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Les modes de présence du saumon transgénique AquAdvantage Salmon® dans la tentative de construction de son marché

The ways of presence of transgenic salmon AquAdvantage Salmon® trying to build its own market
Las modalidades de la presencia del salmón transgénico AquAdvantage Salmon® en el intento de élaboración de su mercado
Sandrine Barrey
p. 98-113

Résumés

Cette contribution interroge les modes de présence d’un saumon transgénique (l’AquAdvantage Salmon®) dans la tentative de la construction de son marché aux Etats-Unis. Est-il un objet ? Est-il un objet ordinaire ? Elle montre que celui-ci surgit de façon multiple tout au long des réseaux de relation au sein desquels il est amené à s’insérer. Tour à tout nouvel objet technique, poisson, aliment, produit, et « objet frontière », ces modes de présence instaurent aussi de nouvelles réalités sociales qui semblent plus problématiques que le saumon transgénique lui-même.

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Texte intégral

Je tiens à remercier les relecteurs anonymes de la revue pour leurs précieux commentaires sur cet article.

1Deux questions se posent d’emblée quant à cette contribution portant sur le saumon transgénique dans un numéro consacré aux modes de présence d’ « objets ordinaires » : le saumon GM est-il un objet ? Et peut-il être considéré comme un objet « ordinaire » ? Le saumon était encore, il y a 50 ans, un produit rare et cher que l’on trouvait principalement sur les tables à la période des fêtes. Puis les premières expériences d’élevage dans les années 1960, son industrialisation dans les années 1970 et son intensification depuis, en ont fait un aliment de consommation plus « ordinaire », qu’il soit consommé cuit, fumé, ou cru. Plus récemment, dans un contexte tout à la fois de forte médiatisation de médicalisation du domaine alimentaire et de diffusion accrue de recommandations nutritionnelles (Poulain, 2009 ; Régnier et Masullo, 2009), le saumon s’est vu en outre attribué de nouvelles qualités : riche en acides gras essentiels, il est supposé augmenter notre consommation en Oméga-3, protecteur contre les troubles cardio-vasculaires. Ces discours contribuent à faire du saumon un objet on ne peut plus ordinaire sur nos tables, malgré la médiatisation des incertitudes relatives aux conditions d’élevage du saumon en Norvège et au Chili ainsi que la crise économique et la hausse des prix du saumon d’élevage norvégien (le plus importé et consommé en France) (FAO 2010).

2Depuis le début de l’année 2013 on voit néanmoins fleurir dans la presse française, sur des blogs et sur les réseaux sociaux des titres qui instaurent à nouveau le saumon comme objet extraordinaire : « Le Frankenfish s’approche de nos assiettes » ; « L’attaque du poisson mutant : premier saumon génétiquement modifié » ; « Du poisson Frankenstein au menu des américains », etc. Ces titres font référence à la demande d’autorisation auprès de la Food and Drug Administration (l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux) de commercialisation d’un saumon transgénique (l’AquAvantage Salmon®) par la société américano-canadienne AquaBounty Technologies. Ces saumons ont reçu le gène produisant une hormone de croissance présente chez un saumon du Pacifique (le saumon chinook) ainsi qu’un antigel présent chez une autre espèce (une anguille de roche américaine). Si le saumon ne produit normalement l’hormone de croissance que lorsqu’il est dans une eau chaude, sa version transgénique la produit toute l’année, ce qui permet d’accélérer sa croissance. Ces saumons atteignent leur taille adulte plus rapidement que le saumon de l’Atlantique présent sur les étals (entre 16 et 18 mois de culture au lieu de 30 mois). Bien que la première demande de commercialisation de ce saumon date de 1995, et qu’une vive controverse ait éclaté aux Etats-Unis et dans une moindre mesure au Canada depuis plus de 10 ans, sa récente médiatisation en France est sans doute liée au fait que la FDA vient de publier la première ébauche de son évaluation environnementale1, marquant du même coup l’une des étapes finales d’un processus d’application de la réglementation qui dure depuis maintenant 17 ans. Si la FDA donnait son accord à cette mise en marché, ce saumon serait le premier animal génétiquement modifié destiné à l’alimentation humaine. La technique de la transgénèse semble ainsi constituer une sorte de seuil qui fait basculer le saumon d’élevage du statut d’aliment ordinaire à celui d’un « objet » plus problématique. Comment appréhender cette complexité ?

