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Aspects du XVIIIe siècle occitan

Le Recueil de vers provençaux de differens auteurs de François Michel de Léon (Cirdoc, ms. 1164) ou les loisirs des notables marseillais du XVIIIe s.

Régis Bertrand
p. 287-306

Texte intégral

1Le Cirdoc a acquis récemment un manuscrit de 459 pages intitulé Recueil de vers provençaux de differens auteurs qui porte désormais la cote ms. 1164. Il vient éclairer d’un jour nouveau la création et la sociabilité en provençal au sein d’une partie de l’élite marseillaise du XVIIIe siècle et il offre un ensemble important d’œuvres jusqu’ici inconnues. Afin d’aider les études que ces textes devraient susciter, je me suis efforcé d’identifier l’origine de ce manuscrit, de relever les mentions topographiques et les allusions historiques permettant de situer et dater certaines de ses pièces et de donner dans la mesure du possible quelques précisions biographiques sur les personnages qui y sont cités ou les auteurs auxquels sont attribuées certaines d’entre elles. Cette recherche, réalisée en un laps de temps très bref, est éminemment perfectible.

2Ces relevés indiquent que le ms. 1164 est d’origine marseillaise. Sur la page qui précède le titre est collé un exemplaire d’un portrait gravé anonyme, qu’il est aisé de reconnaître comme celui du collectionneur et érudit marseillais François Michel de Léon, qui est d’ailleurs cité dans plusieurs textes. Il est reproduit par Teissier et Samat (1904, 121). Ces deux auteurs le donnent à C.-H. Watelet à la suite d’É. Perrier (1897, 357) alors que le manuscrit semblerait suggérer une attribution à un « sieur Evangelista ». Le titre manuscrit est dans un encadre-ment gravé (ici par Martinet à Paris) selon un principe que l’on retrouve dans d’autres manuscrits de Michel de Léon. L’écriture correspond à celle de ces manuscrits, qu’il s’agisse de sa propre main ou de celle d’un secrétaire. Ce recueil n’est pas tout à fait inconnu. Il a été signalé à la fin du XIXe siècle par le baron Perrier dans la notice qu’il a consacrée à Michel de Léon : son titre achève l’« énumération des ouvrages restés malheureusement inédits que Michel de Léon avait composés pendant ses loisirs » (Perrier 1897, 358). É. Perrier se fondait sur un de ses manuscrits, le Catalogue littéraire et raisonné de ma bibliothèque, communiqué par le collec-tionneur aixois Paul Arbaud, qui est conservé au musée Arbaud (Académie d’Aix, MQ 206). Le musée étant en réfection, il est actuellement en caisse et n’a pu être consulté.

3Michel de Léon est qualifié par Claude-François Achard (1787, IV, 3) de « vrai curieux dans tous les genres ». Il aurait possédé plus de 1800 ouvrages imprimés ou manuscrits sur la Provence. É. Perrier, qui a recueilli nombre de souvenirs oraux sur les collectionneurs des générations qui avaient précédé la sienne, assure que « ce qu’il ne pouvait posséder en original, Michel de Léon le faisait copier » (Perrier 1897, 355). Cela se vérifie assez bien dans ce recueil. S’y trouvent rassemblées des pièces qui semblent majoritairement inédites – certaines pouvant difficile-ment d’ailleurs être imprimées alors. Un petit nombre semblerait avoir connu l’édition, sous forme d’occasionnels ou dans une livraison de revue ou un recueil. On n’y trouve pas en revanche les Fables de Gros ou La bourrido deis Dieoux de Jean-Baptiste Germain, car Michel de Léon possédait sans doute un ou des exemplaires de l’ouvrage imprimé. On note deux versions successives de la même pièce de l’abbé Thobert, la première fortement corrigée. À cette date, ce livret n’est pas encore publié et ses éditions présentent des variantes avec les textes du manuscrit. D’autres recueils provenant du cabinet de Michel de Léon, qui ne publia rien, présentent cet aspect de manuscrit de travail.

Michel de Léon, collectionneur et érudit marseillais

4François Michel, né à Marseille le 1er février 1727, mort dans la même ville le 17 janvier 1800, appartenait à une famille de notables originaire d’Allauch, bourg proche de Marseille, qui avait connu une lente ascension sociale par achat d’offices (Bertrand 1992, 44-45 ; Bertrand 2001, 232). Héritier en 1775 de son cousin germain, l’écuyer Joseph-Louis de Léon, il ajouta à son patronyme celui de Léon. Il fut d’abord juge d’Allauch. Ses biographes signalent qu’il fut subdélégué général de l’intendant de Provence ; il exerçait effectivement cette charge à la date du 18 janvier 1772 lorsqu’il fut reçu à l’Académie de peinture et sculpture de Marseille au titre de membre « honoraire amateur ». Le 9 mai 1777 enfin, F. Michel de Léon achetait un office de trésorier général de France au Bureau des finances d’Aix, charge peu absorbante qui allait lui permettre de se consacrer à ses collections.

5F. Michel de Léon habitait à Marseille, rue de la Darse (23 rue Francis-Davso), dans un petit hôtel particulier de trois fenêtres de façade. Le mathématicien suisse Jean Bernoulli (1710-1790) qui lui rendit visite lors de son passage à Marseille en 1774 signale :

la bibliothèque de M. Michel de Léon trésorier général de France en la généralité d’Aix. La partie de la littérature provençale y est très nombreuse. La bibliothèque est précédée d’un salon orné de beaux tableaux, de morceaux de sculpture, de pièces de mécanique, de porcelaines, et d’un cabinet en dessins et estampes précieuses. Cette collection referme aussi une jolie suite de monnaies marseilloises. Dans la cour de la maison de M. Michel, on voit deux bas-reliefs et deux cyppes trouvés dans Marseille ; tous ces monumens sont grecs. (Bernoulli 1777, II, 241)

