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Dossier - La santé à l’école

Les écoles-santé aux Pays-Bas : un dispositif sur mesure

Healthy Schools in the Netherlands: a tailored programme
Las escuelas promotoras de la salud en los Países Bajos: un plan a medida
Goof Buijs, Marije van Koperen, Mirande Dawson et Vivian Kruitwagen
Traduction de Sylvaine Herold
p. 99-108

Résumés

Aux Pays-Bas, les activités visant à promouvoir un mode de vie sain dans les écoles ont été lancées à la fin du siècle dernier. En 2004, le programme national des « écoles-santé » a été introduit. Il est coordonné au niveau national par les secteurs de la santé et de l’éducation et mis en œuvre au niveau local par les services régionaux de santé publique. La mise en œuvre et l’extension d’un programme national sont un processus à long terme. Le programme doit être adaptable et conçu sur mesure pour répondre aux besoins et aux priorités de chaque école. Des recherches ont récemment été lancées sur l’impact et l’efficacité du programme.

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Notes de la rédaction

Article traduit de l’anglais par Sylvaine Herold.

Texte intégral

Les auteurs tiennent à remercier l’école secondaire Cals College et l’école primaire De Trekvogel d’IJsselstein pour leur contribution à cet article.

1Aux Pays-Bas, la promotion de la santé et du bien-être des enfants et des jeunes dans le cadre scolaire n’est pas une pratique nouvelle. Après la mise en place d’un système éducatif national au xixe siècle, le curriculum a prêté une attention particulière à l’hygiène et aux règles générales de santé, dans le cadre des évolutions économiques et sociales. Certaines mesures d’hygiène portaient sur les bâtiments scolaires, afin de les doter par exemple de grandes fenêtres, permettant l’accès de la lumière du jour et de l’air frais, et de systèmes de chauffage adaptés, afin d’évacuer les fumées. À cette époque, l’éducation des enfants en matière de santé était principalement considérée d’un point de vue de santé publique afin de prévenir les maladies infectieuses, grâce à un lavage des mains régulier par exemple. Certains comportements particuliers en matière de santé étaient également au cœur de l’attention, comme le fait de s’alimenter en quantité suffisante et d’avoir un sommeil régulier.

2Au début du xxe siècle, dans un certain nombre de pays, de nouvelles activités liées à la santé ont été introduites dans les écoles, telles que des repas gratuits et des examens médicaux dans les écoles anglaises, ou encore des programmes de vermifugation de masse aux États-Unis. Au Pays-Bas, comme ailleurs, des services de santé scolaire ont été mis en place. Ces premiers programmes de santé scolaire ont démontré leurs bénéfices à long terme, en faveur de l’enseignement principalement. Depuis, l’éducation à la santé à l’école a progressivement évolué pour devenir ce que l’on appelle aujourd’hui l’approche ou le cadre des « écoles-santé » (Health Promoting Schools).

Une approche globale de la santé à l’école

3Au cours du xxe siècle, dans la plupart des pays occidentaux, les maladies non transmissibles (telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, l’hypertension artérielle) ont détrôné les maladies infectieuses en tant que principale cause de morbidité et de mortalité. Il est désormais reconnu que la santé des individus dépend à 80 % de facteurs environnementaux et de leur mode de vie. Les écoles peuvent évidemment jouer un rôle majeur dans la promotion de comportements sains chez les enfants et les jeunes, car ceux-ci passent une grande partie de leur temps à l’école. Les écoles permettent également de toucher des enfants d’origines socio-économiques et ethniques différentes (WHO, 1997). Elles sont dès lors reconnues comme un cadre important pour la promotion de la santé et du bien-être des enfants et des jeunes et, à ce titre, elles contribuent à réduire les inégalités en matière de santé. Des comportements sains permettent en outre d’améliorer les résultats scolaires ; la promotion de la santé dans les établissements scolaires peut donc également contribuer à la réalisation des objectifs éducatifs de l’école (Hollar et al., 2010).