3« Science du social », la sociologie a cependant toujours interrogé la place des objets dans la société et les relations que les individus entretiennent avec eux, notamment dans le champ de la sociologie de la consommation qui nous concerne particulièrement ici. Les approches structuralistes, comme l’anthropologie structurale des biens de consommation, appréhendent les objets comme des choses qui contribuent à rendre visibles et stables les catégories culturelles et les relations sociales au sein d’une société (Douglas et Isherwood, 1996). On repère aussi une tradition qui analyse les objets comme supports de distinction sociale (Veblen, 1979 ; Bourdieu, 1979). L’approche sémiologique de Roland Barthes ou de Jean Baudrillard considère les objets à travers leur « valeur-signe » ; les objets ne prendraient alors sens que dans la différence avec d’autres objets dans le cadre d’un système socialement hiérarchisé (Barthes, 1983 ; Baudrillard 1978). Si toutes ces approches ont en commun d’analyser la relation sujet-objet comme processus, en mettant l’accent sur les liens incessants entre social et matériel, les objets n’ont ici finalement que le statut d’objets-prétextes pour étudier autre chose : les catégories culturelles, les systèmes de domination et les logiques de distinction. Pour reprendre les termes de Bruno Latour, ils n’apparaissent plus que sous le mode d’« écrans de projection » : les objets, à savoir les biens de consommation, ne font que projeter des réalités sociales. Mais en construisant le social avec du social, cette sociologie ne reste-t-elle pas « sans objet » ? (Latour 1994).

4Plus récemment, un programme de recherche sur les objets du quotidien dirigé par Dominique Desjeux a tenté de dépasser ces approches de l’ « objet-prétexte » pour étudier « l’objet en soi », véritable « médiateur » au cœur de la construction sociale de la réalité (Desjeux, 2000). Mais ce qui est au cœur de cette approche constructiviste, c’est encore l’usage social des objets et les relations sociales qui les entourent. De la même façon, lorsque Michel de Certeau et ses collègues mettent au jour les multiples formes de réappropriation et de détournement des objets dans le cours des usages (Certeau et al., 1990a ; Certeau et al., 1990b), l’attention est d’emblée portée sur la capacité des individus à l’autonomie et à la liberté vis-à-vis du programme que cherchent à leur imposer les technocraties et les industries culturelles. Dans ces approches, l’existence des objets n’est d’aucune façon problématique : ils sont présents et constitués a priori, ils ont une certaine extériorité par rapport aux humains, et sont ainsi suffisamment stables pour être appropriés, redéfinis, réinterprétés par les différentes personnes ou collectifs qui s’en emparent. Depuis les années 80, le rapprochement de différents courants sociologiques français inspirés, entre autres, de la sociologie des sciences et de la sociologie de la critique (Latour et Woolgar, 1986 ; Callon, 1986 ; Boltanski et Thévenot, 1991; Thévenot, 2006) a ouvert une approche de l’action attentive à la présence d’objets qui la guide ou sur laquelle elle s’appuie. Les travaux de Franck Cochoy sur l’équipement des décisions d’achat des consommateurs dans l’univers marchand (Cochoy, 2002) ou plus récemment ses recherches sur les « curiositifs » (Cochoy, 2011) sont emblématiques de ces approches dans les domaines du marché et de la consommation : on y voit que non seulement les consommateurs manipulent les objets, mais avec la curiosité, c’est le bien qui agit sur le consommateur, la curiosité venant constituer le point de départ d’une action de l’objet.

5Mais que devient l’action lorsque cette présence d’objet est soit mal assurée, soit « multiple » (Law et Lien, 2011; Law et Mol, 2008) ? Les épreuves qui jalonnent le processus de mise sur le marché du saumon transgénique sont autant de moments qui instaurent cet « objet » sous des modes de présence multiples. Notre analyse de ce processus se fonde d’une part sur les résultats du programme ANR interdisciplinaire DOGMATIS (qui rentrera ici dans la boucle d’observation) et d’autre part sur une recherche documentaire dans laquelle nous nous sommes efforcés de traverser une littérature la plus hétérogène possible : revue de presse généraliste ; forums de discussion et blogs sur internet ; rapports des commissions d’enquête ; articles scientifiques ; magazines scientifiques destinés au grand public ; sites internet des ONG ; textes réglementaires ; etc.

