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Dossier

Onirologies savantes et sciences humaines

Des récits de rêve à leurs prolongements théoriques
Scholarly Onirology and the Human Sciences. From Dream Accounts to their Theoretical Extensions
Michaël Roelli, Aude Fauvel et Rémy Amouroux
p. 7-32

Texte intégral

  • 1 Aragon, 1924, 111-112.
  • 2 Ripa, 1988, 10.
  • 3 Freud, 1900.
  • 4 Carroy, 2012.
  • 5 Carroy et Lancel, 2016.

1En 1924, Louis Aragon écrit dans son manifeste surréaliste intitulé « Une vague de rêves » que « la contagion du rêve se répand par les quartiers et les campagnes » et proclame « la République des rêves », dont des poètes, des peintres et un certain « Siegmund Freud » seraient les présidents1. Alors que sont tout juste parues les premières traductions en langue française des ouvrages de ce dernier, la France vient en effet d’être frappée par ce que Yannick Ripa a décrit comme une « révolution onirique », qui, « comme toute fracture historique, […] désigne un avant et un après »2. Si la psychanalyse – dont l’acte fondateur a été, rappelons-le, la publication d’un ouvrage onirologique (une théorie sur les rêves) et onirocritique (une méthode d’interprétation des rêves)3 – a indéniablement marqué un tournant dans l’histoire du rêve, il serait toutefois naïf de conclure qu’elle a la première fait du rêve un objet de science et que c’est elle qui a suscité un attrait pour les rêves dans nos sociétés. En vérité, une tradition onirologique savante a vu le jour en Europe de l’Ouest au début du xixe siècle4, tandis que les « clés des songes », ces dictionnaires qui permettent à qui le souhaite de se faire onirocrite ou oniromancien, florissaient depuis longtemps déjà5. Ce que la psychanalyse a reconfiguré, ce sont, d’une part, les frontières de l’onirologie, dont le champ s’est étendu – grâce ou à cause d’elle – bien au-delà de la psychologie et de la physiologie, dans des territoires que se sont disputés et se disputent encore des sciences dites « humaines », « sociales » et « naturelles » et, d’autre part, le partage entre l’onirocritie populaire et l’onirologie scientifique, en offrant ce qui se présente à la fois comme une onirocritie scientifique et une onirologie populaire.

  • 6 Carroy, 2012, 13.
  • 7 Aragon, 1924, 113.

2Ce dossier a pour ambition d’offrir un aperçu du renouveau des perspectives sur cette histoire contemporaine de la « mise en science des rêves6 ». Pour retracer le chemin que le rêve s’est frayé à travers les disciplines et illustrer la diversité des enjeux scientifiques, politiques et personnels qu’il a représentés dans les milieux intellectuels des xxe et xxie siècles, nous avons fait le choix d’y présenter les pratiques et les théories savantes par le truchement des corpus de récits de rêve qui leur ont servi de justification. Ces textes incongrus, qui représentent un défi pour les historiennes et les historiens, permettent – mieux, sans doute, que les ouvrages théoriques – de mettre au jour aussi bien les rôles que la transcription, la collecte et l’analyse des rêves se sont vu attribuer que la diversité des rêveuses et des rêveurs dont on a fait des objets d’étude. Nous dirons donc avec Aragon : « Et maintenant voici les rêveurs7. » Les chercheuses et les chercheurs réunis ici défendent une forme d’empirisme et se gardent de théoriser trop vite. Toutes et tous abordent avec patience les rêves tels qu’ils ont été transcrits, collectés et archivés ; en un mot, dans leur matérialité. Leurs travaux nous confrontent successivement avec l’étrange intimité des notes qui remplissent les carnets de rêve, l’ingéniosité suspecte des interprétations qui parsèment les dossiers de patients et l’immensité inouïe des collections qui ont alimenté certains des plus grands projets scientifiques du siècle passé. En étudiant les récits des anonymes sur lesquels on a mis en pratique les théories onirologiques ou ceux qui ont alimenté les spéculations les plus confidentielles et les plus méconnues d’intellectuels influents, ils ont pris le parti d’approcher l’histoire des sciences « par le bas » et « par la marge ».

Le tournant épistémologique dans l’historiographie du rêve

3Les articles réunis dans ce dossier s’inscrivent dans la lignée de recherches sur le rêve engagées par les sciences humaines et sociales, qui ont donné la mesure de la variété des rêves en compilant des matériaux oniriques de toutes les régions et de toutes les époques, mais ils contribuent aussi à les questionner en interrogeant ces curieux documents que sont les récits de rêve. Cette introduction est aussi pour nous l’occasion de présenter en détail la littérature onirologique récente et de fournir des éléments de contexte qui aideront peut-être à mieux comprendre pourquoi l’on voit refleurir aujourd’hui des programmes de recherche qui ambitionnent rien de moins que d’apporter une théorie unique sur le rêve.

  • 8 Ellenberger, 1970 ; Vande Kemp, 1977 ; Scheidhauer, 1981.
  • 9 Béguin, 1937 ; Alexandrian, 1974 ; Braet, 1975.
  • 10 Saintyves, 1930 ; Dodds, 1951 ; Le Goff, 1971 ; Foucault, 1984.
  • 11 Gantet, 2010 ; Carroy, 2012 ; Lemov, 2015 ; Ehrlich, 2017 ; Dieterle et Engel, 2018 ; Morgese, Lom (...)
  • 12 Seafield, 1865 ; Freud, 1900 ; Ratcliff, 1923.

4Si les premiers travaux à avoir mis en lumière le rôle du rêve dans le développement des sciences « psy » (psychiatrie, psychologie et psychanalyse) ont été réalisés au cours des années 19708, ce n’est qu’il y a une quinzaine d’années que les théories et les pratiques savantes ont véritablement fait leur apparition dans une historiographie du rêve essentiellement constituée jusque-là d’études consacrées à des genres littéraires et des mouvements culturels9 ou des onirocrities traditionnelles et des doctrines théologiques10. Depuis, des historiennes et des historiens se sont intéressés aux spéculations onirologiques de philosophes, de médecins, de psychologues, de sociologues et autres érudits, ainsi qu’à leurs méthodes de collecte, d’observation, de retranscription et d’interprétation des rêves11. Dès le milieu du xixe siècle, des savants ont toutefois proposé d’ambitieuses synthèses des théories scientifiques et littéraires, qui offrent à la lectrice ou au lecteur d’aujourd’hui un vaste aperçu de l’évolution des idées sur les rêves12.

  • 13 Marinelli et Mayer, 2002.
  • 14 Carroy, 2006.
  • 15 Shamdasani, 1999.
  • 16 Marinelli et Mayer, 2006.

5Un premier enseignement de ces recherches consiste à avoir replacé la psychanalyse et Die Traumdeutung – son premier « manuel »13 – dans les histoires plus vastes d’une tradition de « savants rêveurs14 » et du genre littéraire du « livre de rêve15 ». En exhumant les ouvrages des nombreux philosophes, médecins et amateurs de psychologie et de physiologie qui ont nourri tout au long du xixe siècle le projet de faire du rêve un objet scientifique, ces chercheuses et ces chercheurs ont planté les premiers jalons d’une histoire de l’onirologie savante occidentale qui ne se réduit ni à une histoire de la psychanalyse ni a fortiori à une histoire de la « découverte » freudienne. « Oublier Freud » – pour reprendre le mot d’ordre lancé par Lydia Marinelli et Andreas Mayer16 dans le but de renouveler l’historiographie de la psychanalyse – aura ainsi permis de mettre en lumière le rôle que le rêve a joué dans le développement des sciences humaines et l’attrait tout à fait singulier qu’il a exercé dans les milieux intellectuels européen et nord-américain et, par là même, de décrédibiliser l’attitude anachronique et téléologique qui consiste à chercher des idées « préfreudiennes » dans la « préhistoire » de l’analyse des rêves. Rares sont cependant les études consacrées aux onirologies savantes contemporaines de la psychanalyse et, plus encore, à celles qui ont été reléguées dans son ombre à son apogée, après la Seconde Guerre mondiale.

