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Dossier - Cultures olympiques. Appropriations, pratiques, représentations
Le tournant de l’entre-deux-guerres

Vers une vie nouvelle, de Josef Suk, marche distinguée lors des Jeux olympiques de Los Angeles (1932) : modèle ou contre-modèle des musiques olympiques ?

Josef Suk’s Towards a New Life, a march that won distinction at the Los Angeles Olympic Games (1932): model or counter-model for Olympic music?
Didier Francfort

Résumés

L’instrumentalisation de la musique et du sport dans les régimes totalitaires s’est accentuée dans les années 1930, en particulier lors de l’olympiade de Berlin. Des musiques d’allure allègrement martiale échappent pourtant à cette logique et restent en usage dans un contexte où le sport est placé au service d’un idéal universel pacifique. Une œuvre d’un compositeur tchèque, Josef Suk, composée initialement comme marche patriotique de la jeune république de Tchécoslovaquie, est devenue, non sans mal et sans débats, un symbole national grâce à une médaille olympique obtenue aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1932.

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Texte intégral

1Dans le flot des compositions de circonstance ayant accompagné les cérémonies solennelles et des pièces musicales ayant participé aux compétitions artistiques des Jeux olympiques contemporains, rares sont les œuvres musicales qui n’ont pas sombré dans l’oubli et l’indifférence. Il faut rappeler que, lors des cérémonies olympiques d’ouverture ou de clôture des Jeux, les musiques utilisées pour accentuer la solennité de la manifestation ou pour divertir le public sont souvent des reprises d’œuvres connues1. Lorsqu’une œuvre originale est jouée et parfois primée lors d’une édition des Jeux, on insiste sur le fait que l’exploit est rare2. Ainsi, à Amsterdam, en 1928, le compositeur danois Rudolph Simonsen a obtenu une médaille de bronze pour sa deuxième symphonie Hellas qui avait été créée à Berlin en 19213. Parmi les exceptions figurent également le lauréat des Jeux de Berlin en 1936, Egon Egk, qui a obtenu une médaille d’or avec une suite orchestrale intitulée Olympische Jugend4, et, lors de la même XIe Olympiade5, Richard Strauss qui a composé un Hymne olympique6. Toutes ces œuvres ont été conservées et enregistrées, même si elles ne sont pas les plus célèbres du catalogue de leur compositeur. En revanche, à part l’Hymne olympique (Ολυμπιακός Ύμνος)7 de Spýros Samáras et Kostís Palamás (1896), la plupart des œuvres musicales liées aux Jeux olympiques, qu’elles aient participé au concours artistique ou seulement été commandées pour une cérémonie, sont aujourd’hui difficilement accessibles, à une exception près : la composition de Josef Suk Vers une nouvelle vie (V nový život) qui a obtenu une médaille d’argent aux Jeux de Los Angeles en 1932. Si la genèse et la réception de cette œuvre ont bien été étudiées dans les travaux de Marek Waic et Zdeněk Škoda8, nous insisterons ici sur certains traits caractéristiques formels de la composition et sur ce qui explique la longévité de sa présence dans le répertoire, attestée par les catalogues discographiques et les diverses reprises accessibles en ligne. Nous essaierons aussi de replacer cette composition médaillée dans un corpus de musiques ayant joué un même rôle social d’accompagnement des pratiques sportives.

2Une première hypothèse est que cette musique s’est imposée de façon durable en s’inscrivant au cours des années 1930 dans les dispositifs de mobilisation de type autoritaire qui s’étaient épanouis aux Jeux de Berlin en 1936. La musique serait ainsi un indice d’instrumentalisation et de militarisation du sport. L’auditeur de la marche de Josef Suk méconnaissant le contexte de sa création risque vite de la cataloguer comme une marche militariste conforme aux dispositifs de mobilisation qu’imposent les régimes tels que le fascisme, le nazisme, le stalinisme mais aussi des régimes comme l’État corporatiste autrichien, le franquisme ou le salazarisme. Les démocraties libérales ne dédaignent d’ailleurs pas associer des fanfares plus ou moins militarisées aux manifestations sportives spectaculaires de masse avec, par exemple, le répertoire des marches américaines de John Philip Sousa. Une recherche sur les conditions du succès de la composition de Josef Suk et de son inscription durable dans le répertoire ne peut par conséquent se contenter de replacer l’œuvre dans un contexte global et indistinct de militarisation des sociétés marchant inéluctablement vers la guerre, ne serait-ce que parce que l’histoire de l’Europe centrale dans l’entre-deux-Guerres a fait de la Tchécoslovaquie une « exception » démocratique dans une région basculant souvent vers la dictature.

Une musique intégrée aux dispositifs de mobilisation des masses par le sport ?

3Les Jeux olympiques de Los Angeles en 1932 s’inscrivent dans une décennie qui voit se multiplier les formes de mobilisation dans des manifestations sportives spectaculaires de masse. L’esthétisation du sport associant la musique aux émotions collectives coïncide avec l’essor du cinéma parlant et culmine avec les Jeux de Berlin en 1936 – il suffit de songer aux films de Leni Riefenstahl9 –, mais ce phénomène est loin de ne caractériser que l’Allemagne nazie. L’Italie mussolinienne a elle aussi mis en place un véritable rituel avec la « leva fascista »10 et à Moscou les parades sportives se succèdent sur un rythme martial11 – le film musical soviétique Le Cirque (Цирк), réalisé par Grigori Aleksandrov en 1936, s’achève ainsi de façon triomphale par un défilé sur une musique d’Isaac Dounaïevski12. Mais le caractère allègre et martial des marches accompagnant les grands événement sportifs se retrouve dans les démocraties libérales : un film de Dudley Murphy réalisé en 1932, consacré à la vie et à la presse sportives, est intitulé The Sport Parade, tandis que lors d’un meeting d’athlétisme féminin filmé à Charleville en 1930, des passages chorégraphiés alternent avec un défilé sur une marche militaire13.