6Michel de Léon possédait également une bastide au quartier alors rural de Saint-Giniez. Il vendit ce domaine en 1786 au négociant Basile Samatan, dont on retrouve dans le manuscrit le nom, aux côtés d’autres de ses parents. B. Samatan la fit dessiner par J.-J.-X. Bidauld à la veille de la Révolution avec la légende « Château de l’Enclos, près la Garde, à Mr Samatan » (reproduc-tion Aillaud et al. 2011, 90). Le dessin montre cette maison de campagne caractéristique de la Provence marseillaise et aixoise, au toit à quatre pentes, et les bâtiments de la ferme sur le côté, dans son environnement encore sylvestre, dominée par le fort et la chapelle de Notre-Dame de la Garde qui se profilent à l’hori-zon. La bastide de Michel de Léon subsista en bordure de la rue Daumier, issue d’une traverse aménagée au début du XIXe siècle au détriment de son parc. Elle était intégrée au lycée privé des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Le Comité du Vieux-Marseille s’était ému en 2013 d’une pancarte annonçant une construction nouvelle placardée sur sa façade. La direction de l’établissement lui avait donné l’assurance qu’elle serait préservée. En fait il ne fallut que quelques heures à une pelle mécanique le 24 octobre 2013 pour la réduire à un tas de décombres.

7La bibliothèque de François Michel de Léon semble avoir été vendue à partir de 1834, à la mort de son fils (Bertrand 1992, 45-47). Le nom du collectionneur n’a longtemps survécu que grâce à la « Collection Michel de Léon », recueil factice en 33 volumes où il a rassemblé la quasi-totalité des occasionnels et brochures publiés à Marseille entre 1789 et 1792 – dont quelques-uns en occitan, publiés dans Mauron-Emmanuelli (1986) et Rémuzat (1988). L’ensemble a été acquis par la bibliothèque de Marseille lors de la dispersion de la bibliothèque de Bouillon-Landais en 1873. D’autres manuscrits sont réapparus au cours du XXe siècle. Trois, dont la version définitive de son précieux Voyage pittoresque de Marseille, ont été achetés par la bibliothèque de Marseille en 1990 (Bertrand 1992). D’autres sont au musée Arbaud à Aix ou à la Bibliothèque nationale de France.

Étude du manuscrit

8Voici le relevé des patronymes et toponymes – si ces derniers ne sont pas davantage précisés, ils se situent à Marseille, en général dans le terroir. Cette recherche doit beaucoup à l’aide précieuse que m’a apportée Georges Reynaud, d’Aix-Marseille université, excellent connaisseur du XVIIIe siècle marseillais. Outre les registres de l’état civil marseillais, désormais numérisés aux archives des Bouches-du-Rhône, ont été particulièrement utilisés Grosson (1779), Masson (1931), Stéfanini (1969), Carrière (1973) et Merle (1990). Sont mentionnées les pièces du recueil qui ont été ultérieurement publiées – non sans variantes par rapport à ce manuscrit –, par Jean-François et Théodose Achard, imprimeurs, fils du provençaliste C.-F. Achard, dans Lou bouquet prouvençaou vo leis troubadours revioudas (1823).

  1. La Festo de Monsu Bernard, ou lou vol de la cavalo, anonyme, p. 1-12. Évoque les fêtes à l’occasion de la naissance du dauphin Louis de France en 1729, « dins lou cartié de San Geniè » et appa-remment dans la bastide de M. Bernard « un cirurgien celebre ». Il peut s’agir de son prénom car le texte est moqueur à son égard. Bouquet prouvençaou, 1-8.

  2. A M. Germain sur son poëme intitulé : La bourido dei dioux, anonyme, p. 13. Jean-Baptiste Germain, Marseille, 1701-1781, consul au Levant, agent de la Compagnie royale d’Afrique, auteur de La Bourrido dei Dieoux, pouémo (Marseille, 1760, 20 p. et Bouquet prouvençaou, 68-86). Il était depuis 1757 honoraire amateur de l’Académie de peinture de Marseille, comme Michel de Léon (Grosson 1779, 261). Liste de ses œuvres : Achard, 1787, IV, 365.

    • 1 Sur le passage : « A Vitrolle / Dins aquello celebro escollo / Leis asès ly passoun doctours… », vo (...)

    Critique du Poëme de M. Germain intitulé : La Bourido deis dioux par M. le chevalier de Cugis, p. 14-20. En marge : « Imprimé ». Cite le Cours, Mauchuan (Melchior : surnom de Germain ? voir n° 51), Raspau – « empirique qui guérit les foux » selon une margi-nalia –, [Antoine-Louis de Chalamont de] La Visclède, 1692-1760, secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, « l’imbecillé Bétendié » (sans doute le chevalier Jean-Baptiste de Baptendier, auteur de Lou tableou de l’amour sacra et daou profane, 1775, qui habitait Marseille), rappelle la localisation de la bastide évoquée par Germain, « eis planos de San Troün, a santo Margarido »1. Peut-être Surléon de Glandevès de Cuges, dernier de sa branche, qui sera marquis en 1771, ou un membre de la famille marseillaise Decuges/de Cuges ou Cugis ?

  3. Remountranços a Monseignour Louis Sextius de Jarente Eveque d’Ourleans, anonyme, p. 20-26. Un prêtre « secondaire » se plaint de ses conditions de vie et demande que l’évêque lui attribue des bénéfices. L.-S. de Jarente, Marseille, 1706-Meung-sur-Loire, 1788, évêque de Digne (1747-1758) puis d’Orléans a été ministre de la feuille des bénéfices de 1757 à 1771. Louis XV, lou ben amat, est cité. D’après un imprimé de 1758 (Méjanes, F 884 (3) p. 12).

  4. Avanturo doou Lebraou, anonyme, p. 27-34. Bouquet prouvençaou, 9-14 ; serait, selon la préface de cet ouvrage, d’un abbé anonyme et aurait été imprimée en 1756. D’après un imprimé daté de 1758 (Méjanes, F 884 (3) p. 10).

