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Arguments

Sur l’anglais dans l’enseignement supérieur et la recherche

Myriam Monla
p. 189-194

Texte intégral

En vérité, il ne suffit pas de dire Vive le multiple, bien que ce cri soit difficile à pousser. Aucune habileté typographique, lexicale ou même syntaxique ne suffira à le faire entendre. Le multiple, il faut le faire. (Deleuze, Guattari, Mille Plateaux)

Loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche
Article 1
L’article L.111-5 du code de l’éducation est complété par un alinéa ainsi rédigé: « l’état est le garant de l’égalité devant le service public de l’enseignement supérieur sur l’ensemble du territoire. »
Article 2

« La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés est le Français. Des exceptions peuvent être envisagées… ».

1Au début, il y a l’article 1 de la loi de juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche. Suit l’article 2 – forcément. Autorité de l’état sur l’ensemble du territoire d’abord ; exceptions ensuite ; la texture de la loi semble percée de trous noirs… « La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés est le Français. Des exceptions peuvent être envisagées. »

  • 1 « Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées : Grecque, sans laquelle c’ (...)
  • 2 L’expression est de Jean-François Lyotard.

2Aliénation de la loi à elle-même? Celle-ci paraît en tout cas frappée d’une étrange incertitude. Garant de l’accès général au savoir et de la souveraineté de la langue nationale, l’état introduit une sorte d’anomalie, un décrochage, dont on ne sait ce qu’ils promettent: lieux du savoir grands ouverts? Dessaisissement de « l’un » au profit du « multiple »? Appel à pratiquer des humanités contemporaines plus foisonnantes encore que celles d’autrefois1? Lorsqu’il faut désigner une exception en particulier, la loi se tait. C’est donc que les voies sont ouvertes? Se peut-il qu’un article de loi invite nos organisations – écoles, universités – à préférer la polyphonie à l’univocité? L’hypothèse est séduisante. Nous aimerions imaginer une espèce de liberté, d’intensité qui nous donnerait à concevoir un enseignement et une recherche transcendés, où l’hétérogénéité – cette heureuse perturbation – rendrait possible l’irruption de nouveaux savoirs et de nouveaux phrasés… Qui sait? Dans les écoles supérieures et à l’université, la violence des échanges en vase clos – discrimination sociale, concurrence, axiomatique – serait alors subjuguée par le concert à ciel ouvert des langues et des savoirs? La Souveraineté du Même, battue en brèche par le moutonnement infini (Foucault, 1966) des langues? Et pourquoi non? Pourquoi ne pas poser comme hypothèse que nos députés fraîchement élus en juillet 2012 ont voté la loi n° 2013-660 afin d’ouvrir – exceptions aidant – l’université polyglotte à la donation du dire2?

  • 3 Tout ce bruit pour rien – pièce de William Shakespeare.

3Oui. Nous aimerions rêver la mondialisation comme une Pentecôte – le don merveilleux de parler couramment les langues étrangères sans en niveler les pointes, les aspérités, les escarpements, les reliefs. Mais nous le savons, nul n’est en capacité de réaliser ce rêve – même les érudits, même les grands marchands, même les évangélistes (puisqu’il est question de Pentecôte), à moins… À moins de parler anglais? Certes. Mais du coup, la série indéfinie des exceptions se rabat sur le singulier… Pentecôte? Polyglottisme? Rhizome? Mais non: bilinguisme – c’est ainsi que tout le monde l’avait compris avant nous, à commencer par nos Académiciens. L’anglais – sans que la loi ait pris le soin de le nommer – est devenu, à côté du français, langue d’enseignement dans les établissements supérieurs. Much Adoe about Nothing3

  • 4 Langue réduite à la communication, langue code, langue vidée de sa respiration, de sa liberté, de s (...)

4Car il y a belle lurette que l’affaire est pliée. Déjà dans les écoles supérieures de commerce ouvertes à l’international, qui n’ont pas attendu la loi 2013 pour pratiquer des cours en anglais, et qui proposent dès à présent des cursus 100% en langue anglaise; pratique encore ânonnante au vu des performances anglophones d’un certain nombre de formateurs et d’étudiants… Mais, bon! L’affaire devrait se régler à coup de formation permanente. La maîtrise de l’anglais est d’ailleurs désormais un critère d’embauche des enseignants et un indicateur de performance. Certes, dira-t-on. L’anglais (la langue des affaires) est pratique pour assurer les échanges et a fortiori les échanges commerciaux. En effet, il n’est pas question de lire Henry James dans le texte ou de chanter en chœur We all live in your Yellow Submarine4.