  • 17 Perrin, 2011.
  • 18 Sur la psychanalyse comme relation de service, voir : Castel, R., 1973, Le psychanalysme, Paris, M (...)
  • 19 Carroy et Saint-Fuscien, 2016.
  • 20 Lemov, 2015 ; Linstrum, 2018 ; Bondaz, 2022.
  • 21 Tornay, 2020.
  • 22 Il n’est sans doute pas inutile de préciser que l’ouvrage de Magaly Tornay porte plus précisément (...)

6Un deuxième enseignement de l’histoire de l’onirologie savante aura été de révéler les enjeux politiques et sociaux de la collecte et de l’analyse des rêves. À l’ère de la psychanalyse, les sociétés occidentales ont assisté à l’émergence non pas d’onirocrites spécialisés – il existe depuis longtemps et partout sur le globe des « praticiens du rêve17 » –, mais de prestataires du rêve, qualifiés par leur formation et légitimés par la science à emprunter la fameuse « voie royale » qui mènerait à la connaissance de l’inconscient18. Loin de devenir une pratique strictement thérapeutique, cantonnée au cabinet de l’analyste, la science des rêves officielle s’est imposée durant le deuxième tiers du xxe siècle comme une technique que l’on a mobilisée aussi bien dans le domaine de la pédagogie et de l’éducation19 que dans ceux de l’administration et de la muséologie coloniales20 ou du management21, de sorte à accroître le savoir grâce auquel il serait possible d’examiner et de contrôler le comportement des enfants, des « primitifs » et des employés22.

  • 23 Vande Kemp, 2019a.
  • 24 Carroy, 2008.
  • 25 Vande Kemp, 2019b.
  • 26 Rosner, 2004.
  • 27 D’Andrade, 1961.
  • 28 Spaulding, 1981.
  • 29 Charuty, 1996 ; Stewart, 2004.
  • 30 Shulman et Stroumsa, 1999.

7Un troisième enseignement que l’on peut tirer de cette littérature est que l’histoire contemporaine de l’onirologie ne peut pas être résumée à une opposition entre la psychanalyse et les neurosciences. Bien que les théories sur les rêves du siècle passé demeurent une terre largement inconnue, quelques études ont retracé les tentatives de pionniers de l’analyse statistique des contenus oniriques23 et de la sociologie des rêves24, deux approches que le succès des théories freudiennes et les progrès de la neurobiologie n’ont pas oblitérées, comme en attestent respectivement les travaux de Bill Domhoff et de Bernard Lahire. D’autres recherches ont en outre attiré l’attention sur le fait que des psychologues et psychothérapeutes, dont Lydiard H. W. Horton25 et Aaron T. Beck26, ont proposé leurs propres théories sur les rêves et leur usage clinique, en opposition avec ou dans le prolongement du modèle analytique. Enfin, les anthropologues Roy G. D’Andrade27 et John Spaulding28 ont chacun proposé une esquisse d’histoire de l’anthropologie des rêves, à laquelle les introductions de deux numéros spéciaux qui ont entretemps été consacrés à cette thématique29 et une tentative d’histoire comparée du rêve30 peuvent aujourd’hui servir d’ébauche.

  • 31 Ekirch, 2006 ; Crary, 2014.
  • 32 Kroker, 2007.
  • 33 Debru, 1990.
  • 34 Lahire, 2018a.
  • 35 Jouvet et Gessain, 1997 ; Kohn, 2013.

8À ces études sur l’histoire des rêves et de l’onirologie, il est important d’ajouter pour finir les récents travaux consacrés à l’évolution du sommeil31 et à celle de l’hypnologie32. On doit aussi mentionner ici le livre du philosophe Claude Debru intitulé Neurophilosophie du rêve33, qui présente en détail les principaux résultats des recherches expérimentales sur le sommeil paradoxal et les (nombreuses) hypothèses concernant la nature et la ou les fonctions du rêve auxquelles elles ont donné naissance. Des savants d’horizons variés ont justement souligné l’importance de prendre en considération les « cadres du sommeil34 » – et, par là même, leur diversité historique et géographique – si l’on désire comprendre les spécificités physiologiques, pragmatiques ou imaginaires des phénomènes oniriques dans les différentes sociétés humaines35. Dans une perspective historienne, il semble également judicieux pour saisir certains aspects des théories onirologiques de ne négliger ni les conceptions ni les conditions du sommeil dans leur contexte de production.

Les sciences du rêve contemporaines

  • 36 Aragon, 1924, 111.

9Il serait assurément hâtif de croire que le foisonnement onirologique de la seconde moitié du xixe siècle a été interrompu par l’avènement de la psychanalyse ou de réduire les sciences du rêve du xxe siècle à la simple alternative entre interprétation du rêve et neurophysiologie du sommeil. Au contraire, le triomphe de Sigmund Freud et de l’idée suivant laquelle les comportements humains trouveraient tous leur source dans un inconscient qui se trahirait dans les rêves a perpétué l’intérêt des savants occidentaux pour leurs propres productions oniriques et étendu les recherches sur les rêves à ceux de groupes sociaux opprimés et défavorisés, de sociétés éloignées et d’animaux non humains. La « contagion du rêve » dont nous avons parlé en préambule ne s’est donc pas seulement répandue « par les quartiers et les campagnes36 », elle a aussi traversé les mers et franchi les barrières entre les espèces et les disciplines.

L’anthropologie des rêves

  • 37 Abraham, 1909.
  • 38 Freud, 1913.
  • 39 Edward Burnett Tylor, fondateur de l’école d’anthropologie anglaise, a par exemple défendu dans so (...)
  • 40 Rivers, 1918 ; 1923.
  • 41 Malinowski, 1922 ; 1927.
  • 42 Seligman, 1921 ; 1923 ; 1924.
  • 43 Linstrum, 2018.

10Les anthropologues n’ont certes pas attendu la publication du Traum und Mythus de Karl Abraham37 ou du Totem und Tabu de Freud38 pour se pencher sur les rêves39, mais ces derniers ont incontestablement changé de statut dans leur discipline à la fin des années 1910. À cette époque, des savants britanniques ont tâché de mettre les axiomes freudiens à l’épreuve des données ethnographiques afin de les réformer40 ou de les réfuter41 ; d’autres, comme Charles G. Seligman42, ont aidé les gouvernements coloniaux à « cartographier l’inconscient des sujets de la couronne43 » en recourant à l’analyse des rêves. Au cours des deux décennies suivantes, le mouvement américain Culture and Personality a achevé de faire du rêve un objet d’étude privilégié pour l’anthropologie en opérant dans la discipline une véritable « mutation » épistémologique, comme l’a observé Dorothy W. Eggan :

  • 44 Eggan, 1952. « Jusqu’à ces dernières décennies, et à quelques exceptions notables près, [le concep (...)

[U]ntil the last few decades—and with a few notable exceptions—[the concept of culture] was intentionally restricted to exclude material pertaining to the individual as such. In recent years, however, there has occurred a re-examination and amplification of the culture-concept, and an extension of anthropological investigation to include the study of personality factors. This trend, which has moved rapidly toward a fixed mutation of the concepts of personality and culture, is variously considered as a vitalization of anthropo­logical research, a fad, or a betrayal of the fundamental precepts of anthropology.44

  • 45 Eggan, 1949 ; 1952.
  • 46 Róheim, 1947 ; 1950 ; 1952.
  • 47 Devereux, 1951 ; Fanon, 1952 ; Sebag, 1964.

11Tandis que l’anthropologue états-unienne s’ingéniait à adapter la méthode de l’analyse des rêves en mettant l’accent sur ce qu’elle désigne d’une manière résolument psychanalytique comme les « contenus manifestes » – dans le but que cette technique puisse être utilisée sur le terrain avec l’efficacité et la précaution nécessaires par des profanes45 –, des psychanalystes d’origine ou de formation européenne ont quant à eux posé les bases théoriques et pratiques d’une anthropologie psychanalytique46 et d’une psychanalyse anthropologique47.

