Navigation – Plan du site

AccueilNuméros86Note de rechercheL’accessibilité aux services publ...

Note de recherche

L’accessibilité aux services publics : l’apport d’un système d’information géographique

The accessibility to public services : the contribution of a geographic information system
La accesibilidad a los servicios públicos. Lo que proporciona un sistema de información geográfica
Frédéric Martorell
p. 152-163

Résumés

Le développement d’un outil spécifique sous un logiciel de SIG a servi d’appui à l’analyse spatiale de l’accessibilité aux services publics essentiels sur quatre territoires de la région Midi-Pyrénées.

Haut de page

Texte intégral

1La question de la densité et du maillage des services publics offerts à la population des territoires ruraux est au cœur du débat sur leur avenir et sur les orientations en matière d’aménagement du territoire visant à corriger des inégalités d’accès aux services fondamentaux. La réalité de l’inscription territoriale de ces services se confronte aux discours et perceptions des usagers et des acteurs locaux. Au début des années 2000, cette problématique de l’accès aux services essentiels sous-tend en grande partie la réalisation des bassins de vie1 qui deviennent le zonage d’étude des territoires vécus du monde rural (Hilal, 2007). Afin de mieux saisir cette réalité au sein des quatre pays étudiés, un outil d’analyse d’accessibilité a été développé au travers d’un Système d’Information Géographique (SIG). Une matrice a été réalisée à l’échelle du grand Sud-ouest. Celle-ci a été testée sur plusieurs champs de services.

L’accessibilité, une notion complexe

2La question de l’accessibilité renvoie à celle plus large de la mobilité entendue ici comme déplacements d’individus dans l’espace. Cette mobilité spatiale est « un concept englobant dont il importe de décliner toutes les notions qui en découlent (déplacement, transport, migration). Parce qu’il y a de l’espace, les individus et les groupes humains sont confrontés à l’exigence de maîtrise de la distance par la mobilité » (Levy, 2003). Cette mobilité individuelle a été favorisée par un accès large à l’automobile. Son usage intensif dans les pratiques quotidiennes des ménages a entrainé une exigence d’efficacité des systèmes de transports qui se mesure essentiellement par l’amélioration de l’accessibilité en temps de parcours (Orfeuil, 2004). Cette accessibilité se décline dans trois grands types de démarches. L’évaluation d’un système de transport d’une part en fait un critère de diagnostic et de performance que ce soit sur un système en place ou un projet d’aménagement. Le gain d’accessibilité par rapport à une situation ex ante ou de non-aménagement est mis en regard du coût pour évaluer la pertinence du projet. La convocation de l’accessibilité entre aussi d’autre part dans la qualification d’un territoire en tant que facteur d’attractivité démographique et économique en prenant comme hypothèse – par ailleurs discutable – que les territoires les mieux desservis et les plus accessibles sont les plus susceptibles de capter la croissance nécessaire au développement local. Enfin, l’accessibilité participe à l’appréciation des zones de chalandise au sens large du terme (grands équipements portuaires ou ferroviaires, surfaces commerciales, services à la population etc.).

3Pour répondre aux besoins de qualifier ces différents aspects de l’accessibilité, deux grandes familles d’indicateurs existent. Une première série consiste à mesurer les performances du système de transport à relier les lieux, à évaluer « la facilité du déplacement qui permet d’atteindre ce lieu » (Huriot et Perreur, 1994). Cette série regroupe toutes les mesures de temps, distance et coût de transport d’un territoire à un autre ou en direction d’un service ou équipement donné. Ces indicateurs ont l’avantage de la facilité de lecture et d’interprétation, mais sont étroitement liés à la topologie du réseau et à leurs caractéristiques fonctionnelles (Thevenin, 2002). La deuxième série utilise le concept d’accessibilité potentielle. Elle cherche à évaluer la quantité de biens, d’emplois ou de services qu’un individu peut joindre grâce à un mode de transport ou une combinaison de transport. Cette famille d’indicateurs est plus riche d’interprétation puisqu’elle associe, comme dans la première famille, une indication sur la facilité d’accessibilité et l’intérêt du déplacement entendu comme l’attractivité du lieu de destination en tant que niveaux de biens, d’emplois ou de services accessibles (Vickerman, 1974).

