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Dossier

Pour un accompagnement global en pension de famille : l’apport des capabilités d’Identité-Logement1

Frédérique Trévidy, Marcel Le Guen, Patrick Cuvilliez, Jean-Paul Cocot, Abdelaziz Niati, Mélanie Gervais, Cécile Petitot, Yann Benoist et Rémi Gagnayre

Résumés

Face à l’augmentation constante du nombre de personnes sans domicile en France, le « Plan Logement d'abord 2018-2022 » s’appuie sur les résultats du modèle « Housing First » (HF) pour proposer des solutions de logement pérennes. Il s'agit notamment de pensions de famille qui offrent un logement permanent aux personnes en situation de grande précarité, avec un accompagnement adapté.

Si le modèle initial (HF) destiné à un public atteint de troubles psychiques propose un accompagnement orienté vers le rétablissement, l’accompagnement en pension de famille destiné à un public plus large, nécessite d’être pensé autrement. Par une étude de cas menée en pension de famille, cet article présente une philosophie d’intervention différente où l’accompagnement prendrait appui sur l’approche par les capabilités et sur le concept d’Identité-logement, ouvrant la voie au pragmatisme critique.

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Texte intégral

Christophe Blanchard, Antonella Bonafos, Laurence Fond-Harmant, François Havez, Marie Makdessi Peyronnie, Marielle Fritz, Guillaume Brugidou, Jacques Wolfrom, Dominique Pougheon. Financeurs de la recherche (Fonds pour l’Innovation Sociale ; CGLLS)

Introduction

  • 1 Remerciements à Christophe Blanchard, Antonella Bonafos, Laurence Fond-Harmant, François Havez, Mar (...)

1Depuis plusieurs décennies, le nombre de personnes sans domicile augmente de façon considérable dans quasiment tous les pays d’Europe (FEANTSA et FAP, 2019). En 2022, la Fondation Abbé Pierre estime à 330 000, le nombre de personnes privées de domicile en France (FAP, 2023). Leur nombre était de 141 500 en 2012 (Yaouancq, et al., 2013).

2Pour briser cette spirale, le modèle « Housing First » (HF) s’avère être efficace (Pleace, 2016). Il fut initié à New York à la fin des années 1990, auprès des personnes sans domicile atteintes de troubles psychiques (Tsemberis, 2010), puis expérimenté en Amérique du Nord, au Canada et en Europe. Le logement y est conçu comme un point de départ à l’accompagnement (Pleace, 2016). Cette philosophie rompt clairement avec l’approche en escalier, conditionnant le logement à une série de réalisations, telles que le sevrage ou l’observance thérapeutique : « On se concentre immédiatement sur le fait de permettre à la personne de vivre dans son propre logement » (Pleace, 2016, p. 12). Cet accès au logement est combiné à un accompagnement pluridisciplinaire, centré sur la personne et orienté vers le rétablissement (Pleace, 2016), défini comme une « façon de vivre une vie satisfaisante et utile où l’espoir a sa place malgré les limites imposées par la maladie » (Anthony, 1993). Le concept de rétablissement s’applique essentiellement aux personnes vivant avec un trouble psychique.

3En France, le modèle HF a inspiré le programme expérimental « un chez-soi d’abord » ciblant des personnes vivant à la rue et atteintes de pathologies psychiatriques sévères. Après une année, l’évaluation montre que la population bénéficiant du programme connaît une diminution des symptômes, une baisse de la durée moyenne d’hospitalisation, une meilleure qualité de vie, un mieux-être psychologique et une amélioration de l’estime de soi. 80% des personnes se maintiennent dans le logement (Gesmond et al., 2016).

4Fort de ces résultats, le « Plan Logement d’abord 2018-2022 » est déployé en France « pour lutter contre le sans-abrisme » (ministère de la Cohésion des Territoires, 2017). Le « Plan Logement d’abord », à la différence du modèle HF, cible des personnes sans domicile quel que soit leur état de santé mentale. Il doit leur permettre d’accéder rapidement à un logement et de pouvoir s’y maintenir. Les pensions de famille en constituent l’un des piliers. « En proposant à des personnes seules à faibles ressources, en situation d’isolement ou d’exclusion sociale, des logements abordables, adaptés et accessibles, les pensions de famille permettent aux personnes logées à la fois d’être chez elles et de ne pas être isolées. La présence au quotidien des hôtes permet une animation de la vie collective et un soutien dans les démarches individuelles » (ministère de la Cohésion des Territoires, 2019, p. 4).

5Ce déploiement du modèle à un public beaucoup plus large, pose la question de l’approche conceptuelle employée pour appréhender l’accompagnement des personnes logées. Quelles alternatives au concept de rétablissement, sont envisageables pour un accompagnement destiné à un public ne présentant pas obligatoirement un trouble psychique ? Ceci implique de définir autrement la philosophie de ce type d’intervention sociale, que constitue l’accompagnement des résidents en pension de famille.

6Selon Padgett (2007), le fait qu’une personne anciennement sans domicile, puisse vivre dans « une maison » et y développer des routines contribue au renforcement de son sentiment de sécurité ontologique et constitue la base autour de laquelle ses identités peuvent être construites et réparées. Cette notion d’identité semble intéressante à prendre en compte dans le rapport que l’individu entretient avec son logement. Elle est traitée par de nombreux auteurs à travers le chez soi (Serfaty-Garzon, 2003).

7Le rapport identitaire intimement lié aux perceptions et aux usages que l’habitant développe au sein de son logement, a été caractérisé à travers le concept d’Identité-Logement (Trévidy et al., 2015). Au cours du temps, les sentiments d’identité évoluent, les repères dans le logement se modifient, des habitudes nouvelles sont adoptées et des projets font sens.

8L’Identité-logement appelle les notions de liberté et de choix, relatives à la façon dont la personne souhaite vivre dans son logement. Mais, ce concept appelle aussi la notion d’environnement. La personne dans son logement se situe au centre d’un écosystème avec lequel elle interagit. Cette liberté peut être favorisée ou contrainte par cet environnement. Par exemple, pour une personne aimant accueillir chez soi, la promiscuité de voisins sensibles au bruit peut être vécue comme une limite au développement de son Identité-logement.