Le poisson génétiquement modifié : un objet de recherche scientifique actuel

6Si le marché des saumons transgéniques est un marché « virtuel », susceptible d’actualisation, les poissons génétiquement modifiés (PoGMs) sont toutefois des objets de recherches qui habitent les laboratoires depuis plus de trente ans. Les premières publications relatant l’application de la transgénèse aux poissons datent en effet du milieu des années 1980 (Zhu et al., 1985 ; Chourrout et al., 1986), soit une dizaine d’années après la première expérimentation réussie de transgénèse animale chez la souris (Palmiter et al., 1982).

Des objets de recherche et des produits prometteurs

7Ces poissons transgéniques ne résultent pas seulement du génie de quelques savants fous ou d’entrepreneurs passionnés désireux de conquérir de nouveaux marchés. Convaincus que les biotechnologies dans les domaines pharmaceutiques, industriels et agricoles allaient être à l’origine de nouveaux produits à la fois utiles pour la société et pouvant ouvrir d’importantes perspectives de croissance, de nombreux Etats se sont lancés, dès les années 1980, dans la course aux biotechnologies. L’exemple des Etats-Unis, qui domine aujourd’hui ces marchés, est particulièrement instructif quant au rôle primordial joué par les pouvoirs publics dans le développement des recherches et des marchés biotechnologiques. Parmi les conditions nécessaires à l’émergence du secteur de la biotechnologie américaine, des changements dans la politique des brevets ont eu un rôle décisif sur la marchandisation des connaissances dans le domaine du vivant (Azam, 2007). Comme l’ont déjà souligné de nombreux auteurs, cette création d’un véritable marché des connaissances biotechnologiques fut rendue possible par des changements dans l’économie de l’innovation (Partha et David, 1994 ; Coriat et Weinstein, 2002 ; Gaudillières et Joly, 2006).

8Au delà des dispositifs réglementaires et marchands qui ont permis le développement des recherches sur les PoGMs, les chercheurs eux-mêmes ont joué un rôle actif dans la légitimation de ces recherches : au fil de leurs publications, ils ne se sont pas contentés de faire connaître leurs résultats, ils se sont aussi efforcés de souligner l’intérêt de la transgénèse. Ainsi selon eux, les PoGMs présentaient le double intérêt de mieux comprendre la physiologie des poissons et de pallier aux difficultés que rencontre l’aquaculture à l’échelle mondiale pour se développer et s’intensifier (Devlin et al., 2006 ; Rasmussen, 2007).

  • 2 Le saumon Atlantique apparaît sur la liste rouge de l’IUCN des espèces menacées depuis 1996 et sa p (...)

9Enfin, l’entreprise AquaBounty Technologies elle-même a promu un tel marché en s’attelant à un véritable « travail de contextualisation » (Latour, 1992). Les dirigeants de l’entreprise n’ont ainsi cessé de rappeler la problématique de la surpêche et de l’épuisement de la ressource naturelle en saumons de l’Atlantique2. Via une rhétorique mécaniste du fonctionnement marchand, ces promoteurs affirmaient sans relâche que l’augmentation rapide de la production de saumons d’élevage conduisait à une chute des prix et donc à une augmentation de la consommation de saumon. Une première série d’arguments en faveur de la création de ce marché s’est ainsi inscrite dans le registre du développement durable : « Our mission is to play a significant part in “The Blue Revolution” – bringing together biological sciences and molecular technology to enable an aquaculture industry capable of large-scale, efficient, and environmentally sustainable production of high quality seafood. Increased growth rates, enhanced resistance to disease, better food-conversion rates, manageable breeding cycles, and more efficient use of aquatic production systems are all important components of a sustainable aquaculture industry of the future. » (www.AquaBounty.com). Une autre rhétorique fut relative à la sécurité alimentaire de la population mondiale. Selon l’un des vice-présidents de la société, si la commercialisation du saumon transgénique ne constitue pas en soi la solution à la famine dans le monde, elle constitue toutefois une première étape vers la production de tilapias et de carpes transgéniques, espèces très consommées sous leur forme conventionnelle en Afrique et en Asie du Sud-Est : « Notre objectif ultime n’est pas le saumon. Le saumon n’est qu’une première étape. Les espèces qui nous intéressent et sur lesquelles nous travaillons dans nos laboratoires sont le tilapia et la carpe. Ces poissons sont très consommés en Chine et en Afrique. Il sera bientôt très difficile de fournir la population mondiale en protéines marines. Cela ne concernera pas seulement les produits coûteux comme la truite et le saumon, mais aussi des produits très consommés dans le tiers-monde. C’est sur ces produits que nous travaillons actuellement ; ils devraient être commercialisés d’ici une dizaine d’années. » (Joe MacGonigle, cité in Verhaag et Kröber 2004).

