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Des pratiques organisationnelles pour la santé au travail

Usage et mésusage de la rhétorique des addictions en santé au travail

Use and Misuse of Addiction Rhetoric for Occupational Health
Uso y mal uso de la retórica de la adicción a la salud ocupacional
Gladys Lutz

Résumés

Issu de deux recherches en clinique du travail, cet article s’intéresse à la prévention des addictions et notamment au Repérage Précoce et Intervention Brève en santé au travail. Il montre comment la notion d’addiction, les perspectives communicationnelles et médico-gestionnaires associées, enferment les pratiques dans un discours normatif sur l’alcool et les drogues et masquent les fonctions de ces produits dans l’économie productive des professionnels. Pour agir sur les interrelations entre les activités de travail, la santé et les usages de psychotropes, cette étude propose d’ouvrir les pratiques de santé au travail à la clinique du travail et à la réduction des risques.

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Texte intégral

  • 1 inrs, 2013. Pratiques addictives en milieu de travail, principes de prévention, Ed 6147. http://www (...)
  • 2 pst3, 2016. 3ème Plan national Santé au travail, 2016-2020, Ministère du Travail, de l’Emploi, de l (...)

1La prévention dite des addictions ou des conduites addictives se banalise en entreprise. Tel qu’utilisé en milieu professionnel, le terme addiction est un compromis social fort plus qu’un véritable concept scientifique (Lutz, 2015 ; 2016). D’après le sociologue, Nicolas Fortané, ce terme passe « D’un concept médical à une catégorie d’action publique » (2010). Il montre comment l’usage du concept addiction s’est construit dans la durée sous l’influence politique, économique et sociale de multiples acteurs. Il émerge d’abord dans le vocabulaire et les perspectives des soignants, des pouvoirs publics et des représentants patronaux avant de s’insérer dans les entreprises et les syndicats, et d’organiser et conditionner le sens de l’action. Cette dynamique s’inscrit dans l’histoire générale de la prévention décrite par Omrane et Mignot (2018) comme une série de compromis vivants entre des entités, des logiques et des intérêts pluriels. Pour le psychanalyste Gustavo Freda , c’est « Par un forçage épistémique, (qu’) on définit que tout excès est addiction parce que l’on possède au préalable un modèle thérapeutique à proposer. Un modèle imposé par une démarche pseudoscientifique et basé sur la corroboration de la bonne (ou mauvaise) conduite, du bon (ou du mauvais) comportement » (2012, 66). Construites dans cette logique, les manières d’appréhender les usages de psychotropes des travailleurs sont généralement univoques : le système travailleur/substance psychoactive/travail est pensé comme un problème (Maranda, Morissette, 2002 ; Crespin et al., 2017) et agir en responsabilité sur cette question est présenté comme synonyme de production et de respect de normes et de règles. L’action est généralement construite sur trois axes : 1/ transmettre un message sanitaire univoque : les produits psychotropes sont dangereux pour le travail et les travailleurs (« consommer moins c’est mieux », « alcool zéro ») ; 2/ clarifier les pratiques en matière de consommations dans les espaces professionnels et 3/ définir les pratiques de gestion des abus (Demortière, Michaud, Dewost, 2005 ; inrs, 20131 ; pst32, 2016 ; mnt, cg82, anpaa, 2018 ; Avis rse, 2019). Pour Gustavo Freda (2012, 67), « La notion d’addiction est le résultat d’une politique nécessaire pour qu’une thérapeutique de la mesure puisse se mettre en place. On n’est plus centré sur le sujet et son rapport à l’objet — ainsi que la fonction de ce dernier — ; on est dans la comptabilité d’un comportement mesurable. (…) Et, si vous pouvez compter, mesurer, vous pouvez tracer une limite. La limite entre le normal et le pathologique enfin tracée ! » Ainsi utilisé en milieu professionnel, le terme d’addiction ou de conduite addictive, masque deux types de réalités. La première correspond aux professionnels présentant des troubles (médico, psycho ou sociaux) aigus ou chroniques de l’usage de psychotropes ou des troubles du comportement de jeu, de la sexualité ou d’usage des outils connectés. La seconde implique des usages-remèdes (Rosenzweig, 1998) d’ordre professionnel couramment observés et décrits sous l’idée de « dopage au quotidien » (Hautefeuille, 2017) : les consommations de psychotropes (médicaments, alcool, tabac, stupéfiants) liées aux caractéristiques et aux effets du travail. Dans les entreprises, le terme addiction rabat les consommations sur les troubles à l’ordre productif (Crespin et al., 2017) sans ouvrir l’intervention au sens professionnel des recours à l’alcool ou aux drogues (Lutz, 2017).