4Dans le cadre du programme de recherche sur les services publics en milieu rural, le choix a été fait de travailler sur un indicateur simple à confronter aux discours et aux représentations des acteurs rencontrés. Le calcul du meilleur temps de parcours est apparu comme le meilleur indicateur de synthèse. Il traduit la « valeur minimale de l’accessibilité entre un couple de lieux et reflète donc le fonctionnement optimal de la chaîne de transport dans un intervalle de temps donné » (Chapelon, 2003). Son interprétation est facile à appréhender de même que son mode de représentation (carte isochrone). La simplicité de l’indicateur utilisé engendre aussi ses propres limites. Basé sur une accessibilité en voiture, il prend acte de la généralisation de la mobilité en véhicule particulier, mais ne questionne pas l’accès à cette mobilité individuelle pour les personnes âgées ou handicapées au sein de territoires ruraux vieillissants. D’autre part, il s’appuie sur une performance optimale du réseau de transport (heures creuses, conditions climatiques favorables, absence de contrainte spécifique). La faiblesse des moyens de transport publics en milieux ruraux (souvent limités à du transport à la demande) amène cependant à considérer l’accessibilité en voiture particulière comme un indicateur représentatif de ces territoires (Passegué, 1996). Il s’agit donc d’une accessibilité idéale à relativiser mais qui permet, toutes choses égales par ailleurs, la comparaison.

Créer une matrice d’accessibilité

5L’outil de mesure de l’accessibilité a été constitué sous le logiciel MapInfo ® avec un module complémentaire destiné à effectuer des calculs d’accessibilité sur un ou plusieurs pôles, de tracer des itinéraires avec temps de parcours et des courbes isochrones. La matrice a été développée sur quinze départements du grand Sud-ouest afin d’éviter dans les calculs des effets frontière sur les marges des pays (effet d’un équipement situé en dehors du territoire d’un pays, mais qui influe sur celui-ci). Chaque pays est ainsi représenté par son département principal d’implantation et par tous ses départements limitrophes.

6La modélisation du réseau routier à l’échelle des quinze départements a été obtenue à partir des couches routières de la BD Carto ® de l’IGN. Ont été utilisés les tronçons de route (211 800 lignes) et les nœuds routiers (151 400 points), qui sont à la fois les sommets communs reliant les tronçons et des intersections du réseau. La date de validité de la base est variable d’un département à l’autre, mais l’année 2008 a été choisie comme année de référence : la couche routière a ainsi été corrigée manuellement en vectorisant les principales infrastructures mises en service depuis cette date et qui n’avaient pas encore été intégrées dans la BD Carto ®. Le choix de cette base de données a été motivée par les échelles territoriales (pays) et temporelles (services de proximité, donc des intervalles de base de cinq minutes) qui nécessitaient une modélisation suffisamment précise pour répondre à ces échelles sans pour autant alourdir inutilement les calculs.

7L’accessibilité est mesurée pour des déplacements en voiture particulière en heure creuse afin de permettre les comparaisons en dehors de toutes contraintes ponctuelles de circulation. Chaque tronçon se voit doter d’une vitesse moyenne qui dépend de plusieurs facteurs : i) la classe administrative de l’infrastructure (« autoroute », « départementale », « nationale », « sans objet ») ; ii) la sinuosité du tronçon calculée par la variation linéaire de la somme des valeurs absolues des angles constitués par deux segments consécutifs de chaque polyligne considérée (l’indicateur est réparti en trois classes) ; iii) la traversée d’une zone de forte densité urbaine repérée grâce à l’attribut « bâti »ou « zones d’activités » de la couche d’occupation du sol de la BD Carto ®. Dans ce cas, la sinuosité ne joue plus dans la mesure où la vitesse moyenne est avant tout affectée par la densité du trafic et des contraintes urbaines (feux de circulation) ; iv) la vocation de l’infrastructure (« autoroute », « liaison principale », « liaison régionale », « liaison locale »).

