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Dossier - Cultures olympiques. Appropriations, pratiques, représentations
Métamorphoses et reconfigurations des cultures olympiques

Symboles et cérémonies olympiques à l’épreuve de la mondialisation

Le Comité international olympique entre nationalisme et internationalisme dans un monde en mutation
Olympic Symbols and Ceremonies in Globalization: The International Olympic Committee as Mediator between Nationalism and Internationalism in Changing Times
Susan Brownell

Résumés

Depuis leur création en 1896, les Jeux olympiques modernes sont devenus le premier rituel mondial, que ce soit en termes de popularité et d’importance politique. Pourquoi ont-ils accédé à ce statut ? et qu’est-ce que cela nous dit de l’état du monde ? Une réponse possible à cette question serait que les symboles olympiques se situent à l’intersection de la contradiction politique fondamentale de l’époque contemporaine : ils combinent en effet des éléments renvoyant à la paix mondiale et à l’amitié « entre les peuples » et d’autres qui se situent du côté des identités nationales et de la compétition pour la suprématie au niveau international. Pierre de Coubertin, le rénovateur des Jeux modernes, a habilement conçu des symboles qui ont incarné ces sentiments ambivalents. Le Comité international olympique (CIO) a veillé à préserver cet équilibre entre internationalisme et nationalisme par le biais d’un ensemble de symboles (les anneaux, le drapeau, la devise et l’hymne olympiques) et de cérémonies (ouverture et clôture des Jeux, remise des médailles) datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Au fil du temps, le CIO a adapté le système symbolique olympique au contexte politique et a lutté avec les groupes qui voulaient détourner le sens des symboles, afin de s’assurer que les dynamiques de partage l’emportent sur celles de division, l’internationalisme sur le nationalisme et la paix sur la guerre.

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Texte intégral

1En dehors des Jeux olympiques, il existe peu de rituels d’une ampleur mondiale. Il y a bien la Coupe du monde de football de la FIFA et l’Exposition universelle, auxquels s’ajoutent les symboles des Nations unies. Néanmoins, les Jeux occupent la première place en raison de leur audience, du nombre de pays participants, de leur importance politique : leurs symboles sont identifiés comme tels dans le monde entier. Pourquoi les Jeux olympiques ont-ils accédé à ce statut d’événement rituel mondial ? et qu’est-ce que cela nous dit de l’état de nos sociétés ?

  • 1 Voir Panos Valavanis, « Politics and Diplomacy in Ancient Athletics and the Olympic Games: General (...)

2Les Jeux olympiques, à la fois anciens et modernes, se déroulaient dans l’ombre des guerres – passées, présentes et futures. Dans l’Antiquité, les Jeux facilitaient la construction d’une identité grecque globale malgré les guerres constantes entre les cités-états. La cité-état, ou polis, constituait l’unité fondamentale de la participation : pour pouvoir concourir, un athlète devait être citoyen d’une polis. La trêve olympique, annoncée par un héraut spécifique, assurait la protection des spectateurs, des athlètes et des officiels en route vers le sanctuaire d’Olympie. Une polis devenue dépendante d’une autre polis conservait toujours le droit de nommer un délégué (le theorodokos) dont la tâche consistait à accueillir le héraut venu d’Olympie pour annoncer les Jeux, ce qui signifiait qu’elle pouvait envoyer des athlètes en son nom propre (et non en celui de la cité qui l’occupait). Les délégations se rencontraient juste avant ou pendant les Jeux olympiques pour renouveler les pactes entre cités, qui étaient affichés dans les temples du sanctuaire. Bien que les cités-états en guerre ne participent en général pas aux mêmes cérémonies, toutes étaient cependant représentées dans l’espace sacré d’Olympie et participaient à l’événement central des Jeux – le sacrifice à Zeus. Ceux-ci constituaient sans doute l’instrument le plus efficace de la diplomatie entre les États grecs, ce qui explique en partie leur exceptionnelle longévité (environ 1 200 ans)1.

  • 2 Voir Eric Hobsbawm, Terence Ranger (dir.), The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge Univers (...)

3Au XIXe siècle, des hommes européens éduqués dans la tradition classique ont adapté le modèle antique à leur époque, celle d’États-nations constamment en guerre entre eux. Pierre de Coubertin, un aristocrate français, a présidé à l’actualisation de l’olympisme antique. Les Jeux olympiques modernes constituent un parfait exemple de « l’invention » d’une « tradition », une notion proposée par Eric Hobsbawm, qui a observé que, au cours des deux cents dernières années, l’appareil culturel du nationalisme (une capitale, un drapeau, un hymne et des uniformes militaires) a remplacé les traditions baroques (festivals, drapeaux, temples, processions), alors que les références antiques étaient retravaillées pour construire de nouvelles traditions à des fins nouvelles dans un contexte de bouleversements sociaux profonds. Entre 1870 et 1914, un ensemble de nouvelles institutions et pratiques ont été inventées, que ce soit le jubilé royal britannique, le 14 juillet français ou l’institution du culte du drapeau aux États-Unis, mais aussi, dans le domaine sportif, les Jeux olympiques modernes, la Coupe d’Angleterre de football et le Tour de France cycliste2. Depuis 1896, les Jeux olympiques antiques prétendument « rénovés » ont désormais lieu selon un calendrier régulier, ce qui en fait l’une des plus vieilles institutions contemporaines. Leur pérennité est en partie due à l’évolution de ses principaux symboles, qui se sont adaptés aux transformations des sociétés : ils se sont ainsi progressivement éloignés des idéaux monarchistes et liés à la religion chrétienne pour embrasser le nationalisme et le laïcisme.

  • 3 Voir Victor Turner, The Ritual Process: Structure and Anti-structure, Chicago, University of Chicag (...)
  • 4 Maurice Roche, Mega-Events and Modernity: Olympics and Expos in the Growth of Global Culture, Londr (...)
  • 5 Daniel Dayan, Elihu Katz, Media Events: The Live Broadcasting of History, Cambridge (MA), Harvard U (...)

