Navigation – Plan du site

AccueilNuméros92Entretien et méthodes visuelles :...

Entretien et méthodes visuelles : une démarche de recherche créative en sciences de l’information et de la communication

Interview and visual methods: a creative research approach in information and communication sciences
Entrevista y métodos visuales : un proceso de investigación creativo en ciencias de la información y de la comunicación
Marie-Julie Catoir-Brisson et Laura Jankeviciute
p. 111-127

Résumés

L’article présente deux expériences d’enquête dans lesquelles les méthodes visuelles ont été croisées avec celles de l’entretien pour étudier les pratiques culturelles des étudiants à l’université et les usages numériques des préadolescents. Nous y abordons la construction de ces objets ainsi que le déroulement de nos enquêtes, notamment la production et le recueil des données visuelles et verbales. L’objectif de l’article est de développer une réflexion méthodologique, en montrant comment les méthodes visuelles renouvellent les techniques de l’enquête en SHS. L’accent est mis sur la relation dynamique entre les images et la parole des participants pendant les entretiens, qui constitue l’originalité de notre démarche. L’analyse réflexive de ces dispositifs méthodologiques dévoile leurs apports et leurs limites. L’implication des participants, les notions de la réflexivité et de la créativité, les contraintes techniques et les spécificités du contrat de recherche, la relation chercheur/participant et les enjeux de médiatisation de la recherche sont aussi développés. L’analyse des matériaux recueillis, dans la lignée des travaux en sémiotique et anthropologie visuelle, est également proposée.

Haut de page

Texte intégral

1Les méthodes d’enquête en sciences humaines et sociales (shs) ne cessent de se renouveler à mesure que les chercheurs se les approprient pour étudier leurs objets spécifiques. Nous présentons dans cet article deux expériences d’enquête en sciences de l’information et de la communication (sic), dans lesquelles nous avons croisé les méthodes visuelles avec celles de l’entretien, pour étudier deux objets : les pratiques culturelles des étudiants à l’université et les usages numériques des préadolescents.

2Nous avons eu recours à des techniques différentes des méthodes visuelles pour étudier nos objets de recherche avec nos publics respectifs : le dessin et le collage avec les préadolescents et la vidéo avec les étudiants de licence. D’un point de vue méthodologique, les questions que soulève l’utilisation des méthodes visuelles dans le cadre de l’entretien sont comparables. De plus, nous avons adopté une posture de recherche similaire pour traiter nos objets de recherche respectifs : elle s’inscrit dans l’anthropologie de la communication, attentive au regard des participants sur leurs propres pratiques culturelles et médiatiques. La méthode exploratoire que nous avons élaborée s’inscrit dans la lignée de l’ethnométhodologie et de la recherche participative. Cette méthode a suscité un même questionnement méthodologique qui nous amène à développer un cadre de réflexion commun sur le rôle des méthodes visuelles croisées avec les techniques de l’entretien, dans la démarche globale d’enquête en shs.

3Nous cherchons donc à répondre au questionnement suivant : en quoi les méthodes visuelles peuvent-elles être considérées comme un outil créatif de recherche qui renouvelle les techniques de l’entretien ? Nous développons notre réflexion en trois parties. Tout d’abord, nous expliquons en quoi la construction de nos objets respectifs nous a poussé à développer notre créativité méthodologique, et à mener une recherche avec des images pour réaliser nos enquêtes de terrain. Puis nous développons le déroulement de nos enquêtes, et notamment la phase de production et de recueil des données visuelles et verbales. Nous précisons aussi la relation dynamique entre les images et la parole des participants pendant les entretiens, ce qui constitue l’originalité de notre méthodologie d’enquête. Enfin, nous proposons d’analyser de manière réflexive notre dispositif méthodologique, en dégageant les apports et les limites. La problématique de la créativité est abordée à deux niveaux : celui du participant et celui du chercheur. Nous expliquons comment ces méthodes transforment la relation chercheur/participant et soulèvent un enjeu de médiatisation de la recherche, avant de proposer de développer l’analyse des matériaux recueillis dans la lignée des travaux en sémiotique et anthropologie visuelle.

Croiser les méthodes visuelles avec celles de l’entretien pour saisir la complexité des objets étudiés

La créativité méthodologique au service d’un besoin de recherche

4Nos choix méthodologiques s’inscrivent dans le prolongement de notre implication sur nos terrains de recherche respectifs. Notre démarche anthropologique visait à faire participer les acteurs sociaux à la production de discours sur leurs propres pratiques, et à impliquer les participants dans la réalisation d’un visuel qui sert de support dans les entretiens. Dans le Guide de l’enquête de terrain, Stéphane Béaud et Florence Weber soulignent l’intérêt de se « constituer des sources créatives » (Béaud et Weber, 2010, 70) en sollicitant les participants à la recherche. Pour ce faire, ils conseillent de fabriquer des données ethnographiques sur le terrain en mobilisant toute source qui peut permettre de saisir, dans une démarche compréhensive, l’univers des représentations et des pratiques des participants. « Les sources sont d’autant plus pertinentes pour la recherche qu’elles sont proches de la pratiques des enquêtés, peu travaillées ou déformées par des intermédiaires culturels qui s’en emparent » (Béaud et Weber, 2010, 70). C’est pourquoi nous voulions nous appuyer sur la créativité visuelle des participants pour qu’ils s’expriment sur le sujet par un autre moyen que la parole, avant les entretiens. Ces visuels produits par les participants ont aussi facilité leur parole pendant les entretiens, par rapport à des formes d’entretiens plus classiques. L’analyse des données produites a été opérée à la fois par le chercheur et les participants.

