1Léon Trotsky (1938) avait cette formule : « l’Homme est une machine sentimentale mais programmable ». L’emprise technologique présumée ou amurée ne date donc pas d’hier !
2Depuis, le 1er janvier 2017, les entreprises ont le devoir de mettre en place des instruments de régulation de l’outil numérique. Ces dispositifs visent à assurer le respect des temps de repos et de congés ainsi que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et familiale.
3Pour mettre en œuvre ces mesures, la priorité est donnée à la négociation avec les partenaires sociaux. Cette négociation permet de définir les modalités selon lesquelles le salarié pourra exercer son droit à la déconnexion et donc d’établir des règles de bonne conduite correspondant aux besoins des salariés. A défaut d’accord, l’employeur doit mettre en œuvre ce droit.
- 1 Extrait d’une des lettres de « remontrance » au roi Henri iii (31 août 1583) dans laquelle Montaign (...)
4Au-delà de ce que disent les textes, de leur ancrage dans une histoire juridique du fort portant le faible1, notre article se propose d’interroger le parcours de l’informel en pme dans la mise en œuvre de ce droit à la déconnexion.
5En vingt ans d’études sur les pme, pour les acteurs rencontrés, la « pme » fonctionne comme si elle a à contenir (conjuguer) des énergies - entre chaos et créativité. Pour y arriver, les pme étudiées outre les règles formelles (du règlement intérieur à la note de service ; du contrat de travail à l’accord d’entreprise) sont animées par une sorte « l’esprit des lois informelles de la maisonnée ».
6Celui-ci renvoie à la reprise du concept de Montesquieu (1757/ 2013) exprimé dans De l’esprit des lois. Lorsque Montesquieu s’efforce de comprendre ce qu’il appelle « l’esprit des lois » il tente de relier les lois entre elles comme dans un système, puis les rapporte à la structure des sociétés qui, à un moment donné, dans un espace donné, les ont engendrées. En appliquant ce faisant, nous comprenons bien que, pour que des cheminements autres vers du rendre mieux service puissent éclore, les acteurs en pme ont besoin, au-delà de préférences collectives, de tolérance autant élective que collective. Ainsi, certaines lois non écrites – parce qu’évidentes – vont se relier et faire système et se ramener à la structure-enveloppe d’une organisation – pme. Pour que cela marche, l’habitus (socio-éducatif) du dirigeant constitue le cœur du réacteur. C’est en effet lui qui imprime la façon dont est conduite l’entreprise, et ainsi donne la pulsation – facilitatrice ou empêcheuse – de l’esprit des lois informelles de la maisonnée (perceptions–représentations).
7Nous entendons par habitus ce qui est acquis et intériorisé par l’éducation, « les convenances et les modes, les prestiges » (Mauss, 1973/ 2013, 12). Les habitus relèvent (Bourdieu, 1972) à la fois de la perception (manières de percevoir le monde), de l’appréciation (manières de le juger) et de l’action (manières de s’y comporter). Ils sont hérités puis mis en œuvre par les individus. Il s’agit de « systèmes de dispositions réglées, durables et transposables… » (Bourdieu, 1980, 174) qui ainsi résistent aux permutations.
8Dans une première partie nous interrogerons ce nouveau droit, au-delà une obligation de moyens et de résultat, en tant que question de management voire de gouvernance, pour évoquer dans une seconde partie une investigation idiographique à propos d’une pme girondine que nous passerons par nos filtres méthodologiques avant de décortiquer sa fabrique d’un modus vivendi et opératoire de déconnexion (présentation commentée).
9Qui dit connexion dit en continu, au vu de notre accoutumance à internet et au courriel, qui conjuguée au portage intime que nous entretenons avec nos smartphones, accélère cette mise en continue dans sa permanence. Tous ces développements sont entrés en interaction (en contexte et en usage) avec le management actuel dans les entreprises (immédiateté, charge de travail, manque de personnel, mauvaise organisation, etc.), comme indiqué dans les différents travaux de la dares (direction de l’Animation de la recherche, des études et des statistiques).
10L’alinéa 7 de l’article l. 2242-17 du code du travail2 précise « les modalités du plein exercice par le salarié de son droit à la déconnexion et la mise en place par l’entreprise de dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale. A défaut d’accord, l’employeur élabore une charte, après avis du comité social et économique. Cette charte définit les modalités de l’exercice du droit à la déconnexion et prévoit en outre la mise en œuvre, à destination des salariés et du personnel d’encadrement et de direction, des actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques ».
11Cette mesure vise les entreprises de 50 salariés et plus. Aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect par un employeur de ses obligations liées au droit à la déconnexion.
- 3 Pour Jean-Jacques Pluchart (2017), ces deux générations font société entre tribalisme et écosystème (...)