8Grâce à ces couches (polylignes et nœuds) affectées d’une vitesse moyenne de parcours pour chaque tronçon, une topologie du réseau routier des quinze départements est construite. Elle tient compte des sens de circulation et des possibilités réelles de carrefour (l’utilisation des tronçons autoroutiers n’est possible qu’à partir des échangeurs par exemple et non pas à chaque croisement de réseau). Le repérage des équipements analysés s’est fait à partir de la Base Permanente des Equipements (BPE) de l’INSEE dans sa version 2010. Pour le secteur de la santé, elle a été croisée avec le Fichier National des Etablissements Sanitaires et Sociaux (FINESS) du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé consulté dans son actualisation de novembre 2011. Les établissements éducatifs ont été confirmés par une recherche sur l’annuaire officiel de l’Education Nationale. Chaque équipement ou service repéré est rattaché au nœud (carrefour) le plus proche du centre-ville ou centre-bourg de sa commune d’implantation. La sélection des nœuds équipés permet de lancer le calcul : chaque nœud du réseau est ainsi affecté du temps moyen d’accès au nœud équipé le plus proche selon un algorithme de plus court chemin (Dijkstra, 1959). Le réseau de points est transformé en grille qui permet en dernière analyse de créer les courbes isochrones. La population de chaque pays est répartie dans chaque isochrone à partir de l’estimation carroyée de population (ECL) fournie par l’INSEE avec une résolution de 200 mètres2

Une application sur quatre pays

9La matrice ainsi créée a été testée pour chaque pays sur quatre champs de service : l’accès à un bureau de poste, à un poste de sécurité (gendarmerie ou poste de police), à une maternité, à un cabinet de médecin généraliste et à un collège.

L’accès à un bureau de poste

10La question de l’accessibilité à un bureau de poste trouve un écho particulier au sein des territoires ruraux au moment où le désengagement de la Poste est régulièrement dénoncé par les collectivités locales. Celles-ci compensent alors la rétractation du taux de couverture des bureaux par la création d’agence postale communale. Sur les quatre pays étudiés (tableau 1), un habitant sur deux est à environ cinq minutes en moyenne d’un bureau de poste géré directement par la Poste. Si le pays de Figeac et celui de Val d’Adour présentent des profils similaires, les deux autres pays en revanche s’en écartent nettement. Malgré un relief contraint, le pays des Pyrénées cathares détient encore un réseau de bureau de poste plus performant qui met sept habitants sur dix à moins de cinq minutes de l’accès au service (figure 1 en annexe). Ce taux est quasiment divisé par deux sur les Monts de Lacaune présentant un relief aussi contraint, plus d’un habitant sur deux étant même à plus de dix minutes.

Tableau 1 – Répartition de la population des quatre pays selon leur temps moyen d’accès à un bureau de poste

Temps
(minutes)

Figeac

Lacaune

Pyrénées

Adour

Moyenne

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

< 5

17 169

48,5

6 523

37,5

17 979

70,1

22 017

43,8

63 688

49,5

5-10

15 915

45,0

7 143

41,0

6 663

26,0

26 283

52,3

56 004

43,5

10-15

2 156

6,1

3 702

21,3

986

3,8

1 960

3,9

8 803

6,8

15-20

164

0,5

45

0,3

34

0,1

0

0,0

243

0,2

> 20

0

0,0

0

0,0

0

0,0

0

0,0

0

0,0

Total

35 404

100

17 412

100

25 662

100

50 260

100

128 738

100

11Dès lors, la compensation publique par l’ouverture d’agence communale devient un véritable enjeu territorial puisqu’elle permet à l’échelle des quatre pays de mettre les deux-tiers des habitants à moins de cinq minutes du service (tableau 2).

Tableau 2 – Répartition de la population des quatre pays selon leur temps moyen d’accès à un bureau de poste ou à une agence postale intercommunale

Temps (minutes)

Figeac

Lacaune

Pyrénées

Adour

Moyenne

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

< 5

2 202

62,1

9 005

51,7

21 717

84,6

31 606

62,9

84 330

65,5

5-10

13 247

37,4

7 974

45,8

3 756

14,6

18 654

37,1

43 631

33,9

10-15

155

0,4

433

2,5

155

0,6

0

0

743

0,6

15-20

0

0

0

0

34

0 ,1

0

0,0

34

0

> 20

0

0,0

0

0,0

0

0,0

0

0,0

0

0,0

Total

35 404

100

17 412

100

25 662

100

50 260

100

128 738

100

L’accès à un pôle de sécurité (poste de police ou caserne de gendarmerie)

12Service régalien par excellence, la sécurité publique est aussi une question sensible. Le sentiment d’insécurité longtemps apanage de la ville et de sa couronne périurbaine s’étend au monde rural plus isolé. Plus d’un habitant sur quatre est à plus de dix minutes d’un pôle de sécurité (tableau 3). Ce taux grimpe à près d’un habitant sur trois dans les Monts de Lacaune.

