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Atelier de la recherche

Modalités de réception et transferts culturels, le cas des Männerphantasien de Klaus Theweleit

Modalities of reception and cultural transfers: the case of Klaus Theweleit’s Männerphantasien
Christophe Lucchese

Résumés

En 1977, la parution de Männerphantasien en Allemagne de l’Ouest fait passer Klaus Theweleit, son auteur, du statut de jeune docteur en lettres à celui de « star intellectuelle ». Le livre, inclassable autant qu’iconoclaste, porte sur la littérature des corps francs allemands des années 1920 à travers plus de deux-cent-cinquante romans et mémoires, et s’attache à décrire un type d’homme protofasciste que l’auteur nomme « l’homme soldat » et qui a participé à la répression du mouvement ouvrier à l’orée de la République de Weimar. S’éloignant des lectures politique et économique du fascisme en cours à son époque, Klaus Theweleit analyse le fascisme en termes d’économie libidinale et de corporéité militaire forgée dans la haine des femmes. Travail pionnier outre-Rhin sur l’histoire des corps et des affects, le livre a été traduit en français avec un décalage de presque quarante ans et n’a reçu qu’un faible écho, alors même qu’il constitue une contribution originale et pionnière à l’histoire culturelle du fascisme, des sensibilités et du genre. Le présent article analyse la réception de Männerphantasien respectivement en Allemagne et dans l’espace anglophone (Grande Bretagne et États-Unis) suivant les deux modalités de la résonnance de l’ouvrage dans l’espace public (polarisation) et de son intégration dans un ou des champs disciplinaires (patrimonialisation), qui contrastent avec la réception tardive et partielle en France.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Klaus Theweleit, Männerphantasien, 2 vol., Francfort-sur-le-Main/Bâle, Stroemfeld/Roter Stern, 1977 (...)

1En 1977-1978, paraît Männerphantasien1 dans l’Allemagne de Helmut Schmidt. Klaus Theweleit, son auteur, passe en l’espace de quelques mois du statut de jeune docteur à celui de « star intellectuelle ». Le livre, inclassable autant qu’iconoclaste, porte sur la littérature des corps francs allemands des années 1920 à travers plus de deux-cent-cinquante romans et mémoires. L’auteur étudie la représentation des femmes chez les hommes qui ont participé à la répression du mouvement ouvrier, à l’orée de la République de Weimar. La lecture de ces écrits met en évidence une tendance chez les auteurs à encapsuler les sentiments dans une carapace musculaire forgée par l’institution militaire et à privilégier une forme de sexualité dominée par des images ou fantasmes de femmes dévitalisées, telles « la femme blanche » ou « la comtesse chaste », ou de femmes promises à la mort à l’image de la spartakiste ou de « la femme-flingue ». L’étude du type d’homme nommé dans cette littérature « l’homme soldat » amène Klaus Theweleit à remonter au XVIIe siècle pour retracer le « processus de civilisation » qui a façonné une forme de masculinité guerrière dans un système patriarcal.

  • 2 Voir Friedrich Pollock, « State Capitalism », Studies in Philosophy and Social Science, 9, 1941, p. (...)
  • 3 Eberhard Czichon, « Der Primat der Industrie im Kartell der nationalsozialistischen Macht », Das Ar (...)
  • 4 Wilhelm Reich, La Psychologie de masse du fascisme, traduit de l’anglais par Pierre Kamnitzer, Pari (...)
  • 5 Klaus Theweleit, Fantasmâlgories, édité et traduit par Christophe Lucchese, Paris, L’Arche éditeur, (...)

2Inédite à son époque, cette démarche se différencie des lectures cherchant entre le « primat du politique2 » ou celui de l’industrie3 celui des deux qui aurait présidé à l’émergence du fascisme en Allemagne. S’inscrivant dans les pas de Wilhelm Reich et de sa Psychologie de masse du fascisme4, Klaus Theweleit entend donc analyser le fascisme du point de vue du désir, de l’attraction du fascisme et de l’exercice de la violence. Travail pionnier outre-Rhin sur l’histoire des corps et des affects, le livre a été traduit en français avec un décalade de presque quarante ans et n’a reçu qu’un faible écho, alors même qu’il peut figurer comme une contribution à l’histoire culturelle du fascisme, des sensibilités et du genre5.

3Le présent article analyse la façon dont Männerphantasien a été respectivement perçu en Allemagne et dans l’espace anglophone (Grande Bretagne et États-Unis), et cherche à éclairer, par triangulation, les raisons pour lesquelles cet ouvrage a été ignoré ou tardivement reçu en France. On abordera successivement la résonnance de l’ouvrage dans l’espace public (polarisation), son intégration dans un ou des champs disciplinaires (patrimonialisation) avant d’essayer d’identifier les raisons de la tardive et faible acceptation de Männerphantasien en France.