4John MacAloon a été le premier historien à développer un cadre théorique rigoureux pour analyser le symbolisme des Jeux olympiques, en utilisant des théories anthropologiques, en particulier celles de Victor Turner et de ses collaborateurs3. Cette dernière, sur laquelle s’appuie cet article, reste fondamentale dans les études sur l’olympisme, mais aussi plus généralement dans celles sur les « méga-événements »4 ou les « événements médiatiques »5.

  • 6 Voir Victor Turner, The Forest of Symbols: Aspects of Ndembu Ritual, Ithaca (NY), Cornell Universit (...)
  • 7 Voir id., The Forest of Symbols…, op. cit., p. 19-20 et 29-36.
  • 8 Voir id., The Ritual Process…, op. cit., p. 43.

5Pour Turner, un symbole est un objet, une activité, une relation, un événement ou un geste associé à un comportement formel bien précis, imprégné de significations spéciales, auquel est conférée une force mystique et qui est utilisé dans des rituels6. L’une des principales contributions théoriques de Turner a consisté à relier les symboles à la vie sociale, ce qui constituait une nouveauté à son époque. Selon lui, les symboles évoquent des émotions, qui à leur tour suscitent une action sociale. Il a également souligné que les symboles sont les unités de base qui composent les rituels ; ceux-ci sont des événements séparés du cours de la vie ordinaire et faisant référence à des êtres ou des forces mystiques7. Les symboles et les rituels sont ainsi étroitement liés, car les rituels sont des événements impliquant l’affichage et la manipulation de symboles multiples, présentés lors des rituels aux participants et au public. En utilisant des symboles, et le cortège de vertus qui leur sont attribuées, dans un espace consacré et en les maniant selon un protocole bien défini, les groupes qui les contrôlent peuvent, comme le dit Turner, « organiser et concentrer ces pouvoirs, un peu comme des rayons laser »8.

  • 9 Milton Singer, When a Great Tradition Modernizes: An Anthropological Approach to Indian Civilizatio (...)
  • 10 Niko Besnier, Susan Brownell, Thomas F. Carter, The Anthropology of Sport: Bodies, Borders, Biopoli (...)

6Dans cette perspective, les événements sportifs contemporains sont-ils pour autant des rituels ? Le débat, qui portait sur la question de savoir s’ils convoquaient ou non la catégorie du surnaturel, a généralement été tranché en faveur de leur inclusion, le concept de rituel ayant été élargi aux événements non strictement liés aux religions institutionnalisées : les rituels et événements sportifs seraient des « performances culturelles », c’est-à-dire des événements publics fournissant, dans un temps condensé, des occasions de véhiculer des valeurs culturelles fondamentales9. Bien que la nature des systèmes de croyances associés à chacun de ces moments puisse être différente – et que les sports ne soient pas perçus comme explicitement « religieux » –, de tels événements ont en commun le fait d’utiliser des symboles permettant d’exprimer une culture largement partagée. Les Jeux olympiques sont clairement distincts de la vie quotidienne, les performances athlétiques semblent souvent surhumaines, voire miraculeuses, et les observateurs et les participants éprouvent des sentiments de respect voire d’émerveillement. De ce point de vue, l’assemblage d’actions symboliques et de cérémonies qui rende unique le moment olympique, en l’imprégnant de puissance émotionnelle, peut être analysé en utilisant la théorie du rituel10.

Les symboles olympiques

  • 11 Voir la Charte olympique en vigueur au 8 août 2021, en ligne : file :///Users/chs8058/Downloads/OK_ (...)
  • 12 Comité international olympique, Charte olympique 2021, articles 7-14.

7Les symboles olympiques les plus importants sont les anneaux, le drapeau, la devise, l’hymne et la flamme. Il s’agit des marques déposées les plus strictement contrôlées au monde. La description et la réglementation de ces symboles ont été fixées dans la Charte olympique (une sorte de constitution du Comité international olympique), dans la section qui décrit la nature du « mouvement olympique »11. L’appellation de « symbole olympique » renvoie aux anneaux, qui sont donc les plus importants. Un groupe de sept autres symboles, ainsi qu’une catégorie fourre-tout de « désignations olympiques », constituent les « propriétés olympiques » (dénommées parfois « marques olympiques ») protégées par les lois sur la propriété intellectuelle. Tous ces droits appartiennent exclusivement au Comité international olympique (CIO)12, qui accorde des licences pour tout ou partie de ces droits aux Comités nationaux olympiques (CNO), aux comités d’organisation nationaux des différents Jeux olympiques (COJO), aux diffuseurs télévisuels et aux entreprises sponsors.

  • 13 Le guide du protocole actuellement en vigueur n’est pas disponible, mais la bibliothèque olympique (...)
  • 14 Article 58, « Compétence en dernier ressort », Charte olympique 2021, p. 101.

8Les symboles olympiques sont exhibés lors des cérémonies, dont la plus importante est celle d’ouverture, devant celle de clôture et les remises des médailles. En dehors de ces trois cérémonies, il en existe de nombreuses autres, comme celle d’accueil au Village olympique et celles de l’allumage de la torche à Olympie, de l’inauguration des sessions du CIO, de la prestation de serment des nouveaux membres de ce dernier, des hommages rendus à ceux d’entre eux qui sont décédés, etc. – toutes sont précisément décrites dans le guide du protocole du CIO13. L’importance de ces cérémoniaux pour l’institution suprême de l’olympisme se traduit par la place qu’ils occupent dans la Charte olympique – près d’un tiers des 61 articles concerne les « propriétés olympiques », les cérémonies, les symboles nationaux et le protocole. Une grande part de l’activité du CIO est en outre consacrée à la diffusion des symboles et à l’organisation des cérémonies – principalement lors des Jeux olympiques eux-mêmes. Le contrôle des symboles et des cérémonies constitue même la principale raison d’être de l’organisation, qui ne fournit qu’une petite partie des financements pour les Jeux et qui, pour le déroulement de ceux-ci, s’en remet aux différentes fédérations internationales. C’est ce qui explique la fermeté du CIO sur tous ces sujets : la Charte olympique précise bien, dans la section « Protocole », que seul le Comité international est décisionnaire en la matière14.