  5. Cansoun prouvençalo (avec air noté), anonyme, p. 35-37. De 1756 : cite [Michel Barrin de] La Galissonnière, 1693-1756, vainqueur à Port-Mahon (Mahoun) en 1756. L’expédition de Minorque est partie de Toulon et y est revenue.

  6. Enigmo, anonyme, p. 37. « Le mot de cette enigme est la niero ».

  7. Odo oou Rey de Prusso par M. Germain, p. 38-44. Des notes précisent qu’il s’agit de Frédéric II le Grand, roi de 1740 à 1786, et que « l’auteur de cette ode réside à Alger ». Cite auprès du roi « Voltaire, Maupertuis, d’Argent (sic) », évoque les défaites de Charles-Alexandre de Lorraine en 1742 et 1745, fait allusion à la paix d’Aix-la-Chapelle (1748). Antérieur au début de la guerre de Sept ans, où le roi de Prusse est adversaire de la France.

  8. La Fayoulado, conté su la bourido de Madame B… par M. Germain. p. 45-54. Une note marginale indique que cette œuvre est citée dans son Apologie pour la Bourrido deis dieoux, avec l’indication « adressado à madamo veuzo Boule ». Peut-être Élisabeth Durand, épouse le 10 novembre 1729 de François Boul(l)e, négociant, fils de Pierre Boule, premier échevin en 1707-1709, et d’Anne Nogaret ? Ce nom est suivi de la mention entre parenthèses : « petit paris », non élucidée.

  9. Lettro, anonyme, p. 55-56. Même texte que le n° 40.

  10. Vers pour estre més au bas dau Pourtret de mestré Annibal, grava per Moussu Laurens, anonyme ? p. 56. Portrait d’Annibal Camous, le pseudo-centenaire marseillais, Nice, 1669 et non 1638-Marseille, 1759 (Bertrand 1997), eau-forte de Laurent d’après Henry d’Arles, 25,5 x 24 cm, avec deux quatrains en français. Allusion à des portraits par Panon (un des fondateurs de l’aca-démie de peinture de Marseille en 1752, œuvre non signalée à ce jour), Vernet (A. Camous est représenté dans l’Entrée du port de Marseille, 1754, Musée du Louvre). A. Camous a été « cantat per Biscontin » : auteur de ce texte ?

  11. Le Nouveau Lutrin ou l’Evasion des filles du Refuge de Marseille : Poeme provençal par M. le chevalier d’Arvieux, cy devant ambassadeur de France à la Porte, commandeur de l’ordre de s. Lazare et conseiller d’Etat, p. 57 (titre), 58-59 (« Argument » en français), p. 60-81. Laurent d’Arvieux, Marseille, 1635-1702, orientaliste, diplomate et voyageur, consul en Syrie et à Alger. Il se fixa en 1689 à Marseille. Il doit s’agir de la révolte et de l’évasion de 1696 (Espeut 1945, 22), les suivantes étant postérieures à sa mort. Cite l’abbé Bougerel, chanoine de la cathédrale (la Major), supérieur du Refuge, qui doit affronter les révoltées soutenues par la « populace marseillaise » ; Arvieux intervient alors – l’analogie avec le Lutrin de Boileau est lointaine. Il semble curieux que l’auteur soit d’Arvieux, dont le texte parle à la troisième personne et mentionne sa « facho de mounino ». Mais l’« Argument » l’affirme, de même qu’Achard (1786, III, 40) qui cite neuf vers, dont celui que l’on vient d’indiquer, par lesquels l’auteur se serait décrit. Michel de Léon est signalé en 1779 parmi les directeurs honoraires du Refuge (Grosson 1779, 133).

  12. M. Germain, auteur des Dieux (sic) s’étant donné le titre d’avocat de la Bourido dans une partie de campagne, les personnes qui assistèrent à cette partie prirent pour répondre a cette partie le titre de tribunal des marbres devant qui la cause fut plaidée, cette première plaisanterie donna lieu au brevet suivant, anonyme, p. 82-85. Marbrés dans le texte : au sens dérivé de marbra, « toqué, piqué » ? Cite Francoüer, défini en marge comme « soldat invalide qui par démence s’étoit emparé du château de Ratonneau après en avoir expulsé ses camarades » – cette occupation pendant deux jours d’une île de la rade eut lieu en octobre 1765 –, et « Bouëno esperanço », selon une marginalia, « mandiant anglais qui faisait des sermons ridicules dans les carrefours ».

  13. Epigrammo su d’un bouticarié que vendiè de Liquours, anonyme, p. 85-86.

  14. Pourtré d’uno laido quaviè de pretentien sur tout, anonyme, p. 86-87.

  15. Vers par M. Germain sur quelques sermons preches a Marseille en 1771. Par le R.P. Hervier, p. 87-90. Sans doute le P. Charles Hervier, Chaumont, 1743- ?, 1820, grand-augustin – précision donnée dans la seconde version au n° 86 –, surtout connu comme propagateur du mesmérisme. Suivi de Reponse aux jaloux du Pere Hervier, p. 90-91 (semblerait la fin du texte de Germain car n’est pas signalé dans la table – cette pièce n’est pas reprise au n° 86).

  16. Noel, « Nautreis sian tres boumians », p. 92-93. Célèbre noël, publié en particulier dans Dubreuil (127 sq). Voir au n° 88.

  17. Satyre par M. [un blanc] Artaud, pere du feu avocat du Roy de la police de Marseille, p. 94-103. Jean-Paul Artaud, père de Louis Artaud (1700-1763), ce dernier connu comme poète en provençal (Brun 1960).

    • 2 Généalogie des deux branches des Samatan dans Archives départementales des Bouches-du-Rhône (dépôt (...)