  • 48 Forrester, 1997 ; Lézé, 2017.
  • 49 Kuper, 1979 ; 1983 ; 1986.
  • 50 Kuper et Stone, 1982.
  • 51 Tedlock, B., 1991.
  • 52 Bruce, 1975 ; Jackson, 1978 ; Stephen, 1989.
  • 53 Tedlock B., 1981 ; Tedlock D., 1990.
  • 54 Kracke, 1987 ; Tedlock B., 1991.

12À la fin des années 1970, à une période où les critiques contre la psychanalyse s’amplifiaient48, des anthropologues ont essayé de reprendre les rêves aux hybrides nés du croisement des deux disciplines : parmi eux, Adam J. Kuper et Barbara H. Tedlock. Sur le modèle de l’analyse des mythes de Claude Lévi-Strauss, le premier a développé « l’analyse structurale des rêves49 », qu’il a présentée comme un meilleur parti que l’herméneutique freudienne50. Selon son auteur, il serait possible, à l’aide de cette méthode, de dégager des séries de rêves d’un même individu un petit nombre de « séquences » oniriques – caractérisées par des oppositions binaires (ciel-terre, voler-nager, femme-homme, etc.) – qu’il n’aurait fait que recombiner et transformer en suivant quelques règles logiques universelles. Soulignons toutefois que cette conception du rêve ravive en réalité l’idée psychanalytique selon laquelle le rêve serait un mythe personnel et que la « structure » qui se cache derrière ses « variantes » est décrite comme un « conflit » que l’individu chercherait à surmonter en rêve. La « nouvelle anthropologie du rêve » de Barbara H. Tedlock51, quant à elle, se distingue non pas par un changement de méthode, mais plutôt par un changement d’échelle. Au lieu de proposer une nouvelle hypothèse sur leurs mécanismes et leurs causes, Tedlock a insisté sur le fait que les rêves ne sont accessibles que sous la forme de récits et invité les anthropologues à suivre la direction indiquée par l’anthropologie culturelle des rêves des années 1970 et 1980 en abandonnant leurs ambitions psychologiques pour se focaliser sur les aspects communicationnels – autrement dit, linguistiques et sociaux – de l’onirocritie. Certains anthropologues ont alors poussé l’observation des pratiques traditionnelles d’interprétation des rêves jusqu’à raconter les leurs aux onirocrites de leur société d’accueil52, voire, dans le cas de Barbara Tedlock et de son mari Dennis, jusqu’à se former auprès d’eux53. Si cette approche pragmatique et participative a indéniablement tiré de l’ombre d’autres manières de donner un sens aux rêves que celle proposée par la psychanalyse, ses représentantes et ses représentants ont curieusement continué à mobiliser abondamment le concept analytique de « transfert »54.

La sociologie et l’histoire sociale des rêves

  • 55 Halbwachs, 1922 ; 1923 ; 1946.
  • 56 Halbwachs, 1923, 97.
  • 57 Bastide, 2003 [1932] ; 2003 [1950].
  • 58 Lahire, 2018a.
  • 59 Beradt, 1966.
  • 60 Carroy, 2021.
  • 61 Duvignaud, Duvignaud et Corbeau, 1979.
  • 62 Lahire, 2018a.

13En marge de la prolifération des études anthropologiques consacrées aux rêves et aux onirocrities des sociétés traditionnelles, des travaux épars ont aussi posé les bases d’une sociologie du rêve, à commencer par ceux de Maurice Halbwachs55. Certes, la conclusion du disciple d’Émile Durkheim – dont la retentissante étude sur le suicide a étendu le champ de la sociologie à des phénomènes apparemment intimes – suivant laquelle « l’esprit [perd dans le rêve] tout contact avec la société56 » est un aveu d’échec ; cela ne l’a toutefois pas empêché de semer l’idée d’une action de la société sur les rêves, qu’ont reprise plus tard Roger Bastide57, puis Bernard Lahire58. Alors que des anthropologues arpentaient déjà le monde pour collecter les rêves de sociétés traditionnelles lointaines et reculées, Bastide a montré dès les années 1930 qu’une même société – qui plus est, une société dite « civilisée » – peut en réalité comporter en son sein plusieurs catégories de rêveurs en comparant les rêves de plusieurs groupes d’afrodescendants de São Paulo entre eux et avec ceux de leurs concitoyens à la peau de couleur blanche. À la même période, la journaliste Charlotte Beradt commençait à recueillir à Berlin les rêves de personnes vivant sous la menace grandissante du régime nazi (opposants politiques et juifs), dans l’intention de révéler les retentissements oniriques du totalitarisme. À la différence de Bastide, l’autrice de Das Dritte Reich des Traums59 – le fruit d’un travail longtemps tenu secret, aux méthodes assez incertaines60 et qui se présente comme une collection de spécimens classés par thèmes – a gardé la psychanalyse à distance, refusant ainsi de présenter les représentations nocturnes de la situation politique actuelle comme des figurations opportunistes et déformées de problèmes individuels remontant à l’enfance. Plusieurs décennies plus tard, Jean Duvignaud, Françoise Duvignaud et Jean-Pierre Corbeau61 ont ravivé l’idée que la « société » des rêveurs est elle aussi stratifiée en constituant une « banque » de rêves de paysans, d’artisans, d’ouvriers, d’employés et de cadres français. Quarante ans plus tard, cette étude a fait l’objet de critiques de la part de Lahire62, qui lui reproche d’importantes faiblesses méthodologiques (recrutement des sujets, collecte des données, méthode d’analyse, etc.). Celles-ci ne doivent cependant pas encourager à balayer trop vite la critique qui y est adressée à la psychanalyse, dont les principes ont en effet été établis par Freud sur la seule base de ses propres récits – ceux d’un médecin bourgeois viennois issu d’une famille juive de la classe moyenne inférieure – et de ceux de sa patientèle – majoritairement féminine – au tournant du xxe siècle.

  • 63 Le Goff, 1971 ; 1985.
  • 64 Burke, 1973.
  • 65 Id., 2018.
  • 66 Griffith, 1950 ; Hall, 1951 ; Griffith, Miyagi et Tago, 1958.
  • 67 Lincoln, 1935.
  • 68 Burke, 2018.
  • 69 Ripa, 1988.

14Au début des années 1970, les dimensions sociale et culturelle des rêves ont aussi commencé à intriguer des historiennes et des historiens. Le médiéviste Jacques Le Goff63 s’est notamment intéressé à l’évolution de l’attitude des théologiens et du clergé chrétiens à l’égard des rêves et des songes dans l’Antiquité tardive. Quelques années plus tard paraissait dans les Annales l’article – souvent considéré comme pionnier – de Peter Burke intitulé « L’histoire sociale des rêves64 », qu’il a, de son propre aveu, écrit « presque par hasard65 » après s’être replongé dans l’œuvre de Freud – à qui il a étrangement consacré une conférence dans le cadre d’un cours d’histoire sur l’époque moderne. La lecture des textes fondateurs de la psychanalyse lui a alors rappelé l’existence de récits de rêve dans le journal d’un ecclésiastique anglais de la Renaissance, l’archevêque William Laud, sur qui il avait travaillé alors qu’il était encore étudiant. Dans cet article, le professeur d’histoire culturelle de Cambridge propose d’utiliser les « rêves typiques » – une notion psychanalytique que la psychologie a récupérée en lui conférant un sens statistique au milieu du siècle66 et que Burke rapproche de celle de « rêves culturels » de l’anthropologue Jackson S. Lincoln67 – comme un moyen de sonder les « tensions, anxiétés et conflits typiques » des sociétés et, plus généralement, comme un outil pour une anthropologie historique et comparée de l’inconscient. Il est sans doute intéressant de préciser que Burke, qui est aujourd’hui une référence incontournable dans l’historiographie du rêve, doutait de la légitimité, voire de la validité des interprétations qu’un historien sans formation en psychanalyse, comme lui, pourrait produire, au point de soumettre ses transcriptions à des psychiatres avant de se lancer dans la rédaction de son célèbre article68. Les études historiennes ont ainsi apporté de l’eau au moulin d’une sociologie des rêves encore balbutiante en soulevant la question, formulée ainsi par Yannick Ripa dans son livre consacré à l’imaginaire onirique des Français au xixe siècle69 : « Le dormeur est-il le vrai créateur de son rêve, n’est-ce pas plutôt la société qui dirige l’aventure onirique ? »

  • 70 Symbolic Interaction, 1993.
  • 71 Hovden, 2012.
  • 72 Lahire, 2018a ; 2021.
  • 73 Dans son compte rendu de L’interprétation sociologique des rêves, l’historien Andreas Mayer (2018) (...)
  • 74 Lahire, 2018 a, 115-127.