9Seul le relais de la flamme olympique n’est pas directement contrôlé par le CIO. Entré tardivement dans le système rituel (le premier relais complet a été mis en place pour les Jeux de Berlin en 1936), il fait l’objet de contrats de sponsoring séparés signés avec le COJO. L’article 54 de la Charte olympique délègue ainsi tout ce qui a trait à la flamme au COJO, sous réserve de l’approbation du CIO.

Le système rituel olympique

  • 15 Monroe E. Price, « On Seizing the Olympic Platform », dans Monroe E. Price, Daniel Dayan (dir.), Ow (...)

10Les symboles « forts » sont toujours l’objet de luttes entre ceux qui veulent les contrôler : c’est le cas de ceux produits par le mouvement olympique depuis la constitution de ce dernier, que des hommes politiques ou des entreprises ont tenté d’utiliser ou de récupérer. Depuis les années 1980, la loi sur la propriété intellectuelle a ainsi été enfreinte à de nombreuses reprises avec ce qu’on appelle le « marketing par embuscade »15 : à l’occasion des Jeux de Pékin en 2008, Reporters sans frontières a par exemple détourné les anneaux olympiques en les transformant en menottes entrelacées pour dénoncer la répression de la presse en Chine.

  • 16 Victor Turner, The Forest of Symbols…, op. cit., p. 31.
  • 17 Ibid.; voir également Clifford Geertz, Negara: The Theatre State in Nineteenth-Century Bali, Prince (...)
  • 18 John J. MacAloon, « Olympic Games and the Theory of Spectacle in Modern Societies », art. cité.
  • 19 Maurice Roche, Mega-Events and Modernity…, op. cit., p. 1-5.
  • 20 Susan Brownell, « Beijing’s Olympic Education Program: Re-Thinking Suzhi Education, Re-Imagining an (...)

11Turner a défini les « symboles dominants » comme ceux qui sont particulièrement importants pour un groupe social donné. Ils apparaissent dans plusieurs contextes rituels, structurant parfois un rituel entier, parfois seulement une phase particulière de celui-ci ; leur récurrence relie les rituels individuels en un système rituel plus large16. Les symboles olympiques fonctionnent indubitablement de cette manière, puisque les anneaux, le drapeau, la devise et l’hymne figurent tous dans les différentes cérémonies olympiques et sont omniprésents sur les sites sportifs pendant les Jeux. Un rituel, quel qu’il soit, constitue un nœud dans une structure plus grande impliquant tous les rituels articulant les principes dominants du système, ce que Turner et Geertz appellent un « système rituel »17, MacAloon un « système de performances »18 et Roche une « écologie d’événements »19. Les Jeux olympiques occupent ainsi la tête d’un système de rituels sportifs structuré comme un arbre ramifié inversé, avec les événements mondiaux et leurs cérémonies au sommet et en-dessous des sous-unités telles que les championnats régionaux (par exemple, les Jeux asiatiques ou les coupes d’Europe de football), nationaux et locaux ou les compétitions multisports, qui tous s’inspirent des cérémonies olympiques pour ce qui concerne leurs rituels. L’efficacité des symboles olympiques se mesure ainsi à leur diffusion dans toute la structure sociale où ils sont imités. Par exemple, à Pékin, plusieurs écoles primaires ont commencé à insérer une partie des rituels olympiques lors de leurs compétitions sportives annuelles au début des années 2000, les élèves participant désormais à un système symbolique mondial qu’ils pouvaient s’approprier sur le plan sensoriel, l’organisation des Jeux signalant par ailleurs que la Chine populaire rejoignait la culture de la communauté internationale à l’égard de laquelle elle était jusque-là restée à l’écart20. L’attractivité des symboles olympiques s’explique en outre en partie par leur capacité à intégrer des cultures locales préexistantes, comme cela a été le cas avec la devise, créée lors d’une réunion d’athlétisme catholique qui s’était tenue dans la banlieue parisienne en 1891.

Un symbolisme olympique fondamentalement paradoxal

  • 21 Victor Turner, Dramas, Fields, and Metaphors: Symbolic Action in Human Society, Ithaca, Cornell Uni (...)

12Turner affirmait par ailleurs que les symboles forts sont généralement contradictoires : ils ont pour fonction d’affirmer à la fois l’harmonie et l’unité, mais aussi le conflit et l’hostilité mutuelle. C’est cette tension qui explique leur importance : ils servent de médiation entre des forces opposées et résolvent, même temporairement, des conflits fondamentaux. Cependant, si ces derniers se révèlent irrésolubles, les rituels utilisant ces symboles ont également le potentiel de déclencher une éruption conduisant à un schisme public21.

  • 22 John J. MacAloon, This Great Symbol: Pierre de Coubertin and the Origins of the Modern Olympic Game (...)

13En appliquant cette perspective au système symbolique olympique, MacAloon a soutenu que les Jeux étaient devenus l’événement mondial qu’ils sont aujourd’hui parce qu’ils reflétaient un processus dual caractérisant le monde depuis l’époque de Coubertin : « Notre monde semble se rétrécir et s’élargir simultanément. » D’une part, les nations sont de plus en plus interconnectées politiquement, économiquement et culturellement ; d’autre part, les échanges interculturels ont engendré une plus grande prise de conscience des différences ethniques, linguistiques et religieuses – différences qui ont parfois éclaté en conflits et en guerres22. Les Jeux olympiques expriment cette combinaison paradoxale en associant des symboles de paix mondiale et d’amitié internationale avec des symboles des identités nationales et de la compétition pour la suprématie. Ainsi, la contradiction sociale fondamentale au cœur du symbolisme olympique contemporain articule la paix et la guerre, l’internationalisme et le nationalisme.

14Cette dernière contradiction s’incarne parfaitement dans le défilé des athlètes qui constitue par conséquent la cérémonie olympique centrale. Celui-ci peut être long et fastidieux – à la différence du programme artistique qui constitue le moment le plus divertissant de la cérémonie d’ouverture –, mais toutes les nations participantes tiennent absolument à y participer. La dénomination officielle – « Défilé des athlètes » – nie délibérément l’importance du nationalisme en refusant d’employer l’expression la plus idoine pour le caractériser, celui de « Défilé des nations ». MacAloon a décrit comment le nationalisme lui confère sa solennité :

  • 23 John J. MacAloon, « The Turn of Two Centuries: Sport and the Politics of Intercultural Relations », (...)