10Cette rhétorique est la suivante : en situation de pénurie, le mécanisme marchand viendrait ainsi solutionner le problème de la faim dans le monde. L’amélioration de la productivité continuerait à faire baisser les prix de ces poissons pour les consommateurs qui bénéficieraient alors de produits sains à bon marché toute l’année. Les aquaculteurs enfin trouveraient également quelques intérêts à la commercialisation de ce saumon transgénique. Ils verraient notamment leurs coûts de revient considérablement diminuer en raison de la plus grande résistance de ce poisson aux maladies et de son cycle de croissance accéléré lui permettant d’atteindre son poids commercial plus rapidement.

  • 3 Les recherches sur les poissons transgéniques se font principalement aux Etats-Unis, au Canada, au (...)

11L’ensemble de ces discours tournés vers l’avenir d’une part, et instaurant le poisson génétiquement modifié comme un produit prometteur d’autre part, ne sont pas restés au niveau de la simple énonciation : ils ont guidé les activités ; ils ont supporté la légitimité du changement technique ; et ils ont joué un rôle dans la captation des nécessaires alliés et ressources au changement technique (Borup et al., 2006). C’est ainsi que les recherches se sont multipliées depuis dans le monde3, et que les chercheurs sont parvenus à concevoir un certain nombre de vertébrés aquatiques transgéniques. La revue de littérature réalisée par le réseau DOGMATIS portant sur 1450 articles scientifiques révèle que ces expérimentations ont porté sur plus de 400 espèces de poisson (Mambrini et al., 2009). Ces recherches portent sur l’amélioration de la croissance des poissons pour produire à moindre coût ; sur l’amélioration de la tolérance aux eaux froides et de la résistance au gel ; sur l’amélioration de la résistance à certaines maladies ; sur l’amélioration de l’utilisation métabolique de certains nutriments pour améliorer la qualité nutritionnelle du poisson ; et enfin sur la production d’animaux stériles pour éviter de potentiels impacts sur les écosystèmes aquatiques. La plupart des recherches sur les PoGMs ont été d’emblée en lien avec les enjeux de la production aquacole, comme en témoignent plus de 90 brevets déposés à ce jour (Mambrini et al., 2009).

Des poissons porteurs de risque pour leur environnement

  • 4 Les medakas sont des poissons originaires des rizières des régions côtières d’Asie du Sud, souvent (...)

12Pour certains chercheurs et pour l’association environnementaliste Greenpeace, les poissons génétiquement modifiés ne sont plus appréhendés comme des objets de recherche et des produits prometteurs, mais comme des poissons qui présentent des risques pour leur environnement. Dès 1994, le Pr. Devlin et ses collègues du Département d’Aquaculture de Pêche et Océan Canada, (Devlin et al., 1994) ont étudié les relations entre saumons transgéniques et saumons sauvages. L’espèce transgénique s’est avérée systématiquement plus vorace que les saumons sauvages, exerçant ainsi une pression de sélection sur ces derniers une fois les saumons transgéniques lâchés dans la nature. Une autre étude réalisée en 1999 par deux chercheurs de l’Université de Purdue en Indiana (Muir et Howard, 1999) a porté sur la descendance de poissons ayant reçu le gène de l’hormone de croissance humaine. Ils ont constaté chez les medakas4 que la modification génétique réduit la viabilité de ces poissons, un phénomène qui a aussi été observé chez les saumons transgéniques expérimentaux. L’étude montre aussi que ceux qui atteignent malgré tout l’âge adulte transmettent leurs gènes très rapidement, à la fois parce qu’ils produisent beaucoup d’œufs et parce que leur taille importante en font des partenaires sexuels très recherchés. De sorte que, au bout de quelques générations, presque toute la population est porteuse du gène modifié et chaque génération perd un tiers de ses individus avant d’atteindre l’âge adulte. Des simulations réalisées ensuite par ordinateur ont démontré qu’à long terme la population décline et finit par disparaître (ibid., 13854-13855).

