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Le Roman de formation au féminin

Rachilde : formation d’une jeune fille et transformations romanesques

Rachilde: the formation of a young girl and novelistic transformations
Marina Geat

Résumés

Rachilde, romancière rebelle et transgressive de la fin du XIXe siècle, rappelle souvent, dans ses écrits à la première ou à la troisième personne, des éléments significatifs de sa « formation », un mot qui englobe son éducation ainsi que ses expériences familiales, affectives et imaginatives les plus précoces. Ces contenus ont laissé des traces profondes dans son œuvre romanesque, laquelle est fondée sur une dynamique d’appropriation et de transformation de ce qu’elle avait appris à l’époque de son enfance et de son adolescence, notamment ses souffrances et ses colères, mais aussi les potentialités de l’élaboration littéraire que ses auteurs préférés lui ont révélées.

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Texte intégral

Pourquoi Rachilde ?

  • 1 Voir Ph. Chardin (dir.), Roman de formation, roman d’éducation dans la littérature française et dan (...)
  • 2 Voir L. Hanin, « L’autobiographie au féminin, ou les codes de la distinction », dans Littérature, 1 (...)

1Le roman de formation, en tant que genre littéraire qui montre le parcours d’adaptation d’un héros à un idéal humain au fil de ses expériences personnelles et sociales, apparaît comme une forme textuelle problématique et riche de nuances surtout au XIXe siècle, où les relations humaines se font plus complexes et les interrogations sur les motivations psychologiques plus profondes, où tout modèle d’idéal humain s’estompe, rendant ainsi possibles des solutions adaptatives diverses, parfois imprévisibles1. La situation se complique encore lorsque l’auteur et le protagoniste sont de sexe féminin. Dans ce cas, toute formation, qui est aussi une transformation, nécessite souvent une révolution culturelle, voire anthropologique, radicale. En outre, le choix du genre romanesque implique à la fois une prise de distance qui dépasse le « pacte de sincérité » autobiographique dans lequel les auteurs en général s’engagent, et une élaboration scripturale qui se rapproche des modèles plus universels, tout en gardant leur originalité et leur force de dénonciation2. Dans le cadre du roman de formation au féminin, la personnalité et la démarche créative de Rachilde s’avèrent intéressantes à plusieurs égards.

  • 3 Voir V. Briand, « Le roman de formation au féminin chez Colette et Carson McCullers : Claudine à l’ (...)
  • 4 Rachilde, Pourquoi je ne suis pas féministe, Paris, Éditions de France, 1928.
  • 5 Sur la vie de Rachilde, voir C. Dauphiné, Rachilde femme de lettre 1900, Périgueux, Pierre Fanlac, (...)

2Rappelons brièvement qui est Rachilde, pseudonyme de Marguerite Eymery, née dans le Périgord en 1860. Romancière souvent scandaleuse et parfois censurée, comme cela se produit en 1884 pour son Monsieur Vénus, condamné pour obscénité par le tribunal correctionnel de Bruxelles, elle sera l’amie d’artistes et de poètes tels que Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Alfred Jarry, Barbey d'Aurevilly, Villiers de l'Isle Adam, Catulle Mendès, Maurice Barrès, Jean Moréas, Pierre Louÿs, Jean Lorrain ou Jules Renard dans le Paris des décadents de la fin de XIXe siècle, puis la directrice, aux côtés de son mari Alfred Vallette, de la prestigieuse revue Mercure de France, fondée en 1890, où elle tiendra la rubrique des comptes rendus littéraires pendant environ quarante ans, contribuant à faire apprécier à leur juste valeur des écrivains « difficiles » tels qu’Alfred Jarry, Léon Bloy ou Colette3. Personnalité forte et polémique, elle se fait aussi remarquer, toute sa vie durant, par ses prises de position publiques, toujours passionnées, parfois contradictoires, voire paradoxales, comme c’est le cas de son pamphlet Pourquoi je ne suis pas féministe de 19284, où elle lance une attaque antiféministe qui serait incompréhensible en dehors du contexte de sa pensée visionnaire et outrancière, pour celle qui, l’une des premières, avait revendiqué son rôle de femme respectée et libre dans une société éminemment masculine5.

  • 6 Voir U. Eco, Six promenades dans les bois du roman et d’ailleurs, tr. fr. M. Bouzaher, Paris, Grass (...)

3Le genre littéraire que Rachilde privilégie est le roman, avec plus de cinquante titres publiés. Elle écrit aussi quelques textes ouvertement autobiographiques, ce qui nous permet de constater d’une part l’interpénétration, dans ses écrits, entre récit factuel et récit fictionnel6 et, d’autre part, de formuler l’hypothèse que, lorsqu’elle adopte le déguisement de la fiction, elle réélabore toujours sa propre condition de femme dans un monde façonné par et pour les hommes, comme on l’attendait d’une demoiselle de bonne famille née dans la province française dans la seconde moitié du XIXe siècle.

  • 7 Voir G. Genette, Fiction et diction [1979], Paris, Seuil, 2004, p. 141-168.
  • 8 D. Cohn, Le propre de la fiction, tr. fr. C. Hary-Schaeffer, Paris, Seuil, 2001.
  • 9 Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil, « Poétique », 1975.

4Reste en suspens la difficile question théorique d’une certaine indiscernabilité narratologique du texte de fiction7, et cela, nonobstant les précieux éclaircissements de Dorrit Cohn8. C’est pourquoi, nous avons choisi de nous en tenir aux signaux les plus explicites du fictionnel (notamment l’indication « roman » sur la couverture, le nom fictif de l’héroïne, la troisième personne verbale). Nous avons ainsi essayé de mettre en lumière les degrés progressifs d’éloignement de la situation d’identification entre auteur, narrateur et personnage, élément caractéristique du pacte autobiographique9, tout en étant conscients de la perméabilité des frontières génériques qui, chez cette écrivaine, reste évidente, voire délibérément ambiguë.

