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La complexe médiatisation des sportives de haut niveau

Le cas des championnats du monde d’athlétisme
Complex media coverage of high level female athletes: the case of the Athletics World Championships
La imagen de deportistas profesionales en los periodicos. El caso de les campeonatos del mundo de atletismo
Sandy Montañola
p. 82-103

Résumés

Cet article analyse la représentation médiatique des sportives de haut niveau à l’occasion des championnats du monde d’athlétisme de 1999 et de 2003. Il confronte les deux principaux résultats de la littérature scientifique, la sexualisation et la trivialisation, à l’analyse d’un corpus médiatique et met à jour la nécessité d’étudier conjointement les représentations féminines et masculines pour ne pas se limiter à un relevé des discriminations sexuées.

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Texte intégral

1Des recherches scientifiques ont, depuis longtemps, conclu à une sous-médiatisation des femmes dans l’ensemble des domaines (politique, social, etc.) et des supports (afj, 1999 ; Sourd, 2005 ; Rémy, 1994 ; Bonnafous, Coulomb-Gully, 2007 ; Coulomb-Gully, 2009, 2010). Elles ont également mis au jour une médiatisation stéréotypée : les femmes sont présentées avec un statut passif (sans travail, victimes, etc.), elles sont renvoyées aux domaines traditionnellement perçus comme féminins (Tavernier, 2004), les discours sont essentialistes (Charrier-Vozel, Damian-Gaillard, 2004 ; Sellier, 2005) et le langage employé est sexué (Bailly, 2007).

2Le domaine sportif n’échappe pas à ces constats : la couverture médiatique du sport féminin est moins développée que celle du sport masculin tant en nombre d’articles, de photographies, que de présence en Une et de volume (Duncan, Messner, 1991 et 1998 pour les Etats-Unis ; De Waele, 2000 pour la Belgique). Nos recherches, menées sur les Jeux Olympiques, les championnats du monde de boxe, ainsi que sur des compétitions sportives (considérées comme non majeures), ont confirmé ce constat dans la presse française, malgré les variations liées aux événements sportifs et aux identités discursives des journaux étudiés (Montañola, 2007, 2008).

3Au-delà de l’aspect quantitatif, il existe peu de recherches françaises sur la représentation médiatique des femmes athlètes. Deux études ont donc particulièrement retenu notre attention (Schoch, 2008 ; Brocard, 2000). La première montre que « le sport masculin est la norme et que le sport féminin n’en constitue qu’un à-côté facultatif » (Schoch, 2008, 327) ; que les sportives sont peu glorieuses, même dans la victoire, et présentées comme étant peu instruites, l’entraîneur étant d’ailleurs considéré comme la clé de leur réussite. Cette étude conclut à la construction médiatique d’une image archétypique de la féminité (douce, fragile, inférieure) en érotisant les sportives avec « des remarques sur leurs tenues ou leur apparence physique… » (Schoch, 2008, 329), quitte à les viriliser dans les pratiques sportives traditionnellement considérées comme masculines. Pour la seconde étude, les commentaires sportifs « […] perpétuent d’une certaine manière « la domination masculine » » (Brocard, 2000, 131), les femmes étant toujours perçues par rapport à leur féminité et esthétisées. Cette stéréotypie est interprétée par plusieurs auteurs (Jamain, 2007 ; Louveau, Davisse, 1991) comme une réaction à la présence de femmes dans le domaine sportif qui remettrait en cause la domination et la virilité des hommes.

4Notre article propose d’interroger les formes de cette stéréotypie à partir d’une comparaison aussi rigoureuse que possible de la médiatisation des sportifs et des sportives. Les représentations médiatiques sont abordées dans une perspective décrite par Jean-Pierre Esquenazi comme étude des produits médiatiques et par Jean-FrancoisTétu comme sémio-linguistique. La production d’information est alors considérée comme un processus social (De La Haye, 2005 ; Tétu, 1999) dans lequel le discours médiatisé prend place à l’interface du social, du discursif et du cognitif (Maingueneau, 2000) nécessitant le recours à la notion de représentations sociales définie par Jodelet (1989), dans la lignée de Moscovici : « une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ». Nous étudions les normes professionnelles, ainsi que les logiques sociales et symboliques (Delforce, 1996 ; Krieg-Planque, 2006 ; Maingueneau, 2000 ; Tétu, 1999) par une analyse socio-discursive de corpus médiatique (Esquenazi, 2002), complétée par la prise en compte des conditions de production.

5Les premières recherches sur l’insertion de femmes dans le sport ont mis au jour un conflit entre les rôles d’athlètes et de femmes (Harris, 1977) ainsi que l’existence d’une socialisation reproductive (Greendorfer, 1977). Constats rapidement complétés par les recherches féministes (Laberge, 2004) qui ont remis en cause l’incompatibilité entre sport et femme. Depuis, plusieurs travaux, notamment anglo-saxons, ont souligné la complexité de la médiatisation des sportives. Jones, Murrell et Jackson  (1999) ont montré que l’utilisation de stéréotypes pour décrire les athlètes variait en fonction des sports, Duncan, Messner, (et al., 1991), ont prouvé qu’il n’y avait pas de diminution du lectorat lorsque la médiatisation du sport féminin augmentait, mettant à mal les explications habituellement avancées pour justifier la sous-médiatisation des femmes. Enfin, poursuivant les travaux de Messner sur les sportives comme source de questionnement de l’égalité entre les sexes, Kane et Buysse (2005) évoquent une diminution des différences homme-femme. Si leurs recherches portent sur les guides à l’usage des médias et sur le sport universitaire, elles rendent nécessaire la prise en compte de la complexité et incitent à dépasser les stéréotypes systématiques. C’est dans ce courant que notre article entend s’inscrire.

  • 1 Si l’ensemble des épreuves fut ouvert aux hommes dès 1983, certaines le furent plus tardivement aux (...)