  • 14 Didier Francfort, « Pour une approche historique comparée des musiques militaires », Vingtième Sièc (...)

4La référence aux musiques militaires n’est d’ailleurs pas nécessairement un indice de militarisation des sociétés14. Une œuvre majeure de la compositrice tchèque Vítězslava Kaprálová, morte prématurément en exil en France en juin 1940, est une Sinfonietta militaire (Vojenská symfonieta). L’œuvre de Suk primée à Los Angeles, si elle reflète une tendance à la militarisation du sport, s’inscrit ainsi dans un contexte tchécoslovaque spécifique de construction nationale dans lequel la place de la musique est centrale.

Une candidature paradoxale de réparation

  • 15 Vladimír Helfert, « Un demi-siècle de la musique tchèque du point de vue européen », dans La Musiqu (...)
  • 16 Radio Prague International, « Les plus grandes œuvres de la musique classique tchèque : Josef Suk-V (...)

5La distinction obtenue à Los Angeles en 1932 par la composition de Suk apparaît à bien des égards comme la reconnaissance tardive d’une œuvre singulière d’un compositeur majeur, présenté par exemple par le musicologue Vladimír Helfert comme un des plus importants de la jeune république de Tchécoslovaquie15. Digne successeur de Smetana et, surtout, de Dvořák (son maître et son beau-père), il participe à l’essor culturel qui accompagne la naissance de la Première République tchécoslovaque avec le compositeur morave Leoš Janáček. C’est dans l’exaltation de l’indépendance proclamée à la fin de la Première Guerre mondiale que Suk a composé sa marche16. Cependant, cela avait été une épreuve humiliante.

  • 17 Les nombreuses archives photographiques digitalisées de Šechtl et Voseček, à Tábor, donne une idée (...)

6En 1920, le Sokol (« faucon ») avait lancé un concours pour choisir ce qui devait devenir sa nouvelle musique de marche officielle, adaptée aux nouvelles conditions politiques du pays. Le mouvement gymnique était une des institutions patriotiques mises en place dès le XIXe siècle sous la domination austro-hongroise. Fondé en 1862 par Miroslav Tyrš et Jindřich Fügner comme réponse au Turnverein allemand, il s’inspirait de l’idéal de la Grèce antique bien avant l’invention de l’olympisme moderne par Coubertin. Avant la Première Guerre mondiale, le Sokol organisait ainsi des manifestations artistiques, des rassemblements de masse et des activités sportives, permettant à de simples citoyens de défiler en uniforme pour prouver leur patriotisme17. Josef Suk participe au concours, mais préfère présenter sa marche patriotique sous un pseudonyme. Son œuvre ne parvient pas à convaincre le jury, composé essentiellement de dirigeants de l’association : elle est trop audacieuse et considérée comme trop peu « entraînante ». Par la suite, Josef Suk réalise plusieurs nouvelles versions, en particulier une avec chœur sur des paroles de Petr Ladislav Křička renforçant le caractère patriotique de la marche : « Nuž vzhůru dítky národa! » (« Eh bien, réveillez-vous enfant de la nation ! »).

  • 18 Voir Joseph Horowitz, Dvorak in America: In Search of the New World, McLean (Virginia), Open Court (...)

7En 1932, le Sokol est sollicité pour contribuer financièrement à l’envoi d’une délégation d’athlètes tchécoslovaques aux Jeux de Los Angeles, le jeune État et les fédérations sportives ayant du mal à payer le transport vers le Nouveau Monde. La participation à une manifestation d’ampleur internationale aux États-Unis a une grande portée symbolique : c’est en effet à Philadelphie, dans l’Independence Hall, que Tomáš Masaryk a proclamé, le 18 octobre 1918, l’indépendance de la Tchécoslovaquie et, en 1919, la gare centrale de Prague a été renommée Gare Wilson, du nom du président des États-Unis. Dans le domaine musical, on peut également rappeler l’importance du voyage en Amérique du maître de Suk, Antonín Dvořák18. L’avantage de participer à la compétition musicale olympique est que le candidat n’a pas besoin d’être physiquement présent lors de l’épreuve, ce qui permet de faire des économies. Par ailleurs, la délégation sportive tchécoslovaque obtient à Los Angeles des médailles dans des sports significatifs des valeurs patriotiques du Sokol : l’haltérophile Jaroslav Skobla est couronné d’or, tandis que Josef Urban, champion de lutte gréco-romaine, remporte une médaille d’argent.

  • 19 Vladimír Helfert, « Un demi-siècle… », art. cité.