13Suite à la demande de commercialisation du saumon transgénique par l’entreprise AquaBounty, Greenpeace publie également un rapport sur les risques d’échappement des saumons transgéniques (Aken, 2000). Dans un premier temps, le rapport rappelle les trois risques liés à l’échappement dans le milieu naturel : i) le potentiel métissage génétique avec les espèces sauvages ; ii) la concurrence pour les ressources alimentaires liée aux besoins alimentaires plus importants des poissons transgéniques ; iii) la capacité de ces poissons à s’implanter dans les zones où ils étaient auparavant exclus grâce à leur tolérance au froid qui les amènerait à concurrencer des espèces indigènes. Ces risques s’appuient à chaque fois soit sur des publications scientifiques (Devlin et al., 1994 ; Muir et Howard, 1999), soit sur des faits divers marquants empruntés à d’autres domaines d’expériences, tels l’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria. Dans un second temps, le rapport entend démontrer que les mesures de sécurité envisagées par AquaBounty et les chercheurs impliqués dans le projet de commercialisation du saumon transgénique sont insuffisantes : bien que les promoteurs affirment que l’utilisation commerciale de leurs produits ne peut nuire à l’environnement (les poissons pourraient être contenus dans des réservoirs d’eau sur terre et être rendus stériles), Greenpeace juge ces mesures inappropriées pour confiner en toute sécurité les poissons transgéniques et prévenir les rejets accidentels, en raison des erreurs possibles d’une part et de l’incitation économique à contourner ces mesures de sécurité d’autre part.

14A nouveau, le surgissement du saumon transgénique sous le mode de présence du « poisson porteur de risques pour son environnement » ne reste pas lettre morte. Le poisson porteur de risques est bien un « actant » (Callon, 1986) : il risque de s’échapper ; il peut concurrencer les espèces indigènes ; il peut se reproduire plus rapidement ; etc. Et ce mode de présence spécifique instaure de nouvelles réalités sociales. Tout d’abord, les Etats engagés dans la course aux biotechnologies ont immédiatement fourni un cadre aux recherches réalisées sur les OGM aquatiques et définit les mesures à prendre pour protéger l’environnement de tout lâcher accidentel (Hallerman et Kapuscinski, 1995). Puis l’entreprise AquaBounty a décidé d’élever ses saumons en milieu confiné et de les stériliser afin qu’ils ne puissent pas se reproduire en cas d’échappement. Ces cadres réglementaires et ces dispositifs ne constituent pas seulement des « garde-fous » à la contamination des espèces sauvages : ils instaurent aussi les conditions nécessaires aux transgénèses réussies d’espèces aquatiques, sans lesquelles aucun marché ne peut émerger.

L’AquAdvantage Salmon® : un produit virtuel

15Dès lors que l’entreprise AquaBounty a déposé auprès de la FDA une demande d’autorisation de commercialiser son saumon transgénique à croissance rapide, le saumon transgénique, bien que toujours présent comme objet de recherche actuel et comme poisson porteur de risques pour l’environnement devient un produit susceptible de s’actualiser sur les marchés américains. Ce nouveau statut va faire advenir l’AquAdvantage Salmon sous de nouveaux modes de présence. Nous en présentons ici seulement trois : un nouveau médicament vétérinaire ; un aliment présentant des risques pour la santé humaine et un objet-frontière pour un programme de recherche français financé par l’ANR.

Un nouveau médicament vétérinaire

16Aux Etats-Unis, les produits alimentaires issus de la biotechnologie sont réglementés au même titre que les aliments issus de la sélection naturelle des espèces (FDA, 1992), puisque c’est le « principe d’équivalence en substance » qui prévaut, avec son corollaire : « le produit, pas le processus ». La politique fédérale sur les OGM est pratiquement restée inchangée depuis la rédaction en 1986 du cadre coordonné pour la réglementation de la biotechnologie – Coordinated Framework for the Regulation of Biotechnology – (Zivian 2011). Contrairement à l’Europe qui a considéré que les OGM relevaient de technologies nouvelles et nécessitaient donc un cadre réglementaire nouveau, les Etats-Unis ont choisi de ne pas adopter de dispositions spécifiques, mais d’utiliser les réglementations et les structures d’évaluations existantes.

  • 5 Le FWS est l’organisme fédéral des États-Unis dépendant du département de l’intérieur des États-Uni (...)