5Mais en vérité – et ceci nous paraît essentiel – la langue anglaise courante est surtout utile pour donner des ordres.

Speak white and loud […]
oui quelle admirable langue
pour embaucher
donner des ordres
fixer l’heure de la mort à l’ouvrage
et de la pause qui rafraîchit.5

  • 6 La traduction qui, bien ou mal, nous délivre des enclosures langagières. À condition, nous dit Paul (...)

6Nous savons à quoi tient la suprématie d’une langue. Dès le xviie siècle, le français a dominé la scène mondiale avant même d’avoir conquis entièrement le territoire national. Aujourd’hui, la langue de l’Empire, c’est l’anglais. Faut-il faire cohue avec les défenseurs de la francité? Bah! On ne va pas protéger une langue des influences du dehors. Ni craindre qu’elle ne meure de n’être plus langue dominante. Nous sommes aussi anglais et américains puisque nous sommes enfants des livres. Et il y a heureusement dans l’univers des langues, toutes sortes de circulations possibles – à commencer par celles des passeurs de langues et des traducteurs6.

7Non. Encore une fois, dans cette affaire, l’embêtant, ce n’est pas la langue proprement dite, c’est le discours – le mot d’ordre, dirait Deleuze. À quelle(s) loi(s) obéit la loi? A quelle action se rallie-t-elle? Quel speach pour quel act? À quel régime sommes-nous confrontés – celui de l’autorité de l’état ou celui de l’ordre économique libéral? Notre hypothèse, c’est qu’il n’y a aucune opposition entre les deux. Ce qui se joue, c’est l’intégration autoritaire de l’enseignement supérieur dans le libre marché mondial de l’éducation. Il est vrai que le texte de cette dramaturgie a d’abord été écrit en anglais. Nous nous sommes contentés de sous-titrer la version originale…

  • 7 Depuis 2009, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche finance les universités « (...)
  • 8 Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Propos de 2009, cités pa (...)

8Rappelons-nous. En 2007, la loi française ouvrait à la concurrence les universités françaises désormais autonomes – les financements variant selon « les performances » de chacune7. Il y eut des protestations, mais aussi des soupirs de soulagement. Car la mise en concurrence mondiale des universités avait déjà commencé. Depuis trois ans, le Times Higher Education Supplement (thes) publiait son classement annuel des meilleures universités du monde. Cette année-là Harvard, Cambridge et Oxford décrochaient les trois premières places. Nous étions dans la nasse. Classements internationaux: classement du thes, classement de Shanghai, etc. Le premier établissement français – l’Ecole normale supérieure – est en 28e position du classement 2013 de l’agence qs. « [On] a rappelé que le classement de Shanghai était certes critiquable mais que puisqu’on ne pouvait changer les indicateurs dont nous n’étions pas maîtres, il valait mieux les retourner en notre faveur. Lorsqu’ils choisissent leur future université, les étudiants américains, australiens, chinois, indiens regardent ce classement. C’est la mondialisation. On ne peut s’en abstraire et nous devons donc gagner des places. »8.

  • 9 À la fin des années 70, Foucault avait tout dit de la puissance illimitée de l’économie libérale. é(...)

9La main invisible, c’est bien joli – mais à condition que l’état mette la main à la pâte! Le fait-il de son plein gré? En France, ce n’est pas certain. Mais cela change-t-il quelque chose? Quels que soient ses états d’âme, l’état est prié de mettre son autorité au service d’un ordre économique total. Si, en démocratie, cette autorité n’est pas entièrement disqualifiée par le néolibéralisme, c’est que l’état est un passeur d’ordre légitimé par le suffrage universel. Cela ne l’empêche pas d’être constamment sur la brèche; critiqué par son opinion publique, mis en concurrence avec les autres états et pressé par les agences de notation qui se permettent « d’objecter à l’activité de la puissance publique ses abus, ses excès, ses inutilités, ses dépenses pléthoriques » (Foucault, 2004, 252)9.

  • 10 La seule inconnue : quel gouvernement en France va se charger de la besogne ?

10C’est dans ce contexte qu’il faut lire la loi de juillet 2013. Le mot d’ordre, c’est que les écoles supérieures et les universités sont des entreprises comme les autres, régies par des règles budgétaires et managériales similaires. Depuis le début des années 90, les grandes écoles récoltent des dons privés par le biais des fondations. La loi de 1997 permet aux universités de lever des fonds. L’université payante est pour demain10. écoles et universités sont au service des entreprises. La marchandisation de l’éducation est actée.