5Notre conception méthodologique est basée sur les méthodes visuelles ou visual methodologies qui ont notamment été développées par Gillian Rose, Marcus Banks, Sarah Pink ou encore John Prosser, dans le contexte anglophone. Nous pouvons distinguer la recherche sur et avec les images. De même, trois sortes d’images peuvent être utilisées dans le processus de recherche : images produites par la société, images produites par le chercheur et images produites par les participants. Dans nos travaux nous avons réalisé nos recherches avec des images produites par les participants. Nous avons utilisé les techniques du drawing et video-elicitation (dessin et vidéo-élicitation) dans lesquelles l’image est utilisée comme outil de discussion et d’incitation à la prise de parole. En croisant les méthodes visuelles avec les techniques de l’entretien, nous avons réalisé une recherche participative dans la lignée de l’ethnométhodologie. Nous cherchions à saisir les représentations et pratiques des participants dans nos contextes de recherche respectifs. C’est pourquoi nos entretiens sont « centrés d’une part sur les conceptions des acteurs et d’autre part sur les descriptions des pratiques » (Blanchet et Gotman, 2010, 30). Une fois le cadre théorique de nos enquêtes explicité, nous pouvons préciser comment la construction de nos objets a orienté nos choix méthodologiques dans nos enquêtes respectives.

Deux enquêtes de terrain – drawing et vidéo-élicitation – pour étudier les pratiques numériques et culturelles des publics jeunes 

  • 1 Pascal Plantard et Marianne Trainoir relèvent le fait que l’interprétation des traces laissées sur (...)

6Dans la première enquête, nous avons mené une étude dans deux collèges de la ville de Bordeaux durant laquelle nous avons étudié les usages d’Internet des préadolescents. Les collégiens ont créé des dessins et des collages sur un ordinateur portable en papier, ensuite ils les ont commentés. Ce choix méthodologique n’était pas fortuit. Tout d’abord, c’est l’approche anthropologique que nous avons appliquée suite aux tendances 1 dans les Internet Studies en France qui nous a amené à chercher une méthode pour englober les dimensions multiples de notre objet. Nous avons donc cherché à construire une méthode exploratoire, créative et participative pour recueillir les expériences sociales de nos participants pour comprendre comment les jeunes usagers consomment, s’approprient et maîtrisent Internet. Le but était de nous approcher au plus près du public étudié et de l’écouter avec attention. Ensuite, le croisement des méthodes visuelles avec celles de l’entretien s’explique aussi par les caractéristiques de notre public. Pour choisir une méthode adaptée, nous avons mené une pré-étude durant laquelle nous avons appliqué différentes méthodes pour tester leur efficacité. Malheureusement, ces méthodes n’ont pas permis de recueillir des données satisfaisantes pour étudier notre objet. Par exemple, la méthode de rédaction d’un essai n’a pas apporté des données suffisantes pour une analyse approfondie des usages d’Internet : les textes produits par les préadolescents étaient courts, médiocres et répétitifs. De même, en utilisant la méthode d’observation nous avons constaté que les jeunes participants étaient mal à l’aise quand nous les observions par-dessus leur épaule. De plus, nous avons rapidement remarqué que les données recueillies durant l’observation étaient de nature technologique et non pas anthropologique. Nous avons aussi constaté que les préadolescents sont un public particulier. Il faut donc adopter des stratégies méthodologiques qui résonnent avec leurs propres habitudes et préoccupations. Suite à ces observations, nous avons proposé aux préadolescents de réaliser un dessin ou un collage sur un support spécial et de le commenter. Nous avons ainsi récolté 72 productions visuelles créées par les participants, puis nous avons mené des entretiens individuels.

  • 2 Notre méthode s’inspire en partie des travaux du chercheur anglo-saxon Vincent O’Brien, de l’Univer (...)

7Dans l’enquête de terrain sur les pratiques culturelles des étudiants sur le campus, notre besoin de recherche a été suscité par une expérience pédagogique, à l’Université de Bordeaux 3. Nous avons amené des étudiants de licence en sic à réaliser en équipe un plan-séquence vidéo sur une scène de la vie quotidienne à l’université, pour les initier aux techniques de l’image. Les 30 visuels produits par les 150 étudiants, dans le cadre du cours, nous ont interpellé en tant que chercheures, parce qu’ils constituaient des « instantanés » de vie quotidienne captés dans la dynamique de l’image en mouvement. Ces vidéos nous ont donné envie d’en savoir davantage sur le regard que portaient les étudiants sur leurs propres pratiques. Nous avons ainsi développé, au-delà du cours, une recherche sur les pratiques culturelles des étudiants à l’université. Pour développer notre approche anthropologique, il nous a semblé nécessaire de réaliser des entretiens avec les étudiants, pour approfondir leur analyse réflexive de leurs propres productions visuelles. Les méthodes visuelles ont ainsi servi de base aux entretiens, dans la lignée du film-élicitation 2. Cette recherche participative a été réalisée une fois le cours et les évaluations terminés. Nous avons proposé aux étudiants de s’engager volontairement dans le projet de recherche en participant à des entretiens en focus-group. Nous leur avons précisé que la participation à ce projet s’établissait dans le cadre d’un contrat de recherche bien distinct du contrat pédagogique dans lequel nous les avions formés aux techniques de l’image. Nous avons construit notre objet de recherche au fur et à mesure de notre enquête, en relation étroite avec notre terrain. Nous cherchions à appréhender les représentations et pratiques culturelles des étudiants au sein du campus universitaire. La vidéo en séquence et le recours à la narration ont permis aux étudiants de témoigner de leur vie quotidienne, en mobilisant leur créativité visuelle et sonore pour exprimer leur expérience vécue et leurs représentations sur leur propre communauté. Pour expliquer la progression de notre méthode exploratoire, nous développons ci-dessous la manière dont nous avons amené nos participants à produire les données que nous avons mobilisées dans les entretiens.