6Nous proposons de soumettre à l’analyse les deux principales formes de stéréotypie constatée dans la littérature afin de pouvoir les saisir dans leur complexité. Les résultats des études citées ne nous semblent pas, en effet, être applicables systématiquement. Elles ne quantifient pas les phénomènes observés et fonctionnent essentiellement par extraction de citations du corpus, mettant en scène les distinctions entre les sexes. Elles renvoient ainsi à l’explication de la domination masculine comme régissant la conception de l’information (Bourdieu, 1998). Or, la complexité de la variable de Genre, « forme culturelle polysémique » (Laberge, 2004, 25), tient justement à la part d’implicite ainsi qu’à la présence d’ambivalences et de contradictions (Détrez, 2004 ; Rémy, 1994 ; Garcia, Mercader, 2004), autant de phénomènes difficiles à objectiver. Notre objectif n’étant pas de relever les discriminations – il suffit pour cela d’observer la (non)médiatisation du football ou du rugby féminins pour constater les différences entre athlètes (rémunération, nombre de matches, d’arbitres, etc.) –, nous nous sommes efforcée de « neutraliser » au maximum les variables (géographique, sportive, etc.) de façon à obtenir une comparaison la plus précise possible. Pour ce faire, nous avons cherché un sport qui ne soit, a priori, pas discriminant à l’égard des femmes. Les sportives ont plus de probabilités d’être médiatisées à l’occasion d’événements sportifs majeurs, au sein de sports qui ne remettent pas en question les identités sexuées et dans lesquels il existe une culture sportive féminine et masculine (Waele, 2000). Les Championnats Du Monde (cdm) d’athlétisme nous ont semblé à même de créer ces conditions favorables à une médiatisation équilibrée entre les sexes. De fait, l’athlétisme fait partie des « grands » sports ; il est considéré comme mixte et les femmes y possèdent une culture sportive ancienne. De plus, en réunissant les athlètes en un même lieu, aux mêmes dates et dans des disciplines, à quelques exceptions près1, identiques, les cdm réduisent les risques de biais dans la comparaison de la médiatisation de chacun des sexes. La trivialisation et la sexualisation se manifestent au travers de plusieurs indicateurs comme le discrédit des adversaires (Duncan, Messner, 1998), la présentation des entraîneurs comme source des victoires féminines (Schoch, 2008) ou l’évocation de sujets non sportifs. Par souci de faisabilité, nous avons sélectionné les trois principaux critères évoqués par la littérature afin de mener notre étude : les descriptions physiques, les éléments techniques et la vie privée. Ces derniers sont complétés par une comparaison complète de la médiatisation de deux athlètes.

  • 2 Libération et Le Figaro (journaux du matin) et Le Monde (journal du soir) connaissent une différenc (...)
  • 3 La presse spécialisée aurait pu être particulièrement intéressante à étudier, néanmoins, elle aurai (...)

7Les compétitions sportives, organisées, prévues et répétables, sont considérées comme des occurrences « événements » (Delforce, Noyer, 1999), et autant d’occasions fournies aux journalistes pour médiatiser la thématique du sport féminin. Les médias co-construisent, à partir d’une occurrence, une signification (Véron, 1988). Au travers de la sélection et de la mise en page (Charaudeau, 2006), ils construisent une dimension symbolique et une inscription sociale (Neveu, Quéré, 1996). Notre corpus porte sur deux éditions des cdm d’athlétisme : Séville (1999) et Paris (2003), afin d’observer d’éventuelles récurrences, différences et évolutions. Il s’étend du lendemain de la première au lendemain de la dernière journée de compétition dans les trois quotidiens français de référence (Rieffel, 2005) : Libération, Le Monde et Le Figaro2. Ces titres de presse quotidienne nationale (pqn) généraliste consacrent une place importante au sport (Thomas, 1993 ; Derèze, 2004) et se trouvent en « zone de concurrence » (Veron, 1988), rendant intéressante l’étude de leurs stratégies énonciatives3. Cette étude de corpus a été complétée par deux entretiens menés avec Patricia Jolly, journaliste au service des sports du Monde (le 22 avril 2008) et Laurence Schreiner, journaliste au service des sports du Figaro (le 5 mai 2008). Aucun journaliste de Libération n’a souhaité participer. Dans le cadre de la comparaison à la boxe, nous nous référons à l’entretien mené auprès de Bruno Vigoureux, journaliste sportif à l’Equipe (le 2 mai 2005).

Sous-médiatisation et stéréotypisation

8Malgré quelques variations selon les éditions et les journaux, les trois supports construisent les cdm comme « événement majeur » (mise en suspense, guide, supplément, etc.). Le traitement (suivi quotidien, mise en place de rubriques spécifiques, nombre homogène de pages) met en exergue l’importance de l’anticipation par les rédactions, d’ailleurs soulignée par Patricia Jolly (journaliste au Monde, entretien du 22 avril 2008). L’analyse quantitative met au jour une sous-médiatisation des athlètes femmes par rapport aux hommes, en nombre de commentaires sportifs (55 commentaires sportifs féminins ; 93 masculins) ou encore de photographies (136 photos d’hommes ; 79 de femmes), et de présence en Une (29 pour les hommes, 15 pour les femmes toutes formes confondues). Précisons ici que, si le nombre d’athlètes hommes et femmes présents aux cdm n’est pas le même, les athlètes médiatisés se concentrent parmi les médaillés qui eux, sont, en nombre identique (Montañola, 2008). L’organisation de la compétition ne nous semble pas être en mesure d’influer puisque les deux sexes concourent dans un même lieu, aux mêmes dates, avec seulement un écart de quelques minutes entre leurs épreuves. L’étude des maquettes montre que cette distinction sexuée est appuyée par la mise en page : les sportives sont moins présentes en haut de page, dans les emplacements valorisés d’après la lecture occidentale, et leurs articles sont de plus petite taille. Ainsi, la médiatisation des cdm d’athlétisme, malgré le choix d’une compétition sportive, a priori égalitaire, fait ressortir une nette sous-médiatisation des sportives.

9Cette sous-médiatisation établie, nous nous intéressons à la manière dont les sportives sont représentées. La littérature conclut à une médiatisation stéréotypée des sportives (Mercier-Lefèvre, 2005 ; Debras, 2003 ; Bishop, 2003 ; Mennesson, 2005) qui prend principalement deux formes : la trivialisation qui consiste à se focaliser moins sur les performances sportives des femmes et, a contrario, plus sur leur vie privée  (Duncan, Messner, 1998) et, la sexualisation, qui valorise « L’esthétique des sportives […] au détriment de leurs résultats » (Jamain, 2007, 178). Ce phénomène représente un obstacle à leur héroïsation (Metoudi, 1993). Pour Sylvie Debras (2003), le physique des sportives est un critère essentiel à leur médiatisation, ce qui entraîne, d’après Christine Mennesson, une « invisibilité médiatique de la pratique sportive » (Mennesson, 2005, 38) des femmes dans les sports dits masculins, pour non respect des normes de féminité.

