La réussite du système scolaire finlandais : un argument pour le marketing ?
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1La Finlande est l’exemple d’un pays où l´école publique est performante. Depuis plus de quarante ans, la Finlande s’est donné pour objectif de développer l’école unique, système éducatif organisé dans le cadre de l’enseignement public, accessible à toutes les tranches d’âge. Selon l’enquête Pisa, le système finlandais permet une certaine égalité des chances de réussite, le niveau socio-économique des familles ayant moins d’influence que dans d’autres pays. Ainsi, les écarts de résultats entre les établissements sont parmi les plus faibles. Que fait la Finlande de ces résultats bien glorieux au niveau national et mondial ?
2Certaines conséquences ont été immédiates : une vive discussion dans les écoles et les familles, parmi les décideurs, dans les universités bien évidemment. Les analyses sont nombreuses aussi bien autour des tables de cuisine que dans les salles de professeurs des écoles, collèges, lycées et universités : les chercheurs se donnent de la peine pour expliquer les caractéristiques d’un système qui garantit une qualité exceptionnelle. Au delà de la recherche, les Finlandais pourraient aller plus loin, en faisant du marketing pour que leurs résultats ne soient pas seulement le modèle dont on parle dans les médias mais celui que l’on adopte parce que l’on a compris comment il était devenu efficace, afin d’en faire un produit de qualité sur le marché scolaire mondial.
Caractéristiques du système
3Le système éducatif finlandais est basé sur le principe de l’école locale : les élèves fréquentent généralement l’école la plus proche. Les écoles sont pour la plupart communales. La législation accorde une grande autonomie aux autorités locales dans l’organisation de la scolarité. En 2007, 400 communes étaient en charge de l’enseignement fondamental, le reste étant des regroupements de communes, l’État et des associations à but non lucratif.
4Le système scolaire finlandais se caractérise par une interaction entre la Direction nationale de l’Enseignement et l’action des communes et des établissements. La Direction nationale entérine les référentiels nationaux d’enseignement, sur la base desquels les autorités locales établissent le plan d’enseignement local. Les enseignants jouent un rôle prépondérant dans l’élaboration, le développement et la mise en œuvre du plan d’enseignement au niveau local.
5Chez les Finlandais, le métier d’enseignant reste toujours apprécié. Les futurs enseignants sont recrutés sur concours et suivent une formation de cinq ans à l’université. Les changements dans la société font que l’école est beaucoup plus ouverte aujourd’hui sur son environnement, et que le rôle des enseignants a changé. Le rythme de travail dans les écoles s’accélère, le nombre d’élèves nécessitant un soutien spécial augmente (8 % en 2007, pourcentage en augmentation depuis dix ans) et la majorité sont intégrés dans les écoles locales. Malgré ces défis, les concours de recrutement des enseignants intéressent beaucoup de jeunes : à l’Université d’Helsinki, sur les 1 400 candidats, 100 ont été reçus (7,1 %) en 2008.
6Les évaluations sont organisées tous les ans sur différents thèmes et matières. La dernière évaluation faite par la Direction nationale de l’enseignement a porté sur la langue maternelle : 130 écoles, plus de 6 000 élèves. Les résultats montrent par exemple que les filles sont plus douées en écriture que les garçons, et que les garçons obtiennent de meilleures notes qu’ils ne mériteraient.
7Les établissements peuvent aussi choisir de participer aux évaluations sur la base du volontariat. Les évaluations nationales sont utilisées comme outil de développement surtout au sein d’un établissement et au niveau national. Aux côtés des évaluations nationales sont organisées d’autres évaluations au niveau local. Les communes établissent leurs plans d’évaluation annuels et choisissent les thèmes à partir de leurs besoins.
8Le budget consacré à l’éducation reste dans la moyenne des pays de l’OCDE. L’exemple de la Finlande montre qu’une école performante est aussi une école équitable.
Peu d’écoles privées
9En 1970, il y avait deux fois plus d’écoles secondaires privées que d’écoles secondaires publiques. En 2007, le nombre d’écoles privées chargées de la scolarité obligatoire était de 59, le nombre des écoles communales étant de 3 531. Les écoles privées sont soutenues par des associations à but non lucratif. L’enseignement obligatoire en Finlande est gratuit, les écoles privées et publiques sont financées par l’État et par les communes. Le nombre d’élèves dans les écoles privées est au-dessous 3 %.
10La plupart de ces établissements sont restés des écoles parallèles lors de la réforme de l’école unique de 1970 à 1978, les autres étant devenus des écoles publiques. La réforme s’est étendue de la Laponie vers le sud, Helsinki étant la dernière ville à la mettre en œuvre en 1978.
