Flaubert : la tour d’ivoire pour y mieux voir
Résumés
Cet article propose de reconnaître dans la figure de la tour d’ivoire, telle qu’elle apparaît dans les lettres de Flaubert, une mise en cause de la fonction que le romantisme lui assigne, à savoir de signifier un choix d’isolement à l’égard du présent politique et de toute actualité historique. Ce modèle est l’objet, il est vrai, d’une évocation continue, mais qui ne parvient jamais à une effective actualisation. Autre sera sa fonction : le point de vue surplombant et la distance que la tour impose au réel ne serviront pas à son effacement, mais permettront plutôt sa plus vaste contemplation.
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La tour d’ivoire, la tour d’ivoire ! et le nez vers les étoiles ! Cela m’est bien facile à dire, n’est-ce pas ?
À Louise Colet, 20 juin 1853
- 1 L. Sozzi, T. Goruppi (dir.), L’Utile, il bello, il vero. Il dibattito francese sulla funzione della (...)
- 2 K. Krzyzosiak, « L’image de la tour d’ivoire dans la correspondance de Gustave Flaubert (1850-1860) (...)
- 3 G. Séginger, « En haine de la politique » dans Ead., Gustave Flaubert. Histoire et politique, Paris (...)
1Quel est le contraire de la tour d’ivoire ? La polis, la place publique, le parlement : les lieux par excellence de la communauté et de la politique. C’est-à-dire ces espaces généreusement habités par les grands romantiques, qui avaient fait de l’engagement de la littérature un principe actif de leur poétique. Paul Bénichou, la référence s’impose, a montré toutes les implications de la rime « poète »-« prophète », qui associe le poète consacré et l’écrivain député – Hugo et Lamartine – pour la génération née au tournant du siècle. Une génération qui a eu le courage, et a senti le devoir, de regarder dans les yeux l’hydre qui, après la révolution de 89, n’a cessé de bouleverser la France en alternant, en un siècle, quatre régimes, suscitant trois révolutions et déclenchant une guerre. Mais il est aussi vrai – afin de prêter au développement historique un ordre bibliographique – qu’au Sacre de l’écrivain et au Temps des prophètes a succédé L’École du désenchantement : l’essai de Bénichou consacré au moment historique où la génération suivante descend de la tribune et sépare la littérature de la politique, l’inspiration de l’engagement. Désenchantement est en fait ici très proche de désengagement : position intellectuelle qui trouve son allégorie la plus conventionnelle dans la figure de la tour d’ivoire. Une tour qui, au sens figuré, a une seule ouverture, au sommet, qui aspire imagination, parole et littérature vers le haut, le lointain, l’idéal, sanctionnant le divorce du beau et de l’utile, pour reprendre le titre d’un volume collectif dirigé par Lionello Sozzi1. Dans quelle mesure les nombreuses évocations de la tour d’ivoire qui ponctuent la correspondance de Flaubert représentent-elles effectivement une allégeance à la poétique du désengagement, du refus du monde et de la société ? Peut-on conclure, comme on l’a écrit récemment, que « la conception flaubertienne de l’art pur se cristallise autour de cette expression »2 ? Ou encore, quelle est la fonction flaubertienne de la tour d’ivoire qui peut justifier l’observation de Gisèle Séginger : « Contrairement à d’autres, comme Nerval et plus tard Mallarmé et les symbolistes, il ne considère pas du tout l’écrivain comme un esthète qui s’enferme dans sa tour d’ivoire pour se livrer en solitaire aux plaisirs gratuits de la littérature »3 ?
- 4 P. Bénichou, L’École du désenchantement, Paris, Gallimard, 1992, p. 584.
- 5 G. Flaubert, Lettre à Ernest Chevalier, 23 juillet 1839 (I, 50), dans Id., Correspondance, éd. J. B (...)
2Flaubert, né en 1821, année de la naissance de Baudelaire et de la mort de Napoléon, appartient aux « petites classes » de l’École du désenchantement de Bénichou. Une génération – « celle de Baudelaire-Flaubert » selon Bénichou – pour qui « l'irrémédiable solitude des âmes semble plus plausible que toute communion »4 : une génération qui se retire de l’histoire, qui cherche protection dans l’éloignement. Lecteur, avec toute sa génération, de Walter Scott, à l’âge de dix-huit ans Flaubert écrit : « Je ne désire plus qu’une chose, c’est d’aller passer toute ma vie dans un vieux château en ruines au bord de la mer »5. Il suffira de remplacer le château par une maison de maître et la mer par un fleuve pour obtenir l’image du destin de Flaubert, qui passera toute sa vie dans sa maison solitaire de Croisset au bord de la Seine.
- 6 G. Flaubert, Lettre à Maurice Schlesinger, avril 1857 (II, 701).
- 7 G. Flaubert, Lettre à Alfred Le Poittevin, 13 mai 1845 (I, 229).
