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Débats, chantiers et livres

« Créer ensemble un nouveau champ d’études ». Entretien avec Stephan Moebius1 sur l’historiographie de la sociologie germanophone

Propos recueillis, traduits et annotés par Martin Strauss2
“Creating a new field of activities together”. An interview with Stephan Moebius about the historiography of German-speaking sociology
Martin Strauss et Stephan Moebius
p. 293-318

Résumés

Le Handbuch Geschichte der deutschsprachigen Soziologie (Manuel Histoire de la sociologie germanophone) est la dernière manifestation en date de l’intense activité de recherche en matière d’historiographie de la sociologie germanophone. Martin Strauss a saisi cette occasion pour s’entretenir avec Stephan Moebius, éditeur du Manuel avec Andrea Ploder. L’échange met au jour l’environnement de la recherche dont est issu ce projet inédit. De plus, il fournit des repères intellectuels et institutionnels pour comprendre l’histoire récente de l’historiographie de la sociologie germanophone. Enfin, il discute des finalités et des modalités de cette historiographie et la met en rapport avec d’autres disciplines. L’objectif est de contribuer à faire connaître un mouvement de recherche en histoire des sciences sociales peu connu en France et d’inciter à l’échange international en la matière. La bibliographie annexe servira comme point de départ pour se familiariser avec cette littérature germanophone. Dans ce numéro, le lecteur trouvera également un compte rendu de ce manuel.

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Texte intégral

De la sociologie allemande à la sociologie germanophone

  • 1 Stephan Moebius est professeur de « théorie et d’histoire des idées sociologiques » (soziologische (...)
  • 2 Martin Strauss est doctorant en philosophie et en sciences sociales à l’Université de Vienne et à (...)

Martin Strauss : Votre chaire à l’Université de Graz porte l’intitulé « théorie et histoire des idées sociologiques ». Il s’agit de la seule chaire de ce genre dans l’espace germanophone. Comment l’expliquer ? Comment les chaires dédiées à l’histoire de la sociologie ont-elles évolué dans ce même espace ?

  • 3 Karl Acham, né en 1939, fut professeur d’« histoire des idées sociologiques et théorie de la scien (...)
  • 4 Karl-Siegbert Rehberg, né en 1943, fut professeur de « théorie sociologique, histoire de la théori (...)
  • 5 Klaus Lichtblau, né en 1951, fut professeur de « sociologie avec un focus sur l’histoire et la sys (...)
  • 6 On traduit la distinction terminologique entre Geschichte der Soziologie et Soziologiegeschichte s (...)
  • 7 Sur l’histoire de l’Institut de sociologie de l’Université de Graz, voir : https://soziologie.uni- (...)
  • 8 Christian Fleck, né en 1954, est professeur extraordinaire de sociologie à l’Université de Graz (d (...)

Stephan Moebius : La chaire que j’occupe actuellement remonte à la nomination de Karl Acham3 à l’Université de Graz en 1974. À cette occasion, une chaire (Ordinariat) fut créée en « histoire des idées sociologiques et théorie de la science » (soziologische Ideengeschichte und Wissenschaftslehre). Dans l’espace germanophone, il y eut jusqu’à récemment deux autres chaires consacrées à l’histoire de la sociologie : d’un côté la chaire de Karl-Siegbert Rehberg4 à Dresde en « théorie sociologique, histoire de la théorie et sociologie de la culture » et, de l’autre, celle de Klaus Lichtblau5 à Francfort-sur-le-Main en « sociologie avec un focus sur l’histoire et la systématique de la formation de théories en sciences sociales ». Depuis leur départ à la retraite, je détiens effectivement la seule chaire dont l’intitulé indique « histoire de la sociologie ». Cela n’implique évidemment pas qu’il n’y en ait pas d’autres qui contribuent à l’historiographie de la sociologie (Soziologiegeschichte)6. À l’Institut de sociologie de l’Université de Graz il y a une longue tradition dans ce domaine7. Avec Karl Acham et Christian Fleck8 nous comptons parmi nous des historiens des sciences sociales très reconnus. Le nombre décroissant de chaires à dominante historique est pourtant révélateur. Dans d’autres disciplines ces chaires sont beaucoup plus fréquentes, je pense notamment aux chaires en « Théorie et histoire des idées politiques » en sciences politiques (Politikwissenschaften). En sociologie et au sein des directions universitaires, on semble avoir de moins en moins d’intérêt pour l’histoire de la discipline, au moins au niveau de l’organisation institutionnelle. Les chaires qui, dans l’espace germanophone, produisent effectivement un enseignement en histoire de la sociologie, sont des chaires en « théorie sociologique » (soziologische Theorie). Un découplage institutionnel entre théorie sociologique et histoire de la sociologie n’a pas encore eu lieu. Cela induit un problème que nous essayons d’atténuer ici à Graz, mais aussi dans le Manuel. L’histoire de la sociologie jusqu’à présent n’était souvent qu’une histoire de la théorie sociologique. Mes collègues ici, les auteurs et autrices du Manuel et moi-même, nous tenons, en revanche, à mettre aussi en avant l’histoire des méthodes sociologiques. Il s’agit d’un champ important qui peut contribuer à singulariser aujourd’hui l’historiographie de la sociologie.

Martin Strauss : Comment le projet d’un manuel sur l’histoire de la sociologie germanophone a-t-il vu le jour ?

  • 9 Martin Endreß, né en 1960, est professeur de « sociologie générale » (allgemeine Soziologie) à l’U (...)
  • 10 Pour Zyklos – Jahrbuch für Theorie und Geschichte der Soziologie, voir : https://0-www-springer-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/ (...)
  • 11 Il s’agit de la collection de manuels Springer Reference Sozialwissenschaften : https://www.spring (...)
  • 12 Andrea Ploder est chercheuse au pôle de recherche « Medien der Kooperation » à l’Université de Sie (...)
  • 13 Thomas S. Eberle est professeur émérite de sociologie à l’Université de Saint-Gall. Ses domaines d (...)

Stephan Moebius : On avait, Klaus Lichtblau, Martin Endreß9 et moi, un rendez-vous pour Zyklos, le Jahrbuch für Theorie und Geschichte der Soziologie (Annuaire de théorie et d’histoire de la sociologie) que nous éditons ensemble depuis 201310. La lectrice de la maison d’édition Verlag für Sozialwissenschaften, Madame Mackrodt, nous a signalé à cette occasion un nouveau format de manuels chez Springer11. Je me suis dit : voilà l’occasion d’affirmer et de pousser plus loin la professionnalisation de l’historiographie de la sociologie. En même temps, je savais que je ne pourrais pas m’en occuper seul. En février 2014 j’ai donc fait appel à Andrea Ploder12, qui avait fait une thèse à Graz et qui travaille sur l’histoire des méthodes qualitatives en sciences sociales. On envisageait une division de travail où moi, j’allais contribuer avec mon approche théorique et Andrea avec sa perspective sur les méthodes. Au début, nous avions l’idée d’un grand manuel sur l’histoire de la sociologie en général. Mais nous avons vite abandonné cette idée pour des raisons de faisabilité. La limitation la plus évidente était celle sur la sociologie de langue allemande, c’est-à-dire sur l’espace germanophone. Dans cette perspective, il nous importait, en revanche, de traiter non seulement de l’Allemagne, mais aussi de l’Autriche et de la Suisse. Souvent on ne parle que de « sociologie allemande », mais en réalité cela n’existe pas, à la rigueur on ne peut parler que d’une « sociologie en Allemagne ». L’Autriche et la Suisse sont le plus souvent exclues et il reste de nombreuses lacunes dans les recherches à leur sujet. Nous avons réussi, je crois, à en combler quelques-unes avec le Manuel, surtout grâce à Christian Fleck pour la sociologie en Autriche et à Thomas Eberle et Markus Zürcher13 pour la sociologie en Suisse. Nous avons donc opté pour le label « sociologie germanophone » (deutschsprachige Soziologie) d’une part pour limiter le Manuel, d’autre part pour faire voir la diversité qui existe au sein de l’espace germanophone.

  • 14 Pour une application récente de ces interrogations à la sociologie française, voir Heilbron, 2020 (...)

Martin Strauss : Comment avez-vous délimité la sociologie germanophone, autant envers d’autres traditions linguistiques que face aux différentes traditions nationales que l’on rencontre en son sein ? Comment concevez-vous les rapports entre ces diverses traditions nationales et linguistiques14 ?

  • 15 Voir la section « La sociologie germanophone après 1945 : réception internationale » du premier to (...)
  • 16 Dans le contexte germanophone, l’étiquette Wissenssoziologie renvoie surtout aux travaux de Max Sc (...)
  • 17 Voir notamment Moebius, 2018.