Production et collecte des données

8Utiliser les méthodes visuelles dans le cadre de l’entretien nous a permis de récolter des données diversifiées, non seulement verbales mais aussi visuelles (dessins, collages, vidéos, entretiens semi-directifs individuels ou en focus-group) qui correspondaient à notre volonté commune de saisir la complexité de nos objets hétérogènes. Cette posture de recherche s’inscrit dans une démarche anthropologique de la communication, basée sur l’analyse et la compréhension nuancée des pratiques et des représentations des participants. Elle vise aussi à saisir pendant les entretiens le tissu de narrations et discours sur ce qu’est l’objet de recherche dans la vie quotidienne des participants. L’intérêt de cette méthode réside aussi dans le fait que les formes d’expression visuelles permettent de visualiser d’autres dimensions de l’objet de manière dynamique. Nous présentons tout d’abord nos techniques de production et de recueil des données, avant de préciser la manière dont nous avons mobilisé les visuels dans les entretiens.

Des techniques de production et de recueil des données basées sur la fonction d’élicitation des images

9Dans le cadre de la recherche sur les usages d’Internet des préadolescents, notre étude s’est déroulée en deux étapes. Tout d’abord, sur l’écran vide de l’ordinateur portable en papier nous avons demandé aux préadolescents de réaliser un dessin ou un collage sur le thème « Mes usages d’Internet ». Les collégiens pouvaient dessiner, écrire, coller des photos, des coupures de magazines et de journaux et d’autres détails, également imprimer des images d’Internet et les coller sur l’écran. Ils étaient libres d’utiliser les techniques qu’ils préféraient. Dans un second temps, nous avons mené les entretiens individuels durant lesquels nous avons laissé la parole aux participants pour expliquer ce qu’ils avaient représenté en image. Les collégiens pouvaient parler de chaque image et construire un récit avec des connexions, des explications, des différences entre les détails de l’ensemble global. Pendant les entretiens, chaque élément dans les réalisations constituait un support, une sollicitation à l’expression verbale. La présentation des éléments visibles dans le dessin/collage, l’attention portée à tel élément, la signification qu’il lui avait donnée et l’organisation qu’il en avait faite, ont permis de révéler leur perception, leur représentation de leur monde et de leur relation avec Internet. De cette manière, nous cherchions à accéder à l’expérience des préadolescents de l’intérieur, c’est-à-dire de leur point de vue.

  • 3 La technique du tourné-monté vise à tourner les plans d’un film dans l’ordre chronologique, en une (...)

10La recherche sur les pratiques culturelles des étudiants à l’université s’est également déroulée en deux étapes qui correspondent à deux phases progressives de la récolte de données sur le terrain. Tout d’abord, dans le cadre du projet pédagogique, nous avons amené les étudiants à utiliser la vidéo comme un outil de recherche en anthropologie de la communication. Les étudiants ont réalisé de manière collective un court-métrage en tourné-monté 3 représentant un rite ou un « moment vécu » de leur vie d’étudiant sur le campus. Eu égard à notre perspective anthropologique, l’utilisation de la vidéo nous semblait pertinente parce que « la vidéo participative et la photographie ont un potentiel unique pour aider les chercheurs et les communautés à explorer différents aspects de leur vie quotidienne » (O’Brien et al., 2008). Les vidéos réalisées par les étudiants ont particulièrement retenu notre attention parce qu’elles leur permettaient de capter un moment vécu par images en mouvement, en étant attentif à la dimension non verbale de la communication. L’enjeu pour les étudiants était de développer un regard documentaire sur leurs manières de s’approprier le campus, et de trouver les moyens techniques et esthétiques pour l’exprimer. Au-delà du projet pédagogique, nous avons ensuite réalisé, avec des étudiants volontaires, des entretiens en focus group basés sur les courts-métrages qu’ils avaient réalisés. La relation enseignant-étudiant s’est alors transformée en partenariat de recherche entre chercheur et participants. Les vidéos ont donc servi de base à l’échange entre les étudiants, et les entretiens ont porté sur l’articulation entre leurs intentions de réalisation et le sujet de leur film. Là encore, l’objectif était d’accéder à la signification des visuels produits à partir de leurs propres mots.

La relation image/parole pendant les entretiens

11Dans nos deux enquêtes, il était nécessaire que les participants fassent l’analyse de leurs propres productions visuelles pour aller au bout de notre démarche anthropologique. Il s’agissait d’une part, d’amener nos participants à dégager des tendances dans leur relation à l’objet étudié, et d’autre part, à relever des détails dans les visuels qui faisaient sens pour eux, au regard de leurs pratiques culturelles et numériques. Parce que l’image est multidimensionnelle, nous avons amené les participants à préciser la signification des visuels produits au regard de leur expérience. Pendant les entretiens, nous n’avons pas appliqué un guide d’entretien stable et linéaire, mais ce sont les réactions des participants sur leurs propres visuels qui guidaient l’entretien. Il était donc important d’être à l’écoute de leur parole, pour capter les détails signifiants dans les images. L’enjeu des entretiens était donc d’exploiter les visuels pour saisir le lien entre leurs visuels et ce qu’ils voulaient dire sur l’objet étudié. Selon R. Arnheim, « chaque image est une déclaration. L’image ne représente pas l’objet mais un ensemble de propositions sur l’objet lui-même » (Arnheim, 1969, 308) que nous cherchions à cerner. C’est pourquoi dans le cas des entretiens individuels avec les préadolescents, nous avons utilisé les techniques classiques de relance (Blanchet et Gotman, 2007, 83-88) pour amener les participants à analyser les visuels produits durant l’entretien. Nous avons développé des interventions de trois types (réitération, déclaration et interrogation) qui nous ont permis de demander aux participants de synthétiser, reformuler, préciser, développer des représentations et des expériences liées aux pratiques numériques et culturelles.