Tableau 3 – Répartition de la population des quatre pays selon leur temps moyen d’accès à un poste de police ou une caserne de gendarmerie

Temps (minutes)

Figeac

Lacaune

Pyrénées

Adour

Moyenne

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

< 5

13 163

37,2

5 802

33,3

10 960

42,7

14 627

29,1

44 552

34,6

5-10

12 269

34,7

6 060

34,8

7 187

28,0

21 599

43,0

45 115

36,6

10-15

9 674

27,3

4 985

28,6

5 055

19,7

11 708

23,3

31 422

24,4

15-20

298

0,8

565

3,2

1 818

7,1

2 326

4,6

5 007

3,9

20 -30

0

0,0

0

0,0

622

2,4

0

0,0

622

0,4

> 30

0

0,0

0

0,0

20

0,0

0,0

0,0

20

0,0

Total

35 404

100

17 412

100

25 662

100

50 260

100

128 738

100

13Ces chiffres projettent une accessibilité idéale. Car au-delà de la présence physique d’un bâtiment de gendarmerie ou d’un poste de police, la réalité territoriale est plus complexe à cartographier. D’une part, cette répartition isochrone ne dit pas le potentiel d’ouverture de ces postes de sécurité pour un habitant souhaitant porter plainte ou effectuer une démarche. D’autre part, la nuit, le week-end ou pendant les vacances, se pose comme pour les médecins la question des gardes. Ces postes de sécurité ne sont dès lors pas tous actifs en même temps et la couverture réelle est alors beaucoup plus faible.

L’accès à un cabinet de médecin généraliste

14En apparence, la couverture des quatre pays ruraux en médecin généraliste est plutôt dense : un peu plus de la moitié de la population totale réside dans un rayon de cinq minutes d’un cabinet médical. Les quatre territoires présentent un profil relativement semblable (tableau 4). Trois facteurs conduisent cependant à relativiser ces chiffres et rendent le maillage relativement fragile : i) une population rurale vieillissante, peu mobile, souvent dépendante des visites à domicile du médecin ; ii) une démographie médicale là aussi vieillissante associée à une difficulté de recrutement et de reprise des cabinets médicaux en milieu rural ; iii) les gardes médicales la nuit, le week-end ou lors des périodes de vacances scolaires qui ne sont pas assurées.

Tableau 4 – Répartition de la population des quatre pays selon leur temps moyen d’accès à un cabinet de médecin généraliste

Temps (minutes)

Figeac

Lacaune

Pyrénées

Adour

Moyenne

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

< 5

19 727

55,7

9 144

52,5

15 050

58,6

26 104

51,9

70 025

54,4

5-10

14 185

40,1

7 025

40,3

7 736

30,1

16 932

33,7

45 878

35,6

10-15

1 492

4,2

1 237

7,1

2 297

8,9

7 099

14,1

12 125

9,4

15-20

0

0,0

6

0,0

519

2,0

125

0,2

650

0,5

> 20

0

0,0

0

0,0

60

0,2

0

0,0

60

0,0

Total

35 404

100

17 412

100

25 662

100

50 260

100

128 738

100

L’accès à une maternité publique

15La réforme hospitalière a mis en lumière la question du maintien des maternités de proximité où le débat oppose la sécurité sanitaire (technicité d’un plateau d’obstétrique, nombre d’accouchements pratiqué par an) à l’accessibilité proprement dite. S’agissant d’un équipement de gamme supérieure, le maillage territorial est plus lâche. Aucun des quatre pays ne possède une maternité sur leur territoire. Les trois-quarts des habitants sont dès lors en moyenne à plus de trente minutes de l’équipement (tableau 5). Si la moitié Ouest des Monts de Lacaune bénéficie de la proximité du nouvel établissement intercommunal de Castres-Mazamet permettant à un quart de sa population d’être à moins de vingt minutes d’une maternité, sa moitié Est, en revanche, pâtie de son isolement et de l’absence d’équipement dans l’arrière pays héraultais (figure 3 en annexe). À l’inverse, plus d’un habitant sur quatre du Val d’Adour, territoire entouré par des villes moyennes équipées (Pau, Tarbes, Auch) est à moins d’une demi-heure du service.