  • 3 SFA, SNMT, 2013. Dépistage et gestion du mésusage de substances psychoactives (SPA) susceptibles de (...)

2Confiée aux services de santé au travail dans le cadre de leur mission définie par la loi n° 2011-867 du 20 juillet 2011, la prévention de la consommation d’alcool et de drogues sur le lieu de travail s’inscrit dans cette communication individualisante et réductrice. En 2013, la Société française d’alcoologie (sfa) s’associe à la Société française de médecine du travail (sfmt) pour préconiser l’utilisation du « repérage précoce » et de « l’intervention brève », diffusée sous le sigle rpib, en médecine du travail3. Cette recommandation, renforcée par celle de la Haute Autorité Sanitaire (has), est présentée par les addictologues et les pouvoirs publics comme probante face au dénuement déclaré des médecins du travail (Ménard et al., 2011) et à leur refus, pour certains, d’une médecine de surveillance (Lemaitre, 2015). La démarche du rpib (Repérage précoce et intervention brève) autorise et encourage une relation non moraliste entre les travailleurs et l’équipe médicale du travail. Cette technique d’origine médicale et comportementaliste, s’inscrit dans un double mouvement bien documenté par la sociologie (Henry et al., 2008), de migration des principes du management et de la communication vers les pratiques médicales du travail aux dépens des pratiques d’analyse du travail, de socialisation des questions de santé et de prévention organisationnelle. La gestion subvertit la prévention qui est moins l’observation et la connaissance de la situation de travail du point de vue des opérateurs, qu’une évaluation de ces derniers au regard des normes (Boussard, 2008 ; Davezies, 2012). Plus que tout autre comportement, les usages d’alcool et de drogues des professionnels, configurés autour de l’idée-force d’addiction, rentrent dans la logique de la déviance individuelle ou de la maladie. Pour Romeyer et Moktefi, « la communication de prévention lorgne du côté de la communication scientifique en ce qu’elle s’emploie à informer le public sur l’importance d’adopter un comportement sain recommandé a priori » (2013, 35-36). La méthode du rpib préconisée par la Société Française de Médecine du Travail et la has procède de cette équation. Elle s’inscrit comme action de santé et de sécurité au travail, mais en rendant peu compte de ses caractéristiques sous-jacentes, des enjeux économiques, politiques, scientifiques et sociaux qu’elle porte (Romeyer, Moktefi, 2013). Le rpib encourage la fin du tabou sur les consommations de psychotropes, licites ou non, des professionnels tout en évitant d’en décrire et d’en connaître finement les modalités, les effets et les logiques professionnelles en jeu (Lemaitre, 2015).

Méthodologie

  • 4 Projet Prevdrog-pro, convention MILDECA, Centre de recherche sur le travail et le développement (CR (...)

3Notre propos s’appuie sur deux recherches4, conduites dans le prolongement l’une de l’autre, autour de deux questions complémentaires : les usages de psychotropes des professionnels, d’une part, les modèles et les pratiques de prévention, d’autre part.

4La première étude (projet Prevdrog-pro, convention mildeca) s’est déroulée au Centre de recherche sur le travail et le développement (crtd) du Cnam entre 2012 et 2015. La seconde (projet suripi, convention anses) se déroule depuis 2017 au Centre de sociologie des organisations (cso) de Sciences Po Paris. Dans ces travaux, nous articulons deux méthodes complémentaires : une revue de littérature et une recherche clinique.