12Dans le cas des entretiens en focus group, la dynamique de la parole provenait aussi des échanges entre les participants, qui rebondissaient sur les propos des uns et des autres pour étayer leur point de vue et expérience vécue. Le rôle du chercheur était de veiller à la bonne répartition de la prise de parole, et de recadrer la discussion si nécessaire. Les interventions du chercheur dans la dynamique de la parole collective visaient aussi à « renvoyer ce qui est dit à tous les participants pour les amener à découvrir ensemble, les liens ou les différences pouvant exister entre leurs interventions et à les commenter » (Duchesne, Haegel, 2008, 65). Dans les deux cas, nous avons laissé aux participants la part essentielle de la construction discursive, tout en les guidant dans leur prise de parole pour qu’elle soit éclairante au regard de nos questionnements.

13Dans l’enquête sur les usages d’Internet, les images accompagnées par l’explication des collégiens nous ont permis de distinguer les grandes tendances dans les usages d’Internet (communication, divertissement, recherche d’information, achats en ligne etc.). Voici comment une préadolescente explique sa réalisation (figure 1) : « Dans mon image j’ai essayé de mettre tout ce dont je me sers sur Internet. Ça c’est zara.fr parce qu’on peut acheter en ligne. Avec ma mère on achète, et y a souvent des réductions donc c’est moins cher. […] Là, j’ai représenté un dictionnaire. C’est pour mes devoirs d’anglais. […] Ensuite, c’est YouTube. C’est incontournable, ça permet de découvrir de nouveaux sons. Après j’ai mis Facebook. En fait je l’ai pas mais j’invite souvent Margot, une amie, chez moi et on regarde de son compte. Et Replay, c’est pour les séries télévisées. » Ensuite, les explications des images nous ont aidées à nuancer les dimensions importantes de notre objet. Déjà, dans un premier exemple, nous découvrons que la participante n’a pas son compte sur Facebook : elle s’y connecte et surfe avec son amie. Cet exemple soulève l’importance de la parole qui accompagne la réalisation visuelle. L’autre exemple fournit une caractéristique intéressante de la culture numérique des préadolescents (figure 2) : « Sur mon dessin on voit mes usages mais aussi des usages des jeunes d’aujourd’hui. […] Là, j’ai mis 100 000 amis sur Facebook et aucun dans la vie parce qu’aujourd’hui il y a des jeunes qui passent tellement de temps sur Internet. Ils s’y font plein d’amis mais ils ne les connaissent pas forcement. En réalité ils sont seuls et souvent tristes. »

Figure 1 - Usages d’Internet : exemple « 1 » de dessin réalisé par les préadolescents

Figure 1 - Usages d’Internet : exemple « 1 » de dessin réalisé par les préadolescents

Figure 2 - Usages d’Internet : exemple « 2 » de dessin réalisé par les préadolescents

Figure 2 - Usages d’Internet : exemple « 2 » de dessin réalisé par les préadolescents
  • 4 CM TimProd « Le temps » : http://webtv.u-bordeaux3.fr/sciences/tourne-monte-l3-isic-2011-2012-timpr (...)

14Dans l’enquête sur les pratiques culturelles des étudiants sur le campus, les étudiants devaient identifier celles qui leur semblaient récurrentes et partagées par tous, pendant les entretiens. Ils ont dégagé deux grandes tendances dans leur manière d’expérimenter le campus universitaire au quotidien. Ce lieu est vécu par les étudiants soit comme un espace de rencontres (amicales, amoureuses et de travail), soit comme un lieu de solitude. Deux courts-métrages 4 ont particulièrement retenu l’attention des participants aux entretiens. Ils les évoquent à plusieurs reprises dans leurs échanges. Le premier représente l’évolution d’une relation entre deux étudiants « au travers de l’évolution d’un check », signe distinctif pour saluer un ami (figure 3). Les étudiants soulignent le « plaisir à faire et à inventer » ce geste ritualisé pour montrer qu’une « simple connaissance peut devenir un ami ». Ils explicitent ainsi leur choix de mise en scène : « C’est l’idée du début du film : on se dit bonjour et on repart chacun de notre côté. Et c’est qu’à la fin qu’on se dit bonjour et qu’on repart du même côté. » Ce détail était donc signifiant au regard de ce qu’ils voulaient exprimer. De même, l’analyse du court-métrage sur la solitude par les participants a permis de révéler un détail signifiant. Les étudiants relèvent ainsi un attribut de leur personnage : les écouteurs, qui représentent pour eux « le truc de la génération ». Ils précisent ce que signifie pour eux le fait de porter des écouteurs : « être enfermé sur soi, en train de jouer avec le portable ou avec la musique. Ce n’est pas des trucs qui amènent vers les gens mais rester sur soi, sur ce qu’on aime (nos applis, nos jeux) ».