Pour être une nation en soi et reconnue par les autres, un peuple doit défiler lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques. Pour défiler lors de ces cérémonies, il faut se conformer aux exigences de l’organisation olympique transnationale et participer aux formes sportives universalisantes23.

  • 24 Susan Brownell, « The Beijing Olympics as a Turning Point? China’s First Olympics in East Asian Per (...)

15L’Allemagne, le Japon et la Chine se sont servis du paradoxe symbolique olympique pour faciliter leur (ré)intégration dans la communauté des nations. Les deux premiers pays avaient été désignés pour accueillir les Jeux olympiques de 1916 (à Berlin) et de 1940 (à Tokyo), avant de déclencher des guerres qu’ils ont finalement perdues, ce qui entraîna leur exclusion des Jeux suivants (l’Allemagne en 1920, 1924 et 1948, le Japon en 1948). L’organisation des Jeux – le Japon en 1964, l’Allemagne en 1972 – contribua à leur retour dans le concert international. La Chine, quant à elle, ne participa pas aux Jeux de 1956 à 1976 pour protester contre la reconnaissance par le CIO des restes de la « République de Chine » qui s’était réfugiée à Taiwan en 1949 après sa défaite contre les communistes. La République populaire de Chine n’a été admise qu’en 1979 sur la base d’un accord surnommé « la formule olympique », selon lequel Taiwan est appelé le « Comité olympique de Taipei chinois » et qui stipule qu’il lui est interdit d’utiliser les symboles de la « République de Chine ». En 2008, les Jeux olympiques de Pékin ont par ailleurs marqué l’émergence de la Chine populaire comme superpuissance sur la scène mondiale. Dans ces trois cas, l’organisation des Jeux olympiques a facilité le réemploi des symboles exprimant la fierté nationale (drapeaux et hymnes) autrefois associés à la guerre, dans un cadre de paix et de fraternité internationale24.

Histoire et signification des symboles olympiques

16Le symbolisme olympique aujourd’hui en vigueur est le produit d’une lente accumulation. Alors que certains éléments se sont enracinés et adaptés à des contextes divers, d’autres ont été abandonnés. Le CIO a toujours été à la manœuvre : les modifications introduites ont été opérées en réponse soit à la réception populaire des symboles proposés, soit aux tentatives d’institutions extérieures de manipuler ces derniers dans un sens qui entrait en conflit avec les objectifs poursuivis par le mouvement olympique.

La devise olympique

  • 25 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques de l’olympisme moderne », Bulletin du Comité inte (...)
  • 26 « Olympic Motto: On 20 July 2021, the Session of the International Olympic Committee approved a cha (...)

17Le plus ancien symbole olympique est la devise Citius, Altius, Fortius (« Plus vite, plus haut, plus fort »), créée par le père dominicain Henri Didon, proviseur du collège Albert-le-Grand d’Arcueil, dans la banlieue sud de Paris, à l’occasion de la première compétition sportive de son établissement, le 7 mars 1891 – l’ordre des mots était alors sans doute différent (« Citius, Fortius, Altius »). Elle est utilisée lors du congrès fondateur du mouvement olympique en 1894 et sur l’en-tête du premier Bulletin du Comité international des Jeux olympiques. Pierre de Coubertin, qui était présent à Arcueil en 1891, a expliqué plus tard, en 1935, que « les adeptes de l’athlétisme ont besoin de la “liberté d’excès”. C’est pourquoi on leur a donné cette devise Citius, altius, fortius, toujours plus vite, plus haut, plus fort, la devise de ceux qui osent prétendre à abattre les records ! »25 C’est selon cette même logique qu’il s’oppose à la participation des femmes aux Jeux olympiques : il soutient que, quelle que soit leur ambition, celles-ci ne peuvent surpasser les hommes, ce qui les exclut de facto de l’idéal olympique. En 2021, au beau milieu de la pandémie de Covid-19, les implications individualistes et excluantes de la devise apparurent inadaptées à l’époque : le CIO lui adjoignit un quatrième terme (Communiter – « Ensemble »), ce que son président, Thomas Bach justifia ainsi : « Nous ne pouvons aller plus vite, nous ne pouvons viser plus haut, nous ne pouvons devenir plus forts qu’en restant ensemble – solidaires. »26

Les anneaux olympiques

  • 27 Pierre de Coubertin, « L’emblème et le drapeau de 1914 », Revue olympique, 92, 1913, p. 119-120.
  • 28 Il précise en effet : « Le bleu et jaune de Suède, le bleu et blanc de Grèce, les tricolores frança (...)
  • 29 Ibid.
  • 30 Ibid.
  • 31 Karl Lennartz, « The Story of the Rings », dans Karl Lennartz, Roland Renson (dir.), The Games Rebo (...)

18Selon la Charte olympique, les cinq anneaux, entrelacés de gauche à droite, et de couleur bleue, jaune, noire, verte et rouge, « expriment l’activité du Mouvement olympique et représentent l’union des cinq continents et la rencontre des athlètes du monde entier aux Jeux olympiques ». Coubertin les a conçus en vue du congrès de Paris en 1914, à l’occasion du vingtième anniversaire de la fondation du CIO : « Ces cinq anneaux représentent les cinq parties du monde désormais acquises à l’Olympisme et prêtes à en accepter les fécondes rivalités. De plus, les six couleurs ainsi combinées [il fait allusion au fond blanc] reproduisent celles de toutes les nations sans exception »27. Bien que Coubertin n’ait pas employé le mot « continent », les historiens de l’olympisme supposent que c’est bien ce qu’il entendait par « parties du monde », une expression courante à l’époque qui désignait l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique (sans distinction de celle du Nord et du Sud). On suppose qu’il était arrivé au chiffre de cinq en ajoutant l’Australie – les Jeux de 1912 avaient été les premiers où les concurrents venaient de ces cinq continents. Néanmoins, dans l’esprit de Coubertin, les anneaux représentaient davantage tous les drapeaux du monde28 – et donc à la fois l’unité mondiale et les divisions nationales. Dans le contexte international tendu de 1913, il poursuit en se demandant si « ces cinq anneaux sont solidement rivés l’un à l’autre » et si « la guerre ne risque pas quelque jour de briser l’armature olympique »29. Il ne dut pas attendre trop longtemps, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand intervenant le dernier jour du congrès de 1914. À court terme, la « chaîne » (c’est ainsi que les anneaux étaient parfois appelés) fut brisée, mais, comme l’écrivait Coubertin en 1913, « la guerre ne saurait que contrarier et non arrêter la marche [de l’Olympisme]. »30 Si le dessin des anneaux a varié jusqu’en 1957, le CIO en a alors fixé la forme définitive avant, dans les années 1970, de s’en assurer la propriété intellectuelle, afin que les revenus issus de sa commercialisation financent les dépenses croissantes liées à l’organisation des Jeux31. Au cours des décennies suivantes, ce symbole olympique central est devenu l’une des marques visuelles la plus reconnue dans le monde entier.