Succès et polarisation

  • 6 Gisela Stelly, « Kopf-Geburten, Körper-Bauten », Die Zeit, Nr. 49, 25 novembre 1977.
  • 7 Ulrike von Guretzky, « Männerangst – Männerlust », Courage, 3, février 1978, p. 32-34.
  • 8 Rudolf Augstein, « Frauen fließen, Männer schießen », Der Spiegel, Nr. 52, 1977, p. 132-141, p. 141
  • 9 Willi Köhler, « Das aktuelle Buch », Hessischer Rundfunk, 23 février 1978, cité dans Klaus Thewelei (...)
  • 10 Prozesse. Gerichtsberichte 1967-1969, Berlin, Suhrkamp, 2015.
  • 11 Keine Ahnung von Kunst und wenig vom Geschäft. Filmkritik 1963-1968, Hambourg, Philo Fine Arts, 201 (...)
  • 12 Klaus Theweleit, « Alles muß man so machen, daß jeder, der es sieht, ausrufen kann, das kann ich au (...)

4La réception des Männerphantasien en Allemagne se caractérise par une polarisation des commentaires dans le champ médiatique grand public, à l’intersection des idées, de la politique et du féminisme. L’opposition est claire entre l’écrivaine et journaliste Gisella Stelly, dans l’hebdomadaire national Die Zeit6 qui y voit une analyse des motifs profonds de la domination patriarcale et Ulrike von Guretzky qui, dans le mensuel féministe Courage7, flaire une nouvelle ruse de la raison masculine pour éclipser la lutte féministe ; entre Rudolph Augstein qui, dans Der Spiegel, l’hebdomadaire ouest-allemand emblématique dont il est le rédacteur en chef, découvre là « plus qu’une thèse8 » et un éditeur de Fischer Verlag, une grande maison d’édition ouest-allemande, qui s’insurge, dans une émission littéraire radiophonique, contre le fait que « certains hommes […] ressentent constamment le besoin de se frapper la poitrine de repentir, et d’autres s’y entendent même pour transformer leurs autoflagellations en livres9 ». Le premier intéressé, Klaus Theweleit, a mis lui-même en exergue cette polarisation, en opérant par exemple un montage de critiques de presse sur son livre dans Die Republik, une revue à la publication irrégulière éditée par Uwe Nettelbeck – un ancien journaliste judiciaire10 et critique de cinéma11. Il publie même sous forme de document l’avis négatif du professeur en germanistique Gerhard Kaiser qui lui a coûté un poste à l’université de Fribourg12.

  • 13 Sven Reichardt, Authentizität und Gemeinschaft. Linskalternatives Leben in den siebziger und frühen (...)
  • 14 Idem, « Klaus Theweleits “Männerphantasien” – Ein Erfolgsbuch der 1970er Jahre », Zeithistorische F (...)
  • 15 Ibid., p. 411.
  • 16 Voir Lothar Baier, « In den Staub mit allen Feinden der Frau », FAZ, 18 avril 1978, pour la Théorie (...)
  • 17 Expression que l’on doit au film omnibus allemand Deutschland im Herbst sorti en 1978 réunissant no (...)

5Sven Reichardt, professeur d’histoire contemporaine à l’université allemande de Constance et spécialiste de la gauche allemande des années 1970-198013, revient dans un article de 2006 consacré à Männerphansien14 sur cette polarisation. Elle fait écho, à ses yeux, à ce qui se passe dans la société allemande, notamment autour de la question du genre15. Mais Männerphantasien ne se contente pas de révéler des tensions qui travaillent la société, il est lui-même générateur de polarisation : au sein de l’université, entre une thèse dont est issu le livre qui a reçu la mention Summa cum laude et un refus de poste à l’université Albert-Ludwigs de Fribourg sur fond de dissensus scientifique ; au sein du mouvement féministe, on l’a dit, entre « l’envie de prendre Theweleit dans ses bras » (Gisella Stelly) ou celle de ne voir en lui qu’un opportuniste (Ulrike von Guretzky) ; dans le rapport ambivalent des historien·nes à cette œuvre, lue sans être proprement discutée ; à gauche, entre des tenants de l’école de Francfort qui voient d’un mauvais œil la proximité des Männerphantasien avec le poststructuralisme français et des théoriciens de la Wertkritik (le courant de la critique de la valeur) qui y flairent une culbute gauchiste refaisant marcher la philosophie sur la tête16. La réception des Männerphantasien en Allemagne est donc à la fois massive – au sens où des médias de masse s’y intéressent – et polarisée. Elle s’opère principalement par voie de presse et les affrontements se font par articles interposés, sur fond de contexte socio-historique tendu de la fin des années 1970 que l’on a appelé l’automne allemand17.

  • 18 « [Il est] étonnant que cet ouvrage à la fois anti-académique et saturé de théorie […] ait été comm (...)
  • 19 Martin Lengwiler, « Die “Männerphantasien” von Klaus Theweleit. Von einer klassischen Studie und ih (...)
  • 20 Männerphantasien, op. cit., p. 444.