Figure 3 - Signe distinctif de salut entre deux étudiants « amis »

Figure 3 - Signe distinctif de salut entre deux étudiants « amis »

15Ces exemples soulignent la pertinence de l’utilisation de la parole en complément des images produites. Les entretiens permettent ainsi de révéler des détails signifiants dans les visuels, et donc d’approfondir l’analyse de l’expérience de l’objet étudié par les participants.

Analyse réflexive de notre dispositif méthodologique

L’implication et la prise de parole facilitée par l’image

16Nous pouvons distinguer les différents apports des méthodes visuelles dans l’entretien. Tout d’abord, la proposition de création des visuels a suscité l’intérêt et l’enthousiasme des participants qui se sont impliqués dans nos recherches. Cette implication s’explique par le fait que les méthodes visuelles offrent la possibilité aux participants de s’exprimer à partir de plusieurs matériaux qu’ils peuvent mobiliser de manière libre. Par exemple, dans l’enquête sur les usages d’Internet, certains préadolescents ont réalisé les dessins au crayon ou au feutre et d’autres ont préféré la technique du collage de formes déjà existantes. Dans l’enquête sur les pratiques culturelles sur le campus, certains étudiants ont réalisé des vidéos proches du genre documentaire, et d’autres ont fait le choix d’une séquence fictionnalisée. Les étudiants ont aussi souligné leur intérêt pour la dynamique de travail en groupe, et le fait de se voir confier des responsabilités liées à leur rôle dans la création collective.

  • 5 Nous définissons la mémoire intermédiale, comme « un stock d’images et de sons constitués par la co (...)

17Ces visuels auto-créés (self-representation) ont également permis aux participants de s’exprimer plus facilement sur leurs pratiques. En ce sens, la création d’un visuel remplit la fonction d’élicitation, et permet d’approfondir les entretiens qualitatifs. En outre, dans les vidéos, les étudiants ont particulièrement apprécié le fait de pouvoir ajouter une musique aux images en mouvement. Pendant les entretiens, ils ont souligné le fait que les musiques choisies constituent une culture partagée qui rend compte de l’esprit du temps du monde contemporain. Ainsi, l’univers sonore est aussi signifiant. Les musiques utilisées par les étudiants renvoient à d’autres images médiatiques (publicités, fictions cinématographiques) que les étudiants connaissent et reconnaissent parce qu’elles constituent une mémoire intermédiale 5 propre à leur époque. De même, les détails que les participants ont relevés dans leurs visuels ont permis de développer de nouvelles pistes de recherche.

Réflexivité et créativité du participant et du chercheur

  • 6 Christine Rosen emprunte cette expression à l’historien Hans Belting pour désigner la façon dont le (...)

18La créativité et la réflexivité du participant sont sollicitées à plusieurs étapes de l’enquête. Tout d’abord, avant l’entretien, puisqu’il doit créer un visuel signifiant pour répondre à la demande du chercheur. Nous avons d’ailleurs remarqué que les publics jeunes de nos deux enquêtes étaient particulièrement sensibles à cette forme d’expression visuelle. D’autant qu’ils baignent dans une culture visuelle numérique qu’ils produisent aussi au quotidien. C’est ce que Christine Rosen qualifie d’« anthropologie picturale » (Rosen, 2007, 15) 6. Ensuite, pendant les entretiens, les participants doivent développer une analyse réflexive sur leurs créations visuelles, notamment en donnant du sens à leurs choix esthétiques. Par exemple, ils devaient expliquer l’assemblage des différents éléments composant les dessins et collages, le choix du point de vue de la caméra, la mise en scène corporelle et gestuelle, ou encore le choix de la musique associée aux images en mouvement. L’apport de cette méthode de recherche participative est donc de permettre une analyse de l’expérience vécue par les participants, en exploitant les possibilités d’expression du mode visuel.

19Du coté du chercheur, la créativité s’exprime à différentes phases de la recherche. Avant d’aller sur le terrain, nous avons développé notre créativité méthodologique pour concevoir un dispositif adapté à notre objet de recherche et à nos publics, à la croisée de plusieurs méthodes et techniques de recherche. Pendant les entretiens, il était parfois nécessaire de s’adapter aux participants pour créer une forme d’entretien souple en fonction de leurs réactions. Il était important de guider les entretiens de manière à ce que la parole des participants soit signifiante par rapport aux objets de recherche. Mais dans une démarche compréhensive, il était aussi primordial d’être attentif aux mots des participants pour décrire et expliquer les situations et expériences représentées dans les visuels. Ainsi, dans ce type d’entretien, « la meilleure question n’est pas donnée par la grille : elle est à trouver à partir de ce qui vient d’être dit par l’informateur » (Kaufmann, 2011, 48). Enfin, après les entretiens, les matériaux hétérogènes de nos corpus respectifs ont suscité de nouvelles interrogations sur les modalités de recueil des données, ainsi qu’une analyse réflexive sur nos outils méthodologiques. Nous avons dû développer notre créativité méthodologique pour analyser les matériaux recueillis en gardant la relation dynamique entre les visuels produits et la parole des participants.