Le drapeau olympique

  • 32 Christian Wacker, « The Bolanachi Story: Egypt goes Olympic with Greek Entrepreneurship », Internat (...)
  • 33 Karl Lennartz, Roland Renson (dir.), The Games Reborn…, op. cit., p. 38.

19C’est en 1914 qu’apparut le premier drapeau olympique, à l’initiative d’Angelo Bolonaki (un membre hellène du CIO qui résidait en Égypte de 1910 à 1932 avant de revenir en Grèce de 1932 à 1963), lorsqu’il fut hissé lors d’un concours sportif organisé à Alexandrie pour célébrer le vingtième anniversaire de la fondation du CIO et promouvoir une candidature égyptienne pour les Jeux olympiques de 191632. Le drapeau avait probablement été envoyé de Paris par Coubertin. Il est maintenant exposé en permanence au Musée olympique de Lausanne33. Ce n’est qu’aux Jeux d’Anvers en 1920 que des drapeaux olympiques se mirent à flotter dans le stade et dans toute la ville – beaucoup furent volés par les athlètes. Le drapeau hissé dans le stade olympique d’Anvers a ensuite été transmis d’olympiades en olympiades au pays organisateur et exhibé lors des cérémonies d’ouverture ou de clôture des Jeux, jusqu’à ceux de Séoul en 1988 – il finit alors en lambeaux, est déposé au musée de Lausanne et est remplacé par une nouvelle bannière. La Charte olympique prévoit que le drapeau olympique doive être plus grand que tous les autres drapeaux et qu’il doive être hissé dans le stade principal et sur les autres sites olympiques (les sites sportifs, le village olympique, les terrains d’entraînement) pendant toute la durée des Jeux.

Hymne olympique et autres emblèmes

20En 1896, le premier président grec du CIO, Dimítrios Vikélas, passa commande à son compatriote Spýros Samáras, un célèbre compositeur d’opéras, de la mélodie de l’hymne olympique devant être joué pour l’ouverture des premiers Jeux olympiques à Athènes. Les paroles étaient de Kostís Palamás, une figure influente de la scène littéraire hellène. Le CIO autorise son interprétation dans la langue du pays hôte, ce qui donne en français :

Esprit antique et éternel, créateur auguste

De la beauté, de la grandeur et de la vérité,

Descends ici, parais, brille comme l’éclair,

Dans la gloire de la terre et de ton ciel.

Dans la course et la lutte et le poids,

Des nobles jeux éclaire l’élan, prépare la couronne

Faite de la branche immortelle,

Et donne au corps la force de l’acier et la dignité.

Les campagnes, les monts, les mers brillent autour de toi,

Comme un grand temple fait de pourpre et de blancheur,

Et dans le temple ici accourent tous les peuples

Pour se prosterner devant toi, Esprit antique et éternel.

  • 34 Jürgen Buschmann, Karl Lennartz, « From Los Angeles (1932) to Melbourne (1956): The Olympic Torch’s (...)

21L’hymne olympique a été bien accueilli lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux en 1896, au point que le roi des Hellènes, Georges Ier, demanda un bis. Toutefois, en dehors de cette occasion, répétée lors des Jeux intercalaires de 1906, toujours à Athènes, aucun hymne olympique n’est inclus dans la cérémonie d’ouverture jusqu’aux Jeux d’été de 1932 à Los Angeles (en 1936 pour les Jeux d’hiver, à Garmisch-Partenkirchen) – mais l’écriture de la partition était confiée à d’autres compositeurs (Richard Strauss par exemple en 1936). Ce n’est qu’en 1949 que la Charte olympique exige l’exécution d’un hymne lors de la cérémonie d’ouverture, l’hymne grec originel étant imposé seulement en 195834.

  • 35 Article 7.1-4, « Droits sur les Jeux olympiques et les propriétés olympiques », Charte olympique 20 (...)

22Outre ces symboles, la Charte olympique stipule que le CIO possède les droits sur une catégorie fourre-tout d’« identifications (y compris, mais sans s’y restreindre, “Jeux olympiques” et “Jeux de l’Olympiade”), les désignations, les emblèmes, la flamme et les flambeaux (ou les torches) olympiques, … ainsi que toute œuvre musicale ou audiovisuelle, création ou objet commandés en relation avec les Jeux olympiques »35. En vertu de ce règlement, les comités olympiques chinois et britanniques ont fait pression sur des universitaires pour qu’ils retirent l’adjectif « olympique » des titres de colloques organisés avant les Jeux de Pékin en 2008 et de Londres en 2012.

  • 36 « Texte d’application des règles 7-14 », Charte olympique 2021, p. 22-27.