- 8 G. Flaubert, Lettre à Alfred Le Poittevin, 17 juin 1845 (I, 240).
3Le bestiaire qui entoure cet imaginaire du château en ruines, tel qu’il se rencontre dans ses lettres de jeunesse, est en effet l’expression d’un sentiment d’hostilité plutôt que de curiosité, à l’égard du monde extérieur. Ce sentiment trouve son premier emblème, quasi héraldique, dans la figure du hérisson : « Il faut fermer sa porte et ses fenêtres, – se ratatiner sur soi, comme un hérisson, allumer dans sa cheminée un large feu »6. S’enfermer – « se ratatiner » –, fermer portes et fenêtres : la métaphore spatiale accompagne la métaphore animale. Et il en sera de même avec l’apparition de cette sorte de grand frère du hérisson, l’ours : « Le seul moyen de n’être pas malheureux, Flaubert écrit à Alfred Le Poittevin, c’est de t’enfermer dans l’Art et de compter pour rien tout le reste. [...] Nous lirons cela ensemble, [...] enfermés comme des ours »7. Et un mois plus tard : « Encore dans mon antre ! Encore une fois dans ma solitude »8.
- 9 G. Flaubert, Lettre à Maxime Du Camp, 21 octobre 1851 (II, 11).
- 10 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 24 avril 1852 (II, 77).
- 11 G. Flaubert, Lettre à Amélie Bosquet, 9 août 1864 (III, 403).
4L’antre de l’ours constitue la cellule mère d’une tour que l’on peut voir, lettre après lettre, s’ériger au fil de la correspondance de Flaubert, aménageant cet espace de solitude qui sera le sien durant toute sa vie. « Comme la limace qui a peur de se salir sur le sable ou d’être écrasée sous les pieds, je rentre dans ma coquille »9. L’antre se transforme en coquille sous la pression de tous les verbes – rompre, rentrer, s’enfermer – qui exhortent à quitter le monde. Ces images ne font que préparer la grande métaphore architecturale qui exprimera, au premier abord, le refus du monde extérieur et la dévotion de l’écrivain à l’art pur. « Il faut, écrit Flaubert à Louise Colet, indépendamment de l’humanité qui nous renie, vivre pour la vocation, monter dans sa tour d’ivoire et là, comme une bayadère dans ses parfums, rester, seuls, dans nos rêves »10. Si cette lettre date de 1852, rien ne changera douze ans plus tard, lorsque Flaubert écrira à Amélie Bosquet : « Je monte dans ma tour d’ivoire et ferme ma fenêtre »11.
- 12 G. de Nerval, Œuvres complètes, J. Guillaume et C. Pichois (dir.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque (...)
5« Monter dans la tour », c’est donner à son imagination une perspective ascendante afin d’instaurer la plus grande distance possible entre soi et la réalité. C’est le sentiment que Nerval exprimait dès la première page de Sylvie : « Il ne nous restait pour asile que cette tour d’ivoire des poètes, où nous montions toujours plus haut pour nous isoler de la foule »12.
- 13 Voir M. Du Camp, Souvenirs de l’année 1848, Hachette, Paris, 1876. Flaubert écrira à Marie-Sophie L (...)
- 14 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, mars 1848 (I, 492).
6Dans le jeu d’échecs, la tour est une pièce verticale qui ne se déplace que de manière linéaire. La tour ne saurait se perdre dans les méandres de l’échiquier. Pendant la révolution de 1848, l’attitude de Flaubert correspond en tous points au mouvement de cette pièce qui ne dévie pas de sa ligne, entendue ici comme ligne esthétique. Maxime Du Camp, qui a combattu sur les barricades où cinq mille hommes étaient destinés à tomber durant la dernière semaine de juin – « dimanche matin [25 juin 1848] Paris est en état de siège, on n’entend que des coups de canon ; notre compagnie a donné hier contre la barricade de la barrière Rochechouart » –, rappelle dans ses mémoires que Flaubert et Bouilhet avaient bien rejoint Paris durant l’insurrection, mais pour la voir « au point de vue de l’art »13. Un point de vue qui est celui de Sirius, c’est-à-dire situé à une distance sidérale du présent, susceptible d’aller jusqu’à déformer le tragique lui-même en comique : « Vous me demandez mon avis sur tout ce qui vient de s’accomplir – écrit Flaubert à Louise Colet en ces jours – Eh bien ! tout cela est fort drôle. Il y a des mines de déconfits bien réjouissantes à voir. Je me délecte profondément dans la contemplation de toutes les ambitions aplaties ». Et face au renversement de la monarchie et à l’instauration de la république, une seule inquiétude se fait jour : « Je ne sais si la forme nouvelle du gouvernement et l’état social qui en résultera sera favorable à l'Art. C’est une question »14. En fait, c’est la seule question qui semble compter.