  • 5 AVIS de la Plateforme RSE, 2019. Engagement des entreprises pour la prévention des conduites addict (...)
  • 6 MILDT, 2006. Conduites addictives et milieu professionnel, Rapport au Premier Ministre, Plan de lut (...)
  • 7 MILDT et DGT, 2012. Repères pour une politique de prévention des risques liés à la consommation de (...)
  • 8 MNT, CDG82, ANPAA, 2018. Consommations de substances psychoactives dans les collectivités territori (...)

5Dans un premier temps, notre revue de littérature s’est intéressée à l’ensemble des études et interventions, françaises et internationales, traitant directement ou indirectement de la question « alcool, drogues et travail ». Au cours de cette investigation, nous avons constaté l’existence de deux grands types de production écrite : 1/ des articles et ouvrages académiques (écrits scientifiques), 2/ de très nombreux rapports et supports de communication (généralement issus des rapports) produits par le milieu institutionnel (État, organismes paritaires et grandes associations délégatrices de service public : inrs, mildeca, dgt, dgs). Nous en avons répertorié plus de soixante-dix (publiés entre 2000 et 2019). Nous en avons étudié 25, repérés comme représentatifs de l’existant, nombre de supports se ressemblant étroitement (déclinaisons régionales ou locales de supports de communication existants). La dernière grande publication institutionnelle étudiée (Avis de la Plateforme du rse) date de janvier 20195. Leur point commun, outre d’être des outils pour l’action politique et technique, est de construire une problématisation de type « usages d’alcool et de drogues (pratiques addictives) = risques au travail » (Reynaud et al., 1999, Reynaud et al., 2002 ; Mildt 20066 ; Mildt/ dgt 20127 ; inrs 2013). Nous l’avons souligné en introduction, la question qui s’impose est largement univoque : le système travailleur/substance psychoactive/travail est un problème (Maranda, Morissette, 2002) et la prévention est du côté des normes et des experts producteurs et garants de celles-ci. Il s’agit de « prévenir les risques liés aux consommations de substances psychoactives des professionnels » (mnt, cg82, anpaa, 20188).

6Pour ce qui est des travaux scientifiques, nous avons étudié plus de 500 références épidémiologiques, pharmacologiques, biomédicales et juridiques (largement référencées dans les rapports institutionnels). Nous les avons complétées par des éclairages en anthropologie, sociologie, ethnologie, psychologie du travail, ergonomie, communication, psychosociologie et psychodynamique du travail (absents des bibliographies institutionnelles). Dans ce registre des sciences humaines et sociales (shs) et des sciences du travail humain (sth), nous avons étudié autour de 700 articles et ouvrages. Leur point commun est de donner à voir les psychotropes comme des produits ambivalents, des constructions sociales, des rites symboliques incontournables, des ressources, des remèdes au moins autant que des poisons et des risques pour le travail.

7Dans un deuxième temps, notre étude s’inscrit dans la tradition de la clinique du travail. Il s’agit de « maintenir ouverte la question du sens et la possibilité de sa coproduction » (Delory-Momberger, 2012, 11) dans les situations de travail étudiées et avec les acteurs de terrain. Nous avons organisé ce travail en cinq dispositifs complémentaires : 70 entretiens individuels avec des dirigeants, des travailleurs, des médecins du travail et des addictologues, 15 entretiens collectifs de recherche, l’analyse du forum « Drogues et travail » du site internet d’autosupport aux usagers de drogues (<http://www.psychoactifs.org>), des activités participantes de recherche en animant 5 formations « Prévention des addictions » à l’attention de médecins du travail et en animant le groupe de travail « Monde du travail » de la Fédération addiction (Lutz, 2018). La plus grande partie du travail de terrain et de la revue de littérature s’est déroulée dans le cadre du projet Prevdrog-Pro. Dans le projet Suripi, nous avons plus particulièrement étudié des travaux sur la prévention et la surveillance des risques professionnels et conduit 7 entretiens et 13 observations avec des médecins du travail, des préventeurs, des addictologues et le groupe de travail « Monde du travail » de la Fédération addiction.