Représenter sa formation

5Dans plusieurs de ses ouvrages, l’époque de formation, que ce soit la sienne ou celle de ses héroïnes romanesques, apparaît comme fondamentale ; source et même moteur des « transformations » que Rachilde réalisera grâce au pouvoir de son écriture.

6Où et comment ont été « formés » la personnalité et l’imaginaire de Rachilde ? C’est une question que l’écrivaine elle-même se pose plus ou moins explicitement, revenant sur certains détails dont sa mémoire assure la permanence et qu’elle relate dans plusieurs textes tout au long de sa vie. Nous en avons sélectionné quelques-uns pour constituer notre corpus de référence qui, quoique sans prétention d’exhaustivité, se veut représentatif de plusieurs niveaux de réélaboration fictionnelle de ces thématiques.

  • 10 Rachilde, Quand j’étais jeune, Paris, Mercure de France, 1947.
  • 11 Ead., À Mort, Paris, Éd. Monnier et Cie., 1886.

7Dans ce corpus nous allons inclure d’abord des textes dans lesquels Rachilde raconte les événements de sa jeunesse à la première personne. Ces récits ouvertement autobiographiques ne sont pas nombreux. Nous puiserons nos informations notamment dans son Quand j’étais jeune, publié en 194710. D’autres renseignements relatés à la première personne peuvent être tirés de sa « Préface » au roman À Mort, de 188611.

  • 12 Ead., « La Fille du Louvetier », dans Mercure de France, 01/07/1903, p. 26-54 ; rééd. dans Ead., L’ (...)
  • 13 Ead., « Les Rageac – L’Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république », dans Merc (...)
  • 14 Ead., La Femme Dieu, Paris, Ferenczi, 1934.

8Il y a en revanche plusieurs ouvrages où l’écrivaine raconte à la troisième personne des épisodes de son adolescence et de sa jeunesse, en se cachant derrière un écran fictionnel où maints indices renvoient pourtant à elle-même et révèlent sa volonté d’assumer pleinement son récit. C’est le cas de « La Fille du Louvetier »12, « L’Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république »13 ou La Femme-Dieu14, autant de sources pour essayer de comprendre en quoi consiste la formation de Rachilde telle qu’elle décide de la présenter à ses lecteurs.

  • 15 A. David, Rachilde, homme de lettres, Paris, Nouvelle Revue Critique, 1924, p. 10.
  • 16 E. Gaubert, « Rachilde », dans Mercure de France, 1 avril 1906, p. 332-353.

9On peut remarquer qu’il y a aussi des textes en quelque sorte hybrides, où le « je » de Rachilde racontant oralement son enfance se dissimule explicitement derrière la plume de l’un de ses collaborateurs-amis qui donnent à ces événements leur forme exemplaire. C’est le cas d’André David, qui introduit ainsi son Rachilde, homme de lettre : « […] Aujourd’hui je suis son hôte dans sa petite maison de campagne […]. Elle parle : j’écoute ses souvenirs et, malgré moi, je suis entraîné à me rappeler notre première rencontre […] »15. Son ouvrage, ainsi que celui d’Ernest Gaubert16, rédigé dans une situation similaire, feront aussi partie de notre corpus, pour mener à bien des confrontations avec des renseignements plus directs tirés de l’œuvre de notre auteure.

  • 17 Rachilde, La Marquise de Sade [1887], Paris, Mercure de France, 1981.

10Il y a enfin des romans à part entière dans lesquels la narration de la formation de l’héroïne, comparable sous plusieurs aspects à celle que Rachilde fait d’elle-même, montre un développement qualitatif et quantitatif d’une telle envergure qu’il serait impossible de ne pas en remarquer l’importance et de ne pas en observer les composantes, l’organisation textuelle et leur relation avec le déroulement de l’intrigue où le « destin » du personnage s’accomplit. Le cas de Mary Barbe, la protagoniste de La Marquise de Sade17, demeure exemplaire à ce propos.

  • 18 Ce sont dans l’ordre les noms des protagonistes de Rachilde, Quand j’étais jeune, cit. ; Ead., « Le (...)

11Il est intéressant d’observer la convergence de ces contenus. Qu’elle s’appelle Rachilde, qu’elle s’appelle Marguerite, Magui, Miane, Louvette, Raoule, ou Mary Barbe18, on ne peut douter qu’il s’agit en réalité de la même femme, de la même formation, puis de la même réélaboration « révoltée » ou « perverse » – au sens littéral de ces adjectifs – par l’écriture, de son vécu originel. Nous nous proposons d’observer en trois points les composantes fondamentales de cette réélaboration, ainsi que la dynamique intrinsèque qui en fait le moteur de l’écriture rachildienne.