15Durant la seconde moitié du xxe siècle, la sociologie des rêves est longtemps restée en état de stase. Ce n’est qu’au milieu des années 1990 que celle-ci a refait son apparition, à l’occasion de la publication d’un numéro spécial de la revue Symbolic Interaction70 – très explicitement intitulé « Sociology of Dreams ». Il a néanmoins fallu attendre encore une vingtaine d’années pour que naisse chez des sociologues l’ambition de faire du rêve un fait social ou, pour le dire autrement, d’expliquer comment ce phénomène en apparence intime (psychologique) ou automatique (physiologique) serait en fait façonné lui aussi par les déterminismes sociaux de la vie éveillée. Jan Fredrik Hovden71 a ainsi défendu l’idée d’un « isomorphisme social » entre la veille et les rêves et proposé, sur la base des théories de Pierre Bourdieu sur le goût (1979) et la pratique (1980), de considérer ceux-ci comme l’expression de la distribution sociale des capitaux symboliques et économiques et des rapports de domination. Lui aussi marqué par Bourdieu, Lahire a quant à lui répété le geste freudien en écrivant son Interprétation sociologique des rêves, parue en deux volumes72. S’il ne s’y livre pas à une auto-analyse, le professeur de l’École normale supérieure de Lyon commence, à l’instar de son illustre devancier, par y dresser un bilan de l’onirologie du siècle passé, avant d’exposer sa propre théorie et d’en détailler les principes. Ne cachant pas sa vision progressiste de la science – pour ne pas dire son scientisme73 – et faisant, avec Freud, le « pari […] qu’une interprétation scientifique des rêves est possible », Lahire déplore en particulier que les sciences sociales se soient limitées à produire une « science des usages des rêves » et interdit d’élaborer une « science de la production onirique ». Pour remédier à ce manque, l’auteur avance une « formule générale de l’interprétation des rêves74 », selon laquelle le rêve serait une réactualisation symbolisée d’expériences passées, déclenchée par une expérience récente analogue. Fondamentalement, rien ne sépare donc l’interprétation sociologique des rêves de son modèle psychanalytique. Lahire se démarque cependant de Freud sur deux points essentiels. Premièrement, le sociologue concède que la famille et la petite enfance sont un important cadre de socialisation et une période décisive dans la « fabrication sociale des individus », mais affirme que le patrimoine personnel de « schèmes » et de « dispositions » ne cesse de se remodeler au fil de la vie et dans différents contextes. Deuxièmement, le symbolisme onirique ne provient pas d’après lui d’une censure psychique, mais, à l’inverse, de la suspension durant le sommeil de toutes les conventions (morales et formelles) qui contraignent le langage quotidien. En somme, Lahire a en quelque sorte remis au goût du jour la démarche des anthropologues des années 1920, dont l’objectif consistait à adapter l’analyse freudienne des rêves à d’autres « sujets » plus qu’à en critiquer les principes.

La psychologie des rêves

  • 75 Piaget, 1945.
  • 76 Beck et Hurvich, 1959 ; Beck et Ward, 1961 ; Beck, 2004.
  • 77 Perls, 1969.
  • 78 Desoille, 1945.
  • 79 Montangero, 2009.
  • 80 Holzinger, 2014.
  • 81 Marinelli et Mayer, 2002.
  • 82 Serina, 2013.

16Au terme de cette présentation des diverses approches proposées par les sciences humaines et sociales pour étudier le rêve à l’époque contemporaine, ajoutons enfin qu’il a donc non seulement existé d’autres sciences des rêves que celle de Freud au xxe siècle, mais aussi d’autres psychologies des rêves. Même si la psychanalyse a largement éclipsé les autres théories onirologiques et usages cliniques des rêves développés au xxe siècle, de nombreuses figures importantes des principaux mouvements de la psychologie et des principales approches psychothérapeutiques – souvent, certes, des dissidents ou des continuateurs de la psychanalyse – se sont en réalité elles aussi emparées de ce sujet. C’est le cas, entre autres, des « pères fondateurs » du structuralisme génétique75, de la thérapie cognitive76 et de la Gestalt-thérapie77. D’autres pratiques, comme le rêve éveillé dirigé78, ont aussi vu le jour en marge de la psychanalyse. Ajoutons que l’utilisation des rêves dans les thérapies cognitives et gestaltistes a connu des développements jusqu’à nos jours, comme en témoignent respectivement la méthode cognitivo-comportementale d’interprétation des rêves de Jacques Montangero79 et la méthode « Dream Sense Memory80 ». Il est important d’insister pour finir sur le fait que la psychanalyse ne se résume pas à Freud. L’interprétation des rêves a fait l’objet de nombreux débats, qui ont notamment entraîné de nombreuses révisions de la Traumdeutung, de 1899 à 193081 et précipité la rupture entre les écoles de Vienne et de Zurich, dont les chefs de file, Freud et Carl Gustav Jung, ne s’accordaient pas sur la question des rêves « prémonitoires » ou « prophétiques » – qu’ils attribuaient, pour l’un, à une forme de censure et, pour l’autre, à une fonction « prospective » ou « téléologique » fondamentale du rêve82.

  • 83 Calkins, 1893.
  • 84 Hall, 1947.
  • 85 Id., 1951.
  • 86 Hall et Van de Castle, 1966.
  • 87 Domhoff, 1996.
  • 88 Foulkes, 1966 ; 1985.

17Les recherches sur les rêves menées en psychologie n’ont pas non plus été interrompues une fois la Traumdeutung publiée. L’analyse statistique des contenus oniriques – dont on peut situer l’origine dans les travaux de Mary W. Calkins83, la première femme présidente de l’Association américaine de psychologie – a notamment remporté un succès considérable aux États-Unis, où Calvin S. Hall en a fait un outil diagnostique84, puis un indicateur des « conflits internes » les plus largement partagés dans la société américaine85. Le fondateur de l’Institute of Dream Research de Miami a ensuite érigé cette approche en méthode en publiant avec son collègue Robert L. Van de Castle le manuel The Content Analysis of Dreams86, dans lequel les chercheuses et les chercheurs ont pu trouver un système de codage des contenus oniriques. Parmi eux, le psychologue et sociologue G. William « Bill » Domhoff s’est particulièrement distingué en menant de nombreuses études87 inspirées des travaux de Hall – son professeur à Miami – et en inaugurant avec Adam Schneider une banque de rêves en ligne, baptisée DreamBank, qui compte aujourd’hui plus de 20 000 spécimens. Cette abondante recherche quantitative ne représente cependant que l’un des versants de la psychologie des rêves cognitive, qui s’est de surcroît largement appuyée sur l’expérimentation en laboratoire et les essais cliniques, dont David Foulkes88, entre autres, a fait sa spécialité pendant plus de trente ans.

Les grands partages de l’onirologie savante

  • 89 Caillois et Grunebaum, 1967.
  • 90 Grunebaum, 1967, 7-8.