  • 4 Les bilans sportifs, les articles autres, les interviews, les portraits, les chroniques, les éditor (...)

10L’ensemble des articles n’étant pas homogène, au vu des contraintes et potentialités représentées par chaque genre journalistique tant dans le recueil des informations que dans la forme, l’écriture et la réception (Mouillaud, Tétu, 1989 ; Maingueneau, 2000 ; Lochard, 1996), nous avons déterminé dix genres journalistiques récurrents4 et nous avons centré notre analyse sur les « commentaires sportifs », genre le plus présent, qui consiste à annoncer ou rendre compte d’une épreuve. L’étude conjointe des articles des deux sexes nous paraît particulièrement féconde pour ne pas survaloriser l’approche genrée. Précisons ici que les expressions « articles féminins » (ou commentaires féminins) et « articles masculins » (ou commentaires masculins) sont employées pour désigner respectivement les articles dont le personnage principal est féminin ou masculin.

Valorisation du physique des sportives au détriment de leur performance

  • 5 Les catégories « âge », « utilitaire » (« la langue bien pendue », « les yeux rivés sur les autres  (...)

11« Et l’on reparle de l’éternel féminin, qui pour les sportives consisterait, pour trouver grâce aux yeux des caméras et des appareils photos, à ressem­bler à un top modèle, à se maquiller pour courir une finale olympique et acces­soirement faire une performance » (mjsva, 1999). Cette citation sym­bo­lise la sexualisation entendue comme l’intérêt porté par les médias à la beauté des femmes au détriment de leurs performances sportives. Pour l’observer, nous faisons l’hypothèse que les commentaires sportifs féminins comportent de nombreuses descriptions physiques, lesquelles sont absentes des commentaires masculins. Pour tester notre hypothèse, nous relevons chaque assertion portant sur les descriptions du corps des athlètes (silhouette, gabarit, visage, etc.)5.

Tabl. 1 – Nombre de commentaires sportifs comportant des descriptions physiques

Tabl. 1 – Nombre de commentaires sportifs comportant des descriptions physiques

12Le nombre d’articles évoquant le physique des athlètes est soumis à d’importantes variations selon les journaux et les éditions des cdm étudiées. Dans Libération, en 1999, 44, 44 % des articles féminins comportent des descriptions pour 40 % des articles masculins. À l’inverse, en 2003, ce sont 64, 29 % des articles masculins qui comportent des descriptions pour 45, 45 % des articles féminins. Dans Le Figaro en 1999, 37, 50 % des articles féminins évoquent le physique pour 41, 67 % des articles masculins. Ces proportions ont augmenté en 2003 : 60 % des articles féminins et 44, 44 % des articles masculins. Enfin, dans Le Monde, en 1999, 100 % des articles féminins contiennent des descriptions contre 66, 67 % des articles masculins. En 2003, ces chiffres ont diminué passant à 70 % pour les articles féminins et 52, 94 % pour les articles masculins. Nous pouvons conclure que, tous journaux et éditions confondus, les descriptions physiques sont présentes dans 58, 93 % des articles féminins et 52, 13 % des articles masculins. Ces chiffres invalident donc notre hypothèse de départ : si les femmes sont proportionnellement plus décrites que les hommes, la différence est peu marquée et révèle que la description du corps n’est pas réservée aux sportives. Néanmoins, ces descriptions pourraient être de nature différente selon les sexes, nous les analysons donc à partir de six principales catégories. 

Tabl. 2 – Répartition des descriptions des athlètes

Tabl. 2 – Répartition des descriptions des athlètes

Les pourcentages sont calculés, par rapport au nombre de commentaires par sexe, chaque colonne est indépendante puisque plusieurs catégories peuvent être utilisées au sein d’un même commentaire.

13Tous journaux et éditions confondus, la majorité des descriptions pour les hommes (27, 66 %) comme pour les femmes (30, 36 %) concerne la catégorie force/musculature. Or, si celle-ci est habituellement valorisée chez les hommes, ce n’est pas le cas pour les femmes (Mennesson, 2005). Ces descriptions pourraient donc consister à valoriser les sportifs et critiquer les sportives pour non-correspondance aux attributs traditionnellement considérés comme féminins. Pour les femmes, des termes comme « solide », « robuste », « trapue », « puissante », « musclée », « tonique » sont utilisés, complétés par des expressions comme « taillée pour le combat », « 68 kg de muscle », « a de la surface » ou encore « musculature très saillante ». Les hommes, eux, sont décrits avec des termes comme « colosse », « homme fort », « charpenté », « pitbull », « géant » et des qualificatifs comme « impressionnant », « monstrueux », « hors norme », « envahissant », « drôle de corps » ou encore « imposant ». Les termes diffèrent, mais il paraît néanmoins difficile d’affirmer ici que les qualificatifs « solide » ou « trapue » pour une femme soient différemment perçus de « charpenté » ou « envahis­sant » pour un homme. De plus, les femmes ne sont pas décrites comme fragiles ou fines tandis que les hommes seraient décrits comme forts et musclés, puisque la musculature est le premier trait de description, commun aux deux sexes et que la finesse est également une catégorie commune (17, 86 % pour les femmes ; 14, 89 % pour les hommes). On y trouve des expressions récurrentes comme « gabarit de poche », « athlète de poche » ou « athlète miniature ». Il ne semble pas que l’on attende des sportives la finesse que l’on pourrait opposer à la musculature des hommes. Il est, par exemple, reproché à Kelly White de ne pas avoir de physique « impressionnant ». Remarquons, de plus, que les articles masculins évoquent à plusieurs reprises un retour aux gabarits dits « normaux », en opposition au monde des muscles, rapproché de celui du dopage. Enfin, dans la catégorie « fragilité » (plus employée pour les hommes – 2, 13 % – que pour les femmes – 1, 79 % –), nous trouvons dans Libération et Le Monde des références similaires qui consistent à souligner des visages ou des corps « craintifs », « livides », « maladifs » ou encore « frêles » sans distinction de sexe.