4Le cadre des écoles-santé a été développé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il vise à adopter une approche globale à l’échelle de l’établissement afin de promouvoir la santé et le bien-être des enfants. Il combine l’éducation à la santé dans les salles de classe et des changements dans les politiques des établissements ainsi que dans l’environnement physique et social comprenant les enfants, les parents, les aidants, les enseignants et la communauté dans son ensemble. L’élaboration de ce cadre s’est inspirée de la charte d’Ottawa, qui stipule que la promotion de la santé est un processus permettant aux populations d’acquérir les compétences pour s’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et leur environnement. Depuis, le concept de promotion de la santé a été repris dans le monde entier, et de nombreuses initiatives et projets de recherche sur les écoles-santé ont vu le jour, notamment la création de réseaux internationaux tels que le réseau des écoles pour la santé en Europe (Schools for Health in Europe, SHE) et des réseaux connexes dans d’autres régions du monde. Les recherches sur les résultats de l’approche des écoles-santé, ainsi que d’autres approches globales de la santé dans les écoles, attestent d’améliorations en matière de santé, de bien-être et de performances scolaires (Langford et al., 2014). Plusieurs études systématiques ont été conduites au fil des ans, montrant que l’approche des écoles-santé a un impact positif sur l’indice de masse corporelle, l’activité physique et la consommation de fruits et légumes. Les conclusions d’un certain nombre d’études ont démontré l’efficacité d’une approche globale de la santé à l’échelle des établissements pour améliorer les résultats à la fois en termes de santé et en matière éducative. Dans l’ensemble, l’approche des écoles-santé peut améliorer la vie des élèves et contribuer à des évolutions positives au sein des écoles et des communautés, les écoles étant considérées comme faisant partie intégrante des communautés (WHO, 2021).

5En 2016, l’OMS et l’Unesco ont souligné l’importance du rôle des systèmes éducatifs pour favoriser la santé et le bien-être des élèves, des personnels et de la communauté scolaire dans son ensemble. C’est ce qu’indique la déclaration de Paris de l’OMS/Europe (2016) sur les partenariats en faveur de la santé et du bien-être des jeunes et des générations futures. Cette déclaration constitue un exemple, au niveau mondial, de coopération entre des organisations onusiennes représentant les deux secteurs de la santé et de l’éducation. Cette coopération a été renforcée par la création d’une chaire Unesco sur la santé et l’éducation à l’échelle mondiale (ÉducationS et Santé). Un autre développement intéressant est la constitution d’un ensemble complet de normes et de lignes directrices mondiales pour les écoles-santé par l’OMS et l’Unesco en 2021. L’ambition est de faire de chaque école à travers le monde une école-santé. Ces normes mondiales constituent une ressource mise à la disposition des établissements scolaires pour promouvoir la santé et le bien-être par une meilleure gouvernance.

Les écoles-santé aux Pays-Bas

6Aux Pays-Bas, l’approche des écoles-santé a été initiée en 2004 sur la base des expériences menées dans le cadre d’une initiative régionale (Leurs, 2008). Cela a conduit à l’élaboration du programme national des écoles-santé (Healthy Schools Programme) qui est soutenu financièrement par les ministères de la santé et de l’éducation. Depuis 2017, cinq organisations nationales coopèrent au sein de ce programme national, avec des objectifs de mise en œuvre et de processus spécifiques. En outre, plus de quarante organisations spécialisées nationales sont impliquées et parmi elles, les vingt-cinq services régionaux de santé publique qui apportent un soutien local aux écoles. Ce programme national s’adresse aux écoles primaires et secondaires (y compris professionnelles) et permet ainsi de toucher les élèves de 4 à 18 ans.

7L’objectif du programme national est de faire de chaque école aux Pays-Bas une école-santé ou, pour reprendre les termes du ministre de la santé, « d’inscrire dans l’ADN de toutes les écoles néerlandaises un mode de vie sain ». Les établissements sont accompagnés pour travailler de façon intégrée et structurelle à la promotion de modes de vie sains, afin que cela devienne une évidence dans les écoles.

