’ordre en Suisse (Wisler, Giugni, 1999). Si la couverture médiatique leur est favorable, expliquent-ils, les forces de l’ordre se sentiront légitimées à intervenir, et inversement. De sorte que, les relations avec la presse font aujourd’hui l’objet d’une politique explicite pour les polices (Brodeur, 2003). L’analyse de Mawby sur la conduite des forces de l’ordre lors du happening du réseau éco-anarchiste, Reclaim The Street, dans les rues de Sheffield, en 1997, illustre à la fois l’intégration du spotlight effect par les autorités, et l’insensi­bilité des hommes engagés sur le terrain dont les conduites sont déterminées par des intérêts qui leur sont propres (2002:163): « Whilst the rank and file officers wanted to engage in ‘real policing’ by confronting the protesters, the command team was anxious to avoid confrontation which could possibly amplify this local event to the national mass mediated theatre and damage the image of the force ». Face aux déclarations des cadres de la police attestant que la présence des caméras et des micros oblige les forces de l’ordre à se comporter de manière correcte en exercice, Fillieule et Tartakowsky (2008) opposent un ensemble de facteurs non-médiatiques (évolution du recrutement, amélioration de la formation continue, modification des techniques d’encadrement, etc.) d’une part et la poursuite d’intérêt propres (mettre fin à une manifestation qui dégénère) d’autre part. Ce qui les amènent à parler d’une « insensibilité structurelle » des forces de l’ordre à la couver­ture médiatique.

8Les résultats de l’ensemble des œuvres cités sur le suejt permettent pas de franchir le pas vers une théorie globalisante qui ceindrait les relations qu’entretiennent mouvements protestataires, Etats et médias d’information tant les situations diffèrent ou fluctuent (Derville, 1997; Cammaerts, Mattoni, 2013; Cottle, Lester, 2011). Chaque événement protestataire est l’occasion d’une lutte entre le groupe mobilisé, les éventuelles oppositions ou contre-mouvement qu’il aurait dressées contre lui et l’Etat pour accéder aux médias d’information d’abord, et y imposer une représentation légitime de leurs actes ensuite. Les articles de presse sur les mobilisations sont de formidables sites d’observation des rapports de forces entre les parties engagées dans un débat public, ainsi que de la marginalisation, voire de l’exclusion de certains acteurs et de leurs points de vue (Garcia, 2013).

La construction du débat public sur l’anti-G8 dans la presse écrite romande

Présentation de l’étude

9Pour étudier l’évolution et le contenu du débat public sur la tenue de l’anti-G8 à Genève, on s’inspire particulièrement de deux modèles théoriques parents: le modèle de compétition politique établi par Wolfsfeld (1997) et le modèle de forum conçu par Ferree et al. (2002). Selon le premier auteur, on comprend mieux le rôle des médias d’information en politique en considérant la compétition à laquelle se livrent les différents acteurs dans les médias d’information comme une lutte plus générale pour le contrôle politique. Focalisée sur le statut des acteurs, le processus politique, et leurs interactions avec la presse, cette approche distingue la compétition entre rivaux pour l’accès aux médias d’information et celle pour imposer leurs cadres d’interprétation. Les conséquences politiques des cadres d’interprétation proposés par les médias d’information découlent du principe que la définition d’un problème affecte sa prise en charge. La première a partie liée avec les facteurs structurels (comme l’organisation et les ressources des compétiteurs, etc.), la deuxième avec des éléments d’ordre culturel (les normes et les croyances en vigueur, etc.). Précisément, la première dimension, pointe l’inégalité d’accès des différentes sources selon le degré d’institutionnalisation des acteurs. Elle fixe également le degré de contrôle des autorités sur l’environnement politique comme une des variables clés qui détermine le rôle des médias d’information (Wolfsfeld, 1997, 216): » When the authorities take control of the political world, they have no trouble at all taking control of the news media ». La deuxième renvoie au type de demande portée par les challengers. Plus elle est limitée, fait valoir Wolfsfeld, plus elle a de la chance d’être reçue favorablement par la presse. Les parrains du modèle de forum, Ferre et al, défendent l’idée que l’espace public est composé des forums religieux, juridique, scientifique, des mouvements sociaux, etc., avec leurs arènes, coulisses et galléries où prennent place acteurs et spectateurs. L’audience générée par le forum médias de masse place ce dernier au centre de l’espace public. Dans cet agencement, on mesure le succès des différents acteurs pour sourcer les médias d’information et y imposer leur définition de la situation en comptabilisant leurs présences dans la presse, et en distinguant les acteurs cités ou paraphrasés des acteurs mentionnés. Les acteurs cités possèdent le statut de source; les acteurs mentionnés sont présents dans les médias d’information, mais ils n’ont pas l’opportunité d’interpréter les événements dans lesquels ils sont impliqués.