Stephan Moebius : Évidemment, la sociologie dans l’espace germanophone porte aussi l’empreinte d’autres traditions, surtout de la sociologie francophone et anglophone. L’importance relative des différentes références internationales évolue d’ailleurs au cours du temps. Pour tenir compte de cette dimension transnationale dans le Manuel, nous avons une partie sur l’histoire des réceptions15. Nous voudrions encore plus de contributions sur ces histoires croisées, ces rapports réciproques et ces entrecroisements et nous espérons pouvoir augmenter le Manuel en ce sens. Dans ce domaine, on manque parfois tout simplement d’auteurs et d’autrices. Ceci dit, la sociologie et sa genèse s’inscrivent toujours dans un contexte social spécifique, comme l’ont déjà montré les travaux sur la sociologie du savoir (Wissenssoziologie)16. Dès lors, on ne peut pas faire abstraction du contexte de l’État-nation et du contexte linguistique – sans pencher pour autant pour un « nationalisme méthodologique » qui est invalidé par la réalité des rapports d’échange. Pour cette raison, l’histoire de la sociologie dans l’espace germanophone, en Allemagne, en Autriche et en Suisse, est complètement différente de celle de la sociologie française. Puisque les champs sociologiques sont toujours imbriqués dans le contexte d’une société nationale particulière, leur développement recoupe des questions identitaires : on ne peut pas faire sans rapport à l’Autre, à d’autres traditions, mais il s’agit toutefois toujours de quelque chose qui existe indépendamment. En même temps, le Manuel montre qu’il y a différentes traditions nationales et régionales à l’intérieur de la communauté germanophone qui vont de pair avec des différences majeures quant au développement de la sociologie. Pour la Suisse, Thomas Eberle a par exemple souligné la profondeur des fossés – on parle de la « barrière des Rösti » (Röstigraben) – entre les traditions sociologiques en Suisse alémanique et en Suisse romande, la dernière étant évidemment plus orientée vers la sociologie francophone. Dans ce cas, les frontières linguistiques jouent un rôle à l’intérieur d’un contexte national particulier. Mais nous rencontrons aussi d’immenses différences au niveau régional au sein de la sociologie en Allemagne. Après 1945 la sociologie à Francfort ressemble fort peu à celle qui se pratique à Marbourg ou à Cologne. C’est pour cette raison que dans le Manuel nous avons distingué les différentes orientations de la sociologie dans l’espace germanophone selon les lieux et les centres régionaux17. C’est sans doute là un des mérites du Manuel, celui de révéler, représenter et mettre en avant la diversité régionale de la sociologie dans les pays germanophones. On pourrait évidemment interroger cette différenciation régionale à son tour, par exemple avec les moyens de la théorie des champs. On peut se demander comment et pourquoi certaines différences et certains lieux ont pu émerger, qui ont chaque fois choisi leurs propres pratiques de distinction et leurs propres stratégies de positionnement.

  • 18 Sur l’importance des manuels en sciences sociales, voir Chambost, 2016.

Martin Strauss : Le Manuel est très original quant à sa structure. Le premier tome contient, mis à part le fil chronologique, plusieurs parties qui abordent autant d’angles à partir desquels on peut pratiquer l’historiographie de la sociologie, en se focalisant par exemple sur les controverses savantes, sur les paradigmes théoriques, sur les méthodes, sur les divers processus d’institutionnalisation, les sociétés professionnelles, les revues, les institutions extra-universitaires, etc. Quant au second tome, il balise de manière inédite le champ des questions méthodologiques qui peuvent se poser en historiographie de la sociologie en distinguant entre plans de recherche, théories et concepts analytiques, méthodes, classes de données et archives. Comment avez-vous choisi ces grands axes ? Est-ce que vous disposiez de modèles pour cet important travail de circonscription18 ?

  • 19 Ces Ateliers sur l’histoire de la sociologie germanophone (Workshops Geschichte der deutschsprachi (...)
  • 20 Moebius et Dayé, 2015.
  • 21 Peter, 2001, 2015.
  • 22 Fleck, 1999.

Stephan Moebius : Les grands axes sont issus des discussions avec Andrea Ploder et avec les auteurs et autrices. De plus, Andrea et moi avons inauguré en 2014 la série des Ateliers sur l’histoire de la sociologie germanophone, ateliers qui, depuis lors, ont lieu tous les ans à des endroits différents dans les trois pays19. C’est à la faveur de ces ateliers que surgissaient encore d’autres idées d’auteurs possibles, d’archives, etc. Parallèlement il y a eu la parution du volume Soziologiegeschichte – Wege und Ziele (Historiographie de la sociologie – moyens et fins) que j’ai dirigé avec Christian Dayé chez Suhrkamp20. Cette publication a aussi fourni des inspirations pour le second tome du Manuel. Pour ce dernier, on ne disposait pas de modèles. L’idée remonte d’un côté à Andrea Ploder qui s’est spécialisée dans l’histoire des méthodes et, de l’autre, à la question qui se posait dans le volume Soziologiegeschichte et qu’avait déjà soulevée Lothar Peter21, à savoir « comment pratique-t-on l’historiographie de la sociologie ? ». Un autre motif venait du fait qu’à Graz il y a une forte tradition d’historiographie sociologique de la sociologie, c’est-à-dire menée avec des méthodes sociologiques, comme la pratique Christian Fleck22. Le second tome sur les méthodes et les méthodologies nous paraissait un complément utile pour tout le champ de l’historiographie de la sociologie que nous voulons contribuer à définir. Ce volume est aussi censé stimuler les jeunes chercheurs et chercheuses à pratiquer l’historiographie de la sociologie. Il nous importait surtout d’intégrer des méthodes sociologiques comme celles pratiquées dans les enquêtes qualitatives et quantitatives. Le volume constitue une première tentative de collecte et d’exploration de tout ce qui existe dans ce domaine.

Martin Strauss : Le Manuel se caractérise par un grand pluralisme qui réunit des théories, des méthodes et des sources parfois opposées les unes aux autres. Ces différentes approches semblent néanmoins collaborer pacifiquement. Qu’en est-il des tensions et des conflits telles que les « querelles de chapelles » qu’on connaît en France, par exemple entre « bourdieusiens » et « boudoniens » ?

  • 23 Pour le programme doctoral « Sociologie et histoire des sciences sociales et culturelles » à l’Uni (...)

Stephan Moebius : Actuellement notre effort consiste d’abord à créer ensemble un nouveau champ d’études. Nous connaissons – grâce aux Écoles de Printemps que nous organisons chaque année depuis 2012 dans le cadre de notre programme doctoral « Sociologie et histoire des sciences sociales et culturelles » (Soziologie und Geschichte der Sozial- und Kulturwissenschaften)23, et à travers les autres ateliers que je viens d’évoquer – un grand nombre de jeunes collègues qui se réjouissent de la possibilité de cet échange pluraliste. L’envie est plutôt de construire, de constituer et d’élaborer un nouveau domaine de recherches. Pour cette raison, il n’y a pas encore autant de compétition et d’efforts de distinction qu’en France. L’intérêt partagé par tout le monde est d’abord de pratiquer l’historiographie de la sociologie. Et cela peut se faire aussi bien avec les moyens d’une approche qualitative ou quantitative qu’avec ceux de l’histoire des idées. C’est cette tendance commune que le Manuel exprime.

Martin Strauss : Le troisième tome du Manuel présente une table chronologique de l’histoire de la sociologie germanophone. Elle est censée indiquer les simultanéités dans le développement des sociologies dans les trois pays aussi bien que leur absence. Quelles sont les conclusions les plus frappantes qui ressortent de cette mise en perspective ?

  • 24 Nicole Holzhauser est chercheuse postdoctorale à l’Institut de sciences sociales de la Technische (...)

Stephan Moebius : Initialement, nous voulions attacher une telle table chronologique à chacune des contributions du premier tome. Mais très vite nous avons vu apparaître des points de comparaison remarquables qui méritaient d’être approfondis. Le résultat est donc ce troisième volume qui présente une table chronologique systématique de cent pages. Elle n’aurait pas pu être établie sans le concours d’Oliver Römer et surtout de Nicole Holzhauser24 qui a fait le gros des recherches. On s’aperçoit par exemple très rapidement de la disparité après 1945. Alors que la sociologie existait à peine en Autriche, la professionnalisation en Allemagne a très vite repris avec la refondation de la Deutsche Gesellschaft für Soziologie (Société allemande de sociologie, DGS) en 1946. L’idée du volume était de permettre de voir d’un seul coup d’œil ce qui émergeait et existait au même moment au niveau des institutions, des publications, des revues, etc. Ce qui m’a surpris, par exemple, c’était le grand nombre de revues en sciences sociales autour de 1900. Même si j’avais fait des recherches sur cette période auparavant, je n’en avais pas conscience avant le travail sur la table chronologique. Il y a eu plusieurs surprises de ce genre. Nous espérons qu’avec ce troisième tome nos collègues n’auront plus à s’en étonner à l’avenir et qu’ils pourront poursuivre le travail sans obstacles. En plus, la table peut indiquer des lacunes dans les recherches existantes et inciter à des recherches ultérieures.

Martin Strauss : La structure systématique du Manuel fait voir du même coup plusieurs lacunes. Si vous parlez à son propos d’une « boîte à outils », il y reste par endroits de la place à remplir. Comment le Manuel devrait-il évoluer dans l’avenir et comment pourrait-il être complété ?

