Présentation du numéro 8 de la Revue d’histoire culturelle (XVIIIe-XXIe siècles)
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1À quelques jours du lancement des Jeux olympiques de Paris 2024, la Revue d’histoire culturelle apporte sa pierre à l’édifice des travaux paraissant pour l’occasion. Le dossier du numéro 8 est ainsi consacré aux « cultures olympiques ». Pour notre revue, il y a là une belle opportunité de contribuer à faire du sport un objet d’histoire et d’en proposer une lecture en termes d’histoire culturelle liant étroitement imaginaires et pratiques.
2À ce stade, les deux coordinatrices tiennent à souligner l’intérêt d’interroger les origines des « cultures olympiques », leurs transformations au fil du temps, les processus d'acculturation et de mondialisation auxquels elles donnent lieu. Leur histoire est envisagée comme une invention des traditions censée s’appuyer sur le legs du matériau antique célébré par Pierre de Coubertin, intéressé autant par le réemploi de l’héritage culturel de l’Antiquité que par d’autres dimensions, artistiques et éducatives. Ce modèle culturel s’accompagne de rituels et de pratiques prenant forme dans des contextes historiques et des lieux différents – Athènes, Paris, Berlin, Moscou, Los Angeles, Tokyo... Des modèles alternatifs ont pu, avec un succès relatif, leur être opposés. Tel n’est pas le moindre des intérêts de ce dossier que d’observer, non seulement, le développement de l’olympisme tout au long du XXe siècle, marqué par la mondialisation et l’américanisation, mais aussi par des tentatives de mettre en place d’événements alternatifs – Olympiades ouvrières, Spartiakades, Jeux mondiaux féminins, Maccabiades. De quelle manière se construisent et s’enracinent des cultures olympiques singulières et quelles en sont les manifestions symboliques ? Comment se déclinent les enjeux liés au professionnalisme et à l’amateurisme ? Quelle place occupent les enjeux politiques – à l’articulation du national et de l’international –, économiques et financiers, médiatiques et ludiques ? Voilà quelques-unes des questions qui affleurent au fil des textes.
3Au-delà du dossier, ce numéro montre l’intérêt de la longue durée pour les approches culturalistes. Tel est le cas pour la rubrique « Épistémologie en débats » dont l’objet porte, cette fois-ci, sur l’épistémologie du massacre. Y sont interrogées la place et la complexité de l’analyse de la Shoah pour l’histoire de l’Ukraine et du Holodomor. Quant aux études de périodes plus anciennes, elles peuvent se révéler précieuses pour les périodes plus contemporaines, qu’il s’agisse de l’affinement des concepts utilisés, de l’appréhension des phénomènes génocidaires ou des effets mémoriels.
4Ces perspectives réflexives peuvent s’accompagner, comme pour cette livraison des « varia », d’études de cas illustrant des phénomènes plus généraux. Un article, portant sur l’association populaire des amis des musées (Apam) et sa revue, Le Musée vivant, illustre la promotion de l’art africain en France. Un deuxième décline, à propos de la Fête de l’Humanité, la pénétration de la « culture pop ». Celle-ci a d’ailleurs a fait l’objet d’une traduction récente de l’ouvrage de Bodo Mrozek, en français [Histoire de la pop : quand la culture jeune dépasse les frontières (années 1950-1960), 2024].
5Ce numéro se caractérise – comme l’habitude en a été prise – par des rubriques nourries. « Médias et écritures de l’histoire » consacre tout un dossier au cinéma devenu patrimonial, de Robert Kramer, précisément à sa trilogie Doc’s Kingdom (1989), Route One/USA (1989) et Dear Doc (1990). De son côté, la rubrique « Fictions » invite à réfléchir à la singularité des situations de production et réception d’œuvres. La différence de contextes est soulignée entre le moment où sort le livre d’Alice Géraud, Sambre, et celui de la réalisation de la série télévisée, par Jean-Xavier de Lestrade, qui en est tirée. La réflexion peut aussi porter sur les adaptations les plus récentes de l’histoire d’Élisabeth d’Autriche, la célébrissime « Sissi », dont les mises en images renvoient autant à des représentations contemporaines qu’à un imaginaire reposant sur des fondements traditionnels.
6Deux derniers points importants, selon nous, se retrouvent dans ce numéro : l’attachement au travail d’accompagnement de l’écriture des plus jeunes chercheuses et chercheurs au sein de la rubrique de l’« atelier de la recherche » ; la volonté, sans cesse réitérée, de rendre compte des recherches en cours, au sein de la rubrique « comptes rendus », toujours très fournie, comme d’ « Actualités » traquant les initiatives collectives relevant de l’histoire culturelle.
7L’étude des phénomènes passés permet d’éclairer la compréhension du présent. En cette période à la fois agitée et confuse, sur le plan national comme international, cette nouvelle livraison en constitue un beau témoignage.
References
Electronic reference
Évelyne Cohen and Pascale Goetschel, “Présentation du numéro 8 de la Revue d’histoire culturelle (XVIIIe-XXIe siècles)”, Revue d’histoire culturelle [Online], 8 | 2024, Online since 31 May 2024, connection on 06 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhc/11618; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ykf
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