23Les emblèmes olympiques peuvent être créés par un comité olympique national ou un comité d’organisation, sous réserve qu’ils soient validés par le CIO. Ces emblèmes combinent généralement les anneaux olympiques avec un symbole culturel représentant la nation en question. Par exemple, en 1988, l’emblème des Jeux de Séoul comprenait, au-dessus des anneaux olympiques, un samtaegeuk, soit une spirale tricolore illustrant la triade bouddhiste du ciel, de l’humanité et de la nature, qui faisait également référence au symbole taoïste du yin et du yang figurant sur le drapeau national sud-coréen. Dix articles de la Charte olympique concernent les règles concernant les emblèmes : ils doivent être clairement liés à un pays spécifique (pour un CNO) ou à l’organisation des Jeux olympiques (pour un COJO), sans références universelles ou internationales ; leur utilisation « doit contribuer au développement du Mouvement olympique et ne doit pas nuire à sa dignité », n’est possible que dans un laps de temps donné et les revenus qui en sont tirés doivent être partagés avec le CIO36. Plus généralement, un COJO a le droit d’exploiter l’emblème qu’il s’est choisi, les autres marques et propriétés intellectuelles appartenant au CIO avant les Jeux et jusqu’à la fin de l’année civile au cours de laquelle ces Jeux ont lieu, date à laquelle les droits redeviennent exclusivement la propriété du CIO. Ainsi, même lorsque le pays hôte tente d’adopter un symbole issu de sa propre culture, la conception de ce dernier est fortement contrainte par le CIO : le symbole national doit être associé au symbole universel des cinq anneaux.

Les symboles nationaux

24En plus des symboles olympiques, un petit ensemble de symboles nationaux joue un rôle important dans le protocole olympique et fait l’objet d’une réglementation précise dans la Charte olympique. Lorsqu’un pays est admis au CIO, seuls cinq éléments sont reconnus : le nom du pays en question, son drapeau, son hymne national, son emblème et son comité olympique national (qui doit être une organisation non gouvernementale indépendante). Les drapeaux et autres symboles nationaux constituent une anomalie au XXIe siècle car ils ne sont pas des marques commerciales protégées par le droit de la propriété intellectuelle ou industrielle. Cela les rend très différents des symboles olympiques, ce qui a des conséquences sur la manière dont ils peuvent être ou non contrôlés par le CIO. Seuls les quatre symboles de l’identité nationale sur lesquels le CIO a voté sont officiellement autorisés dans les enceintes olympiques, tandis que la contestation politique de ceux-ci est interdite. Par ailleurs, l’expression des identités nationales est limitée à quelques lieux précis – en particulier les cérémonies d’ouverture et de clôture, pendant lesquelles les pays hôtes mettent en avant leur culture et leur histoire, et les athlètes portent des vêtements caractéristiques pour défiler. Les drapeaux nationaux sont alors présents et autorisés, ainsi que lors des cérémonies de remise des médailles et de bienvenue au village olympique. En revanche, ils ne doivent pas apparaître sur les uniformes des équipes nationales, même s’ils font partie de l’emblème d’un CNO ou d’un COJO – sauf pour certains pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la Chine, mais pas pour d’autres, comme l’Allemagne et la France.

  • 37 Susan Brownell, « The Beijing Olympics as a Turning Point?... », art. cité.
  • 38 Article 50, « Publicité, démonstrations, propagande », Charte olympique 2021, p. 94-97.

25Les symboles nationaux, en raison des conflits qu’ils ont entraînés et continuent parfois d’entraîner, sont ainsi étroitement réglementés par la Charte olympique. Par exemple, à chaque olympiade, des tensions éclatent entre le Comité olympique chinois (COC) et le Comité olympique chinois de Taipei (CTOC) concernant les caractères chinois des noms des deux organisations. Le CTOC insiste pour être appelé Zhonghua Taibei, alors que le COC le désigne comme Zhongguo Taibei. Cette différence minime ne fait sens que pour les locuteurs du mandarin puisque hua fait référence à l’ethnie chinoise et guo à la terre ou au territoire, Zhong signifiant le « centre » : Zhonghua désigne ainsi « l’ethnie chinoise centrale » et Zhongguo « la nation centrale » – même si aujourd’hui, pour la plupart des sinophones, les deux termes sont équivalents et interchangeables pour parler de la « Chine ». Le CTOC refuse également de défiler à côté de la Chine populaire, ce qui indiquerait que Taïwan fait partie du territoire chinois (ce qui correspondrait aux revendications de la Chine continentale), mais ce qui nécessite généralement de ne pas respecter l’ordre alphabétique de la langue du pays hôte37. Il est également interdit aux spectateurs de brandir « des drapeaux autres que ceux des pays participants », selon les termes des conditions d’admission indiquées sur les billets d’entrée. Lors du tournoi de tennis de table des Jeux d’Atlanta en 1996, des étudiants taïwanais avaient déployé le drapeau de la « République de Chine » et non celui de Taïwan approuvé par le CIO, contestant ainsi la « formule olympique ». Ils furent expulsés de la salle et placés en garde à vue par la police d’Atlanta, qui se considérait comme habilitée à le faire puisque les règles précisées sur le billet d’entrée constituaient un contrat dont les termes devaient être respectés. Les restrictions imposées par le CIO sur les symboles nationaux constituent donc un moyen important de « préserver l’apolitisme du sport », selon la formule consacrée. Il est intéressant de remarquer que l’exhibition de symboles politiques ou commerciaux non approuvés – qui a priori renvoient à des phénomènes bien différents – est bannie par un article unique dans la Charte olympique – l’article 50 intitulé « Publicité, démonstrations, propagande »38. Du point de vue du CIO, ce sont avant tout des symboles sur lesquels il prétend exercer un contrôle total : peu importe que la règle soit violée pour des raisons politiques ou commerciales, l’infraction est dangereuse en ce que son autorité a été mise en question.

Histoire et signification des cérémonies olympiques

  • 39 CIO, Factsheet: The opening ceremony of the Olympic Winter Games, 8 février 2022. En ligne : https: (...)
  • 40 CIO, Factsheet: The closing ceremony of the Olympic Games, 6 octobre 2021. En ligne : https://still (...)
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  • 42 Pierre de Coubertin, « La valeur pédagogique du cérémonial olympique », Bulletin du Bureau internat (...)