8L’animation de tous les entretiens et des activités participantes de recherche est centrée sur la description et l’analyse des pratiques professionnelles de nos interlocuteurs notamment en ce qui concerne leurs usages de psychotropes et leurs activités vis-à-vis des consommations de leur entourage ou leurs patients professionnels. Cette observation mobilise les outils de l’étude de cas, des incidents critiques, du récit de vie, des traces de l’activité (rapports, plaquettes d’information, supports pédagogiques, etc.). Il s’agit de favoriser la réflexivité sur l’activité (de consommation et de travail), la coactivité et leurs effets. Nous avons analysé manuellement les retranscriptions de l’ensemble des entretiens et des observations. Ce traitement s’est construit en trois grandes étapes : un premier traitement pour caractériser les usages de psychotropes, les activités de travail et les activités de santé et de prévention des risques des différents acteurs impliqués ; un deuxième pour faire émerger de grandes hypothèses et un troisième pour affiner le traitement de l’ensemble des entretiens et des observations au regard des hypothèses retenues. Nous avons fixé cinq axes d’investigation : 1/ L’usage de psychotropes comme système d’activités de préservation et de reconnaissance de soi ; 2/ Les caractéristiques et le rôle des organisations du travail dans la santé et l’usage de psychotropes des sujets-travaillants ; 3/ Le rôle des psychotropes dans l’activité de travail ; 4/ La prévention réellement conduite (logos et praxis) auprès des professionnels et ses effets ; 5/ Les fonctions et les intérêts de l’approche clinique sur l’activité de travail et l’usage de psychotropes.

Le rpib et ses visées en santé au travail

9L’une des caractéristiques de la prévention des addictions en milieu professionnel est de s’organiser sous forme de plaquettes et de guides institutionnels, régulièrement actualisés sur la forme, mais assez peu sur le fond. Ces supports sont construits sur les grands principes de la communication en prévention et de la gestion : individualisation des responsabilités (Omrane, Mignot, 2018), rationalité, conformité et rentabilité (Boussard, 2008). Ils suivent une trame de questions (« De quoi parle-t-on ? Que dit la loi ? Comment en parler ? Comment agir ? Avec qui ? ») et de réponses plus ou moins ancrées dans le réel. Les supports, même les plus opérationnels (inrs, 2013 ; mnt, cg82, anpaa, 2018), n’invitent à analyser ni les effets des discours et pratiques sur les usages de psychotropes, ni les liens entre le travail et ces consommations, ni le sens des résistances aux messages – résistances notamment montrées par l’évolution globale des usages de psychotropes en population active. Parmi tous les acteurs (dirigeants, salariés, médecins et infirmières, Instances Représentatives du Personnel) ciblés par ces recommandations médico-gestionnaires, nous nous intéressons ici plus particulièrement aux médecins et infirmiers du travail.

  • 9 HAS, 2014. « Outil d’aide au repérage précoce et à l’intervention brève alcool, cannabis, tabac ch (...)

10Depuis 2013, le rpib est présenté par comme un outil de premier ordre pour les équipes médicales du travail. Cette approche, développée à l’origine pour l’alcool (Organisation mondiale de la santé dans les années 1990 ; Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et le programme Boire Moins C’est Mieux, dans les années 2000) est utilisée désormais pour le cannabis9. Elle articule deux modélisations scientifiques complémentaires : une première issue de la médecine et une seconde de la psychologie comportementale. D’une part, l’idée de seuils de risque (ou normes de la modération) qui qualifient des doses, des fréquences et des modalités d’usages limites. Pour l’alcool, les normes ou recommandations dictées par l’oms sont : jusqu’à deux verres standards par jour (verre standard = dose servie en bar) pour une femme et trois verres standards pour un homme ; ne pas consommer dans certains contextes ; ne pas recevoir de plaintes de l’entourage ; ne pas consommer tous les jours. D’autre part, le « modèle transthéorique » de changement des comportements de santé : ce modèle comportementaliste introduit par les psychologues Prochaska et DiClemente à la fin des années 1970 est mobilisé notamment en addictologie.