8Le programme national aide les écoles à travailler de façon systématique et efficace à la promotion de la santé de leurs élèves grâce à une approche individualisée (van Koperen et al., 2020). Pour chaque niveau scolaire, des outils de soutien spécifiques sont conçus, qui prennent en compte l’âge des élèves et la façon dont les établissements sont organisés. Le programme national encourage une méthode de travail systématique et intégrée, qui demeure flexible et adaptable aux besoins et aux souhaits de chaque école.

9Conformément aux perspectives internationales sur la promotion de la santé à l’école, quatre piliers sont au centre du programme néerlandais :

  • l’enseignement, en tant que moyen de favoriser les connaissances et les compétences en matière de modes de vie sains ;

  • l’environnement scolaire, à la fois physique et social ;

  • l’identification des élèves ayant besoin d’une attention particulière ou d’être orientés vers d’autres services ;

  • une politique d’établissement en matière de santé formant partie intégrante du projet d’école.

10En suivant une approche graduelle, les écoles peuvent travailler de façon structurée sur un ou plusieurs thèmes liés aux modes de vie, tels que l’activité physique, l’hygiène, la sexualité, une alimentation saine ou le bien-être mental. Cette approche fournit aux écoles un cadre pour promouvoir au quotidien les comportements sains et pour les inscrire de manière structurelle et intégrée dans leur politique d’établissement.

11L’une des caractéristiques de ce programme est la participation volontaire des écoles. Celles-ci sont encouragées à désigner un membre de leur personnel comme coordinateur du projet école-santé. Le soutien externe est organisé et offert par le service régional de santé. Au total, plus de deux cents conseillers sont employés dans les vingt-cinq services régionaux de santé pour remplir cette mission. Ils accompagnent les établissements pour élaborer et mettre en place un projet de mode de vie sain à l’école, et susciter l’engagement du personnel scolaire, des parents et des élèves. Les conseillers apportent leur soutien pendant le processus de mise en œuvre et servent d’intermédiaires entre les écoles et les partenaires de la communauté scolaire (voir l’encadré 1 pour un exemple de mise en œuvre au niveau d’un établissement).

12Le programme national comprend également un système de soutien financier pour les écoles qui souhaitent initier ou mettre en œuvre un projet de mode de vie sain dans leur établissement. Ce soutien financier, associé à la mise à disposition gratuite d’un conseiller externe, est particulièrement important pour les écoles dont les élèves sont vulnérables ou issus de zones défavorisées. Sur la base des données fournies par le secteur éducatif et de celles issues du suivi annuel de la santé des jeunes au niveau local, les écoles peuvent déterminer en connaissance de cause leurs priorités en matière de santé.

13La participation des parents a une longue tradition aux Pays-Bas. Elle contribue à l’amélioration des établissements scolaires et est intégrée aux programmes de développement professionnel des enseignants. Selon Khan et al. (2020), la participation des parents est primordiale pour garantir l’adoption de modes de vie sains dans les écoles. Les écoles sont encouragées à informer et à impliquer les parents dès le début du processus visant à devenir une école-santé. La participation des parents est la clé d’une mise en œuvre réussie. Les élèves sont les premiers à bénéficier de l’information donnée aux parents sur ce qui est enseigné à l’école en matière de santé. Harmoniser et relier entre eux les messages relatifs à la santé dispensés à la maison et à l’école est indispensable pour créer un environnement de soutien continu pour l’enfant. La participation des élèves eux-mêmes et le soutien entre pairs sont également essentiels pour garantir l’adoption de modes de vie sains.

14En 2021, près de 30 % de l’ensemble des établissements scolaires (plus de 8 000 écoles primaires et secondaires au total) participaient au programme national. Le programme comprend également un système de certification. Les écoles sont encouragées à y participer pour recevoir des certificats nationaux « école-santé » sur des thèmes de santé spécifiques. Plus de 1 750 écoles (soit 20 % de l’ensemble des établissements) ont reçu un certificat à ce jour, valable trois ans. Le nombre de certificats délivré chaque année est en constante augmentation : il est passé de 1 065 en 2016 à 1 786 en 2021, soit une augmentation de plus de 70 %.

