- 1 « La participation active à des réseaux et programmes nationaux et internationaux » est un des crit (...)
1À l’origine, ce numéro thématique est né d’un constat, posé il y a quelques années, au sein du Lerass – Laboratoire d’études et de recherche en sciences sociales (EA 827). Implanté dans un Iut – lui-même intégré dans une université de sciences de la matière, du vivant, des mathématiques, des sciences et technologies de l’information et de l’ingénierie –, le laboratoire ne portait pas de projets nationaux en l’absence en particulier de secrétariat, attaché uniquement au laboratoire, et d’aide au montage de dossier. Or, pour répondre aux critères posés par l’Aeres1 et espérer une reconnaissance indispensable en tant que laboratoire de sciences humaines et sociales dans un tel contexte, le Lerass devait se remettre en question afin d’aider ses membres à investir le portage de projet. Un workshop a donc été organisé afin de lancer la réflexion, relier les personnes ressources et faciliter les prises d’initiative au sein du laboratoire.
- 2 Luc Boltanski et Eve Chiapello soulignent la diffusion de la structuration des pratiques par projet (...)
- 3 Jean-Pierre Boutinet remarque quant à lui une diffusion du mode d’organisation par projet à tous le (...)
2Suite à cet atelier, la nécessité de poursuivre le travail dans un numéro de revue qui développerait une réflexion plus approfondie s’est imposée. Elle s’est concrétisée par ce numéro thématique sous-tendu par un constat plus général : celui de la référence quasi automatique et indispensable à la notion de projet comme mode de financement de la recherche (Tricoire, 2008 ; Vinck, 2010), le rapport de la Cour des Comptes de 2013 « Le financement public de la recherche, un enjeu national », étant à ce propos éloquent. Ainsi, l’objectif visé par ce numéro de Sciences de la société est, d’une part, de saisir les conditions d’exercice imposées par le principe de la recherche sur projet (Boltanski, Chiapello : 19992 et Boutinet : 19903), pour les chercheurs en sciences humaines et sociales notamment, et d’autre part, d’appréhender les implications du projet financé dans la pratique de recherche même. Deux axes, d’une certaine façon, reliés et explicables par les dotations serrées des laboratoires et la nécessité consécutive de trouver d’autres solutions de financement – ledit financement permettant de répondre et de correspondre aux normes attendues. Si, en soi, le lien entre recherche et projet est évident et surtout originel (travailler sur un sujet, c’est avoir un projet, une intention), la référence à la gestion et à ses modalités d’application pose davantage question. Dans la revue Genèses parue en début 2014, Jérôme Aust, coordonnateur du numéro thématique « Le financement de la recherche sur projet », postule que le financement de la recherche est politique et il l’aborde à travers trois disciplines qui se croisent : l’histoire, la sociologie et la science politique. Ce numéro de Sciences de la Société acte la dimension politique du financement sur projet et propose de dépasser ces débats afin de comprendre ce que le financement de la recherche sur projet implique pour les chercheurs. Dans leurs pratiques et activités de recherche, comment les chercheurs s’approprient-ils la recherche de financement pour mener à bien des projets ? Quels sont les effets de cette recherche et de cette gestion des financements sur le quotidien du travail des chercheurs ? Pour tenter de répondre à ces questions, les articles qui composent ce dossier proposent un cheminement à partir et autour de la notion de projet. De son appréhension institutionnelle à son appréhension pratique et pragmatique, cette notion de projet s’inscrit en effet dans autant de lieux, de stratégies et de contenus où elle se trouve articulée à une autre notion centrale pour la recherche en sciences humaines et sociales : celle d’expérience. Quelle expérience de la recherche par projet financé les chercheurs en sciences humaines et sociales ont-ils ? Que nous apprennent ces expériences et ces parcours sur ce principe de la recherche par projet financé ?
- 4 Voir à ce propos, l’analyse « du déclin des solidarités organisationnelles » dans le cadre du finan (...)