8L’œuvre de Suk est néanmoins peu soutenue, probablement parce qu’il existe une cabale hostile à la famille Dvořák dans la vie culturelle tchécoslovaque. Le redoutable critique musical Zdeněk Nejedlý enseigne par exemple au conservatoire et à l’université une version de l’histoire de la musique tchèque présentant Smetana comme le seul grand compositeur national et dévalorisant Dvořák et ses disciples, en particulier Josef Suk. Après la Seconde Guerre mondiale, Nejedlý a pu imposer cette esthétique officielle en devenant ministre de la Culture lors de la phase de stalinisation du pays. Dans ce contexte, le succès de Suk à Los Angeles a été un point marqué par le camp des admirateurs de Dvořák. L’esthétique de ces derniers en vient ainsi à dépasser les limites de la nation et à gagner une dimension non seulement européenne, mais mondiale – comme l’affirmait Vladimír Helfert, qui après avoir été l’élève de Zdeněk Nejedlý s’est écarté de ses théories pour défendre des compositeurs comme Josef Suk ou comme Leoš Janáček19.

La marche du temps

9Les compositions pour fanfares et les marches plus ou moins militaires ont souvent été considérées avec le plus grand sérieux par les compositeurs tchèques. Antonín Dvořák avait donné le ton avec sa Marche Solennelle (Slavnostní pochod) op. 5420, mais l’autre compositeur de référence, Bedřich Smetana, n’avait lui non plus pas dédaigné le genre des musiques d’allure martiale. On a tiré de son opéra fondateur, Libuše, une « fanfare », brève pièce rappelant le public après un entracte, pièce devenue une forme de musique solennelle accompagnant, depuis la Révolution de Velours, l’arrivée du président de la République21. Cela n’est pas sans évoquer les fanfares du Festival de Bayreuth qui, dès 1876 – Richard Wagner étant un véritable organisateur d’événement spectaculaire –, appellent le public à regagner la salle. Mais si d’illustres compositeurs acceptent de produire occasionnellement des musiques de circonstance accompagnant des manifestations publiques, le genre de la marche, associé à la valse, à la polka et aux opérettes est devenue une spécialité de compositeurs populaires dans la Double-Monarchie. On pense bien sûr à la dynastie viennoise de la famille Strauss, depuis Johann père, compositeur de la fameuse Radetzky-Marsch. Nombreux sont les compositeurs de marche originaires de Bohême ou de Moravie qui ont eu une carrière en Autriche-Hongrie et parfois à l’extérieur : Karel Komzák (père et fils), Julius Fučík, célèbre de Sarajevo à Berlin, compositeur de la fameuse Entrée des Gladiateurs (Vjezd gladiátorů) et condisciple de Suk dans la classe de composition de Dvořák, Oskar Nedbal qui a plutôt composé des marches légères pour le ballet ou Bohuslav Leopold, qui a composé une marche reprise dans le répertoire soviétique. Cependant, les Tchèques n’ont pas le monopole de la composition de marches : les Viennois Carl Millöcker et Carl Michael Ziehrer s’inscrivent dans la même tradition, souvent joyeuse, et Josef Franz Wagner passe pour être « le roi autrichien de la marche » (« Österreichischen Marschkönig »)22, sa marche intitulée Unter dem Doppeladler (1891) faisant partie, aux États-Unis, du répertoire de l’orchestre de John Philip Sousa. Les compositeurs de marche sont souvent issus de dynasties de Kapellmeister militaires : c’est le cas de Ferenc Lehár, père et fils, qui viennent de Hongrie et du chef d’orchestre et compositeur tchèque Jaroslav Labský, qui a fait carrière à Oradea (Nagyvárad, Großwardein) et a composé une joyeuse marche intitulée Olympiade23.

10Dans l’Empire allemand voisin, l’usage de la marche n’est pas réservé aux exercices et aux manifestations militaires. Carl Teike, célèbre pour avoir composé en 1889 Alte Kameraden24, a également composé une marche allègrement martiale au titre paradoxal : Die Welt ohne Waffen (« Le monde sans armes »)25. L’esthétique de la marche militaire étendue à l’accompagnement de la vie sportive n’implique pas obligatoirement l’instrumentalisation du sport dans un dispositif de type autoritaire, même si des convergences peuvent être notées. La marche militaire préférée d’Adolf Hitler était la Badenweiler Marsch de Georg Fürst26, une composition ne faisant pas référence à la station thermale de la Forêt Noire mais à un épisode du début de la Première Guerre mondiale qui avait eu lieu à Badonviller en Meurthe-et-Moselle et qui impliquait des régiments bavarois. Le même compositeur a par ailleurs écrit une FC Bayern-Marsch27 dédiée à la célèbre équipe de Munich, peu suspecte d’adhérer de façon précoce au nazisme, en particulier sous la présidence de Kurt Landauer, dirigeant juif du club de 1913 à 1933 (sauf pendant les années de guerre)28. Georg Fürst a également composé une marche dédiée à un club de ski bavarois, la Bayrischzeller Skiclub Marsch29.

11Les musiques accompagnant les démonstrations sportives sont soumises à des impératifs de rythme et d’instrumentation liées aux manifestations de masse en plein air. Dans le cas de la construction d’un nouvel ensemble tchécoslovaque, les enjeux civiques, sportifs et militaires se rejoignent. L’œuvre sans doute la plus célèbre de Leoš Janáček illustre cette convergence. Il s’agit de la Sinfonietta op. 60. Il s’agit d’une œuvre répondant en 1926 à une commande du Sokol et que le compositeur dédia à l’armée tchécoslovaque. Depuis sa création à Prague, sous la direction de Václav Talich, la Sinfonietta figure en bonne place dans le répertoire des chefs les plus prestigieux (Karel Ančerl30, Rafael Kubelík31, Georg Szell32, Sir Charles Mackerras, etc.33). Le premier mouvement, Fanfára, s’inscrit dans une esthétique proche de celle de la marche médaillée de Suk. Mais le répertoire du Sokol évite souvent de telles audaces et privilégie l’aspect entraînant et rassurant de marches populaires.