Encadré 1. Un exemple de mise en œuvre au niveau des écoles

Le service régional de santé d’Utrecht apporte son soutien à 550 écoles. L’un des conseillers pour les écoles-santé a ainsi accompagné six établissements dans une ville de taille moyenne des Pays-Bas au cours de l’année scolaire 2020-2021. Parmi elles, une école secondaire comptant près de 1 000 élèves et 166 personnels et une école primaire de 110 enfants et 9 enseignants. Les deux établissements ont bénéficié d’un soutien sur les thèmes prioritaires qu’ils avaient sélectionnés : « relations et sexualité » et « activité physique et sport ». Chaque établissement avait des besoins et des souhaits différents, et disposait également de ressources différentes. Du côté de l’école primaire, la directrice était le contact principal et faisait office de coordinatrice pour le projet d’école-santé. Au niveau de l’école secondaire, deux membres du personnel en charge du soutien aux élèves étaient impliqués dans le processus. Par la suite, un coordinateur école-santé et un groupe de travail ont été désignés. Ainsi, chaque établissement a suivi son propre processus de mise en œuvre. En raison de la pandémie de Covid-19, les deux établissements ont bénéficié de ce soutien externe principalement par le biais de dialogues en ligne.

Du côté de l’école primaire, ce qui a bien fonctionné, c’est la rapidité de mise en œuvre grâce au leadership exercé par la directrice de l’école, qui a facilité l’ensemble de la mise en œuvre. Le processus a également bénéficié d’une communication interne efficace et de l’existence d’un système de prise de décision stabilisé garantissant les choix éducatifs. À l’issue de la période d’accompagnement, l’école a reçu un certificat national pour l’activité physique et le sport.

Du côté de l’école secondaire, ce qui a bien fonctionné, c’est que le programme est parfaitement intégré à la politique de l’établissement et à sa structure de gestion. Les groupes de travail sont reconnus par la direction. D’autres membres du personnel sont également impliqués et ont reçu une formation additionnelle. Au terme de la phase de soutien externe, la politique de l’établissement en matière de santé semble se développer de manière autonome. Cet établissement a également reçu un certificat.

Les deux écoles ont mis en place une politique globale à l’échelle de l’établissement sur les thèmes de santé sélectionnés. Toutes deux ont trouvé le financement additionnel reçu et les conseils avisés du conseiller externe stimulants.

15Une autre caractéristique du programme est le recours recommandé à de bonnes pratiques et à des interventions scolaires fondées sur des données probantes. Ces interventions sont issues du système néerlandais de reconnaissance des interventions de promotion de la santé, afin de garantir une meilleure assurance qualité et une plus grande efficacité des pratiques de promotion de la santé. Les interventions scolaires sont classées selon un système de notation distinguant les interventions « fondées en pratique », « fondées en théorie » et « efficientes » (Brug et al., 2010). Le programme des écoles-santé offre ainsi une vue d’ensemble des interventions de promotion de la santé fondées sur la pratique et les données probantes. Fin 2021, près de deux cents interventions destinées aux écoles primaires et secondaires étaient recensées.

Encadré 2. Krachtvoer, un exemple de programme scolaire fondé sur des données probantes

L’un des programmes éducatifs accrédité par le système de reconnaissance des interventions de promotion de la santé est le programme Krachtvoer (« alimentation puissante »). Il s’agit d’une intervention éducative en milieu scolaire ayant démontré son efficacité et faisant l’objet d’un développement continu, axée sur l’alimentation saine des élèves de 12 à 14 ans en formation préprofessionnelle. La première version de ce programme a vu le jour en 2002, en réponse au besoin de disposer d’un programme efficace pour agir sur la consommation de fruits, d’en-cas et de boissons ainsi que sur la prise du petit-déjeuner et du déjeuner chez les élèves de cet âge en formation préprofessionnelle. Le programme comprend à la fois des ressources pour les élèves et un programme de soutien pour les établissements. Il se concentre sur les déterminants personnels et environnementaux des comportements alimentaires dans cette tranche d’âge pouvant potentiellement être influencés par une intervention éducative. Les recherches évaluatives ont démontré des effets positifs sur la modification de ces comportements. Récemment, une version en ligne actualisée a été mise au point, pouvant servir de catalyseur à l’engagement des écoles dans l’approche des écoles-santé (Driessen-Willems et al., 2021).

