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À propos de la Revue des langues romanes

Un terrain d’expérimentation au long cours : Robert Lafont et la Revue des langues romanes

A Long-Term Field of Experimentation: Robert Lafont and the Revue des langues romanes
Philippe Gardy
p. 111-124

Resumits

Robert Lafont, professeur à l’université de Montpellier où se déroula la totalité de sa carrière dans l’enseignement supérieur, a été pendant de nombreuses années (entre 1964 et 2004) un collaborateur régulier de la Revue des langues romanes, une publication à laquelle il était attaché, au-delà d’évidentes motivations scientifiques, par des circonstances plus personnelles dont on n’a évoqué ici que quelques éléments parmi lesquels son engagement, à l’instar de son maître et ami Charles Camproux, en faveur de la langue occitane ne fut pas le moindre. Cela explique sans doute pourquoi Lafont a fait de la RLaR, dans la durée, le lieu d’expérimentation de ses propres recherches. L’inventaire et la périodisation de ses collaborations permettent d’esquisser un portrait, le temps ayant passé, d’une personnalité originale, entre médiévistique, linguistique, histoire littéraire occitane et anthropologie culturelle.

Debuta de pagina

Tèxte complet

  • 1  Sur la période antérieure, on lira l’article de Philippe Canales, « L’Ase Negre (1946-1949), premi (...)
  • 2  La RLaR lui a consacré un dossier, sous la direction de Joëlle Ginestet et Gilles-Guilhem Couffign (...)
  • 3  Revue publiée par le Centre d’estudis occitans, Facultat de las letras e sciéncias umanas de Montp (...)
  • 4  Aix-en-Provence, Édisud.
  • 5  Une brève mais précise description de ces revues est accessible à la rubrique Occitanica du site i (...)

1Plus que d’autres, sans aucun doute, Robert Lafont fut un homme dont l’attachement aux revues, sous toutes leurs formes, accompagna l’existence. Il collabora à beaucoup, et cela n’a rien d’original. Mais, surtout, il en fonda, en abandonna pour en fonder d’autres, et accompagna durablement la trajectoire de plusieurs de celles qu’il rencontra. Comme collaborateur régulier, et plus encore comme inspirateur et animateur, sans toujours que ce rôle ait été explicitement mentionné. Parmi ces dernières, on peut citer, dans le domaine de la littérature et de la critique culturelle, et pour la seule période qui nous intéresse ici1, des titres en occitan, langue qui fut le fil rouge jamais rompu de toute sa vie : ÒC, dont il fut quelques années rédacteur en chef avant de passer la main à Yves Rouquette2 ; Viure (1965-1973), dont les orientations étaient davantage politiques sans négliger pour autant la littérature et les arts ; Dire, revista de critica occitana (1976) qui en fut une suite éphémère (trois livraisons parues seulement) ; Obradors, quasèrns d’inventari de la creacion literària occitana3 (1969-1977) ; Amiras/Repères occitans4 (1982-1990) ; et encore, plus tardivement, La Revista occitana (1993-2000, 9 numéros parus), créée à l’image de la vénérable Revista de Catalunya. Il faudra bien, un jour, revenir en détail sur ces entreprises « en domaine occitan » qui n’ont guère jusqu’à aujourd’hui fait l’objet d’études un peu approfondies5.

  • 6  Philippe Gardy, « Robert Lafont critic literari. L’aventura dei Cahiers du Sud (1953-1966) », Leng (...)
  • 7  Surtout, mais pas seulement. À partir de 1966, Lafont prit une part prépondérante à la rédaction d (...)
  • 8  On peut dire que les deux séries de la revue Obradors, publiées sous les auspices du Centre d’étud (...)

2Côté français (de langue), mais toujours en rapport étroit avec la référence occitane et sa production littéraire, il y eut les Cahiers du Sud, la prestigieuse revue marseillaise dirigée par Jean Ballard, dont Lafont, pendant de nombreuses années, assura, avec d’autres, mais à sa façon bien particulière, la coloration occitane6. Il y eut aussi, moins opiniâtrement, mais tout aussi fortement, Les Lettres françaises d’Aragon et Europe, qui, toujours bien vivante aujourd’hui, ne s’est jamais départie d’un attachement sans faille à la partie occitane de la création littéraire française. Il y eut aussi, et surtout7, du côté de la recherche universitaire cette fois, la Revue des langues romanes8, dont Lafont fut un ouvrier assidu et novateur, sans pour cela rompre avec la tradition d’une entreprise déjà ancienne quand il décida d’en partager, pour un long temps, les orientations et les penchants initiaux, certes plus ou moins reformulés au fil des années, mais jamais reniés.

  • 9  La conscience linguistique des écrivains occitans : la Renaissance du xvie siècle, soutenue devant (...)
  • 10  Renaissance du Sud, op. cit., 116-118. Lafont y renvoie logiquement à son étude publiée dans la RL (...)
  • 11  Texte établi d’après l’édition de 1492 par Robert Lafont, professeur assistant à la Faculté des Le (...)