10Dans cette présentation, nous testons cinq hypothèses inspirées par les travaux précités.

Hypothèse 1, plus la division des élites au sujet de l’organisation du contre-sommet est apparente, plus il est difficile au gouvernement d’éviter que le débat dans les médias d’information ne lui échappe. Hypothèse 2, le Conseil d’Etat (le gouvernement cantonal), bien que source officielle, peut ne plus bénéficier de la plus grande présence active dans les médias.

Hypothèse 3, l’acteur le plus présent activement impose son cadre d’interprétation de l’événement. Hypothèse 4, les représentations visuelles de manifestations présentées comme altermondialistes dans la presse montrent en majorité des épisodes de casse, des policiers aux prises avec les manifestants, etc.; et en minorité des cortèges pacifiques, des manifestants souriants, etc. Hypothèse 5, le nombre d’article traitant d’aspects sécuritaires est moins élevé dans Le Courrier, un journal de gauche proche du mouvement altermondialiste, que dans les autres titres du corpus.

  • 4  Le Temps est un journal de référence, de centre droit; Le Matin et sa version dominicale Le Matin (...)

11Le corpus est composé de cinq titres de la presse suisse romande (la partie francophone de la Suisse). Ont été retenus: Le Temps, Tribune de Genève, Le Courrier, Le Matin/ Le Matin dimanche4.

  • 5Le Matin, 19.04.2003, Tribune de Genève, 26.04.2003.

12On borne l’analyse du 28 janvier 2003, date du premier article paru sur le G8 d’Evian, au 31 mai 2003, veille de l’ouverture du G8 à Evian5-3 juin). Cette séquence recouvre donc toute la phase d’organisation des sommet et contre-sommet.

13En retenant tous les articles et dépêches d’agences incluant le mot G8, on parvient à un total de 763 articles. Un découpage en trois séquences – de janvier à début mars, de mi-mars à avril et mai – permet de rendre compte de l’organisation du débat public sur l’anti-G8 dans une perspective dialogique.

L’usage risqué de la question sécuritaire

  • 6  En comparaison, la couverture de l’anti-G8 de Gênes n’a décollé qu’une semaine avant l’événement, (...)
  • 7Le Courrier, 28.01.2003.
  • 8Le Temps, 8.02.2003.
  • 9Le Matin, 4.03.2003.
  • 10Le Courrier, 2.04.2003, 3.04.2003, Le Temps, 3.04.2003, 4.04.2003, Le Matin, 03.04.2003, Tribune d (...)
  • 11  Notre interview.