Contraintes techniques et contrat de recherche

20La méthode participative que nous avons mise en place nécessite un investissement important d’un point de vue organisationnel et temporel. Dès lors que le dispositif requiert un matériel spécifique, le chercheur doit aussi avoir des compétences techniques pour en maîtriser l’utilisation. Par exemple, pour recueillir les vidéos des étudiants, il a fallu les digitaliser sur un ordinateur au fur et à mesure de leur création. Cette méthode de recherche fait également appel à un engagement considérable de la part du chercheur comme du participant. Cela implique de bien définir la démarche de recherche et les attentes du chercheur auprès des participants avant et pendant l’enquête. Il faut ainsi que le chercheur veille à ce que les visuels soient réalisés avec rigueur, et que les participants prennent en charge les responsabilités liées à la recherche participative avec sérieux. Cela nous amène à revenir sur le contrat de recherche entre les participants et le chercheur avec ce type de dispositif méthodologique. Il était important dans nos deux enquêtes de rappeler aux participants – dont la caractéristique commune est de constituer un public jeune – les consignes mais aussi leur engagement dans ce dispositif de recherche participative, surtout pendant la phase de création des données. Pour que les visuels produits soient comparables et exploitables dans les entretiens, il a parfois été nécessaire d’imposer aux participants des contraintes importantes (temporelles et techniques). Dans le cas des enquêtes sur les pratiques culturelles des étudiants sur le campus, le développement d’un projet de recherche à partir d’un projet pédagogique a pu constituer un biais dans la relation chercheur/participant. Cependant, l’espacement important dans le temps entre le cours et le projet de recherche, mais aussi l’implication basée sur le volontariat (à la différence du cours) et l’explication claire du contrat de recherche ont permis, selon nous, de réduire la confusion entre le rôle d’enseignant/chercheur et d’étudiant/participant.

La relation chercheur/participant transformée par les méthodes visuelles : enjeux de médiatisation de la recherche

21L’utilisation des méthodes visuelles dans l’enquête transforme la relation participant/chercheur à plusieurs niveaux. Tout d’abord ces méthodes renversent la position entre le chercheur et les participants, en plaçant les participants dans le rôle d’experts de leurs propres réalités, expériences et pratiques. Elles amènent le chercheur à dépasser le cadre linéaire et unilatéral de l’analyse classique des pratiques des populations observées, pour s’orienter vers une relation plus horizontale, davantage centrée sur les participants qui produisent des connaissances. Le participant devient ainsi co-énonciateur et la relation se transforme en une dynamique de co-construction des savoirs. Nous proposons, ci dessous, un schéma (figure 4) pour visualiser cette relation triadique dans laquelle la relation chercheur/participant est médiatisée par la création d’un visuel.

Figure 4 - La relation triadique chercheur-participant-objet visuel

Figure 4 - La relation triadique chercheur-participant-objet visuel

22Ce schéma montre que les images sont au centre de la relation entre le chercheur et le participant. L’insertion des images dans l’entretien offre la possibilité de mener une recherche participative qui crée des situations collaboratives. Enfin, si la relation entre le chercheur et le participant est transformée par ce type de méthode, c’est que la communication est médiatisée par un visuel pendant l’entretien. Ainsi, la communication n’est pas directe mais elle passe toujours par les images produites, ce qui modifie considérablement la conduite de l’entretien au regard de techniques plus classiques. Cet échange médiatisé par l’image permet d’approfondir la discussion sur des éléments non verbalisés, qui apparaissent dans les images. Il revient alors au chercheur de décider comment articuler les images à la parole pendant les entretiens, soit en menant une discussion libre à partir des images, soit en amenant les participants à catégoriser les visuels et à en expliciter la forme. De plus, une fois les entretiens terminés, le chercheur peut se demander s’il est possible d’approfondir l’analyse formelle des productions visuelles des participants avec des outils adaptés.

Prolonger l’analyse des visuels au-delà des entretiens, avec les outils de la sémiotique et de l’anthropologie visuelle

23Précisons tout d’abord qu’il n’existe aucune grille d’analyse pour étudier les visuels produits au regard des entretiens. Pour chacune de nos enquêtes, nous avons donc dû créer nos propres outils d’analyse, en tenant compte à la fois de la variété des visuels, de la parole des participants et de la problématique de nos recherches respectives. L’analyse des productions visuelles par le participant et le chercheur était au centre de notre méthodologie, notamment au cours des entretiens. Dans la lignée des travaux anglo-saxons qui nous ont inspirés, nous avons utilisé nos visuels dans une fonction d’élicitation pendant les entretiens. Au cours de ces derniers, l’analyse formelle des images, guidée par le chercheur, a donc été principalement prise en charge par les participants. Ce dispositif méthodologique constitue déjà un apport, voire un renouvellement des techniques de l’entretien. Il faut cependant préciser que l’analyse du rapport complexe entre ce que les participants produisent visuellement et ce qu’ils en disent nécessiterait de forger des outils nouveaux, pour aller plus loin dans l’analyse du rapport entre le visuel et le verbal. L’analyse des visuels produits par les participants peut donc être prolongée par une analyse sémiotique et anthropologique réalisée par le chercheur, au-delà des entretiens.