3Notre point de départ commence à la direction d’une université, celle de Bordeaux Montaigne pour être plus précis, là où doivent être appliquées des directives, là où des choix dits de gouvernance doivent s’opérer. Patrick Baudry, ancien vice-président du conseil scientifique de 2010 à 2012, relate et met en perspective son expérience. D’une liste avec un programme sur lequel il a été élu à une fonction qui l’aura confronté à des injonctions administratives et comptables, comment parvient-on à garder le cap ? Quelles sont aujourd’hui les solutions pour parvenir à unifier et à consolider davantage que spécifier et viser l’excellence ? Et comment définir l’excellence ? Comment peut-on demander à un vice-président de décider, tel un manitou et un « manager » ceux à mettre sur un piédestal et ceux qui devraient être mis de côté4 ? Il nous semble à la lecture de cette expérience, qu’il existe des solutions et qu’elles recourent au concours de chacun. Vision nationale donc dans cet article, où la politique de recherche s’applique et se traduit au niveau local. Où l’on voit que le financement de la recherche sur projet implique des choix parce que le nerf de la guerre, expression malheureuse, c’est de l’argent pour travailler et mener à bien des projets. À un tout autre niveau décisionnel mais avec la même passion pour la recherche de qualité, Olivier P. Gosselain propose d’investir le principe, en émergence depuis une vingtaine d’années, de la slow science qu’il associe à une forme de « désexcellence » en miroir aux politiques de recherches actuelles (Gosselain, 2011). Une longue expérience interdisciplinaire nourrie d’ échanges et interactions sortis du contexte habituel d’objectifs scientifiques posés en amont, lui ont ainsi permis de retrouver « un sentiment grisant de progression et, au final, des objets d’étude, des rencontres et des résultats qui dépassaient de loin nos attentes initiales. Une belle histoire de recherche, en somme, pour une petite communauté regroupant des académiques, des doctorants et des étudiants. » (Gosselain, 2011). Ce type de projet, qui semble opposé aux politiques actuelles, dessine une perspective qui met en avant la nécessité de s’accorder du temps, pour penser, pour faire des liens, pour s’enrichir, pour lire, pour partager, pour échanger, pour réfléchir, etc. Comme une sorte d’artisanat afin que le faire soit associé au penser avec pour objectif principal, de travailler dans le plaisir en laissant libre court à la créativité.
- 5 Pierre Aucouturier est directeur d’équipe à l’INSERM et professeur à la faculté de médecine Pierre (...)
4Chemin faisant, la double question de la mise en place d’une cellule réservée à la recherche de financement et à l’aide au montage de projet dans un département de sociologie se pose de fait. La réflexion engagée dans ce numéro thématique conduit ainsi à s’interroger sur la gestion des financements de la recherche en sciences humaines et sociales à l’échelle d’un département d’université par le biais de la contribution de Luc Gauthier. Docteur en sociologie des sciences, « chercheur pratiquant », Luc Gauthier est actuellement directeur des subventions à l’Université de Neuchâtel dans le secteur recherche et innovation. Il a aidé au montage et supervisé les projets du département de sociologie de l’Université de Genève de 2005 à 2013 dans le cadre du fonds de la recherche en sociologie (RSOC). Son expérience est double : d’abord comme chercheur actif en sociologie, Luc Gauthier a la connaissance effective de la pratique de recherche concernée par son poste, mais aussi la maîtrise de la pratique ethnographique (pratique ethnographique de la physique des particules au CERN). Ensuite, depuis 2005 – soit depuis que le département de sociologie de l’Université de Genève a fondé le laboratoire de recherche en sociologie (LRS), remplacé par la suite par le fonds de recherche en sociologie (RSOC) –, il travaille plus particulièrement au montage de projet à l’échelle nationale et internationale. En tant que coordinateur du RSOC Luc Gauthier est intervenu afin d’aider les chercheurs en sciences sociales dans toutes les phases de montage de projet et de recherche de financement. Son expérience ici relatée et analysée permet de mettre en lumière le fonctionnement précis de la recherche sur projet dans un département et d’en montrer les avantages tout aussi bien que les inconvénients. Un des points forts de sa pratique est de pointer que la différence ne s’établit pas entre recherche appliquée et fondamentale, mais plutôt dans la durée des projets conduisant vers l’un ou l’autre des types de recherche. Ce constat va à l’encontre de l’expertise de Pierre Aucouturier et Eric Leichtman qui, dans un article du 25 mars 2010 paru dans La Tribune, soulignent que la recherche sur projet, et en particulier les projet dits ANR, ne permettent pas « de conduire sereinement des travaux à long terme capables de faire progresser les connaissances fondamentales, indispensables aux problèmes technologiques de demain5. Martin Benninghoff et Philippe Sormani notent que la création du fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) dans les années 1950 a introduit le principe du financement par projets de la recherche (2014, p. 32 et 35). Luc Gauthier souligne combien aujourd’hui tout financement de la part du FNS implique un projet.