  • 25 Pour le groupe de travail « Histoire de la sociologie » au sein de la « Commission pour l’histoire (...)
  • 26 Rehberg, Fischer et Moebius, 2015.

Stephan Moebius : Effectivement, il y a des lacunes qui ne sont devenues manifestes que par l’approche systématique, par exemple celles concernant les réseaux internationaux, l’histoire croisée et transnationale. Il reste aussi des points aveugles sur la période de l’entre-deux-guerres. Là-dessus, Karl Acham et moi dirigeons un projet de recherche dans le cadre du groupe de travail « Histoire de la sociologie » de l’Académie autrichienne des sciences25. Une autre lacune concerne l’histoire des réceptions (Wirkungsgeschichte) et la question de savoir quels effets la sociologie exerça sur la société dont elle est issue. En plus, on pourrait évidemment élargir le spectre des méthodes de l’historiographie de la sociologie en incluant encore d’autres méthodes quantitatives, qualitatives, mais aussi l’analyse des discours. Une contribution sur l’application de la théorie des champs de Bourdieu à l’histoire de la sociologie était également prévue. Et il y aurait encore matière à explorer d’autres sources et manières de pratiquer l’historiographie de la sociologie. Avec Karl-Siegbert Rehberg et Joachim Fischer nous poursuivons, par exemple, depuis des années, un grand projet d’entretiens avec des sociologues relativement âgés grâce auquel nous avons recueilli environ soixante entretiens26. Voilà pour les lacunes les plus évidentes. Le principe et l’avantage de la nouvelle série de manuels chez Springer impliquent que les manuels peuvent être complétés au fur et à mesure. Les contributions paraissent d’abord en ligne et peuvent être révisées. La version physique n’est donc pas la dernière. Après quelques années, il y aura une seconde édition avec les mises à jour et les compléments qui seront auparavant parus en ligne. Ainsi le Manuel restera à jour et ne cessera de croître. Nous souhaiterions aussi que des chercheurs et chercheuses pouvant faire des contributions sur d’autres aspects de l’histoire de la sociologie – aussi bien au niveau des objets qu’au niveau des méthodes – nous fassent signe. Le Manuel serait ainsi un édifice qu’on continuera à construire. Il devrait inciter à découvrir et à travailler sur de nouveaux objets, à baliser et à professionnaliser ce champ de l’historiographie de la sociologie. Nous serions aussi contents de voir des projets semblables se développer dans d’autres pays comme la France, des projets d’une systématicité comparable. Ainsi nous pourrions échanger des idées à travers les frontières et engager de nouvelles comparaisons.

L’histoire de l’historiographie de la sociologie dans l’espace germanophone

  • 27 Kaesler, 1984 ; Lepenies, 1981a ; Stölting, 1986.

Martin Strauss : La genèse du Manuel que l’on vient de discuter montre que ce projet s’inscrit lui-même dans une histoire plus longue à l’intérieur de la sociologie germanophone. On peut donc prendre le Manuel comme point de départ pour s’interroger sur l’histoire de l’historiographie de la sociologie dans l’espace germanophone. Comment ce domaine de recherche a-t-il évolué au cours des dernières décennies ? On constate qu’il y avait déjà eu un certain intérêt pour l’histoire de la sociologie dans les années 1980, comme l’illustrent les quatre volumes sur l’histoire de la sociologie dirigés par Wolf Lepenies, mais aussi les travaux de Dirk Kaesler ou d’Erhard Stölting27. Quelles étaient les étapes et les conjonctures majeures ? Quels facteurs expliquent l’intérêt pour l’histoire de la sociologie ?

  • 28 Mannheim, 1953 [1934].
  • 29 Pour toute cette controverse, voir König, 1959 ; Schelsky, 1959 ; Lepsius, 1979 ; Schelsky, 1981. (...)
  • 30 Carsten Klingemann, né en 1950, fut professeur extraordinaire dans l’unité de recherche « Sciences (...)
  • 31 Kaesler, 1984, 1999a, 1999b.
  • 32 Ce Jahrbuch für Soziologiegeschichte fut publié entre 1900 et 1998. Pour les derniers numéros, voi (...)
  • 33 Lichtblau, 1996 ; Blomert, 1999 ; Acham, 1999 ; Fleck, 2007.

Stephan Moebius : Il y a toujours eu un certain intérêt pour l’histoire de la sociologie dans la tradition germanophone. Dès les années 1920, il y a eu la réception de Max Weber et Karl Mannheim écrivait déjà sur la German sociology28. Mais l’historiographie de la sociologie s’accéléra sensiblement après le national-socialisme. En 1959 parut par exemple un numéro spécial de la Kölner Zeitschrift für Soziologie, dirigée à l’époque par René König, sur l’histoire de la Société allemande de sociologie. La même année parut le fameux livre Ortsbestimmungen der deutschen Soziologie (Localisations de la sociologie allemande) de Helmut Schelsky. Schelsky jugea, par exemple, que le national-socialisme n’avait pas mis une fin brusque à la sociologie, mais qu’on avait « cessé de jouer » ses « mélodies » en 1933 pour d’autres raisons. À l’époque, beaucoup de gens n’ont pas voulu se confronter au national-socialisme. René König était en désaccord complet avec cette attitude et la controverse avec Schelsky se poursuivit plus tard avec M. Rainer Lepsius29. Ces débats étaient souvent liés à la question de savoir pourquoi les sociologues n’avaient pas vu arriver le nazisme. Ensuite il y a eu un essor de l’historiographie de la sociologie, surtout dans les années 1980, toujours à la suite du travail sur la sociologie sous le nazisme. Ici, il faut surtout rendre hommage à des chercheurs comme Carsten Klingemann, Otthein Rammstedt, Johannes Weyer, Erhardt Stölting et Karl-Siegbert Rehberg30. S’y ajoutaient Lepenies avec ses volumes sur l’histoire de la sociologie, Kaesler avec ses recherches sur les milieux sociaux de la genèse de la sociologie et avec ses volumes sur les « classiques » de la sociologie31. Dans ce contexte, en 1990, on a fondé le Jahrbuch für Soziologiegeschichte (Annuaire d’historiographie de la sociologie), dirigé par Rehberg, Stölting, Klingemann, Dahme et d’autres32. Cet intérêt pour l’historiographie de la sociologie s’atténua, à mon avis, à partir des années 1990, après la chute du Mur. La conscience historique recula, certains chantèrent « la fin de l’histoire » et il y eut un essor des théories sur la modernisation. Je pense que cela a eu un effet négatif sur l’intérêt pour l’histoire de la sociologie. Vers la fin des années 1990 cet intérêt a trouvé une nouvelle impulsion. Je pense notamment au livre de Klaus Lichtblau de 1996 sur la généalogie de la sociologie de la culture en Allemagne ou au livre de Reinhardt Blomert sur l’histoire des Staatswissenschaften (« sciences de l’État ») à Heidelberg, mais aussi aux recherches ici à Graz de Karl Acham et de Christian Fleck sur l’histoire transnationale de la sociologie33. Il y a donc toujours eu un intérêt pour l’histoire de la sociologie dans la tradition germanophone, mais il évoluait en fonction des conditions sociales et des problèmes sociaux auxquels la sociologie réfléchissait et répondait.

Martin Strauss : Comment, dans cette situation historique particulière, êtes-vous arrivé à faire de l’historiographie de la sociologie votre spécialité ? Quelle était votre trajectoire académique et intellectuelle ?

  • 34 Lothar Peter, né en 1942, est professeur émérite à l’Université de Brême (chaire de « sociologie i (...)
  • 35 Peter, 2001.
  • 36 Moebius, 2003.
  • 37 Moebius, 2006a.
  • 38 Joas, 1987 ; Fitzi, Joas et Marcucci, 2017.

Stephan Moebius : Je n’ai découvert l’histoire de la sociologie que vers la fin de mes études. J’ai fait mes études en sociologie et en sciences de la culture (Kulturwissenschaften) à l’Université de Brême. Lothar Peter34, un de mes professeurs, d’ailleurs bon connaisseur de la France et de la sociologie française, m’a mis sur la piste de l’historiographie de la sociologie. J’ai lu son article « Pourquoi et comment pratique-t-on l’historiographie de la sociologie ? », publié en 2001 dans le Jahrbuch für Soziologiegeschichte35 et j’en ai discuté avec lui. Avant, je m’intéressais surtout – et je continue de m’intéresser – à la théorie sociologique et à la sociologie de la culture. J’avais écrit ma thèse sur Lévinas, Derrida et les inspirations que pourraient en tirer les sciences sociales36. Après la thèse, j’ai réfléchi à un projet pour mon habilitation. Se lièrent alors deux fils, d’un côté mon intérêt pour l’histoire de la sociologie que Lothar Peter avait éveillé, et de l’autre l’intention d’historiciser le projet d’une science sociale poststructuraliste formulé dans ma thèse. Je me suis demandé si je pouvais étayer et élaborer ce projet théorique en interrogeant la genèse de la pensée poststructuraliste. C’est comme ça que je suis arrivé à Georges Bataille, Marcel Mauss et finalement au Collège de sociologie qui est devenu l’objet de mon habilitation37. Juste après l’habilitation, j’ai obtenu un projet de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (Agence allemande pour la recherche scientifique, DFG) sur « l’histoire de la réception de la pensée sociologique de Marcel Mauss » et j’ai enseigné à Fribourg où, contrairement à Brême, il était courant dans la filière sociologique de lire Foucault et d’autres poststructuralistes. En 2007, je suis venu au Centre Max-Weber à Erfurt, auprès de Hans Joas, qui avait, lui aussi, beaucoup contribué à la réception de la sociologie française en Allemagne38. Ce fut encore une expérience formatrice. En 2009, j’ai été élu à l’Université de Graz pour succéder à Karl Acham.