3C’est dans la RLaR que Lafont publia, dans le numéro unique daté de 1964, l’un de ses premiers travaux de sociolinguistique historique en domaine d’oc. Ces « Remarques sur la situation du niçois écrit jusqu’au milieu du xvie siècle » sont reprises de la thèse de doctorat « de troisième cycle » qu’il avait soutenue la même année devant la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Montpellier sous la direction de Charles Camproux9. Cette volonté de commencer à faire connaître un travail important réservé jusque-là aux seuls membres de son jury de soutenance ne mérite aucun commentaire particulier, tant elle est recevable. Mais elle est en même temps révélatrice d’un souci qui, rétrospectivement, semble avoir été l’un des moteurs de la présence régulière de Lafont dans la RLaR. Enseignant et chercheur directement concerné par ses domaines de recherche (la langue et la littérature occitanes et, plus largement, les études romanes) dans l’institution universitaire où la revue était publiée, il ne pouvait bien sûr pas rester à l’écart des conditions matérielles de sa conception et de sa fabrication et, plus largement, des contenus qu’elle donnait à lire. Mais il s’efforçait en même temps, dès ses premières apparitions, d’abord à travers ses propres activités de chercheur, de donner une certaine visibilité à des perspectives susceptibles de faire évoluer les horizons et les méthodes de la recherche. Derrière un intitulé plutôt anodin et modeste, cette première contribution consacrée à la matière niçoise laissait deviner l’importance d’un chantier intellectuel majeur : celui d’une étude sociolinguistique (avant la lettre : le mot n’est pas présent) des usages écrits de l’occitan à une période critique de son histoire, et qui plus est en un lieu, le comté de Nice, à la fois excentré géographiquement et doté d’une histoire particulière. Plusieurs paragraphes synthétisant les acquis de cet article furent d’ailleurs intégrés quelques années plus tard dans Renaissance du Sud10, quand est envisagé le cas de « deux fragments de la Provence politiquement détachés : Avignon et le comtat Venaissin d’un côté, Nice et son comté de l’autre » (p. 116). Lafont, dans l’intervalle, avait en outre publié une édition de l’un des textes sur lesquels il avait appuyé sa démonstration : le Compendion de l’Abaco, de Francés Pellos11.

  • 12  Comme pour celui sur Nice, la matière de cet article, qui fit et fait encore date, fut reversée da (...)

4Cet article, comme celui publié en 1966 sur « Les Leys d’Amor et la mutation de la conscience occitane12 », ouvrait ainsi un terrain nouveau, ou, à tout le moins, rénové et enrichi de perspectives donnant un sens rarement éprouvé et plus rarement encore replacé dans une perspective globale, au-delà des indispensables études de cas locales ou régionales. Plusieurs, à la suite de Lafont, allaient s’aventurer sur de tels terrains de recherche, tandis que lui-même, inlassablement, commençait à en défricher d’autres, dont la RLaR devait être l’un des porte-voix essentiels.

  • 13  Sur ces élargissements successifs et leurs soubassements théoriques, une approche à la fois élégan (...)

5Au fil des années, avec des insistances variables, les collaborations de Lafont à la revue mirent en relief trois inflexions significatives, dont l’émergence et l’approfondissement faisaient écho à des préoccupations de plus en plus globalisantes, visant, à terme, à l’émergence d’une anthropologie du langage et des productions humaines13.

  • 14  Cette thèse fut éditée la même année dans la foulée de sa soutenance (les thèses à cette époque ne (...)
  • 15  On citera seulement l’ouvrage à cet égard fondateur de Robert Lafont Le travail et la langue, Pari (...)
  • 16  Parallèlement, les recherches en sociolinguistique, historique ou contemporaine, impulsées par Laf (...)
  • 17  La bibliographie ultérieure de Lafont montre que ce chantier enraciné dans le temps et l’espace de (...)

6Dans l’ordre chronologique, ce sont deux études de linguistique à proprement parler qui prirent le relais des deux contributions de sociolinguistique historique occitane extraites de la thèse de 1964. Ces études, de 1970 et 1975, dont l’une écrite en collaboration avec Françoise Gardès-Madray, faisaient écho aux recherches conduites pendant la même période sur la renaissance d’oc du xvie siècle, mais d’une tout autre façon. On sait que Lafont avait soutenu en 1967, toujours devant l’université de Montpellier, une seconde thèse, dite « thèse d’État », dont l’intitulé, La phrase occitane14, apparaissait très ambitieux par sa généralité aussi bien géographique (tout l’espace de la langue d’oc) que temporelle (une partie importante de la production écrite dans cette langue, depuis la période médiévale jusqu’aux xixe et xxe siècles). Cette thèse, et les théories sur lesquelles elle appuyait notamment ses démonstrations, empruntaient beaucoup, en les reformulant, aux idées de Gustave Guillaume sur la personne, les temps et le système de l’article. Et c’est à partir de sa vaste enquête occitane que Lafont avait entrepris de mettre au net, au fil des années qui suivirent, ce qui allait devenir la (linguistique) praxématique et donner lieu, outre la publication de plusieurs ouvrages de référence15, à la création en 1983 d’une nouvelle revue, les Cahiers de praxématique16, toujours active aujourd’hui. L’article de 1970, « Genre et nombre en indo-européen. Essai d’explication unitaire des pertinences du nominal », est à cet égard symptomatique : du chantier occitan, envisagé déjà dans sa globalité, Lafont passait à un chantier tout aussi global, mais à l’échelle d’un vaste espace linguistique, celui de l’« indo-européen », et dans une perspective très générale envisageant déjà les faits de langue en tant que données anthropologiques liées au développement de l’être humain et de son aptitude particulière à la parole et à l’écriture17. La RLaR, ainsi, avait donné une visibilité, du côté des romanistes, à des thèmes de recherche qui furent par la suite accueillis dans d’autres revues plus directement concernées. Mais ces thèmes ne manquèrent cependant pas de resurgir dans la revue, selon la logique très lafontienne de « l’arbre et de la spirale » que j’ai essayé ailleurs de décrire de façon trop sommaire.