Tableau 5 – Répartition de la population des quatre pays selon leur temps moyen d’accès à une maternité publique

Temps (minutes)

Figeac

Lacaune

Pyrénées

Adour

Moyenne

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop totale.

Nb hab.

% pop. totale

< 10

0

0,0

379

2,2

0

0,0

21

0 ,0

400

34,6

10-20

121

0,3

4 419

25,4

23

0,1

7 887

15,7

12 450

36,6

20-30

3 529

10

2 233

12,8

3 097

12,1

13 139

26,1

21 998

24,4

30-40

20 083

56,7

3 121

17,9

18 319

71,4

17 517

34,9

59 040

3,9

40-50

6 284

17,7

3 184

18,3

3 560

13,9

11 696

33,3

24 724

0,4

50-60

4 706

13,3

3 939

22,6

535

2,1

0

0,0

9 180

>1heure

681

1,9

137

0,8

128

0,5

0

0,0

946

0,0

Total

35 404

100

17 412

100

25 662

100

50 260

100

128 738

100

L’accès à un collège public

16Le maillage territorial des collèges publics est assez dense à l’échelle des quatre pays pour mettre près de neuf habitants sur dix à moins d’un quart d’heure d’un établissement (tableau 6). Le pays de Figeac dispose du maillage le plus « performant » avec un taux de 75% de population desservie à moins de dix minutes : le maintien d’établissement à faible effectif (Bagnac-sur-Célé par exemple avec moins de cent élèves en 2012) permet de soutenir cette accessibilité (figure 4 en annexe). En revanche, le tiers des habitants des Monts de Lacaune est à plus de quinze minutes d’un collège public. La densité plus ou moins forte de l’équipement implique aussi celle du transport scolaire en nombre de lignes et temps de parcours. Les calculs étant effectués sur une base d’une voiture particulière, la durée effective du voyage est facilement doublée en transport en bus.

Tableau 6 – Répartition de la population des quatre pays selon leur temps moyen d’accès à un collège public

Temps (minutes)

Figeac

Lacaune

Pyrénées

Adour

Moyenne

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

Nb hab.

% pop. totale

< 5

13 747

38,8

2 732

15,7

8 153

31,8

11 566

23,0

36 198

28,1

5-10

12 826

36,2

2 163

12,4

4 236

16,5

17 041

33,9

36 266

28,2

10-15

8 164

23,1

6 555

37,7

9 810

38,2

17 064

34,0

41 593

32,3

15-20

661

1,9

2 425

13,9

2 784

10 ,9

4 589

9,1

10 459

8,1

20 -30

6

0,0

3 537

20,3

524

2,1

0

0,0

4 067

3,2

> 30

0

0,0

0

0,0

155

0,6

0

0,0

155

0,1

Total

35 404

100

17 412

100

25 662

100

50 260

100

128 738

100

17Au-delà de leur caractère rural (paysage, densité, activité), les quatre pays étudiés dans le cadre du programme de recherche « services publics en milieu rural » présentent des différences sensibles en matière d’accessibilité aux principaux services publics. Celles-ci sont liées à la fois à l’histoire du développement de chaque territoire (maillage autour du bourg-centre, aux contraintes plus ou moins forte du relief compensée par un réseau viaire performant), et aux politiques d’aménagement initiées pour corriger des inégalités d’accès (création d’agence postale communale, aide à l’installation de médecin généraliste, maillage départemental de collèges publics, etc).

18Cet indicateur simple du temps de parcours constitue une première approche. Il demande à être complété, notamment en introduisant des notions de besoins estimés et de ses déterminants mais aussi en tenant compte des conditions d’accès aux services considérés (amplitude horaire, coût du service et reste à charge etc.). L’approche en densité corrigée proposée par une étude DATAR sur la stratégie territoriale d’accessibilité aux services de santé (Marissal et Kazmierczak, 2012) constitue à ce titre une piste d’amélioration possible (vieillissement, morbidité et dépendance sont pris ainsi pris en compte dans le calcul de l’indicateur).