    La counversatien deis paurés eme sa querello per Moussu Izoüard, p. 104-170. Semble des années 1720-1723. In fine, p. 170, un renvoi de 11 vers avec mention : « corrigé par Bambay ». Allusions à la peste, p. 147. Mentions de la Tourette, la collégiale Saint-Martin, Notre-Dame des Accoules, Saint-Ferréol. P. 112, « aqueou Moussu d’Orlant », Philippe d’Orléans, régent de 1715 à 1723. Un des personnages, La Terreur, ancien soldat mercenaire, a, selon ses propos, participé à la guerre de Succession d’Espagne. Peut être du père de Jean-Paul Izouard, négociant, 2e échevin en 1773, ancien intendant de la santé – ou éventuellement de ce dernier ; il a été en 1764 directeur du Bureau charitable (Michel de Léon l’a été en 1759) ; lui succède en 1765 Joseph Marie Samatan, avocat (Grosson 1779, 143, 218 – et 178 : Nicolas Joseph Marie). Bambaï ou Bambaÿ : surnom que l’on peut rapprocher peut-être de bamboio « sornette ». La table porte cette indication à la ligne correspondant à la p. 327 : « Bambai (…) caché sous ce nom c’est Samatan cadet ». Je suggère l’hypothèse que Bambaï pourrait être ce Nicolas Joseph Marie Samatan. Né en 1742, il représente la branche cadette, dite « de Saint-Barthélemy »2. Au n° 76, il appelle Basile Samatan, issu de la branche aînée, « moun cher cousin » et ce dernier fait allusion à sa « garenne » de « San Barthoumieou ». Sur ce texte, v. Gardy 2015, 185-186.

  18. Bouquet a Made Anne Michel de Léon pour le jour de sa fette par M. Girard pretre, p. 171. Auteur non identifié. Ne figure pas dans Grosson 1779.

  19. Vers pour être mis au bas du portrait de M. Michel de Léon gravé par le Sr Evangelista par le meme, p. 171. Artiste non identifié.

  20. Vers sur M. Limojon de St Didier et sur son poème comencé de Clovis, anonyme, p. 172. Ignace-François Limojon de Saint-Didier, Avignon, 1669-1739, auteur de Clovis, poème, Genève, 1725 et de poésies provençales inédites (Stéfanini 1969, 382-383 ; Courouau 2015, 110-111). Texte antérieur à la publication. Cite Guillaume Sabatier, commissaire de quartier (d’Avignon ?). Serait dès lors le seul texte sans rapport avec Marseille.

  21. Monsu Fresquiere Coumedie en un acte, en vers par M. Thobert, p. 173-205 et 2 feuillets intercalés entre p. 192 et 193. Texte raturé et interligné, plusieurs pages cancellées. P. 204-205, vaudeville avec air noté. Note : « Cette comédie a été corrigée et mise telle qu’elle suit par M. Bambaï, voyez la page 411 – seconde version, n° 87. Père Pierre-Thomas Thobert, Gémenos, 1736-Marseille, 1777, prêtre du Sacré-Cœur, professeur de philosophie puis de théologie au séminaire du Bon-Pasteur à Marseille, a rédigé pour les pensionnaires et les congréganistes de la maison Cristoou et Fresquiere ou la queue de l’âne arrachée et Mesté Mauchuan ou le Jugement de l’âne, comédies bilingues. Son « noël », saynette paraliturgique faite de cantiques en latin et de noëls dialogués en français et provençal, est à l’origine de la pastorale marseillaise.

  22. Cocq à l’ane en provençal, anonyme, p. 207-220

  23. Cansoun dei pelerins de San Zacharie, anonyme, p. 220-224. Cite « l’Uveaune », qui traverse le terroir de cette ville du Var actuel.

  24. Traduction du Psaume 1er Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum par M. D. g. ville, p. 225-226. Claude-Jacques Dageville ou d’Ageville, Marseille, 1723-1794, architecte, professeur d’archi-tecture et de perspective à l’Académie de peinture de Marseille ; il en fut chancelier en 1782 et secrétaire perpétuel en 1790. Membre correspondant de l’Académie royale d’architecture, il dirigea à partir de 1753 les travaux de reconstruction de l’hôtel-Dieu sur les plans de Mansard de Sagonne, fut inspecteur du curage et des travaux du port, architecte de la ville et de la Chambre de commerce. Il publia aussi un Éloge de Dandré-Bardon. Connu comme provençalisant par la notice d’Achard (1787, t. IV, p. 504) et par celle du Bouquet provençaou, 87, qui donne plusieurs de ses textes, celui-ci est aux p. 103-105.

  25. Paraphrase du Psaume [6] Domine ne in furore tuo arguas me etc, par M. D. g. Ville, p. 227-229.

  26. Le Temps ode par M. Corriol de Digne [et en regard] traduction de l’ode par M. D.g.ville, p. 230-241. Hyacinthe Corriol, Digne 1710-1751, avocat au parlement, couronné deux fois par l’académie de Marseille et une fois par celle des Jeux floraux – pour cette ode, en 1744. Traduction reprise dans Bouquet provençaou, 93-98.

  27. Vers a M. Jacques Floret, avocat en Parlement, de l’academie royalle des belles lettres, sciences et arts de Marseille en luy envoyant l’ode cy dessus [par Dageville], p. 241-248. P. 245, l’auteur appelant le destinataire « cher counfrero », une note indique : « M. Floret et M. D.g.ville sont l’un et l’autre du Musée de Toulouse ». Jacques Floret, Marseille, 1729-Toulouse, vers 1799, négociant puis avocat au parlement de Toulouse. Élu le 27 décembre 1760 à l’Académie de Marseille, vétéran le 25 août 1782 lorsqu’il s’installe à Toulouse. Bouquet provençaou, 88-93.

  28. Envoy a Mr Michel de Léon en luy addressant et l’ode et sa traduction et les vers a M. Floret, p. 248-249. Dans le texte, mention de l’auteur, « Jacques (lou mineur) Dageville » et la date : 7 mars 1787.