17Suite à la demande de commercialisation du saumon transgénique d’AquaBounty Farms, la FDA a donc demandé une série de vérifications sur le plan de la nutrition humaine (ce qui constitue son rôle traditionnel), mais aussi sur le plan environnemental, en « accord forcé » avec les Fish and Wildlife Service et National Marine Fisheries Service5. Mais contrairement aux autres évaluations courantes d’aliments génétiquement modifiés, la FDA a estimé, cette fois-ci, que les gènes ajoutés aux animaux étaient équivalents à n’importe quel autre médicament vétérinaire (« animal drug »). Le nouvel objet « produit vétérinaire » est donc d’abord obtenu par des associations avec d’autres médicaments vétérinaires ; mais il advient aussi par dissociation avec ce qu’il n’est pas (un nouvel OGM destiné à l’alimentation humaine). Cette qualification n’est pas neutre. L’instauration du saumon transgénique comme nouveau médicament vétérinaire a conduit en effet à examiner l’autorisation du saumon modifié par une procédure qui ne correspond pas à celle de l’évaluation des OGM destinés à la consommation humaine, normalement conduite par le « Center for Food Safety and applied Nutrition ». Notons aussi que la présence de l’animal qui présentait des risques pour son environnement est ici atténuée au profit de celle de l’objet transgénique. Quelles nouvelles réalités sociales ce nouveau mode d’existence vient-il instaurer ?

Un aliment dangereux pour la santé humaine

18Tout d’abord, l’argument selon lequel il n’y a aucune différence entre les saumons transgéniques et les autres est rapidement contesté par Michael Hansen, le biologiste de la Consumer Union (l’une des plus grandes associations de consommateurs américaines). Ce dernier vient souligner le risque d’allergies accru et les études trop limitées d’AquaBounty sur cette question. Pour ces raisons, il souhaite que la FDA demande un étiquetage spécial pour s’assurer que tout effet secondaire résultant de la consommation de ce saumon puisse être rapidement détecté.

19Ici l’étiquetage est vivement recommandé pour assurer une traçabilité des risques en cas d’allergie des consommateurs. En février 2008, cette organisation s’associe avec deux autres associations de consommateurs (Center for Food Safety et Food and Water Watch Center) pour signer une pétition contre le saumon AquaAdvantage®. Dans celle-ci les consommateurs revendiquent auprès de la FDA que ce produit soit soumis à la législation sur les additifs alimentaires et non à celle des médicaments. La pétition demande également que ce saumon ne soit plus désigné comme un produit sans risque pour la santé humaine. La FDA est accusée de détourner l’évaluation des impacts sur la santé des consommateurs, notamment les risques d’allergies et de toxicité : en qualifiant le saumon transgénique de « nouveau médicament vétérinaire », on l’accuse de limiter la procédure de consultation publique obligatoire dans l’évaluation classique des aliments GM, mais aussi de contourner l’évaluation par les experts de la FDA en matière de sécurité sanitaire des aliments. Se dessine ainsi aussi la figure d’un consommateur dont la santé mérite d’être prise au sérieux.

20En 2010, le comité vétérinaire de la FDA rend ses conclusions : un filet de saumon AquAdvantage® ne diffère pas d’un filet de saumon de l’Atlantique classique et sa consommation n’est donc pas dangereuse pour l’être humain. De fait, aucun étiquetage n’est jugé pertinent. Mais la décision finale de la FDA ne pourra être donnée qu’après trois jours d’audiences publiques, organisées du 19 au 21 septembre 2010. Au bout de deux jours de ces audiences, le groupe d’experts indépendants, cette fois-ci chargé par la FDA de déterminer si le saumon AquAdvantage® est sans danger pour la consommation humaine, conclut au manque de données et demanda à ce que plus d’études soient réalisées. En juin 2012, le saumon est jugé sain pour la santé humaine.

Du poisson génétiquement modifié (PoGM) comme « objet intégratif » interdisciplinaire : un « objet-frontière »

21La commercialisation du saumon transgénique outre Atlantique est une question d’actualité. Cela n’est pas encore le cas en Europe : aucune demande de commercialisation d’un PoGM n’a encore eu lieu et les citoyens comme les acteurs économiques de la filière aquacole restent hostiles à cette innovation technique. En 2007, un réseau de chercheurs français interdisciplinaire s’est néanmoins constitué dans le cadre du programme ANR DOGMATIS. Il vise à questionner le PoGM comme un objet non encore identifiable, encore en amont d’une éventuelle controverse comme c’est le cas aux Etats-Unis, et surtout à défendre dès le début une approche différente de celle employée pour les OGM végétaux :

« L’enjeu fut de construire un savoir collectif d’anticipation permettant d’aller au-delà de la simple juxtaposition de discours d’experts et de l’analyse réductrice coût-bénéfice, deux approches qui clôturent les possibles plutôt que de les multiplier. DOGMATIS s’est notamment mis en position d’anticiper une importation fortuite de PoGM en Europe. » (Coutellec, 2011: 267).