  • 39 Lepenies, 1981b.

Martin Strauss : On peut s’interroger sur les raisons du regain d’intérêt pour l’historiographie de la sociologie allemande. Dans les années 1980, Lepenies l’expliqua par différents facteurs comme l’ébranlement induit par la théorie des révolutions scientifiques de Thomas Kuhn, le déclin du paradigme structuro-fonctionnaliste ou la politisation des sciences sociales après 196839. Quels éléments alimentent l’essor de l’historiographie de la sociologie que l’on observe aujourd’hui ?

Stephan Moebius : Le nouvel intérêt pour l’histoire de la sociologie tient à mon avis à plusieurs facteurs. D’abord, la « fin de l’histoire » n’a pas eu lieu et il s’est avéré qu’il nous fallait une nouvelle forme de réflexion historique, y compris sur notre propre discipline. Ensuite, cette tendance s’inscrit aussi dans la dynamique d’une différenciation progressive au sein de la sociologie. Une facette de cette spécialisation est la formation d’un champ particulier de l’historiographie de la sociologie. Ce qui était subordonné à la « théorie sociologique » auparavant se constitue désormais en domaine indépendant. Sociologiquement, on peut y voir le résultat d’un processus de différenciation, de spécialisation et de professionnalisation. Ceci dit, la particularité de l’historiographie de la sociologie est qu’elle développe ensuite elle-même une vue globale sur cette différenciation et qu’elle en propose une explication. Enfin, l’historiographie de la sociologie donne aussi aux jeunes chercheurs et chercheuses la possibilité d’investir un nouveau champ. Dans la perspective de la théorie des champs, on pourrait dire que les jeunes en tant que nouveaux arrivants ne luttent pas seulement contre les orthodoxes, mais qu’ils conquièrent aussi de nouveaux domaines où ils peuvent réussir. L’historicisation constitue ici une stratégie possible. Cela dit, il s’agit d’une voie à hauts risques, car il y a très peu de postes et de chaires dans ce domaine – c’était déjà le cas à l’époque où je m’y lançais. Il vaut mieux avoir une double casquette – pour moi, c’était la sociologie de la culture et la théorie sociologique. Finalement, l’intérêt pour l’historiographie de la sociologie vient aussi des maisons d’édition qui encouragent ces recherches et poursuivent leurs propres stratégies. Les biographies se vendent bien, en général. Par exemple, on a assisté en 2014 à la publication d’innombrables biographies sur Max Weber40. Chaque année il y a ainsi un autre auteur qui est célébré. Nous sommes contents que la maison d’édition Springer VS – avec ses capacités financières considérables – publie des manuels et des collections éditoriales dans ce domaine. Ainsi, avec Klaus Lichtblau, on édite aussi la collection Klassiker der Sozialwissenschaften (Classiques des sciences sociales) qui republie des textes classiques qui ne sont plus disponibles. On a pu publier la thèse de Parsons, soumise à Heidelberg, en allemand, mais aussi des travaux de Karl Mannheim, de Werner Sombart, etc.41. Nous profitons à cet égard d’une certaine vague d’historicisation.

Martin Strauss : Quels sont les caractéristiques et les grands axes de ce nouvel intérêt ? Toujours en comparaison avec les volumes de Lepenies des années 1980, on s’aperçoit par exemple que la démarcation de la sociologie des autres disciplines est passée en arrière-plan dans le Manuel.

  • 42 Dans la traduction de ce terme forgé par Karl Mannheim, on suit Mannheim, 2006 [1929].
  • 43 Kaesler, 2015.

Stephan Moebius : La différence tient au fait que Lepenies voyait à l’époque le but de l’historiographie de la sociologie d’abord dans la consolidation de l’identité de la discipline. Pour nous, la finalité n’est plus l’identité disciplinaire. Il y a plusieurs raisons de s’investir dans ce domaine de recherche. D’abord, il y a une explication intrinsèquement sociologique, au sens de la sociologie du savoir (Wissenssoziologie). Il est essentiel pour la réflexion sociologique d’historiciser et de sociologiser les schèmes de perception, d’interprétation et de pensée que mettent en œuvre les sociologues eux-mêmes. C’est une sorte de probité intellectuelle sociologique : il faut se rendre compte de la « solidarité-à-l’être » (Seinsverbundenheit)42 des positions théoriques et méthodologiques de la discipline sociologique elle-même. Deuxièmement, même si l’historiographie de la sociologie ne sert pas principalement à la consolidation de l’identité disciplinaire, elle remplit néanmoins une fonction importante pour la sociologie contemporaine. On peut acquérir une vision historiquement plus précise de la société contemporaine en soumettant à l’analyse sociologique ceux qui font de l’analyse de la société leur profession. On peut approfondir les analyses sociologiques de notre propre société en examinant comment les sociologues construisent la société qu’ils examinent. En ce sens, l’historiographie de la sociologie ferait partie d’une analyse critique de la société. On peut évidemment la pratiquer à la façon de l’art pour l’art, mais pour moi elle a et doit avoir un rapport avec le présent. Finalement, ce qui nous distingue aussi des volumes de Lepenies ou de l’« histoire des classiques » de Dirk Kaesler43, c’est que l’historiographie de la sociologie ne devrait pas se limiter aux classiques ou aux personnages individuels. Nous devons concevoir la sociologie plutôt au sens d’un collectif – chose que j’ai pu explorer dans mes recherches sur le Collège de sociologie.

Martin Strauss : Au niveau des objets étudiés, on constate que dans le premier tome du Manuel, la période de l’après-guerre a une place dominante par rapport aux débuts de la sociologie autour de 1900 et à l’entre-deux-guerres. Est-ce le signe d’un intérêt particulier aujourd’hui pour la sociologie dans les pays germanophones après 1945 ?

  • 44 Sur les différentes « écoles » de sociologie en RFA, voir Moebius et Fischer, 2019. Sur la questio (...)
  • 45 Turner et Holmwood, 2014 ; voir aussi : https://www.palgrave.com/gp/series/14477 (consulté le 18 m (...)
  • 46 Adorno et al., 1969. Pour une contextualisation intellectuelle de cette controverse, voir Dahms, 1 (...)
  • 47 Meja et Stehr, 1982.
  • 48 Kneer et Moebius, 2010.
  • 49 Voir sur ce débat le site de l’Akademie für Soziologie (https://akademie-soziologie.de/en/) et la (...)

Stephan Moebius : Je pense effectivement qu’il y a un nouvel intérêt pour l’après-guerre. Contrairement aux débuts et aux figures héroïques comme Weber, Simmel et Durkheim, la période d’après 1945 est toujours relativement mal connue. En même temps, c’est précisément à cette époque que la sociologie commence à se professionnaliser et à s’institutionnaliser. Le champ sociologique s’élargit et se diversifie. C’est surtout le cas dans la République fédérale avec la séparation de la République démocratique et avec les différentes grandes théories développées par Habermas ou Luhmann44. La sociologie dans la RFA a sa propre histoire et suscite de ce fait un intérêt particulier. Chez Palgrave, il y a une collection dirigée par Stephen Turner et John Holmwood sur l’histoire de la sociologie dans différents pays, surtout après 1945. J’y publierai un livre sur Sociology in Germany45. Une particularité de cette sociologie « de la République fédérale » (bundesrepublikanische Soziologie), ce sont les nombreuses controverses : la querelle sur le positivisme (Positivismusstreit)46, les débats sur le national-socialisme, sur la notion de « rôle social », sur le postmodernisme ou sur la sociologie de la connaissance47. S’y ajoutent des renaissances perpétuelles de la controverse sur les jugements de valeur (Werturteilsstreit). On a publié, avec Georg Kneer, tout un volume à ce sujet qui s’intitule Soziologische Kontroversen (Controverses sociologiques)48. Aujourd’hui, il y a une nouvelle querelle, cette fois-ci entre la Deutsche Gesellschaft für Soziologie (DGS) et l’Akademie für Soziologie (Académie de sociologie). Un certain nombre de sociologues qui adhèrent à l’individualisme méthodologique et à une certaine image positiviste des enquêtes quantitatives ont fait scission ; ils ont quitté la DGS pour fonder cette nouvelle Académie. Ils se réclament de différents standards de qualité, surtout de la publication dans des revues à double blind peer review, et d’un autre rapport au public extra-académique49. En dernière instance, il s’agit d’une querelle sur la question de savoir quelle est la « vraie » sociologie, la « vraie » science. J’y vois surtout une continuation de la querelle sur les jugements de valeur qui resurgit en quelque sorte tous les cinquante ans, avec la querelle sur le positivisme comme dernier avatar à la fin des années 1960.