La culture du Sokol : sport et musique

12La composition de Suk a trouvé sa place dans les recueils de partition et les disques consacrés aux musiques « organiques » du Sokol aux États-Unis, dans les sociétés d’émigrés tchèques34 et en Tchécoslovaquie puis en République Tchèque35. La permanence d’un répertoire de marches du Sokol, avec un nombre restreint d’œuvres particulièrement populaires, explique les difficultés rencontrées par Suk pour imposer sa marche. Lví silou (« Par la force du lion ») de František Josef Pelz36 est restée dans les années 1930, malgré le succès de Suk à Los Angeles, un hymne officiel concurrent dans les manifestations publiques du Sokol. František Kmoch (mort en 1912) est, quant à lui, sans doute le compositeur le plus attaché au Sokol : son poste d’enseignant lui fut retiré par les autorités autrichiennes en raison de son activisme dans les orchestres du Sokol. Installé à Kolín, il fournit de façon constante des œuvres nouvelles pour les rassemblements de masse du mouvement sportif et culturel. S’il a composé d’autres œuvres (valses, polkas et mazurkas), il reste surtout célèbre pour ses marches dédiées au Sokol : Jdou sokolské šiky (Les Sokols arrivent)37, Za sokolským praporem (Sous la bannière du Sokol)38, connue aussi comme Vítězný pochod (Marche de la Victoire)39, ainsi que Sokolský den (La journée du Sokol)40. Il évoque aussi sa ville d’adoption, Kolíne Kolíne41. Alors que la musique de Kmoch est censée être une production culturelle de combat contre la domination autrichienne et la culture germanique, elle est largement reprise par des germanophones. La deuxième chaîne allemande (ZDF) a ainsi enregistré un pot-pourri d’œuvres de Kmoch interprétées, à la fin de l’époque communiste, à Prague par l’orchestre central de l’Armée populaire de Tchécoslovaquie42. La marche de Kmoch intitulée Andulko šafářova (Perruche safran)43 est reprise sous le titre Andulka comme un marqueur culturel par des orchestres composés de musiciens allemands expulsés de Bohême, des Sudètes et de l’Egerland après la Seconde Guerre mondiale, en particulier par Ernst Mosch (et ses « Original Egerländer Musikanten »44).

  • 45 Didier Francfort, « National Identity and the Double Border in Lorraine, 1870-1914 », dans Barbara  (...)

13La musique du Sokol a eu, dès avant la Première Guerre mondiale et l’indépendance tchécoslovaque, un caractère exemplaire en Europe et aux États-Unis. Ainsi la Marche Lorraine de Louis Ganne, symbolisant le redressement patriotique de la France et l’esprit de revanche après la défaite de Sedan, a été créée à Nancy lors de la VIIIe Fête fédérale de gymnastique de France en 1892. Une délégation du Sokol tchèque avait été particulièrement remarquée dans cette manifestation45 et la marche de Louis Ganne avait été jouée en son honneur.

Connotations et instrumentalisations

14La marche de Suk doit être interprétée avec « solennité et jubilation »46, comme un hymne à la vie. Elle commence par une introduction en fanfare avec une alternance d’appels de trompettes et de roulements de tambours, puis le rythme de la marche se met en place, avec son effet d’entraînement. Dans les années 1920 et 1930, ce début en fanfare évoque les représentations musicales de l’univers de l’Antiquité. Le spectacle sportif trouve sa place en même temps que d’autres manifestations de masse inspirées et rythmées par la musique. Dans les arènes antiques de Vérone, le 10 août 1913, le premier Festival d’Opéra est organisé par le ténor Giovanni Zenatello pour commémorer le centenaire de la naissance de Verdi. La représentation d’Aïda donne une grande importance spectaculaire à la Marche triomphale avec une démesure spectaculaire qui rejoint la monumentalité des manifestations olympiques. L’Antiquité est représentée avec 120 musiciens d’orchestre, 180 solistes, des dizaines de danseurs, de figurants, de comédiens, des chevaux, des bœufs et pas moins de 12 trompettes pour l’entrée triomphale des trophées de guerre… Des Pragois étaient présents dans le public, notamment Franz Kafka. Ce nouveau retour à l’Antiquité est également exploité par le jeune cinématographe dès avant le parlant, comme le montrent les travaux de Delphine Vincent47. La musique sportive est ainsi intimement liée à la naissance de musique de film. Le film Cabiria réalisé par Giovanni Pastrone sur un scénario co-écrit par Gabriele D’Annunzio était, bien sûr, muet lors de sa sortie en 1914. Néanmoins, pour accompagner les exploits de Maciste interprété par un ancien docker, Bartolomeo Pagano, Ildebrando Pizzetti a composé une musique originale48. Un genre musical se met en place autour des péplums et se précise, bien sûr, avec l’enregistrement de musiques de films, coïncidant avec la popularisation de la marche de Suk, le Sokol continuant à se présenter comme héritier de la culture grecque antique. On peut par conséquent rapprocher toutes ces musiques dans lesquelles une fanfare solennelle introduit une manifestation collective autour d’une marche triomphale. Roy Webb a été un pionnier en composant la musique du film américain Les derniers jours de Pompéi (The Last Days of Pompeii), réalisé en 1935 par Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper49. En 1935, la musique composée par Jacques Ibert et dirigée par Maurice Jaubert pour Golgotha (réalisé par Julien Duvivier) utilise les ondes Martenot pour évoquer le surnaturel et ne différencie guère musicalement la Terre Sainte des autres provinces romaines50. Après la Seconde Guerre mondiale, les codes de reconnaissance des musiques de péplums restent stables. On les retrouve dans Jules César de Joseph Mankiewicz, réalisé en 1953, avec la musique de Miklós Rózsa51 qui a aussi composé la musique de Ben Hur réalisé en 1959 par William Wyler52. La parade triomphale de Commode dans La Chute de l’Empire romain (The Fall of the Roman Empire), réalisé par Anthony Mann en 1964, met en valeur la musique de Dimitri Tiomkine53.