6Cependant, la réception des Männerphantasien ne se fait pas de façon uniforme dans la société allemande. D’une part, la presse offre une caisse de résonnance18 au livre, lui assurant un succès en librairie et une large diffusion, jusqu’à créer une « sensibilité dans l’opinion19 » générant, en retour, une polarisation de la critique. De l’autre, le champ académique demeure à bonne distance et de ce succès et de cette injonction à la prise de position. De ce fait, la discussion de fond sur la « nouvelle science20 » qu’appelait Theweleit de ses vœux, science qui ferait l’histoire du corps et de ses représentations tout en étant critique sur ses propres conditions de production, ne trouve pas d’interlocuteur dans le champ scientifique.

Acheminement vers la patrimonialisation

  • 21 Sven Reichardt, « Klaus Theweleits “Männerphantasien” – Ein Erfolgsbuch der 1970er Jahre », art. ci (...)

7Männerphantasien fait donc date à sa sortie en Allemagne et devient une « lecture obligatoire21 » dans un large pan de la société, mais n’accède pas pour autant à une reconnaissance institutionnelle et ne se traduit pas non plus par un poste académique pour son auteur. Dans les années qui suivent, par le truchement notamment de la traduction du livre en anglais, s’amorce cependant, en Allemagne mais surtout en Grande Bretagne et aux États-Unis, une forme de « patrimonialisation ».

  • 22 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Stéphane Olivesi, « Du patrimoine à la patrimonialisation. Perspectives (...)
  • 23 Marc Joly, Devenir Norbert Elias, Paris, Fayard, 2012, p. 25.
  • 24 Patrick Farges, « Critical Men’s Studies, Männlichkeitsgeschichte, histoire de la virilité : quelqu (...)

8Si nous empruntons ce terme au domaine institutionnel du patrimoine culturel22, nous l’en détournons pour désigner une forme de reconnaissance diffuse délimitant « un espace du pensable social-historique qui constitue le terrain commun de sa production et de sa réception »23. Par ailleurs, nous préférons au terme de canonisation celui de patrimonialisation en ceci que Männerphantasien accède à une reconnaissance indirecte : la réception du livre dans l’espace anglophone aura un rôle décisif dans le processus de réception du livre allemande et française, par un effet de « réception triangulaire »24 ou de « coup à trois bandes ». À ce titre, le cas Männerphantasien est exemplaire d’une réception asymétrique dans trois aires culturelles décalées bien qu’interconnectées.

Chassé-croisé germano-anglais

  • 25 Cora Stephan, « Gefühlskrüppel im Charakterpanzer. “Männerphantasien” von Klaus Theweleit », Der Fr (...)
  • 26 Voir Gilbert Merlio, « Le débat autour de Das Amt. Suite et fin des querelles d’historiens en Allem (...)
  • 27 Cora Stephan, « Gefühlskrüppel im Charakterpanzer. “Männerphantasien” von Klaus Theweleit », art. c (...)

9Là où la réception académique anglophone de Männerphantasien engage la première étape de patrimonialisation que l’on pourrait qualifier de critique, l’Allemagne demeure sur un régime publicistique. En Allemagne, le premier article bilan qui revient sur Männerphantasien date de 1992 et sort dans Der Freitag, un hebdomadaire libéral de gauche né en 1990, sous la plume de l’essayiste et écrivaine Cora Stephan25. Pour l’essayiste, Männerphantasien resterait stimulant si la « querelle des historiens26 » n’était pas venue imposer son exigence (plus que justifiée) de nuance et de différenciation, tempérant les élans révolutionnaires des théories post-soixante-huit : « À l’ère post-utopique, Dieu merci, on sait que la mesure humaine ne correspond à rien de plus (mais à rien de moins) qu’à la politique du moindre mal27 ». Bref, Cora Stephan muséifie plus qu’elle ne patrimonialise le livre, comme pour le neutraliser.

  • 28 Pas tout à fait non plus, comme en atteste l’article d’humeur de Jörg Lau, « Männerhaß und Männerse (...)
  • 29 Martin Lengwiler, « Die “Männerphantasien” von Klaus Theweleit. Von einer klassischen Studie und ih (...)
  • 30 Ibid., p. 142.

10En 1998, un autre article nous semble participer de ce mouvement de patrimonialisation. Il y a alors vingt ans que Männerphantasien a été publié, le recul paraît suffisant28 pour tirer un nouveau bilan. Martin Lengwiler, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bâle, historicise aussi le livre et dresse un bilan plus différencié de sa réception en Allemagne29. « Le bilan après vingt ans, écrit-il, est toutefois mitigé. Si Männerphantasien a eu du succès dans les belles-lettres, on les a peu prises en compte dans le champ historiographique – contrairement au champ littéraire30. » Or le mélange des genres entre Belletristik et Wissenschaftsbetrieb, entre « belles-lettres » et « recherche scientifique », est un effet délibéré de la part de Klaus Theweleit, qui crée, en hybridant les genres textuels, de l’incertitude chez le lecteur académique. Cette incertitude pourrait expliquer, aussi, pour partie, la difficile (et tardive) introduction et réception de l’œuvre en France.

  • 31 Richard J. Evans, « Bemerkungen zu zwei Neuerscheinungen über Mann-Frau Beziehungen im Kaiserreich (...)
  • 32 Sur la généalogie et l’élaboration de cette branche de la science historiographique, voir l’introdu (...)