  • 18  Y compris et d’abord française, stricto sensu (voir ses articles sur « la langue et le style des é (...)
  • 19  Avec notamment son ouvrage Le « joy d’amor » des troubadours. Jeu et joie d’amour, Montpellier, Ca (...)
  • 20  La Geste de Roland, 2 vol. (1. L’épopée de la frontière ; 2. Espaces, textes, pouvoirs), Paris, L’ (...)
  • 21  La Source sur le chemin. Les origines occitanes de l’Europe littéraire, Paris, L’Harmattan, 2002. (...)

7Le lieu principal, mais pas unique, de ce resurgissement fut les études médiévales, autour de l’occitan. Un terrain sur lequel Lafont, ailleurs que dans la RLaR, s’était aventuré très tôt, mais auquel il revenait, tel auparavant son maître Charles Camproux passant de la dialectologie et de la stylistique18 à la médiévistique19, mais muni cette fois d’outils d’analyse où les questions de sociolinguistique et les principes de la praxématique jouaient un rôle central. Ce retour s’est effectué, si l’on se fie à la bibliographie de Lafont, au cours des années 1980. Il trouva son premier, et considérable, point d’aboutissement une dizaine d’années plus tard avec la publication des deux volumes de La Geste de Roland20, tandis que la plupart des contributions confiées à la RLaR à partir de 1983 prirent place ultérieurement dans une autre somme complémentaire, La Source sur le chemin21.

  • 22  On citera à cet égard comme significative la remarque de Marjolaine Raguin-Barthelmebs : « La théo (...)

8La RLaR, dans ce qui apparut alors comme la remise en cause de pas mal de certitudes et ne bénéficia pas (pour cette raison même ?) d’un accueil véritable auprès des spécialistes, historiens, linguistes ou historiens de la littérature, fut l’un des points d’appui, parmi d’autres, nombreux mais moins régulièrement sollicités, que prit Lafont pour développer ses thèses sur les origines de l’épopée rolandienne et, par voie de conséquence, sur l’établissement des textes témoins et leur interprétation à l’aune du renversement de perspectives qu’il proposait22.

9Les contributions de cette période essentiellement « médiévalisante » ont été accompagnées de quelques unica dont l’apparente solitude dissimule, mal bien sûr, des passions plus anciennes. Elles font également écho aux transformations dont la RLaR a été le théâtre depuis les années 1960, quand Lafont y publia ses premiers articles. Encore imprimée à Montpellier en 1951, la revue, au moment où Lafont y donne son article « niçois », est désormais fabriquée par l’imprimerie Barnier, père et fils, à Nîmes. Quand on sait quel rôle joua cette imprimerie dans l’édition des livres en occitan, ceux publiés par l’Institut d’études occitanes en particulier, on subodore que Lafont, nîmois de naissance et encore, à cette époque et pour un certain temps, de domiciliation, ne fut pas pour rien dans ce changement. En ces années-là, la revue, en outre, commence à se transformer, matériellement d’abord. De la couverture rouge brique, encore à l’honneur en 1964, on passa au cours des années qui suivirent à une couverture un peu moins austère, faite d’une étroite bande verticale rouge à gauche et d’une autre, plus large, de couleur jaune, sur laquelle un sommaire résumé finit par prendre place. À partir de 1982, ce fut le blanc, avec le nom de la revue en lettres majuscules rouges dans la partie supérieure, qui l’emporta, et subsiste toujours de nos jours. Ce changement ne fut pas que d’aspect : la revue devint avec lui thématique, et le sujet du dossier principal fut mis en avant, en lettres noires, sur la première de couverture. Une sorte d’éditorial, non signé, en page 7, énumérait, en les expliquant, ces choix, et exprimait la volonté d’une équipe rédactionnelle pour partie remaniée de recentrer la revue autour de ses sujets originels de recherche, « la philologie des langues romanes » et « le texte littéraire occitan ».

  • 23  Dossier rassemblé par Fausta Garavini.

10L’intervention de Lafont dans la première livraison de cette formule renouvelée (« Recherches actuelles sur la littérature en Occitanie23 ») se présente, à l’occasion d’un retour sur l’œuvre « renaissantiste » du Gascon Pey de Garros, comme un manifeste où se croisent ressources théoriques (trois noms l’emportent : l’universitaire autrichien, et occitanophile, Fritz Peter Kirsch ; le linguiste toulousain Jean Séguy ; Pier Paolo Pasolini), analyses de plusieurs textes de Garros où sont présentes (voire sous-jacentes) les notions de nation, de pays et de peuple, et références, à peine voilées, aux polémiques récentes sur l’usage de ces notions dans les milieux qui s’intéressent alors aux questions de langue et de littérature occitanes. Comme le praxématicien et le médiéviste (qui s’épaulent jusqu’à se confondre intellectuellement), Lafont s’efforce d’ouvrir des voies nouvelles du côté de l’interprétation de l’écrit occitan moderne et contemporain. Cette intervention programmatique trouve d’ailleurs son pendant dans sa contribution sur Raimbaut d’Orange publiée dans le numéro 1 de 1983 au sein d’un ensemble réuni par Lafont lui-même sous le titre « Le texte des troubadours : recherches actuelles ». Dans l’un et l’autre cas, il s’agissait bien de défricher d’autres chemins possibles pour des recherches à venir.