26De nos jours, la cérémonie d’ouverture comporte les éléments suivants39 : 1) Entrée du chef d’État du pays hôte et du président du CIO ; 2) Hymne national du pays hôte ; 3) Défilé des athlètes ; 4) Envol de colombes ; 5) Remise de la médaille olympique ; 6) Discours officiels ; 7) Ouverture officielle des Jeux ; 8) Hissage du drapeau olympique et exécution de l’hymne olympique ; 9) Prestation de serment des athlètes, des juges et des entraîneurs ; 10) Allumage de la flamme olympique ; 11) Programme artistique. La place de ce dernier dans le cérémoniel peut néanmoins varier – en général, il se tient désormais avant le défilé des athlètes. La cérémonie de clôture, quant à elle, se déroule ainsi40 : 1) Entrée du chef d’État du pays hôte et du président du CIO ; 2) Hymne national du pays hôte ; 3) Défilé des drapeaux nationaux ; 4) Défilé des athlètes ; 5) Cérémonies de victoires ; 6) Présentation des nouveaux membres de la Commission des athlètes du CIO et remerciements aux bénévoles ; 7) Moment de commémoration ; 8) Hymne national grec ; 9) Abaissement du drapeau olympique et cérémonie de passation de ce dernier ; 10) Bref programme artistique du pays hôte suivant ; 11) Discours des présidents du COJO et du CIO ; 12) Extinction de la flamme olympique. Quelques précisions : à l’exception de ceux de Paris en 1900, tous les Jeux ont débuté par une cérémonie qui comprenait au moins un discours du président du COJO, la proclamation de l’ouverture des compétitions et un défilé des athlètes sous une forme ou une autre ; en 1900, il s’agissait de la cérémonie d’ouverture de l’Exposition universelle et non spécifiquement des Jeux olympiques41 ; enfin, en dehors de Paris 1900, Saint Louis 1904, Chamonix 1924 et Lake Placid 1932, un chef d’État (président de la République, monarque ou empereur), ou son représentant, était présent. Quoi qu’en dise Pierre de Coubertin à propos des Jeux d’hiver de 1932, Franklin D. Roosevelt n’était pas alors président des États-Unis – il ne serait élu que neuf mois plus tard – mais seulement gouverneur de l’État de New York42.

  • 43 Philip Barker, « The Olympic Rings and The Oval Office: From Teddy to Donald », Inside the Rings, 1 (...)

27En ce qui concerne les cérémonies d’ouverture et de clôture, l’agencement des principaux éléments n’est véritablement intervenu qu’en 1920, à Anvers, ce qui a conduit à l’établissement d’un protocole officiel après coup. Celui-ci a été modifié en 1949 et régulièrement ensuite, le CIO affinant au fur et à mesure le détail du cérémoniel, sans modifier le cœur de celui-ci. En 2020, trois documents régissent le déroulement précis des cérémonies : la Charte olympique, le guide du protocole du CIO et les annexes du contrat avec la ville hôte des Jeux. La Charte n’évoque que la formule d’ouverture officielle des Jeux, prononcée par le chef d’État du pays hôte : « Je déclare ouverts les Jeux de [nom de la ville hôte] célébrant la [numéro de l’olympiade] olympiade de l’ère moderne » – ou, pour les Jeux d’hiver, « … les [numéro des Jeux d’hiver] Jeux olympiques d’hiver de [nom de la ville hôte] ». Lorsqu’un chef d’État essaie de modifier le protocole et de s’affranchir de ces règles strictes, il se voit opposer un refus net par le CIO. Pour les Jeux de Los Angeles de 1984, Ronald Reagan avait ainsi demandé de pouvoir dire plus que la formule traditionnelle, vœu qui n’avait pas été exaucé. Les dirigeants du CIO n’étaient néanmoins pas totalement rassurés et craignaient que le président états-unien n’en fasse qu’à sa tête : le moment venu, ce dernier s’en était sorti d’une pirouette langagière en se contentant d’inverser l’ordre des mots attendus – « Célébrant la 23e Olympiade de l’ère moderne, je déclare ouverts les Jeux olympiques de Los Angeles »43.

Des cérémonies olympiques héritées des rituels monarchiques…

  • 44 Susan Brownell, « Bodies before Boas, Sport before the Laughter Left », dans ead. (dir.), The 1904 (...)

28Lorsque les premières éditions des Jeux ont été organisées dans des monarchies – cela a été le cas en Grèce (1896, 1906), en Grande-Bretagne (1908), en Suède (1912), en Belgique (1920) et aux Pays-Bas (1928) –, le cérémonial était centré autour de la personne du roi et de la famille royale. Et lorsque ce n’était pas le cas, les membres du CIO, Coubertin au premier chef, se retrouvait désemparé. Ainsi, la petite cérémonie inaugurant le programme sportif de la Louisiana Purchase Exposition de 1904 à Saint Louis, dans le Missouri, fut présidée par le président du comité d’organisation de la foire commerciale, David Francis, ce qui provoqua l’ire des Européens, pour qui le faste monarchique était le seul idoine pour une compétition qui se voulait prestigieuse44.

  • 45 Matthew P. Llewellyn, « Lighting the Olympic Flame », The International Journal of the History of S (...)
  • 46 Mark Dyreson, « “This Flag Dips for No Earthly King”: The Mysterious Origins of an American Myth », (...)

29Par ailleurs, en 1896, 1900 et 1904, les CNO n’existaient pas encore et les athlètes participaient aux épreuves en tant que représentants de clubs ou même comme des compétiteurs individuels. C’est seulement avec les Jeux intercalaires de 1906 à Athènes – reconnus par le CIO à l’époque – que les CNO accrédités auprès du CIO commencèrent à être les seules institutions habilitées à qualifier des athlètes ; c’est donc là qu’eut lieu le premier défilé des athlètes derrière leur drapeau national lors de la cérémonie d’ouverture. Pour la première fois également, à l’issue de chaque épreuve, les drapeaux nationaux des trois meilleurs athlètes étaient hissés sur trois mâts différents. Cela provoqua la première protestation, celle de l’Irlandais Peter O’Connor, contraint de concourir pour l’équipe britannique car l’Irlande n’était pas représentée par un comité olympique propre : après avoir fini deuxième au triple saut, il agita un drapeau vert portant l’inscription « Erin go Brágh » (« L’Irlande pour toujours »). Il n’est en revanche pas sûr qu’il soit monté sur le mât pour le faire flotter à la place de l’Union Jack britannique45. Aux Jeux de Londres en 1908, un défilé des athlètes fut également organisé. Là, c’est l’opposition culturelle entre les Etats-Unis et son ancienne puissance coloniale qui éclata : lorsqu’il passa devant la tribune officielle, le porte-drapeau états-unien refusa d’abaisser le Star-Spangled Banner en signe de respect envers le roi Edward VII – il aurait déclaré, mais rien n’est moins sûr, que « [son] drapeau ne s’inclin[ait] devant aucun roi de la terre ». Lors des Jeux suivants, le drapeau national états-unien s’inclinait parfois devant le chef d’État du pays hôte, mais parfois non, comme en 1932, où il s’agissait pourtant du vice-président des États-Unis. À partir des Jeux de 1936, où la cérémonie d’ouverture fut présidée par Adolf Hitler, la coutume s’imposa et d’autres pays commencèrent à l’imiter46.