12Ce droit nouveau reconnait in fine que les frontières entre temps de travail et temps personnels ont explosé. Ce constat entretient ou renforce certaines autres façons de faire société usitées chez les 18-35 ans.3
13Nous nous proposons de faire un point sur ce qui est établi, au-delà une obligation de moyens et de résultat, avant d’aborder ce que ce droit implique en terme de management voire de gouvernance.
14Le droit à la déconnexion va bien au-delà de l’obligation de moyens et de résultat qui est faite à l’employeur d’assurer la protection de ses salariés en termes de la santé et de la sécurité ; c’est-à-dire leur garantir un droit au repos quotidien (11 h/ j) et hebdomadaire (35 h consécutives (24+11).
- 4 Dispositions en quatrième partie du Code du travail soit 700 articles.
- 5 En matière de santé mentale, deux notions législative et jurisprudentielle récentes : loi de modern (...)
- 6 Par exemple en cas de traitement de mails qui n’ont pas eu pour spécification de ne pas avoir à êtr (...)
15La preuve de l’obligation de sécurité et de protection4 de la santé physique et mentale des salariés reste à la charge de l’employeur5. Avec le droit à la déconnexion, si un salarié, en situation de sur-connexion6, assigne son employeur, ce dernier ne pourra s’exonérer de sa responsabilité que s’il démontre qu’il a bien pris toutes les mesures pour préserver soit l’« intégrité psychique » soit la vie personnelle de son salarié (Loiseau, 2017).
16Ce qui a motivé le pourquoi du droit à la déconnexion concerne la distorsion entre les mécanismes du numérique qui se situent dans le continu et la chronobiologie de l’humain qui, elle, a besoin de discontinuité plus ou moins aléatoire. Le droit à la déconnexion met ainsi de l’intermittence, en rappelant la nécessité de ressourcement de l’être humain et l’importance de l’étanchéité entre les temps de la vie humaine.
17La croissance extraordinairement rapide des tic et de leurs usages (assumés et/ou subis) entre en conflit de coordination avec les structures (modes) ancien-nes de discontinuité de la vie humaines et les structures (modes) récent-es de continuité et de rétrécissement spatio-temporels du numérique. Ce qui n’est pas sans impacter les conditions de vie au travail.
18La dernière étude de référence sur le sujet est celle de la dares (2016) – période 2005 et 2013. Elle précise par exemple que le recours l’absentéisme est davantage lié aux contraintes psychosociales (obligation de « se dépêcher », quantité excessive de travail, recevoir des ordres contradictoires, voire risque d’agression physique ou verbale).
- 7 Travailler dans l’urgence restreint les marges de manœuvre pouvant préserver la santé physique et m (...)
- 8 Le stress = charge mentale du travail, mise en concurrence entre collègues, obligation d’exécuter d (...)
19En 2014, la dares souligne que les contraintes de rythme de travail se sont accrues. C’est justement, le contrôle ou suivi informatisé du travail qui représente la contrainte de rythme la plus diffusée. De plus, les marges de manœuvre tendent à se réduire pour toutes les catégories socioprofessionnelles. Cette urgence7 génératrice de stress8 constitue par nature une mauvaise condition de travail.
20Les travaux de l’anact (2017, 2018) nourris d’accompagnements d’entreprises de tailles et de secteurs variés, montrent que les variations du taux d’absentéisme sont nettement corrélées à l’environnement de travail, marqué par le rétrécissement des temps et une continuité (voire fluidité) des tâches opérées en contextes et usages du numérique.
- 9 Enquête réalisée à partir d’un échantillon de 200 000 personnes de 20 septembre au 31 décembre 2016 (...)
21L’étude de la cfdt « Parlons Travail 2017 »9 témoigne de ce lien incontestable entre santé, travail et numérique. A titre d’exemple, pour 71,1 % de l’ensemble des sondés la charge de travail est devenue insupportable. De plus, le management est remis en question, puisque 51 % d’entre eux disent ne pas pouvoir compter sur l’aide de leur supérieur, et 62 % estiment que ne pas avoir de management ne changerait rien à leur travail ! Alors que le digital facilite la mise en horizontalité de l’organisation du travail, la dares, indique, en 2018, que 55% des salariés ne participent pas aux décisions concernant l’organisation de leur propre travail (y compris les horaires).
- 10 Ce type d’horaires est de plus en plus dépendant des besoins de l’entreprise. De surcroît une plus (...)
- 11 Tel Jean-Luc Moulins, secrétaire national de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (...)
22Les organisations du travail apparaissent quelque peu plus rigides ; les marges de manœuvre des salariés dans leur travail se sont plutôt réduites, les horaires de travail sont devenus plus formalisés et plus contrôlés et le recours aux horaires atypiques s’intensifie10. De plus, cette intensification du travail se nourrit des logistiques numériques pour des effectifs au plus juste. Certains acteurs-observateurs11 insistent sur le « Toute Tâche Comprise ». Cela signifie qu’à l’ère du numérique, le temps de travail effectif des salarié-e-s est bien supérieur au travail effectivement payé et déclaré, et surtout prescrit.