- 15 G. Flaubert, Œuvres complètes, t. IV, 1863-1874, G. Séginger (dir.), Paris, Gallimard, « Bibliothèq (...)
- 16 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 4 septembre 1852 (II, 151).
- 17 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 14 août 1853 (II, 393).
7Ce choix de ne pas prendre parti, ou de n’avoir d’autre parti que celui de l’art, connaîtra sa traduction romanesque dans le célèbre épisode qui ouvre la troisième partie de l’Éducation sentimentale. Frédéric décide de s’offrir une escapade amoureuse à Fontainebleau avec Rosanette, et part le 23 juin, précisément dans le feu de l’insurrection qui a éclaté le 22 à la nouvelle de la fermeture des Ateliers Nationaux. Le bruit de la bataille parvient jusque dans la forêt, mais ce n’est qu’un écho lointain porté par le vent et mêlé au bruissement des arbres : « Quelquefois, ils entendaient tout au loin des roulements de tambour. [...] “Ah ! tiens ! l’émeute !” disait Frédéric avec une pitié dédaigneuse »15. On pourrait dire que l’auberge où les amants trouvent hospitalité n’est qu’une variante hôtelière de la tour d’ivoire. C’est-à-dire un espace où, comme l’ours, le hérisson ou l’escargot, trouver refuge pour ne pas entendre le vacarme de l’histoire et demeurer indifférent à sa violence. Flaubert conservera toujours cette attitude de détachement, et aimera se poser en mystique, en moine voué au culte du style. « Moi, tout ce qui m’arrive de fâcheux, en grand ou en petit, fait que je me resserre de plus en plus à mon éternel souci. [...] Je tourne à une espèce de mysticisme esthétique »16. Ou encore : « L’humanité nous hait, nous ne la servons pas et nous la haïssons, car elle nous blesse. Aimons-nous donc en l’Art, comme les mystiques s’aiment en Dieu ! »17. Culte de l’art pour l’art, mystique du style, célébration du silence, tel est l’idéal emploi du temps dans la tour d’ivoire que Flaubert, année après année, s’est bâtie avec acharnement.
8« Et pourtant, et cependant... » : la conjonction adversative attend invariablement le lecteur de Flaubert à chaque fin de page. Ici plus que jamais. Car chez Flaubert, l’idée de pouvoir créer un espace de silence, imperméable au monde extérieur, sourd aux exigences de l’histoire et de la politique, est une illusion aussi grande que la chimère aux yeux verts de Saint Antoine. En effet, ces mêmes lettres trahissent une attention tout aussi acharnée à la vie politique de son temps, bien que toujours accompagnée d’une violente exécration. Autant Flaubert verrouille à double tour la porte de sa tour et demande à l’art de créer un univers parallèle, autant cette porte, si elle n’est pas dégondée, « ferme très mal ».
- 18 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 29 juillet 1874 (IV, 844).
- 19 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 2 juillet 1874 (IV, 822).
- 20 G. Flaubert, Lettre à Laure de Maupassant, 23 février 1873 (IV, 648).
9En effet, l’intérieur de la tour d’ivoire de Flaubert ne cesse de résonner d’invectives et d’anathèmes : ce n’est pas un oratoire silencieux, mais plutôt un « gueuloir », selon le mot de Flaubert lui-même, où non seulement mesurer l’euphonie de ses phrases, mais aussi crier le dégoût de son époque. « Ce qui va occuper le premier plan, pendant peut-être deux ou trois siècles, est à faire vomir un homme de goût » écrit-il à Tourgueniev18. Et encore, au même : « Si détachés que nous soyons l’un et l’autre de la politique, nous ne pouvons pas nous empêcher d’en gémir, ne serait-ce que par dégoût physique »19. Tout est littéralement dégoûtant. « Il ne fait plus bon de vivre pour les gens de goût »20. Ni la hauteur de la tour, ni l’épaisseur de ses murs ne parviennent à isoler l’écrivain dans un sentiment de sereine indifférence, qu’il ne cesse cependant d’invoquer.
10C’est pourquoi il faut comprendre la tour d’ivoire chez Flaubert – mais c’est une définition encore approximative – comme une « antenne » : une antenne qui capte et amplifie les signaux que la vie, le réel, et jusqu’à la vie politique émettent. En effet, la figure romantique, puis décadente avec Huysmans, de la tour d’ivoire, subit chez Flaubert de profondes fissures, ou plutôt ne remplit que très imparfaitement la fonction d’évacuer le présent politique et l’actualité historique en les remplaçant par une autre temporalité, haute et lointaine. Ce modèle est l’objet, il est vrai, d’une évocation continue, mais qui ne parvient jamais à une actualisation effective. Autre sera sa fonction : la distance que la tour impose au réel ne servira pas à son effacement, mais permettra plutôt sa plus vaste contemplation.
- 21 La plus récente, et intéressante, mise à jour des rapports de Flaubert à la politique de son temps (...)
- 22 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857 (II, 698).