11Or, si la défense de la langue française a suscité des ralliements improbables et fait couler de l’encre, il n’est pas certain que la marchandisation de l’éducation et des savoirs – dont la langue anglaise standard est le vecteur – produise le même effet. L’éducation coûte cher à tous et ne profite, au final, qu’à quelques-uns. Elle creuse les déficits. Elle justifie indirectement des hausses d’impôts impopulaires. Que l’enseignement supérieur échappe bientôt au domaine public? Ce ne sera ni le premier ni le dernier iceberg à se détacher de la banquise. Qui s’en inquiète? Et d’ailleurs – comme le suggérait Valérie Pécresse – sommes-nous seulement en mesure de résister à un mouvement auquel participent les principaux états de la planète, l’Union européenne et les organisations internationales?

12De plus, tandis que nous assistons au recul global de l’intervention publique dans le domaine de l’éducation, les établissements d’enseignement durcissent leurs discours; ils proposent aux étudiants-clients d’acquérir, de capitaliser des compétences, autrement dit des connaissances procédurales utiles à leur plan de carrière. Une façon de renoncer à l’ambition d’être des lieux d’émergence et de diffusion des savoirs – d’exercer sa pensée critique, de refuser l’esclavage volontaire.

13Que sommes-nous aujourd’hui devenus sinon des entrepreneurs de nous-mêmes? « Dans le néolibéralisme – et il ne s’en cache pas, il le proclame –, […] l’homo œconomicus, ce n’est pas du tout un partenaire de l’échange. L’homo œconomicus, c’est un entrepreneur de lui-même. Et cette chose est si vraie que, pratiquement, ça va être l’enjeu de toutes les analyses que font les néolibéraux que de substituer, à chaque instant, à l’homo œconomicus partenaire de l’échange, un homo œconomicus entrepreneur de lui-même, étant à lui-même son propre capital, étant pour lui-même son propre producteur, étant pour lui-même la source de ses revenus » (Foucault, 2004, 232).

14La pratique de la langue anglaise (il ne s’agit pas d’enseignement des langues) – ou de ce qu’il en reste quand la globalisation s’en empare et la vide de l’intérieur – appartient donc à la boîte à outils de l’étudiant entrepreneur. Cet étudiant est apparemment un nomade. Indien, Chinois, Africain, Moyen-Oriental, Latino-Américain et Nord-Américain, Européen: flux continus de particules disparates, flux de nomades qui pourraient porter en eux un potentiel inouï. Mais flux de particules courant sur une voie unique et fortement balisée – langue unique, planification professionnelle du projet de vie, reproduction du même, mise aux normes. La synthèse en final, c’est l’homo œconomicus sériel. C’est ainsi que la disparité initiale retombe en amas statistique (Deleuze, Guattari, 1980, 425).

  • 11 Expression de Deleuze, bien sûr !

15Nous avions parlé trop vite de nomadisme… Il s’agit seulement de se déplacer pour faire ses courses. Des millions d’étudiants font leur marché sur le plan d’immanence du monde11. S’ils en ont les moyens, ils choisissent les centres commerciaux d’éducation les plus cotés. Dans tous les cas, il s’agit de stratégies de carrière, de production de capital, de spéculation sur un revenu futur – bref d’une activité économique avec soi et pour soi. L’offre pédagogique – mais qu’est-ce que la pédagogie vient faire là-dedans? – est d’autant plus séduisante qu’elle subordonne ses programmes et ses diplômes aux exigences sans cesse réactualisées du marché du travail. En ce sens d’ailleurs, Sisyphe n’est pas loin… En retour, les entreprises sont destinées à financer un enseignement supérieur qui travaille pour leur compte. Depuis que l’éducation publique a été créée, jamais sans doute la question du capital n’a été aussi décisive, ni aussi discriminante.

16Cependant, la mise en ordre – l’assujettissement aux ordres – s’accomplit de manière utilitariste – pragmatique diront les anglo-saxons. Utilitarisme des organisations qui espèrent devenir des unités de production capables de générer des bénéfices; des étudiants qui capitalisent des compétences en vue de dégager des profits futurs; des enseignants-chercheurs dont le conformisme est récompensé par un salaire et des primes; des entreprises qui puisent dans le vivier des écoles et des universités des acteurs compétents, initiés aux stratégies de la gestion de soi.