  • 50 Voir par exemple Hertz, 2007 ; Moebius, 2006b ; Moebius et al., 2014 ; Moebius et Nungesser, 2014.

Martin Strauss : Vous avez aussi travaillé sur l’histoire de la sociologie française, par exemple sur le Collège de sociologie ou sur la réception de Mauss. En plus, vous avez collaboré à plusieurs traductions50. Est-ce que vous avez l’impression qu’il y a des particularités de l’historiographie germanophone par rapport à l’historiographie française – que ce soit au niveau des sujets abordés ou des méthodes employées ?

  • 51 Pour ce réseau thématique qui existe depuis 1971, voir : https://www.isa-sociology.org/en/research (...)
  • 52 Pour un recueil récent sur cette question, voir Christ et Suderland, 2014.
  • 53 Peter, 2018.
  • 54 Uta Gerhardt, née en 1938, est professeure émérite en sociologie générale (allgemeine Soziologie) (...)

Stephan Moebius : Je perçois un intérêt pour l’histoire de la sociologie aussi dans d’autres pays – en France, en Angleterre, aux Etats-Unis – et au niveau international où il y a, par exemple, un research committee sur l’histoire de la sociologie au sein de l’International Sociological Association (ISA)51. Quant aux objets spécifiques de l’historiographie germanophone, il y avait, surtout depuis les années 1980, la réflexion sur le national-socialisme52. Une autre question était de savoir s’il y avait une sociologie en RDA53. Ces questions me semblent sans équivalent en France parce qu’elles remontent à la particularité des contextes sociaux dans lesquels évolue l’historiographie de la sociologie. En termes d’approches, ce qui me semble particulièrement allemand – non pas autrichien ou suisse – est l’accent sur une sorte d’histoire herméneutique des idées avec une focalisation sur les maîtres-penseurs comme Weber, parfois avec un côté hagiographique. Il existe par exemple un livre d’Uta Gerhardt54 qui s’intitule Soziologie im zwanzigsten Jahrhundert (Sociologie au vingtième siècle) et qui ne contient que les « vrais » sociologues – Weber, Simmel, Parsons – tous les autres sont présentés comme étant marginaux. Ce penchant pour une histoire des idées quasi-philosophique a longtemps été la marque de la sociologie allemande. Ici, nous pouvons apprendre des autres traditions en historiographie de la sociologie. Ce que je trouve par exemple formidable dans les recherches sur Durkheim et son école par Philippe Besnard, c’est qu’il en ressort que Durkheim n’était pas un génie solitaire, mais qu’il faisait ses recherches au sein d’un collectif, avec Marcel Mauss, Henri Hubert et d’autres. Cette production collective des connaissances en sociologie reste encore à explorer dans le cas de Max Weber ou Georg Simmel.

Martin Strauss : Mis à part la question des chaires, qu’en est-il aujourd’hui de l’institutionnalisation de l’historiographie de la sociologie dans l’espace germanophone ?

Stephan Moebius : C’est une question d’une grande actualité. Nous avons finalement réussi, en 2019, à créer une section indépendante « Historiographie de la sociologie » (Soziologiegeschichte) au sein de la Deutsche Gesellschaft für Soziologie. « Nous », c’était surtout tous ces collègues, et parmi eux beaucoup de jeunes, qui s’étaient retrouvés depuis plusieurs années lors des Ateliers sur l’histoire de la sociologie germanophone. Depuis longtemps, il existait déjà une section correspondante au sein de la Österreichische Gesellschaft für Soziologie (Société autrichienne de sociologie)55, mais bizarrement il n’y avait pas d’équivalent allemand. Il existait juste un groupe de travail pour « l’histoire sociale et l’histoire des idées sociologiques », mais ce dernier n’était pas très ouvert56. Pour cette raison, nous voulions établir un nouveau cadre. À travers le Manuel, les Ateliers, les Écoles de Printemps, et avec tous ces gens que nous avons pu rassembler, nous continuons maintenant d’animer cette section57. Pour l’instant, c’est bien parti, il y a beaucoup d’idées. Pour le grand congrès de la DGS à Berlin en 2020 nous organisons plusieurs sessions, par exemple sur l’histoire de la sociologie à Berlin-Est et Berlin-Ouest, sur les conflits sociaux comme moteur de la sociologie, sur la deuxième génération de la sociologie dans la RFA (Dahrendorf, Habermas, Luhmann, Mayntz, Popitz, Bahrdt, etc.) ou sur Max Weber et Georg Simmel.

Martin Strauss : Jusqu’à quel point, selon vous, l’historiographie de la sociologie devrait-elle s’autonomiser ? Par exemple, devrait-il y avoir des formations indépendantes en histoire de la sociologie ? L’historiographie de la sociologie devrait-elle être établie comme une sociologie spécialisée au sein de la discipline ? Et comment concevez-vous le rapport avec la sociologie générale ?

  • 58 En langue allemande, les noms des sociologies spécialisées (par exemple, la sociologie de l’éducat (...)

Stephan Moebius : Évidemment, des collèges doctoraux (Graduiertenkollegs) sur l’historiographie de la sociologie seraient utiles. On a déjà fait des tentatives dans cette direction à Graz. En revanche, il faudrait aussi tenir compte des débouchés professionnels des diplômés issus de ces filières. Ce qui importe de mon point de vue, c’est que l’histoire de la sociologie soit renforcée au niveau de l’enseignement. Aucune discipline ne devrait se priver de connaissances sur comment elle était née et comment elle a évolué dans un contexte spécifique. Je conçois le rapport entre l’historiographie de la sociologie et la sociologie générale en analogie avec la sociologie de la culture. Même si nous avons fondé une section Soziologiegeschichte au sein de la DGS, l’historiographie de la sociologie n’est pas pour autant une « sociologie à trait d’union » (Bindestrichsoziologie)58 ou une sociologie spécialisée. C’est la même chose avec la sociologie de la culture. Puisque tous les phénomènes sociaux impliquent des « significations », la sociologie de la culture n’est pas une sociologie spécialisée, mais une sociologie générale. De la même manière, toutes les théories et méthodes sociologiques sont prises dans l’histoire et son évolution. Pour cette raison, l’historiographie de la sociologie traverse toutes les sociologies spécialisées qui, quant à elles, ont leur propre histoire. Pour perpétuer une forme de conscience historique, il est important d’institutionnaliser l’historiographie de la sociologie comme une section indépendante. En revanche, elle n’est pas une sociologie spécialisée, mais une sociologie générale.

L’historiographie sociologique de la sociologie dans ses rapports avec d’autres disciplines

Martin Strauss : Dans ce contexte, il se pose aussi la question des rapports que l’historiographie de la sociologie devrait entretenir avec d’autres disciplines. Quelles sont, selon vous, les fonctions qu’elle remplit non seulement pour la discipline sociologique, mais aussi pour l’histoire des autres disciplines et l’histoire des sciences en général ?

Stephan Moebius : L’historiographie de la sociologie a d’abord plusieurs fonctions au sein de la sociologie. Pour commencer, elle maintient la conscience de l’évolution historique, de ce que sont devenues (Gewordensein) les théories sociologiques. Elle empêche, ensuite, que l’on essaie de réinventer sans cesse la roue dès lors que l’on connaît les options qui ont déjà été explorées. En plus, elle montre comment la société avait été perçue par les professionnels de l’observation de la société et que des alternatives à ces visions auraient pu exister et ont été écartées – matière à explorer avec les moyens de l’analyse des discours, par exemple. Pourquoi, par exemple, Helmut Schelsky a-t-il diagnostiqué dans les années 1950 une « société nivelée des classes moyennes » (nivellierte Mittelstandsgesellschaft) et est-ce que ce constat était correct ? Est-ce que la perception de la société par les sociologues de l’époque correspondait à la réalité sociale ? Comment ont-ils construit leur réalité ? Et la même réflexion s’applique au présent. L’historiographie de la sociologie concerne non seulement ce qui s’est passé il y a cent ans, mais aussi les sociologies contemporaines. Est-ce que des diagnostics comme ceux de la « société du risque » (Risikogesellschaft), de la « société de l’information » (Informationsgesellschaft), de la « société de la connaissance » (Wissensgesellschaft) sont au rendez-vous des réalités sociales ? Comment s’explique la prédominance de certaines théories, par exemple, celle de la théorie du choix rationnel ? Quels sont les processus en termes de pouvoir et de domination symboliques qui sous-tendent cette prédominance ? Une fonction de l’historiographie de la sociologie est de garder l’intérêt pour le présent, de maintenir une conscience de ce qui aurait été possible – comme une sorte de complément à une théorie critique de la société. Mon prochain projet, par exemple, porte sur l’histoire de la sociologie après 1990. Je me demande pourquoi – depuis le point de vue de l’histoire de la réception (wirkungsgeschichtlich) – la sociologie a perdu de son importance au sein de la société, surtout dans les médias. Aujourd’hui, quand il est question de chômage, de processus critiques ou anomiques dans la société, on s’adresse surtout aux politistes et aux économistes. Pourquoi y a-t-il si peu d’attention et de demande pour la sociologie dans l’espace public ? L’historiographie de la sociologie peut et doit contribuer à éclairer ces questions qui touchent au présent.