11La situation aux États-Unis et en Grande-Bretagne est tout autre. Là où il aura fallu attendre vingt ans, en Allemagne, pour que paraisse un article de revue scientifique qui revienne sur le cas Männerphantasien, un professeur anglais spécialiste de l’Allemagne au XXe siècle rédige un long compte rendu du livre dès 1981. Certes, l’article est écrit en allemand dans une revue allemande de sciences sociales historiques, Geschichte und Gesellschaft31, mais Richard J. Evans aborde le livre dans une perspective extérieure au champ académique germanique. L’article traite des apports des sciences sociales à l’histoire – de la psychologie en l’occurrence – dans le contexte plus large de la « psychohistoire » alors en plein essor, en particulier aux États-Unis32.

  • 33 Lutz Niethammer, “Male Fantasies: An Argument for and with an Important New Study in History and Ps (...)
  • 34 Harry Liebersohn, “The Fascist Imagination”, Radical History Review, 20, issue 20, printemps/été 19 (...)

12Avant Richard J. Evans, Lutz Niethammer a consacré en 1979 un article à Männerphantasien dans la revue anglaise History Workshop Journal33 (talonné par Harry Liebersohn dans la Radical History Review34) en prenant davantage en compte le contexte de réception allemande. Lutz Niethammer, alors historien à Iéna, spécialiste de l’histoire allemande d’après-guerre et de l’histoire orale, écrit un long compte rendu traduit en anglais dans une revue britannique. Très documenté quant à la genèse du livre lui-même, il relève la singularité de l’ouvrage et ce qui le distingue des autres thèses publiées :

  • 35 Ibid., p. 177.

Qu’une thèse de doctorat – allemande de surcroît – soit bien écrite est un événement assez rare ; qu’elle devienne en outre un best-seller est pratiquement inédit, tant le poids des conventions académiques pèse sur les auteurs, les éloigne de leurs propres intérêts et de ceux de leur milieu intellectuel au sens large. Cette thèse a grandi « à côté » de l’université pour ainsi dire. À contrecœur elle s’est vue récompensée par les plus hautes distinctions – puis son auteur s’est vu refuser un poste d’enseignant35.

  • 36 Il y voit un mélange d’« enthousiasme plus hostilité ». Ibid.
  • 37 Ibid., p. 180.
  • 38 Ibid., p. 182. Notons que c’est ce qu’entreprendra Jonathan Littell trente ans plus tard dans Le Se (...)

13Lutz Niethammer, ajoutant à sa connaissance des us académiques germaniques une attention à la réception de l’ouvrage dans la presse, et notamment à l’accueil ambivalent à gauche36, est conscient de la « séquence médiatique » qui a suivi la publication du livre. S’il se montre enthousiaste, Lutz Niethammer regrette la « radinerie [de Klaus Theweleit] quant aux propositions thérapeutiques37 », le manque de structuration du raisonnement ou encore la longueur excessive de l’ouvrage. À son sens, le point faible du livre « est de laisser trop vague la question de la pertinence de sa thèse par rapport à la question du soutien de masse au fascisme », le « véritable test rest[ant] à faire, et dev[ant] prendre la forme d’une comparaison empirique des données sociales et biographiques38 ». Richard J. Evans ne dira pas autre chose, l’humour et la connaissance du contexte allemand en moins :

  • 39 Richard J. Evans, « Bemerkungen zu zwei Neuerscheinungen über Mann-Frau Beziehungen im Kaiserreich (...)

Malgré tous ces défauts, le livre de Theweleit reste important et devrait inciter à poursuivre la réflexion, car il est consacré à un problème central, ou plutôt à deux problèmes centraux : les racines psychologiques de la destructivité fasciste et le contenu psychologique des relations entre les sexes dans le passé39.

14Avec Lutz Niethammer et Richard J. Evans, la réception dépasse la polarisation pour accéder à une reconnaissance académique qui reste néanmoins critique. On constate que les deux modalités de réception, polarisation et patrimonialisation, correspondent à deux régimes énonciatifs différents : polarisation pour la réaction publicistique contre discussion critique dans les revues scientifiques surtout anglophones. La réception académique extra-germanique témoigne d’un réel intérêt, que ce soit chez un professeur anglais qui écrit en allemand dans une revue allemande ou chez un professeur allemand dans une revue britannique (traduit avec l’aide de Tim Mason). Des rapprochements s’opèrent, des champs se dessinent et un « espace du pensable social-historique » commence à se dégager.

Extraduction, paratexte, triangulation

  • 40 Klaus Theweleit, Male Fantasies 1: women, floods, bodies, history, traduit par Stephen Conway avec (...)
  • 41 Le volume 1 des Male Fantasies est préfacé par Barbara Ehrenreich dont le propos, de juger Sven Rei (...)
  • 42 Spécialiste américain de l’histoire européenne, notamment de l’Allemagne nazie et de l’Autriche, du (...)
  • 43 Psychanalyste new-yorkaise connue pour ses contributions dans les champs de la psychanalyse, des sc (...)
  • 44 Une bonne partie des recensions anglophones ayant été rédigées sur le premier volume, il apparaît p (...)