14En 1998, il avait presque fallu attendre le début du sommet, pour lire les premiers articles sur le contre-sommet de l’omc. Six ans plus tard, le cycle d’attention médiatique alimenté par les mobilisations altermondialistes fait commencer le débat public sur le contre-sommet du G8 cinq mois avant celui-ci6. Le débat débute avec les annonces publiques, faites le même jour de la ministre de l’Intérieur du canton de Genève, Micheline Spoerri, sur la collaboration des cantons lémaniques (Genève, Vaud et Valais) en prévision du Sommet d’Evian, et des opposants à la tenue du G8 réunis dans une coordination où voisinent conseillers nationaux et militants libertaires. L’une comme l’autre vont marquer les esprits. La première divulgue le montant des coûts engendrés par les tâches de sécurité – quarante milliards de francs suisses –, et rappelle les risques de débordements inhérents aux réunions du G8. Ab initio le gouvernement genevois décide donc de cadrer l’événement sous l’angle de la sécurité en faisant le pari de recevoir en retour le soutien de l’opinion publique, dont il connait la valeur au moment des décisions sur le maintien de l’ordre. La deuxième ressemble en quelque sorte à une lettre que les anti-G8 s’enverraient à eux-mêmes pour, après le G8, montrer au public la bonne foi qui l’habitait. Et Le Courrier de rapporter: “tout pavé lancé dans une vitrine renforce nos adversaires et affaiblit le mouvement de résistance à la libéralisation” prévient Pierre-Yves Maillard, député socialiste7. La tentative des anti-G8 pour focaliser le débat à partir de leurs propositions sera balayée par l’option stratégique du gouvernement genevois. A la suite de son annonce, la presse va focaliser son attention sur le règlement de la facture et les questions de sécurité (« Missiles sol-air pour protéger le G8 à Evian. Le Léman sous la menace des Crotales » titre Le Temps8). La multiplication des articles sur les aspects sécuritaires du sommet et du contre-sommet débordent rapidement de la rubrique régionale pour occuper les rubriques Suisse et Evénement. Le cadrage sécuritaire qui en résulte est d’autant plus fort qu’il est alimenté à intervalles réguliers par les sources officielles, ou définisseurs primaires, que sont les gouvernements cantonal genevois et fédéral. A la fin du mois de février, la rencontre à Paris, de la ministre suisse des affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, avec son homologue français, Dominique de Villepin, pour finaliser un accord-cadre de coopération en matière de sécurité, suivie, au début du mois de mars, des déplacements à Genève, puis à Evian, sur le terrain, de Nicolas Sarkozy, alors titulaire du ministère de l’Intérieur (“Sarkozy veut dialoguer”9) renforcent les attentes des éditeurs, en même temps qu’ils consolident le cadrage sécuritaire. De janvier à mars, l’anti-G8 (25 articles) relègue au second plan le G8 (10 articles). Le cadre d’interprétation sécurité/ordre public domine dans tous les titres, excepté Le Courrier, qui tient là une opportunité de marquer sa différence vis-à-vis des autres titres : « C’est vrai que le problème qu’on a eu au Courrier, c’est de dire il s’agit pas de masquer ou de donner une vision biaisée de la réalité. En même temps, [la casse] c’est pas l’essentiel. »11

Les coûts de l’événement, l’autre face de la question sécuritaire

  • 12Tribune de Genève, 14.03.2003.

15De la mi-mars à avril, le ping-pong des responsabilités engagé entre Genève et Berne, la capitale, reste le fil rouge de la prise en charge du G8 par la presse. Forcé de s’assurer les bases légales pour l’engagement de l’armée pour les missions de sécurité dans le cadre du G8, le gouvernement fédéral inscrit la question au menu des discussions de la session de printemps du parlement fédéral. Dès les premières prises de parole, le débat s’enflamme entre la droite, acquise à la participation de soldats, et une ligne de barrage composée d’une alliance hétéroclite de la gauche et de la droite dure (udc). Finalement positif pour le gouvernement fédéral, le vote du parlement national contribue à la politisation du G8. Ainsi, dans leurs articles, les rédacteurs livrent maintenant des mises en problème qui font s’opposer la droite, la gauche et la droite dure, et offrent des clés de lecture au public. En témoigne l’entame de cet article paru à la veille du scrutin: “la Confédération doit-elle envoyer 4500 militaires pour assurer la sécurité du prochain Sommet du G8 d’Evian?”12

  • 13 Tribune de Genève, 21.03.2003.

16Dans une moindre mesure, les manifestations géantes contre la guerre d’Irak (Walgrave, Rucht, 2010), qui se multiplient après le 20 mars, représentent une nouvelle opportunité pour les médias d’information, d’élargir le spectre des mises en récit et des acteurs du dossier G8. Dans plusieurs villes de Suisse, les organisateurs des manifestations pacifistes, sont souvent des lycéens, et ils prennent de vitesse les partis politiques. A Genève, le cortège spontané, composé d’étudiants, qui se dirige vers l’ambassade des Etats-Unis, met à l’épreuve les forces de police qui finissent par disperser les protestataires qui stationnent devant le bâtiment avec force gaz lacrymogènes13.

  • 14  Tribune de Genève, 23.04.2003., 26.04.2003, etc.
  • 15Le Matin, 14.04.2003.