9Accompagner la personne à vivre dans son logement en pension de famille, pourrait s’orienter vers le développement de cette Identité-logement. Nous proposons que la philosophie de l’accompagnement s’appuie sur le concept d’identité-logement en tenant compte des notions de choix, de liberté et d’environnement. Nous nous inspirons pour cela de l’approche par les capabilités d’Amartya Sen (1992). Cette dernière a déjà utilisée par De Backer (2018) dans le cadre du « Housing First ».

10Selon cette approche, il faut non seulement prendre en compte les ressources dont dispose un individu mais aussi sa capacité, et sa liberté à les utiliser pour choisir son propre mode de vie (Sen, 1992). Sen évoque les possibles difficultés pour les personnes de convertir les ressources de l’environnement en capabilités : « ni les biens premiers, ni les ressources définies plus largement ne peuvent rendre compte de la capabilité dont jouit effectivement une personne » (Sen, 1993). Sen prend l’exemple des populations pauvres dans les pays riches qui, en raison de plusieurs facteurs ne peuvent mener une vie saine, se déplacer ou prendre part à la vie de la collectivité.

11L’accompagnement pourrait donner davantage de chance à la personne de convertir ses ressources personnelles ou celles présentes dans l’environnement, en opportunités pour développer son Identité-logement selon des choix qui lui sont propres.

12Au moyen d’une étude de cas, cet article vise à proposer une philosophie d’action et des outils de réflexion pour un accompagnement global en pension de famille orienté vers le développement de l’Identité-logement des résidents. Cette recherche est menée de manière collaborative, sur un terrain composé de 8 pensions de famille. Nous présenterons dans un premier temps le contexte du Logement d’abord et des pensions de famille. Nous décrirons ensuite le cadre conceptuel basé sur l’Identité-logement et son articulation avec l’approche par les capabilités. Nous expliquerons notre méthodologie de recherche avec les personnes concernées. À partir des résultats de notre étude, nous discuterons de l’accompagnement global des publics logés, au regard des capabilités d’Identité-logement et des facteurs de conversion contextualisés aux pensions de famille. Nous conclurons par une possible ouverture sur des recherches se fondant sur le pragmatisme critique.

La pension de famille : un logement pérenne et accompagné

13Afin d’apporter une réponse structurelle aux situations de sans-abrisme en France, les pouvoirs publics lancent le plan quinquennal du « Logement d’Abord 2018-2022 » (ministère de la Cohésion et des Territoires, 2017). Ce plan a pour objectif d’orienter les personnes sans domicile ainsi que celles en difficultés d’accès ou de maintien dans le logement, vers un logement durable, grâce à un accompagnement adapté, modulable et pluridisciplinaire. Les solutions pérennes de retour au logement, sont privilégiées. Parmi les priorités affichées, figure une augmentation de l’offre de logements abordables dont 10 000 nouvelles places en pensions de famille.

14Le bilan interministériel recense 280 000 personnes sans domicile ayant accédé au logement entre 2018 et fin juin 2021 dont 62% dans des logements sociaux (Dihal, 2021). Toutefois, la création de l’offre de logements abordables reste en deçà des objectifs fixés et notamment celle concernant les pensions de famille avec 5 200 places créées (Dihal, 2021 ; FAP 2022). La Fondation Abbé Pierre propose 5 enjeux pour assurer la pérennité du « Plan Logement d’abord », dont deux seraient : « la mise en œuvre d’un accompagnement social correctement dimensionné, global et porteur d’une réelle technicité […] et une offre de logement social, très social ou simplement abordable suffisante » (FAP 2022, p. 127-128).

  • 2 Code de la Construction et de l’Habitation : art. L. 633-1.

15Selon son statut juridique la pension de famille, est une forme de résidence sociale, relevant de la catégorie des logements-foyers2. La structure doit être de petite taille (25 logements) composée de logements pérennes et de locaux communs affectés à la vie collective. Les logements d’une superficie supérieure ou égale à 16m² doivent disposer d’équipements notamment destinés à faire la cuisine (Unafo et Claisse & Associés, 2015). Pour beaucoup de pensions de famille, les logements sont aussi meublés. L’objectif principal est de « répondre aux besoins particuliers de personnes à faible niveau de ressources, en situation d’isolement ou d’exclusion sociale et ayant pour la plupart fréquenté de façon répétée les structures d’hébergement » (ministère de la Cohésion et des Territoires, 2019, p. 6).

  • 3 Code de l’Action Sociale et des Familles : art. L345 2-2-2 ; art. L345-1 à L345-4.
  • 4 Code de la Construction et de l’Habitation : art. L. 365-1 3.

16Des hôtes professionnels y sont présents quotidiennement pour assurer l’organisation d’une vie collective, un accompagnement social spécifique basé sur l’écoute et la convivialité, et le soutien dans les démarches individuelles. La pension de famille se distingue juridiquement d’une structure d’hébergement3 car elle propose aux personnes accueillies un logement sans durée limitée, donnant lieu à un titre d’occupation et au paiement d’une redevance mensuelle (ministère de la Cohésion et des Territoires, 2019, p. 7). Les propriétaires des pensions de familles sont généralement des organismes de logement social, ou des collectivités. Les gestionnaires peuvent être des associations agréées au titre de l’intermédiation locative et de la gestion locative sociale4. La personne signe un contrat de résidence conclu pour une durée d'un mois, laquelle est renouvelée indéfiniment par tacite reconduction. Ce contrat est assorti d’un règlement intérieur.

17Le caractère pérenne du logement en pension de famille est un élément fondamental, pour que la personne, anciennement sans domicile, puisse bâtir son Identité-logement (Trévidy et al., 2022).