14La seconde catégorie la plus employée, le look, est, elle aussi, commune aux deux sexes (21, 28 % pour les hommes et 25 % pour les femmes). Les commentaires évoquent : i) la chevelure « la blonde » (Libération, 2003), ou « le grand blond peroxydé » (Libération, 1999) – ; ii) l’utilisation d’accessoires comme un bijou – « un diamant à l’oreille comme les gens du voyage » (Libération, 1999) ou « un petit anneau dans le nez, marque de sa personnalité » (Le Figaro, 1999) –, des lunettes – « dissimulé derrière ses lunettes noires » (Le Monde, 2003) ou « le visage barré d’une paire de lunettes de soleil quel que soit le temps » (Le Monde, 2003). Nous trouvons également des catégorisations telles que : i) look d’enfant – « mimiques et gestes d’enfants » (Le Monde, 2003), « son visage de gosse » (Le Monde, 1999) ; ii) « dur » – « avec un ‘S’ tatoué comme Super Sanchez » (Libération, 2003) ou « son œil vif et mobile encerclé de la cicatrice souvenir d’une agression » (Le Monde, 2003). Ainsi, la sexualisation entendue comme mise en avant du look des femmes et, notamment, de leur capacité à présenter leur féminité (Mennesson, 2005 ; Davisse et Louveau, 1991) semble ici être relativisée par l’étude conjointe des deux sexes. Le look des hommes est, en effet, très présent de la coiffure, aux bijoux en passant par les vêtements, et ce au même titre que les femmes.

15La catégorie « beauté » est plus utilisée pour qualifier les femmes (8, 93 %) que les hommes (2, 13 %). Elle consiste, dans les trois journaux, à souligner la beauté des femmes avec des expressions comme « petite bombe » (Libération, 2003), « enroule sa jolie tête dans ses épaules » (Le Monde, 1999), ou l’utilisation de qualificatifs comme « jolie » ou « sublime ». L’expression « petite bombe » peut évoquer à la fois la sexualisation, qui sous-entend un jugement du physique de la sportive ainsi que, notamment dans le contexte sportif, la vitesse de la sprinteuse. Nous pouvons alors faire l’hypothèse que ce jeu de mots entre qualité sportive et qualité esthétique est recherché. Remarquons que les athlètes concernées sont également présentes dans la catégorie « musculature/force », les deux ne semblant donc pas s’exclure. Si le physique des femmes est apprécié par des termes positifs, le physique masculin réfère au processus de séduction. Peut-être est-ce dû au fait que les journalistes, majoritairement masculins, soulignent la beauté des sportives et renvoient ce jugement, dans le cas des sportifs, aux femmes présentes dans les gradins. Il est ainsi souligné à propos de Marc Raquil qu’il « attire désormais les regards féminins » (Le Figaro, 2003) et de Romain Mesnil qu’il suscitera « quelques vocations de groupies » (Le Figaro, 2003).

16La catégorie « effort » est présente uniquement dans les commentaires masculins. Dans les trois journaux, elle permet d’aborder la conséquence de l’effort fourni par les athlètes avec des expressions comme « suent à grosse gouttes » (Le Monde, 2003) ou « dégoulinant de sueur » (Le Figaro, 1999). La littérature scientifique explique que les femmes ne sont pas décrites dans l’effort parce que celui-ci dérange (Mennesson et Galissaire, 2004 ; Terret, 2005) : « Que demande-t-on aux sportives ? Pratiquer un sport sans suer, sans montrer son effort, sans grimacer, bref en estompant tous ses gros et laids inconvénients … qui deviennent des qualités dès lors qu’il s’agit des hommes » (MJSVA, 1999). Cette explication repose sur un implicite : l’effort est valorisé chez les hommes et dérangeant chez les femmes ; or, si les femmes sont, de fait, absentes de cette catégorie, il faut remarquer que les hommes n’y sont que très peu décrits (3 articles sur 96). Il ne nous semble alors pas possible de dire que cet effort soit perçu comme une qualité, les trois exemples issus de notre corpus l’utilisant pour mettre en avant une difficulté pendant l’effort, symbolisée par la transpiration.

Des sportives en déficit technique

17Après avoir évoqué la sexualisation, nous nous intéressons à la trivialisation qui consiste à valoriser la vie privée au détriment des performances sportives. Cherchant à étudier ce phénomène, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle celui-ci s’illustrerait par une absence d’évocation d’éléments techniques au sein des articles féminins.

Tabl. 3 – Présentation des qualités sportives au sein des commentaires

Tabl. 3 – Présentation des qualités sportives au sein des commentaires

Les pourcentages sont calculés par rapport au nombre de commentaires par sexe.

18L’évocation des qualités sportives est beaucoup plus présente dans les articles féminins (10, 71 %) que masculins (1, 06 %). Dans Libération, ces qualités ser­vent à souligner l’injustice qui existe entre les sexes : les femmes qui prati­quent l’heptathlon peuvent participer à d’autres épreuves tandis que la muscu­la­ture des hommes les prive de disciplines supplémentaires Libération, 2003). Dans Le Monde, elle permet une réflexion sur la non-correspondance entre le physique d’une sportive et la discipline disputée : son gabarit com­pact « n’est pas idéal pour le fond » (Le Monde, 1999). Ce que nous retrouvons pour les hommes dans Libération qui souligne que Sanchez n’est pas calibré sur le modèle de sa discipline (Libération, 2003). Dans Le Monde, cette catégorie permet également de répondre au sous-entendu non explicité de la non-corres­pon­dance entre le lancer de marteau et la féminité en sou­lignant les qualités féminines nécessaires que sont l’adresse et la coordination (Le Monde, 1999, n° 3). De la même façon et à propos de Maria Mutola, Le Monde note qu’il existe des « remarques désobligeantes sur son absence de féminité » (Le Monde, 1999, n° 4) impliquant ainsi des rumeurs de dopage, tan­dis qu’un article met en avant la féminité des sportives en les comparant à des mannequins (Le Monde, 2003, n° 2). La masculinité des athlètes n’est pas abordée, ce qui introduit une différence entre les sexes dans la mesure où la féminité des sportives est, elle, évoquée. Une piste d’explication de ce constat est une vision androcentrée du sport : des auteurs, comme Robert Connell, parlent de « masculinité hégémonique » pour évoquer les traits attendus du masculin, tels que : l’esprit de compétition, la dureté, mais éga­le­ment l’affilia­tion à l’hétéro­sexualité et la distinction du féminin. Les journalistes ne commen­teraient pas une masculinité attendue de la part des athlètes, notamment parce que celle-ci ne peut pas être en excès (Davisse et Louveau, 1991).