17Alors qu’ils auraient pu déboucher sur de nouveaux cadres d’interprétation de l’événement (liberté d’expression, l’engagement civique, etc.), ces deux moments vont, au contraire, renforcer le cadrage sécuritaire. Une fois voté au parlement fédéral, l’engagement de 4500 soldats n’a pas fait tomber les préventions à l’égard du G8. Au contraire, dans les parlements des cantons de Vaud, du Valais et de Genève, les demandes des exécutifs de crédits supplémentaires pour équiper la police en vue du sommet rouvrent les plaies du débat12. A Genève, la ministre cantonale de l’Intérieur, Micheline Spoerri, ne parvient pas à apaiser les craintes des politiques qui se font le relais des commerçants du centre-ville inquiets de possibles casses13. L’exposition médiatique répétée des difficultés qu’elle rencontre l’affaiblit dans son travail de justification auprès des citoyens et dans les négociations qu’elle mène14. Les médias d’information s’ouvrent alors aux différentes positions et organisent la mise en concurrence des définitions de la situation des différents protagonistes. Ainsi, la source officielle perd le monopole de définition de l’événement. Pour l’exemple, laissée en jachère par le gouvernement, la question du remboursement suite à des dommages causés par la manifestation est traité dans un article qui oppose assureurs et commerçants (« Qui payera la casse? »15).

18La trame sur laquelle se déploient arguments, réflexions et remarques, dans cette deuxième séquence, offre peu d’opportunité aux acteurs qui voudraient substituer le thème de la justice sociale à celui de l’ordre public. A aucun moment, les ong, les réseaux d’avocats transnationaux et les syndicats, dont la participation à la tenue du contre-sommet se fait en marge de la coordi­na­tion européenne anti-G8, ne jouent les premiers rôles. Ce que le chef de la police lui-même déplorera: « Si tout le discours de l’expression, on essaie de l’ame­ner à l’affrontement, ça peut pas bien se passer, dès lors qu’on va arri­ver à l’affrontement, pas l’affrontement rituel où on voit du gendarme, du manifestant, mais où il y a vraiment de la casse. »

Les médias, relais et acteurs de la panique

  • 16Le Matin, 7.05.2003, 9.05.2003, 10.05.2003, 15.05.2003, Tribune de Genève, 1.05.2003, 6.05.2003, 7 (...)
  • 17Le Courrier, 24.05.2003.
  • 18  Par exemple, la découverte, quelques jours avant la protestation, de trois cents cocktails Molotov (...)
  • 19Le Temps, 28.05.2003.
  • 20  Notre interview.
  • 21 Tribune de Genève, 21.05.2003.

19En mai, les interrogations sur le nombre et la nature des manifestants, le tracé du défilé ou le début et la fin exacts de la mobilisation saturent l’agenda médiatique16. Ne s’estimant en fin de compte pas rassurés par les réponses du gouvernement, des banques, des commerces, des sociétés de services et des administrations décident tour à tour de fermer ou de réduire leurs prestations pendant la mobilisation17. Cette décision fait l’effet d’un électrochoc sur les Genevois qui prennent conscience du caractère extraordinaire de l’événement qu’ils s’apprêtent à vivre. La panique collective qui s’installe, est également alimentée par une série de rumeurs18. Et avec le recouvrement, à quelques jours du contre-sommet, des vitrines des boutiques du centre-ville par des palissades de protection en bois19, le camp du “ça va bien se passer” n’a plus de représentant au sein de la presse. Les papiers portant sur les risques que constitue la mobilisation contre le G8 se succèdent. «  Je pense qu’il y avait un conditionnement, je ne dirais pas tellement voulu, mais disons qu’il y avait un climat qui s’était développé probablement durant cette période avec une pression médiatique de toute part  », analyse Stéphane Bussard de Le Temps20. De vives critiques sont alors portées à l’encontre des médias d’information accusés de produire un climat de peur et de susciter eux-mêmes les actes de violences. Ces attaques pressent, quelques jours avant le début du contre-sommet, Dominique von Burg, rédacteur en chef du quotidien Tribune de Genève à s’expliquer sur l’angle rédactionnel adopté par le journal qu’il dirige dans un article intitulé « Les médias en ont-ils trop fait? »21

  • 22Tribune de Genève, 30.04.2003.