  29. Epitro a une Damo qu’ero partido per sa bastido, la veillo d’une pluegeo que duret cinq vo siès jours, et que fouguet tan fouërto que la communicatien de la ville oou terradou fouguet qu’asy interceptado, p. 250-253. « Par M. Dageville » selon la table. « De san Loup prendrian lou camin / Courririan a vouestro bastido ». Mention en ville de la « carriero Baussenquo ». Cite « Machuan Saquet » ( ?). Évoque La Bourrido deis dieoux de Germain, « de Gros succesour et rivau ». L’auteur suggère que la pluie n’aura « fin qu’en mille sept cens nonante » et annonce sa visite pour « dimenche que ven / vingt de septembre ». Ce jour est un dimanche en 1789. Bouquet provençaou, 104-106.

  30. Vers de M. le Cardinal de Bernis [et en regard] traduction des vers cy contre par M. D. g.ville, p. 254-257.

  31. Le Cadenat. Conte de Voltaire [et en regard] Lou Cadenau, conté de Voltaire traduit par M. D.g.ville, p. 256-265.

  32. Felicitatien a Marsillo, stanço irregulieros, « par M. Demoulat » selon la table, p. 266-285. « Quand anaras a la bastido » « l’Huveouno » « leis gens d’Allauch, leis gens d’Aubagno », villes contiguës à Marseille. Pourrait être d’Antoine de Moulat, Marseille, 1674-1738, avocat au parlement, assesseur du conseil de ville en 1710, auteur d’une Ode au maréchal de Villars, qui eut le premier l’idée de former une académie à Marseille. Il était fils d’André de Moulat et de Catherine de Léon : parent de Michel de Léon ?

  33. Miserere mei Deus. Psaume 50 par M. D. g. ville, p. 285-290. Texte sur 2 colonnes, latin et provençal. Bouquet provençaou, 99-102.

  34. Sounet aou debanaire de Françoun, anonyme, p. 290-291.

  35. Enigmo, anonyme, p. 291-292, « dont le mot est scyphon ou tirevin », selon la table.

  36. Vers adressés a l’auteur de l’Almanach historique de Marseille, anonyme, p. 292-293. Publication annuelle de 1770 à 1790 par J.-B. Bernard Grosson, voir n° 47.

  37. Vers a M. Germain, anonyme, p. 293. L’auteur évoque « moun ami Gros d’éternelle memori » ; allusion à La Bourrido deis dieoux.

  38. Lettre dune fille agée de 9 ans a sa mere, ecritte de sa pension, anonyme, p. 294-295. Voir n° 10.

  39. L’enfan glourious. Fablo, anonyme, p. 295-297.

  40. Cansoun, anonyme, p. 298-299.

  41. Autre chanson, anonyme, p. 299-301.
    Feuillet blanc, p. 302-303.

  42. La Mouer d’aou pouerc de Méstré Noué. Pouëmo, anonyme, p. 304-316. « Din lou quartié quès noumma Monredoun (…) dounte ero sa bastido ». Méstré Noué (apparemment Noël Renoux) est aussi appelé « Mestré Caleno ». L’auteur demande à « son bouën ami magistrat » s’il a jamais mangé à Paris « un ragoux que vougué la bourrido » (qualifiée de « ragoux deis dioux ») ; une note p. 308 signale qu’il s’agit de « M. de Paul, lieutenant et Made de Paul » (Guillaume de Paul, Marseille 1738-1793, lieutenant général civil en la sénéchaussée, 2e échevin en 1759-1761, député du commerce, 1763-1768, collectionneur de tableaux, membre de l’Académie et honoraire amateur de celle de peinture). P. 308 mention d’« un Sanjanen » (habitant du quartier urbain de Saint-Jean) et p. 309 « la crémo de nouyeou » de « Madame Amphoux ». Également cités : « Surian » et « Jean-Baptisto » (voir ci-dessous), « lou canonge Chabran » (Jean Chabrand, chanoine de la collégiale Notre-Dame des Accoules, Grosson 1779, 95), « Janet Greling » (Jean-Marie, un des trois frères de Greling, négociants), Béyrés, cousin de Mme Paou, Milissy chirurgien (Pierre Mélicy, Marseille, 1732-1804, chirurgien et anatomiste à l’hôtel-Dieu), Zacharis (marginalia : « fameux comédien pour les rolles de valets comiques ») et p. 312, « la bello Magalouno », selon une note « Madame Magalon, puis Madame Surian de Bras » (Marie de Greling, veuve Magalon, épouse le 23 janvier 1782 de Jean-Baptiste Surian de Bras, négociant).

  43. Epitro à Moussu Bernard, à Paris, anonyme, p. 316-320. « La bourido, deis delicis de la bastido », « la Gardi ». Mentions de « la glori que recebe Moussu German », de Gros (marginalia : « fameux fabuliste provençal ») et de Bigounet (marginalia : « faiseur de prose rimée, imbecille » ?). Bernard : peut-être membre de la famille de négociants de ce nom, parent d’Anne Bernard, seconde épouse d’Hugues Samatan, ce dernier né en 1671 (voir n° 49).

  44. A Moussu Jean Hugues Samatan per lou jòur de l’an 1785 par le Marquis d’Archambauld, p. 320-321. Charles-Louis Alphonse de Bonnaud d’Archimbaud, Pertuis, 1744-Avignon, 1794. Selon Carrière (1973, l089), J.-H. Samatan est le frère et associé de Basile (voir n° 67), tous deux fils de Nicolas et petits-fils de Hugues que l’on vient de citer.

  45. Leis Pacoutillos ou Leis avus indiscrets par M. Grosson, p. 322-326. Met en scène une madame Dru et son galant, Moundor ( ?) et leurs serviteurs. Jean-Baptiste Bernard Grosson, Marseille, 1733-Montefusco, Italie, 1800. Courtier royal (1759) puis notaire en 1782. Élu à l’Académie de Marseille le 10 mars 1773. Collectionneur de livres, minéraux, coquillages et médailles, éditeur de l’Almanach historique de la ville de Marseille (voir n° 38) et du Recueil des antiquités et monuments marseillais qui peuvent intéresser l’histoire et les arts, paru à Marseille en 1773.