18Pour bien saisir la configuration de l’onirologie savante contemporaine, il ne suffit cependant pas d’en dresser une cartographie exclusivement disciplinaire. D’autres lignes de partage épistémologiques redessinent en effet les frontières entre les territoires qui ont été délimités dans la partie précédente. Lahire, par exemple, n’est-il pas en un sens plus proche de Freud que de Duvignaud ? Et Tedlock, plus éloignée de Kuper que de Le Goff ? Chaque entreprise onirologique répond à sa façon – explicitement ou non – à plusieurs questions transdisciplinaires sur la nature des rêves, sur les rapports entre les consciences vigile et onirique, sur le statut des récits de rêve et sur la valeur de ces derniers qui permettent de la situer dans le champ du savoir. Très tôt, le rêve a d’ailleurs été considéré comme un objet capable de rompre les barrières académiques et linguistiques, comme en témoignent les actes d’un colloque organisé en 1962 par l’écrivain et sociologue Roger Caillois et l’historien Gustave Edmund von Grunebaum89 dans le but d’encourager les chercheuses et les chercheurs à ne pas opposer les perspectives physiologiques et culturelles90. Parrainé par la revue Diogène et l’université de Californie, ce symposium sur le rêve a notamment réuni les neurophysiologistes William Dement et Frédéric Bremer, les anthropologues Dorothy Eggan et Mircea Eliade, le sociologue Roger Bastide, l’ethnopsychanalyste Georges Devereux, les historiens des religions Angelo Brelich et Henry Corbin, ainsi que des spécialistes des phénomènes parapsychiques et de la psychologie analytique.

19Le présent dossier interroge ce destin scientifique hors du commun du rêve en présentant les innombrables formes théoriques qui ont pris forme, d’une manière combinatoire ou kaléidoscopique, à partir d’une poignée de principes très autonomes. Il présente notamment les variations psychanalytiques de l’anthropologue Dorothy W. Eggan, des psychothérapeutes Roland Kuhn et Aaron T. Beck et du philosophe Louis Althusser – respectivement influencés par le mouvement Culture and Personality, l’analyse existentielle de Ludwig Binswanger, les écoles révisionnistes d’Alfred Adler et de Karen Horney et le syncrétisme de Charles Baudouin –, qui partageaient, par-delà les délimitations disciplinaires, les différends théoriques et les frontières géographiques, la conception largement dominante suivant laquelle le rêve est étroitement lié aux événements vécus par la rêveuse ou le rêveur. Or, d’autres solutions ont été proposées au problème du rêve.

  • 91 Langlitz, 2015a ; 2015b.
  • 92 Revonsuo, 1995.
  • 93 Metzinger, 2013.
  • 94 Hobson et McCarley, 1977.
  • 95 Hobson, Pace-Schott et Stickgold, 2000.
  • 96 Un autre exemple de théorie « internaliste » du rêve peut être trouvé chez le neurophysiologiste M (...)
  • 97 Marinelli et Mayer, 2002.

20L’anthropologue et historien des sciences Nicolas Langlitz91 a par exemple observé durant ses recherches consacrées à la neurophilosophie du rêve une opposition entre des conceptions « internaliste » et « externaliste » de la conscience. D’après lui, certains neurophilosophes, parmi lesquels on peut citer Antti Revonsuo et Thomas Metzinger, incarnent « l’autre de l’anthropologie », dans la mesure où ceux-ci considèrent les expériences conscientes – dont le rêve serait la forme la plus pure92 ou la plus simple93 – comme un produit intrinsèquement cérébral et non pas comme le fruit d’une interaction entre le corps et l’environnement. Bien que le psychiatre et spécialiste du sommeil J. Allan Hobson y ait joué un rôle de premier plan avec sa théorie de l’activation-synthèse94, puis son modèle AIM95, ce débat est à vrai dire resté circonscrit à la philosophie de l’esprit, et la question de la dépendance des expériences oniriques vis-à-vis de l’environnement – à laquelle les théories socio- et anthropologiques sont pourtant suspendues – n’a pas été abordée en ces termes par les protagonistes des sciences sociales des rêves96. Plus cruciale a été pour celles-ci la question voisine de la nature individuelle ou collective des contenus oniriques – qui a par ailleurs aussi suscité des débats entre les premiers psychanalystes97. Doit-on y voir l’expression d’invariants psychiques, sociaux, ethniques, génétiques ou génériques, ou un pur produit idiosyncrasique, dérivé d’expériences personnelles ?

  • 98 Carroy, 2012.
  • 99 Freud, 1900.
  • 100 Hobson et Schredl, 2011.
  • 101 Domhoff, 2011.
  • 102 Bell et Hall, 1971.

21L’onirologie contemporaine a aussi repris sous une perspective nouvelle la question traditionnelle des rapports entre le rêve et la veille, qui travaillait déjà les savants du xixe siècle98. Outre les modifications de ce que l’on appelait autrefois les « facultés de l’âme » durant le sommeil, la continuité (ou discontinuité) entre le contenu des rêves et les souvenirs vigiles a bénéficié d’une attention particulière aux xxe et xxie siècles. Une fois encore, c’est la théorie de Freud99 qui a servi de catalyseur. Selon le neurologue viennois, tous les rêves incorporent des souvenirs du jour précédent (Tagesreste), qui en ravivent de plus anciens – remontant en règle générale à la petite enfance ; or, ces événements vécus n’y seraient pas représentés tels quels, mais sous une forme cryptée. Il est intéressant de relever que Hobson et Domhoff – respectivement porte-parole des théories de la discontinuité, suivant laquelle les rêves sont des phénomènes « auto-créatifs » qui mobilisent essentiellement des expériences « universelles »100, et de la continuité, suivant laquelle ils prolongeraient les conceptions et les préoccupations diurnes101 – rejettent l’un et l’autre l’hypothèse freudienne, jugée tantôt trop « continuiste », tantôt trop « discontinuiste ». Cette situation confuse illustre à merveille le fait que ce débat porte en vérité sur deux sujets différents, à savoir, d’une part, la nature symbolique ou littérale des contenus oniriques et, d’autre part, leur provenance (expériences vécues, comportements génériques, représentations mentales). L’analyse de contenu du cognitiviste Hall – qui, avec Alan P. Bell, a le premier formulé « l’hypothèse de la continuité102 » – s’oppose, par exemple, sur ces deux points à l’herméneutique de Freud.

  • 103 Lahire, 2018a ; 2018b.
  • 104 Id., 2018b.
  • 105 Id., 2018a.
  • 106 Mazurel, 2021, 512-520.
  • 107 Sastre et Jouvet, 1979.
  • 108 Kohn, 2013.
  • 109 Tedlock, 1991.
  • 110 Beradt, 1966.
  • 111 Gollut, 1993.
  • 112 Carroy, 2012.
  • 113 Des philosophes se sont même demandé s’il s’agissait tout bonnement « d’expériences » (Malcolm, 19 (...)

22Lahire a beaucoup insisté sur la différence entre les « sciences des usages des rêves » et les « sciences de la production onirique »103. Jugeant que ces premières n’interrogent pas « le rêve en tant que tel », mais « les pratiques autour du rêve »104, le sociologue a résolument rangé son entreprise du côté de ces dernières. Or, ce parti pris théorique repose essentiellement, comme il l’avoue d’ailleurs lui-même, sur le « pari […] qu’une interprétation scientifique des rêves est possible105 ». Emboîtant le pas de Lahire, l’historien Hervé Mazurel a récemment encouragé les historiennes et les historiens à revendiquer eux aussi leur part du domaine des mécanismes oniriques en énonçant les principes d’une « interprétation historique des rêves106 ». Bien sûr, « l’interprétation scientifique » de Freud ou de Lahire n’est pas la seule approche nomothétique – l’expérimentation animale du neurophysiologiste Michel Jouvet et de ses collaboratrices et collaborateurs107 et la sémiotique du rêve élaborée par Eduardo Kohn108 en sont deux autres exemples –, tout comme la « nouvelle anthropologie du rêve » de Barbara Tedlock109 n’est pas la seule approche idio- ou ethnographique – on peut notamment mentionner ici les approches sociologique et stylistique de la journaliste Charlotte Beradt110 et du linguiste Jean-Daniel Gollut111. À nouveau, ce différend rappelle un débat classique de l’histoire de l’onirologie savante européenne. Au tournant du xxe siècle, le psychologue Théodule Ribot avait déjà orchestré dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger une querelle sur l’authenticité des récits de rêve112, que la prudence et l’ambition affichées de Tedlock et de Lahire ne font en vérité que raviver. Une « science » des rêves est-elle possible ou n’y a-t-il qu’une « science » des récits de rêve ? Autrement dit, les expériences oniriques sont-elles accessibles113 ?

