2Une abondante documentation (iconographique, artistique, manuscrite, photographique...) illustre l'intensité de l'action officielle de Prosper Mérimée auprès de la famille impériale, parmi les courtisans et auprès des services de la Cour, que ce soit au Palais des Tuileries ou au château de Compiègne, notamment auprès des femmes. Grâce à la reproduction des lithographies, des portraits, des livrets d'opéra, des décors de théâtre, des maquettes, des costumes, ce catalogue rend compte de son exceptionnelle personnalité, de ses succès mondains et de sa notoriété officielle qui lui valurent une grande réputation à son époque. Mais son aura déclina peu à peu jusqu'à son oubli, depuis la dernière exposition qui lui a été consacrée en 1953 à la Bibliothèque Nationale.

3Les dix organisateurs de l’exposition offrent ici une nouvelle présentation des différentes facettes de « l'homme de science et de rigueur » qui, en plus de ses activités littéraires à succès, a fréquenté les artistes, les écrivains, les plus hautes notabilités du monde politique et du monde universitaire. On peut aussi voir qu’il a beaucoup voyagé et mesuré à quel point il a œuvré à la sauvegarde et à la protection du patrimoine national, comme on l’a déjà signalé. Le catalogue est divisé en six chapitres, répartissant habilement en un tout cohérent l'extrême diversité des documents, des reproductions graphiques, des clichés photographiques, des manuscrits, des imprimés et l'ensemble des archives conservées dans les diverses bibliothèques. Sa composition s'attache à répertorier et à analyser les nombreux domaines de sa curiosité et la réussite de ses projets, de ses entreprises et de ses activités, qu'elles soient publiques ou privées. Les cinq principaux chapitres dessinent ainsi cinq portraits de Prosper Mérimée. On découvrira avec plaisir ses deux comptes-rendus du Salon de 1839, et ses trois comptes-rendus de celui de 1853 reproduits dans leur intégralité (p. 273-325) et précédés par la reproduction photographique des principales œuvres analysées dans chacun d'entre eux (p. 242-271) avec les notices correspondantes : il s’agit certainement là de l’un des apports les plus significatifs de ce catalogue, en tous cas pour l’histoire de l’art.

4L'appareil critique, constitué de 17 pages d'annexes en fin de volume auxquels il faut ajouter les paratextes qui accompagnent les reproductions est considérable par son ampleur : sont évoqués les repères chronologiques:(p. 326-328), la bibliographie sélective (p. 329-334), l'index (p. 335-339), les différentes institutions partenaires (p. 349-341).

5Cette exposition remarquable rend hommage à Prosper Mérimée dont l'œuvre et la riche personnalité symbolisent toutes les valeurs nouvelles du XIX^e siècle qui sont ici rassemblées comme témoignages d'une époque bouleversée par les guerres de Napoléon I^er et de Napoléon III, deux Révolutions (1830 et 1848), un coup d'État et cinq régimes différents (impérial, monarchique, républicain) : une époque qui, loin d'être « le stupide XIX^e siècle » de la formule de Léon Daudet, inventa la modernité dans le domaine du patrimoine auquel il a su donner une existence politique et administrative.