  46. Conte, par M. Bambaï, p. 327.

  47. Epitro à Moussu Nicoulaou Huguès Samatan onclé, lou jour de sa festo, par M. Bambaÿ, p. 327-330. « O tu, de Santo Margarido, beau priou » ; allusion à une bourrido, et p. 329. « toun incoumparable bastido » (énumération de ce qu’elle produit). Marginalia : « Bambaï étoit alors malade en Suisse ». Souhait d’atteindre « leis ans d’Annibau » (A. Camous, voir n° 11). P. 328, marginalia : « Il (N.-H. Samatan) avoit resté longtems ches sa tante s[ei]g[neur]r de S. Jean de Garguier » [commune de Gémenos] – « ta tanto Jacudo, que laisset sa terro a Clapié » – sans doute la dame Brun, veuve du sieur Bernard, usufruitière de cet arrière-fief, en procès en 1770 avec le coseigneur, le sieur de Clapiers ; p. 328, Samatan a pour « voisin de campagne » Bertrand (peut-être Dominique Bertrand, chef du bureau de l’Inde au ministère de la Marine puis directeur de la Compagnie royale d’Afrique de 1777 à 1794, membre de l’Académie) ; p. 330, marginalia : rappel que le dédicataire faisait le commerce de Tunis. Prénommé Hugues-Nicolas à son baptême, né en 1728 du second mariage le 18 juin 1720 de Hugues Samatan, veuf de Claire Silvy, avec Anne Bernard. Demi-frère de Nicolas et oncle de Basile et Jean-Hugues.

  48. A Margarido, anonyme, p. 331.

  49. A Mauchuan sur son ouvrage intitulé : La Bourrido deis Dioux par M. Bambaï, p. 332-335 Mauchuan : surnom de Germain ? Voir n° 3.

  50. A Moussu Hugues Samatan a sóun retour de Tunis en 1769 par M. Curnier, p. 333. Ce dernier l’appelle « moun cadet ». Voir n° 64. Sans doute Jean-Hugues Samatan déjà cité.

  51. A la pinedo de La Gardi par M. Bambaï, p. 335.

  52. Despiech de Jan Jaousé M. Bambaï, p. 336. Contre les « moussurots (…) emé seis jargouns franciots ».

  53. Avisamen pour le meme M. Bambaï, anonyme, p. 336.

  54. <#ITALIQUES#>Counseou de Mestré Mathieou Franc, paysan du térritoire d’aix par M. Bambaï</#ITALIQUES#>, p. 337-338. Est-ce Mathieu Franc, fils d’Antoine, travailleur illettré, et d’Anne Talon, né et baptisé à Aix le 24 avril 1746 ?

  55. Lou Sépoun du meme Mathieu Franc mis au vers par le meme M. Bambaï, p. 337-338. Mention de « mestre André, maunier de San Lou ».

  56. A un amy ageat de cinquanto ans, que demandavo couseou à l’autour, s’espousarié uno jouino fillo que n’en avié que dex huech, anonyme, p. 338-344. Mention : « dessu lou cous l’ia ben bello assemblado ».

  57. A Moussu Hugues Samatan que m’avié demanda meis pouësies, par M. Grosson, p. 344-349. Renvoi p. 346 à Leis Pacoutillos, n° 47. Cite « Hugues, de San Genié, Jean doou Valoun vert » ( ?).

  58. A un marrit poüeto, anonyme, p. 349.

  59. A ma mestresso, anonyme, p. 349-350.

  60. L’huroux réprochi, anonyme, p. 350

  61. A Moussu Nicoulau Samatan sur sa nouminatien oou counsulat en 1764, par M. Curnier, p. 350-353. Nicolas Samatan, Marseille, 1707-1793, époux le 16 janvier 1740 de Marie-Thérèse Merlet, père de Basile et Jean-Hugues, 2e échevin en 1754-1755, 1er échevin, 1763-1764, député du commerce, 1775-1779. L’auteur se dit « (s)oun ami ».

  62. A Moussu Samatan lou consou, sur la neissenco dé soun pichot fieou, Nicoulau Estieou, par M. Cornier, p. 353. Cornier ou Curnier ? Non identifié ou pseudonyme. Une famille Cornier a existé au XVIIe à Marseille mais on n’en n’a guère de traces après le début du XVIIIe.

  63. A Madame Estiou sur l’acouchamen de soun fieou Nicoulau par M. Cornier, p. 354-355. Anne-Félicité Samatan, fille de Nicolas, Marseille, 1750-1823, épouse le 3 juillet 1770 d’Antoine Estieu, négociant, ?-1808. Nicolas-Constantin Estieu est né dans la paroisse Saint-Ferréol le 13 novembre 1771.

  64. A Moussu Huguès Samatan, sur uno cansoun qu’aviè fach à soun péro en 1783, p. 355-356. « Sur lou coulet de Mounredoun / Leis musos, per uno bourride / Qué ly mangeoun émé Apoullon / M’en fa venir de la bastide », allusion au « bravé consou Nicoulau », père d’Hugues, à Gros et Germain « fameux poètes provençaux » selon une marginalia.

  65. Lettro de Mestré Giraud, pero nouricié de Mousu Bazilo Samatan, a Madameiselle Timoun, prétendudo de soun fieou de Lach per Moussu Bambaï, p. 356-359. Avant 1778. Basile Samatan, Marseille, 1743-1794, fils de Nicolas et de Thérèse Merlet, grand négociant, époux le 3 février 1778 de Marie Gabrielle Françoise Timon-David. Est 2e échevin en 1789-1790. Condamné par le tribunal révolutionnaire et guillotiné le 23 janvier 1794. Le père nourricier habite Septèmes, village contigu à Marseille.