15La façon dont V nový život s’est maintenue dans le répertoire n’est donc pas uniquement l’effet d’une réparation. À Los Angeles, l’œuvre a seulement obtenu une médaille d’argent car il ne s’agissait pas d’une composition inédite. Mais cette reconnaissance a facilité la reprise fréquente de la marche de Suk dont les apparitions et les enregistrements reflètent l’histoire du Sokol des années 1930 aux années 2000.

Destin de la marche V nový život dans une période de mobilisation et de culture de masse

16L’histoire du Sokol54 et des manifestations de masse utilisant le répertoire musical qu’il s’est constitué reflète les grands moments de l’histoire de la Tchécoslovaquie et des pays qui en ont fait partie. La foule réunie lors du Rassemblement (Svet) de 193855 témoigne, par son ampleur, de la vitalité du mouvement sportif et culturel à la veille des Accords de Munich qui présagent le démembrement du jeune État. Les actualités cinématographiques britanniques Pathé présentent alors le mouvement sportif tchécoslovaque comme un rempart de la démocratie56. L’occupation du Protectorat de Bohême-Moravie a ensuite mis fin au Sokol et de nombreux sportifs se sont engagés dans la Résistance.

17Après la Seconde Guerre mondiale, dans la Tchécoslovaquie reconstituée, le Sokol réapparaît comme un mouvement de masse. Dix ans après la manifestation de 1938, le XIe Rassemblement national57 est spectaculaire et représente un des derniers témoignages d’institutions démocratiques encore tolérées. Il rassemble 500 000 participants du 19 au 27 juin 1948 à Prague, c’est-à-dire après le Coup de février 1948 qui imposa un pouvoir exclusivement communiste. Le commentaire des actualités cinématographiques britanniques semble a posteriori bien peu lucide sur l’état de la Tchécoslovaquie en cours de stalinisation : « Tant que le Sokol reste libre, l’idéal occidental de liberté reste vivant à l’Est »58. On retrouve logiquement la musique de Suk59.

18À partir de 1955, le gouvernement communiste tchèque décide de mettre en place un ersatz de « svet » du Sokol, un vaste rassemblement sportif intitulé Spartakiade60. Les communistes tchèques cherchent à démontrer ainsi une certaine continuité patriotique et font en même temps une référence à l’Antiquité. Le succès est monumental : 750 000 gymnastes et 2 millions de spectateurs en 1960, 1 721 000 gymnastes et 2,2 millions de spectateurs en 1965. En 1970, en pleine période de « normalisation », la manifestation n’a pas lieu de peur de provoquer des expressions de dissidence. Lors de la dernière édition de la Spartakiade, qui se tient en 1985, la variété a remplacé les musiques de Suk ou de Kmoch61. Cette volonté de « démilitariser » la musique accompagnant les manifestations sportives est-elle significative d’une évolution qui caractériserait les musiques accompagnant les manifestations sportives, en particulier les rencontres olympiques ?

Vers une démilitarisation des musiques olympiques ?

19Lors des Jeux de Londres en 1948, des médailles sont décernées dans des épreuves artistiques pour la dernière fois. Trois médailles distinctes sont attribuées pour la musique : une médaille « généraliste », une médaille récompensant une composition pour la voix (chant soliste ou chœurs) et une médaille pour une composition instrumentale originale. Une seule médaille d’or est attribuée au compositeur polonais Zbigniew Turski pour sa Symfonia Olimpijska62. L’œuvre commence par un premier mouvement tourmenté qui n’a rien de triomphal. Même dans le troisième et dernier mouvement, le Tempo di Marcia a perdu tout caractère martial allègre. Lorsque l’on regarde le film officiel retraçant les temps forts des Jeux, le paysage sonore semble bien différent de celui de l’olympiade berlinoise. La référence au péplum et à la monumentalité antique l’emporte sur l’ardeur mobilisatrice. La séquence initiale du départ de la flamme olympique de Grèce est ainsi accompagnée d’appels de trompettes dignes des meilleures productions hollywoodiennes. Le défilé des délégations se fait lui sur une musique de John Philip Sousa. La proclamation du roi George VI ouvrant les Jeux, le lâcher de pigeons et l’allumage de la flamme sont suivis par un moment solennel pendant lequel est interprété une œuvre religieuse, devenue de fait l’hymne des jeux de Londres : Non nobis, Domine composé par Roger Quilter sur des paroles de Rudyard Kipling, avant la Seconde Guerre mondiale, pour un festival de musique63.