19Les commentaires masculins évoquent les aspects techniques des courses (taille des foulées, jambe d’attaque), phénomène quasiment absent des commentaires féminins. De plus, ils évoquent, proportionnellement, plus de compliments techniques que de critiques, tandis que les commentaires féminins font l’objet de nombreuses remarques sur la faiblesse de la technique (limitée, à améliorer, etc.). Il est d’ailleurs intéressant de constater que ces critiques portent sur leurs différences avec les hommes : « elles sont techniquement encore loin des sauteurs » (Libération, 1999) ou encore « L’homme qui décrypte ceux et celles qui vont loin déplore globalement les lacunes des sauteuses en longueur « car elles utilisent une technique du passé » critique t-il « et refusent de se mettre à celle du double ciseau, qu’utilisent 95 % des hommes » » (Libération, 1999) sur leurs limites « sa technique semble plus que limitée » (Le Monde, 1999). Des compliments techniques sont cependant également adressés aux sportives : « une polyvalence exceptionnelle » (Le Monde, 1999), « un joli saut tout en puissance » (Le Monde, 1999) « une athlète véloce » (Libération, 2003) ou encore « elle appartient à cette espèce rare d’athlètes capables de jongler avec leurs multiples talents » (Libération, 2003). Au sein des commentaires masculins, les descriptions techniques visent à souligner le bon niveau de ces derniers ainsi que leur évolution : « Il a parfait sa technique, modifié sa foulée », « il est impressionnant car il n’a pas vraiment de point faible » (Libération, 1999) « il martèle la piste de manière très efficace » (Libération, 1999), ou encore « un sprinteur dont la technique enthousiasme les spécialistes » (Libération, 1999). Dans Le Monde, nous trouvons des expressions comme « sa foulée, à la fois puissante et aérienne » (Le Monde, 1999) que nous retrouvons dans Le Figaro : « il est magique » (Le Figaro, 1999). Les critiques adressées aux sportifs portent, elles, uniquement sur leur organisation : « il mène sa course en dépit du bon sens » (Le Monde, 1999) ou sur leur irrégularité (Le Figaro, 1999).

20Nous pouvons rapprocher ce constat de celui fait lors de l’étude des CDM de boxe anglaise (Montañola, 2009), où les critiques relatives aux sportives concernent leur niveau technique et leurs performances. Le modèle oppositionnel entre la boxe, sous-entendue masculine, et la boxe féminine, est en effet justifié par des critiques sportives. Sur l’ensemble des articles consacrés à la boxeuse Myriam Lamare, la moitié adresse une critique à la boxe féminine (faible nombre de combats disputés, mauvais niveau, mauvaise qualité des adversaires), ce que le journaliste de L’Équipe, Bruno Vigoureux, explique ainsi « […] C’est pas du tout du machisme, on se dit pas c’est une femme donc on en parle pas, en plus on en a parlé. Mais c’est pas beau, elles ne savent pas bien boxer et elle ne sera jamais en vedette dans une réunion » (entretien 2 mai 2005). Nous retrouvons cette idée chez la journaliste du Monde, Patricia Jolly (entretien du 22 avril 2008) qui préfère suivre les combats masculins parce que les sportives sont encore moins performantes que les hommes dans certains sports et donc moins intéressantes à couvrir. Nous constatons donc une incitation des femmes à atteindre le niveau des hommes, les deux sexes étant alors mis en concur­rence avec l’idée implicite d’une nécessaire évolution des femmes vers la norme masculine. L’asymétrie entre les sexes constatée dans le domaine sportif peut être rapprochée des résultats de travaux consacrés aux rapports sociaux de sexe dans le milieu professionnel (Guichard-Claudic et Kergoat, 2007) et politique (Sourd, 2005 ; Coulomb-Gully, 2009). Ils mettent en effet à jour une distinction et une hiérarchisation entre les métiers ou tâches féminines et masculines. À titre d’illustration, Pfefferkorn a montré que, lorsque les femmes intégrèrent des métiers qui leur étaient auparavant fermés – sapeurs-pompiers par exemple –, des hiérarchisations sexuées se forment à nouveau dans le contenu même des emplois. Ainsi, lorsque les femmes pratiquent un sport, elles le pratiqueraient différemment des hommes.

L’évocation de la vie privée, une spécificité des articles féminins

21Chaque commentaire sportif est centré sur un personnage principal qui est mis en scène au travers d’un récit faisant intervenir des personnages secondaires. De façon à soumettre la trivialisation des articles consacrés aux femmes à l’analyse de corpus, nous avons cherché à vérifier si l’évocation de la vie privée y était plus fréquente que dans les articles masculins. Nous avons alors fait l’hypothèse selon laquelle les articles féminins comporteraient plus de personnages secondaires avec des rôles narratifs distincts puisque dépassant, à la différence des articles masculins, le strict cadre sportif. Nous avons donc relevé, pour chaque commentaire, le nombre de personnages secondaires intervenants dans le récit (en complément des personnages principaux).

Tabl. 4 - Relevé du nombre de personnages secondaires présents dans les commentaires sportifs

Tabl. 4 - Relevé du nombre de personnages secondaires présents dans les commentaires sportifs

22Les articles féminins et masculins évoquent, en moyenne, 8, 63 et 8, 24 personnages secondaires, soit un chiffre moyen très proche. Dans Libération, les articles masculins évoquent, en moyenne plus de personnages que les articles féminins (en 1999 comme en 2003), tandis que nous trouvons le phénomène inverse dans Le Monde. Dans Le Figaro, les personnages secondaires sont plus nombreux dans les articles masculins en 1999 et c’est l’inverse qui se produit en 2003. Il ne semble donc pas y avoir de distinction marquée dans la construction du récit entre sportives et sportifs. Nous nous sommes alors interrogée sur le sexe des personnages secondaires.