  66. Lis nouveaux Maridas, anonyme, p. 360.

  67. Dialoguo souto la reigné [lou régné dans la table] de Louis Ségé par M. Bambaï, p. 360-361. La France est entrée dans la guerre d’Amérique : écrit entre 1778 et 1783.

  68. La Boueno rispouesto per M. Bambaï, p. 361-362. Bon mot de Mestré Franc, d’Aix.

  69. Critiquo de l’Odo sur lou trioumphè de Marsillo, anonyme, p. 362-365. Ode de Germain écrite et publiée après la prise de Port-Mahon en 1756. [Chalamont de] la Visclède est cité.

  70. Lou Presidén tanqua par Moussu Bambaï, p. 365-366. Autre bon mot de Mestré Franc.

  71. A Madamo Audibert, qué m’avié mandat de mélouns par M. Bambaï, p. 366-367. « Leis mèlouns esquis què m’as manda de ta bastido ». Cette déclaration d’amour peut-elle s’adresser à l’épouse d’un membre de la famille des négociants protestants Audibert ? Le patronyme est très courant. On penserait à l’épouse de l’auteur du Fortuné marseillais. Mais la première édition est de 1736 (Merle 1990, 963) et la dame est « jouino, poulido ».

  72. La Degoustado, anonyme, p. 367-368. Seraphino de la Cioutat.

  73. A l’ay de Madameisello Clero de Roumieou, à sa partenso per la Santo Baumo, lou 24 may 1703, anonyme, p. 368-373. Deux feuillets intercalés pour l’« Air notté de la romance… », lignes musicales vides. Écrit peut-être par le mari : « pouertes la mita de ma vido ». Membre de la famille de Romieu de Fos, qui résidait à Marseille au début du XVIIIe ?

  74. Lettro a Moussu Bazilo Samatan, sur ce qué m’escrivié plus quan eri a Tunis en 1766 par M. Bambaï, p. 374-376. Texte dialogué, mal transcrit. B. Samatan avait été envoyé à Tunis à 21 ans. Il répond à partir du 3e vers de la p. 375 à Bambaï, qu’il appelle « moun cher cousin » et dont il évoque l’« incoumparable garéno / d’oou quartié de San Barthoumieou ».

  75. Odo sur la necessitat de cagar par M. Bambaï, p. 376-379.

  76. Lou Gros malhur par M. Bambaï, p. 379-380.

  77. Romance. Lou Beou Tircis si proumenavo, p. 380-385 et deux pages intercalées : Air de la romanço cy avant. Air noté. Avant le texte : « Nota : La romance suivante est un chef d’œuvre et il est rare de la rencontrer entiere telle que celle cy ». Son texte avait été en particulier publié avec une traduction française dans le Mercure de France du 13 mai 1780, p. 50-56. Bouquet provençaou, 108-111 (Merle 1990, 119-120).

  78. Leis souhets, anonyme, p. 380-388. Préfiguration de la Cansoun de Magali.

  79. Gayéta de l’ibrougno, anonyme, p. 388.

  80. Epitro a Moussu Michel de Léon, trésourié de Franço, que m’avié presta soun Recueilh de pouësies prouvençalos, anonyme ? p. 389-392. Cite : « un aoutour que signo Bambai / Lou couneissés tan et pui mai ».

  81. Imitation de l’epode secundo d’Horaço, Elogi de la vido rustiquo par M. Dag… le. Beatus ille qui procul negotiis, p. 393-399. Par Dageville. Bouquet prouvençaou, 102-103.

  82. Horaso (sic) Libre III : Odo eis Roumains : que l’oubly deis dioux et la corruptien deis moeurs an causa touteis lei maoux par J. Dageville, p. 400-403.

  83. Ode VII du IV Livre d’Horaço à Gensouren que leis loüangis deis poüetos soun d’un gran prés, p. 404-407. Ode dédiée par Horace à Gensorinus.

  84. Vers sur quelques sermouns prechés a Marseille en 1771 par le R. P. Hervier grand augustin par M. Germain, p. 407-410 [voir première version au n° 16].

  85. M. Fresquiere comedie par M. Thobert, p. 411-434 [voir première version au n° 23].

  86. Noël sur l’air des bohémiens, p. 435. En note : « Il est copié à la page 92 de ce recueil » (n° 17). Cette pièce et les suivantes ne sont pas signalées par la table des matières.

  87. Cansoun, p. 436-439. « Lou Savoyar quitto Turin… ». Sans doute contemporaine de l’invasion de la Provence et du siège de Toulon en 1707, pendant la guerre de Succession d’Espagne. Cite Sanpater (Saint-Pater), Gobrian (L.-V. de Göesbrian), Dillon, Tessé, « lou heros de Castilloun » (bataille de Castiglione, 1er juin 1702), Moungon (Mongon), Moussu de Grignan (Charles d’Adhémar de Grignan, lieutenant-général) et « nouestro intendant » (Lebret), v. Martin 2010.

  88. Trio Prouvenceau, air noté sur neuf pages non numérotées.

Aspects de la sociabilité des parties méridionales du terroir marseillais

  • 3 La p. 206 est blanche.

9Il est possible de tirer parti des différences de plume et d’écriture pour suggérer des étapes dans la compilation de ce recueil. Un premier ensemble, du n° 1 à 23 (p. 1-205) est marqué par l’œuvre de Germain et plusieurs pièces des générations antérieures. Puis, entre les n° 24 et 44 environ (p. 207-316)3, un second apport se dessine, où domine la production de Dageville. Un troisième à partir des n° 44-45 est fortement marqué par la famille Samatan avec les œuvres de ce provençalisant jusqu’ici inconnu qu’est Bambaï (qui n’apparaît auparavant dans le manuscrit que par des corrections de textes déjà transcrits). La vente de sa bastide à Basile Samatan a peut-être permis à Michel de Léon de découvrir ses talents. Les pièces 86 à 90 pourraient avoir été tardivement ajoutées – trois figuraient déjà dans le manuscrit.