Martin Strauss : Quelle contribution spécifique l’historiographie de la sociologie peut-elle apporter à l’histoire générale des sciences, à l’histoire des idées et à d’autres histoires disciplinaires ?

  • 59 Bourdieu, 1988.
  • 60 Daston et Galison, 2007.
  • 61 Moebius, 2017a.
  • 62 Voir par exemple Stollberg-Rilinger, 2010 ; Mahler et Mulsow, 2014.

Stephan Moebius : Notre ambition avec le Manuel, surtout avec le second tome sur les méthodes, était aussi de procurer des ressources aux autres disciplines. Il arrive souvent que la sociologie propose aux autres disciplines des théories ou des modèles qu’elles utilisent ensuite. La sociologie contient ici un potentiel qui n’est qu’insuffisamment exploré, je pense notamment aux théories de la pratique ou aux méthodes de recherches quantitatives et qualitatives. En histoire de la philosophie, par exemple, on peut s’inspirer de la théorie des champs ou des pratiques, comme Bourdieu l’a fait à propos de la philosophie de Heidegger59. Mais on pourrait aussi concevoir les théories philosophiques et leur genèse en suivant la théorie pragmatiste, comme des réponses créatives à des problèmes pratiques spécifiques. Ce genre d’emprunt vaut également pour l’histoire de l’ethnologie où l’on pourrait obtenir de nouveaux résultats en appliquant, par exemple, l’analyse des réseaux sociaux. Évidemment, on ne peut pas utiliser les mêmes méthodologies dans toutes les études. Mais il est important – aussi pour d’autres disciplines – de recueillir toutes les approches possibles pour aborder des textes, des auteurs, des œuvres et de rester attentif aux combinaisons possibles entre ces méthodologies. Ainsi, on voit aussi les lacunes, le fait, par exemple, qu’une histoire des réceptions (Wirkungsgeschichte) fut négligée dans l’historiographie de la sociologie. Quels effets les sciences sociales avaient-elles à leur tour sur la société ou des sous-parties de la société ? Ce domaine compte toujours parmi les angles morts de l’historiographie. Quant à l’échange entre l’historiographie de la sociologie et l’histoire générale des sciences, l’intérêt vient, à mon sens, d’abord des sociologues. J’ai souvent l’impression que les historiens et historiennes des sciences se désintéressent de la sociologie parce qu’ils s’occupent traditionnellement des sciences de la nature. L’historiographie de la sociologie apparaît dans cette perspective comme trop spécialisée et ésotérique. Aussi, certains voient toujours une concurrence entre sociologie et histoire. Mais ce faisant, on passe à côté du potentiel méthodologique de l’historiographie de la sociologie. J’aimerais bien approfondir cet échange avec l’histoire des sciences car il y a d’importants points de croisement. Par exemple, on devrait se poser en sociologie la même question de l’objectivité que Lorraine Daston et Peter Galison ont étudiée pour les sciences de la nature60. Cela dit, en plus de l’histoire des sciences, il nous faut certainement aussi un échange avec d’autres domaines de l’histoire, tels l’histoire des idées ou l’histoire sociale. Ma contribution sur la méthodologie de l’histoire des idées sociologiques61 est une pareille tentative d’entrer en contact avec l’histoire des idées. Il existe aujourd’hui en Allemagne des anthologies d’histoire des idées qui reprennent des théories sociologiques, par exemple la théorie des rituels d’interaction de Randall Collins ou bien des approches en histoire et sociologie des mentalités62. Il y aurait l’occasion d’un échange réciproque et bénéfique pour les deux côtés. Nous pourrions reprendre des méthodes de l’histoire des idées, telle l’analyse des métaphores, et proposer en échange des méthodes comme l’analyse des discours, les théories des pratiques ou bien la sociologie bourdieusienne des champs. Je pense que la sociologie peut apporter beaucoup de théories, de méthodes et d’outils. Inversement, nous pouvons apprendre des autres disciplines. Tout cela reste à approfondir.

Martin Strauss : Dans le second tome du Manuel on rencontre des méthodologies et des méthodes qui relèvent surtout de la sociologie de la connaissance et des sciences. Quels sont, selon vous, les rapports entre l’historiographie de la sociologie, la sociologie de la connaissance et la sociologie des sciences ?

  • 63 Berger et Luckmann, 1966, 1969.
  • 64 Tuma et Wilke, 2018.

Stephan Moebius : Nous utilisons le terme « historiographie de la sociologie » (Soziologiegeschichte), c’est-à-dire l’analyse de l’histoire de la sociologie – pour bien distinguer les notions d’« histoire de la sociologie » (Geschichte der Soziologie) et d’« historiographie de la sociologie » (Soziologiegeschichte) – plutôt que celui de « sociologie du savoir » (Wissenssoziologie). Pourquoi ? « Sociologie du savoir » évoque en Allemagne depuis la fin des années 1960 – mis à part Mannheim – les travaux de Peter Berger et Thomas Luckmann63. Leur conception phénoménologique et constructiviste de la sociologie du savoir reste jusqu’à aujourd’hui prédominante en Allemagne. Nous, en revanche, on ne se limite pas à cette forme de sociologie du savoir. Cette dernière forme plutôt une partie de l’historiographie de la sociologie, en tant qu’objet et en tant que méthode. Elle désigne une méthode ou une théorie partielle de l’historiographie de la sociologie – une partie importante, évidemment, qui est aussi présente dans le Manuel64. De l’autre côté, on peut appliquer la sociologie du savoir, disons dans la tradition de Karl Mannheim, à une grande diversité d’objets, alors que nous, on se focalise sur l’histoire de la sociologie et des sciences sociales. Il en va de même de la sociologie des sciences. On pourrait dire que l’historiographie de la sociologie fait partie de la sociologie des sciences, n’est que la sociologie des sciences appliquée aux sciences sociales. Et en fait, le matériel que le Manuel fournit en termes de méthodes va dans le sens d’une telle application. On pourrait alors dire que l’historiographie de la sociologie est une partie particulière, historique, de la sociologie des sciences qui se focalise sur les sciences sociales avec des méthodes sociologiques, tandis que la sociologie des sciences étudie aussi d’autres sciences, surtout les sciences de la nature. En fin de compte, je ne veux pas concevoir ces rapports de manière trop rigide. La définition de ces domaines relève finalement plutôt des questions institutionnelles, organisationnelles et stratégiques. Dans un premier temps, il s’agit de partir de certains intérêts de recherche.

Martin Strauss : Quelles possibilités existent, selon vous, pour l’échange international dans le domaine de l’historiographie de la sociologie ?

  • 65 Moebius et Peter, 2004.
  • 66 Pour la revue Serendipities – Journal for the Sociology and History of the Social Sciences, voir : (...)
  • 67 Pour la revue Trivium. Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales. Deutsch-französisc (...)
  • 68 Moebius et al., 2014.

Stephan Moebius : Il serait certainement souhaitable d’intensifier l’échange et d’établir des contacts directs avec des chercheurs et chercheuses dans d’autres pays. On constate à l’échelle internationale un intérêt croissant pour une historiographie sociologique des sciences sociales. Ce que nous voudrions transmettre avec le Manuel, par exemple au public francophone, c’est la grande diversité de l’histoire de la sociologie germanophone, avec les différences notamment entre l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Au sein de ce Manuel, tout en se limitant au même espace linguistique nous développons un regard qui dépasse les frontières nationales. Il devrait en être de même entre les sociologues germanophones et les sociologues francophones, ainsi qu’avec des sociologues d’autres pays. Il reste beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Par exemple, un livre comme celui que j’avais fait en 2004 avec Lothar Peter sur la sociologie française contemporaine avait reçu relativement peu d’attention65. Ce qui manque à l’échelle internationale – à cet égard tout le monde est dans la même situation – ce sont des revues en historiographie de la sociologie. Il y a en France la Revue d’histoire des sciences humaines, dans l’espace anglophone le Journal of Classical Sociology ou le Journal of the History of the Behavioural Sciences, dans l’espace germanophone il y a depuis peu la revue Serendipities66 – fondée en 2014 à Graz – ou bien la collection annuelle Zyklos. Mais comparé à d’autres domaines de la sociologie, c’est relativement mince. Il s’agirait donc d’abord de créer une infrastructure de recherche où un échange international en historiographie de la sociologie pourrait avoir lieu. À cet égard, la revue en ligne Trivium67 a beaucoup de mérites en proposant des traductions mutuelles, par exemple dans le numéro que nous avons fait sur Marcel Mauss68 ou dans d’autres sur Kracauer ou Weber. C’est une manière intéressante de renforcer les échanges, d’autant plus que les barrières linguistiques restent en vigueur. Enfin, l’échange international dans notre domaine serait aussi souhaitable puisque les sociologies francophone, germanophone et anglophone subissent les mêmes tendances globales, notamment avec l’impératif économique dans les sciences et la société. Cela fait que certaines orientations de recherche jouissent de plus de pouvoir que d’autres et que l’on observe des exclusions. Nous devrions réfléchir ensemble à ce processus historique pour comprendre d’où il vient et où il nous amène. Ici encore, l’historiographie des sciences sociales revêtirait un potentiel critique.