20Après les Jeux de Londres, il n’y eut plus de concours musical intégré aux épreuves sportives, mais la volonté de démontrer une démilitarisation de l’esthétique sportive s’est maintenue. Pour l’édition de 1956 (à Cortina d’Ampezzo pour les Jeux d’hiver et à Melbourne pour ceux d’été), un concours international a rassemblé, en 1955, 392 concurrents pour adopter un nouvel hymne olympique. Le lauréat fut le compositeur polonais Michał Spisak. On peut entendre cette œuvre mettant en musique un texte de Pindare dans le film officiel des Jeux de Melbourne64. Cependant, l’hymne de Spýros Samáras et Kostís Palamás, composé pour la première olympiade moderne en 1896, est devenu officiellement le seul hymne olympique reconnu par le CIO en 1959 et intégré au protocole à partir des Jeux de Rome en 1960.

21D’une certaine façon, en insistant, dans la musique comme dans le rituel, sur la continuité, relevant largement des traditions inventées, entre les Jeux modernes et les Jeux antiques, on peut tenter de gommer de l’histoire les moments intenses d’instrumentalisation des manifestations sportives par les régimes autoritaires. Cette recherche d’une permanence ancestrale dans l’accompagnement musical des Jeux, tout en cherchant à s’écarter de toute évocation belliqueuse, n’exclut pas des changements adaptant les œuvres au goût du public. Quand John Williams compose une Fanfare65 pour les jeux qui reviennent à Los Angeles en 1984, son œuvre évoque peut-être plus Star Wars que les péplums, mais il n’est pas sûr que les esthétiques soient si différentes. Rappelons que ces Jeux de Los Angeles avaient été boycottés par la plupart des pays du bloc soviétique (à l’exception de la Roumanie). Cette absence était une forme de rétorsion contre le boycottage des Jeux de Moscou, en 1980, par une cinquantaine de pays occidentaux, dont les États-Unis. Dans ce contexte de Guerre froide, il s’agissait, pour les organisateurs de ces deux olympiades, de démontrer la volonté de paix de la puissance hôte. Le film officiel des Jeux de Moscou est à cet égard significatif des usages des musiques accompagnant le sport en proclamant son caractère éminemment pacifique et sa vocation à rapprocher les peuples : des figurants, en costume drapé à l’antique, défilent sur une musique de Tchaïkovski66. Cependant, au moment de la proclamation de l’ouverture des Jeux, c’est l’hymne soviétique que l’on entend. Alors que les promoteurs des Jeux modernes avaient tenté de faire de la musique un instrument d’exaltation autour de l’idéal olympique, les hymnes nationaux se sont imposés comme des temps forts de l’histoire sportive et politique des jeux. Malgré l’existence d’hymnes communs, l’olympisme musical n’a jamais véritablement aboli l’investissement affectif dans des marqueurs nationaux.

Conclusion

22Après la Révolution de Velours, le Sokol est réapparu et la marche de Suk, qui n’avait pas été oubliée, fut l’objet de reprises et de réenregistrements fréquents. La patrimonialisation de V nový život s’est manifestée dans la coexistence de versions différentes : des interprétations anciennes rééditées en CD67, de nouvelles versions très militarisées68 ou enregistrées par des orchestres locaux69. En 2012, Jiří Bělohlávek fit connaître l’œuvre au public britannique lors d’un concert des Proms au Royal Albert Hall70 (où l’on attend que soient jouées les marches d’Elgar, comme Pomp and Circumstance71).

23La popularité de la marche symphonique de Josef Suk, d’abord accueillie fraîchement par les dirigeants du Sokol, est à présent indissolublement liée au destin de ce mouvement sportif national. Le récit du XIVe Svet, présenté, en 2006, comme un rassemblement fédéral par Radio Prague International, insiste sur la présence constante de la marche de Suk72. L’identification nationale de cette musique n’était pas évidente. Il a fallu une étape lointaine de légitimation, passant par des Jeux olympiques organisés en Californie, pour qu’elle puisse devenir un marqueur de culture nationale.

24Cette nationalisation musicale met bien en évidence une logique de réappropriation permanente des cultures de masse, qu’elles soient musicales ou sportives. Le destin d’une œuvre musicale singulière entraînante s’est ainsi conformé à la logique optimiste et progressiste de son titre, conduisant une jeune nation, en quête de reconnaissance internationale, « vers une vie nouvelle ».

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Notes

1 Aux Jeux de Londres de 2012, alors que l’orchestre dirigé par Simon Rattle exécute la musique composée par Vangelis pour les Chariots de feu (1981), le public suit Rowan Atkinson (Mr. Bean) répétant au clavier une note unique : voir https://www.youtube.com/watch?v=CwzjlmBLfrQ [consulté le 8 avril 2024].

2 On peut penser à la musique composée pour les Jeux de Montréal en 1976 par André Mathieu (à titre posthume) et Victor Vogel. Voir https://www.youtube.com/watch?v=VLYdP3meUEc [consulté le 18 mars 2024].

3 Voir https://www.youtube.com/watch?v=DjMqItcpVGY&t=1s [consulté le 8 avril 2024].

4 Voir https://www.youtube.com/watch?v=lAqKaRkHZiU et https://www.youtube.com/watch?v=ECokNrIm7kM [consultés le 8 avril 2024].

5 Voir Stefan Jena, « Die Musik zu den Olympischen Spielen 1936 in Berlin », Studien zur Musikwissenschaft, 56, p. 265-285 et Volker Kluge, « The Story of the Olympic Hymn: the poet and his composer », Journal of Olympic History, 23-2, 2015, p. 12-21.