Le concept d’Identité-Logement repose sur trois sentiments d’identité

18L’Identité-Logement (Trévidy et al., 2015) est une forme d’identité, située plurielle et construite (Muchielli, 2021), que l’individu développe dans son rapport au logement. La façon de percevoir son logement, ses espaces, ses meubles ou ses objets, dépend de cette singularité identitaire propre à chaque habitant, et influencée par ses valeurs, par ses connaissances, et par ses émotions. L’identité-logement va orienter les manières de se projeter dans son logement, de s’y installer, de s’y comporter et de créer son chez soi. Et par ricochet, les personnalisations et usages déployés par la personne au sein de son espace de vie vont lui permettre de s’y définir et de faire évoluer cette identité. La personne crée ainsi un chez-soi, espace d’identité et d’intimité (Serfaty-Garzon, 2003) en harmonie, avec ce qu’elle est, ou ce qu’elle souhaite devenir. La notion de liberté est importante à considérer dans cette construction identitaire, relative aux choix effectués pour fonder son propre mode de vie.

19Ce processus identitaire n’est pas exempt des relations interpersonnelles au sein de l’environnement. Ainsi, le sens donné à l’Identité-logement et les intentions qui guident sa construction, sont également dépendants de la relation à autrui, aux institutions, aux normes et représentations sociales, au sein de l’écosystème.

20Cet écosystème est complexe. Hervé Marchal décrit comment la vie urbaine, caractérisée par la pluralité des univers socioculturels, par les multiples sollicitations identitaires, et par les tensions entre les rôles sociaux, produit une profusion de sens et amène le citadin à devoir effectuer un travail de configuration de soi (Marchal, 2009). La construction de l’identité navigue entre deux modalités : un rapport réflexif à soi basé sur les images et représentations de soi, et un rapport pratique à soi correspondant à des sentiments très intimes et peu verbalisés (Marchal, 2009). 

21Le recours à des sentiments comme contributeurs d’identité, est aussi réalisé par Mucchielli (2021) pour décrire le concept d’identité complexe. Deux sentiments lui sont empruntés pour l’Identité-Logement, à savoir, le sentiment d’unité et de cohérence ainsi que le sentiment de continuité temporelle. Un dernier sentiment composant l’Identité-Logement, est le sentiment de sécurité ontologique issu des travaux de Giddens (1994).

22Le sentiment de sécurité ontologique permet au sujet d’avoir confiance dans la continuité de sa propre identité et dans la constance des environnements sociaux et matériels (Giddens, 1994, p. 98). Ce sentiment est le noyau dur de l’Identité-logement. Le sentiment de sécurité ontologique chez des personnes anciennement sans domicile n’est pas simplement lié au fait d’avoir un toit, mais nécessite que le logement soit protecteur et sécurisant, qu’il soit pérenne et que la personne soit correctement informée et rassurée de cette constance avec son lieu de vie (Trévidy et al., 2023). Ce sentiment est renforcé par l’adoption de routines quotidiennes et rassurantes (Padgett, 2007).

23Le sentiment de continuité temporelle permet au sujet de se percevoir le même dans le temps et de se représenter les étapes de sa vie comme un continuum (Mucchielli, 2021). Ce sentiment s’appuie sur deux temporalités complémentaires chez l’habitant. Elle est cyclique dans le temps présent, lorsque la personne suit des routines qui rythment sa journée quotidienne, conforte ses perceptions et la sécurise. La temporalité est aussi linéaire lorsque parallèlement, l’habitant tisse une continuité identitaire, entre ses expériences passées, sa vie au temps présent dans logement, et ses projections futures (Trévidy et al., 2015). L’accès à un logement pérenne pour un public isolé ayant vécu sans domicile, nécessite un temps plus ou moins long pour percevoir une rupture avec sa vie d’avant. La frontière entre passé et présent n’est pas étanche impactant l’estime de soi, l’appropriation du logement et la relation aux autres. Certaines personnes ont par exemple tendance à s’isoler, d’autres ont des difficultés à « lâcher » certaines habitudes, par exemple, celle de conserver les cartons d’emballage (au cas où il faille repartir), de continuer de fréquenter d’anciens lieux (banc, tente), ou de laisser les fenêtres ouvertes. Les projections futures peuvent être entravées par un sentiment d’insécurité, avec notamment chez certains, la peur d’un retour à la rue. La stabilisation d’un cycle du présent dans son logement doit laisser le temps à des apprentissages et à des « tâtonnements » permettant une identification claire des temporalités, entre ce qui appartient au passé et ce qui relève du présent, tout en ouvrant selon son propre rythme, à une construction possible de projets (Trévidy et al., 2023).

24Le sentiment d’unité et de cohérence permet « l’unité des Moi dans mon présent et l’unité des personnages que les situations sociales m’ont incité à construire ou à jouer » (Mucchielli, 2021, p. 68). Il est aussi « la possibilité toujours présente de “refuser mon passéˮ, et de remettre en question le moi lui-même, de changer le personnage que j’en ai assez de jouer, de faire quelque chose de moi » (Mucchielli, 2021, p. 68). Grâce à ce sentiment, la personne peut mobiliser des ressources et mettre en œuvre des apprentissages pour faire évoluer son Identité-logement. Le sentiment d’unité et de cohérence est tiré par les intentions futures permettant de produire des changements (Trévidy et al., 2018). Par exemple, chez des résidents en pension de famille, auparavant sans domicile, la dynamique de changement est rendue possible par un cadre de vie favorable, la reprise d’une confiance en soi, une possibilité de développer des apprentissages, mais aussi par une réflexivité permettant à la personne de s’assurer que ce changement est effectif et durable, et que de nouveaux projets sont réalisables (Trévidy et al., 2023). Cette confiance dans la durabilité du changement participe à renforcer le sentiment de sécurité ontologique, et à construire l’Identité-logement.

Articulation conceptuelle entre l’Identité-logement et l’approche par les capabilités

25L’accompagnement en pension de famille devrait donner l’opportunité au résident de renforcer ses trois sentiments d’Identité-logement. Ceci passe par une amplification chez la personne de ses possibilités d’agir, d’apprendre, de penser, de reprendre confiance en soi, selon son propre rythme. Ceci passe aussi par des libertés de choix, relatives à sa vie dans le logement et sur la pension de famille.