  • 4 Allusion à la version provençale du conte-type n° 1834A de la classification internationale d’Aarne (...)

10On se bornera à souligner la grande richesse de ce recueil, ne serait-ce que pour son vocabulaire – à noter ainsi n° 24, l’emploi du mot très marseillais « nervi », que l’on aurait pu croire apparu au XIXe ou, au n° 76, l’expression « [n’avé] ni coquo ni moquo ». Il témoigne de l’engouement pour la vie à la bastide et la sociabilité épulaire « à la campagne » de l’élite marseillaise, qu’elle appartienne au commerce ou à la robe. La bourride semblerait y tenir la place qu’aura au siècle suivant la bouillabaisse. Mais ce plat constitue le principal rappel que Marseille est au bord de la mer. Mis à part quelques mentions du Cours (Belsunce et Saint-Louis), qui est au XVIIIe siècle le lieu majeur de la vie publique et du paraître (n° 58), la ville ne s’entrevoit guère que dans le n° 19, La couversatien deis paurés, et le port nullement. Si l’on excepte la garenne de Bambaï à Saint-Barthélemy et les réparties de Mestré Franc d’Aix, les localisations indiquées correspondent à une étroite zone méridionale du terroir dans la plaine de l’Huveaune et ses bordures, constituée de quartiers quasiment contigus : Saint-Giniez, où était la bastide Michel de Léon devenue Samatan, la colline de la Garde qui la domine, Sainte-Marguerite, Saint-Tronc, Saint-Loup, Montredon, Mazargues et, hors du terroir, les villes de la vallée de l’Huveaune, Aubagne, Saint-Zacharie – chemin de la Sainte-Baume –, et même Auriol, avec le « Sieou d’Auruou » qui termine le n° 714. L’ensemble paraît suggérer une nette sociabilité de proximité, renforcée peut-être par les assemblées de possédants-biens des quartiers du terroir, qui gèrent les petites chapelles de secours où leurs membres se croisent lors de la messe dominicale. Autres lieux de sociabilité, les bureaux hospitaliers où siègent plusieurs personnages cités et l’Académie de peinture pour ceux qui en sont membres.

  • 5 L’auteur du n° 52 note : « Mon epitro n’es boueno à diré / Qu’en famillo après lou soupa ». On en d (...)

11Ce manuscrit révèle une création provençale souvent anonyme (à moins que Michel de Léon n’ait écrit certaines des pièces sans nom d’auteur) ou bien émanant d’auteurs dont certains n’avaient jamais encore été cités comme provençalisants (Grosson) ou même étaient insoupçonnés. Outre l’usage libéra-toire et parfois leste de la langue indigène pour des écrits à diffusion restreinte5, on entrevoit les connivences d’une partie de l’élite à évoquer des échanges ou des moments partagés dans la langue du terroir, à jouer les « troubadours » (au moins quatorze attestations dans le manuscrit). On notera aussi le prestige local dont jouit l’œuvre littéraire en provençal qui accède à l’impres-sion, à travers les mentions louangeuses de Gros et – nettement plus contrastées, il est vrai – de Germain. Les pièces de Dageville sont particulièrement intéressantes par leurs ambitions car il traduit la poésie sacrée des psaumes, les genres nobles latins et français. Les quelques inédits qu’en procure le recueil sont précieux car, après son exécution le 26 février 1794 pour avoir siégé au tribunal révolutionnaire pendant la période fédéraliste, Achard s’efforça vainement de savoir ce qu’étaient devenus ses manuscrits.

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Bibliographie

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Notes

1 Sur le passage : « A Vitrolle / Dins aquello celebro escollo / Leis asès ly passoun doctours… », voir l’article « Vitrolles » du Tresor dóu Felibrige.

2 Généalogie des deux branches des Samatan dans Archives départementales des Bouches-du-Rhône (dépôt de Marseille) 27 F 14, papiers de F. Timon-David, érudit dont la famille était alliée à la leur. Voir n° 67. Pas plus que lui, je n’ai pu retrouver pour l’heure l’acte de décès de Nicolas Joseph Marie Samatan.

3 La p. 206 est blanche.

4 Allusion à la version provençale du conte-type n° 1834A de la classification internationale d’Aarne, Thompson et Uther (« L’auditeur que le sermon n’émeut pas »), mise en vers au siècle suivant par Pierre Bellot, « Lou prédicatour encalat », entre autres éditions dans son recueil Lou galegeaire, Marseille, V. Boy, 1855, 146-149. Le curé de Roquevaire veut prêcher sur l’enfer ; mais il s’embrouille dans son sermon, provoquant les rires des fidèles. Furieux, il conclut : « Roquovairens, seres touteis damnats ». Un membre de l’assistance répond : « Yeou sieou d’Oouruou [le bourg voisin], m’en fouti ».

5 L’auteur du n° 52 note : « Mon epitro n’es boueno à diré / Qu’en famillo après lou soupa ». On en doute pour le n° 77 par exemple.

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Pour citer cet article

Référence papier

Régis Bertrand, « Le Recueil de vers provençaux de differens auteurs de François Michel de Léon (Cirdoc, ms. 1164) ou les loisirs des notables marseillais du XVIIIe s. »Revue des langues romanes, Tome CXIX N°2 | 2015, 287-306.

Référence électronique

Régis Bertrand, « Le Recueil de vers provençaux de differens auteurs de François Michel de Léon (Cirdoc, ms. 1164) ou les loisirs des notables marseillais du XVIIIe s. »Revue des langues romanes [En ligne], Tome CXIX N°2 | 2015, mis en ligne le 01 février 2018, consulté le 10 septembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rlr/315 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rlr.315

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Régis Bertrand

Aix-Marseille Université. UMR 7303 TELEMME AMU-CNRS (MMSH)

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