23Chercheurs, analystes, statisticiens considèrent ainsi que la modernisation organisationnelle est source de contraintes et de risques. A titre d’exemple, Marie-Anne Dujarier (2015) montre que l’usage des tic ont créé les conditions d’une l’absence de discussion et d’une dépendance à outils technologiques.
24Et de constater que les salarié-e-s construisent des stratégies pour faire baisser la pression au travail et en même temps pour pouvoir réaliser des tâches qui réclament de plus en plus de concentration.
25L’outil numérique (via les mails, les reporting, le transfert de charges administratives) et de son intensification, réduit, voire supprime ce temps de concentration, justement parce qu’ils /elles peuvent être joignables en permanence. Alors qu’ils/ elles auraient besoin de temps à la fois de réflexion et de coordination, ou simplement d’échanges, les effets d’une exigence de produire toujours plus et plus vite via les tic les met dans un empêchement. Dans cette dictature des temps, que l’on s’impose mutuellement, ces contre-temps à répétition finissent par mettre en retrait tout sujet d’échange hors produc-tion dite effective.
26Selon ces observateurs, on peut considérer qu’au rythme actuel, un salarié sur 20 voire sur 10 sera victime d’une forme d’invalidité avant d’atteindre l’âge de la retraite en raison d’un ensemble de sur-charges mentalo-numériques.
27Se pose alors la question du « comment rendre supportable le travail notamment exécuter en connexion » ? Cette question, selon ce nouveau droit, est avant tout d’ordre managérial.
28Le mode de management par projet sous délai de plus en plus contraignant est une forme de retour au travail à la tâche. Il implique des contraintes professionnelles qui effectivement peuvent nous suivre partout en particulier avec les technologies digitales. La mesure du temps de travail s’avère dont insuffisantes parce elle ignore la charge de travail, qui elle n’est jamais mesurée (Mettling, 2015) en particulier pour les cadres. Pour 70% d’entre eux, qu’ils soient au forfait jours ou non, ce droit reste hors de portée. En 2016, 48 % des cadres consultaient leurs mails professionnels en dehors des heures de travail, selon l’étude Malakoff Médéric/Sociovision (conduite entre mars et avril 2016 auprès d’un échantillon de 3500 salariés du secteur privé).
29Comme l’indiquait il y a déjà plus de 20 ans Philippe Zarifian (1997, 55), « On demande toujours aux salariés de faire de la qualité sans leur en donner les moyens, notamment du temps lié à l’intellectualisation du travail (résolution de problème, communication, apprentissage) ». Cette réduction du temps de travail est en fait nuisible au maintien des expériences - expérimentations professionnelles (sentiment du travail bien fait), au développement des activités créatrices (anticipation, rénovation personnelle) et bien sûr à la maîtrise des temps sociaux.
30Ces mises sous tentions consomment du temps en plus, le surtemps (Savall et Zardet, 1987). Il s’agit des temps supplémentaires consacrés par les acteurs pour réguler des dysfonctionnements dus par exemple des défaillances de management ou d’insuffisance de management, pour pallier les manques de méthodes de travail ou pour réguler des dysfonctionnements avec les parties prenantes externes. En interne, on a donc affaire à des déperditions de temps qui interdisent toute création valeur ajoutée économique que pourrait générer par exemple une heure de travail d’un acteur de l’organisation, soit des coûts performance cachés. Ces surtemps ne peuvent pas être valorisés, et empêchent toute possibilité d’émergence de temps sociaux.
31La diminution des dysfonctionnements par la coopération représente un potentiel de performance sociale. Elle simule la qualité de vie au travail des personnels et leur régulation. Ces phénomènes sont issus des théories de Savall et Zardet sur le management socio-économique qui proposent une personnalisation de l’activité et des missions des acteurs afin de développer leur engagement parce que consenti et négocié dans une forme de contractualisation des coopérations. Ce que les tic dans un certain usage pourraient permettre …
- 12 La logique du droit du travail est l’affaire de l’entreprise et n’intéresse plus l’État depuis 2007
32Ce faire autrement managérial s’oppose aux paradigmes classiques, issus des principes d’organisation classique du travail, qui véhiculent, selon Savall (1974), soumission et subordination des acteurs. « Une condition et une étape de négociation sont nécessaires pour passer de la simple communication à la coopération réellement productive. La négociation implique la création d’un terrain d’entente entre les partenaires afin de permettre l’action » (Savall, Zardet, 2014, 148). Le processus d’application du droit à la déconnexion est justement fondé sur un droit à négocier, une affaire d’entreprise (Supiot, 2015)12.