11Restent deux unica, dont la présence reflète les goûts esthétiques et littéraires de Lafont, et qui s’inscrivent en même temps dans l’exercice des dossiers thématiques auxquels la RLaR, depuis 1982, est restée fidèle. Le premier, de 1990, rejoint, dans le cadre d’un ensemble intitulé « Sonnets et sonnettistes occitans, 1550-1630 », les études que Lafont avait conduites depuis sa thèse de troisième cycle sur ce qu’il appela, d’une formule discutée mais qui devait s’imposer, les « baroques occitans ». Cette époque, en occitan comme en français, peut être considérée comme l’âge d’or, ou l’un des deux ou trois âges d’or, du sonnet. Lafont en reparcourt le cheminement, à partir d’une forme, donc, et d’une thématique, celle du « sonnet amoureux ». L’originalité de sa démarche, qui mêle sociolinguistique et poétique, consiste à confronter, à travers quelques études de cas, les sources des écrivains occitans du temps, de la Provence à la Gascogne, sources essentiellement françaises, à la « manière » dont ces écrivains les ont acclimatées (comme leurs prédécesseurs français avant eux) et s’en sont appropriés en mettant à profit les ressources spécifiques de leur langue d’élection et leur propre arrière-fond culturel.

  • 24  Dès l’origine, l’ouvrage, comme ceux de Mistral, fut publié en version bilingue, le texte français (...)
  • 25  Un occitan languedocien « central » (?) dont Lafont faisait usage parfois, comme dans son étude «  (...)

12On croit pouvoir dire que cet article a joué un rôle important par son apport méthodologique, bien entendu, mais aussi par les perspectives de relecture des textes qu’il ouvrait, et qu’il ouvrit effectivement. Il en va un peu différemment de la contribution de Lafont au dossier consacré en 1995 à l’écrivain provençal Joseph d’Arbaud, disciple de Mistral et l’une des figures majeures de la littérature occitane, en poésie et plus encore en prose, de la première moitié du xxe siècle. Son intervention, comme d’autres, portait sur l’œuvre sans doute la plus remarquable de d’Arbaud, La Bèstio dóu Vacarés/La Bête du Vaccarès24. Écrite en occitan25, assez brève, elle retient l’attention par son caractère plutôt singulier : Lafont s’y livre à une analyse critique du récit camarguais en insistant, selon une méthode qu’il semble avoir beaucoup pratiquée in petto, mais plus rarement en public, celle du repérage et de l’approfondissement des failles qui traversent un texte et qui en révèlent ainsi à la fois l’architecture plus ou moins cachée et les manques, les hantises inexprimables. En cela, ce court exercice de lecture mériterait sans doute d’être médité à sa juste valeur.

***

  • 26  Chargé d’un cours (d’occitan), puis assistant, maître-assistant et enfin professeur.
  • 27  Ce rôle prit fin quand les animateurs de la revue, sous l’impulsion décisive de Gérard Gouiran, po (...)
  • 28  Je n’ai fait intervenir ici les miens propres que discrètement, afin de ne pas risquer les inévita (...)

13Pour des raisons qui s’expliquent aisément (son enracinement nîmois et montpelliérain, personnel et aussi professionnel), Lafont a été pendant plus de quarante années un collaborateur assidu, par ses articles, de la RLaR. Il en été aussi, en raison de son appartenance universitaire montpelliéraine26, un artisan à la fois technique (la mise en œuvre matérielle des numéros dans l’atelier d’imprimerie Barnier27 de la rue des Lombards, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor, les va-et-vient des jeux d’épreuves, etc.) et intellectuel (son rôle au comité de rédaction, la part qu’il prit, explicitement ou non, à la conception de plus d’un dossier…). Tout cela demanderait à être précisé, mais les données accessibles manquent, et les sondages que j’ai pu faire dans certaines correspondances (celles qui ont été déposées et, ou non, classées) n’apportent guère de matière exploitable en l’état. Restent les souvenirs. Ils sont encore présents28, mais sont-ils tous et toujours fiables le temps ayant passé ?…

14J’ai commencé ce qui n’est rien de plus que le commentaire par trop schématique d’une bibliographie par une évocation de Robert Lafont « homme de revues », envers et contre tout. Il en fonda beaucoup, avec des fortunes diverses, fut fidèle à certaines, en quitta d’autres en chemin. Parmi celles auxquelles il demeura indéfectiblement attaché, la RLaR fut sans doute pour lui la plus précieuse, ne fût-ce que par la régularité des collaborations qu’il lui accorda et des services qu’il lui rendit.

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Bibliografia

Articles, notes et comptes rendus

« Remarques sur la situation du niçois écrit jusqu’au milieu du xvie siècle ». RLaR, tome LXXVI, 1964, 37-50.

« Les Leys d’Amor et la mutation de la conscience occitane ». RLaR, tome LXXVIII, 1966, 13-59.

Comptes rendus de : Arthur R. Evans, The Literary Art of Eugène Fromentin : A Study in Style and Motif, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1964, 155 p. ; Fritz Peter Kirsch, Studien zur Languedokischen und Gaskonischen Literatur der Gegenwart, Wien-Stuttgart, Braumüller (Wiener romanistische Arbeiten, IV), 1965, 174 p. ; Fausta Garavini, « Felibrismo : Eterodossia e no », Paragone, XV, n° 172, 1964, 44-82. RLaR, tome LXXVII, 1966, 258-263.

Comptes rendus de : Leena Löfstedt, Les expressions du commandement et de la défense en latin et leur survie dans les langues romanes, Mémoires de la Société Néophilologique de Helsinki, t. XXIX, 1966, 231 p.alo ; Gérard Moignet, Le système du paradigme Qui, Que, Quoi, Strasbourg, TraLiLi, 1965, 75-95 et 163-183. RLaR, tome LXXVII, 1967, 303-306.