15La traduction anglaise en 1987-1989 de Männerphantasien sous le titre Male Fantasies40 marque une nouvelle étape de la reconnaissance du livre pavant la voie de sa patrimonialisation. L’avant-propos à la traduction41 d’Anson Rabinbach42 et de Jessica Benjamin43 fait office de synthèse de sa réception, notamment dans l’espace anglophone : il replace le livre dans son contexte socio-historique, en révèle les enjeux historiographiques sur le fascisme et en discute l’approche psychanalytique, tout en couvrant un large spectre de critiques qui ont pu lui être adressées44. L’avant-propos historicise le livre, en précisant le contexte dans lequel il a émergé en Allemagne et en définissant les champs dans lesquels il s’inscrit, sans en dévaluer la portée heuristique ni l’intérêt scientifique. Rabinbach/Benjamin dépassent donc la critique et confèrent au livre une positivité pouvant le faire figurer à bon droit dans la littérature de référence sur l’histoire du fascisme et l’étude des genres.

  • 45 Jessica Benjamin et Anson Rabinbach, « Foreword », Male Fantasies, vol. 2, op. cit., p. IX.
  • 46 Voir Hans Jürgen Syberberg, Hitler, ein Film aus Deutschland, Allemagne, France, Royaume-Uni, TMS F (...)
  • 47 Jessica Benjamin et Anson Rabinbach, « Foreword », art. cit., p. X. « Male Fantasies is one of thos (...)

16Pour les préfaciers, la force de Klaus Theweleit dans Männerphantasien réside particulièrement dans sa capacité à « avoir écrit un ouvrage aussi sérieux sans perdre son sens de l’humour »45, quand d’autres, se penchant sur le même objet, ont été séduits par les fascistes et ont succombé à leurs charmes, à l’instar de Hans Jürgen Syberberg46. On a là, écrivent-ils, l’un « des rares livres qui tout à la fois résument et, en même temps, transcendent les préoccupations chères à une génération47 », condensant la pensée de la Nouvelle Gauche ouest-allemande post-68 et faisant l’inventaire de la plupart des choses qui ont été dites sur le sujet une décennie plus tôt. Capitalisant sur l’hybridation entre marxisme et freudisme héritée de la Théorie critique, le livre parvient néanmoins à se distinguer en mettant davantage l’accent sur la question de la violence que sur celle de l’autorité et en joignant la politique et l’intime dans une perspective proprement féministe.

  • 48 Outre les traductions en anglais et en français, dans l’ordre chronologique : en serbo-croate (1983 (...)

17Jalon important de la réception de Männerphantasien, la préface de Rabinbach/Benjamin consacre le livre dans deux champs : historien et psychanalytique, reprenant et répondant aux critiques qui ont pu lui être adressées depuis dix ans et dessinant la singularité formelle du livre autant que l’intérêt heuristique de son cadre d’analyse. Cette approche critique « à quatre mains », qui voit la rencontre, tout sauf fortuite, de l’histoire et de la psychanalyse, est une première. Rabinbach/Benjamin placent, par ailleurs, l’ouvrage dans un continuum d’auteurs de référence, faisant sortir l’auteur de Männerphantasien de la position d’outsider et définissant les coordonnées intellectuelles à la croisée des trois espaces germaniques, anglo-saxons et français. Enfin, ils replacent les thèses dans des problématiques structurées et des discussions scientifiques. Cette préface pose à la fois l’espace du pensable sur lequel le livre peut prendre pied en même temps que l’horizon de pensée qu’il ouvre. Pour ce faire, il aura fallu que le livre sorte du champ de polarisation publicistique de son espace d’origine et s’exporte dans un champ académique étranger. Succès et reconnaissance se joignent alors pour faire accéder le livre à une patrimonialisation dont témoignent les nombreuses rééditions en allemand et traductions en langues étrangères48.

Conclusion

18Au terme de ce long processus de réception, Männerphantasien a fini par accéder au statut d’œuvre patrimoniale. Le livre n’appartient pas pour autant au canon ou aux classiques, faute de respecter les conventions académiques et le partage institutionnalisé des genres textuels. Fils de son époque, il en pousse les contradictions jusqu’à un point de rupture et demeure, au fil du temps, dans une relative insularité. Là réside le double paradoxe d’un livre, qui a fait un auteur, mais aussi d’un auteur, qui ne s’est pas arrêté à ce livre et qui est pourtant toujours renvoyé à lui.

  • 49 Jonathan Littell, Le Sec et l’humide, avec une postface de Klaus Theweleit, Paris, Gallimard, l’Arb (...)