Tabl. 5 – Répartition sexuée des personnages secondaires des commentaires sportifs

Tabl. 5 – Répartition sexuée des personnages secondaires des commentaires sportifs

23Il existe une différence marquée : si des personnages masculins apparaissent dans les récits féminins (40, 37 %), les personnages féminins, eux, sont très peu présents dans les commentaires masculins (10, 06 %). Dans Libération et Le Monde, les personnages masculins sont équivalents ou plus nombreux que les personnages féminins dans les articles consacrés aux sportives. Le Figaro se démarque avec un nombre de personnages masculins moins élevé que les person­nages féminins (34, 09 % d’hommes et 50 % de femmes en 1999 et 26, 74 % d’hommes et 59, 30 % de femmes en 2003). Ainsi, quel que soit le sexe de l’athlète, les personnages secondaires sont majoritairement masculins.

24Nous pouvons donc conclure qu’il existe très peu de références aux femmes dans les articles masculins, alors qu’à l’inverse les articles féminins sont rythmés par des références masculines. Ce phénomène contribue à construire l’image d’un sport féminin encadré, analysé et régi par des hommes : « Les femmes ne peuvent exister qu’en étant implicitement comparées à un système de normes masculines perçues comme l’ordre naturel du monde » (Bertini, 2002). Peut-être s’agit-il d’une routine journalistique qui consiste à envisager le sport féminin par rapport aux performances sportives masculines, ce qui sous-entend que les femmes auraient besoin d’être référées aux hommes pour apparaître « sérieuses », ces derniers devenant gage de leur niveau sportif.

25De façon à creuser ce constat, nous avons interrogé le statut des personnages secondaires en élaborant une typologie qui distingue « les entraîneurs », « les adversaires » (qui concourent contre le personnage principal), « la famille » (père, mère, époux-se, enfants, etc.), « les équipes » (une délégation ou un sous-groupe comme le relais), « les recruteurs », « les institutions sportives » (directeurs techniques nationaux, responsables de fédération, etc.), « les managers », « les anciens athlètes » (les référents de la discipline, les détenteurs d’un record), « les anciens entraîneurs » et, enfin, la catégorie « autres » (journalistes, chanteurs, amis, etc.)

Tabl. 6a – Répartition des personnages secondaires selon le statut occupé dans le récit

Tabl. 6a – Répartition des personnages secondaires selon le statut occupé dans le récit

26La catégorie des « entraîneurs » est la plus présente : 38 sont évoqués au sein des commentaires féminins (soit 67, 86 %), et 54 au sein des commentaires masculins (soit 57, 45 %). Notons que l’absence d’entraîneur féminin à ce niveau de la compétition constitue la première explication de l’omniprésence de personnages secondaires masculins au sein des récits féminins.

27Les « adversaires » sont inévitablement du même sexe que le personnage principal. Nous constatons une plus grande proportion d’articles masculins citant les noms des adversaires (77, 66 % contre 69, 64 % d’articles féminins), même si, dans les deux cas, la proportion reste élevée. Les références aux athlètes permettent d’évoquer les sportifs partageant un même entraîneur et de mettre ainsi en avant leur notoriété et/ou compétence. Ainsi, les journalistes évoquent souvent les autres élèves masculins de l’entraîneur, ces derniers servant de point de comparaison. Les références masculines dans les articles des sportifs (40, 43 %) et féminines dans les articles de sportives (39, 29 %) sont quasiment identiques. Par contre, les références masculines dans les articles féminins (28, 57 %) sont beaucoup plus élevées que les références féminines dans les articles masculins (18, 09 %). Phénomène que nous retrouvons dans la catégorie des anciens athlètes.

  • 6 Plusieurs entraîneurs, en couple avec des sportives, sont consignés dans la catégorie « entraîneur  (...)

28La « famille »6 sert à présenter l’athlète par son statut familial (père, mère, sœur, etc.), à évoquer la présence de « dynastie » familiale (Alric, 2002) ou à aborder une source de motivation. Les références mixtes, généralement « les enfants », sont évoquées en proportion équivalente entre les sportives (17, 89 %) et les sportifs (14, 89 %). Les hommes (maris, frères, fils ou pères) sont plus cités dans les commentaires féminins (39, 29 %) que les femmes (épouses, sœurs, filles ou mères) ne le sont dans les commentaires masculins (24, 47 %). Il en va de même pour les femmes citées dans les articles féminins, plus nombreuses (21, 43 %) que les hommes dans les articles masculins (15, 96 %). Nous pouvons conclure que les enfants sont autant évoqués pour les deux sexes. Cependant, les commentaires féminins abordent, proportionnellement, plus la famille que les commentaires masculins. Notons que les références masculines sont essentiellement celles des maris qui s’inscrivent dans le parcours des sportives.

Tabl. 6b – Répartition des personnages secondaires selon le statut occupé dans le récit (suite)

Tabl. 6b – Répartition des personnages secondaires selon le statut occupé dans le récit (suite)

29La catégorie « équipe » place les performances d’un athlète au sein d’un ensemble (relais, délégation, etc.). Les références mixtes sont proches pour les deux sexes (5, 36 % pour les articles féminins et 6, 38 % pour les articles masculins), mais les hommes sont peu cités dans les articles féminins (1, 79 %), tandis que les femmes le sont plus dans les commentaires masculins (6, 38 %). Cette différence s’explique par l’évocation, à la fin de certains articles masculins, des résultats féminins qui n’ont pas obtenu d’articles.

30Les articles féminins sont rythmés par des références masculines, ce qui résulte, en partie, de la quasi-absence de femmes aux postes d’entraîneur et d’encadrement  (Chimot, 2003). Ainsi, les références masculines omniprésentes s’expliquent par des réalités sociales, qui renvoient aux différences sexuées du domaine sportif, majoritairement masculin. Les catégories « recruteurs », « managers » et « institutions sportives » ne comptent pas de femmes : les juges, directeurs de fédération ou directeurs techniques étant des hommes. Comme le souligne Jean-Michel De Waele (2000, 11) : « Généralement, lorsque les sportives de haut niveau arrêtent la pratique de leur sport, elles peuvent beaucoup plus difficilement que leurs collègues masculins devenir coach ou entraîneur ou se voir attribuer une fonction élevée au sein des fédérations ». Benoît Leroux, conseiller technique sportif explique ce phénomène par une considération différente des compétences selon le sexe : « Bien souvent, l’entraînement de filles par une femme paraît « jouable ». Mais l’entraînement d’une équipe féminine par un homme reste encore le modèle de référence. Quant à l’entraînement d’une équipe masculine par une femme… L’entraîneur masculin est toujours gage de rigueur, de sérieux » (Maudet, Barbieux, 2002, 17).