  • 6 L’ensemble de cette section reprend la synthèse du programme DOGMATIS rédigée par Léo Coutellec, ph (...)

22Comment les objectifs de ce réseau et la démarche mise en œuvre ont-ils instauré le PoGM ?6 Les généticiens ont pris acte d’une certaine « opacité du transgène » (selon les termes de Muriel Mabrini) du saumon transgénique et des PoGMs en général, et se sont interrogés sur la « stabilité du transgène ». Selon eux, de nombreuses incertitudes persistent quant à l’évolution et l’insertion des techniques de transgénèse. Plusieurs raisons ont été avancées quant à ces difficultés de stabilisation du transgène chez le poisson : la première tient à l’évolution même des savoirs en biologie pour comprendre les facteurs de la bonne intégration du transgène et sa stabilisation (si la micro-injection est la technique la plus souvent utilisée pour la transgénèse, il existe d’autres méthodes en cours d’expérimentation) ; la seconde tient à la multiplicité des applications possibles de la transgénèse chez le poisson ; et la troisième tient à l’impossibilité technique d’identifier la présence du transgène en cas d’importation et donc à l’impossibilité de mettre en œuvre une procédure de traçabilité. Selon Yves Bertheau, chimiste et responsable de cette recherche dans le programme, la difficulté à identifier cette présence nous renvoie à la situation connue pour les OGM végétaux en 1996. Pour les généticiens, le PoGM advient sous le mode de présence très particulier de l’opacité : tout à la fois objet présent, mais largement insaisissable. Cette difficulté à attraper l’objet s’est poursuivie dans les travaux des sociologues économistes dont l’objectif était de croiser les données statistiques existantes et de mobiliser les savoirs experts pour appréhender au mieux toute la complexité des flux et importations éventuels de PoGM. Ce travail, coordonné par Catherine Mariojouls, a permis de déterminer que le saumon d’Atlantique et le tilapia constituaient les deux principales espèces à risques pour les flux d’importation à destination de la France. Mais il a également mis en évidence des difficultés, liées au manque de données statistiques, dans le repérage et le contrôle de flux à risques, et cela d’autant plus en raison de l’opacité déjà explicitée plus haut liée à l’absence des méthodes de contrôle. En nous plaçant cette fois-ci du côté des consommateurs et des ONG, nous avons montré que l’objet devenait parfaitement « appréhendable », dès lors que l’on prenait au sérieux les rationalités des citoyens et les modes de construction de leur représentations (Barrey et al., 2010 ; Mariojouls et al., 2012).

23Les juristes du réseau ont saisi le PoGM comme un « impensé du droit » : au niveau de l’encadrement international, mais aussi au niveau de la possibilité limitée d’une régulation européenne. Enfin les philosophes ont saisi le PoGM comme un « objet à instruire », « multiple », « intégratif et interdisciplinaire » ; ils ont fourni à l’ensemble des disciplines du réseau les outils pour le saisir (Coutellec, 2013), faisant du poisson génétiquement modifié un « objet-frontière » (Star et Griesemer, 1989), c’est-à-dire un objet à la structure suffisamment simple pour qu’il puisse être approprié par nos différentes disciplines et suffisamment souple pour s’adapter aux besoins et contraintes spécifiques à chacun de ces mondes scientifiques. Cette structure minimale de connaissance a ainsi pris la forme d’une revue de littérature commune sur la question des poissons génétiquement modifiés dans le monde, de façon telle que chacune des disciplines a pu en extraire ce dont elle avait besoin, tout en permettant d’ignorer les caractéristiques trop lointaines à chacune des disciplines. A la fois objet « bibliothèque » et « malléable » (ibid.), cette instauration du PoGM a permis de maximiser l’autonomie des disciplines tout autant que la communication entre elles.

24Quels enseignements peut-on tirer du constat des modes de présence multiples du PoGM au fil de la création de son marché ? Nous en retiendrons ici deux. Le premier est relatif à l’instruction actuelle du saumon transgénique par la FDA en vue de l’autorisation de sa commercialisation. Lorsque que cette institution a instauré le PoGM comme « nouveau médicament vétérinaire », elle a réduit du même coup l’objet à une seule dimension et sa procédure d’évaluation consista en une simple analyse coûts/bénéfices. Au contraire, en considérant le saumon transgénique sous ses modes de présence multiples, l’évaluation devrait reconsidérer la place des acteurs légitimes au sein de son processus qui n’est plus seulement celle de consultants ayant instauré et réduit le PoGM à ses seules dimensions scientifiques et techniques.