17Ce modèle a-t-il des chances de survivre – de se développer durablement? Après tout, c’est une question sur laquelle le système lui-même pourrait s’interroger. Il nous arrive de penser que oui. Mais en vérité, le conformisme, la stéréotypie et la mise aux normes des contenus pourraient aussi bien s’achever sur une partition vide, un livre blanc, un gadget obsolescent qui fuirait de toutes parts… Deleuze et Guattari avec leur incroyable optimisme, nous avaient prévenus: il n’y a pas de machine qui ne connaisse des pannes, des fissures, des discontinuités, des effractions, des lignes de fuite sans lesquelles aucune création n’est possible. Certaines naissent d’un rien, on ne sait pas pourquoi. D’autres, doivent être inventées; et nous ne pouvons les inventer qu’en les traçant effectivement dans la vie (Deleuze, Guattari, 1980, 247).

18Au coeur de la grande machine à faire des hommes à la chaîne, dans un univers fait de consensus et de résignation, il peut nous arriver de perdre courage et de nous dire que le conformisme menace. Mais quoi? Il y a tant de voies à tracer, tant de voix dans une langue et tant de lignes à écrire…

  • 12 Refuser l’autre joue. Jeter la pierre. Car ne jamais le faire, ne jamais se détourner de l’être obé (...)

To refuse the other cheek. To cast the stone.
Not to do so some time, not to break with
The obedient one you hurt yourself into
Is to fail the hurt, the self, the ingrown rule.12

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Bibliographie

Deleuze G., Guattari F., 1980, Mille Plateaux, Les éditions de Minuit.

Foucault M., 1966, Les mots et les choses, Gallimard.

Foucault M., 2004, Naissance de la biopolitique. Cours au collège de France 1978-1979, Gallimard.

Heaney S., 2005, L’étrange et le connu, Gallimard, éd. bilingue.

Ricœur P., 2004, Sur la traduction, Bayard.

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Notes

1 « Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées : Grecque, sans laquelle c’est honte que une personne se die sçavant, Hébraïcque, Caldaïcque, Latine ; les impressions tant elegantes et correctes en usance, qui ont esté inventées de mon eage par inspiration divine, comme à contrefil l’artillerie par suggestion diabolicque. » (François Rabelais, 1532, « Comment Pantagruel, estant à Paris, receut letres de son pere Gargantua, et la copie d’icelles », Pantagruel, chap. viii, La Sirène, éd. 1920, 65).

2 L’expression est de Jean-François Lyotard.

3 Tout ce bruit pour rien – pièce de William Shakespeare.

4 Langue réduite à la communication, langue code, langue vidée de sa respiration, de sa liberté, de son logos, sans dia-logos – ou presque –, langue d’abeilles butineuses…

5 Chanson de Michèle Lalonde, citée par Deleuze et Guattari (1980, 128), <http://www.ph-ludwigsburg.de/html/2b-frnz-s-01/overmann/baf4/quebec/poemes/SpeakWhite.html>.

6 La traduction qui, bien ou mal, nous délivre des enclosures langagières. À condition, nous dit Paul Ricœur, de faire le deuil de la traduction absolue (Ricœur, 2004, 42).

7 Depuis 2009, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche finance les universités « selon les besoins et les performances ».

8 Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Propos de 2009, cités par AgoraVox – Le média citoyen.

9 À la fin des années 70, Foucault avait tout dit de la puissance illimitée de l’économie libérale. étions-nous trop « remontés » contre le centralisme d’état pour bien l’entendre ?

10 La seule inconnue : quel gouvernement en France va se charger de la besogne ?

11 Expression de Deleuze, bien sûr !

12 Refuser l’autre joue. Jeter la pierre. Car ne jamais le faire, ne jamais se détourner de l’être obéissant qu’on est dans la douleur, c’est trahir la douleur, et soi-même, et la règle incarnée » (Heaney, 2005, 51).

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Pour citer cet article

Référence papier

Myriam Monla, « Sur l’anglais dans l’enseignement supérieur et la recherche »Sciences de la société, 91 | 2014, 189-194.

Référence électronique

Myriam Monla, « Sur l’anglais dans l’enseignement supérieur et la recherche »Sciences de la société [En ligne], 91 | 2014, mis en ligne le 16 avril 2015, consulté le 11 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/1474 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.1474

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Auteur

Myriam Monla

Enseignante-chercheur en philosophie, Novancia (3 r. Armand-Moisant – cs 81560 – 75731 Paris cedex 15)
mmonla novancia.fr

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