26Cette hypothèse nous amène à utiliser l’approche par les capabilités d’Amartya Sen (1999). La capabilité se traduit par la réponse à la question : « Qu’est-ce que chaque personne est capable de faire et d’être ? » (Nussbaum, 2012). Les capabilités sont « des libertés ou des possibilités créées par une combinaison de capacités personnelles et d’un environnement politique, social et économique » (Nussbaum, 2012, p. 39). « La "capabilité" d'une personne renvoie aux diverses combinaisons de fonctionnements qu'elle a la possibilité de réaliser. La capabilité est ainsi une sorte de liberté » (Sen, 1999).

27Cette approche a été utilisée dans divers domaines et notamment dans le champ de la formation (Fernagu Oudet, 2018) et des environnements de travail (Fernagu Oudet, 2012). Fernagu envisage la capabilité comme un processus. La capabilité interroge dans son développement, l’environnement dans lequel la personne évolue. Celui-ci offre-t-il les ressources et conditions favorables pour que la personne puisse développer ses capabilités, et se donner des possibilités de choix ? Selon Fernagu, la capabilité résulterait d’une interaction entre deux processus. Le processus opportunité défini par la manière dont les ressources mises à disposition pour agir/apprendre sont converties en capacités d’action ou d’apprentissage (facteurs de conversion) et le processus liberté s’intéressant aux réalisations effectives et fonctionnements dépendant du choix des personnes (Fernagu Oudet, 2018, p. 234).

28Pour concourir au développement de la capacité de choisir, les facteurs de conversion doivent être pris en compte. Ils « correspondent à l’ensemble des facteurs qui facilitent (ou entravent) la capacité d’un individu à faire usage des ressources à sa disposition pour les convertir en réalisations concrètes » (Fernagu Oudet, 2012, p. 10).

29L’articulation conceptuelle des capabilités à l’Identité-logement permettrait d’offrir un cadre de réflexion à l’accompagnement global en pension de famille, au regard de ce que l’environnement social et matériel favorise ou limite pour le développement de ces « capabilités d’Identité-Logement ».

30En tenant compte des définitions précédentes, la « capabilité d’Identité-Logement » du résident pourrait être définie comme un processus combinant :

    • les ressources disponibles (propres à la personne, sur la pension de famille, etc.),

    • les possibilités de conversion de ces ressources en opportunités,

    • la liberté de transformer ces opportunités selon ses choix, en réalisations concrètes pour développer son Identité-logement (ex : personnaliser son logement).

31Au regard de cette articulation conceptuelle, nous avons effectué une étude de cas en collaboration avec les personnes concernées, pour proposer des outils de réflexion pour un accompagnement global en pension de famille,

Une recherche menée en collaboration avec les personnes concernées

Une recherche participative : approche épistémique et mise en œuvre

32L’étude est réalisée par un groupe constitué de 2 chercheurs académiques, dont l’une est aussi salariée de l’association gérant les pensions de famille ; de 8 co-chercheurs dont 4 résidents, anciennement sans domicile, et 4 professionnels des pensions de famille. Ce type de recherche collaborative entre chercheurs et personnes concernées n’est pas nouveau. ATD Quart Monde l’expérimente depuis une vingtaine d’années en créant les conditions pour que les savoirs d’expérience des personnes en situation de pauvreté, les savoirs d’action des praticiens et les savoirs universitaires se croisent (Carrel et al., 2017).

33L’intérêt est multiple. Il est d’ordre épistémique (Godrie et al., 2020), par la place donnée aux savoirs existentiels. Il est aussi méthodologique par l’amélioration de la qualité des recherches (Gross et al., 2017) et celle de la crédibilité des savoirs produits (Godrie et Heck, 2021). L’intérêt, est aussi celui de la transformation sociale (Paturel, 2015 ; Anadón et Savoie-Zajc, 2007) et du développement de l’empowerment individuel des co-chercheurs, si toutefois celui-ci est corrélé à une logique démocratique (Gross, 2020).

34Ce type de recherche nécessite une vigilance éthique de la part des chercheurs par l’instauration de rapports les plus égalitaires possibles entre les membres du groupe, une reconnaissance des différents savoirs et un climat de confiance (Monceau et Soulière, 2017). Des facteurs peuvent favoriser les échanges de savoirs, tels que la connaissance des problématiques traitées, une formation méthodologique et des séances de réflexivité (Marchand et al., 2023, sous presse).

35S’agissant de notre étude, les membres du groupe participent à toutes les étapes de recherche depuis la collecte des données, en passant par l’analyse du corpus, jusqu’à la valorisation des résultats. Pour favoriser cette participation, une formation continue est animée par les chercheurs tout au long du protocole, sur des techniques telles que, la réalisation des entrevues semi-dirigées ou des focus groups, l’analyse thématique, le classement des données avec le logiciel NVIVO, etc. Le groupe de recherche se réunit au moins deux fois par mois. Ces réunions permettent de mener le protocole de manière collaborative, d’effectuer des retours réflexifs et d’échanger sur les résultats obtenus.

36Un comité élargi à d’autres chercheurs académiques et à des professionnels du logement et de la santé, se réunit une à deux fois par an, pour apporter un soutien méthodologique à cette recherche, et pour valider des orientations théoriques. L’étude est réalisée entre janvier 2019 et décembre 2021.

Objectifs et design de recherche 

37La recherche vise à proposer des outils de réflexion sur l’accompagnement en pension de famille, qui tiendraient compte de l’Identité-Logement des résidents. Deux objectifs contributifs sont posés :

    • Formaliser une liste de capabilités liées à l’Identité-logement en pension de famille.

    • Identifier des ressources et des facteurs favorisant ou limitant ces capabilités.

38L’étude de cas est choisie comme design de recherche car elle permet d’effectuer une exploration détaillée d’un cas sur un temps relativement long pour tirer des enseignements d’un phénomène peu connu. Elle s’inscrit dans le contexte quotidien des participants, pour se baser sur leurs perspectives. Elle requiert des sources multiples de données.