11Dans les années 1980 et 1990, de nouvelles écoles privées ont été fondées dans des pays étrangers où résident des Finlandais expatriés. On en compte huit à ce jour. Au début des années 1990, une dizaine de nouvelles écoles Steiner a obtenu du gouvernement l’autorisation d’exercer. Au cours de cette dernière décennie, de nouvelles écoles privées chrétiennes ont obtenu l’autorisation d’exercer. La discussion sur ce phénomène est restée restreinte, comparativement à la Suède où le rôle de ces écoles a été vivement discuté.
Mêmes possibilités pour tous de continuer des études
12Au-delà des résultats de l’enquête Pisa, le système finlandais démontre sa qualité par la possibilité pour tous de pouvoir continuer des études.
13Environ 97 % des élèves qui finissent la scolarité obligatoire continuent directement le second cycle du lycée ou de l’enseignement professionnel ou entrent dans le système de l’éducation additionnelle (soit une année d’études complémentaire). En 1997, 88 % des jeunes entre 15 et 19 ans continuaient leurs études à plein ou à mi-temps, pourcentage assez élevé comparativement aux autres pays. En Finlande, depuis l’an 2000, le nombre de jeunes en rupture scolaire ou exclus par l’échec à l’école continue de diminuer. En 2006, parmi les jeunes adultes de 18 à 24 ans, 8,3 % ne sont pas titulaires d’un diplôme après la scolarité ou ne continuent pas leurs études, ce qui est au-dessous de la moyenne de l’Union européenne.
14Parmi les personnes qui travaillent, c’est-à-dire de 25 à 64 ans, 80 % obtiennent le baccalauréat ou un diplôme professionnel, ce qui est plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE.
15Le pourcentage des personnes qui travaillent ayant un diplôme d’études universitaires est le même que la moyenne des pays de l’OCDE.
- 1 Source : Suomen koulutusjärjestelmä kansainvälisessä vertailussa (Comparaison internationale des sy (...)
16La Finlande a réussi à hausser le niveau d’éducation. L’objectif actuel est de continuer jusqu’à ce que la Finlande figure parmi les pays les mieux placés1.
Intégration des TIC dans les écoles
17Avec le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), on assiste à un essor des échanges entre individus, écoles, pays et cultures. C’est un défi énorme pour les écoles, et il est impossible de revenir en arrière : l’intégration des TIC se fait au bénéfice des élèves, de leur avenir. Selon l’enquête Sites2, menée dans plus de 9 000 collèges de 19 pays, les principaux de collèges jouent un grand rôle dans l’intégration des TIC : le niveau de l’enseignement varie selon l’intérêt personnel de la direction des établissements pour les TIC.
18« Les enfants et jeunes finlandais utilisent les TIC partout sauf à l’école », constate le ministre finlandais des Communications. Les différences entre les écoles sont grandes dans l’utilisation des TIC. Les projets ont été nombreux depuis le premier programme du ministère de l´éducation et de la Direction nationale de l’enseignement en 1996, mais le changement dans les pratiques ne semble pas être durable.
19En Finlande, selon les référentiels nationaux d’enseignement, le développement des TIC a été basé sur l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans toutes les matières. Sur la base des référentiels, les autorités locales établissent le plan d’enseignement des TIC locaux. Dans les écoles, les réflexions sur la manière d’aborder l’enseignement des TIC sont collectives.
- 3 Consulter le site d’Etälukio : http://www.oph.fi/etalukio/.
20Selon l’enquête internationale Sites, les enseignants finlandais ne sont pas particulièrement aptes à se servir des TIC, et les possibilités que donnent les TIC pour l’éducation et l’enseignement restent encore à découvrir au niveau des écoles. Il n’y a pas de modèle unique, chaque établissement devant identifier une façon de faire qui lui convient. Les projets lancés par le ministère de l’Éducation sont d’une importance cruciale. Par exemple, le projet de lycée à distance a été lancé en 1997 par la Direction nationale de l’enseignement. Les premiers résultats étant encourageants, le projet a continué en 2000-2004 dans 81 établissements participants. Aujourd’hui, les adultes peuvent commencer ou continuer leurs études et passer l’examen du baccalauréat dans plus de cent établissements3.
21Un nouveau projet, « Les TIC dans l’enseignement » vient d’être lancé par le ministère des Transports et des communications, le ministère de l’Éducation et la Direction nationale de l’enseignement afin de mettre en place des dispositifs et des outils qui favorisent l’apprentissage à l’aide des technologies nouvelles.
Notes
1 Source : Suomen koulutusjärjestelmä kansainvälisessä vertailussa (Comparaison internationale des systèmes éducatifs : le système finlandais) – http://www.minedu.fi/export/sites/default/OPM/Julkaisut/2008/liitteet/pol04.pdf?lang=fi/.
2 http://ktl.jyu.fi/ktl/sites.
3 Consulter le site d’Etälukio : http://www.oph.fi/etalukio/.
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References
Electronic reference
Minna Prunnila, “La réussite du système scolaire finlandais : un argument pour le marketing ?”, Revue internationale d’éducation de Sèvres [Online], Colloques, Online since , connection on 03 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ries/5702; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ries.5702
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