19L’ouvrage de Klaus Theweleit est lu depuis longtemps déjà en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis lorsqu’il arrive enfin en France où il est traduit en 2016 seulement sous le titre de Fantasmâlgories. Les modalités de réception en France appartiennent à un autre modèle. L’ouvrage est désormais soumis à une force centrifuge qui éloigne toujours plus les thèses du livre de leur contexte d’origine. Déjà en 2006, soit bien avant la traduction de l’ouvrage en français, l’écrivain franco-américain Jonathan Littell s’était inspiré des catégories d’analyse de l’homme soldat theweleitien et avait puisé dans Male Fantasies la matière pour construire le personnage de Max Aue, le narrateur des Bienveillantes. Deux ans après le couronnement de son livre par le prix Goncourt, Jonathan Littell publie Le Sec et l’humide49, une étude de cas du rexiste belge Léon Degrelle ouvertement inspirée par Male Fantasies.

  • 50 Nicolas Weil, « De Breivik aux terroristes, les tueurs de masse à travers l’histoire », Le Monde, 2 (...)

20Lorsqu’il est traduit en français, le livre est salué dans la presse mais ne suscite ni polarisation, ni reconnaissance académique50. On entre de plain-pied dans la dissémination de thèses et de concepts par des usages citationnels plus que des lectures systématiques. Question en grande partie de calendrier : on pourrait citer le retard de traduction, mais le phénomène renvoie aussi à la dynamique ordinaire des transferts culturels dans les champs des études du genre et des études culturelles. Au total, la réception française des Männerphantasien ne bénéficie ni de l’audience générée par la polarisation de la critique en Allemagne, ni de la problématisation du et autour du livre liée à l’historicisation patrimoniale que l’on peut observer aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

  • 51 Dernier prix allemand en date : le prestigieux prix Adorno en 2021.

21Pour autant, cela ne revient pas à dire que les réceptions germanophones et anglophones soient plus avancées ou plus unifiées. Klaus Theweleit est certes, aujourd’hui, une figure publiquement reconnue de la vie artistique allemande51, une lecture obligée dans le champ des gender et cultural studies à dominante anglo-saxonne, mais le devenir de son œuvre, que l’on limite souvent à son opus magnum, s’est poursuivi suivant les modalités mêmes de la dissémination, modalités qu’ont en partage les aires germanophones, anglophones et francophones. Or, pour devenir un classique, si tant est que ce devenir soit souhaitable, il faudrait des monographies et du livre et de l’œuvre, ce qui fait justement jusqu’à présent défaut.

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Notes

1 Klaus Theweleit, Männerphantasien, 2 vol., Francfort-sur-le-Main/Bâle, Stroemfeld/Roter Stern, 1977-1978.

2 Voir Friedrich Pollock, « State Capitalism », Studies in Philosophy and Social Science, 9, 1941, p. 223 ; Tim Mason, « Der Primat der Politik. Politik und Wirtschaft im Nationalsozialismus », Das Argument, 41, décembre 1966 [3e édition retravaillée 1968], p. 473-494, lecture qualifiée de « bourgeoise » par Klaus Theweleit.

3 Eberhard Czichon, « Der Primat der Industrie im Kartell der nationalsozialistischen Macht », Das Argument, 47, juillet 1968, p. 168-192, lecture plutôt « marxiste orthodoxe », toujours selon Theweleit. Voir, à cette époque, sur cette question et l’état de la recherche plus particulièrement l’« après-propos à la première édition » aux Männerphantasien de Klaus Theweleit, 1977-1978 [2019], p. 1157-1175.

4 Wilhelm Reich, La Psychologie de masse du fascisme, traduit de l’anglais par Pierre Kamnitzer, Paris, Payot, 1998 [1933].

5 Klaus Theweleit, Fantasmâlgories, édité et traduit par Christophe Lucchese, Paris, L’Arche éditeur, 2016.

6 Gisela Stelly, « Kopf-Geburten, Körper-Bauten », Die Zeit, Nr. 49, 25 novembre 1977.

7 Ulrike von Guretzky, « Männerangst – Männerlust », Courage, 3, février 1978, p. 32-34.

8 Rudolf Augstein, « Frauen fließen, Männer schießen », Der Spiegel, Nr. 52, 1977, p. 132-141, p. 141.

9 Willi Köhler, « Das aktuelle Buch », Hessischer Rundfunk, 23 février 1978, cité dans Klaus Theweleit, « Alles muss man so machen, daß jeder, der es sieht, ausrufen kann, das kann ich auch. Alles muß man so machen, daß jeder, der es sieht, ausrufen kann, das nicht », Die Republik, Nr 18-26, 30 avril 1978, p. 464-603, p. 495 et suiv. Sauf mention contraire, toutes les traduction sont de l’auteur (N.d.A.).

10 Prozesse. Gerichtsberichte 1967-1969, Berlin, Suhrkamp, 2015.

11 Keine Ahnung von Kunst und wenig vom Geschäft. Filmkritik 1963-1968, Hambourg, Philo Fine Arts, 2011.

12 Klaus Theweleit, « Alles muß man so machen, daß jeder, der es sieht, ausrufen kann, das kann ich auch. Alles muß man so machen, daß jeder, der es sieht, ausrufen kann, das nicht », Die Republik, Nr 18-26, 30 avril 1978, p. 464-603.

13 Sven Reichardt, Authentizität und Gemeinschaft. Linskalternatives Leben in den siebziger und frühen achtziger Jahren, Berlin, Suhrkamp, 2014.