Trois aspects majeurs dans la formation de Rachilde

12En premier lieu, se fait jour l’influence sur la fillette des personnalités conflictuelles de ses parents, ce qui se traduit par deux modèles d’éducation fort différents voire opposés. C’est notoire : Rachilde a souvent adopté dans sa conduite ainsi que dans ses créations littéraires l’expression d’une duplicité ambiguë, notamment sexuelle, ce qui s’accordait fort bien avec l’engouement pour l’androgynie à la mode à l’époque du décadentisme. Pourtant, comme le révèle cette référence répétée à cet aspect de son enfance, à la base de cette duplicité on peut surtout repérer des traces de deux impulsions affectives et éducatives opposées, le désir de se confronter et/ou de se conformer à deux modèles de développement vers l’âge adulte impossibles à concilier, ce qui a donc entraîné un déchirement profond. D’un côté, il y a sa mère Gabrielle Feytaud, de bonne famille périgourdine, musicienne sensible, coquette et dépressive, ayant fait ses débuts à la cour de Napoléon III. Pour atteindre l’idéal féminin maternel, Rachilde aurait dû se soumettre à toute une série d’interdictions (voire de mutilations) qui caractérisaient la formation des femmes de son époque dans leur préparation à la vie en société et que Rachilde dénombre dans ses souvenirs de jeunesse :

  • 19 Ead., Quand j’étais jeune, cit., p. 13.

Une jeune personne comme il faut ne doit pas boire de vin, manger des viandes rouges. […] Elle doit toujours se tenir droite et ne jamais choisir un fauteuil ou un canapé pour s’assoir. Elle doit attendre qu’on l’interroge avant de donner son avis et s’abstenir de poser des questions. À table, elle ne doit jamais rien demander. Elle doit éviter de regarder les messieurs plus haut que leurs souliers.19

13Elle se souviendra de cette liste de préceptes éducatifs rédigés tous au négatif (« il ne faut pas ») au moment de la rédaction de son Monsieur Vénus, comme nous le verrons par la suite. De l’autre côté, il y a son père, Joseph Eymery, militaire pauvre, car né « enfant naturel », c’est-à-dire « bâtard », quoique courageux, voire héroïque, dans l’armée d’Afrique, puis pendant la guerre des années 1870. Un père qui aurait bien voulu la naissance d’un petit garçon, mais

  • 20 Ibid., p. 49.

[…] puisque le malheur voulait que je fusse une fille, on m’avait formé le caractère en me faisant risquer tous les dangers que l’on cherche généralement à éviter aux êtres faibles. Je savais monter à cheval, faire des armes, sauter des barrières d’un mètre et suivre les grandes chasses au galop… […] Mon père […] n’appréciait que le courage et n’accordait d’attention à ce garçon manqué que lui représentait sa fille, que lorsqu’il le sentait capable d’exécuter un ordre ou de respecter une consigne.20

  • 21 Voir C. Dauphiné, Rachilde femme de lettre 1900, cit., p. 10.

14De cette citation nous retiendrons surtout l’expression « êtres faibles » pour désigner les femmes, des créatures en même temps ineptes et souffrantes, comme sa mère, mais aussi comme sa grand-mère paternelle, séduite, puis abandonnée par un « hobereau de la région », une aïeule toujours en pleurs et vouée à une mort prématurée, marquée par la désapprobation sociale à la suite de sa « faute » de jeunesse21. Le moment venu pour Rachilde de fouiller dans son passé les influences qui ont forgé sa personnalité et son imaginaire, elle devra commencer par s’emparer d’une ascendance familiale mythisée, caractérisée par une opposition douloureuse entre la condition masculine, à laquelle semblent appartenir toutes les possibilités, les prétentions et les privilèges, et la condition féminine, condamnant nécessairement les femmes au rôle de proies impuissantes, de victimes désignées.

  • 22 Rachilde, Quand j’étais jeune, cit., p. 66.

15Comment élaborer son identité dans un monde où ces lois dictées par l’appartenance sexuelle régissent les conduites et les relations, conditionnant l’aspiration existentielle à la liberté et au bonheur ? Et comment dénoncer et venger l’injustice patente à laquelle elle semblait destinée en tant que femme ? C’est bien la question première qu’elle se pose, une tension double qui va façonner son identité, humaine et littéraire, et dont le couple parental, lorsque Rachilde tourne son regard vers son passé pour le raconter, montre déjà les « signes » : « on ne connaît ses parents que lorsque, les ayant perdus, on atteint leur âge, et qu’ils vous reviennent à l’esprit comme des remords, des regrets de les avoir mal jugés, ou comme des signes d’une vie antérieure qu’on n’a pas pu comprendre […] »22.

  • 23 Ead., À Mort, cit., « Préface », p. 6.
  • 24 Voir ibid., p. 136-145.
  • 25 Voir A. Samain, cité par A. David, op.cit., p. 34-35. Verlaine dédie également certains de ses poèm (...)

16La deuxième composante de la formation de Rachilde que l’on peut mettre en évidence, c’est l’influence de l’atmosphère culturelle de sa région, le Périgord, notamment sa dimension légendaire dont se nourrissent les histoires des paysans et « les contes incohérents » de sa nourrice Lala23. Une atmosphère qui se conjugue de façon efficace avec l’engouement pour le spiritisme et les tables tournantes de ses grands-parents maternels et qui dévoile à l’adolescente la représentation d’un monde en métamorphose perpétuelle, où les transgresseurs et les maudits peuvent se transformer en loups-garous et jeter un sort au bétail, où les étangs peuvent faire resurgir le corps et la voix d’un cadavre noyé, où une jeune fille de quinze ans peut commencer à raconter des histoires troublantes, car elle serait possédée par un fantôme qui s’appellerait Rachilde24. C’est à partir de ce modèle de transformation de la réalité matérielle sous l’impulsion de sa subjectivité, de ses désirs, de ses terreurs, de ses révoltes, que Rachilde commence à forger son image du monde, de son identité physique, puis son imaginaire littéraire. Sa condition féminine, a priori condamnée à la réclusion du mariage ainsi qu’à la lâche convoitise masculine, lui apparaît semblable à la condition des bêtes, soumises à la cruauté des hommes si elles sont trop dociles, ou bien implacablement chassées comme les loups, sauf si elles arrivent à se révolter et à tuer. Quant à la partie la plus saisissante de son visage, celle que ses contemporains mettent souvent en exergue25, ce sont ses yeux verts et vivants, qu’elle associe métaphoriquement aux étangs de son Périgord natal, comme s’il s’agissait d’une sorte de prédestination :

  • 26 A. David, op. cit., p. 12.