33Dans les résultats publiés en décembre 2018, relatifs à la négociation collective d’entreprise en 2016, la dares souligne qu’au sein des entreprises de 50 à 99 salariés disposant d’un élu du personnel (soit 56,4% d’entre-elles), seules 19,2% ont engagé une négociation. Selon la dares (2018), le sentiment d’inutilité d’une négociation reste fort, notamment dans ce type d’entreprises. « La possibilité, dans ces petites structures, d’avoir des discussions directes entre employeurs et salariés atténue, pour le chef d’entreprise, la nécessité d’une négociation collective ».
- 13 En cas de refus de négocier, l’employeur est sanctionné pénalement par un an d’emprisonnement et 37 (...)
34Dans les pme que nous étudions, il n’y a pas de refus de la part de l’employeur13. Il y a d’autres commodités de fait, d’autres voies délibérées dans un délibéré. Nous ne rappellerons pas ici le rôle central de la proximité et surtout de la personnalité du dirigeant, déjà développé dans notre ouvrage (Schott, Jurquet, 2013). Ce droit reste à négocier, et ici cela se passe autrement.
35Il ne s’agit pas d’une intention ni suggérée par, ni supplétive à, une obligation pour négocier la déconnexion ; il s’agit plutôt d’un état d’esprit… celui des lois informelles de la maisonnée, une « manière d’être » mise à l’épreuve d’un éprouvé (Corneau, 1997).
36On a affaire, dans notre corpus de recherche, à des entreprises qui basent leurs interactions (formelles et informelles) sur la forte présence humaine à l’autre. Ce qui incite à, implique de réhabiliter la parole, le relationnel, l’engagement mutuel dans les équipes de travail, les rapports à la chaîne hiérarchique et dirigeante et avec les clients.
37Ce matériau de recherche s’articule donc avant tout autour des personnes et des lieux rencontrés dans les pme girondines, en particulier pour cet article dans une pme qui distribue des fournitures et équipements industriels (air comprimé, pompes à vide, bancs d’essai, suppresseurs et compresseurs d’air).
38A propos de cette entreprise, nous ne proposons pas de présenter une étude de cas, mais plutôt une investigation idiographique, puisque ici, il s’agit de travailler sur un événement unique : réfléchir et mettre en place un modus vivendi et opératoire de déconnexion.
39Nous avons déjà passé à plusieurs reprises, depuis près de vingt, cette pme (la pme jed) au filtre de nos questionnements et méthodologie. Nous avons donc pu considérer, à plusieurs reprises, sa posture éthique et son habitus comme des invariants. Nous avons ainsi montré que ces invariants-là, qui se infusent et fortifient l’esprit des lois (informelles) de cette maisonnée-là, constituent la condition sine qua none du faire émerger et exister le potentiel de ses salariés.
40Ci-dessous, nous passerons tout d’abord par nos filtres méthodologiques notre corpus constitué des données recueillies auprès de la pme jed, avant de décortiquer ensuite sa fabrique d’un modus vivendi et opératoire de déconnexion (présentation commentée).
41Pierre Bourdieu insista sur le rôle central du relationnel ; « Le mode de pensée relationnel et analogique permet de saisir la particularité à l’intérieur de la généralité et la généralité à l’intérieur de la particularité, en permettant de considérer le cas en tant que cas particulier du possible » (1992, 54). Notre recherche s’inscrit dans cette perspective.
- 14 C’est-à-dire la « procédurisation de la pensée et des pratiques » (Diet, 2016).
42C’est une recherche en action hybride qui se centre sur « le savoir des gens ». Penser ce savoir avec le chef d’entreprise suppose une liberté que le chercheur doit concevoir et préserver. Il s’agit d’un savoir à produire mettant en évidence les scories des épreuves vécues et surmontées par le chef d’entreprise, de sa prise au monde à l’écart des normes du savoir standardisé et aussi du procédural qui « procédurise »14.
43Positionner à partir d’une intention constructiviste et d’inspiration socio-économique, cette forme de « Recherche-Action » de type militante, hybride et longitudinale tente de faire dialoguer notre compréhension respective (celle du dirigeant et celle de la chercheure) afin, après un travail d’après-coup, d’accompagner le dirigeant vers l’élaboration de ses propres outils d’analyse et opératoires. La confrontation du chercheur aux transformations des enjeux socio-économiques multiples à surmonter par le chef d’entreprise de pme conduit à une remise en question permanente de notre recherche. Celle-ci s’inscrit de fait dans une démarche empirique, inductive, avec des mises en perspective abductives.