16Le programme national utilise des indicateurs de processus et de résultat pour le suivi et l’évaluation des interventions. Cependant, on en sait encore bien peu sur le processus de mise en œuvre réel et l’impact du programme au niveau des élèves. En 2020, un projet de recherche national de quatre ans a été lancé. Il est conçu comme une étude évaluative à méthodes mixtes portant sur trois niveaux : les élèves, les écoles et les régions (Vennegoor et al., 2020). Les questions de recherche portent sur : 1) les conditions des résultats au niveau des élèves (réduction des comportements à risque pour la santé, augmentation du bien-être social et émotionnel et amélioration des résultats d’apprentissage) ; 2) les conditions de la mise en œuvre dans les écoles ; 3) les conditions du soutien régional. Les premiers résultats sont attendus en 2023.

Discussion

17Les enfants d’aujourd’hui sont les parents de demain. Leur apprendre à grandir sainement sera bénéfique pour toutes les générations à venir. Les enfants sont influencés par leur environnement physique et social (le milieu social, le statut socio-économique et l’ethnicité de leurs parents, la possibilité de manger sainement et de faire du sport, une situation familiale sûre, l’accès aux services de santé…). Si les sociétés souhaitent aider les enfants à acquérir des comportements sains, l’environnement de ces derniers doit être pris en compte. C’est pourquoi la mise en œuvre de la promotion de la santé à l’école requiert la participation et le soutien actifs des personnels scolaires et des parents.

18L’objectif du programme, qui est de faire de toutes les écoles néerlandaises des écoles-santé, sera probablement impossible à atteindre compte tenu de l’approche libérale de l’éducation aux Pays-Bas. Indépendamment du soutien national et local apporté aux écoles, c’est à chaque établissement de décider de participer ou non, de consacrer du temps, de l’énergie et des heures de cours à la promotion de la santé et de l’inscrire dans sa politique d’établissement. La motivation intrinsèque et le désir de changement sont des composantes essentielles du processus pour devenir une école-santé. Certaines écoles ont intégré la santé à leur politique d’établissement sans participer activement au programme national ou bien ont cessé d’y participer. De même, toutes les écoles ne sont pas désireuses de participer à un système de certification. Cela conduira certainement à des résultats biaisés s’agissant du nombre d’écoles œuvrant à la promotion de la santé identifiées par le système de suivi national.

19Le fait que le secteur de la santé et celui de l’éducation coopèrent pour atteindre les objectifs fixés est une avancée majeure. Ces secteurs diffèrent cependant fortement s’agissant de la manière dont ils envisagent cette coopération. L’une des principales difficultés est que les personnels des écoles ont souvent le sentiment que la santé est un énième sujet à intégrer à leur charge de travail déjà importante. Pour le secteur éducatif, la façon dont la santé contribue au processus premier d’enseignement n’est pas toujours très claire. C’est l’un des principaux défis pour le secteur de la santé qui, de son côté, est parfois mû par un sentiment d’urgence et se contente de dire aux écoles ce qu’elles doivent faire. Ces différentes perspectives nécessitent une coordination permanente en matière de politique et de vision, mais également pour mener à bien le programme national. Le processus visant à faire de chaque école néerlandaise une école-santé est donc un long cheminement, mais peut être pérennisé en l’inscrivant dans la politique des établissements.

20Le système de certification des écoles-santé met l’accent sur différents thèmes liés à la santé, plutôt que sur le processus de mise en œuvre d’une approche globale de la santé dans les établissements. L’approche par thèmes se fonde sur l’hypothèse que les écoles seront davantage motivées à travailler sur leurs thématiques de santé prioritaires plutôt que de travailler à devenir une école-santé en tant que telle. Le programme national cherche désormais à développer davantage le système actuel. Le projet de recherche national devrait également apporter des contributions additionnelles.