  • 10 ibid. HAS, 2014

11La méthode rpib opérationnalise ces deux registres de connaissances en deux pratiques complémentaires : 1/ Le repérage précoce qui « concerne la consommation déclarée et repose sur un questionnaire qui évalue le risque encouru du consommateur. L’objectif est de repérer les consommations à risque de dommages, à l’aide de seuils quand ils existent »10. Il articule un auto-questionnaire et un entretien médical ; 2/ L’intervention brève qui est basée sur un « entretien motivationnel » qui repère la motivation du salarié à changer ses consommations préalablement repérées, ou non, et a comme but la diminution des usages.

12L’utilisation du rpib en santé au travail a été validée épidémiologiquement pour contribuer à diminuer les usages d’alcool et orienter vers le soin les personnes en difficultés avérées avec leurs consommations (Huas et coll. 2002 ; Michaud et coll. 2007 ; Demortière, Michaud, Dewost, 2005). Les résultats sont en effet une réduction globale de la consommation et retour à une consommation modérée chez 30 à 50 % des consommateurs à risque (consommation supérieure au seuil de l’oms), diminution moyenne de 1 verre/occasion, une réduction en quantité et en nombre des consommations excessives, un effet durable dans le temps (contrôlé à 4 ans).

13Conçu pour les médecins généralistes et adapté pour les médecins et infirmières du travail, le rpib exige une formation de base d’une à deux journées au minimum. Le cœur de la méthode est l’entretien motivationnel : une démarche communicationnelle non jugeante, centrée sur le sujet interrogé et à visée de transformation d’une de ses conduites personnelles (quand bien même elle est prise dans des dynamiques collectives) à partir de la parole échangée et co-construite. Au cours de l’entretien médico-professionnel, à partir de la lecture partagée des résultats à l’autoquestionnaire de repérage, le médecin ou l’infirmière invite le salarié à décrire ses usages d’alcool ou de cannabis, leurs modalités, leurs effets positifs et négatifs pour lui-même et pour son entourage. Il ou elle provoque et soutient un dialogue semi-directif à visée de réflexivité. Les questions et relances aident le salarié à repérer ses motivations à consommer autant que les difficultés et les éventuels dommages associés. Le dialogue vise à impulser l’envie (qui peut être différée par rapport à l’entretien lui-même) de diminuer ses consommations.

Comment les médecins et infirmières du travail interrogent les usages de psychotropes des professionnels ?

14Au cours de nos recherches, nous avons interrogé les modalités et le sens des activités déployées par les médecins et les infirmières du travail et leurs effets. Largement promu dans le troisième plan national de santé au travail (pst3 2016-2020) et les dernières recommandations officielles (sfa/ sfmt, 2013 ; has, 2014), le rpib se développe timidement : 8 % des médecins se déclaraient formés en 2011 (500 sur 7000) selon l’inpes (seule enquête disponible à ce jour) et seuls 25 % des formés indiquaient le pratiquer (Ménard et al., 2011). Sur nos terrains de recherche et d’intervention, nous avons observé que les Services de Santé au Travail (sst) ont souvent un médecin (ou un binôme médecin/infirmière) formé au rpib. C’est généralement, dans le service, celui qui fait fonction de « référent addiction » et assure officiellement la conformité à la mission de prévention des conduites addictives du sst.

15Nous observons que les activités des médecins en prévention de la consommation d’alcool et de drogues sur le lieu de travail sont très variables. Elles semblent différer en fonction des formations et des perspectives théoriques, explicitées ou non, des médecins. Les professionnels rencontrés nous disent discuter rarement de leurs usages de psychotropes avec leur médecin du travail, surtout si leurs produits sont des stupéfiants. Soit parce qu’il n’y a aucune question de la part des médecins, soit parce qu’elles sont posées de telles manières qu’elles disqualifient d’emblée les consommations et les travailleurs eux-mêmes. Pour ces derniers, certaines questions sont vécues comme empêchant tout dialogue et toute discussion sur leur santé et leur travail réel. Elles ne cherchent pas à décrire et comprendre la situation, l’éventuel sens professionnel des usages de psychotropes, leurs composantes collectives, mais exclusivement à alerter et mettre en conformité les conduites des salariés. Cette situation d’enfermement des activités du sujet sur sa responsabilité individuelle avec peu de recours d’ordre collectif (ni la prévention dans l’établissement ni la médecine en dehors de l’établissement, tous deux inopérants) est bien décrite dans cet échange avec un agent pénitencier.