39Le cas étudié concerne 8 pensions de famille situées en Île-de-France, comprenant 178 logements autonomes dont 162 destinés à des personnes vivant seules. Ces résidences sont gérées par une association qui assure à la fois l’accompagnement des habitants, la gestion et l’entretien des résidences. Un binôme d’intervenants sociaux collabore sur chacune des résidences. Il est constitué d’un travailleur social chargé de l’accompagnement individuel et d’un responsable de résidence chargé d’animer la vie collective sur la pension de famille et d’en assurer son bon fonctionnement.

Population ciblée

40La population de l’étude (résidents et intervenants sociaux) est recrutée sur les 8 pensions de famille, selon un échantillonnage par choix raisonné. Les critères d’inclusion sont les suivants :

    • résidents : avoir vécu auparavant sans domicile (à la rue, à l’hôtel, en hébergement collectif, etc.), être résident d’un logement en pension de famille et y vivre seul.

    • intervenants sociaux : être travailleur social ou responsable de résidence en pension de famille.

41La population recrutée comprend 30 résidents et 17 intervenants sociaux dont 8 travailleurs sociaux, 8 responsables de résidence et 1 coordinateur social.

Recueil et analyse des données

42Plusieurs sources et méthodes de recueil sont employées. 30 entrevues semi-dirigées et 1 focus group permettent de recueillir les données auprès des résidents des pensions de famille. Les entretiens sont menés par des binômes composés d’un chercheur académique et d’un co-chercheur (résident ou professionnel). Le focus group est animé par deux co-chercheurs résidents.

43Six focus groups réunissant des travailleurs sociaux et des responsables de résidence, sont animés par un chercheur et un co-chercheur (résident ou professionnel).

44Des observations participantes sont menées sur les pensions de famille par un chercheur au cours du second semestre 2019 et du premier semestre 2020.

45Des sources documentaires sont utilisées telles que des bilans d’activités de l’association gestionnaire, des documents réglementaires (contrat de résidence, règlement intérieur), et des conventions partenariales entre l’association et des structures de santé.

46Le corpus composé des transcriptions des entrevues et des focus groups, fait l’objet d’une analyse thématique. Cette dernière est effectuée de manière collaborative par des binômes formés d’un chercheur et d’un co-chercheur. La codification des verbatim fait émerger des thèmes regroupés en rubriques, lesquelles sont classées selon des axes thématiques prédéfinis. Le tout constitue l’arbre thématique. À titre d’illustration, les axes thématiques de l’arbre des résidents, sont les suivants : la place accordée à la vie sans domicile ; les éléments significatifs pour se maintenir dans le logement ; les apprentissages et ressources mobilisés ; les difficultés et les manques. À partir de cet arbre, sont identifiées les rubriques se rapportant aux sentiments d’Identité-logement. Un second arbre thématique est réalisé à partir des données issues des intervenants sociaux.

47À partir du corpus composé des deux arbres thématiques, respectivement désignés « résidents » et « intervenants sociaux », le groupe de recherche se réunit et entreprend une seconde analyse, permettant de répondre aux objectifs de recherche.

48Formalisation des capabilités liées à l’Identité-logement

49Pour formaliser la liste des capabilités liées à l’Identité-logement, le groupe de recherche utilise comme nouvelle grille d’analyse, les 10 capabilités « centrales » de Nussbaum (2012) qui, selon l’autrice, constituent le seuil minimum qu’une vie humaine digne exige (p. 55-57).

50À partir de l’arbre thématique « résidents », des thèmes significatifs sont choisis par le groupe, permettant de définir les capabilités liées à l’Identité-logement en pension de famille. Par exemple, la capabilité nommée « la vie » est définie par Nussbaum comme « être capable de mener une vie de longueur normale ». Elle devient pour l’Identité-logement : « être capable de vivre dans un logement pérenne : occuper son logement, avoir des routines quotidiennes, avoir confiance dans la durabilité de son lieu de vie » car au-delà du fait que l’absence de logement ampute la vie de nombreuses années (CMDR, 2021), nos résultats montrent que l’accès à un logement pérenne ne garantit pas que la personne y développe d’emblée des habitudes pour rester y vivre. Ceci nécessite des ressources mais aussi des facteurs de conversion de ces ressources, qui soient à la fois personnels, sociaux et environnementaux.

Identification des facteurs de conversion

51Pour identifier les facteurs contribuant ou limitant le développement des capabilités d’Identité-logement, le groupe de recherche triangule les arbres thématiques « résidents » et « intervenants sociaux ». L’analyse est enrichie avec les données issues des observations participantes et les informations provenant de l’analyse documentaire (ex : contrats de résidence). Les thèmes repérés comme significativement influents, sur les capabilités d’Identité-logement sont identifiés comme des facteurs positifs ou négatifs, et sont classés par type de ressources (personnelles, sociales, organisationnelles ou matérielles).

Proposition de capabilités liées à l’Identité-logement

52L’approche par la justice sociale de Nussbaum (2012) prônant l’exigence de la dignité humaine, au sein des environnements sociaux et politiques, semble cohérente avec le ressenti de nombre de résidents interviewés en pension de famille, comme l’évoque Monsieur V :

« Quand vous êtes chez vous, vous vous sentez enfin un homme, une personne digne, vous dépendez plus de personne, ça c’est important. Quand vous avez une clé, que vous êtes chez vous et que vous rentrez à l’heure que vous voulez, vous sortez à l’heure que vous voulez, vous devenez un vrai être humain, alors qu’auparavant vous n’étiez pas vraiment un être humain. On est peut-être un être humain aux yeux des autres, mais en soi-même on est rien, on est rien, on est moins que rien… parce que j’avais pas de repères […]. Comme tout être humain. Je pense qu’un être humain s’il a pas de dignité, c’est pas la peine, il vaut mieux mourir, si on n’a pas de dignité, on n’a pas de vie, on est rien dans la société ».

53La contextualisation des capabilités centrales de Nussbaum (2012) à l’Identité-logement en pension de famille, nous permet de proposer une liste de capabilités détaillées dans le tableau 1.