Comptes rendus de : Jesus Alonso Montero, Realismo y conciencia crítica en la literatura gallega, Madrid, Ciencia nueva, 1968, 219 p. ; Manuel Sanchis Guarner, La Renaixença al país Valencià, Barcelona, Edicions 62, 1968, 157 p., RLaR, tome LXXVIII, n° 1, 1969, 163-167.

« Genre et nombre en indo-européen. Essai d’explication unitaire des pertinences du nominal ». RLaR, tome LXXIX, 1970, pp. 89-148. Repris dans Le dire et le faire. Textes réunis par Jacques Bres et Françoise Gardès-Madray, Montpellier. Groupe de recherche en linguistique praxématique, 1990, 127-188.

Compte rendu de : Johannes Hösle et Antoni Pous, Katalanische Lyrik im zwanzigsten Jahrhundert : Eine Anthologie, Mainz, Hase & Koehler, 152 p., RLaR, tome LXXIX, 1970, n° 2, 512.

Compte rendu de Karl Peter Linder, Studien zur Verbalsyntax der ältesten provenzalischen Urkunden und einiger anderer Texte mit einem Anhang über das konditionale « qui», Tübingen, 1970. RLaR, tome LXXIX, 1970, n° 2, 512.

Compte rendu de : René Jouveau, Histoire du Félibrige. RLaR, tome LXXIX, 1971, n° 2, 376-378

« Mille ans de littérature occitane », RLaR, tome LXXXI, n° 2, 1974, 467-468.

Comptes rendus de : Jacques de Caluwé, Le Moyen Âge littéraire occitan dans l’œuvre de Frédéric Mistral, utilisation éthique et esthétique, Paris, Nizet, 1974, 338 p. ; Reine Cardaillac Kelly, A descriptive analysis of gascon, La Haye-Paris, Mouton, 1973, 214 p. ; Karl Gebhardt, Das okzitanische Lehngut im Französischen, Bern-Frankrfurt/M, Lang, 1974, 558 p. ; L. M. Skrelina, Histoire de la langue française, Moscou, Éditions universitaires, 1972, 312 p. ; Pere Verdaguer, Cours de langue catalane, Barcelona, Barcino, 1974 ; Lluis Creixell, Diccionari bàsic francès-català, Perpignan, Centre pluridisciplinari d’estudis catalans, 1974 ; Georg Kremnitz, Versuche zur Kodifizierung des Okzitanischen seit dem 19. Jh. und ihre Annahme durch die Spreche, Tübingen, 1974, 116 p. RLaR, tome LXXXI, n° 2, 1974, 505-519.

(en collaboration avec Françoise Gardès-Madray). « Le statut de la “non-personne” ». RLaR, tome LXXXI, n° 1, 1975, 123-135. Repris dans Le dire et le faire. Montpellier, Groupe de recherche en linguistique praxématique, 1990 : p. 189-203.

« Texte de la nation, du pays et du peuple” » : le statut de l’écriture occitane ; l’exemple de Pey de Garros ». RLaR, tome LXXXVI, 1982, n° 1, 35-52.

Compte rendu de : L’Antiquité du Triomphe de Béziers au jour de l’Ascension, Béziers, CIDO, 1981. RLaR, LXXXVI, n° 1, 1982, 159-161.

Compte rendu de : Frédéric Mistral/Joseph Roumanille, Correspondance, Raphèle-lès-Arles, Culture provençale et méridionale, 1981. RLaR, tome LXXXVI, n° 1, 1982, 165.

« Travail et retravail textuel : le poème à structure répétitive et sa tradition manuscrite (à propos d’une chanson de Raimbaut d’Orange) ». RLaR, tome LXXXVIII, 1983, n° 1, 51-67. Repris, aux pages 23-41, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« La nominacion indirecta dels païses ». RLaR, tome XC, 1986, n° 2, 161-171. Repris pour partie, reformulé en français, dans le volume 2 de La Geste de Roland, Paris, L’Harmattan, 1992, 212 sqq.

« De la Chanson de Sainte Foy à la Chanson de Roland : le “secret” de la formule de composition épique ». RLaR, tome XCI, 1987, n° 1, 1-23. Repris, aux pages 147-171, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« Des nouvelles du perroquet ». RLaR, tome XCII, 1988, n° 2, 383-397. Repris, aux pages 43-58, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« Roland matamore, ou l’ethnotype du Franc fanfaron ». RLaR, tome XCIV, 1990, n° 1, 61-79. Repris, aux pages 223-242, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« En passant par la Touraine, de l’Italie à l’Occitanie : notes sur le sonnet amoureux ». RLaR, tome XCIV, 1990, n° 2, 237-262.

« La philologie déniaisée ». RLaR, tome XCV, 1991, n° 2, 331-341. Repris, aux pages 243-254, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« Ar resplan la flor enversa : la fleur inverse du “gay” savoir ». RLaR, tome XCVI, 1992, n° 1, 105-117. Repris, aux pages 111-123, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« Épopée et nòvas : le texte du joglar contador ». RLaR, tome XCVI, 1992, n° 2, 251-273. Repris, aux pages 255-276, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

Compte rendu de Felip Gardy, Enric Prat e Pep Vila (eds), Anònim, Lo judici de Paris, pastor (segle XVIII), Teatre català del Rosselló, segles XVII-XIX, II, Barcelona, Curial edicions catalanes, 1992, 131 p. RLaR, tome XCVII, 1993, n° 2, 459-461.