Q : Au travail, vous n’aviez pas vu le médecin de prévention ?
R : « Non, je n’ai jamais voulu le dire au travail parce que c’est très mal vu par tout le monde et puis expliquer pourquoi on est obligé de boire, les gens ne comprennent pas. »
Q : Vous avez repéré d’autres personnes qui ont une forte consommation d’alcool ?
R : « Oui, il y en a d’autres. »
Q : Ça se passe de la même façon pour les autres, rien n’est dit ?
R : « Rien n’est dit et rien n’est fait non plus. Ils font beaucoup de prévention, mais ça ne fait pas grand chose. »
Q : Ça prend quelle forme la prévention ?
R : « C’est des affiches, des notes de service qui rappelle que l’alcool est interdit sur le lieu de travail. Sur les services de nuit, des fois il y a la direction qui vérifie ce qu’il y a dans la salle. Sur le lieu de travail, on ne peut pas dire que ça ne porte pas ses fruits, mais c’est plus la sanction. Si on est pris à boire un verre au travail, c’est la porte. »
Q : Vous n’avez pas envisagé d’aller voir le médecin de prévention pour qu’il y ait une prise en compte de votre situation actuelle ?
R : « Moi, le rapport alcool-travail, je préfère pas en parler, même si avec le médecin, on dit qu’il y a le secret médical. Ici (centre de soins spécialisés nda), avec les médecins, avec vous, oui, mais au travail, non. J’ai deux, trois bons collègues de travail qui savent, mais c’est tout. Maintenant tout le monde se doute, mais je ne veux pas en parler avec eux. »
Q : Parce que le ou la médecin qui est au travail, vous ne le considérez pas comme un allié ?
R : « C’est délicat, je ne le connais pas. La visite du travail, c’est une fois par an. Je dois la voir une fois tous les cinq ans et la visite, elle demande si ça va, elle prend la tension et basta. Je vous dis, je peux appeler demain pour savoir comment va se passer mon retour, mais il n’y aura rien. Les syndicats non plus. Et même par rapport aux autres, il y en a qui font très bien leur travail et moi, parce que j’ai bu, on va me mettre dans un poste plus tranquille. C’est pas logique par rapport aux autres. »

Le rpib permet un dialogue ouvert, mais relègue le collectif

16Sur nos terrains de recherche, les activités des médecins ne se résument pas à ces dénuements et à ces rencontres qui ratent, d’un même coup, l’analyse du travail et des usages d’alcool. Dans un entretien, un médecin du travail décrit une autre dynamique d’entretien et une approche plus ouverte des produits par le biais du rpib :

« Moi, j’en reste au champ de l’écoute neutre, attentive, bienveillante, du conseil qui marche bien dans 50 % des cas sur l’alcool. Il n’y a pas d’études sur le cannabis encore pour prouver que ça marche. Ce sera peut-être plus compliqué tant que ça reste une drogue illicite, mais qui se dit très librement aussi. Après, on va parler des autres produits, il y a intérêt à parler des psychotropes types anxiolytiques, c’est aussi un gros sujet. Quand l’importance est là pour réussir un changement, on a des chances de réussir. Il y a, à la fois le critère de l’importance et le critère de la confiance que l’on a en soi dans sa capacité à réussir un changement. Ce sont les deux grands piliers. »

17Nous observons que le repérage et l’intervention brève créent les conditions d’un dialogue ouvert, bénéfique pour la préservation et la reconnaissance de soi des travailleurs. C’est aussi une approche qui masque le travail. Elle individualise l’analyse du côté du couple sujet-produit et entérine que la discussion doit se construire du côté du privé et de l’individuel :

« La médecine du travail, justement son rôle spécifique, c’est le cadre d’un espace où un homme ou une femme peut se livrer. C’est ce qu’on peut encore offrir de spécifique en France. Parce qu’on va pas se livrer à son RH comme ça ou à son chef. Si ça a du sens avec le travail, on va encore moins se livrer à lui. »

18Ce médecin du travail s’affirme comme un acteur clef pour ouvrir le dialogue sur les tensions du travail et sur les psychotropes. Il expose, plus largement, un certain état de fragilité de la prévention dans les entreprises (Bonnefond, Clot, 2018).