44Dans l’investigation présente, la visée du dirigeant de la pme étudiée repose sur une démarche de communication. Notre apport a été d’aider à mettre en place des dispositifs de synchronisation de la communication interne et des modalités négociés d’interactions entre les acteurs. Ce qui allie Description-Echanges-Solutions-Questions, puisque le savoir et le savoir-agir en situation sont avant tout ancrés dans les cerveaux des collaborateurs Pour ce faire, des repères de lisibilité s’inscrivent à partir d’un collectif de sens, qui fait place aux temps sociaux et à la mise en reconnaissance de tous. En d’autres termes, l’entrepreneur de la pme étudiée (niveau micro – « Je » singulier) n’existe que dans un cadre institué et ajusté (niveau macro – « Il » ajusté et apprenant) et qu’avec -et non contre- d’autres proches - les collaborateurs (niveau méso – « Tu-Nous » intersubjectif et coopératif).
45Ici notre étude est idiographique, parce qu’elle cherche à comprendre ce qu’est une action particulière, (la fabrique d’un modus vivendi et opératoire de déconnexion dans un délibéré) d’un individu particulier (ce dirigeant), à un moment donné.
46Pour reprendre Smith et al. (1995, 61), « le domaine idiographique est ainsi focalisé sur le particulier et l’individuel. […] Les études idiographiques relèvent de la préoccupation de comprendre des significations plutôt que du projet de formuler des lois causales. »
47Toute action prend place dans l’histoire du sujet qui la produit. Cette histoire est définie à la fois par le déroulement temporel et observable du cet événement-là, mais aussi par la manière dont il est vécu et s’insère dans la subjectivité du sujet qui le vit et de celui qui l’observe.
48Nous nous appuyons ainsi sur la méthodologie du récit de vie de Pineau et Legrand (2002). Comme le soulignent ces deux auteurs (id., 41), « tout acteur social est pris, dans son trajet existentiel, à conjuguer passés complexes et avenirs incertains, pulsions internes et intimations externes ».
49L’histoire de vie entre dans la typologie des entretiens approfondis et longitudinaux. Pour notre part, il s’agit d’accueillir, si tel est son souhait, le récit de vie du dirigeant. Il y re-construit par ses dires son agir et ses pratiques mis en auto-réflexion et la fabrique du sens de ses expériences vécues. Daniel Bertaux (1997, 32) énonce « qu’il y a du récit de vie dès qu’il y a description sous forme narrative d’un fragment de l’expérience vécue ».
- 15 Les autres fils ont construit leur vie professionnelle en dehors de l’entreprise familiale.
50La pme étudiée, jed, est une entreprise spécialisée en vide industriel et maîtrise technologique des gaz neutres qui compte depuis 2018 54 salariés. Elle a été créée en 1981 et dirigée pendant 30 ans par son fondateur, Jacques, avec lequel, nous avons pu partager en plus de dix ans de nombreuses heures en entretiens semi-directifs, en questionnaires sur le vivre au travail de l’ensemble des salariés, et de nombreux autres captages officiels et officieux. Depuis 8 ans, l’un des fils15, Mathieu, alors présent dans l’entreprise depuis 22 ans, a repris en totalité l’entreprise familiale. Là aussi, Mathieu se positionne comme son père, dans une posture d’apprentissage de ses collaborateurs, et bouscule ainsi les habitudes et les contre habitudes, vivant par cet esprit familial de rebelle humaniste. Jacques et Mathieu restent libres d’esprit, dans cette distance critique, et ont fait en sorte d’être libres de leurs actes. Ce qui leur importe, c’est de mettre les moyens au service des finalités, et non l’inverse. Cette règle vie se nourrit et nourrit à la fois leur rectitude et leur modération, leur fermeté de jugement et leur abandon.
51Mathieu fait partie de ces gestionnaires qui ne s’enferment pas dans des certitudes, qui sont toujours en quête de « schémas à géométrie variable » de compréhension, qui se co-construisent via l’échange avec des collaborateurs à l’aune d’une ouverture philosophique, sociologique, psychologique. Mathieu a comme son père un bac+3. A la différence de son père, dont la formation était affiliée aux métiers de la thermie et de l’énergie assortie d’une spécialité dans les fluides industriels, la formation initiale de Mathieu est orientée gestion et marketing. Comme son père, Mathieu a su l’enrichir par des séminaires d’initiation à la psychologie et à la sociologie. Au contact du père et de formations séquencées, et avant tout auprès de ses équipes, il a acquis une bonne culture industrielle. Aujourd’hui, âgé de 46 ans, il poursuit toujours cette voie.
52Comme pour son père, son entreprise marche naturellement. Comme si les sujets, les groupes et l’organisation inscrivaient, dans un temps et un espace qui leur seraient communs, de ce qui se fait, et de ce qui se pense, dans un combinatoire entre le spécifique de l’action individuelle et la part du global de l’action en collectif.