« De-qu’es aquela bèstia ? ». RLaR, tome XCIX, 1995, n° 1 (dossier « Joseph d’Arbaud »), 65-72.

« La voix des dames ». RLaR, tome CI, 1997, n° 2, 185-205. Repris, aux pages 125-143, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« Relecture de Cabra juglar ». RLaR, tome CIV, 2000, n° 2, 337-377. Repris, aux pages 545-578, dans La Source sur le chemin. Paris, L’Harmattan, 2002.

« Réflexions sur le Roman d’Arles ». RLaR, tome CVIII, 2004, n° 1, 243-260.

Recensions d’œuvres de R. L.

Paraulas au vièlh silenci. Toulouse, Institut d’estudis occitans, 1946. 32 p. Compte rendu par Jean Bourciez, RLaR, 1940-1945, 371.

En collaboration avec Bernard Lesfargues. Anthologie de la jeune poésie occitane. Paris, Le Triton bleu, 1946. 92 p. Compte rendu par Jean Bourciez, RLaR, 1940-45, 371.

Vida de Joan Larsinhac, Toulouse, Institut d’études occitanes, 1951. 100 p. Compte rendu par Jean Bourciez, RLaR, n° 71, 138.

Mistral ou l’illusion. Paris, Plon, 1954. Compte rendu par Jean Bourciez, RLaR, tome 72, 118.

Francés de Corteta. Tròces causits. Lavit-de-Lomagne, Lo Libre Occitan 1968. 73 p. Compte rendu par Jean-Marie Petit, RLaR, 1971, n° 1, 209.

Anthologie des baroques occitans. Avignon, Aubanel, 1974. 295 p. Compte rendu par Philippe Gardy, RLaR, 1976, 307.

Le chevalier et son désir. Essai sur les origines de l’Europe littéraire (1064-1154). Paris, Éditions Kimé, 1992, 235 p. Compte rendu par Jean-Charles Huchet, RLaR, tome XCVII, 1993, n° 1, 203-207.

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Annèxe

Robert Lafont dans la RLaR, essai de bibliographie

Une bibliographie est la plupart du temps incomplète. Robert Lafont, polygraphe jamais en reste, n’échappe pas à la règle. Celle qui suit est donc imparfaite, bien qu’elle ait bénéficié de deux sources très fiables : la bibliographie dressée par François Pic en 2005 (« Essai de bibliographie de l’œuvre littéraire et scientifique de Robert Lafont », in Danièle Julien, Claire Torreilles et François Pic (éd.), Robert Lafont. Le roman de la langue, Toulouse, Centre d’étude de la littérature occitane, Bordeaux, William Blake & Co, 263-301) et régulièrement complétée au fil des années par son auteur, que nous remercions de nous avoir communiqué ces compléments ; l’« Index de la RLaR du numéro LXI (1921-1922) au numéro XCIX de 1995) dressé (anonymement mais scrupuleusement !) par Gérard Gouiran dans la RLaR elle-même (tome XCIX, n° 2, 310 p.). Mais tout cela n’empêche pas les oublis, en particulier pour ce qui concerne les comptes rendus, parfois très brefs, un genre, de toute façon, dont Lafont, dans la RLaR comme ailleurs, ne fut pas un praticien toujours très assidu (la RLaR le lui rendit bien : peu de ses ouvrages, au final, y ont bénéficié d’une recension). On ajoutera que la tomaison, comme pour beaucoup de revues tout aussi vénérables, est parfois assez embrouillée, ce qui ne facilite pas le référencement des textes.

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Nòtas

1  Sur la période antérieure, on lira l’article de Philippe Canales, « L’Ase Negre (1946-1949), première revue d’occitanisme politique d’après-guerre », Lengas [En ligne], 75 | 2014, mis en ligne le 15 juillet 2014, consulté le 02 décembre 2019. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lengas/600 ; on pourra se reporter aussi à Philippe Gardy, « L’Ase Negre avant L’Ase Negre (mars-juin 1946) : un chaînon manquant ? », Lengas revue de sociolinguistique [En ligne], 81 | 2017, mis en ligne le 20 mars 2017, consulté le 08 juin 2017. URL : http://lengas.revues.org/1192.

2  La RLaR lui a consacré un dossier, sous la direction de Joëlle Ginestet et Gilles-Guilhem Couffignal (« Yves Rouquette (1936-2015). Engagement et création littéraire »), tome CXXI, n° 1, 2017.

3  Revue publiée par le Centre d’estudis occitans, Facultat de las letras e sciéncias umanas de Montpelhièr.

4  Aix-en-Provence, Édisud.

5  Une brève mais précise description de ces revues est accessible à la rubrique Occitanica du site internet du CIRDOC (Béziers). Pour ÒC, on dispose de la synthèse très détaillée d’Yves Toti, ÒC, « pèlerin de l’absolu » : un bout de chemin (1924-1964), Mouans-Sartoux (06371), Éditions de la Revue ÒC, 2004 (?).[Texte remanié d’une thèse de doctorat d’Études occitanes, Université de Nice-Sophia Antipolis, 1996]

6  Philippe Gardy, « Robert Lafont critic literari. L’aventura dei Cahiers du Sud (1953-1966) », Lenga e país d’Òc, n° 50-51, 2011, 112-125.