  • 11 Ibid. MILDT, 2010 et INSERM, 2003. Alcool, dommages sociaux, abus et dépendance. Expertise Collecti (...)
  • 12 Ibid. INSERM, 2003.

19Notre étude observe que les activités de type rpib contribuent favorablement à lever le déni sur les consommations d’alcool, de drogues illicites et de médicaments psychotropes11 et améliorent les prescriptions. Elles favorisent par ailleurs l’orientation vers le soin des personnes en difficultés avec l’alcool,12 mais renforcent aussi la méconnaissance des interrelations entre le travail et les consommations. Le rpib occulte les conditions d’usage et les fonctions professionnelles de l’alcool et du cannabis (Lutz, 2017). Celles-ci sont masquées, mais ne disparaissent ni sous l’effet de l’organisation de l’assistance aux malades repérés/désignés du point de vue des normes de santé et de performance, ni sous l’effet du recadrage des rôles, des fonctions et des règlements. Elles s’invisibilisent davantage. Nous observons qu’ainsi gérés, en maladie ou en faute, certains usages n’en restent pas moins des ressources pour l’activité. Les médicaments, l’alcool et les drogues peuvent paradoxalement servir l’adaptabilité, la rentabilité et la fiabilité des travailleurs (Crespin et al., 2017). Le constat est que dans l’état actuel de la prévention, si toutes les normes et objectifs du travail ne peuvent être tenus par les professionnels sans recourir à des psychotropes, les consommations résistent, se transforment et se masquent davantage.

Pour conclure, des articulations à penser

  • 13 Ibid. SFA, SNMT, 2013 et HAS 2014

20Les recommandations sur l’utilisation du rpib en santé au travail13 n’excluent pas la conduite d’un entretien complémentaire qui viserait à analyser le sens professionnel des usages de psychotropes, mais elles n’alertent pas sur les conséquences potentiellement délétères pour les professionnels de s’en affranchir. Si des usages de psychotrope viennent masquer des risques du travail plus grands, supprimer le pharmakon (Rosenzweig, 1998) ne supprime pas les risques sous-jacents voir peut contribuer à des accidents ou des décompensations bien plus graves. Notre recherche, et de nombreuses études compréhensives avant la nôtre (Dejours, Burlot, 1985 ; Karam, 2016), montrent que prendre la question par un biais réducteur ne semble pas la meilleure voie pour connaître ce qui se passe sur ces questions, ni pour agir durablement dessus. L’évolution des chiffres sur les consommations (antalgiques, anxiolytiques, antidépresseurs ; alcool, tabac, cocaïne, cannabis) (Beck et al., 2014) imposent de renouveler la gestion et la prévention dite des addictions en milieu professionnel. En argumentant autour des addictions-excès plutôt que de l’ambivalence des usages (à la fois remède et poison), les pouvoirs publics, les acteurs du champ addictologique et de la santé au travail font l’impasse sur l’identification des processus complexes en jeu. L’entretien motivationnel couplé à une définition individuelle et préétablie du risque pose problème. Le risque ne préexiste pas à la situation de travail, il se construit dans les caractéristiques individuelles et collectives de l’activité et de la performance. Dans le cadre de l’obligation d’évaluation et de prévention des risques professionnels (art. L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail), il s’agit d’ouvrir un dialogue sécurisé pour les salariés, sur les effets, le sens et les enjeux de leurs usages d’alcool et de drogues diverses dans leur couplage avec le travail. Le repérage précoce et l’entretien motivationnel peuvent apporter des améliorations pertinentes en santé au travail, s’ils sont étroitement articulés à l’analyse et à la transformation du travail réel des professionnels. Il s’agit de les adosser non plus à une rationalité chiffrée prédictive ou à des jugements moraux, mais à la clinique du travail. Pour Lhuilier : « La santé n’est pas un état que le travail viendrait altérer, mais un processus orienté par les contraintes et les ressources internes et externes au sujet » (Lhuilier, Clot., 2010, 2). Insolubles dans les concepts de mesure, norme, procédure, risque, maladie ou aptitude, mobilisés par le terme addiction, les notions de contrainte, de ressource et de régulation n’en restent pas moins observables et transformables. Nous voyons ici à quel point, avant toute action corrective, c’est bien la communication sur le travail, la santé et les usages de psychotropes qui est déterminante. Le défi porte sur les perspectives et les outils mobilisés par les discours et l’analyse préalables à l’action (Lhuilier, 2010 ; Bonnefond, Clot, 2018). Ils conditionnent l’édifice de l’action et de ses effets. Il s’agit de quitter les dispositifs (Dodier, Barbot, 2016) fermés sur les pouvoirs toxiques des produits et d’ouvrir les discours et le dialogue sur leurs fonctions et leurs effets réels du point de vue des professionnels et de leur travail (Negura et al., 2012). « Rappelons que là où la science veut s’occuper des addictions en chiffrant ; la clinique du toxicomane s’occupe de chaque sujet en déchiffrant » (Freda, 2012, 68). Cette dynamique rejoint les postures et méthodes de la Réduction des risques (Lalande, 2016a) et de la problématique Santé et travail (Clot, Lhuilier, 2010) et qu’il s’agit de mettre au centre des pratiques de maintien dans l’emploi et de prévention des risques professionnels (Lutz, 2018). Plus largement, « il serait opportun de se demander : ce que les politiques de santé publique font du « savoir de l’expérience » ? » (Omrane, Mignot, 2018), des données propres aux « savoirs profanes » (Lalande, 2016b).