- 23 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 7 février 1874 (IV, 766).
11Si les lettres que Flaubert écrit chaque jour depuis sa « tour » de Croisset n’évoquent aucun ailleurs, on y trouve en effet, et inlassablement répétée, l’expression du plus profond mépris à l’égard de la vie politique de son temps, que Flaubert suit en réalité avec la plus grande attention21. Ce mépris pourrait aujourd’hui se définir comme parfaitement « bipartisan ». Il suffira de considérer deux lettres écrites à une vingtaine d’années d’intervalle pour voir que rien ne saurait changer à cet égard : « je n’ai de sympathie pour aucun parti politique », écrit-il à Mademoiselle Leroyer de Chantepie en 1857, « ou pour mieux dire je les exècre tous, parce qu’ils me semblent également bornés, faux, puérils, s’attaquant à l’éphémère, sans vues d’ensemble et ne s’élevant jamais au-dessus de l’utile »22. Et à George Sand en 1874 : « Je ne veux pas me complaire aux passions politiques de qui que ce soit, ayant la haine essentielle de tout dogmatisme, de tout parti »23.
- 24 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857 (II, 698).
- 25 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 25 novembre 1872 (IV, 612).
- 26 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 19 septembre 1868 (III, 805).
12Flaubert se déclare « un libéral enragé »24 ou encore « une vieille ganache romantique et libérale à qui le socialisme [...] semble une horreur pédantesque » sans pour autant ménager le camp opposé : « Connaissez-vous dans l’Histoire universelle quelque chose de plus bête que la droite de l’assemblée nationale ? »25. Et laconiquement il résume ainsi la situation : « Tout se meut entre l’Immaculée-Conception et les gamelles ouvrières »26.
- 27 G. Giorgi, « Salammbô tra esotismo e storia contemporanea », dans Belfagor, XXV, 4, 1970, p. 380-38 (...)
- 28 Amédée de Cesena, Le Figaro, 20 novembre 1869, cité dans F. Proietti, « Gustave Flaubert et la pens (...)
13Si la politique enflamme la tour d’ivoire, elle s’infiltre tout aussi profondément dans l’œuvre narrative de Flaubert, y compris Salammbô, ainsi que Giorgetto Giorgi l’a remarqué depuis longtemps27. Sans compter, naturellement, L’Éducation sentimentale. Lors de sa parution, un critique du Figaro put écrire : « Mais ce qui est moins drôle encore, ce sont les fréquentes excursions de l’auteur dans le domaine de la politique. Voilà surtout ce qui tuera l’œuvre de M. Gustave Flaubert »28.
- 29 G. Flaubert, Lettre à la princesse Mathilde, 26 août 1868 (III, p. 792). Voir T. Winkler, « Le lang (...)
14C’est surtout le chapitre consacré au Club de l’Intelligence, ainsi que, dans le deuxième chapitre de la troisième partie, le déjeuner offert par le banquier Dambreuse, qui donnent la clé du profond mépris de Flaubert pour la politique : un mépris qui, avant toute autre chose, a comme objet la parole politique, et plus précisément la corruption – au sens de corrosion – que la politique opère sur la fonction même de la parole. La parole de la politique n’est plus porteuse d’idées, mais elle s’épuise en réitération de lieux communs : un mot dévalorisé au sens où il est vidé de sa valeur sémantique, et irréfléchi au sens où il ne reflète aucune pensée personnelle puisque destiné à répéter les idées reçues du plus grand nombre. C’est le mot de la bêtise, littéralement la bête noire de Flaubert. « Je ne me permets jamais de parler politique, parce que c’est trop commun, trop bête, ou trop impertinent »29.
- 30 G. Flaubert, Trois contes, dans Œuvres complètes, t. V, 1874-1880, S. Dord-Crouslé, A. Herschberg P (...)
- 31 Ibid., p. 295.
15Mais si Flaubert ne parle jamais directement de politique, il en fait sans répit l’objet de sa critique et de ses sarcasmes, partout dénonçant sa dégradation en vide rhétorique. C’est le thème qui occupe les chapitres centraux de Madame Bovary, avec ses Comices agricoles, de L’Éducation Sentimentale avec le Club de l’Intelligence, sans compter Bouvard et Pécuchet, et jusqu’à Hérodias. Mais là, au brouhaha des Pharisiens, des Sadducéens, des Samaritains et des Romains s’oppose, pour les dominer, la voix profonde, caverneuse et puissante de Iaokanann, le Baptiste. « Tout à coup, une voix lointaine, comme échappée des profondeurs de la terre, fit pâlir le Tétrarque »30. Il s’agit de donner à cette voix – qui « grossissait, se développait, roulait avec des déchirements de tonnerre »31 – une valeur essentiellement métaphorique : cette voix n’est pas l’émanation de la parole prophétique, mais de la parole nécessaire, surgissant des profondeurs de l’histoire pour en exprimer la violence et la vérité. Son écho – « dans la montagne la répétant » – traverse les siècles, dominant le bavardage universel, ce bruissement éternel que Flaubert appellera le gazouillis des dindons.