  • 114 Róheim, 1947 ; Devereux, 1951 ; Lahire, 2018a.
  • 115 Hall, 1951 ; Domhoff, 1996 ; Hovden, 2012.
  • 116 Malinowski, 1927.
  • 117 Lincoln, 1935.
  • 118 Kilborne, 1981.
  • 119 Griffith, 1950 ; Burke, 1973 ; Hovden, 2012.
  • 120 Lowie, 1966 ; Leiris, 1992 ; Adorno, 2005 ; Benjamin, 2008 ; Althusser, 2015.
  • 121 Leiris, 1934 ; Tedlock, B., 1981 ; Tedlock, D., 1990 ; Jouvet, 1992a ; Hobson, 2005 ; Kohn, 2013.
  • 122 Leiris, 1961 ; Jouvet, 1992b ; Cixous, 2003 ; Benjamin, 2008.
  • 123 Carroy, 2012.

23Les onirologues ont enfin travaillé sur différents types de corpus. Là où les herméneutes ont souvent privilégié, dans une perspective biographique et casuistique, les séries de récits de rêve individuels ou les spécimens emblématiques114, les statisticiens en collectaient auprès de centaines, voire de milliers de personnes à l’aide de sondages et de questionnaires115, avec l’intention de comparer entre eux de larges échantillons. Plusieurs typologies ont aussi orienté les recherches, notamment en anthropologie, où la dichotomie entre rêves « officiels116 » ou « culturels117 » et rêves « individuels » a connu un certain succès avant que Benjamin Kilborne118 ne pointe du doigt son ethnocentrisme. La notion de rêves « typiques », tout droit héritée de la psychanalyse, a aussi traversé les décennies et les disciplines119. Des femmes et hommes de science et de lettres, spécialistes des rêves ou simples amateurs, ont de surcroît continué aux xxe et xxie siècles de consigner leurs propres expériences oniriques120, voire de les mobiliser dans des publications scientifiques121 ou des ouvrages littéraires122, perpétuant ainsi les traditions des « savants rêveurs » et du « livre de rêve », dont l’influence dans le développement des sciences humaines a été largement étudiée par l’historienne Jacqueline Carroy123. Des récits de provenances et de formes très différentes, extraits de journaux intimes, de notes cliniques ou de banque de données ont, en résumé, continué d’alimenter dans les milieux intellectuels une grande variété de projets, aussi bien personnels que scientifiques, artistiques que thérapeutiques.

Usages et production des théories du rêve

  • 124 Lahire, 2018.
  • 125 Ibid.

24Ce numéro a trois objectifs. Il vise d’abord à enrichir l’historiographie de l’onirologie en langue française de plusieurs études consacrées à des mouvements et à des protagonistes de l’histoire récente des sciences humaines, de 1945 à nos jours. Il entend, ensuite, donner accès à des travaux qui ont marqué le renouvellement de l’étude historique des archives oniriques et onirologiques et qui, puisqu’ils ont été publiés en anglais ou en allemand, demeurent néanmoins peu connus du lectorat francophone. Il ambitionne, enfin, de questionner la prolifération actuelle des théories sur le rêve en présentant, pour reprendre très librement la dichotomie proposée par Lahire124, plusieurs chapitres d’une histoire qui soit à la fois celle des usages des théories sur les rêves et celle de la production onirologique. Les travaux réunis ici illustrent les enjeux personnels, professionnels, académiques et politiques des théories sur le rêve et contribueront à mieux saisir les motifs et les mécanismes de leur production. Les analyses circonspectes y sont préférées aux développements abondants ; le pragmatisme – pour ne pas dire le nominalisme – historien y prime sur les prétentions à l’universalité ; les contextualisations patientes y prévalent sur les inductions rapides. En bref, rien n’est plus éloigné du propos des contributrices et des contributeurs de ce numéro que l’ambition d’une « interprétation scientifique des rêves125 ». Dans leurs textes, les rêves apparaissent non pas comme des images qui appellent une interprétation, mais plutôt comme des textes qui sont toujours-déjà interprétés ou, plus précisément, comme les apologues d’une science. Remonter à la source des rêves consiste donc ici à retrouver ces reliques nocturnes, ces bribes dans lesquelles on a reconnu les témoins véridiques du passage de nos désirs, de nos représentations ou de pensées extérieures, et sur lesquelles on a érigé çà et là de somptueux édifices théoriques.

  • 126 Carroy, 2012.

25Un article, un entretien et un commentaire de source présentent les entreprises de trois « savants rêveurs ». Soulignons tout d’abord la contribution de celle à qui nous devons cette expression, Jacqueline Carroy, qui livre dans ce numéro un texte que l’on peut présenter comme la préquelle de « l’histoire des rêves » qu’elle a racontée dans son ouvrage Nuits savantes126. En exhumant les récits de rêve que Pierre Prévost (1751-1839) a réunis sous le titre « Songes et exemples », la directrice d’études honoraire de l’École des hautes études en sciences sociales met non pas un point final à cette histoire à laquelle elle a consacré près de vingt ans de sa vie, mais, à rebours, une lettrine qui en orne le début. « Passeur » de la philosophie des Lumières écossaises, le Genevois apparaît dans cette étude comme le pionnier d’une tradition savante reposant sur un type particulier d’auto-observation médiatisé par les souvenirs et les récits de rêve qu’ont ensuite perpétuée – tout en se l’appropriant – Alfred Maury, Gabriel Tarde, Victor Egger, Sigmund Freud et Maurice Halbwachs, entre autres, et dont Jacqueline Carroy met ici au premier plan un acteur qui était jusque-là resté dans les coulisses : le plaisir. Outre l’ambition intellectuelle de percer les secrets de l’âme ensommeillée, l’onirologie s’est en effet nourrie de la satisfaction et de l’amusement que peuvent susciter la remémoration et la retranscription d’aventures nocturnes rocambolesques et édifiantes. Seule contribution consacrée à « l’avant » de la psychanalyse, ce commentaire rappelle de plus qu’il y a eu une science des rêves avant elle – dont elle s’est de surcroît directement inspirée.

26Michael Roelli s’est quant à lui attaqué au « cas » Louis Althusser (1918-1990). Partant de la polémique suscitée par la publication des récits de rêve du philosophe, que l’on connaît autant – si ce n’est plus – aujourd’hui pour avoir assassiné sa femme, Hélène Rytmann, que comme l’un des plus importants théoriciens du marxisme français des années 1960 et 1970, l’auteur aborde de front un problème fondamental de l’histoire des rêves : est-il possible d’analyser les récits de rêve sans avoir recours à la psychanalyse ? Grâce aux outils fournis par la stylistique, Michael Roelli explore une méthodologie qui permet, selon lui, de déjouer les pièges de la psychologisation, tout en mettant au jour un tournant insoupçonné dans la pensée du philosophe, survenu au milieu des années 1950. Au fil de l’enquête qu’il a ensuite menée dans les archives de l’auteur de Pour Marx, le chercheur de l’université de Lausanne a retracé le développement d’une « théorie nocturne », qui jette une tout autre lumière sur l’œuvre du philosophe et qui reflète l’influence souterraine de la psychanalyse éclectique de Charles Baudouin, à laquelle la théorie de Jacques Lacan – dont Althusser a fait l’éloge, en 1964, dans un article intitulé « Freud et Lacan » – était diamétralement opposée. À la question posée plus haut, cet article prouve par l’exemple qu’il est possible de répondre par l’affirmative.