Les yeux de Rachilde s’ouvrirent sur la folle-avoine et sur l’eau trouble de la mare aux grenouilles.26

  • 27 Rachilde, À Mort, cit., « Préface », p. 13. Cf. Ead., Quand j’étais jeune, cit., p. 17.

[…] Elle ne plaisait qu’à demi, cette enfant de quinze ans d’une volonté fixe, portant au fond de ses yeux assombris je ne sais quel reflet de la mare lointaine.27

  • 28 A. David, op. cit., p. 13.
  • 29 Avec Lison, Rachilde ne faisait qu’un « seul corps », voir Rachilde, Le théâtre des bêtes, Paris, L (...)
  • 30 Voir Ead., À Mort, cit., « Préface », p. 12.

17Des mares du Périgord, les yeux verts de Rachilde, ainsi que ceux de beaucoup de ses héroïnes, n’ont pas seulement la couleur, mais aussi la propriété dynamique d’absorber les souffrances et les larmes des créatures outragées, puis de rejeter tout ce mal, englouti ou observé, contre le monde des hommes qui ont été les auteurs ou les causes de ces outrages et de ces souffrances ; ce qui leur donne des potentialités inquiétantes de vengeance et de révolte. Ses yeux sont aussi « ceux du loup-garou »28, la lueur de son regard est celle des mares qu’elle explorait dans ses fuites sur sa jument Lison29. Rachilde s’approprie ces légendes, assimile cette logique de transformation mythique de son propre corps et de « l’immensité de son trouble30 », et elle s’en sert pour « former » son imaginaire.

  • 31 C. Dauphiné, Rachilde, cit., p. 30.
  • 32 Rachilde, « Les Rageac - L’Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république », cit., (...)

18L’événement qui marque un tournant décisif dans sa jeunesse et où, dans la représentation qu’elle en donne, toutes ces métaphores fusionnent, est la tentative de sa famille de la donner pour épouse à l’un des officiers de son père, épisode qui culmine par « un incident mystérieux »31. Rachilde, comme le feront certaines des héroïnes qui sont ses avatars littéraires, aurait essayé de se suicider, en se jetant dans un étang. La motivation qu’elle donne de son geste glisse entre deux pôles sémantiques, sa révolte contre le mariage ou sa souffrance pour l’élimination cruelle et lâche, par noyade, des petits animaux qu’elle aime et garde dans sa chambre. Dans son « Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république » les deux motivations coïncident, car l’arrivée de ce « Monsieur » à la maison va de pair avec la nécessité de « balayer ces ordures »32 en les jetant à l’eau, puis la tentative de suicide de Magui qui voudrait rejoindre ses animaux au fond de l’étang, enfin l’exhalation inquiétante à la surface de bulles provenant des créatures noyées et la transfiguration des yeux de l’héroïne qui acquièrent les mêmes connotations menaçantes et réfléchissantes que cette eau trouble et troublante :

  • 33 Ibid., p. 442. Le même épisode est raconté dans Ead., « La Fille du Louvetier », cit., ainsi que da (...)

Et les yeux verts, cintrés de leurs sourcils très noirs, éclataient dans tout ce blanc pur du teint pâle et des cheveux comme un large reflet d’eau dangereuse, d’une eau dormante d'étang, vivant en dessous. Ah ! quels reptiles s’y cachaient pour lui communiquer ce singulier reflet de dur métal ?33

  • 34 La thématique du miroir, associée à la féminité et provoquant la terreur jusqu’à la mort d’un perso (...)

19Formée dans le climat culturel de son Périgord où toutes les métamorphoses fantastiques semblent possibles, Rachilde révèle d’ores et déjà la dynamique de transformation ainsi que les mobiles profonds qui vont caractériser son écriture : son regard sera une sorte de miroir grossissant et vengeur, réfléchissant la cruauté lâche du monde masculin envers les femmes ou envers les animaux, leurs alliés dans la souffrance ainsi que dans la vengeance, et renversant tout ce mal absorbé contre le monde des hommes, avec une puissance démultipliée par le contact avec une dimension naturelle libre et non contaminée par la médiocrité de la société34.

  • 35 Ead., À Mort, cit., « Préface », p. 6.

20Nous en arrivons à la troisième composante de la formation de Rachilde, celle qu’on pourrait identifier avec ses études et ses lectures, dont elle ne manque pourtant pas de souligner à plusieurs reprises l’intermittence et l’incohérence. Parlant de son enfance, elle aime à se représenter peu concernée par les leçons de son institutrice35.

  • 36 Voir C. Dauphiné, Rachilde femme de lettre 1900, cit., p. 14.