53Cela marche comme cela lorsque se ressent dans les faits, toute l’attention, la prévenance, le rayonnement de ce « bon » patron. Dans notre cas, Mathieu a infusé l’histoire de son père. Ce père (Jacques) a toujours tenu à souligner spontanément : « Je suis issu d’une famille d’artisans depuis le 19e siècle, j’ai été baigné là-dedans, où l’on me disait (mon père ou mon oncle) l’ouvrier qui travaille avec nous, c’est comme ton demi-frère. C’est cet esprit du compagnonnage qui m’a toujours animé ; c’est-à-dire le travail bien fait, le sens et le respect des autres, l’étayage… et aussi le courage et l’humilité. Ces éléments constituent le code génétique de mon entreprise ».
« J’ai transmis ces valeurs-là à Mathieu, et il m’a montré, me montre, combien il les fait vivre dans ce même esprit, et à sa manière ».
« Et j’étais très attaché aux salariés qui ont construit cette entreprise avec moi puisque c’était une création. Donc, ces gens qui ont créé l’entreprise avec moi, je voulais que, s’ils étaient plus jeunes que moi, ils puissent continuer à vivre ce qu’ils ont fait et de ce qu’il font, puisqu’ils ont fait et qu’ils font grandir cette boîte… ».
- 16 « L’intersubjectivité est ce que partagent ces sujets [en tant qu’ils sont sujets de l’inconscient] (...)
54Sont ainsi à la manœuvre affects et intersubjectivité, au sens de René Kaës (2008, 774-775)16. Dans ce processus, le dirigeant entrepreneur (Jacques, puis Mathieu) accepte d’abandonner en grande partie à d’autres le soin d’assurer la pérennité de cette œuvre-entreprise, pour que se dévoile ce que les autres pensent et font.
55Abordons maintenant, la façon dont jed à fabriquer le d’un modus vivendi et opératoire de déconnexion. Il s’agit de décortiquer les façons de faire et de les commenter.
- 17 En particulier essais non destructifs de sous-ensembles dédiés à défense nationale et à l’aéronauti (...)
56Dans son désir de toujours de conserver et d’amplifier l’œuvre de la vie de son père, et de prendre sa part dans cette dynamique, Mathieu a concentré ses efforts à faire grandir un marché de niche singulier17, stratégie initiée par le père 5 après la création de jed.
- 18 Aller au-delà ce qui est requis selon Michel Marchesnay (1997).
- 19 Entre 2016 et 2018, la part du service Ingénierie ramenée ca global est passée de 27% à 40,7%. Pour (...)
- 20 Les 3 autres services : Commercial, Installation, Maintenance et Administratif.
57Dans son éprouvé, Mathieu a pensé le coup d’après (stratégie proactive)18 avec ses équipes, toutes, en s’appuyant aussi et donc en développant le service d’Ingénierie19, l’un des 5 services de l’entreprise20. L’idée étant selon son expression « d’élever le niveau culturel de tous ».
58Ici, l’on a affaire à une sorte de « grandissement » avec un support de greffe grandissant (le service ingénierie). Ce support prend bien parce qu’il transforme les autres services et se transforme aussi. Cela a pu fonctionner au-delà des processus habituels d’intégration, parce qu’ici on a pris conscience et éprouvé, dans l’épreuve, que la construction se faisait dans des co-désadaptations et co-adaptations.
59Au cours du temps, sur cette longue période de près de 40 ans, il y a eu des petits sauts de transformation, puis un grand saut de transformation sur ces deux dernière années. Selon nos observations, cette démarche transformative a incubé dans un espace-temps, nourri de relations entre continuité et discontinuité, comme répondant à des opérations dans l’espace du présent et à des opérations dans l’espace du projet à venir.
60L’habitus du père puis celui du fils Mathieu se situent dans l’acceptation régulière du tâtonnement dans l’action. Ce qui provoque des opératoires transposables à d’autres situations, à condition, en particulier de s’autoriser à dire et à montrer les comment des erreurs. Cela ne peut marcher que, s’il y a de la part du dirigeant et de la part de chacun des salariés une décentration des uns et des autres et un travail réflexif d’après-coup par les uns et les autres.
61Selon les dires de Mathieu et aussi ceux des jeunes ingénieurs qui viennent d’être recrutés, la connaissance se situe dans l’action au stade d’opérations concrètes qui vont permettre à tous d’apprendre. Ici on se rend bien compte du niveau élevé et rapide de cette infusion.
62En cela, les travaux de Piaget (1981) montrent bien que la prise de conscience des différences entre ses propres centrations et celles d’autrui contribue à l’intégration de nouvelles régulations cognitives. Il parle (1991) de l’assimilation et de l’accommodation, comme éléments fondamentaux pour comprendre les processus d’apprentissage et de changement humain. Il indique également que l’apprentissage constitue une voie d’accès à l’induction et à la déduction.