14 Idem, « Klaus Theweleits “Männerphantasien” – Ein Erfolgsbuch der 1970er Jahre », Zeithistorische Forschungen/Studies in Contemporary History, 3/3, 2006, p. 401-421. L’article commence à dater, mais est le plus complet écrit à ce jour sur la réception des Männerphantasien en Allemagne, sans néanmoins se départir d’une certaine ambivalence par rapport à son objet, qui nous fait le ranger dans la « critique historienne »..

15 Ibid., p. 411.

16 Voir Lothar Baier, « In den Staub mit allen Feinden der Frau », FAZ, 18 avril 1978, pour la Théorie critique ; Robert Kurz, Jurgen Erdmann, Manfred Kaiser, Uli Krug, Spaltpilze und Provokationen. Eine Abrechnung mit der linken und alternativen Szene, Verlag Neue Strömung, 1984, p. 12, pour la Wertkritik.

17 Expression que l’on doit au film omnibus allemand Deutschland im Herbst sorti en 1978 réunissant notamment les réalisateurs Alexander Kluge, Rainer Werner Fassbinder, Volker Schlöndorff.

18 « [Il est] étonnant que cet ouvrage à la fois anti-académique et saturé de théorie […] ait été commenté dès sa parution non seulement dans le journal alternatif de gauche Pflasterstrand ou dans le journal féministe Courage, mais aussi dans le Spiegel, le Zeit, le Frankfurter Allgemeiner Zeitung, le Frankfurter Rundschau et dans des émissions radio, et que Rudolf Augstein l’ait qualifié de « publication de langue allemande la plus passionnante de l’année » dans sa critique de huit pages dans le Spiegel. » Sven Reichardt, « Klaus Theweleits “Männerphantasien” – Ein Erfolgsbuch der 1970er Jahre », art. cit., p. 402.

19 Martin Lengwiler, « Die “Männerphantasien” von Klaus Theweleit. Von einer klassischen Studie und ihrer Aktualität », Traverse, 5/1, 1998, p. 141-149, p. 142.

20 Männerphantasien, op. cit., p. 444.

21 Sven Reichardt, « Klaus Theweleits “Männerphantasien” – Ein Erfolgsbuch der 1970er Jahre », art. cit., p. 406.

22 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Stéphane Olivesi, « Du patrimoine à la patrimonialisation. Perspectives critiques », Diogène, 2017/2-3-4, p. 265-279.

23 Marc Joly, Devenir Norbert Elias, Paris, Fayard, 2012, p. 25.

24 Patrick Farges, « Critical Men’s Studies, Männlichkeitsgeschichte, histoire de la virilité : quelques effets de réception triangulaire », Allemagne d’aujourd’hui, 2021/3, n° 237, p. 31-41.

25 Cora Stephan, « Gefühlskrüppel im Charakterpanzer. “Männerphantasien” von Klaus Theweleit », Der Freitag, 17 avril 1992, p. 13.

26 Voir Gilbert Merlio, « Le débat autour de Das Amt. Suite et fin des querelles d’historiens en Allemagne ? », Le Débat, n° 168, 2012/1, p. 91-105.

27 Cora Stephan, « Gefühlskrüppel im Charakterpanzer. “Männerphantasien” von Klaus Theweleit », art. cit.

28 Pas tout à fait non plus, comme en atteste l’article d’humeur de Jörg Lau, « Männerhaß und Männerselbsthaß als kultureller Mainstream », Merkur, 665/666, septembre 2004, p. 934-943.

29 Martin Lengwiler, « Die “Männerphantasien” von Klaus Theweleit. Von einer klassischen Studie und ihrer Aktualität », art. cit., p. 141.

30 Ibid., p. 142.

31 Richard J. Evans, « Bemerkungen zu zwei Neuerscheinungen über Mann-Frau Beziehungen im Kaiserreich und in der Weimarer Republik », Geschichte und Gesellschaft, 7/3/4, 1981, p. 590-613.

32 Sur la généalogie et l’élaboration de cette branche de la science historiographique, voir l’introduction de Jean-Maurice Bizière à l’ouvrage, le seul traduit en français, de Lloyd deMause, Les Fondations de la psychohistoire, traduit de l’américain par Sean Wilder et Jean-Maurice Bizière, Paris, PUF, 1986.

33 Lutz Niethammer, “Male Fantasies: An Argument for and with an Important New Study in History and Psychoanalysis”, History Workshop Journal, n° 7, 1979, p. 176-186. Comme l’indique la note luminaire en fin d’article, je traduis : « Cet essai a été librement traduit et adapté de l’original en allemand. Ce travail a été réalisé par Jane Caplan, Tim Mason et Lutz Niethammer, qui ont également collaboré à l’ajout des notes de bas de page et à la clarification d’un texte allemand difficile. » (p. 186).

34 Harry Liebersohn, “The Fascist Imagination”, Radical History Review, 20, issue 20, printemps/été 1979. Il ne m’a pas été possible de consulter ce compte rendu sur le site de la Duke University Press faute d’accès distant.