- 32 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 22 novembre 1852 (II, 180).
16C’est suivant cette perspective que la tour de Flaubert révèle sa fonction essentielle : celle d’une caisse de résonance de la voix profonde de l’histoire, qu’elle isole et répercute. Cette tour, que Flaubert ne cesse d’évoquer et de désirer, bien avant de constituer un espace de vie, représente une perspective d’écriture. Il l’écrivait déjà à Louise Colet à la veille de la proclamation du Second Empire : « Laissons l’Empire marcher, fermons notre porte, montons au plus haut de notre tour d’ivoire, sur la dernière marche, le plus près du ciel. Il y fait froid quelquefois, n’est-ce pas ? Mais qu’importe ! On voit les étoiles briller clair et l’on n’entend plus les dindons »32. Or, ce sera sur la dernière marche que l’on pourra mieux contempler, non seulement les étoiles, mais les dindons eux-mêmes.
- 33 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 10 septembre 1870 (IV, 233).
- 34 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 13 novembre 1872 (IV, 605).
17Chez Flaubert, le désenchantement en effet n’a jamais le sens d’un désengagement. Jamais son regard ne se détourne de l’histoire, et d’abord des événements de la France contemporaine, auxquels il est viscéralement attaché. Lorsqu’éclate la guerre de 1870, aux heures dramatiques de l’invasion et de l’occupation imminente de Paris, Flaubert quitte son ermitage de Croisset, sort donc de la tour et, par amour de la patrie, s’enrôle dans la milice municipale. « Je vais à Rouen prendre des leçons d’art militaire »33. Ces lettres, sans doute les plus dramatiques de sa correspondance, signifient l’effondrement définitif de la tour dans son acception romantique : « La Bêtise publique me submerge. Depuis 1870 je suis devenu patriote. En voyant crever mon pays, je sens que je l’aimais. [...] J’ai toujours tâché de vivre dans une tour d’ivoire. Mais une marée de merde en bat les murs, à la faire crouler »34.
- 35 G. Flaubert, Lettre à la princesse Mathilde, 28 octobre 1872 (IV, 597). Le 4 septembre 1870 est la (...)
- 36 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 13 novembre 1872 (IV, 605).
- 37 Th. Gautier, « Préface » dans Id., Émaux et Camées, éd. C. Gothot-Mersch, Paris, Gallimard, 1981, p (...)
18Gautier était mort, pourrait-on dire, sous les décombres de cette tour. « Il est mort du dégoût de la vie moderne ; le 4 septembre l’a tué. Ce jour, le plus maudit de l’histoire de France, a inauguré un ordre des choses où les gens comme Théo n’ont plus rien à faire [...] Il est mort d’une longue colère rentrée »35. Flaubert, lui, survit. En effet, dès le lendemain de la fin de la guerre, il reprend la construction d’une nouvelle tour, mais pour se consacrer à une œuvre qui devra le débarrasser de cette même bile qui a étouffé Gautier : « [cela] ne m’empêche pas de préparer un bouquin où je tâcherai de cracher ma bile »36. En 1852, Gautier avait écrit, à propos de la révolution de 1848 : « Sans prendre garde à l’ouragan / Qui fouettait mes vitres fermées, / Moi, j’ai fait Émaux et Camées »37. En 1870, Flaubert, dans la même situation, répond idéalement par un projet tout à fait opposé : « Et moi Bouvard et Pécuchet » : c’est-à-dire le livre qui, en traquant la bêtise du discours scientifique et du discours politique, répète, parodie, stigmatise cette même bêtise. Mais pour mieux l’entendre et mieux pouvoir l’observer, il est plus que jamais nécessaire de retrouver la juste distance, et le silence, que la tour assurait.
- 38 G. Flaubert, Lettre à Laure de Maupassant, 23 février 1873 (IV, 648).
19Les lettres de cette période sont en effet émaillées de verbes qui, après les mois de guerre, répètent le désir de revenir à l’isolement absolu. « Le principal en ce monde, écrit Flaubert à Laure de Maupassant, est de tenir son âme dans une région haute, loin des fanges bourgeoises et démocratiques »38. À nouveau donc dans la tour, qui est une figure à double fonction. Elle installe un silence dans lequel les voix du monde décantent et se cristallisent, mais pour être captées dans les modulations du style, qui est avant tout absorption et recomposition, et non suppression, de ces voix dans un mot nécessaire. La tour doit d’abord être donc comprise comme un point d’écoute susceptible, métaphoriquement, de capter la voix de Jean le Baptiste, c’est-à-dire la voix profonde du monde, et de l’entendre s’élever dans toute sa puissance, avec ses cris, ses bêtises, ses chuchotements et ses anathèmes, dont le mélange constitue l’essence polyphonique de la vision du monde de Flaubert.