21Pourtant son grand-père maternel Urbain Feytaud est un homme cultivé, journaliste du Courrier du Nord. Chez lui, Rachilde dispose d’une bibliothèque de plus de trois mille volumes où, adolescente, elle s’adonne à des lectures de tous genres, sans aucun contrôle de la part de ses parents qui ne s’occupent pas trop d’elle. Parmi ces ouvrages, on ne retient le nom que de très peu d’auteurs, dont deux semblent représenter, de manière significative, deux aspects majeurs de son style à venir : l’un est Voltaire, un exemple d’ironie impitoyable qui va, de conséquence, modeler l’esprit, parfois intransigeant, dont elle fait preuve dans ses opinions. L’autre est le marquis de Sade, un modèle de cruauté exhibée dont elle se souviendra jusque dans certains de ses titres (notamment sa Marquise de Sade)36. En ce qui concerne la puissance métaphorique de la parole, et l’opportunité que celle-ci donne aux écrivains de façonner une représentation du monde alternative à la réalité et correspondant à ses propres visions intérieures, l’auteur qui l’a inspirée le plus profondément est Victor Hugo, lu et admiré depuis ses années de formation, comme une sorte de père spirituel auquel elle envoie l’un de ses premiers contes, avec ce message :

  • 37 Voir ibid., p. 30.

Maître,
J’ai dix-sept ans et vous aimez les enfants.
Je vous ai lu et j’ai essayé ma voix.
Écoutez un de mes accents ; heureuse et fière je serai, si vous
Me dites, comme ma mère :
« continue ».37

22Le bref encouragement qu’elle reçoit en réponse de la part de son Maître sera son laissez-passer pour sa carrière littéraire et son départ, à dix-huit ans, pour Paris.

23C’est ici qu’elle achèvera sa formation littéraire, au contact des auteurs qui composent le monde créatif et troublant de la littérature fin de siècle. Elle y apprend certainement tout le répertoire des thématiques à la mode, notamment l’élaboration littéraire de « perversions » telles que le sadomasochisme, la nécrophilie, le fétichisme, l’homosexualité, ainsi que la fascination pour la femme fatale et le goût pour le fantastique, mais elle y apprend encore deux choses, surtout, qui seront fondamentales pour l’élaboration et les motivations les plus intimes de sa poétique d’écrivaine. D’abord, à se défendre, notamment des humiliations réservées au sexe féminin dans le milieu même des artistes :

  • 38 Rachilde, À Mort, cit., « Préface », p. 15-16.

Cette soirée attendue, la fièvre aux joues, le cœur serré, et qui se termine par l’affront d’une voiture offerte dans un baiser derrière les manteaux du vestiaire. Cordieu ! l’effroyable haine montante et débordante ! Quelle rage implacable ! […] Tant pis pour toi… petite… tes écrits sont légers, légère tu dois être, eh ! Saute, enfant, sur les genoux de nous, les hommes miséricordieux !38 

  • 39 Voir la pièce en un acte de Ead., La Poupée transparente, Paris, La monde nouveau, 1919. Ici l’héro (...)

24Ensuite, elle a la confirmation de l’asservissement de l’image de la femme, ainsi que de son existence, aux désirs masculins, comme le lui démontrent les ouvrages d’écrivains qu’elle admire pourtant, dont elle devient une bonne camarade de lettres et qu’elle accueille tous les mardis dans son salon animé du 5, rue des Écoles, pour des réunions hebdomadaires d’artistes d’où va bientôt naître le Mercure de France. La représentation de la femme-poupée entre les mains de l’homme reviendra souvent dans l’œuvre de Rachilde, avec une forte charge polémique39. À ce propos, exemplaire sera le final de son Monsieur Vénus, et son mannequin funèbre manœuvré pour accomplir les vouloirs de la protagoniste Raoule, une femme qui a décidé d’assumer, à l’intérieur du couple, des comportements et des droits typiquement masculins.

  • 40 Sur l’admiration de Rachilde pour Villiers de l’Isle-Adam, voir Ead., Quand j’étais jeune, cit., p. (...)

25Il s’agit d’une scène qui anticipe, avec les rôles inversés et les excès du grotesque, une situation qui s’apparente de près au sujet utopique du roman L’Ève future de son ami Villiers de l’Isle-Adam40, presque contemporain de celui de Rachilde, où le savant Edison, afin d’engendrer le seul être susceptible de satisfaire l’idéal amoureux de l’homme, crée une femme automate animée par le pouvoir de l’électricité.

De la formation de l’écrivaine à sa transformation dans les romans

  • 41 Pour une analyse plus approfondie de ces trois romans, voir M. Geat, Rachilde. Per un simbolismo al (...)
  • 42 Raoule revendique la « créativité » de l’opération d’inversion sexuelle qui fait l’intrigue de Mons (...)
  • 43 Voir ses « talons embarrassés » dans ibid., p. 110.
  • 44 Voir ibid., p. 145 et p. 170. Raoule accomplit avec ses ongles la « défloration complète » que Jacq (...)
  • 45 Voir ibid., p. 172 : « Ce serait doux d’être ton mari ! de t’appeler en cachette Mme de Vénérande ! (...)
  • 46 Ibid., p. 98.
  • 47 Ibid., p. 55 : « Il […] jouait le principal rôle d’une des scènes de Voltaire, que raconte en détai (...)
  • 48 Ibid., p. 132.
  • 49 Ibid., p. 227-228.