35 Ibid., p. 177.

36 Il y voit un mélange d’« enthousiasme plus hostilité ». Ibid.

37 Ibid., p. 180.

38 Ibid., p. 182. Notons que c’est ce qu’entreprendra Jonathan Littell trente ans plus tard dans Le Sec et L’humide, op. cit., sur le cas particulier de Léon Degrelle, rexiste de la génération postérieure à celle des corps francs.

39 Richard J. Evans, « Bemerkungen zu zwei Neuerscheinungen über Mann-Frau Beziehungen im Kaiserreich und in der Weimarer Republik », op. cit., p. 605, « ungeachtet all dieser Fehler bleibt Theweleits Buch wichtig und sollte zum Weiterdenken anregen, denn es ist einem zentralen Problem, oder eher zwei solchen, gewidmet: den psychologischen Wurzeln faschistischer Destruktivität und dem psychologischen Gehalt der Geschlechterbeziehungen in der Vergangenheit ».

40 Klaus Theweleit, Male Fantasies 1: women, floods, bodies, history, traduit par Stephen Conway avec la collaboration Erica Carter et Chris Turner, préface de Barbara Ehrenreich, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1987 ; Male Fantasies 2: Male Bodies: psychoanalyzing the white terror, traduit par Erica Carter et Chris Turner avec la collaboration de Stephen Conway, préface d’Anson Rabinbach et Jessica Benjamin, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1989.

41 Le volume 1 des Male Fantasies est préfacé par Barbara Ehrenreich dont le propos, de juger Sven Reichardt dans son article de 2006, « se méprend en revanche sur la participation des corps francs au mouvement nazi quand elle affirme que ces derniers sont devenus des “fonctionnaires clés du IIIe Reich”. De manière générale, la description des corps francs dans sa préface, globalement décevante, n’est pas toujours exacte », Sven Reichardt, « Klaus Theweleits “Männerphantasien”… », art. cit., note 64. Barbara Ehrenreich est par ailleurs citée au chapitre 1 des Männerphantasien, chapitre « The Lady with the Light » à propos des infirmières (blanches).

42 Spécialiste américain de l’histoire européenne, notamment de l’Allemagne nazie et de l’Autriche, du XXe siècle à Princeton, que l’on trouvait déjà, en 1980, dans le comité de rédaction de la revue Vrbi dans laquelle paraissait le premier extrait de traduction des Männerphantasien de Klaus Theweleit en français. Voir Klaus Theweleit, « Digue et flux. Le rituel des défilés de masses nazis », art. cit.

43 Psychanalyste new-yorkaise connue pour ses contributions dans les champs de la psychanalyse, des sciences sociales et du féminisme. Selon toute vraisemblance, elle est l’autrice de la partie de l’avant-propos touchant plus particulièrement à la psychanalyse,.

44 Une bonne partie des recensions anglophones ayant été rédigées sur le premier volume, il apparaît plus que probable qu’Anson Rabinbach et Jessica Benjamin s’en soient inspirés pour écrire leur avant-propos.

45 Jessica Benjamin et Anson Rabinbach, « Foreword », Male Fantasies, vol. 2, op. cit., p. IX.

46 Voir Hans Jürgen Syberberg, Hitler, ein Film aus Deutschland, Allemagne, France, Royaume-Uni, TMS Film, 442 minutes, 1977.

47 Jessica Benjamin et Anson Rabinbach, « Foreword », art. cit., p. X. « Male Fantasies is one of those rare books that both sums up and, at the same time, transcends the cherished concerns of a generation. »

48 Outre les traductions en anglais et en français, dans l’ordre chronologique : en serbo-croate (1983), en néerlandais (1985), en suédois (1995), en italien (1997), en japonais (1999), en polonais (2016).

49 Jonathan Littell, Le Sec et l’humide, avec une postface de Klaus Theweleit, Paris, Gallimard, l’Arbalète, 2008.

50 Nicolas Weil, « De Breivik aux terroristes, les tueurs de masse à travers l’histoire », Le Monde, 25 mars 2016 ; Georges-Arthur Goldschmidt, « Fantasmes d’Allemands », En Attendant Nadeau, 9 octobre 2016, https://www.en-attendant-nadeau.fr/2016/10/09/fantasmes-allemands-theweleit/; Laurent Perez, « Corps viril. Corps fasciste », Artpress, n° 445, juin 2017, p. 80-83.

51 Dernier prix allemand en date : le prestigieux prix Adorno en 2021.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Christophe Lucchese, « Modalités de réception et transferts culturels, le cas des Männerphantasien de Klaus Theweleit »Revue d’histoire culturelle [En ligne], 8 | 2024, mis en ligne le 31 mai 2024, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhc/10972 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ycz

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Auteur

Christophe Lucchese

Christophe Lucchese est auteur-traducteur de l’anglais et de l’allemand vers le français en sciences humaines et en littérature. Il vient de soutenir un mémoire de recherche en études germaniques sous la direction de Bernard Banoun intitulé « Poétique et réception comparée des Männerphantasien de Klaus Theweleit (Allemagne, États-Unis, France) » à la Sorbonne Université.

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