20Deux moments vont consentir une visibilité à de nouveaux acteurs et à de nouveaux thèmes d’émerger. D’une part, une série de gros plans sur des militants altermondialistes; et d’autre part, les négociations entre des jeunes, souvent issus des réseaux zapatistes, et les autorités des villes de Lausanne et de Genève sur l’emplacement des villages alternatifs. Ainsi, en marge des articles et éditoriaux relevant du cadrage sécuritaire, contre lequel aucun entrepreneur politique, même à gauche, ne parvient à s’opposer, Tribune de Genève propose une série de cinq portraits de militants, étrangers et Suisses, qui manifesteront contre le G8 à Genève. Le premier, celui d’un Israélien, inscrit en philosophie politique à Oxford et qui s’est déjà déplacé à Gênes, Nice, Oslo, etc.22, permet au lecteur, le temps d’un article, d’être exposé à de nouveaux angles: engagement politique, injustice sociale, cosmopolitisme. Le registre du portrait pose, à partir de l’expérience vécue de l’engagement, un éclairage nouveau sur l’altermondialisme. Majoritairement, consacrés à des jeunes (trois portraits sur cinq), ces arrêts sur images nuancent les représentations des protestataires que livrent les médias d’information et offrent une alternative aux illustrations sur les forces de police.

  • 23Le Matin, 14.05.2003.
  • 24Le Courrier, 24.05.2003
  • 25Le Courrier, 20.05.2003

21A deux semaines du début du contre-sommet, les médias d’information découvrent que les discussions entre les autorités des villes de Lausanne et de Genève et les collectifs sur l’emplacement des villages de tentes piétinent. De principes proclamés (“Nous exigeons le bord du lac!” comme le rapporte en titre Le Matin23) en marchandages (“L’accord est signé”24), la négociation s’étale en feuilleton dans la presse, offrant ainsi la plus large séquence de visibilité à des protestataires issus de la frange libertaire du mouvement. Ces collectifs affinitaires, souvent composés de jeunes, s’expriment sur l’autogestion et leur volonté de vivre un autre type de société. De même, l’initiative, à Genève, d’étudiants qui ont investi le parc situé derrière l’Université « pour ouvrir un espace de débat et de rencontre »25 ouvre la voie à des alternatives au thème sécuritaire. Au fil des ces articles, le lecteur découvre enfin les motifs d’engagement des militants altermondialistes.

Conclusion

22L’hypothèse 1 se vérifie: à mesure que la division entre les élites se creuse, notamment à partir du mois de mars, où la politique de maintien de l’ordre de la ministre de l’Intérieur, Mme Spoerri, suscite l’ire d’une partie des députés de son même bord politique, la presse met en compétition le gouvernement avec d’autres sources pour intégrer ses colonnes. En mai, Mme Spoerri, ministre de l’Intérieur, est citée à 47 reprises, les forces de l’ordre 76 fois. L’hypothèse 2 se vérifie également. A partir du mois de mai, la presse ouvre le débat et fait une plus grande place à d’autres acteurs. Pendant ce mois, on compte 64 présences du gouvernement contre 67 des comités d’organisation, et autant des forces de l’ordre donc. L’hypothèse 3 est vérifiée, elle scelle la surreprésentation des forces de l’ordre dans le débat. L’hypothèse 4 n’est pas validée et doit s’étayer sur d’autres mesures. Le tableau 1 (infra) montre le clivage net entre les titres de presse Le Matin (journal populaire ou tabloïde) et Le Courrier (journal de gauche). Ce qui nous conduit à l’hypothèse 5. Quantitativement, Le Courrier, comme on le pressentait, traite moins des aspects sécuritaires que les autres titres du corpus. Toutefois le nombre d’arti­cles n’est pas négligeable relationnellement aux autres journaux (cf. infra tableau 2) et permet de prendre la mesure des effets d’un cadre d’inter­pré­ta­tion puissant même pour un journal qui voudrait s’en dégager.

23Bien qu’il ait décidé de traiter le G8 sous l’angle de la sécurité, le gouvernement genevois n’a pas su répondre aux demandes réitérées des commerçants sur les remboursements des dégâts qui surviendraient pendant les événements protestataires, ni rasséréner les citoyens sur la capacité des forces de l’ordre à contenir les manifestants violents. Impuissant, il a assisté à la crise de panique qui a saisit la presse et les Genevois. De fait, le forum médiatique est dominé de janvier à mai 2003 par la question sécuritaire et l’acteur forces de l’ordre. Discrets au sein de la coordination européenne anti-G8, prise au piège du cadrage sécuritaire, les ong, œuvres caritatives, Eglises, etc. porteuses d’un autre discours sur le mouvement alter­mondialistes et ses raouts n’apparaissent pratiquement pas dans les articles de presse. A l’exception d’une série de portraits qui contrastent avec une couverture où les représentations des manifestations sont plutôt négatives, la presse ne trouvera pas la voie pour escalader les préjugés. Finalement, le mouvement altermondialiste a réussi à pénétrer l’espace médiatique, mais échoué à faire passer ses idées et expertises, s’imposer comme acteur légitime dans le débat public sur les instruments de la solidarité au niveau mondial, victime de sa position sur la violence et de la mémoire programmée des journaux sur les contre-sommets.