54Cette description des capabilités s’appuie sur la subjectivité des populations interviewées. Elle est une proposition dont la limite s’arrête au contexte de notre étude. Cette liste n’a pas vocation à devenir un cadre normatif d’évaluation. En effet, cette description n’est pas figée et peut être enrichie ou modifiée pour s’adapter aux différents contextes de pensions de famille. Cette liste constitue une aide pour des discussions et décisions entre les personnes concernées par la situation, à partir d’éléments concrets et précis.

Tableau 1 : Capabilités liées à l’Identité-logement en pension de famille

Tableau 1 : Capabilités liées à l’Identité-logement en pension de famille

55Surtout, l’objectif de cette liste de capabilités n’est pas d’identifier des fonctionnements liés à l’Identité-logement qui seraient similaires chez plusieurs habitants ou bien, qui se rapprocheraient d’une norme attendue. L’approche par les capabilités n’est en effet pas pertinente pour poser des indicateurs « objectifs » et observables car entre « le possible », et le « visible » réside la liberté de la personne. Cette dernière, peut choisir ou non de mettre en œuvre ses capabilités et de le faire selon son propre dessein identitaire. Pour certains, « créer son chez soi », se manifeste par une personnalisation importante du logement, comme c’est le cas pour l’un des résidents qui, en obtenant une dérogation au règlement, a retapissé entièrement son logement, l’a aussi décoré, y a ajouté des meubles. D’autres résidents ont affiché chez eux, des photos, des posters en lien avec leur histoire de vie, ou encore des œuvres personnelles. D’autres, enfin, laissent les murs à nu. C’est le cas, d’un résident, utilisant son logement comme un espace fonctionnel où il se sent libre d’aller et venir, de manger, de se laver, de se reposer. La majorité de son temps, il sort pour aller voir ses amis. N’a-t-il pour autant pas développé son Identité-logement ?

56Ces différences de fonctionnements sont évoquées lors d’un focus group, par des intervenants sociaux : « Moi aussi je trouve qu'il y a plusieurs façons, il y a plusieurs types de résidents, chacun investit son logement à sa façon, il y en a qui se contentent très bien de… des quatre murs blancs, du mobilier de l'ALFI, ça leur suffit, ça leur suffit pour se sentir chez soi. Et il y en a d'autres, c'est comme tu dis, c'est en mettant des petites photos, en s'achetant une nappe, en allant s'acheter une télé, tout plein de petites choses comme ça. Je crois pas qu'il y ait une vérité vraiment sur cette question-là ».

57A contrario, des fonctionnements, peuvent être quasiment identiques entre les personnes et reflètent pourtant des écarts dans leurs capabilités. Sen (1992) nous donne l’exemple de deux personnes ne se nourrissant pas, dont l’une fait un jeûne et l’autre est trop pauvre pour s’alimenter. Le fonctionnement final est identique, alors qu’une grande disparité de capabilité existe entre les deux personnes. Le fonctionnement est lié à un choix pour l’une et à un non-choix pour l’autre.

58Cette liste de capabilités vise plutôt à donner des points de repères aux acteurs pour engager une réflexion sur l’accompagnement global en pension de famille à partir des facteurs de conversion.

Les facteurs de conversion : un outil pour questionner l’accompagnement global en pension de famille

59Il convient d’évoquer ce que nous entendons par « accompagnement global » en pension de famille pour mieux comprendre les types de ressources qui y sont associées. Ceci nous conduira ensuite à discuter des facteurs de conversion de ces ressources au regard des capabilités de l’Identité-logement.

60L’accompagnement global en pension de famille, en référence aux principes-clés du Logement d’abord (Pierce, 2016), doit se définir comme un accompagnement centré sur la personne c’est-à-dire qu’il doit créer les conditions de mise en confiance et de sécurité pour que la personne puisse mettre en œuvre ses propres changements (Rogers, 1961).

61Étant centré sur le résident, il doit être adapté à ses ressources personnelles telles que ses savoirs expérientiels, ses connaissances, son estime de soi, ses ressources sociales et financières. Celles-ci ont été parfois délitées par la vie à la rue, comme l’évoque Monsieur S. :

« Si, au départ, quand je suis arrivé, il fallait faire les papiers, et tout ça… ça, au départ, putain, c’est pas vrai… 

Travailleur social : Tu es passé ?

J’ai dit : Non, pas encore.

Travailleur social : Viens, je t’emmène.

62Parce que moi, mes papiers, elle m’envoyait à droite à gauche, je voulais même pas y aller tout seul. Pourquoi ? Parce que moi j’avais même plus confiance en moi. Je me dis : Putain, attends, la dame elle va me dire quoi ? Elle va peut-être m’envoyer chier, des conneries comme ça. J’ai dit : Je vais me prendre ça en plus, voilà, et je le faisais pas ».

63Les ressources personnelles du résident sont à prendre en compte ainsi que les ressources de l’environnement socio-spatial dans lequel il évolue.

64Sur les pensions de famille étudiées, les ressources sont sociales et organisationnelles avec : la présence d’un binôme d’intervenants sociaux sur chaque résidence ; les pôles « pension de famille » et « accompagnement social » auxquels ces intervenants sont respectivement rattachés ; les services supports de la structure (technique, gestion locative, direction) ; la présence d’autres acteurs sociaux tels que les voisins, les proches, les partenaires administratifs ou de santé ; l’organisation d’instances comme une veille sociale au sein de l’association ou encore des conseils de maison sur les résidences ; l’existence d’un règlement intérieur et d’un contrat d’occupation pérenne.

65Ces ressources sont également matérielles avec des logements individuels équipés et meublés, une buanderie et une salle commune, un bureau pour recevoir les résidents et pour la majorité des pensions, des espaces extérieurs avec terrasses, espace paysager ou potager. Des ressources sont enfin présentes dans l’environnement extérieur.