26Comme nous l’avons anticipé au début de cet article, ces trois composantes de sa formation – familiale, fantastique et littéraire – sur lesquelles Rachilde insiste lorsqu’elle revient sur sa jeunesse, laissent des traces évidentes dans sa production, constituant les éléments principaux qui influenceront son style et son imaginaire. Trois de ses titres les plus célèbres suffiraient à faire ressortir le processus de réélaboration de ces contenus au moyen de la parole littéraire ainsi que son efficacité polémique régie par l’indignation et la révolte41. Le premier est son Monsieur Vénus, dont le sujet est un cas d’inversion sexuelle, avec la protagoniste Raoule de Vénérande qui se conduit en homme et arrive à « créer »42 une femme par la transformation progressive d’un jeune fleuriste dont elle fera son amant(e). Au-delà du scandale que ce roman a suscité, il est intéressant d’observer les étapes de cette transformation, car c’est ici que l’influence de sa formation d’origine s’affirme et s’inverse. Le jeune fleuriste Jacques Silvert, sans le sou, que Raoule rencontre un jour dans la rue, deviendra en effet une femme, alias Madame Silvert, car Rachilde / Raoule l’oblige à se plier aux conduites et aux limitations que la société impose d’ordinaire au sexe féminin. Il s’agit donc d’une opération de transgression et d’aliénation d’une situation, qui apparaît soudain bizarre et perverse dès que c’est une femme qui l’impose à un homme. Rappelons-nous la liste de la « bonne formation féminine », toute fondée sur une série d’interdictions et de négations, que Rachilde décrit dans Quand j’étais jeune. Ici, Raoule rend Jacques totalement dépendant d’elle-même du point de vue économique, l’oblige à porter des vêtements qui limitent ses mouvements43, le séduit avec un luxe qu’elle seule peut lui assurer, lui impose une « défloration » symbolique et sanglante44, et lui enlève même son nom45. Elle lui interdit de fumer et lui impose de ne pas « […] adresser la parole à un homme sans [sa] permission »46. Elle l’amène à ne s’occuper que de la contemplation de sa propre beauté ambiguë, non sans un clin d’œil significatif, de la part de l’auteure, à l’ironie transgressive de Voltaire, ce qui confirme la persistance des lectures de sa jeunesse47. Il devient enfin un véritable « garçon de joie »48, à la fois pour les hommes et en ce qui concerne sa propre sexualité, jusqu’à sa transformation finale en mannequin de cire, paré des attraits sexuels tirés de son cadavre, tels que « ses cheveux blonds » ou « les dents qui ornent sa bouche », et animé par un ressort, « chef-d’œuvre d’anatomie […] fabriqué par un Allemand »49.

27La condition féminine, telle que Rachilde l’avait expérimentée tout au long de son enfance et de son adolescence, est le motif aussi de La Marquise de Sade, ainsi que la possibilité d’un renversement spéculaire des rapports de force entre l’homme et la femme grâce au pouvoir de la narration littéraire. Toute la première partie du roman insiste sur la « formation » du caractère de la protagoniste, Mary Barbe, dont maintes expériences renvoient à celles racontées par Rachilde à propos de sa propre jeunesse : fille d’un militaire voyageant de garnison en garnison, considérée par son père comme un garçon manqué, elle constate la violence que les femmes, ainsi que les animaux, paraissent condamnés à subir de la part des hommes. Pourtant, à un certain moment de l’intrigue la situation s’inverse :

  • 50 Ead., La Marquise de Sade [1887], Paris, Mercure de France, 1981, p. 41.

Mais tout à coup une révolution s’opéra dans la passivité de la petite colonelle ; un cri rauque, un cri de chatte en colère sortit de sa gorge crispée ; elle rejoignit Paul Marescut d’un seul bond et, tombant sur lui à l’improviste, elle le cribla d’égratignures.
Elle venait de déclarer sa première guerre au mâle.
On fut obligé de lui arracher ce garçon complètement défiguré.50

  • 51 Ibid., p. 14.
  • 52 Expression dynamique du renversement du personnage, le mot « révolution » est répété dans le roman. (...)

28Comme nous l’avons vu à propos de l’élaboration métaphorique des yeux de Rachilde dans le récit de ses souvenirs de jeunesse – miroirs liquides inquiétants, ayant absorbé la douleur et la rejetant avec la fureur de la révolte contre ceux qui en sont les responsables –, « les prunelles dilatées »51 de Mary Barbe constatent les lois de la suprématie masculine, à la fois lâches et cruelles, et, en établissant son alliance vengeresse avec le monde animal, cette dernière revendique pour elle-même la capacité d’infliger la souffrance. Cette « révolution »52 se réalise durant une hallucination donnant libre cours à la puissance visionnaire de l’écriture de Rachilde :

  • 53 Ibid., p. 27-28. Cf. ibid., p. 30.

L’homme ! … j’ai peur de l’homme, répétait l’enfant d’une voix rauque, étendant ses bras maigres pour se protéger contre d’invisibles ennemis ; tu vois, Minoute, que nous sommes de pauvres chats, toutes les deux ! Notre maman va mourir, notre papa nous fouettera, et le gros bœuf est bien malheureux ! C’est rouge partout… c’est du feu… c’est le fourneau… […] Je suis une petite fille très sage, je monterai sur un grand cheval pour aller consoler le veau qui pleure, les pattes attachées, là-bas dans les abattoirs. […] Oui ! Minoute, nous irons sur la grande montagne, nous aussi, tu auras un bonnet de dentelle et moi, j’aurai ta queue de soie jaune !... De là-haut nous verrons passer le régiment, les pantalons rouges qui feront la guerre. Oh ! si l’homme revient, nous le tuerons… parce qu’il a tué le bœuf, le bœuf du petit Jésus… tu le grifferas… nous le grifferons… l’homme !... l’homme !...53