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Notes

1 Stephan Moebius est professeur de « théorie et d’histoire des idées sociologiques » (soziologische Theorie und Ideengeschichte) à l’Université de Graz en Autriche (depuis 2009) et membre (wirkliches Mitglied) de l’Académie autrichienne des sciences (Österreichische Akademie der Wissenschaften). Après son doctorat (2002) et son habilitation (2005) à Brême, il a travaillé aux universités de Fribourg, Constance, Iéna et au Max Weber Center for Advanced Cultural and Social Studies à Erfurt auprès de Hans Joas. Ses recherches portent sur l’histoire et l’historiographie de la sociologie, la théorie sociologique, la sociologie de la culture, la sociologie des intellectuels et la sociologie religieuse de l’école durkheimienne. Pour une sélection de ses publications, voir la bibliographie annexe et www.stephanmoebius.com.

2 Martin Strauss est doctorant en philosophie et en sciences sociales à l’Université de Vienne et à l’École des hautes études en sciences sociales, Centre Maurice-Halbwachs (CNRS/EHESS/ENS), Paris. Il est actuellement associé au Centre Marc-Bloch, Berlin. Ses recherches portent sur l’émergence, la réception et la diffusion de théories sociologiques de l’a priori – des catégories et des concepts de temps et d’espace – en France et dans l’espace germanophone des années 1870 aux années 1940. Le travail sur ce texte a été rendu possible par une bourse « Marietta Blau » de l’Agence autrichienne pour la coopération internationale en éducation et en recherche (Österreichischer Austauschdienst). Qu’Aube Richebourg et Sébastien Zerilli soient chaleureusement remerciés pour leurs commentaires et leurs relectures de la traduction française.

3 Karl Acham, né en 1939, fut professeur d’« histoire des idées sociologiques et théorie de la science » (soziologische Ideengeschichte und Wissenschaftslehre) à l’Université de Graz (1974-2008). Ses domaines de recherche sont l’histoire des idées philosophiques et sociologiques, l’histoire des sciences humaines en Autriche, la philosophie de l’histoire, la théorie sociologique et la méthodologie des sciences humaines et sociales. Pour une sélection de ses publications, voir Acham, 1983, 1995, 1999, 2020.

4 Karl-Siegbert Rehberg, né en 1943, fut professeur de « théorie sociologique, histoire de la théorie et sociologie de la culture » (soziologische Theorie, Theoriegeschichte und Kultursoziologie) à la Technische Universität de Dresde (1992-2009). Ses domaines de recherche sont la sociologie de la culture, l’histoire de la sociologie et l’anthropologie philosophique. Voir Rehberg, 1996, 2014 ; Gehlen, 1978.

5 Klaus Lichtblau, né en 1951, fut professeur de « sociologie avec un focus sur l’histoire et la systématique de la formation de théories en sciences sociales » (Soziologie mit dem Schwerpunkt Geschichte und Systematik sozialwissenschaftlicher Theoriebildung) à l’Université de Francfort (2004-2017). Ses domaines de recherche sont l’histoire de la sociologie aux xixe et xxe siècles, les auteurs classiques des sciences sociales (Weber), l’esthétique sociologique et la sociologie de la culture. Voir Lichtblau, 1996 ; Lichtblau et Moebius, 2009 ; Lichtblau et Herrschaft, 2010 ; Oppenheimer, 2015 ; Lichtblau, 2020.

6 On traduit la distinction terminologique entre Geschichte der Soziologie et Soziologiegeschichte systématiquement par celle entre « histoire de la sociologie » (comme domaine d’objets) et « historiographie de la sociologie » (comme domaine de connaissances sur l’histoire de la sociologie). Voir pour cette distinction Peter, 2001, 2015.

7 Sur l’histoire de l’Institut de sociologie de l’Université de Graz, voir : https://soziologie.uni-graz.at/de/institut/geschichte-des-instituts/ (consulté le 14 mai 2020).

8 Christian Fleck, né en 1954, est professeur extraordinaire de sociologie à l’Université de Graz (depuis 1997), président de la Österreichische Gesellschaft für Soziologie (2005-2009). Ses domaines de recherche sont l’histoire des sciences sociales, la sociologie en Autriche, l’histoire transnationale de la sociologie, la sociologie et le national-socialisme. Voir Fleck, 1990, 1999, 2007, 2015, 2016 ; Fleck et Dayé, 2019.

9 Martin Endreß, né en 1960, est professeur de « sociologie générale » (allgemeine Soziologie) à l’Université de Trier. Il travaille sur la sociologie théorique et générale, la sociologie de la confiance, la sociologie de la connaissance, la méthodologie et l’histoire de la sociologie. Voir Endreß, 2002, 2006, 2012.

10 Pour Zyklos – Jahrbuch für Theorie und Geschichte der Soziologie, voir : https://0-www-springer-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/series/13108 (consulté le 14 mai 2020).

11 Il s’agit de la collection de manuels Springer Reference Sozialwissenschaften : https://0-www-springer-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/series/15073 (consulté le 14 mai 2020).

12 Andrea Ploder est chercheuse au pôle de recherche « Medien der Kooperation » à l’Université de Siegen, au sein du projet « Medien der Praxeologie II: Zur Methodologiegeschichte der AV-Sequenzanalyse ». Elle travaille sur les méthodes qualitatives, la théorie sociologique, l’histoire des sciences sociales et la sociologie des sciences. Voir Ploder, 2014 ; Moebius et Ploder, 2017, 2018 ; Ploder, 2018 ; Holzhauser et al., 2019.

13 Thomas S. Eberle est professeur émérite de sociologie à l’Université de Saint-Gall. Ses domaines de recherche sont la sociologie phénoménologique, la sociologie du savoir, la théorie et la méthodologie sociologiques et la sociologie en Suisse. Voir Eberle, 2000, 2005, 2017 ; Schütz, 2010. Markus Zürcher est secrétaire général de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (Schweizerische Akademie der Geistes- und Sozialwissenschaften). Ses domaines de recherche sont les science studies, la sociologie du savoir, la théorie sociologique, la politique et le management des sciences. Voir Zürcher, 1995.

14 Pour une application récente de ces interrogations à la sociologie française, voir Heilbron, 2020 [2015], en particulier 311-319.

15 Voir la section « La sociologie germanophone après 1945 : réception internationale » du premier tome du Manuel, 531-693.

16 Dans le contexte germanophone, l’étiquette Wissenssoziologie renvoie surtout aux travaux de Max Scheler et de Karl Mannheim dans les années 1920 et 1930 et aux vifs débats qu’ils ont déclenchés (Meja et Stehr, 1982). En traduisant Wissenssoziologie par « sociologie du savoir » – plutôt que par la dénomination française plus récente « sociologie de la connaissance » (voir par exemple Scheler, 1993 [1926]) – nous nous tenons aux usages des contemporains (Bonnafous, 1925 ; Aron, 1934, mais aussi 2007 [1935]). L’histoire de l’usage et de la circulation transnationale de ces différentes étiquettes reste largement à écrire. Pour les rapports entre l’historiographie de la sociologie et la sociologie du savoir, voir infra.

17 Voir notamment Moebius, 2018.

18 Sur l’importance des manuels en sciences sociales, voir Chambost, 2016.

19 Ces Ateliers sur l’histoire de la sociologie germanophone (Workshops Geschichte der deutschsprachigen Soziologie) se sont tenus en 2014 à Graz (organisés par Andrea Ploder et Stephan Moebius), en 2015 à Francfort-sur-le-Main à l’Institut für Sozialforschung (organisés par Dirk Braunstein et Fabian Link), en 2016 à Constance au Sozialwissenschaftliches Archiv (organisés par Jochen Dreher), en 2017 à Brunswick (organisés par Nicole Holzhauser et Stephan Moebius), en 2018 à Göttingen dans le cadre du congrès de la Deutsche Gesellschaft für Soziologie et en 2019 à Essen (organisés par Uwe Dörk et Alexander Wierzock).

20 Moebius et Dayé, 2015.

21 Peter, 2001, 2015.

22 Fleck, 1999.

23 Pour le programme doctoral « Sociologie et histoire des sciences sociales et culturelles » à l’Université de Graz, voir : https://doktoratsprogramm-geschichte-soziologie-sozialwissenschaften.uni-graz.at/de/. Pour les Écoles de Printemps (Spring Schools) annuelles, voir : http://doktoratsprogramm-geschichte-soziologie-sozialwissenschaften.uni-graz.at/de/spring-schools (sites consultés le 15 mai 2020).