6 Richard Strauss, Olympische Hymne, HMV et Electrola E.H. 982. Voir l’enregistrement de 1936 dirigé par Bruno Seidler-Winkler : https://www.youtube.com/watch?v=V4ggaadsvn8 [consulté le 4 avril 2024] et celui plus récent dirigé par Hayko Siemens : https://www.youtube.com/watch?v=1P6vlm5y1qU [consulté le 5 avril 2024].

7 Voir https://www.youtube.com/watch?v=91dMbm1jKS4 [consulté le 4 avril 2024]. L’hymne olympique accompagne les cérémonies d’ouverture et la remise de médailles à des athlètes apatrides, privés de leur nationalité ou citoyens de pays exclus d’une olympiade.

8 Marek Waic, Zdeněk Škoda, « The Story of a Composition: Josef Suk – Olympic Medallist and Sokol Composer », The International Journal of the History of Sport, 35/17-18, 2018, p. 1828-1844.

9 Voir Dominik Manns, « Leni Riefenstahl/ Georges Perec : un olympisme martial », Inflexions, 19-1, 2012, p. 35-39.

10 Voir https://www.youtube.com/watch?v=K0_ZHy3rzLM [consulté le 4 avril 2024].

11 Voir https://www.youtube.com/watch?v=uLa12fX0w2A [consulté le 4 avril 2024], https://www.youtube.com/watch?v=D_T9vkk9B1M et https://www.youtube.com/watch?v=z8paJRF8grA [consultés le 3 avril 2024].

12 Voir https://www.youtube.com/watch?v=FVAN0A6OWE4 [consulté le 29 mars 2024].

13 Voir https://www.youtube.com/watch?v=0bxGIRvBifE [consulté le 15 mars 2024].

14 Didier Francfort, « Pour une approche historique comparée des musiques militaires », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 85-1, 2005, p. 85-101.

15 Vladimír Helfert, « Un demi-siècle de la musique tchèque du point de vue européen », dans La Musique tchécoslovaque, Prague, Orbis, 1946, p. 33-54.

16 Radio Prague International, « Les plus grandes œuvres de la musique classique tchèque : Josef Suk-Vers une vie nouvelle », mis en ligne le 16 février 2020 : https://francais.radio.cz/les-plus-grandes-oeuvres-de-la-musique-classique-tcheque-josef-suk-vers-une-vie-8108004

17 Les nombreuses archives photographiques digitalisées de Šechtl et Voseček, à Tábor, donne une idée très diversifiée de l’activité du Sokol dans les pays tchèques. Voir https://sechtl-vosecek.ucw.cz/index.html [consulté le 3 avril 2024].

18 Voir Joseph Horowitz, Dvorak in America: In Search of the New World, McLean (Virginia), Open Court Publishing Co, 2003, et le site de la Dvorak American Heritage Association : https://www.dvoraknyc.org/dvorak-in-america [consulté le 1er avril 2024].

19 Vladimír Helfert, « Un demi-siècle… », art. cité.

20 Cette marche a été enregistrée sur un disque 45 tours de 1945 avec une marche symphonique de Suk Pod Blaníkem. Voir https://www.youtube.com/watch?v=Ui8wNX6NfGk et https://www.youtube.com/watch?v=XNvPgBBLQcY [consultés le 3 avril 2024].

21 Voir https://www.youtube.com/watch?v=TOOszdl2yKQ [consulté le 3 avril 2024].

22 Friedrich Anzenberger, « Wagner, Josef Franz », dans Oesterreichisches Musiklexikon Online : https://www.musiklexikon.ac.at/ml/musik_W/Wagner_Josef_Franz.xml [consulté le 2 avril 2024].

23 Voir https://www.youtube.com/watch?v=mTeF6HK1iEA [consulté le 10 avril 2024].

24 Voir https://www.youtube.com/watch?v=I9YBQDlREOk [consulté le 2 avril 2024].

25 Voir https://www.youtube.com/watch?v=VuSg1SUr6ig [consulté le 2 avril 2024].

26 Voir https://www.youtube.com/watch?v=DmXPU-Kx5d4 [consulté le 2 avril 2024].

27 Voir https://www.youtube.com/watch?v=pRRQH6aBypA [consulté le 2 avril 2024].

28 Voir https://fcbayern.com/en/club/fcb-club/kurt-landauer-%E2%80%A0 [consulté le 2 avril 2024].

29 Voir https://www.youtube.com/watch?v=kG9luG-gqQs [consulté le 4 avril 2024].

30 Voir https://www.youtube.com/watch?v=eGWOgESmqPQ [consulté le 2 avril 2024].

31 Voir https://www.youtube.com/watch?v=RocCDeRkIB4 [consulté le 2 avril 2024].

32 Voir https://www.youtube.com/watch?v=cIKQjRqiqgw&t=9s [consulté le 2 avril 2024].

33 Voir https://www.youtube.com/watch?v=gbncXDimwbQ [consulté le 2 avril 2024].

34 Voir https://www.discogs.com/fr/release/13032109-Unknown-Artist-Sokol-Marches [consulté le 29 mars 2024].

35 Voir https://www.discogs.com/fr/master/1258470-Velk%C3%BD-Dechov%C3%BD-Orchestr-Supraphonu-Rudolf-Urbanec-Sokolsk%C3%A9-Pochody [consulté le 2 avril 2024].