66Toutefois, si cette prise en compte des ressources est nécessaire, dans l’accompagnement global, elle n’est pas suffisante. Selon Sen, la question déterminante est de savoir dans quelle mesure ces ressources sont convertibles par chacun, en capabilités et en fonctionnements. Une multitude de facteurs peuvent faciliter ou au contraire, entraver la conversion de ces ressources en capabilités puis en réalisations concrètes. Ainsi, disposer d’un logement pérenne, équipé et meublé ne suffit pas d’emblée à créer son chez soi, comme l’évoque Monsieur L qui après un accident de la vie, est passé d’une situation sociale aisée à une vie sans domicile. Il témoigne avoir mis du temps à s’adapter, à son nouveau logement en pension de famille :

« J’ai plutôt découvert mon logement petit à petit. Je me suis même redécouvert tout seul, redécouvert moi-même quoi, comment vous expliquer… Déjà, cet espace qui est un peu spartiate et réduit par rapport à ce que j’avais avant, mais je suis seul. Et quand je dis « me redécouvrir » c’est m’approprier vraiment l’espace, ranger mes propres affaires, c’est ma salle de bains, ça n’a plus rien à voir. Je crois que ça a mis un certain temps tout ça… ».

67L’accompagnement global doit tenir compte des facteurs de conversion personnels chez les résidents, liés notamment à leur vécu, qui limiteraient ou favoriseraient, l’utilisation des ressources. Monsieur S. l’illustre par ses réticences à utiliser sa douche pour prendre soin de soi (capabilité 3) :

« Au départ, une douche, tu sais même pas ce que c’était, une douche au départ. Il fallait bien que tu te laves. Si, je me débarbouillais, des trucs comme ça, mais prendre une douche, je ne voulais pas prendre de douche. Ah, putain, vas-y, faut prendre une douche, et puis j’ai pris une douche ce matin, ce soir je vais reprendre ma petite douche tranquillement, pépère ».

68Le développement des capabilités d’Identité-logement dépend non seulement de la temporalité de chacun et de ses possibilités d’utiliser ou non les ressources, mais aussi de l’accompagnement global mis en œuvre sur la pension de famille. Cet accompagnement peut s’avérer être un soutien pour le résident lui permettant d’accroître ses opportunités de construire une identité-logement selon un mode de vie qui lui convienne. Mais cet accompagnement global peut aussi devenir un frein. L’étude nous montre en effet, que si certains aspects apparaissent comme des facteurs de conversion positifs (ex : durée pérenne de l’accompagnement permettant de « créer un lien de confiance » et de laisser du temps au résident pour « se reconstruire »), d’autres aspects seraient davantage des facteurs de conversion négatifs (ex : règlement intérieur limitant l’apport de mobilier personnel). Les facteurs de conversion ne doivent donc pas uniquement être analysés au regard des individus mais également au niveau de l’environnement socio-spatial des pensions de famille et de ses ressources.

69Afin que les parties prenantes puissent questionner l’accompagnement global sur les pensions de famille, nous proposons un outil d’aide à la réflexion basé sur les facteurs de conversion identifiés par l’étude, qui limiteraient ou favoriseraient le développement par chacun, des capabilités d’Identité-logement.

70Nous proposons dans le tableau 2, quelques exemples, de mise en lien entre capabilités, ressources et facteurs (positifs ou négatifs). Les facteurs identifiés ne sont pas exhaustifs, ni spécifiques à une capabilité. Par exemple, le fait de disposer d’un accompagnement basé sur la durée peut jouer favorablement sur la capabilité 1 tout autant que sur la capabilité 8. De même, l’existence d’un lien de confiance entre l’intervenant social et le résident apparaît comme un facteur de conversion positif pour de nombreuses capabilités. Toutefois, pour plus de lisibilité, nous ne présenterons pas de doublon dans ce tableau.

Tableau 2 : Exemples de facteurs de conversion limitant ou favorisant les « capabilités d’Identité-Logement »

Tableau 2 : Exemples de facteurs de conversion limitant ou favorisant les « capabilités d’Identité-Logement »

71L’objectif de l’accompagnement global, est de s’assurer que les conditions soient réunies pour que la personne puisse disposer des opportunités lui permettant de développer et combiner ses capabilités d’Identité-logement selon ses choix de vie. Cette réflexion doit s’effectuer en tenant compte des individualités mais aussi des temporalités. Ainsi, le fait de disposer d’un logement équipé et meublé à l’entrée du logement peut être une ressource contribuant à ce que les résidents initialement sans domicile, puissent se reposer convenablement, cuisiner et développer un sentiment de bien-être (capabilités 1 à 4). Mais, si cette ressource n’est pas accompagnée d’un règlement prévoyant la possibilité de changer son mobilier au cours du temps, elle deviendra un facteur de conversion négatif, bloquant l’opportunité de créer son chez-soi selon ses envies (capabilité 8).

72Parfois, certains facteurs négatifs, ne relèvent pas de l’association gestionnaire. C’est le cas, par exemple de la forme juridique du contrat de résidence, qui stipule une durée illimitée du logement selon une formule portant à confusion : « d’un mois renouvelable par tacite reconduction ». Or, le manque de connaissance du résident sur la pérennité de son logement peut être une entrave à son sentiment de sécurité ontologique (Trévidy et al., 2022), limitant le développement des capabilités d’Identité-logement. Pour compenser ces facteurs de conversion négatifs, il apparaît primordial d’intégrer dans l’accompagnement global, une communication claire sur cet article contractuel, et sur la pérennité en général, qui serait effectuée par les intervenants sociaux, à différents moments de vie du résident (ex : accès au logement, hospitalisation, perte d’emploi, etc.).

73La dimension collective de la pension de famille est à prendre en compte (ministère de la Cohésions des Territoires, 2019). Un équilibre doit être trouvé pour préserver un cadre de vie serein pour tous, tout en favorisant le développement de l’Identité-logement de chacun. Or, cet équilibre semble parfois difficile à atteindre. Par exemple, certains aspects du règlement tels que la vidéosurveillance dans les parties communes, peuvent être vécus comme une intrusion chez certains (facteur négatif pour la capabilité 2), alors qu’ils contribuent à renforcer le sentiment de sécurité chez d’autres (facteur positif pour la capabilité 4).