20En second lieu, un point de vue sur la réalité. La tour de Flaubert est un observatoire, une tour de guet : un observatoire du haut duquel on peut voir, et certes pas ignorer, la réalité, éloignée mais non pas sublimée. Cette tour offre au regard un maximum d’inclusion, d’extension et de profondeur. La tour répond au besoin de mieux voir et de tout voir. Et c’est à ce tout voir que Flaubert prête le nom de contemplation, dont l’exercice est étroitement lié à la fonction qui est le propre de la tour.
- 39 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857 (II, 697).
- 40 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 18 décembre 1859 (III, 65).
- 41 Jean-Pierre Richard a fort bien reconnu dans l’insistance flaubertienne relativement à la tonalité (...)
- 42 G. Flaubert, Salammbô, éd. Y. Leclerc et G. Séginger, dans Œuvres complètes (1851-1862), éd. C. Got (...)
21Déjà à l’époque de Madame Bovary, Flaubert écrivait : « Ma nature réelle est contemplative »39. Et deux ans plus tard il récrit à la même destinataire : « Or, je ne connais rien de plus noble que la contemplation ardente des choses de ce monde »40. L’expression est oxymorique, mais c’est précisément dans la spécificité d’un besoin contemplatif qui ne vise pas à la sublimation des choses de ce monde mais à leur observation scrupuleuse, que réside l’une des clés de l’esthétique de Flaubert : contempler, c’est regarder pour saisir la place de chaque détail dans le tout qui l’enveloppe, pour saisir l’écho de chaque voix qui la prolonge et le silence qui la sous-tend. La médiocrité, la violence, la bêtise – qui constituent l’invariable toile de fond de ses pages – sont ainsi réunies dans une vision marquetée où les contrastes se juxtaposent dans le tissu d’une prose couleur gorge de pigeon, couleur flaubertienne par excellence41. Et cette combinaison des vertus du microscope et du télescope est rendue possible, précisément, par un point de vue élevé – celui de la tour – qui est le point de focalisation privilégié de cette description typiquement flaubertienne capable d’embrasser en un seul coup d’œil, la vaste étendue d’un paysage vu d’en haut ou le mouvement d’ensemble des grandes scènes de masse, et, en même temps, les détails les plus négligeables ou les sons les plus imperceptibles. Considérons, à titre d’exemple, ce magnifique passage de Salammbô : « La lune se levait à ras des flots, et, sur la ville encore couverte de ténèbres, des points lumineux, des blancheurs brillaient : le timon d’un char dans une cour, quelque haillon de toile suspendu, l’angle d’un mur, un collier d’or à la poitrine d’un dieu »42.
22Comme Salammbô perchée sur la terrasse d’Hamilcar ou Hérode sur les murs de Machærous, Flaubert se laisse entrevoir à la fenêtre de sa tour dans une très belle lettre de 1864, où il évoque précisément le silence et l’isolement qui règnent à l’intérieur de cet espace, qui est l’espace non exclusif – car il n’exclut rien – de son écriture :
- 43 G. Flaubert, Lettre à Edma Roger des Genettes, fin novembre 1864 (III, 416).
Je suis maintenant dans une solitude complète. – Le brouillard qu’il faisait ces jours derniers augmentait encore le silence ; c’était comme un grand tombeau blanchâtre qui vous enveloppait. Je n’entends d’autre bruit que le crépitement de mon feu et le tic-tac de ma pendule. Je travaille à la clarté de ma lampe environ dix heures sur vingt-quatre, et le temps s’écoule !43
23Quelques années plus tôt, dans la première strophe du « Voyage », Baudelaire avait écrit : « Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! ». La lampe, chez Baudelaire, c’est la lumière de l’imagination qui éclaire le possible. Chez Flaubert, c’est la lumière qui éclaire le monde tel qu’il est. C’est la seule lumière qui brille à la fenêtre de sa tour. Et là, dans un silence presque absolu, en l’absence de tout contact avec l’extérieur, le monde perçu d’en haut peut enfin révéler son sens, son implication et sa ramification. Je dis ramification en pensant à l’émouvant passage d’une lettre à la princesse Mathilde qui évoque le regard du haut de la tour au moment même où, imperturbable, il se dirige vers l’extérieur :
- 44 G. Flaubert, Lettre à la princesse Mathilde, 30 octobre 1878 (V, 452).