36 Voir https://www.youtube.com/watch?v=IgITJmTWHAc [consulté le 1er avril 2024].

37 Voir https://www.youtube.com/watch?v=q1Ta7AU03J4 [consulté le 10 avril 2024].

38 https://www.youtube.com/watch?v=mQcJni3GCuE [consulté le 8 avril 2024]

39 Voir https://www.youtube.com/watch?v=JuX3-DnP-vc [consulté le 8 avril 2024].

40 Voir https://www.youtube.com/watch?v=I9bzhMDu38g [consulté le 8 avril 2024].

41 Voir https://www.youtube.com/watch?v=NKEjmn8ds84 [consulté le 7 avril 2024].

42 Voir https://www.youtube.com/watch?v=ejr1OCUCHdQ [consulté le 7 avril 2024].

43 Voir https://www.youtube.com/watch?v=dDDZlTt4MR4 [consulté le 7 avril 2024].

44 Voir https://www.youtube.com/watch?v=HRPx1bBJGF4, https://www.youtube.com/watch?v=TJjylFfa_GU et

https://www.youtube.com/watch?v=V-TkXca-Gr8 [consultés le 2 avril 2024].

45 Didier Francfort, « National Identity and the Double Border in Lorraine, 1870-1914 », dans Barbara L. Kelly (dir.), French Music, Culture, and National Identity, 1870-1939, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 234-249.

46 Mise en ligne avec la partition d’une réduction pour piano : https://www.youtube.com/watch?v=cmKqSQhF6Gc [consulté le 2 avril 2024].

47 Delphine Vincent, « Comment le cinéma sonorise l’Antiquité ? Évolution et statisme de la musique des péplums

48 Voir https://www.youtube.com/watch?v=_MuMFFaqok8 [consulté le 10 avril 2024].

49 Voir https://www.youtube.com/shorts/vXDnHfOzbIo [consulté le 4 avril 2024].

50 Voir https://www.youtube.com/watch?v=1aExRixabRk [consulté le 4 avril 2024].

51 Voir https://www.youtube.com/watch?v=G94Y1vz-8v4 [consulté le 4 avril 2024].

52 Voir https://www.youtube.com/watch?v=4zGxi-7xDDw&t=9s [consulté le 10 avril 2024].

53 Voir https://www.youtube.com/watch?v=EkSV81X-gQI [consulté le 9 avril 2024].

54 Voir https://www.sokol.eu/ [consulté le 10 avril 2024].

55 Voir https://www.youtube.com/watch?v=xqXh52zf1p8 [consulté le 10 avril 2024].

56 Voir https://www.youtube.com/watch?v=ylDm0C-iHqo [consulté le 10 avril 2024].

57 Voir https://www.youtube.com/watch?v=2sQOXzBUqhI et https://www.youtube.com/watch?v=zuC7XhynJbo [consultés le 10 avril 2024].

58 Voir https://www.youtube.com/watch?v=M9ABQ6M_7gE [consulté le 10 avril 2024].

59 Voir https://www.youtube.com/watch?v=1DBTPqtR60E [consulté le 11 avril 2024]. La musique de Suk peut être entendue à 24 minutes et 7 secondes du début.

60 Voir https://francais.radio.cz/60-ans-depuis-la-premiere-spartakiade-8256223 [consulté le 10 avril 2024].

61 Voir https://www.youtube.com/watch?v=nDzbUZnY4LA et https://www.youtube.com/watch?v=dgu9cvChOlY [consultés le 10 avril 2024].

62 Voir https://www.youtube.com/watch?v=EIuPRDp6Bpc [consulté le 3 avril 2024].

63 Voir https://www.youtube.com/watch?v=7pbsPxqU1kc [consulté le 5 mai 2024].

64 Voir, à la 16e minute : https://www.youtube.com/watch?v=EDA5BvvtDsM [consulté le 5 mai 2024].

65 Voir https://www.youtube.com/watch?v=EoyRy3FpoFk [consulté le 3 avril 2024].

66 Voir https://www.youtube.com/watch?v=x5CWzfW7ank [consulté le 3 mai 2024].

67 Voir https://www.youtube.com/watch?v=ur77I6vKj8c et https://www.youtube.com/watch?v=D8iwtgXAW7Q [consultés le 10 avril 2024].

68 Voir https://www.youtube.com/watch?v=UtvW2dGsikY [consulté le 10 avril 2024].

69 Voir https://www.youtube.com/watch?v=UXLXbP63ViE et https://www.youtube.com/watch?v=UXLXbP63ViE [consultés le 10 avril 2024].

70 Voir https://www.youtube.com/watch?v=rruD198FwAU [consulté le 10 avril 2024].

71 Voir https://www.youtube.com/watch?v=gLKSDT_2zPA [consulté le 10 avril 2024].

72 Voir https://francais.radio.cz/retour-sur-la-14e-fete-federale-du-sokol-8618021 [consulté le 10 avril 2024].

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Pour citer cet article

Référence électronique

Didier Francfort, « Vers une vie nouvelle, de Josef Suk, marche distinguée lors des Jeux olympiques de Los Angeles (1932) : modèle ou contre-modèle des musiques olympiques ? »Revue d’histoire culturelle [En ligne], 8 | 2024, mis en ligne le 31 mai 2024, consulté le 30 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhc/9780 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ycl

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Auteur

Didier Francfort

Didier Francfort est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Lorraine. Ses premiers travaux ont porté sur l’immigration italienne et sur la sociabilité et la vie associative en Italie. Il s’est ensuite intéressé à la place de la musique dans la construction des cultures nationales européennes et aux circulations musicales.didier.francfort1@gmail.com

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