24 Nicole Holzhauser est chercheuse postdoctorale à l’Institut de sciences sociales de la Technische Universität Brunswick et directrice des archives Theodor Geiger. Elle travaille sur les théories et méthodes sociologiques et leur histoire, sur la sociologie des sciences, du travail et de l’organisation. Voir Holzhauser, 2015, 2017a, 2017b, 2018, 2019.

25 Pour le groupe de travail « Histoire de la sociologie » au sein de la « Commission pour l’histoire et la philosophie des sciences » de l’Académie autrichienne des sciences, voir : https://www.oeaw.ac.at/kgpw/geschichte-der-soziologie/ (consulté le 15 mai 2020). Pour un résultat de ce groupe de travail, voir Acham, 2020.

26 Rehberg, Fischer et Moebius, 2015.

27 Kaesler, 1984 ; Lepenies, 1981a ; Stölting, 1986.

28 Mannheim, 1953 [1934].

29 Pour toute cette controverse, voir König, 1959 ; Schelsky, 1959 ; Lepsius, 1979 ; Schelsky, 1981. Sur Schelsky et son implication dans le national-socialisme, voir Schäfer, 2017. Sur René König, voir Moebius, 2015, 2016. Sur l’histoire de la Kölner Zeitschrift für Soziologie und Sozialpsychologie, voir Andreß, Grunow et Schwinn, 2017 ; Moebius, 2017b.

30 Carsten Klingemann, né en 1950, fut professeur extraordinaire dans l’unité de recherche « Sciences culturelles et sociales » à l’Université d’Osnabrück (jusqu’en 2015). Il travaille sur la sociologie sous le national-socialisme et sur la théorie et les méthodes sociologiques. Voir Klingemann, 1987, 1996, 2009. Otthein Rammstedt (1938-2020), fut professeur émérite de « sociologie avec un focus sur l’histoire de la sociologie et la philosophie sociale » (Soziologie, insbesondere Soziologiegeschichte und Sozialphilosophie) à l’Université de Bielefeld, éditeur des œuvres complètes de Georg Simmel (1998-2016) et président de la Société Georg-Simmel. Ses travaux portent sur la sociologie sous le national-socialisme et sur Georg Simmel. Voir Rammstedt, 1986, 1998 ; Simmel, 1998-2016. Pour les autres auteurs, voir Weyer, 1984 et Stölting, 1986.

31 Kaesler, 1984, 1999a, 1999b.

32 Ce Jahrbuch für Soziologiegeschichte fut publié entre 1900 et 1998. Pour les derniers numéros, voir : https://0-www-springer-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/series/10495 (consulté le 15 mai 2020).

33 Lichtblau, 1996 ; Blomert, 1999 ; Acham, 1999 ; Fleck, 2007.

34 Lothar Peter, né en 1942, est professeur émérite à l’Université de Brême (chaire de « sociologie industrielle » de 1973 à 2005). Ses domaines de recherche sont la sociologie industrielle et la sociologie du travail, l’histoire de la sociologie et la théorie sociologique. Voir Peter, 1972, 1991, 2016 ; Moebius et Peter, 2004.

35 Peter, 2001.

36 Moebius, 2003.

37 Moebius, 2006a.

38 Joas, 1987 ; Fitzi, Joas et Marcucci, 2017.

39 Lepenies, 1981b.

40 Voir par exemple Kaesler, 2014 ; Kaube, 2014.

41 Lichtblau et Moebius, 2009 ; voir aussi : https://0-www-springer-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/series/12284 (consulté le 18 mai 2020). Pour les volumes récemment publiés dans cette collection, voir Sombart, 2018 ; Mannheim, 2019 ; Parsons, 2019. Pour un compte-rendu de la thèse allemande de Parsons, voir Bruhns, 2019.

42 Dans la traduction de ce terme forgé par Karl Mannheim, on suit Mannheim, 2006 [1929].

43 Kaesler, 2015.

44 Sur les différentes « écoles » de sociologie en RFA, voir Moebius et Fischer, 2019. Sur la question des « écoles » en sciences sociales en général, voir Orain et Marcel, 2018.

45 Turner et Holmwood, 2014 ; voir aussi : https://www.palgrave.com/gp/series/14477 (consulté le 18 mai 2020). Sur l’espace germanophone, voir Fleck, 2016.

46 Adorno et al., 1969. Pour une contextualisation intellectuelle de cette controverse, voir Dahms, 1994.

47 Meja et Stehr, 1982.

48 Kneer et Moebius, 2010.

49 Voir sur ce débat le site de l’Akademie für Soziologie (https://akademie-soziologie.de/en/) et la réaction de la Deutsche Gesellschaft für Soziologie (https://soziologie.de/aktuell/stellungnahmen/news/stellungnahme-der-dgs-zur-gruendung-einer-akademie-fuer-soziologie, sites consultés le 18 mai 2020).

50 Voir par exemple Hertz, 2007 ; Moebius, 2006b ; Moebius et al., 2014 ; Moebius et Nungesser, 2014.

51 Pour ce réseau thématique qui existe depuis 1971, voir : https://www.isa-sociology.org/en/research-networks/research-committees/rc08-history-of-sociology (consulté le 18 mai 2020).

52 Pour un recueil récent sur cette question, voir Christ et Suderland, 2014.

53 Peter, 2018.

54 Uta Gerhardt, née en 1938, est professeure émérite en sociologie générale (allgemeine Soziologie) à l’Université de Heidelberg. Ses travaux portent sur la théorie sociologique et son histoire, surtout les concepts de « rôle social » et d’« idéal-type », sur Talcott Parsons, les transferts entre sociologies américaine et allemande après la Seconde Guerre mondiale et sur la sociologie de la médecine. Voir Gerhardt, 1971, 2001, 2002, 2005, 2009, 2014.

55 Pour cette section, voir : https://oegs.ac.at/geschichte-der-soziologie/ (consulté le 18 mai 2020).

56 Pour ce groupe de travail « Sozial- und Ideengeschichte der Soziologie », voir : https://soziologie.de/sektionen/arbeitsgemeinschaften/ag-sozial-und-ideengeschichte-der-soziologie (consulté le 18 mai 2020).

57 Pour suivre les activités de la nouvelle section « Historiographie de la sociologie » (Soziologiegeschichte), voir : https://soziologiegeschichte.wordpress.com/ag/ (consulté le 18 mai 2020).

58 En langue allemande, les noms des sociologies spécialisées (par exemple, la sociologie de l’éducation, de la culture, du travail) sont construits comme des mots composés (par exemple, Bildungssoziologie, Kultursoziologie, Arbeitssoziologie) dont les parties peuvent être séparées par un trait d’union (par exemple, Bildungs-soziologie).

59 Bourdieu, 1988.

60 Daston et Galison, 2007.

61 Moebius, 2017a.

62 Voir par exemple Stollberg-Rilinger, 2010 ; Mahler et Mulsow, 2014.

63 Berger et Luckmann, 1966, 1969.

64 Tuma et Wilke, 2018.

65 Moebius et Peter, 2004.

66 Pour la revue Serendipities – Journal for the Sociology and History of the Social Sciences, voir : http://unipub.uni-graz.at/serendipities (consulté le 19 mai 2020).

67 Pour la revue Trivium. Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales. Deutsch-französische Zeitschrift für Geistes- und Sozialwissenschaften, voir : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trivium/ (consulté le 19 mai 2020).

68 Moebius et al., 2014.

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Pour citer cet article

Référence papier

Martin Strauss et Stephan Moebius, « « Créer ensemble un nouveau champ d’études ». Entretien avec Stephan Moebius sur l’historiographie de la sociologie germanophone »Revue d’histoire des sciences humaines, 37 | 2020, 293-318.

Référence électronique

Martin Strauss et Stephan Moebius, « « Créer ensemble un nouveau champ d’études ». Entretien avec Stephan Moebius sur l’historiographie de la sociologie germanophone »Revue d’histoire des sciences humaines [En ligne], 37 | 2020, mis en ligne le 01 avril 2021, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhsh/5466 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rhsh.5466

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Auteurs

Martin Strauss

Articles du même auteur

  • Stephan Moebius et Andrea Ploder (dir.), Handbuch Geschichte der deutschsprachigen Soziologie. Band 1: Geschichte der Soziologie im deutschsprachigen Raum, Wiesbaden, Springer VS (Springer Reference Sozialwissenschaften), 2018, 1 122 pages | Stephan Moebius et Andrea Ploder (dir.), Handbuch Geschichte der deutschsprachigen Soziologie. Band 2: Forschungsdesign, Theorien und Methoden, Wiesbaden, Springer VS (Springer Reference Sozialwissenschaften), 2017, 412 pages | Nicole Holzhauser, Andrea Ploder, Stephan Moebius et Oliver Römer, Handbuch Geschichte der deutschsprachigen Soziologie. Band 3: Zeittafel, Wiesbaden, Springer VS (Springer Reference Sozialwissenschaften), 2019, 106 pages
    Paru dans Revue d’histoire des sciences humaines, 37 | 2020

Stephan Moebius

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