21Dans le contexte actuel de pandémie liée à la Covid-19, le besoin de promouvoir les compétences en faveur de modes de vie sains à l’école se fait de plus en plus pressant, notamment s’agissant de la santé mentale. Le bien-être général et la résilience des enfants et des jeunes pendant la pandémie sont une priorité absolue. Le programme des écoles-santé des Pays-Bas aide les écoles à travailler dans ce sens, mais, comme nous l’avons souligné, ce programme n’est pas obligatoire pour les établissements. La pandémie peut favoriser une plus grande prise de conscience des écoles quant à leur rôle dans la promotion de la santé et du bien-être des élèves et du personnel scolaire.

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22Aux Pays-Bas, le nombre d’écoles mettant en œuvre des mesures de promotion de la santé par le biais du programme national est en constante augmentation. Cela montre que la mise en œuvre et la généralisation de l’approche des écoles-santé au niveau national est un processus de longue haleine.

23Le système de soutien, comprenant un financement national, des conseillers experts régionaux, une formation thématique et méthodologique additionnelle pour le coordinateur au niveau de l’école, la possibilité de choisir parmi des interventions scolaires fondées sur la pratique ou des données probantes, ainsi qu’une approche planifiée clairement décrite, soulignant également l’importance de la participation des parents et des élèves, exigent un effort collectif et coordonné considérable. Intégrer la santé et le bien-être dans leur politique d’établissement présente des avantages indéniables pour les écoles. Cependant, chaque école est unique et il n’est donc pas réaliste de proposer aux écoles un programme standardisé pour favoriser des comportements et un environnement scolaire sains. Un programme national de soutien aux écoles-santé se doit donc d’être adaptable et de proposer des solutions individualisées pour répondre aux besoins et priorités de chaque établissement.

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Bibliographie

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Pour citer cet article

Référence papier

Goof Buijs, Marije van Koperen, Mirande Dawson et Vivian Kruitwagen, « Les écoles-santé aux Pays-Bas : un dispositif sur mesure »Revue internationale d’éducation de Sèvres, 89 | 2022, 99-108.

Référence électronique

Goof Buijs, Marije van Koperen, Mirande Dawson et Vivian Kruitwagen, « Les écoles-santé aux Pays-Bas : un dispositif sur mesure »Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], 89 | avril 2022, mis en ligne le 01 avril 2023, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ries/12373 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ries.12373

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Auteurs

Goof Buijs

Goof Buijs est responsable de la chaire Unesco Santé globale et éducation depuis 2018. Après avoir obtenu en 1980 un diplôme en nutrition humaine à l’université de Wageningen, il a été formateur d’enseignants à Amsterdam, puis responsable de la promotion de la santé en milieu scolaire à Amsterdam. À partir de 1995, il a travaillé au niveau national et international à l’Institut néerlandais pour la promotion de la santé NIGZ. Depuis 2019, il mène des activités de conseil en santé globale et éducation avec le professeur Didier Jourdan. Courriel : goof.buijs[at]unescochair-ghe.org

Marije van Koperen

Marije van Koperen est titulaire d’un master et d’un doctorat en sciences de la santé et travaille dans le domaine de la promotion de la santé depuis 2003. Elle travaille à l’Institut national de la santé publique et de l’environnement (IRVM) des Pays-Bas en tant que chef de projet pour le suivi et l’éva­luation du programme néerlandais École-santé.

Mirande Dawson

Mirande Dawson travaille au service de santé régional d’Utrecht-GGD regio Utrecht, aux Pays-Bas. Elle y conseille les écoles sur le processus de création et de mise en œuvre d’une politique locale de santé scolaire. Elle a suivi une formation en sciences de la santé (spécialisée en épidémiologie et santé au travail) et en enseignement primaire et a été enseignante à l’école primaire pendant plus de dix ans.

Vivian Kruitwagen

Vivian Kruitwagen est docteure en sciences de la santé et travaille pour l’Institut national pour la santé publique et l’environnement (RIVM) aux Pays-Bas, en tant que coordinatrice de projet pour le programme néerlandais d’écoles en bonne santé. Elle est à ce titre responsable de la qualité scientifique de l’approche planifiée du programme. Elle est également la coordinatrice nationale du réseau Schools for Health in Europe (SHE).

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Droits d’auteur

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