5Après l’expérience de création, de mise en place et d’organisation du montage de projet par Luc Gauthier dans un département de sociologie, Gaëlle Covo s’est pour sa part attachée à mettre en perspective son travail en tant que chargée de mission pour le financement européen de la recherche au sein de l’Université de Toulouse I-Capitole. Son approche consiste à mêler son expérience individuelle pour institutionnaliser son poste à l’expérience de chercheurs souvent peu informés des modalités de participation au montage de projets dans le cadre européen. Sa contribution montre que l’aide au montage de projet implique une connaissance fine des laboratoires et de leurs thématiques de recherche ainsi que l’inscription dans des réseaux de pairs afin de maîtriser les exigences et les évolutions du montage de projet. Surtout, cette intervention permet de mettre en évidence les limites du montage de projet pour une université française dans le cadre européen : tous les projets ne correspondent pas aux critères d’exigence et cela relève les limites du fonctionnement européen ; ainsi par exemple, les textes en langue anglaise de la commission européenne doivent être obligatoirement traduits pour leur vote par les instances de l’université. In fine, Gaëlle Covo montre bien que l’institutionnalisation du montage de projet européen est marquée par la rencontre, la découverte de chercheurs, de sujets, de passions qui se partagent et s’échangent. Ce qui transparaît, c’est toute la dimension affective qui va lier pour un temps un groupe d’individus sur un projet commun ; elle irrigue le montage de projet dans sa dimension gestionnaire telle que postulée pour répondre aux critères européens et espérer décrocher un contrat. La relation qui s’instaure sur un temps donné n’est pas propre aux projets européens. Luc Gauthier montrait bien sa préoccupation pour trouver des contrats à des doctorants qui soient un apport pour leur carrière et non une tâche supplémentaire qui les détourneraient de leur objectif initial : la réalisation d’une thèse.
- 6 Voir Jean-Pierre Nioche et Fabrice Pruvost (1999) cité par Vincent Mangematin (2000, p. 56).
6Dans cette seconde partie, l’accent est porté sur l’expérience pratiquée du projet ; autrement dit, comment se joue dans une recherche le fait qu’elle soit financée par un projet de recherche ? Qu’est-ce que cela transforme ou non de la pratique de recherche ? Quelle possible influence le projet est-il susceptible d’avoir sur la pratique de recherche tant du point de sa construction en amont, que de sa réalisation et de son rendu ? Issu de la gestion de projet (Garel, 2003), la recherche sur projet implique nécessairement une structuration méthodologique et théorique de la recherche. Par exemple, l’apriorité de fixation de délai (trois ans, un an, etc. selon les types de projets) pour la réalisation d’une recherche en sciences humaines et sociales, va, de prime abord, à contre-sens de la logique de la recherche dans ces domaines. En effet, sans maîtrise au préalable d’un terrain, la quantification paraît délicate. Ainsi, les manières de faire de la recherche ont-elles évoluées avec la généralisation de la recherche sur projet ? Et si l’on peut percevoir les limites de la recherche sur projet, comment fonctionner avec ? En ce sens, quels sont ses apports ? Par ailleurs, si le terme projet induit celui d’objectif, devrait-on alors davantage parler de recherche par objectif ? Mais penser en terme d’objectif, questionne directement le fonctionnement des laboratoires de recherches. Cela implique a priori la mise en place de stratégies à plus ou moins long terme pour les laboratoires6, mais également le positionnement des acteurs individuels dans les institutions et face à elles.