7  Surtout, mais pas seulement. À partir de 1966, Lafont prit une part prépondérante à la rédaction des Annales de l’Institut d’études occitanes, dont une douzaine de numéros thématiques, rédigés en occitan aussi bien qu’en français, furent publiés jusqu’en 1972, et quatre autres, sous un autre format, entre 1977 et 1978. De cette dernière série (la cinquième), intitulée Annals de l’Institut d’estudis occitans et domiciliée à l’université Paul Valéry de Montpellier, Robert Lafont était le directeur.

8  On peut dire que les deux séries de la revue Obradors, publiées sous les auspices du Centre d’études occitanes de l’université montpelliéraine, furent une sorte de complément, à la fois littéraire et critique, à la RLaR (on y trouve plus d’une contribution qui aurait pu tout aussi bien paraître dans cette dernière).

9  La conscience linguistique des écrivains occitans : la Renaissance du xvie siècle, soutenue devant l’université de Montpellier par Robert Lafont le 17 avril 1964, 648 p. Ce volume dactylographié, jamais imprimé ultérieurement dans sa totalité, est notamment consultable au CIRDOC (Béziers, LAF.A.058). La partie proprement littéraire a été reprise dans le volume Renaissance du Sud. Essai sur la littérature occitane au temps de Henri IV, Paris, Gallimard (« Les Essais »), 1970 ; volume dédié de façon riche de sens à Charles Camproux. La partie linguistique et sociolinguistique, elle, n’a fait l’objet que d’impressions partielles, sous la forme de quelques articles dont celui-ci.

10  Renaissance du Sud, op. cit., 116-118. Lafont y renvoie logiquement à son étude publiée dans la RLaR.

11  Texte établi d’après l’édition de 1492 par Robert Lafont, professeur assistant à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Montpellier, avec un commentaire philologique. Commentaire mathématique de Guy Tournerie, ancien élève de l’École Polytechnique, Montpellier, Faculté des Lettres et Sciences humaines, 1967.

12  Comme pour celui sur Nice, la matière de cet article, qui fit et fait encore date, fut reversée dans le chapitre premier de Renaissance du Sud, intitulé « Toulouse, capitale en dérive » (p. 19-25).

13  Sur ces élargissements successifs et leurs soubassements théoriques, une approche à la fois élégante et non simplificatrice a été tentée à plusieurs voix dans le dossier qu’a consacré à Robert Lafont sous la houlette de Gil Jouanard la revue Septimanie : « Robert Lafont. Voyage dans la logosphère en compagnie d’un Septimanien d’exception », Septimanie. Le livre en Languedoc-Roussillon, n° 9, avril 2002, 24-33 [contributions de Danielle Julien, Philippe Gardy, Bernard Pasobrola, Patrick Sauzet et Paul Siblot]. Je renvoie aussi à une approche plus récente : Philippe Gardy, L’arbre et la spirale. Robert Lafont polygraphe, essai, Valence d’Albigeois, Vent Terral, 2017.

14  Cette thèse fut éditée la même année dans la foulée de sa soutenance (les thèses à cette époque ne pouvaient être soutenues qu’en version imprimée) : La phrase occitane. Essai d’analyse systématique, Paris, PUF (Publications de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Montpellier, tome XXVIII), 1967. Sur cette ambition généralisante, on lira par exemple le compte rendu critique de Jacques de Caluwé dans la Revue belge de philologie et d’histoire, tome 48, n° 2, 1970, 484-488 (www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1970_num_48_2_2823_t1_0484_0000_2).

15  On citera seulement l’ouvrage à cet égard fondateur de Robert Lafont Le travail et la langue, Paris, Flammarion, 1978. En 1976 avait paru, en collaboration avec Françoise Gardès-Madray, Introduction à l’analyse textuelle, Paris, Larousse. Ce dernier ouvrage mettait déjà largement en œuvre certaines des idées de la praxématique.

16  Parallèlement, les recherches en sociolinguistique, historique ou contemporaine, impulsées par Lafont, avaient abouti à la création en 1974 des Cahiers du groupe de recherche sur la diglossie franco-occitane, puis en 1977, prenant leur suite, de Lengas revue de sociolinguistique.

17  La bibliographie ultérieure de Lafont montre que ce chantier enraciné dans le temps et l’espace de l’histoire des langues fut également très fructueux (des articles et surtout plusieurs ouvrages de grandes ambitions et dimensions).

18  Y compris et d’abord française, stricto sensu (voir ses articles sur « la langue et le style des écrivains » dans Lettres françaises notamment. À la stylistique en domaine français, Lafont se consacra également quelques années durant : devenu assistant à la Faculté des Lettres montpelliéraine, son enseignement était en grande partie consacré à celle-ci.

19  Avec notamment son ouvrage Le « joy d’amor » des troubadours. Jeu et joie d’amour, Montpellier, Causse & Castelnau, 1965, et de nombreux articles, réunis en deux volumes : Écrits sur les troubadours et la civilisation occitane du Moyen Âge, Clapiers, Occitania/Institut d’études occitanes, tome 1, 1984 ; tome 2 1985.