24C’est bien à ce niveau de l’analyse, en aval des entretiens, que le chercheur peut développer une créativité méthodologique pour créer une grille d’analyse adaptée, en fonction de ses besoins. Nous pouvons envisager la possibilité d’une analyse sémiotique des images par le chercheur, dans laquelle la parole des participants sur leurs propres visuels servirait de cadre d’interprétation des images. Ce type d’analyse que nous pourrions qualifier de sémiotique visuelle fonctionnelle est encore à développer, tant elle soulève de questions. Tout d’abord, comment considérer les images produites par les participants ? Dans le cadre de nos enquêtes respectives, nous les considérons comme des « images-témoins », dans la mesure où la créativité visuelle des participants est signifiante au regard de leur expérience vécue. Ensuite, comment mener cette analyse sémiotique et avec quels outils méthodologiques ? Nous pourrions procéder à une analyse de la signification, qui consiste à saisir « la relation entre le plan de l’expression et le plan de contenu du texte » (Ablali et Ducard, 2009, 75), en nous appuyant sur le schéma génératif de la signification proposé par A. J. Greimas. Une analyse figurative, narrative puis une analyse du système de valeurs pourrait ainsi être opérée, en vue d’identifier la valeur dominante du visuel, qui correspond à l’expérience vécue de l’objet étudié par les participants. Nous pourrions ensuite développer notre analyse sémiotique dans la lignée des travaux en anthropologie visuelle dans le cas des dessins et audiovisuelle dans le cas des vidéos, en tenant compte du son et du montage, qui ajoutent « une valeur expressive et informative » (Colleyn, 2012, 458) aux productions des participants. Cette approche nous permettrait d’envisager les images « comme objets concrets et comme représentations » (Colleyn, 2012, 458) et d’étudier ainsi « les conditions sociales (économiques, politiques, idéologiques) de leur production » (Colleyn, 2012, 458). Et c’est à partir du relevé des détails signifiants par les participants pendant les entretiens que le chercheur pourrait développer son analyse des visuels produits. Nous envisageons de développer cette méthode d’analyse complémentaire pour nos recherches futures.

25Pour conclure, nous pouvons dire que le croisement des méthodes visuelles avec celles de l’entretien nous a aidé à répondre aux besoins de recherche de nos enquêtes respectives. Cette approche visait à englober les dimensions multiples de nos objets. L’utilisation des méthodes visuelles dans l’entretien nous a offert la possibilité de mener nos recherches du point de vue des participants. Cette méthode de recherche avec les images présente l’avantage de mener des entretiens souples, au-delà d’une grille figée, en suscitant la créativité et la réflexivité du participant et du chercheur. C’est pourquoi les méthodes visuelles peuvent être considérées comme un outil créatif de recherche, qui renouvelle les techniques de l’entretien en développant une approche anthropologique de la communication. Les visuels créés, qui servent de support pour l’entretien, sont envisagés comme une pratique discursive à part entière, complémentaire à la parole. En étant attentif aux détails signifiants relevés par les participants dans les images, le chercheur accède aux représentations des participants de manière plus approfondie qu’avec des techniques d’entretien plus classiques. Nous considérons l’image comme un objet multidimensionnel et dynamique, porteur d’un discours sur la manière dont se représentent les participants. Les méthodes visuelles permettent ainsi de mieux comprendre la façon dont les participants perçoivent l’objet étudié au sein de leur expérience vécue, et à l’intérieur d’une dynamique plus large, englobant les pratiques et interactions sociales.

26L’utilisation des méthodes visuelles dans le cadre de l’entretien nous a amené à repenser le dispositif global de l’enquête en shs et à développer une analyse réflexive sur nos outils méthodologiques. Les méthodes visuelles impliquent fortement le chercheur et le participant et facilitent la parole pendant l’entretien, en plaçant le participant au cœur du dispositif de recherche. L’enjeu pour le chercheur est d’amener le participant à produire du sens, et la relation entre le chercheur et le participant se transforme, parce qu’elle se construit sur l’échange, voire la collaboration. Dans cette perspective, le participant est envisagé comme un expert de sa propre vie et le rôle du chercheur est de guider les participants pour les amener à produire une parole signifiante sur les images. Cela nécessite d’une part la capacité à gérer, traiter et exploiter des matériaux diversifiés en grande quantité, et d’autre part à choisir la manière d’articuler l’image et la parole. De plus, la relation entre le chercheur et le participant devient triadique pendant l’entretien parce que la communication est médiatisée par un visuel. Cette forme d’entretien s’inscrit dans un processus de recherche interactif et dynamique. Enfin, cette réflexion commune sur l’utilisation des méthodes visuelles dans l’enquête en shs nous a amené à envisager la possibilité d’exploiter encore plus les visuels produits au-delà des entretiens, en développant notre analyse avec les outils de la sémiotique et de l’anthropologie visuelle. Cette piste d’analyse permettrait d’approfondir l’enquête qualitative en explorant davantage le discours des images.

Haut de page

Bibliographie

Ablali, D., Ducard, D. (2009). Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques. Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté.

Arnheim, R. (1969). Visual Thinking. Berkeley: University of California Press.

Banks, M. (2001). Visual Methods in Social Research. London: Sage.

Beaud, S., Weber, F. (2003). Guide de l’enquête de terrain. Paris : La Découverte.

Blanchet, A., Gotman, A. (2010). L’entretien. L’enquête et ses méthodes, 2ème édition. Paris : Armand Colin.

Catoir, M.-J. (2011). L’hybridation esthétique et culturelle dans le cinéma mexicain contemporain : approches intermédiale et interculturelle. Thèse en sciences de l’information et de la communication, Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3.

Coulon. A. (2002). L’Éthnométhodologie. Paris : PUF.

Colleyn, J.-P. (1994). Le regard documentaire. Paris : Editions du Centre Pompidou.

Colleyn, J.-P. (2012). Champ et hors champ de l’anthropologie visuelle. L’Homme, n° 203-204, 457-480.

Corcuff, Ph. (2006). Les nouvelles sociologies : Entre le collectif et l’individuel, 2e édition. Paris : Armand Colin.

Duchesne, S., Haegel, F. (2008). L’enquête et ses méthodes. Paris: Armand Colin.

Emmison, M.-J., Smith, P. (2000). Researching the Visual: Images, Objects, Contexts and Interactions in Social and Cultural Inquiry. London: Sage.

Gauntlett, D. (2007). Creative Explorations. New approches to identities and audiences. London : Routledge.