7Emilie Da Lage et Michèle Gellereau pratiquent la recherche sur projet depuis plusieurs années. Leur article porte sur des recherches contractualisées entre leur laboratoire GERiiCO et une collectivité territoriale qui dirige des projets Interreg financés par le FEDER (Fonds européen de développement régional). Les auteurs relèvent les différents niveaux de lecture de leur réflexion qui n’en sont pas moins complémentaires et liés par le domaine culturel. L’article appréhende ainsi le travail de recherche sur les amateurs dans des terrains de recherche différents, permettant de fait d’interroger la centralité de la notion de médiation pour la production de connaissance avec les amateurs. Leur article est une analyse réflexive sur des années de pratique de recherche sur les amateurs ; il questionne l’impact des projets de recherche financés sur leur travail et sur les méthodes des sciences de l’information et de la communication. C’est finalement par le questionnement incessant sur les modalités de gestion, d’organisation et de production de la connaissance de la recherche collective (rapport au terrain, attentes des commanditaires et des enquêtés, etc.) avec des collaborateurs institutionnels et des enquêtés volontaires que leurs recherches se sont construites au fil de l’eau. Cette construction s’est notamment appuyée sur des séminaires, permettant ces allers et retours avec les différents partenaires, tout au long de la durée de la recherche. Ce travail a posé d’emblée la nécessité de comprendre les attentes et les besoins des parties en présence afin que chacun s’y retrouve au mieux. L’article montre ainsi que ce n’est ni plus ni moins que la nécessité d’inventer la méthodologie de la recherche comme moyen pour faire cohabiter les intérêts de chacune des parties qui prédomine et pour, in fine, irriguer le travail de recherche. Tout cela comporte des points positifs et des points négatifs. Mais il s’agit au fond d’énoncer d’entrée de jeu les modalités de livraison de la connaissance produite aux commanditaires afin de garder sauve l’éthique de la pratique de recherche sur projet.
8Comme le souligne Vincent Mangematin, les laboratoires de recherche doivent cultiver des liens « avec leurs environnements, tant scientifique, qu’économique ou politique » (Mangematin : 2000, 12). Les évolutions du travail des chercheurs dans le contexte de généralisation des financements par projet a, par ailleurs, été étudié à l’aune des transformations provoquées tant sur le contenu que sur l’organisation du travail par Julien Barrier pour les domaines de l’électronique et des micro/nanotechnologies (Barrier, 2011, 516). Il montre principalement que l’organisation du travail s’alourdit par de nouvelles tâches dites « d’articulation ». De plus, Julien Barrier souligne aussi la multiplication des engagements dans différents projets comme modalité de préservation de l’autonomie. Enfin, il montre clairement les transformations dans l’organisation du travail : davantage d’horizontalité dans les échanges entre titulaires et une sollicitation plus grande des doctorants dans les projets. Dans l’article suivant, Sarah Labelle étudie précisément les conditions d’exercice de la recherche à partir de l’expérience d’un projet dans le secteur du serious gaming – projet s’inscrivant dans le développement de l’économie numérique. L’analyse des pratiques de recherche développées s’appuie ici sur les documents produits tout au long des étapes du projet depuis son montage jusqu’à sa finalisation (de mai 2009 à janvier 2012). La réflexion porte à la fois sur les intentions, les conditions d’échange, les valeurs et les normes à l’œuvre qui participent de la structuration de la recherche. L’auteur s’empare ainsi de la question de l’innovation, inhérente au projet lui-même, et dont les dimensions théoriques et pratiques relèvent de la mise en tension entre production et création. L’étude du partenariat mis en place entre public et privé et, plus largement, du projet en tant que processus sémio-communicationnel permet d’observer le nécessaire ajustement entre ses différents acteurs et de penser la pratique de recherche « à l’articulation entre production, objets de savoir et relations ». On trouve ainsi dans cette contribution l’apport épistémologique des sciences de l’information et de la communication à la compréhension du projet de recherche en tant qu’objet de valeur, lieu d’investissement pour ses acteurs.