- 21 En alternant rejet (parfois) et alliance (souvent).
63jed, dans son organisation s’adapte, d’autres pme le font également. Ici, ce réglage est installé dans son cœur de fonctionnement par le processus de l’assimilation. Ici, ce réglage peut se régénérer21 en raison de l’acceptation des affects qui apportent l’énergie en particulier transformante fournie par le potentiel de chacun (quel que soit son statut) et la dynamique de l’ensemble. Parce que chacun et ensemble s’accommodent de ce que les actions vont faire bouger la structure de l’activité, et de ce que la structure de l’activité va faire bouger les opérations elles-mêmes de chacun. Cela veut dire que la mise en fantaisie (Montaigne) de chaque élément se fait dans soi, dans l’élément et dans l’ensemble.
64A partir de là, tout thème sur les conditions de vie au travail en l’occurrence la déconnexion peut être mis en délibéré. La communication s’inscrit dans ce processus en amélioration perpétuelle, initié par le père amplifié par le fils. Est privilégiée une démarche délibérative, à petits pas, et en même temps fédérative.
65Dans le fonctionnement au quotidien, des réunions journalières ou hebdomadaires sont planifiées par les 5 Services, animées par les responsables d’équipes. Ce qui fait que les 5 responsables opérationnels autant que Mathieu sont en apprentissage du fils des actions des membres des différentes équipes. Mathieu aime à répéter : « ce n’est pas moi qui décide, ce sont eux, et dans leur différence ».
66Ce n’est pas seulement le fait que tous les collaborateurs aient un cerveau. C’est aussi que chacun a une façon de penser et d’organiser son travail. C’est ce qu’illustre le tableau ci-dessous.
Gestion de la déconnexion chez jed
Quel outil de gestion
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Quel référentiel
|
Quelle capacité managériale
|
Il y a autant de façons de gérer la déconnexion des femmes et des hommes qu’il y a d’objectifs qui viennent en réponse à des besoins (et désirs) et qui sont inscrits dans leurs façon de remplir leur mission.
> tenir compte des différences, du contexte et des valeurs – Structures communes
|
Le degré de précision du référentiel légal n’améliore pas la qualité de l’équilibration.
> faire simple et ouvert
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L’instrumentalisation ne remplace pas la capacité des encadrants à privilégier l’agir professionnel nourri de la réflexion dans l’action
> ce savoir-faire managérial (d’accoucheur) est prioritaire
|
67Mathieu, au vu des pratiques des uns et des autres, a décidé, qu’en fait il n’était pas nécessaire d’écrire un modus vivendi opératoire, dans la mesure où la déconnexion fonctionne bien. En somme, « puisque cela fonctionne, pourquoi décider ? ».
- 22 A noter que jed n’a pas de représentant du personnel, c’est en cours.
68L’habillage juridique de ce droit à la déconnexion22 s’est fait après-coup, dans un travail (d’après coup) de mise en conformité a posteriori.
69Le medium choisi fut une note d’information jointe au bulletin de paie.
Elle rappelle l’article l. 2242-17, 7° du code du travail.
Elle indique que l’utilisation des outils de communication doit se faire :
– dans le respect des personnes et de leur vie privée,
– dans un usage raisonnable et efficient.
Elle souligne que rien ni personne ne doit se sentir obligé-e de répondre aux courriels hors du temps de travail.
Elle annonce qu’un point régulier (tous les mois) ou à la demande serait consacré à s’assurer, en l’occurrence, que la charge de travail du salarié permette une bonne répartition dans le temps de son travail.
Elle conclut en insistant sur le rôle majeur des conditions de vie au travail dont l’objet est de favoriser les équilibres et de répartir les fruits de la croissance de l’entreprise.
70On [Mathieu et les encadrants] laisse venir la créativité, parce qu’agir en situation est une création et une récréation, reliées et déliées avec le monde extérieur (Cropley, 1997) dans l’exercice d’une pensée divergente (Guilford, 1950). Elle repose sur deux préalables décrits par Robinson (2010), l’encouragement et l’engagement par la personne d’autorité, ici Mathieu et les encadrants, à croire aux potentiels créateurs de ses équipes, à ce que les équipes aient confiance en elles-mêmes, parce que l’on a confiance en elles. Ainsi soutenu, par aussi des mises en opérations, chacun pourra prendre conscience de ses forces créatives qui « associées et fusionnées à différentes expériences passées vont créer une idée ou un processus nouveau » (Capron Puozzo, 2016, 15).
71On laisse venir les récits des pratiques parce qu’en racontant son travail, cela permet de cultiver la pratique réflexive sur son expérience (Schön, 1994) pour dépasser ce qui se pose ou s’oppose de manière critique et constructive. Philippe Perrenoud (2001, 43) précise « Critique, car il [le récit] rompt avec la tentation de la justification et de l’autosatisfaction, pour mettre à distance, « objectiver », comprendre. Constructive, car son but n’est pas de se flageller, mais d’apprendre de l’expérience, de construire des savoirs qui pourront être réinvestis dans les situations et les actions à venir ».