19Au delà de ce choix d’indicateur, la réalisation d’une matrice d’accessibilité au travers d’un SIG répond cependant à un double enjeu. Pour la recherche, elle permet de comparer les territoires, de relativiser ou de confirmer les perceptions des acteurs locaux. Pour les praticiens du développement territorial, l’outil trouve son rôle d’appui à l’action publique en éclairant le diagnostic, mais aussi en permettant de créer des scénarios alternatifs ou d’optimiser un maillage de services. Ce qui devient une nécessité à l’heure des choix budgétaires contraints pour les collectivités locales comme pour l’État.

Haut de page

Bibliographie

Chapelon (L.), 2003, « Evaluation des chaînes intermodales de transport : l’agrégation des mesures dans l’espace et dans le temps », Actes du colloque Technological innovation for land transportation, 2-4 décembre 2003, Lille.

Dijkstra (E.), 1959, A short introduction to the art of programming, La Haye, 49 p.

Hilal (M.), 2007, « Temps d’accès aux équipements au sein des bassins de vie des bourgs et petites villes », Economie et Statistique, novembre, n° 402, 41-56.

Hurriot (J.-M.), Perreur (J.), 1994, « L’accessibilité », in Encyclopédie d’économie spatiale : concepts, comportements, organisations, Economica, 436 p.

Levy (J.), Lussault (M.), (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, Paris.

Marissal (J.-P.), Kazierczak, (2012, à paraître), Stratégie territoriale d’accessibilité aux services de santé : une application aux soins de premier recours, DATAR.

Orfeuil (J.-P.), 2004, « Accessibilité, mobilité, inégalité : regards sur la question en France aujourd’hui », in J.-P. Orfeuil (dir.), Transports, pauvretés, exclusions, éditions de l’Aube, 180 p.

Passegue (S.), 1996, L’accessibilité aux équipements en milieu rural : analyse spatiale à travers un SIG en mode raster, thèse de doctorat, Université d’Avignon, 332 p.

Thevenin (T.), 2002, Quand la géographie se met au service des transports publics urbains : une approche spatio-temporelle appliquée à Besançon, thèse de doctorat, Université de Franche-Comté, 261 p.

Vickerman (R.-W.), 1974, “Accessibility, attraction and potential : a review of some concepts and their use in determining mobility”, Environnement and Planning, n°6, 675-691.

Haut de page

Annexe

Annexes cartographiques

Fig. 1 – L’accessibilité à un bureau de poste au sein du pays des Pyrénées cathares

Fig. 1 – L’accessibilité à un bureau de poste au sein du pays des Pyrénées cathares

Fig. 2 – L’accessibilité à un pôle de sécurité au sein du pays du Val d’Adour

Fig. 2 – L’accessibilité à un pôle de sécurité au sein du pays du Val d’Adour

Fig. 3 – L’accessibilité à une maternité publique (pays des Monts de Lacaune)

Fig. 3 – L’accessibilité à une maternité publique (pays des Monts de Lacaune)

Fig. 4 – L’accessibilité à un collège (pays de Figeac)

Fig. 4 – L’accessibilité à un collège (pays de Figeac)
Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – L’accessibilité à un bureau de poste au sein du pays des Pyrénées cathares
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1777/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Titre Fig. 2 – L’accessibilité à un pôle de sécurité au sein du pays du Val d’Adour
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1777/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Titre Fig. 3 – L’accessibilité à une maternité publique (pays des Monts de Lacaune)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1777/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Titre Fig. 4 – L’accessibilité à un collège (pays de Figeac)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1777/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 199k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Frédéric Martorell, « L’accessibilité aux services publics : l’apport d’un système d’information géographique »Sciences de la société, 86 | 2012, 152-163.

Référence électronique

Frédéric Martorell, « L’accessibilité aux services publics : l’apport d’un système d’information géographique »Sciences de la société [En ligne], 86 | 2012, mis en ligne le 01 juin 2012, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/1777 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.1777

Haut de page

Auteur

Frédéric Martorell

Chargé d’étude à l’Observatoire des Territoires - Direction Départementale des Territoires du Tarn (Albi), Doctorant au LISST CIEU, UMR 5193, CNRS -UTM, Maison de la Recherche, 5 allées Antonio Machado 31058 Toulouse cedex 9, frederic.martorell@tarn.gouv.fr

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search