27Ce dossier donne enfin la parole à un savant rêveur du xxie siècle, Eduardo Kohn, qui est revenu à l’occasion d’un entretien inédit sur le rôle des rêves dans sa conception, sa pratique et son enseignement de l’anthropologie. Dix ans après la publication de How Forests Think. Toward an Anthropology Beyond the Human, récompensé par le prestigieux Gregory Bateson Book Prize de la Society for Cultural Anthropology en 2014, le professeur de l’université McGill explique dans ces pages comment l’onirocritie des Runa d’Ávila (Équateur) lui a ouvert la voie de ce qu’il a baptisé « l’anthropologie au-delà de l’humain » et présente les implications politiques et éthiques de son onirologie sous-jacente, qui oriente les rêves vers l’avenir et l’environnement – et non pas vers le passé individuel. Plongé dans la rédaction de son prochain ouvrage, qu’il consacre au psychédélisme, Eduardo Kohn a profité de cet échange pour en exposer les principes et préciser la façon dont il s’articule avec le précédent. Cet entretien reprend les thèses sur les rêves disséminées dans How Forests Think, dont il permet de mieux saisir la centralité, et fournit de précieuses informations sur la genèse et le développement de la théorie qui a assuré à son auteur une renommée mondiale. Ces contributions donnent à elles trois un aperçu de l’évolution de la tradition des « savants rêveurs » avant, pendant et après l’ère de la psychanalyse – si tant est qu’elle soit révolue – et illustrent la dimension foncièrement intime de l’onirologie.

  • 127 Lemov, 2017.

28L’autre moitié du dossier met en lumière des projets qui ont conduit, pour des raisons très diverses, des savants à collecter des récits de rêves. Prolongeant le travail qui l’avait menée, en 2015, à la publication de Database of Dreams. The Lost Quest to Catalog Humanity, Rebecca Lemov se penche dans son article sur la relation qui s’est nouée entre l’anthropologue Dorothy Way Eggan (1901-1965) et son premier sujet d’étude, un chef d’une société amérindienne du Sud-Ouest des États-Unis du nom de Don Talayesva (1890-1985). La professeure d’histoire des sciences de Harvard y montre comment le rêve a permis à ces deux « marginaux » – d’un côté, une chercheuse sans formation située à mi-chemin entre l’anthropologie et la psychanalyse et, de l’autre, un Hopi élevé dans une école gouvernementale de Los Angeles – de mener ensemble un projet scientifique qui a marqué l’histoire récente de l’étude des rêves. Reprenant une idée exprimée par Eggan elle-même, Lemov propose de voir le rêve comme une « technologie », en ce sens qu’il a modifié non seulement la façon de concevoir l’esprit, mais aussi celle de le produire et de l’utiliser. À travers l’histoire de cette relation onirologique, la spécialiste du Projective Test Movement (1941-1968) – un courant méconnu des sciences comportementales américaines qui a inauguré ce qu’elle a nommé la « Big Social Science Era127 » – dévoile un versant personnel d’une entreprise de collecte de données dont elle avait jusqu’à présent surtout souligné la démesure.

29C’est par un heureux hasard que Magaly Tornay a découvert dans les archives de la clinique de Münsterlingen une surprenante collection qu’avait secrètement conservée Roland Kuhn (1912-2005). Celui que l’on connaît essentiellement pour avoir découvert les effets antidépresseurs de l’imipramine et pour ses recherches sur le test de Rorschach imposait au personnel soignant, et en particulier aux infirmières de sa clinique, une surveillance nocturne. Comme en attestent les dossiers médicaux de celles que l’on appelait les « sœurs » de la clinique, le psychiatre soumettait ses employées à des séances de thérapie au cours desquelles elles devaient lui faire part de leurs rêves. Par ce biais et sous couvert de médecine, Roland Kuhn obtenait d’elles des confidences personnelles et des informations sur les relations dans son service. Dans ce texte, Magaly Tornay livre un aperçu du contenu de son ouvrage Träumende Schwestern, où les récits de rêves s’avèrent, d’un côté, un outil de pouvoir et, de l’autre, des actes de résistance. Attentive au statut fictionnel de ces témoignages, l’historienne relève justement les feintes et les omissions grâce auxquelles les « sœurs » échappaient au contrôle tout en donnant l’air de s’y plier.

30Enfin, nous proposons ici une traduction d’un texte de Rachael I. Rosner. De 1995 à 1999, la chercheuse états-unienne a défriché les archives du psychiatre Aaron T. Beck (1921-2021) dans le cadre d’une thèse qui a inauguré l’histoire de la thérapie cognitive. Dans ce texte, publié en 2002 au sein d’un ouvrage collectif principalement destiné à des thérapeutes, Rachael I. Rosner s’est spécifiquement penchée sur le rôle qu’a joué le rêve dans la carrière académique de Beck et le développement de la thérapie cognitive. Entre psychanalyse et behaviorisme, entre la clinique et la recherche, celui que l’on connaît essentiellement pour sa théorie sur la dépression a accordé aux rêves beaucoup d’importance à l’époque où il cherchait encore sa place sur l’échiquier des psychothérapies. De la fin des années 1950, où il commençait à étudier le rôle des cognitions dans la psychopathologie, au début des années 1970, où paraissaient ses premiers travaux sur sa fameuse triade cognitive dépressive, le psychiatre a réalisé des études cliniques et statistiques sur les rêves avant de mettre de côté ce sujet, trop psychanalytique aux yeux de la communauté behavioriste dont il s’est rapidement rapproché à la fin des années 1960. Comme le montre bien Rachael I. Rosner, le rêve a accompagné le développement de la thérapie cognitive et servi de point de jonction entre les deux écoles de pensée entre lesquelles Beck – dont l’article met bien en évidence l’éclectisme et le pragmatisme – a frayé sa voie. Ces trois contributions permettront aux lectrices et aux lecteurs de se familiariser avec des études jusque-là réservées à un lectorat anglophone et germanophone, qui mettent toutes l’accent sur les enjeux extrascientifiques de la collecte et de l’analyse scientifique des récits de rêve.

  • 128 Mazurel, 2021, 513.
  • 129 Kuhn, 1990.
  • 130 Hacking, 2001.

31Pour conclure, l’ensemble des contributions de ce dossier illustrent que le récit de rêve n’est jamais neutre et que l’on ne peut pas le plier à quelque théorie que ce soit sans lui faire perdre son irréductible force de contestation. Affirmons-le « haut et fort » avec Mazurel128 : l’expérience onirique est de part en part historique. Les « lois » qui la régissent, tout comme les normes que suit sa narration et les théories qui guident son interprétation, sont tout au plus provisoires. L’histoire des théories savantes sur les rêves enseigne notamment qu’ils ont été un outil dont des savants se sont servis à des fins non seulement scientifiques, mais aussi politiques ou personnelles. À la suite de Thomas Kuhn129, qui affirmait que les modèles théoriques les plus profondément ancrés dans les esprits des scientifiques déterminent la nature même de leurs objets d’étude, et de Ian Hacking130, qui défendait que les classifications scientifiques « façonnent » de nouvelles espèces d’êtres humains, les autrices et les auteurs réunis dans ce dossier invitent à prêter attention à l’interaction réciproque entre les sciences humaines et les expériences subjectives qu’elles constituent comme des objets de savoir.

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Notes

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2 Ripa, 1988, 10.

3 Freud, 1900.

4 Carroy, 2012.

5 Carroy et Lancel, 2016.

6 Carroy, 2012, 13.

7 Aragon, 1924, 113.

8 Ellenberger, 1970 ; Vande Kemp, 1977 ; Scheidhauer, 1981.

9 Béguin, 1937 ; Alexandrian, 1974 ; Braet, 1975.

10 Saintyves, 1930 ; Dodds, 1951 ; Le Goff, 1971 ; Foucault, 1984.

11 Gantet, 2010 ; Carroy, 2012 ; Lemov, 2015 ; Ehrlich, 2017 ; Dieterle et Engel, 2018 ; Morgese, Lombardo et Vande Kemp, 2019.

12 Seafield, 1865 ; Freud, 1900 ; Ratcliff, 1923.

13 Marinelli et Mayer, 2002.

14 Carroy, 2006.

15 Shamdasani, 1999.

16 Marinelli et Mayer, 2006.

17 Perrin, 2011.

18 Sur la psychanalyse comme relation de service, voir : Castel, R., 1973, Le psychanalysme, Paris, Maspero.

19 Carroy et Saint-Fuscien, 2016.

20 Lemov, 2015 ; Linstrum, 2018 ; Bondaz, 2022.

21 Tornay, 2020.

22 Il n’est sans doute pas inutile de préciser que l’ouvrage de Magaly Tornay porte plus précisément sur les infirmières dirigées par le psychiatre Roland Kuhn à la clinique de Münsterlingen (Suisse). L’utilisation répressive de l’analyse des rêves reflète donc elle aussi l’association – très courante, déjà, au xixe siècle et renforcée par les théories métapsychologiques sur la régression et l’hystérie – entre l’enfance, la sauvagerie, la pathologie (Foucault, M., 1962, Maladie mentale et psychologie, Paris, Presses universitaires de France) et la féminité.