25Le second enseignement répond à la question posée en introduction : le saumon transgénique peut-il être considéré comme un « objet » ? Une première façon de répondre à cette question consisterait à dire que le poisson, fût-il transgénique, est un être vivant, et qui plus est un animal. Ainsi serait-il difficile de le traiter comme un simple objet technique, ou encore comme une simple « machine à protéine » (Coutellec, 2013) destinée à nourrir la planète, d’autant plus aujourd’hui où la question du bien être animal refait surface. Mais notre recherche, dans la tradition des travaux de Philippe Descola, Michel Callon, Bruno Latour ou plus récemment de John Law, nous encourage plutôt à dissoudre les frontières établies a priori entre les règnes végétal, animal et humain pour observer les différences instaurées dans les discours et les pratiques entre l’objet et l’animal. Nous avons notamment pu voir le saumon transgénique surgir d’abord comme « objet de recherche », puis comme « poisson porteur de risques », puis comme « aliment dangereux » et enfin comme « produit » qui nécessite d’être contrôlé et tracé. S’il s’agit bien à chaque fois du même poisson, celui-ci n’apparaît jamais comme une entité stable et extérieure aux réseaux sociotechniques qui le font advenir (Law, 2012). Son existence problématique est radicale. Le caractère problématique de cet objet « extraordinaire » semble moins relever de l’innovation technique elle-même (bien que cela soit parfois aussi le cas) que des réalités sociales qu’elle vient instaurer et qu’il convenait ainsi de mettre au jour.

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Bibliographie

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Notes

1 http://www.fda.gov/downloads/AnimalVeterinary/DevelopmentApprovalProcess/GeneticEngineering/GeneticallyEngineeredAnimals/UCM333102.pdf, consulté le 30 janvier 2013.

2 Le saumon Atlantique apparaît sur la liste rouge de l’IUCN des espèces menacées depuis 1996 et sa population a chuté de 25% au cours des 25 dernières années.

3 Les recherches sur les poissons transgéniques se font principalement aux Etats-Unis, au Canada, au Japon, en Angleterre et en Chine, pour 70% de toutes les expérimentations (Noisette, 2000).

4 Les medakas sont des poissons originaires des rizières des régions côtières d’Asie du Sud, souvent utilisés en recherche fondamentale comme poisson modèle.

5 Le FWS est l’organisme fédéral des États-Unis dépendant du département de l’intérieur des États-Unis qui s’occupe de la gestion et la préservation de la faune. Le NMFS est quant à lui l’organisme fédéral des États-Unis responsable de l’intendance et de la gestion de ressources marines au sein de la zone économique exclusive des États-Unis et qui évalue et prédit l’état des stocks de poissons, assure la conformité avec les règlements de la pêche et travaille à mettre fin aux pratiques de pêche excessive. L’élevage de ces saumons est en effet envisagé par AquaBounty à l’intérieur et à l’extérieur des Etats-Unis, ainsi que dans les zones de partage des eaux côtières telles que la baie de Fundy américaine et les frontières canadiennes. Or, comme pour tous les saumons de l’Atlantique, ces lieux d’élevage sont soumis à l’approbation par le FWS et le NMFS, et ce en raison des risques de contamination des espèces sauvages. Notons que plusieurs faits marquants récents sont à l’origine, entre autres, de ces mesures : en 1997, 500000 saumons s’échappent des piscicultures norvégiennes ; en 1999, 115000 saumons de l’Atlantique se sont échappés des eaux de l’Etat de Washington et, en 2000, 300000 dans les eaux de l’Etat du Maine.

6 L’ensemble de cette section reprend la synthèse du programme DOGMATIS rédigée par Léo Coutellec, philosophe des sciences (Coutellec, 2011).

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Pour citer cet article

Référence papier

Sandrine Barrey, « Les modes de présence du saumon transgénique AquAdvantage Salmon® dans la tentative de construction de son marché »Sciences de la société, 87 | 2012, 98-113.

Référence électronique

Sandrine Barrey, « Les modes de présence du saumon transgénique AquAdvantage Salmon® dans la tentative de construction de son marché »Sciences de la société [En ligne], 87 | 2012, mis en ligne le 01 avril 2013, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/1558 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.1558

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Auteur

Sandrine Barrey

Maître de conférences en Sociologie (Université de Toulouse 2) et membre du certop (umr cnrs 5044).
barrey@univ-tlse2.fr

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