74Ainsi, si certains facteurs apparaissent clairement comme négatifs ou positifs pour le développement des capabilités d’Identité-logement, d’autres semblent moins déterminés, en fonction des personnes, ou des situations. Cette réflexion sur l’accompagnement nécessite d’être ancrée dans le contexte pour être en phase avec cet équilibre, du point de vue des résidents et des intervenants sociaux de l’association. Elle peut se faire à l’échelle d’une pension de famille ou de la structure gestionnaire.

Conclusion

75L’accompagnement en pension de famille est important à questionner car il constitue l’un des fondamentaux de ces structures, proposant des logements sociaux pérennes, à des personnes sans domicile ou en situation de grande précarité. L’étude menée en collaboration avec les personnes concernées, professionnels et résidents, a permis d’offrir de nouveaux outils réflexifs pour questionner cet accompagnement global. La liste des capabilités d’Identité-logement associée aux facteurs de conversion des ressources, doit être utilisée par les parties prenantes dans le contexte de leur organisation et des pensions de famille ciblées. Ces outils ne servent pas à dresser un cadre normatif d’évaluation mais bien à engager des discussions sur les changements possibles, à partir de l’expérience vécue par les résidents et les professionnels en transaction avec leur environnement en pension de famille. Cette étude ouvre des perspectives de recherche sur l’utilisation de ces outils en milieu écologique, et sur les changements produits au niveau de l’accompagnement global en pension de famille.

76Ces perspectives de recherche trouvent leur cohérence dans les fondements philosophiques du pragmatisme critique. En effet, comme l’évoque Zimmermann (2020, p. 166) : « Sen […] emprunte suffisamment à Dewey pour que son approche par les capabilités se prête, voire gagne, à une opérationnalisation empirique par le pragmatisme critique. À l’inverse, lire Dewey à travers le prisme des capabilités met en évidence deux niveaux de normativité dans sa réflexion ». Le premier niveau selon Zimmermann se déploierait dans l’agir, conformément à l’intrication entre faits et valeurs, et que l’enquête se donne pour objet d’établir. L’enquête permettrait au résident d’identifier ce qui compte pour lui dans une situation donnée, et pourrait l’amener à une réflexivité sur son identité-logement en pension de famille et sur sa transformation dans le temps. Le second niveau de normativité évoqué par Zimmermann (2020) concerne les institutions. Ces dernières sont définies par Dewey au sens large englobant, les lois, les conventions, les arrangements sociaux, les traditions, (…) et sont indissociables des collectifs, associations et communautés (Dewey, 1922). Ce second niveau de normativité se révèlerait à travers le partage par l’ensemble des institutions, « d’un fondement normatif : à savoir le processus de développement du soi par les capabilités » (Zimmermann, 2020). En s’accordant sur ce fondement, que Dewey désigne aussi comme « l’idéal moral » des institutions (Dewey, 1920), les résidents, et professionnels des pensions de famille pourraient utiliser l’enquête, alimentée des facteurs de conversion, comme un moyen d’examen critique continu, pour évaluer la contribution de l’association gestionnaire, et des parties prenantes au développement des capabilités d’identité-logement de chacun, et ainsi devenir un levier de transformation de l’accompagnement global en pension de famille.

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Notes

1 Remerciements à Christophe Blanchard, Antonella Bonafos, Laurence Fond-Harmant, François Havez, Marie Makdessi Peyronnie, Marielle Fritz, Guillaume Brugidou, Jacques Wolfrom, Dominique Pougheon, Mohcine El Oubnani. Financeurs de la recherche (Fonds pour l’Innovation Sociale ; CGLLS).

2 Code de la Construction et de l’Habitation : art. L. 633-1.

3 Code de l’Action Sociale et des Familles : art. L345 2-2-2 ; art. L345-1 à L345-4.

4 Code de la Construction et de l’Habitation : art. L. 365-1 3.

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Table des illustrations

Titre Tableau 1 : Capabilités liées à l’Identité-logement en pension de famille
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Titre Tableau 2 : Exemples de facteurs de conversion limitant ou favorisant les « capabilités d’Identité-Logement »
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Pour citer cet article

Référence électronique

Frédérique Trévidy, Marcel Le Guen, Patrick Cuvilliez, Jean-Paul Cocot, Abdelaziz Niati, Mélanie Gervais, Cécile Petitot, Yann Benoist et Rémi Gagnayre, « Pour un accompagnement global en pension de famille : l’apport des capabilités d’Identité-Logement »Sciences et actions sociales [En ligne], 19 | 2023, mis en ligne le 24 mars 2023, consulté le 09 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sas/3290

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Auteurs

Frédérique Trévidy

Docteure en sciences de l’éducation, ALFI Groupe Arcade VYV, chercheuse associée au Laboratoire Educations et Promotion de la Santé, LEPS, UR 3412, USPN, F-93430, Villetaneuse, Campus de Bobigny, France. frederique.trevidy@alfi-asso.org

Marcel Le Guen

Co-chercheur résident, 77 av. de St Ouen
marcel.leguen@yahoo.fr

Patrick Cuvilliez

Co-chercheur résident, 77 av. de St Ouen
pcuvilliez@yahoo.com

Jean-Paul Cocot

Co-chercheur résident, 77 av. de St Ouen

Abdelaziz Niati

Co-chercheur, coordinateur social et responsable de pension de famille, ALFI Groupe Arcade VYV
abdelaziz.niati@alfi-asso.org

Mélanie Gervais

Co-chercheuse, directrice du pôle Accompagnement Social, ALFI Groupe Arcade VYV
melanie.gervais@alfi-asso.org

Cécile Petitot

Co-chercheuse, directrice du pôle Les Pensions de famille, ALFI Groupe Arcade VYV
cecile.petitot@alfi-asso.org

Yann Benoist

Anthropologue, chercheur associé au Laboratoire Educations et Promotion de la Santé, LEPS, UR 3412, USPN, F-93430, Villetaneuse, Campus de Bobigny, France
yannbenoist@wanadoo.fr

Rémi Gagnayre

Professeur en sciences de l'éducation. Médecin, Laboratoire Éducations et Promotion de la Santé LEPS, UR 3412, USPN, F-93430, Villetaneuse, Campus de Bobigny, France
remi.gagnayre@univ-paris13.fr

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