23 Vande Kemp, 2019a.

24 Carroy, 2008.

25 Vande Kemp, 2019b.

26 Rosner, 2004.

27 D’Andrade, 1961.

28 Spaulding, 1981.

29 Charuty, 1996 ; Stewart, 2004.

30 Shulman et Stroumsa, 1999.

31 Ekirch, 2006 ; Crary, 2014.

32 Kroker, 2007.

33 Debru, 1990.

34 Lahire, 2018a.

35 Jouvet et Gessain, 1997 ; Kohn, 2013.

36 Aragon, 1924, 111.

37 Abraham, 1909.

38 Freud, 1913.

39 Edward Burnett Tylor, fondateur de l’école d’anthropologie anglaise, a par exemple défendu dans son célèbre ouvrage Primitive Culture (1871) que la « théorie du rêve » des « races inférieures » était la première forme de religion. Cette thèse a fait l’objet de critiques en France, notamment de la part d’Émile Durkheim (1912) et de Lucien Lévy-Bruhl (1922).

40 Rivers, 1918 ; 1923.

41 Malinowski, 1922 ; 1927.

42 Seligman, 1921 ; 1923 ; 1924.

43 Linstrum, 2018.

44 Eggan, 1952. « Jusqu’à ces dernières décennies, et à quelques exceptions notables près, [le concept de culture] était intentionnellement restreint de sorte à exclure les données relatives à l’individu en tant que tel. Ces dernières années, on a cependant assisté à une reconsidération et à une amplification du concept de culture, ainsi qu’à une extension de l’enquête anthropologique à l’étude des facteurs de la personnalité. Cette tendance, qui a évolué rapidement vers une mutation fixe des concepts de personnalité et de culture, est diversement considérée comme une revitalisation de la recherche anthropologique, une mode ou une trahison des préceptes fondamentaux de l’anthropologie. » (Notre traduction.)

45 Eggan, 1949 ; 1952.

46 Róheim, 1947 ; 1950 ; 1952.

47 Devereux, 1951 ; Fanon, 1952 ; Sebag, 1964.

48 Forrester, 1997 ; Lézé, 2017.

49 Kuper, 1979 ; 1983 ; 1986.

50 Kuper et Stone, 1982.

51 Tedlock, B., 1991.

52 Bruce, 1975 ; Jackson, 1978 ; Stephen, 1989.

53 Tedlock B., 1981 ; Tedlock D., 1990.

54 Kracke, 1987 ; Tedlock B., 1991.

55 Halbwachs, 1922 ; 1923 ; 1946.

56 Halbwachs, 1923, 97.

57 Bastide, 2003 [1932] ; 2003 [1950].

58 Lahire, 2018a.

59 Beradt, 1966.

60 Carroy, 2021.

61 Duvignaud, Duvignaud et Corbeau, 1979.

62 Lahire, 2018a.

63 Le Goff, 1971 ; 1985.

64 Burke, 1973.

65 Id., 2018.

66 Griffith, 1950 ; Hall, 1951 ; Griffith, Miyagi et Tago, 1958.

67 Lincoln, 1935.

68 Burke, 2018.

69 Ripa, 1988.

70 Symbolic Interaction, 1993.

71 Hovden, 2012.

72 Lahire, 2018a ; 2021.

73 Dans son compte rendu de L’interprétation sociologique des rêves, l’historien Andreas Mayer (2018) a vivement critiqué cette attitude de Lahire, qu’il juge dépassée : « [Lahire] insiste sur le fait d’avoir construit son ouvrage entièrement à partir de “faits” (je dirais plutôt d’observations) recueillis par d’autres auteurs “convoqués” selon son expression pour leurs “avancées” ou pour leurs “erreurs”. Cette manière de procéder est tributaire d’une conception de l’histoire des sciences purement cumulative qui semble, du moins pour un historien et sociologue des sciences, d’un autre temps. »

74 Lahire, 2018 a, 115-127.

75 Piaget, 1945.

76 Beck et Hurvich, 1959 ; Beck et Ward, 1961 ; Beck, 2004.

77 Perls, 1969.

78 Desoille, 1945.

79 Montangero, 2009.

80 Holzinger, 2014.

81 Marinelli et Mayer, 2002.

82 Serina, 2013.

83 Calkins, 1893.

84 Hall, 1947.

85 Id., 1951.

86 Hall et Van de Castle, 1966.

87 Domhoff, 1996.

88 Foulkes, 1966 ; 1985.

89 Caillois et Grunebaum, 1967.

90 Grunebaum, 1967, 7-8.

91 Langlitz, 2015a ; 2015b.

92 Revonsuo, 1995.

93 Metzinger, 2013.

94 Hobson et McCarley, 1977.

95 Hobson, Pace-Schott et Stickgold, 2000.

96 Un autre exemple de théorie « internaliste » du rêve peut être trouvé chez le neurophysiologiste Michel Jouvet (1992a), qui a proposé de concevoir le rêve comme un système endogène responsable de la programmation itérative de comportements individuels génétiquement déterminés. À la différence des neurophilosophes Revonsuo et Metzinger, Jouvet ne considère toutefois pas la conscience onirique comme le modèle de la conscience vigile, mais comme un état sui generis.

97 Marinelli et Mayer, 2002.

98 Carroy, 2012.

99 Freud, 1900.

100 Hobson et Schredl, 2011.

101 Domhoff, 2011.

102 Bell et Hall, 1971.

103 Lahire, 2018a ; 2018b.

104 Id., 2018b.

105 Id., 2018a.

106 Mazurel, 2021, 512-520.

107 Sastre et Jouvet, 1979.

108 Kohn, 2013.

109 Tedlock, 1991.

110 Beradt, 1966.

111 Gollut, 1993.

112 Carroy, 2012.

113 Des philosophes se sont même demandé s’il s’agissait tout bonnement « d’expériences » (Malcolm, 1956 ; 1959 ; Dennett, 1976).

114 Róheim, 1947 ; Devereux, 1951 ; Lahire, 2018a.

115 Hall, 1951 ; Domhoff, 1996 ; Hovden, 2012.

116 Malinowski, 1927.

117 Lincoln, 1935.

118 Kilborne, 1981.

119 Griffith, 1950 ; Burke, 1973 ; Hovden, 2012.

120 Lowie, 1966 ; Leiris, 1992 ; Adorno, 2005 ; Benjamin, 2008 ; Althusser, 2015.

121 Leiris, 1934 ; Tedlock, B., 1981 ; Tedlock, D., 1990 ; Jouvet, 1992a ; Hobson, 2005 ; Kohn, 2013.

122 Leiris, 1961 ; Jouvet, 1992b ; Cixous, 2003 ; Benjamin, 2008.

123 Carroy, 2012.

124 Lahire, 2018.

125 Ibid.

126 Carroy, 2012.

127 Lemov, 2017.

128 Mazurel, 2021, 513.

129 Kuhn, 1990.

130 Hacking, 2001.

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Pour citer cet article

Référence papier

Michaël Roelli, Aude Fauvel et Rémy Amouroux, « Onirologies savantes et sciences humaines »Revue d’histoire des sciences humaines, 44 | 2024, 7-32.

Référence électronique

Michaël Roelli, Aude Fauvel et Rémy Amouroux, « Onirologies savantes et sciences humaines »Revue d’histoire des sciences humaines [En ligne], 44 | 2024, mis en ligne le 28 mai 2024, consulté le 12 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhsh/9100 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11qta

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Auteurs

Michaël Roelli

Faculté des sciences sociales et politiques, université de Lausanne

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Aude Fauvel

Institut des humanités en médecine, Centre hospitalier universitaire vaudois, université de Lausanne

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Rémy Amouroux

Institut de psychologie, université de Lausanne

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