31Pour conclure, les entraîneurs étant également très présents dans les commentaires masculins (57, 45 %), il ne nous paraît donc pas possible d’en déduire que les performances féminines soient toujours présentées comme étant le fruit du travail de l’entraîneur. Par contre, les commentaires féminins citent moins le nom des adversaires que les commentaires masculins, ce qui pourrait être le signe d’une mise en suspense moins marquée. De même, nous avons pu constater que les athlètes et anciens athlètes du même sexe étaient autant cités, mais que les athlètes du sexe opposé sont plus présents dans les articles féminins, ce qui peut sous-entendre, soit une comparaison entre hommes et femmes, soit l’utilisation d’exemples masculins, gage de performance pour une femme. Nous avons également constaté que la famille était, proportionnellement, plus fréquente dans les commentaires féminins. Néanmoins, elle est également très présente chez les hommes et ne permet donc pas, d’après nous, de dire que seules les femmes seraient abordées sous l’angle de leur vie privée. Tout comme dans le cas des descriptions physiques, l’analyse des personnages secondaires amène à relativiser la trivialisation des sportives. Cette analyse mériterait un approfondissement avec la prise en compte des niveaux d’énonciation, ce qui permettrait de déterminer si ce sont seulement les journalistes qui évoquent, par exemple, les familles ou les entraîneurs ou bien si cela vient également des athlètes eux-mêmes. Nous avons pu en effet constater, sans l’avoir chiffré, que les femmes évoquent souvent des sportifs comme référence. De même, les hommes évoquent fréquemment l’importance de leur entourage, et notamment de leur femme, dans leur réussite.

Des angles de traitement spécifique ? Le cas de Greene et Jones

32Nous avons focalisé notre analyse sur une étude de cas à l’occasion des cdm de 1999 : Marion Jones et Maurice Greene, d’origine géographique semblable (américaine), disputant la même épreuve (le 100m) et remportant la médaille d’or. De plus, ils ont tous deux une notoriété sportive qui leur confère le statut de figures emblématiques. Avec cette configuration sportive qui permet d’annuler les variables potentiellement influentes sur la médiatisation (niveau sportif, origine géographique), nous constatons que Libération et Le Monde privilégient Maurice Greene (taille des articles, emplacement, nombre de photos, présence en Une) et, qu’à l’inverse, Le Figaro privilégie Marion Jones.

33D’après Patricia Jolly (entretien du 22 avril 2008) et Laurence Shreiner (entretien du 5 mai 2008), respectivement journalistes au Monde et au Figaro, la pqn n’entend pas relater des compétitions sportives « factuelles », mais cherche à mettre l’accent sur des angles de traitement particulier. La télévision a d’ailleurs joué un rôle essentiel dans l’évolution du traitement journalistique (Derèze, 2000), amenant la presse à se repositionner : « Désormais, les journaux n’évoquent plus que de manière cursive le déroulement factuel d’une épreuve, car il a souvent déjà fait l’objet d’images diffusées sur le petit écran. La presse prend donc du recul, fait du reportage et de l’analyse pour expliquer victoire ou défaite » (Luzenfichter, 2004, 97). Nous nous sommes alors demandée si les angles de traitement différaient selon le sexe des athlètes.

34La performance des athlètes est soulignée par les trois quotidiens sous l’angle de la confirmation : « une répétition des championnats du monde de 1997 » (Jones, Le Monde), « il a définitivement confirmé sa suprématie sur l’épreuve » (Greene, Le Monde), « Greene bis » (Greene, Libération). Les comparaisons animales aux félins sont identiques pour les deux athlètes. Le Monde et Libération abordent les soupçons de dopage : « curieuse volonté de boulimie qui ne fait rien pour éteindre les soupçons de dopage » (Jones, Libération), « étonnante régularité » (Greene, Le Monde). Le Monde explique la domination de Greene par un nouvel entraîneur, tandis que Libération évoque, lui, la faible reconnaissance institutionnelle de l’athlétisme en Amérique ainsi que le manque de popularité, ce avec quoi Jones « s’accommode ». Libération et Le Monde soulignent un manque de suspense par la disqualification des adversaires de Marion Jones (« Une héroïne qui se croit obligée de dire à l’arrivée […] » que c’était sa course la plus difficile « comme pour laisser croire […] qu’il y avait du suspense », Libération), sans que ceci ne s’étende à la performance de l’athlète d’une « polyvalence exceptionnelle » (Le Monde), « au sommet de la hiérarchie planétaire » (Le Figaro). Un des moyens pour souligner le niveau de la championne est, d’ailleurs, de la comparer aux légendes sportives masculines : une « athlète de la trempe des Jesse Owens et Carl Lewis » (Le Monde). Le Figaro et Libération mettent en avant les défis de Jones : disputer quatre épreuves aux cdm. Si Le Monde pointe son intelligence, Libération la présente comme une professionnelle de la communication. Nous pouvons en conclure que les performances de Jones sont reconnues, qu’elle est glorifiée et qu’il n’est fait à aucun moment mention de sa féminité ni d’une quelconque érotisation. Son entraîneur est complètement absent de l’article (il n’est donc pas présenté comme étant la clé de sa réussite). Si ses adversaires sont disqualifiées, remarquons que ceux de Greene le sont également.

  • 7 Cécile Soler et Laurence Schreiner.
  • 8 Patricia Jolly.
  • 9 Alain Léauthier et Michel Chemin.
  • 10 Cédric Voisard.

35Enfin, nous ne pouvions conclure notre étude sans nous poser la question de l’influence du sexe des journalistes sur le traitement de l’information. Pour nombre de recherches et d’institutions (unesco), la présence de femmes aux postes de journalistes et dans les instances de décision aurait une influence sur la sélection des informations et le contenu des articles et permettrait ainsi une médiatisation plus équilibrée entre les sexes (International Women in Media Foundation). Peu de recherches abordent ce sujet (des recherches qui sont encouragées outre Atlantique, cf. Jones, Murrell, Jackson, 1999). Notre analyse qui ne peut pas être exposée ici (Montañola, 2009) montre que tous journaux confondus, 69, 63 % des commentaires ont été rédigés par des hommes – proportion qui diffère à la fois en fonction d’un « effet rédaction », un « effet événementiel » et d’un « effet personnel ». Sur les 22 signatures identifiées, on ne trouve que trois femmes : 2 dans Le Figaro7, et 1 dans Le Monde8 (qui figurent parmi les 7 signatures les plus rencontrées sur l’ensemble du corpus), pourtant aucune de ces trois journalistes n’a davantage écrit sur des sportives que sur des sportifs, tandis que 3 hommes de Libération9 et du Figaro10, ont écrit autant, sinon plus d’articles féminins que masculins. Le sexe des journalistes ne permet donc pas, à lui seul et de façon systématique, d’expliquer la répartition sexuée des articles.