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Bibliographie

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Notes

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2 pst3, 2016. 3ème Plan national Santé au travail, 2016-2020, Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

3 SFA, SNMT, 2013. Dépistage et gestion du mésusage de substances psychoactives (SPA) susceptibles de générer des troubles du comportement en milieu professionnel. Texte court des recommandations :

http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TM%2027

4 Projet Prevdrog-pro, convention MILDECA, Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) du Cnam, 2012/2015 et Projet SURIPI, convention ANSES, Centre de sociologie des organisations (CSO) de Sciences Po, 2017/2020

5 AVIS de la Plateforme RSE, 2019. Engagement des entreprises pour la prévention des conduites addictives (alcool, tabac et stupéfiants), France Stratégie.

https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-rapport-rse-avis-conduites-addictives-janvier-2019_bat.pdf

6 MILDT, 2006. Conduites addictives et milieu professionnel, Rapport au Premier Ministre, Plan de lutte contre les drogues illicites, l’alcool et le tabac 2004-2008.

7 MILDT et DGT, 2012. Repères pour une politique de prévention des risques liés à la consommation de drogues en milieu professionnel, La Documentation Française.

8 MNT, CDG82, ANPAA, 2018. Consommations de substances psychoactives dans les collectivités territoriales : comprendre et agir. https://collectivites.mnt.fr/actualite/risques-professionnels-un-nouveau-guide-methodologique

9 HAS, 2014. « Outil d’aide au repérage précoce et à l’intervention brève alcool, cannabis, tabac chez l’adulte ». https://www.has-sante.fr

10 ibid. HAS, 2014

11 Ibid. MILDT, 2010 et INSERM, 2003. Alcool, dommages sociaux, abus et dépendance. Expertise Collective, Les éditions de l’Inserm, Paris.

12 Ibid. INSERM, 2003.

13 Ibid. SFA, SNMT, 2013 et HAS 2014

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Pour citer cet article

Référence électronique

Gladys Lutz, « Usage et mésusage de la rhétorique des addictions en santé au travail »Sciences de la société [En ligne], 106 | 2020, mis en ligne le 01 décembre 2020, consulté le 11 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/12402 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.12402

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Auteur

Gladys Lutz

Chercheure associée en psychologie du travail - Ergonome
Université de Toulouse Jean Jaurès, certop (umr 5044)
5 Allée Antonio Machado, 31100 Toulouse
gladys.lutz@additra.fr

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