Quant à moi le temps extérieur m’est parfaitement égal. Celui d’à présent est tellement atroce qu’il en devient beau. La Seine, sous mes fenêtres, est verdâtre et mugit, le ciel noir avec des bandes de saphir, et les arbres qui se tordent au vent en perdant leurs feuilles, ressemblent à des personnes qui s’arrachent les cheveux. On dirait que la Nature a un gros chagrin.44
24Tout est dit : la fenêtre qui sépare, le silence qui isole tiennent la réalité dans l’éloignement d’une perspective au fond de laquelle semble s’accomplir une sorte d’anamorphose qui met à jour la vérité dramatique intrinsèque à toute forme naturelle. Le silence et la distance permettent ainsi de percevoir dans la voix de la nature la violence cachée de l’histoire et son universelle ramification. Le gros chagrin de la nature est ici celui de l’histoire de France après la guerre de 1870, mais la distance lui prête un caractère absolu, profond, existentiel. Tel est l’objet ultime de la contemplation flaubertienne qui, paradoxalement, a besoin de distance pour approcher la vérité du monde, et nécessite le silence pour entendre sa clameur.
- 45 H. Scepi, Salammbô de Gustave Flaubert, Paris, Gallimard, « Foliothèque », 2003, p. 89. C’est dans (...)
- 46 G. Flaubert, Œuvres de jeunesse, éd. C. Gothot-Mersch et G. Sagnes, Paris, Gallimard, « Bibliothèqu (...)
25La tour de Flaubert peut alors subir une dernière métamorphose : déjà lieu de repérage et chambre de recueillement, elle assume également la fonction de caisse acoustique où moduler en prose les chagrins du monde et ses bêtises, ses misères et ses passions. La tour d’ivoire de Flaubert ne supprime ni ne sublime la réalité. Elle ne constitue pas l’emblème d’une prétendue vocation spiritualiste : elle relativise le réel en assurant au regard une vision élevée et détachée qui permet d’en saisir la complexité et la mouvante variété, accordant au narrateur l’avantage de ce « point de vue surplombant que réclame le principe d’impersonnalité »45. En fait, la tour représente très exactement la position que Flaubert s’était choisie dès la première Éducation sentimentale (1845) et qu’il n’abandonnera jamais : « Si chaque passion, si chaque idée dominante de la vie est un cercle où nous tournons, – pour en voir la circonférence et l’étendue, il ne faut pas y rester enfermé, mais se mettre en dehors – au-dessus »46. Le goût du calembour pourrait ainsi suggérer que la fonction de la tour d’ivoire consiste, chez Flaubert, à s’élever afin de mieux y voir…
Notes
1 L. Sozzi, T. Goruppi (dir.), L’Utile, il bello, il vero. Il dibattito francese sulla funzione della letteratura tra Ottocento e Novecento, Pisa-Genève, ETS-Slatkine, 2001.
2 K. Krzyzosiak, « L’image de la tour d’ivoire dans la correspondance de Gustave Flaubert (1850-1860) », dans Kwartalnik Neofilologiczny, LXV, 1/2018, consulté le 15/10/2023, URL : https://www.researchgate.net/publication/359439085_La_tour_d'ivoire_de_Flaubert. Voir également L. Nissim, « “Oh les tours d’ivoire ! Montons-y par le rêve !” Quelques notes sur l’esthétique de Flaubert », dans Revue Flaubert, 6, 2006, consulté le 15/10/2023, URL : https://flaubert.univ-rouen.fr/labo-flaubert/archives-de-la-revue-flaubert/revue-flaubert-n6-2006.
3 G. Séginger, « En haine de la politique » dans Ead., Gustave Flaubert. Histoire et politique, Paris, Classiques Garnier, 2024, p. 273.
4 P. Bénichou, L’École du désenchantement, Paris, Gallimard, 1992, p. 584.
5 G. Flaubert, Lettre à Ernest Chevalier, 23 juillet 1839 (I, 50), dans Id., Correspondance, éd. J. Bruneau, t. I (1973), t. II (1980), t. III (1991), t. IV (1998), éd. J. Bruneau et Y. Leclerc, t. V (2007), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade ». Dorénavant tomaison et pagination renvoient à cette édition.
6 G. Flaubert, Lettre à Maurice Schlesinger, avril 1857 (II, 701).
7 G. Flaubert, Lettre à Alfred Le Poittevin, 13 mai 1845 (I, 229).
8 G. Flaubert, Lettre à Alfred Le Poittevin, 17 juin 1845 (I, 240).
9 G. Flaubert, Lettre à Maxime Du Camp, 21 octobre 1851 (II, 11).
10 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 24 avril 1852 (II, 77).
11 G. Flaubert, Lettre à Amélie Bosquet, 9 août 1864 (III, 403).
12 G. de Nerval, Œuvres complètes, J. Guillaume et C. Pichois (dir.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1993, t. III, p. 538.
13 Voir M. Du Camp, Souvenirs de l’année 1848, Hachette, Paris, 1876. Flaubert écrira à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie le 30 mars 1857 : « J’ai assisté en spectateur à presque toutes les émeutes de mon temps » (II, 698).
14 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, mars 1848 (I, 492).
15 G. Flaubert, Œuvres complètes, t. IV, 1863-1874, G. Séginger (dir.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2021, p. 461.
16 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 4 septembre 1852 (II, 151).