72On cultive la présence en réciprocité et le dialogue. La présence en réciprocité contribue à ménager divers espaces en croisant présence perçue, présence ressentie, spontanée et rétroaction.
73Le dialogue est un espace de liberté qui contribue au développement d’une praxis alliant action et réflexion et améliorant les possibilités de rencontre avec soi-même et avec l’autre. Pour reprendre Buber « Entre le Je et le Tu, […] la ligne démarcation […] ne passe pas entre l’expérience et la non expérience, ni entre le donné et non donné, ni entre le monde de l’être et de la valeur : elle traverse tous les domaines qui sont entre le Tu et le Je ; elle sépare la présence vivante et l’attention objective » (Buber, 1923/ 2012, 42-45). En d’autres termes, chacun devient lui-même via ce rapport entretenu avec l’autre, en dehors de tout rapport instrumental qui réduit l’autre à n’être qu’un objet.
74On reste à l’affut et présent à l’inattendu, au « hasard et sagacité, des choses qu’on ne cherchait pas » (Catellin, 2014). Cette mise « en fantaisie [d’] une honnête curiosité de s’enquérir de toutes choses » (Montaigne) participe à la découverte à la manière de Picasso lorsqu’il affirmait « je ne cherche pas, je trouve ! ».
- 23 Morgan (1986/ 1997 ; 2007) utilise cette métaphore lorsqu’il apparaît qu’une organisation se penser (...)
- 24 Kaës (2008, 776) indique que pour faire groupe, des médiations sont à l’œuvre pour que certains aba (...)
Macro – Organisation « Il » ajusté et apprenant
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Méso - Groupe collectif « Tu-Nous » intersubjectif et coopératif
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Micro – Individu « Je » singulier
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Valeurs requises et ancrées (ex. respect, confiance, loyauté, solidarité) Métaphore ancrée dans le flux et la transformation23 entre pareil et pas pareil Structure (souple et en flux et reflux) Coordination par ajustements réciproques Management en résonnance Climat social dans le dialogue apprenant Mise en « orchestre » de dialogues dynamiques (ex. : mise en complémentarité) Travail en tant que système complexe (ex. : marges de manœuvre)
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Caractéristiques de l’équipe (petite, en proximité, en joint de dilatation) Dialogue dans l’apprenant : Relations intersubjectives Processus – Mouvement Représentations – Actions Convergences des mobiles Inclusion-exclusion mutuelles Infléchissements réciproques Ressources contradictoires Volonté d’un « devenir Je au sein d’un Nous »24
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Personnalité Identité – Habitus Son vécu, son mythologique, son imaginaire Son unité Sa singularité Motivations – Projets Capacités – Compétences Attitudes -> attractivité/ répulsion Comportement -> conflit/ coopération
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75Cette histoire s’écrit parce que « Ceux qui partagent la même aventure, ont cette aventure comme point commun » (Ruffier, 1996, 88). Et l’on se (re)trouve en présence d’un « sujet du groupe » et d’un « sujet du lien » et aussi d’un « sujet singulier pluriel » qui « se construit dans les processus et des formations psychiques communes a plusieurs sujets, notamment dans les alliances inconscientes dont il est partie constituée et partie constituante » (Kaës, 2009, 113).
76Notre travail d’analyse permet d’approcher le social, parce que c’est l’acteur qui est au centre du dispositif et qui donne sens en particulier à la pme étudiée et en construit les contours par des éléments de son vécu.
77Les mises en dissonances cognitives et réflexives, en tensions via des connexions digitales peuvent en partie être compensées dans cette pme (et certaines autres) par une dynamique sociale qui a encore les moyens de donner du sens au jeu collectif. Ici on conjugue encore gestion et relation.
78Cependant, du côté des partenaires d’affaires, il n’y a pas de volonté et de pratiques visant au rééquilibrage des rapports des forces en présence. Le sous-traitant ou fournisseur pme est toujours sous le donneur d’ordres. Pas plus que qu’il n’y a d’approche globaliste, interactionniste et réflexive… Rien qu’une mise sous tension permanente avec la série traditionnelle des pathologies managériales telles que les risques psychosociaux croissants, une démotivation pour ne pas dire un désengagement des salariés25 et plus généralement le sentiment du « bien faire » contrarié, qui affecte autant le travail du salarié que celui du dirigeant.
79Il devient un peu plus délicat pour le dirigeant de pme étudiée de marier logiques comptables, économiques, et social et ainsi de sauvegarder au cœur des Hommes la valence positive de leurs métiers, tout en respectant ses engagements de pérennisation.