9Dernier article de cette seconde partie, la proposition de Monique Malric et Iabelle Vidalenc signe l’ouverture de questionnements importants sur les modalités d’élaboration des dossiers de recherche sur projet. L’article part du postulat suivant : les chercheurs ont besoin d’aide dans la construction des dossiers ; s’ils maîtrisent parfaitement le projet de recherche, l’élaboration d’un dossier requiert d’autres compétences qui nécessitent un travail d’écriture et de conception bien différent. Comment faire rendre compte à un chercheur de son expérience afin de l’aider à la mettre en mots et de (re)construire son sens dans un dossier solide ? Les deux auteurs entament avec cet article un projet de recherche destiné à faciliter la construction des dossiers projet autant à destination des chercheurs que des chargés de montage. Grâce aux compétences en psychologie de Monique Malric et à la maîtrise de la gestion de projet d’Isabelle Vidalenc, leur projet vise à travailler avec les chercheurs sur la verbalisation en aval d’un projet réalisé afin de tirer des logiques de fonctionnement pour aider sur les projets futurs. Par la méthode des entretiens d’explicitation de Pierre Vermersch auprès d’un échantillon de chercheurs en sciences humaines et sociales, elles ont pu relever l’importance de travailler avec les chercheurs sur l’acquisition progressive des compétences pour le cas des projets. Grâce à cette méthode des entretiens d’explicitation, les compétences peuvent circuler d’un projet à l’autre afin d’enrichir le travail à venir. C’est un champ qui s’ouvre avec cet article et qui fait résonner la nécessité de saisir les implications d’écriture et de compétences propres à la rédaction de dossiers de recherche financés sur projet.
10En tant que mode d’action, le projet pour la pratique de la recherche doit être interrogé dans sa dimension communicationnelle. Cette approche envisage l’analyse des processus, des interactions et des médiations dans la pratique scientifique, tout en procédant d’un questionnement épistémologique sur la science : tel est le projet porté par Anne Piponnier dans ce dernier article. Postulé comme situation pratique de communication, le projet interroge les chercheurs dans leurs pratiques d’écriture et, par inférence, les conditions de production de la science. Elle montre dès lors que la langue scientifique se trouve travaillée par la langue managériale, produisant de fait un métissage. Ainsi à toutes les étapes de constitution, de rédaction et de production d’un dossier et d’un projet, la langue managériale s’est intégrée dans les processus d’écriture de la recherche. Anne Piponnier démontre enfin que la production de livrables a assujetti, selon ses propres termes, la production d’écrits. Ces transformations induisent une augmentation incessante des compétences et des habiletés sollicitées chez les chercheurs.
- 7 À ce propos, nous souhaitons vivement remercier pour leur participation au comité de lecture de ce (...)
11Deux temps donc pour cette livraison de Sciences de la société, où le projet est abordé sous l’angle de l’expérience, institutionnelle en premier lieu, pratiquée dans un second temps ; cette expérience, comme le met notamment en valeur Sarah Labelle, est également conçue comme pratique de construction du savoir. En conclusion de ce travail qui a démarré en 2011, nous voudrions mettre l’accent sur un point important, qui a jalonné non seulement la construction du numéro mais également notre propre rapport aux projets de recherche, celui de la rencontre7. Gaëlle Covo souligne, dans son article, cette dimension qui nourrit le projet au quotidien. La rencontre de chercheurs, de professionnels ouvre des échanges et le champ des possibles. Lesquels, on ne le sait pas nécessairement à l’avance, mais la recherche, même par le projet, reste malgré tout un espace pour travailler avec des collègues, des professionnels, unis de fait dans un objectif commun. Sans angélisme mal placé, la rencontre est associée à l’événement qui peut être source de surprise, de découverte et de savoirs nouveaux. C’est sans doute là que réside toute la richesse de la recherche par projet.