Jankeviciute, L. (2013). Internet et les préadolescents : Quels usages ? Approche visuelle et participative. Thèse en sciences de l’information et de la communication, Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3.

Kauffman, J.-C. (2007). L’entretien compréhensif. Paris, Armand Colin.

Morin, E. (1962). L’esprit du temps. Paris : Grasset-Fasquelle.

O’brien, V., Djusipov, K., Esengulova, N. (2008). Embracing the Everyday: Reflections on using video and photography in health research. [en ligne] http://www.visiblevoice. info/VisibleVoice/Resources_files/OBrienDjusipovEsengulov %20copy.pdf

Papinot, Ch. (2007). Le ‘malentendu productif’. Réflexion sur la photographie comme support d’entretien. Ethnologie française, n° 1, vol. 37, 79-86.

Piault, M.-H. (2008). Anthropologie et Cinéma : Passage à l’image, passage par l’image. Paris: Téraèdre.

Pink, S. (2006). Doing Visual Ethnography. London: Sage, 2ème edition.

Plantard, P., Trainoir, M. (2012). Contribution à l’anthropologie des usages du numérique. In G. Dang Nguyen et P. Créach (éds). Le numérique en sociétés. Paris: L’Harmattan, 175-196.

Proser, J. (éds) (1998). Image-Based Research: A Sourcebook for Qualitative Researchers. London: Routledge.

Rose, G. (2006). Visual Methodologies. London: Sage.

Rosen, Ch. (2007). Virtual Friendship and the New Narcissism. The New Atlantis, [en ligne] http://www.thenewatlantis.com/docLib/TNA17-Rosen.pdf.

Wheeler, J. (2011). Seeing like a citizen: Participatory video and action research for citizen action. In N. Shah & F. Jansen (éds), Digital (Alter)Natives with a Cause? Book 2 – To Think (47 60).http://www.sdclearningandnetworkingblog.admin.ch/uploads/2011/11/J.Wheeler_Participatory_Video.pdf

Haut de page

Notes

1 Pascal Plantard et Marianne Trainoir relèvent le fait que l’interprétation des traces laissées sur Internet et les approches quantitatives sont fréquemment privilégiées au détriment du travail empirique et de l’observation effective des pratiques numériques (Plantard et Trainoir, 2012, 177).

2 Notre méthode s’inspire en partie des travaux du chercheur anglo-saxon Vincent O’Brien, de l’Université de Lancaster, qui a développé une méthode à la croisée de l’anthropologie visuelle et de la recherche-action, qu’il appelle « Collaborative Visual Ethnography ». Les résultats de ces recherches visuelles sont publiés sur le site : www.visiblevoice.info (consulté le 07/06/2013).

3 La technique du tourné-monté vise à tourner les plans d’un film dans l’ordre chronologique, en une seule prise, de manière à éviter la phase de montage. Les étudiants devaient réaliser leurs films en 5 plans, en réfléchissant sur les choix techniques et esthétiques les plus pertinents pour exprimer leur point de vue sur le « moment vécu » représenté.

4 CM TimProd « Le temps » : http://webtv.u-bordeaux3.fr/sciences/tourne-monte-l3-isic-2011-2012-timprod-le-temps (consulté le 07/06/2013). CM Kinostalgie : « Histoire d’une rencontre » http://webtv.u-bordeaux3.fr/etudiants/tourne-monte-l3-isic-2011-2012-kinostalgie-histoire-dune-rencontre (consulté le 07/06/2013).

5 Nous définissons la mémoire intermédiale, comme « un stock d’images et de sons constitués par la consommation de différents médias, que le spectateur pourrait convoquer pendant qu’il visionne un film » (Catoir, 2011, 218).

6 Christine Rosen emprunte cette expression à l’historien Hans Belting pour désigner la façon dont les peintres représentaient les nobles dans les portraits, en soulignant leurs statuts sociaux, leurs professions, leurs passions. Elle transfère ce terme dans le contexte contemporain pour expliquer que la représentation de soi par les internautes d’aujourd’hui est analogue, notamment sur Facebook : les jeunes, comme les peintres d’autrefois, créent leurs portraits numériques à l’aide des différentes fonctionnalités et outils proposés.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 - Usages d’Internet : exemple « 1 » de dessin réalisé par les préadolescents
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1130/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 332k
Titre Figure 2 - Usages d’Internet : exemple « 2 » de dessin réalisé par les préadolescents
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1130/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 324k
Titre Figure 3 - Signe distinctif de salut entre deux étudiants « amis »
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1130/img-3.png
Fichier image/png, 51k
Titre Figure 4 - La relation triadique chercheur-participant-objet visuel
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/1130/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 77k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Marie-Julie Catoir-Brisson et Laura Jankeviciute, « Entretien et méthodes visuelles : une démarche de recherche créative en sciences de l’information et de la communication »Sciences de la société, 92 | 2014, 111-127.

Référence électronique

Marie-Julie Catoir-Brisson et Laura Jankeviciute, « Entretien et méthodes visuelles : une démarche de recherche créative en sciences de l’information et de la communication »Sciences de la société [En ligne], 92 | 2014, mis en ligne le 01 décembre 2014, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/1130 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.1130

Haut de page

Auteurs

Marie-Julie Catoir-Brisson

Docteure en sciences de l’information et de la communication, Université Bordeaux- Montaigne, MICA (EA 4426)
mjcatoir1@gmail.com

Laura Jankeviciute

Docteure en sciences de l’information et de la communication, Université Bordeaux- Montaigne, MICA (EA 4426
laura.jankeviciute@gmail.com

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search