29La lutte implacable entre l’énergie inépuisable et révoltée de la féminité, assimilée à la Nature, et l’arrogance lâche du monde des hommes et de leur société, qui s’illusionnent de pouvoir dominer cette féminité et cette Nature, font l’objet du roman certainement le plus visionnaire et poétique de Rachilde, La Tour d’Amour. Ici, le décor et les personnages sont tout à fait différents de ceux qu’elle avait connus dans son Périgord natal. L’histoire se déroule à l’intérieur du phare d’Ar-Men, en Bretagne. Les protagonistes sont les deux gardiens du phare, dont le plus jeune raconte ses expériences à la première personne. Il n’empêche que la formation intériorisée par Rachilde se révèle à une lecture attentive, notamment dans sa représentation visionnaire et terrible de la Mer, ne manquant pas d’évoquer l’influence de l’écrivain qui, plus que quiconque, lui avait appris la puissance du langage poétique, Victor Hugo. Dans les pages de L’Homme qui rit, la jeune Rachilde avait sans doute lu l’épisode de la confrontation titanesque entre le phare d’Eddystone et la force triomphante de la mer, expérimentant jusqu’à quel degré de transfiguration métaphorique et métaphysique pouvait atteindre la représentation d’un tel combat. Elle s’en souvient fort probablement dans son roman, en utilisant ces potentialités pour projeter elle aussi dans une dimension métaphysique sa révolte : d’un côté, les deux hommes, enfermés dans leur phare aux connotations phalliques, épouvantés et démunis face à la puissance de la Nature et de la sensualité féminine, et qui n’hésitent pas à tuer une prostituée ou à violer les cadavres des belles naufragées ; de l’autre, la Mer, vengeresse suprême, absorbant toutes les saletés et les cruautés des hommes, y compris les cadavres et les larmes des jeunes filles violées, à l’instar de celle dont la tête est cachée derrière l’une des fenêtres du phare et qui fixe la Mer, extrême et implacable épiphanie liquide du regard de l’écrivaine :

  • 54 Ead., La Tour d’Amour [1899], Paris, Le Tout sur le Tout, 1980, p. 146.

Alors, je lâchai la corde et je poussai un cri.
Javais vu, oui, javais bien vu… derrière létroit miroir de verre, une autre tête que la mienne qui me regardait ! […]
Cétait comme les parois dun aquarium où nagerait le monstre rare.
Mais on y voyait assez, tout de même, pour découvrir une longue chevelure éplorée, blonde, décolorée, presque blanche, entourant lovale dun visage horriblement triste, un jeune visage de femme contemplant la mer de ses yeux pleins de larmes…
Comme le soleil frappait sur ces yeux, ils brillèrent…54

  • 55 F. T. Marinetti, « Rachilde », dans Anthologie-Revue de France et d’Italie, 12/10/1899, p. 204-205.

30Le dynamisme frénétique et la sensualité de la Tour d’Amour devaient plaire au futuriste Marinetti, qui, probablement sans en comprendre pleinement la portée polémique contre le monde masculin, écrivit à propos de ce roman : « […] La mer, […] c’est la femme par excellence, perfide et pleine de luxures, l’animale qui ne se refuse jamais et qui tue ! […] Je suis fou de la mer, parce qu’elle a des haines infinies »55.

31Je voudrais reprendre à mon compte le mot le plus fort de cette affirmation, « la haine », car il exprime un sentiment par définition puissant, réciproque et ambigu (puisque souvent la haine cache aussi de l’amour). En conclusion de cet article, ce mot me paraît résumer le lien incontournable qui unit la formation affective, humaine, littéraire de Rachilde à son besoin d’écriture, sa nécessité de revenir sans cesse aux origines de ses souffrances et de ses colères, pour les rejeter et pour mieux les récupérer, dans une dialectique orgueilleuse de réappropriation et de transformation, selon une logique implacable de révolte et de renversement qui caractérise son style et son imaginaire de femme de lettres.

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Notes

1 Voir Ph. Chardin (dir.), Roman de formation, roman d’éducation dans la littérature française et dans les littératures étrangères, Paris, Kimé, 2007.

2 Voir L. Hanin, « L’autobiographie au féminin, ou les codes de la distinction », dans Littérature, 191, n. 3, 2018, p. 15-27.

3 Voir V. Briand, « Le roman de formation au féminin chez Colette et Carson McCullers : Claudine à l’école, Claudine à Paris, The Heart Is a Lonely Hunter, The Member of the Wedding », dans Dumas – Dépôt universitaire de mémoires après soutenance, UBO-Université de Bretagne Occidentale, 2021, p. 6, consulté le 28/02/2023, URL : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03516133.

4 Rachilde, Pourquoi je ne suis pas féministe, Paris, Éditions de France, 1928.

5 Sur la vie de Rachilde, voir C. Dauphiné, Rachilde femme de lettre 1900, Périgueux, Pierre Fanlac, 1985 ; M. Geat, Rachilde. Per un simbolismo al femminile, Roma, E.U.R., 1990 ; C. Dauphiné, Rachilde, Paris, Mercure de France, 1991.

6 Voir U. Eco, Six promenades dans les bois du roman et d’ailleurs, tr. fr. M. Bouzaher, Paris, Grasset et Fasquelle, « Poche Essais », 1996, p. 130.

7 Voir G. Genette, Fiction et diction [1979], Paris, Seuil, 2004, p. 141-168.

8 D. Cohn, Le propre de la fiction, tr. fr. C. Hary-Schaeffer, Paris, Seuil, 2001.

9 Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil, « Poétique », 1975.

10 Rachilde, Quand j’étais jeune, Paris, Mercure de France, 1947.

11 Ead., À Mort, Paris, Éd. Monnier et Cie., 1886.

12 Ead., « La Fille du Louvetier », dans Mercure de France, 01/07/1903, p. 26-54 ; rééd. dans Ead., L’Imitation de la mort, Paris, Mercure de France, 1903.