20  La Geste de Roland, 2 vol. (1. L’épopée de la frontière ; 2. Espaces, textes, pouvoirs), Paris, L’Harmattan, 1991.

21  La Source sur le chemin. Les origines occitanes de l’Europe littéraire, Paris, L’Harmattan, 2002. À lire la bibliographie de Lafont établie (et complétée ultérieurement) par François Pic, bibliographie qui recense également les comptes rendus critiques, les échos à l’un et l’autre de ces deux ouvrages ont été peu nombreux et les thèses défendues par Lafont n’ont pas fait l’objet de véritables discussions (François Pic, « Essai de bibliographie de l’œuvre littéraire et scientifique de Robert Lafont », in Danielle Julien, Claire Torreilles et François Pic (éds), Robert Lafont. Le roman de la langue, Toulouse, Centre d’étude de la littérature occitane, Bordeaux, William Blake and C°, 2005, 263-301). Lafont lui-même, dans l’avant-propos de cet ouvrage de 2002, évoquant l’accueil fait aux nombreuses publications qu’il rassemblait et aux autres, remarquait : « Nous espérions susciter un débat […] celui-ci n’est pas venu », et il s’interrogeait finalement : « Est-ce aveu ou embarras ? » (p. 14). Dès 1989, il s’interrogeait sur ce silence ou les quelques attaques qu’il avait suscitées (La confidéncia fantasiosa ò la Passejada de Lagrífol, Église-Neuve-d’Issac, Fédérop et Nîmes, Marpoc, par exemple p. 61-62, dans un chapitre précisément intitulé « Lo Camin de Sant Jaume » : « S’après sa descoberta, lei « Rotlandians » an superbament ignorat lo Ronsasvals, que lei Paris, Bédier, Meyer podián pas conéisser, lo Lafont bastiriá pas de son band la teoria iper-occitana qu’un Marrou-Davenson mancarà pas de denonciar amb l’ajuda de tot un aparelh universitari ? ». L’historien et musicologue Henri-Irénée Marrou (1904-1977), originaire de Provence, avait réagi de façon très critique au pamphlet de Lafont Lettre ouverte aux Français d’un Occitan (Paris, Albin Michel, 1973) en particulier dans la revue Esprit (n° de janvier 1975), sous le titre « Il n’y eut jamais d’Occitanie », 99-104 (voir sur cette polémique Pierre Riché, Henri Irénée Marrou historien engagé, préface par René Rémond, Paris, Les éditions du Cerf, 2003, 151 sqq.). Marrou, auteur d’un petit ouvrage sur Les Troubadours (Paris, Le Seuil, 1961) dont Lafont, souvenir personnel, conseillait vivement la lecture à ses élèves, avait publié en 1965 dans les Cahiers de civilisation médiévale de Poitiers (n° 31-32, juin-décembre) un compte rendu « assez sévère » (P. Riché, 154) du grand livre de René Nelli, L’Érotique des troubadours (pour lire ce compte rendu : https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1965_num_8_31_1354_t1_0427_0000_2). Sur cette affaire et son contexte, une enquête très serrée a été réalisée par Daniel Fabre (« L’affaire de L’Érotique des troubadours. René Nelli anthropologue de l’amour provençal », in Daniel Fabre et Jean-Pierre Piniès (dir.), René Nelli ou la poésie des carrefours. Carcassonne, Garae Hésiode, 2016, 315-401).

22  On citera à cet égard comme significative la remarque de Marjolaine Raguin-Barthelmebs : « La théorie de Robert Lafont sur une origine navarraise de l’épique occitane et, par elle, française, dans les scriptoria de Tudèle précisément, telle que reprise dans son ouvrage sur la Geste de Roland doit être considérée avec beaucoup de prudence. » (« Note sur la convergence des traditions du Ronsasvals et de Roland à Saragosse », Revue des langues romanes (dossier « Esta canso es faita d’aital guia... Études sur la chanson de geste occitane »), tome CXXI, n° 1, note 30, 146-147).

23  Dossier rassemblé par Fausta Garavini.

24  Dès l’origine, l’ouvrage, comme ceux de Mistral, fut publié en version bilingue, le texte français étant également l’œuvre de l’auteur. Si les versions françaises, « autotraductions », des textes littéraires de Mistral ont fait l’objet de quelques études, il ne semble pas en avoir été de même pour ceux de Joseph d’Arbaud. Cette version billingue du récit de d’Arbaud est toujours disponible dans la collection « Les Cahiers rouges » des éditions Grasset, qui l’avaient publiée pour la première fois en 1926.

25  Un occitan languedocien « central » (?) dont Lafont faisait usage parfois, comme dans son étude « La nominacion indirecta dels païses » de 1986.

26  Chargé d’un cours (d’occitan), puis assistant, maître-assistant et enfin professeur.

27  Ce rôle prit fin quand les animateurs de la revue, sous l’impulsion décisive de Gérard Gouiran, pour diverses raisons dont le développement de l’informatique ne fut pas la moindre, durent remplacer la linotypie, devenue plus ou moins obsolète, par d’autres sortes de techniques de composition, mise en page et impression. L’imprimerie Barnier, d’ailleurs, ne résista pas à ce mouvement général et ferma ses portes en 2005. Entretemps, on le sait, Lafont avait quitté Montpellier pour Florence, comme il le raconte au premier paragraphe de l’avant-propos de La Source sur le chemin.

28  Je n’ai fait intervenir ici les miens propres que discrètement, afin de ne pas risquer les inévitables déformations et reconstructions dont ils peuvent avoir été l’objet.

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Philippe Gardy, «Un terrain d’expérimentation au long cours : Robert Lafont et la Revue des langues romanes»Revue des langues romanes, Tome CXXIV n°1 | 2020, 111-124.

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Philippe Gardy, «Un terrain d’expérimentation au long cours : Robert Lafont et la Revue des langues romanes»Revue des langues romanes [En linha], Tome CXXIV n°1 | 2020, mes en linha lo 01 novembre 2020, consultat lo 03 décembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rlr/2948; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rlr.2948

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Philippe Gardy

CNRS, université Paul Valéry, Montpellier

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