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Appendix

Tableau 1 – Opposition des références contre-sommets vs forums altermondialistes

Tableau 1 – Opposition des références contre-sommets vs forums altermondialistes

Tableau 2 – Nombre d’articles traitant d’aspects sécuritaires janvier-mai 2003

Tableau 2 – Nombre d’articles traitant d’aspects sécuritaires janvier-mai 2003
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Notes

1  Dans la nuit du 5 au 6 novembre 1932, sur fond de climat politique tendu une formation d’extrême droite genevoise, l’Union nationale, annonce la tenue d’une assemblée au centre-ville, en réaction, les socialistes avertissent qu’ils manifesteront en signe de protestation et porteront la contestation jusque dans la salle où se tient l’assemblée. Craignant pour l’ordre public, le ministre cantonal de Justice et Police décide de faire appel à l’armée. Une compagnie « à qui le commandant de la place explique que la révolution a commencé, est dépêchée sur place. Sur ordre d’un officier, des rafales sont tirées sur la foule compacte. Bilan: 13 morts et plus de 65 blessés. » (Wisler, Tackenberg, 2003, 28)

2  Annemasse est une commune française située dans le département de la Haute-Savoie.

3  Entre 1998 et 2001, Wood (2003) recense 467 mobilisations sur les cinq continents.

4  Le Temps est un journal de référence, de centre droit; Le Matin et sa version dominicale Le Matin dimanche, est un journal populaire, tabloïde; Tribune de Genève est le journal local de la région de Genève; Le Courrier est positionné clairement à gauche. En 2003, Tribune de Genève, Le Temps et Le Matin appartiennent au même groupe de presse (Edipresse), Le Courrier est indépendant.

5Le Matin, 19.04.2003, Tribune de Genève, 26.04.2003.

6  En comparaison, la couverture de l’anti-G8 de Gênes n’a décollé qu’une semaine avant l’événement, lire Belluati (2005).

7Le Courrier, 28.01.2003.

8Le Temps, 8.02.2003.

9Le Matin, 4.03.2003.

10Le Courrier, 2.04.2003, 3.04.2003, Le Temps, 3.04.2003, 4.04.2003, Le Matin, 03.04.2003, Tribune de Genève, 4.04.2003, etc.

11  Notre interview.

12Tribune de Genève, 14.03.2003.

13 Tribune de Genève, 21.03.2003.

14  Tribune de Genève, 23.04.2003., 26.04.2003, etc.

15Le Matin, 14.04.2003.

16Le Matin, 7.05.2003, 9.05.2003, 10.05.2003, 15.05.2003, Tribune de Genève, 1.05.2003, 6.05.2003, 7.05.2003, Le Temps, 7.05.2003, 10.05.2003, Le Courrier, 10.05.2003, etc.

17Le Courrier, 24.05.2003.

18  Par exemple, la découverte, quelques jours avant la protestation, de trois cents cocktails Molotov dans un squat genevois – une rumeur démentie par le porte-parole de la police. Le Temps, 28.05.2003.

19Le Temps, 28.05.2003.

20  Notre interview.

21 Tribune de Genève, 21.05.2003.

22Tribune de Genève, 30.04.2003.

23Le Matin, 14.05.2003.

24Le Courrier, 24.05.2003

25Le Courrier, 20.05.2003

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Title Tableau 1 – Opposition des références contre-sommets vs forums altermondialistes
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References

Bibliographical reference

Sébastien Salerno, Causes et effets d’un cadrage sécuritaireSciences de la société, 94 | 2015, 31-45.

Electronic reference

Sébastien Salerno, Causes et effets d’un cadrage sécuritaireSciences de la société [Online], 94 | 2015, Online since 30 June 2016, connection on 09 September 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/2419; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.2419

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Sébastien Salerno

Chargé d’enseignement et chercheur, Université de Genève, Medi@lab (bd du Pont d’Arve 40, 1205 Genève Suisse).
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