13 Ead., « Les Rageac – L’Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république », dans Mercure de France, 01/12/1920, p. 389-464 ; rééd. dans Ead., Les Rageac, Paris, Flammarion, 1921.

14 Ead., La Femme Dieu, Paris, Ferenczi, 1934.

15 A. David, Rachilde, homme de lettres, Paris, Nouvelle Revue Critique, 1924, p. 10.

16 E. Gaubert, « Rachilde », dans Mercure de France, 1 avril 1906, p. 332-353.

17 Rachilde, La Marquise de Sade [1887], Paris, Mercure de France, 1981.

18 Ce sont dans l’ordre les noms des protagonistes de Rachilde, Quand j’étais jeune, cit. ; Ead., « Les Rageac – L’Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république », cit. ; Ead., Son Printemps, Paris, Mercure de France, 1912 ; Ead., La Femme Dieu, cit. ; Ead., « La Fille du Louvetier », cit. ; Ead., La Marquise de Sade, cit.

19 Ead., Quand j’étais jeune, cit., p. 13.

20 Ibid., p. 49.

21 Voir C. Dauphiné, Rachilde femme de lettre 1900, cit., p. 10.

22 Rachilde, Quand j’étais jeune, cit., p. 66.

23 Ead., À Mort, cit., « Préface », p. 6.

24 Voir ibid., p. 136-145.

25 Voir A. Samain, cité par A. David, op.cit., p. 34-35. Verlaine dédie également certains de ses poèmes à Rachilde, voir P. Verlaine, Œuvres poétiques complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1959, p. 305 et p. 539.

26 A. David, op. cit., p. 12.

27 Rachilde, À Mort, cit., « Préface », p. 13. Cf. Ead., Quand j’étais jeune, cit., p. 17.

28 A. David, op. cit., p. 13.

29 Avec Lison, Rachilde ne faisait qu’un « seul corps », voir Rachilde, Le théâtre des bêtes, Paris, Les Arts et le Livre, 1926, p. 62.

30 Voir Ead., À Mort, cit., « Préface », p. 12.

31 C. Dauphiné, Rachilde, cit., p. 30.

32 Rachilde, « Les Rageac - L’Éducation d’une jeune fille au début de la troisième république », cit., p. 414-427.

33 Ibid., p. 442. Le même épisode est raconté dans Ead., « La Fille du Louvetier », cit., ainsi que dans les biographies d’A. David, op. cit., et d’E. Gaubert, art. cit.

34 La thématique du miroir, associée à la féminité et provoquant la terreur jusqu’à la mort d’un personnage masculin (« L’Épouvanté ») est le sujet de la pièce symboliste de Rachilde, « L’Araignée de Cristal », dans Mercure de France, juin 1892, t. IV, p. 147-155.

35 Ead., À Mort, cit., « Préface », p. 6.

36 Voir C. Dauphiné, Rachilde femme de lettre 1900, cit., p. 14.

37 Voir ibid., p. 30.

38 Rachilde, À Mort, cit., « Préface », p. 15-16.

39 Voir la pièce en un acte de Ead., La Poupée transparente, Paris, La monde nouveau, 1919. Ici l’héroïne est une femme qui a été contrainte à l’avortement, poussée par l’égoïsme de son mari.

40 Sur l’admiration de Rachilde pour Villiers de l’Isle-Adam, voir Ead., Quand j’étais jeune, cit., p. 106.

41 Pour une analyse plus approfondie de ces trois romans, voir M. Geat, Rachilde. Per un simbolismo al femminile, cit., p. 71-146.

42 Raoule revendique la « créativité » de l’opération d’inversion sexuelle qui fait l’intrigue de Monsieur Vénus. Voir Rachilde, Monsieur Vénus [1884], Paris, Flammarion, 1977, p. 85 : « des amants dans ma vie comme j’ai des livres dans ma bibliothèque, pour savoir, pour étudier… […] À présent, mon cœur, ce fier savant, veut faire son petit Faust… il a envie de rajeunir, non pas son sang, mais cette vieille chose qu’on appelle l’amour ».

43 Voir ses « talons embarrassés » dans ibid., p. 110.

44 Voir ibid., p. 145 et p. 170. Raoule accomplit avec ses ongles la « défloration complète » que Jacques avait subie de la part du baron de Raittolbe, sorte d’alter ego masculin de Raoule.

45 Voir ibid., p. 172 : « Ce serait doux d’être ton mari ! de t’appeler en cachette Mme de Vénérande ! ... car ce sera mon nom que je te donnerai ! … – C’est vrai ! je n’ai pas mon nom, moi ! ».

46 Ibid., p. 98.

47 Ibid., p. 55 : « Il […] jouait le principal rôle d’une des scènes de Voltaire, que raconte en détail une courtisane nommée Bouche-Vermeille ».

48 Ibid., p. 132.

49 Ibid., p. 227-228.

50 Ead., La Marquise de Sade [1887], Paris, Mercure de France, 1981, p. 41.

51 Ibid., p. 14.

52 Expression dynamique du renversement du personnage, le mot « révolution » est répété dans le roman. Cf. ibid., p. 29.

53 Ibid., p. 27-28. Cf. ibid., p. 30.

54 Ead., La Tour d’Amour [1899], Paris, Le Tout sur le Tout, 1980, p. 146.

55 F. T. Marinetti, « Rachilde », dans Anthologie-Revue de France et d’Italie, 12/10/1899, p. 204-205.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Marina Geat, « Rachilde : formation d’une jeune fille et transformations romanesques »Revue italienne d’études françaises [En ligne], 13 | 2023, mis en ligne le 15 novembre 2023, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rief/10753 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rief.10753

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Marina Geat

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