36La confrontation des deux principaux constats de la littérature scientifique concernant la représentation médiatique des sportives de haut niveau : sexualisation et trivialisation, à un corpus composé de trois titres de pqn, nous permet de dresser plusieurs constats. Pour Corinne Brocard (2000), les sportives sont toujours médiatisées par rapport à leur féminité et esthétisées, ce que confirme Lucie Schoch pour qui les femmes athlètes sont érotisées par un renvoi à leurs tenues et leurs physiques. Notre étude montre que les deux sexes font l’objet de descriptions physiques autant sur le corps que sur le look. Notre analyse nous permet d’avancer que les descriptions ne se limitent pas à la beauté des femmes. Notons, d’ailleurs, qu’aucune trace de virilisation n’est explicitement mentionnée quelle que soit la discipline concernée. Nous pouvons alors conclure à l’existence de normes, pas uniquement pour les femmes, mais pour les deux sexes : les tailles, poids et musculatures sont accompagnés par des conséquences en termes de performances (gabarit idéal par type de sport). Les journalistes se réfèrent essentiellement à ce qui a toujours été « la norme », ce qu’ils concèdent d’ailleurs eux-mêmes. Il existe donc des modèles physiques féminins et masculins, sans doute dus aux anciens athlètes connus, mais également à l’imaginaire collectif. Si les normes ne sont pas les mêmes pour les deux sexes, nos résultats permettent de ne pas expliquer la médiatisation stéréotypée des sportives par la sexualisation de ces dernières. Si, dans la littérature, les sportives sont montrées comme peu glorieuses et peu instruites, nous trouvons, au contraire, au sein de notre corpus, nombre de compliments et de performances valorisées, comme l’illustre la médiatisation de Marion Jones. Enfin, si les entraîneurs sont très présents dans les articles féminins, ils le sont tout autant dans les articles masculins. Les femmes sont sous-médiatisées et le domaine sportif présente de fortes inégalités entre les sexes (arbitres, médecins, entraîneurs, etc.), néanmoins notre article vise à appeler à la prudence quant à la généralisation concernant la médiatisation stéréotypée des femmes et incite à travailler conjointement sur les normes de chacun des sexes. Cet article ouvre également des pistes d’étude autour de l’importance des représentations de chaque athlète et de la place des communicants dans ce processus.

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Notes

1 Si l’ensemble des épreuves fut ouvert aux hommes dès 1983, certaines le furent plus tardivement aux femmes et d’autres encore furent aménagées. Ainsi, le 5 000m masculin correspond au 3 000m féminin jusqu’en 1995 ; le 20km marche apparaît pour les femmes, en 1987, sous la forme du 10km marche, avant de devenir le 20km en 1999. Le saut à la perche et le lancer de marteau s’ouvrent aux femmes en 1999. En 2003, seules deux exceptions sont à noter : le 50km n’est pas disputé par les femmes et le décathlon masculin correspond à l’heptathlon féminin.

2 Libération et Le Figaro (journaux du matin) et Le Monde (journal du soir) connaissent une différence de rythme de parution qui influe sur la mise en avant de l’événement.

3 La presse spécialisée aurait pu être particulièrement intéressante à étudier, néanmoins, elle aurait empêché toute forme de comparaison avec la PQN.

4 Les bilans sportifs, les articles autres, les interviews, les portraits, les chroniques, les éditoriaux, les brèves, les photos-légendes, les résultats/programmes et les commentaires sportifs.

5 Les catégories « âge », « utilitaire » (« la langue bien pendue », « les yeux rivés sur les autres »), les descriptions « ethniques » et le rapport au corps, (blessures, maladie, dopage) ne nous ont pas semblé intéressantes à détailler dans le cadre de cette étude.

6 Plusieurs entraîneurs, en couple avec des sportives, sont consignés dans la catégorie « entraîneur », lorsqu’ils interviennent dans le rôle sportif, la relation étant simplement précisée ; dans la catégorie « famille » lorsque c’est la vie du couple qui est centrale.

7 Cécile Soler et Laurence Schreiner.

8 Patricia Jolly.

9 Alain Léauthier et Michel Chemin.

10 Cédric Voisard.

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Table des illustrations

Titre Tabl. 1 – Nombre de commentaires sportifs comportant des descriptions physiques
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-1.png
Fichier image/png, 64k
Titre Tabl. 2 – Répartition des descriptions des athlètes
Légende Les pourcentages sont calculés, par rapport au nombre de commentaires par sexe, chaque colonne est indépendante puisque plusieurs catégories peuvent être utilisées au sein d’un même commentaire.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-2.png
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Titre Tabl. 3 – Présentation des qualités sportives au sein des commentaires
Légende Les pourcentages sont calculés par rapport au nombre de commentaires par sexe.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-3.png
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Titre Tabl. 4 - Relevé du nombre de personnages secondaires présents dans les commentaires sportifs
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-4.png
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Titre Tabl. 5 – Répartition sexuée des personnages secondaires des commentaires sportifs
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-5.png
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Titre Tabl. 6a – Répartition des personnages secondaires selon le statut occupé dans le récit
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-6.png
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Titre Tabl. 6b – Répartition des personnages secondaires selon le statut occupé dans le récit (suite)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/2174/img-7.png
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Pour citer cet article

Référence papier

Sandy Montañola, « La complexe médiatisation des sportives de haut niveau »Sciences de la société, 83 | 2011, 82-103.

Référence électronique

Sandy Montañola, « La complexe médiatisation des sportives de haut niveau »Sciences de la société [En ligne], 83 | 2011, mis en ligne le 26 février 2016, consulté le 08 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/2174 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.2174

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Auteur

Sandy Montañola

Maîtresse de conférences en sic, Université de Rennes 1, crape, montanolas@yahoo.fr

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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