17 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 14 août 1853 (II, 393).
18 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 29 juillet 1874 (IV, 844).
19 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 2 juillet 1874 (IV, 822).
20 G. Flaubert, Lettre à Laure de Maupassant, 23 février 1873 (IV, 648).
21 La plus récente, et intéressante, mise à jour des rapports de Flaubert à la politique de son temps est constituée par Y. Leclerc et F. Vanoosthuyse (dir.), Flaubert politique, dans Cahiers Flaubert Maupassant, 42, hors série, septembre 2023.
22 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857 (II, 698).
23 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 7 février 1874 (IV, 766).
24 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857 (II, 698).
25 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 25 novembre 1872 (IV, 612).
26 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 19 septembre 1868 (III, 805).
27 G. Giorgi, « Salammbô tra esotismo e storia contemporanea », dans Belfagor, XXV, 4, 1970, p. 380-385.
28 Amédée de Cesena, Le Figaro, 20 novembre 1869, cité dans F. Proietti, « Gustave Flaubert et la pensée politique de son temps : 1848 dans L’Éducation sentimentale », dans Les Cahiers poitevins d’histoire du droit, 8-9, 2019, consulté le 15/10/2023, URL : https://cahiers-poitevins.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=185. Pour la bibliographie sur ce sujet voir F. Proietti, « L’Éducation sentimentale di Gustave Flaubert come testo politico », dans Storia e Politica, 3, settembre-dicembre 2012, p. 453-473.
29 G. Flaubert, Lettre à la princesse Mathilde, 26 août 1868 (III, p. 792). Voir T. Winkler, « Le langage politique de Flaubert ou l’art de la citation » dans Revue Flaubert, 5, 2005, consulté le 15/10/2023, URL : https://flaubert.univ-rouen.fr/labo-flaubert/archives-de-la-revue-flaubert/revue-flaubert-n5-2005/le-langage-politique-de-flaubert-ou-lart-de-la-citation/.
30 G. Flaubert, Trois contes, dans Œuvres complètes, t. V, 1874-1880, S. Dord-Crouslé, A. Herschberg Pierrot, J. Neefs et P.-L. Rey (dir.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2021, p. 280.
31 Ibid., p. 295.
32 G. Flaubert, Lettre à Louise Colet, 22 novembre 1852 (II, 180).
33 G. Flaubert, Lettre à George Sand, 10 septembre 1870 (IV, 233).
34 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 13 novembre 1872 (IV, 605).
35 G. Flaubert, Lettre à la princesse Mathilde, 28 octobre 1872 (IV, 597). Le 4 septembre 1870 est la date de la proclamation de la troisième République française, et de la conséquente chute du Second Empire.
36 G. Flaubert, Lettre à Ivan Tourgeneff, 13 novembre 1872 (IV, 605).
37 Th. Gautier, « Préface » dans Id., Émaux et Camées, éd. C. Gothot-Mersch, Paris, Gallimard, 1981, p. 25.
38 G. Flaubert, Lettre à Laure de Maupassant, 23 février 1873 (IV, 648).
39 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 30 mars 1857 (II, 697).
40 G. Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 18 décembre 1859 (III, 65).
41 Jean-Pierre Richard a fort bien reconnu dans l’insistance flaubertienne relativement à la tonalité gorge-de-pigeon « le goût qu’eut toujours Flaubert pour toutes les formes sensibles et morales de la bigarrure », J.-P. Richard, « La création de la forme chez Flaubert », Littérature et sensation. Stendhal, Flaubert, Paris, Seuil, 1954, p. 203. Voir aussi N. Fartas, « L’Éducation sentimentale, un nuancier dans l’histoire », dans Flaubert, Style – Poétique – Histoire littéraire, mis en ligne le 08 octobre 2017. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/flaubert/2804 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/flaubert.2804.
42 G. Flaubert, Salammbô, éd. Y. Leclerc et G. Séginger, dans Œuvres complètes (1851-1862), éd. C. Gothot-Mersch, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de La Pléiade », 2013, p. 607.
43 G. Flaubert, Lettre à Edma Roger des Genettes, fin novembre 1864 (III, 416).
44 G. Flaubert, Lettre à la princesse Mathilde, 30 octobre 1878 (V, 452).
45 H. Scepi, Salammbô de Gustave Flaubert, Paris, Gallimard, « Foliothèque », 2003, p. 89. C’est dans ce sens que peut être interprétée la distance entre la tour d’ivoire de Flaubert.
46 G. Flaubert, Œuvres de jeunesse, éd. C. Gothot-Mersch et G. Sagnes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2001, p. 1024.
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Référence électronique
Luca Pietromarchi, « Flaubert : la tour d’ivoire pour y mieux voir », Revue italienne d’études françaises [En ligne], 14 | 2024, mis en ligne le 15 novembre 2024, consulté le 16 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rief/13032 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12oyw
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