  • 47 Pierre de Coubertin, « Mémoires olympiques. XV. Le XXe anniversaire des Jeux olympiques (Paris 1914 (...)
  • 48 Karl Lennartz, Roland Renson (dir.), The Games Reborn…, op. cit., p. 30-33.

30En 1912 en Suède, l’ordonnancement du défilé des athlètes devint une source de conflit, ce que Coubertin expliquait par le fait que « les Jeux olympiques deviennent une affaire d’État. Les familles royales s’impliquent de plus en plus et les gouvernements aussi »47. L’empire d’Autriche-Hongrie protesta ainsi contre la présence d’une délégation indépendante de Bohême, tandis que l’empire russe faisait de même à propos de la Finlande. Après la Première Guerre mondiale, les Jeux d’Anvers combinèrent un hommage aux combattants des tranchées – la statue d’un soldat lançant une grenade avait été disposée à l’entrée du stade – et l’affirmation d’une dimension pacifiste avec l’introduction de nouveaux éléments rituels (vol de colombes, hissage du drapeau olympique et serment des athlètes)48.

  • 49 Howard M. Stupp, « Olympic Charter Regulations Concerning the Olympic Ceremonies », dans Miquel de (...)
  • 50 Kostas Georgiadis, « Olympic Ceremonies in the Athens Games of 1896 and 1906 », ivi, p. 87-89.

31À mesure que l’institution monarchique perdait en prestige, le statut du CIO et des athlètes dans le cérémonial ne cessa d’être renforcé. Par exemple, jusqu’en 1928, le chef d’État du pays hôte – par conséquent souvent un monarque – occupait une position en surplomb et dominait les athlètes auxquels il remettait les médailles ; en 1932 en revanche, que ce soit à Lake Placid ou à Los Angeles, l’introduction d’un podium en escalier renversa l’ordre de préséance en mettant les médaillés au-dessus des dignitaires qui leur remettaient leurs récompenses. En 1958 enfin, afin de renforcer le poids symbolique du CIO, le protocole de la cérémonie d’ouverture fut modifié : c’était désormais le président du CIO, plutôt que le président du COJO, qui invitait le chef d’État à déclarer les jeux ouverts49. L’évolution de l’organisation du rituel des cérémonies olympiques a ainsi sanctionné la progressive mise en valeur du CIO et des athlètes au détriment des représentants du pouvoir politique50.

…mais qui ne cessent de s’adapter aux évolutions contemporaines

  • 51 Voir Otto J. Schantz, « From Rome (1960) to Montreal (1976) », ivi, p. 136-137 et Montserrat Llinés (...)

32Au fil du temps, le cérémonial a reflété des changements plus généraux : la dimension internationaliste l’a emporté sur le nationalisme, la prééminence du CIO s’est affirmée et un mouvement de démilitarisation enclenché (réduction du nombre de coups de canon, de marches militaires, de soldats en uniforme)51. De ce point de vue, les Jeux olympiques de Munich en 1972, qui marquaient la réhabilitation de l’Allemagne de l’Ouest et insistaient sur son nouveau statut de puissance pacifique, ont constitué un tournant. Des symboles militaires sont toutefois parfois encore incorporés, tels que le hissage du drapeau de la ville hôte par des soldats ou le survol du stade olympique par des avions militaires. Autre mutation importante, la sécularisation : ont été éliminés les moments liturgiques chrétiens qui, jusqu’en 1960, avaient systématiquement lieu, parfois même au cours de la cérémonie d’ouverture. Parallèlement, la place des symboles monarchiques a diminué après 1928 au profit de ceux évoquant la démocratisation des sociétés, avec une présence grandissante des femmes et de personnes de couleur. Plus récemment, la dimension culturelle est définitivement passée au premier plan, avec des cérémonies d’ouverture plus divertissantes : c’était le cas en 1980 à Moscou, avec une disparition presque totale de la dimension militaire ; à Los Angeles en 1984, avec l’introduction d’une esthétique hollywoodienne ; puis à Pékin en 2008, avec une combinaison inédite d’éléments renvoyant au socialisme, à Hollywood et à la culture chinoise.

Pourquoi les symboles et les cérémonies olympiques sont-ils si importants ?

  • 52 CIO, Factsheet…, op. cit.
  • 53 CIO, IOC Protocol Guide 2023, Lausanne, CIO, 2023.
  • 54 Pierre de Coubertin, « Une Olympie moderne. VI. Les cérémonies », 51, 1910, p. 41-44.
  • 55 Otto Schantz, « Franzosische Festkultur als Wegbereiter der Modernen Olympischen Spiele », Stadion,(...)

33Le texte du CIO de 2021 sur la cérémonie d’ouverture explique que « les aspects cérémoniels des Jeux olympiques ont contribué à les distinguer des autres compétitions sportives internationales. Le protocole et la splendeur des cérémonies olympiques, qui vont de pair avec la célébration des Jeux tels que tout le monde les connaît aujourd’hui, en font un événement unique et inoubliable »52. Le Guide du protocole de 2023 établit en outre un lien entre les symboles et les valeurs olympiques : « L’importance des Jeux olympiques pour l’humanité se reflète dans leurs symboles traditionnels – le symbole olympique, le drapeau, la devise, l’emblème, l’hymne et la trêve olympiques. Ces symboles aident à transmettre au monde l’importance des valeurs olympiques.53 » Ces thèmes avaient déjà été énoncés par Pierre de Coubertin en 1910 : « Le chapitre des “cérémonies” est, on le comprend, l’un des plus importants à régler. C’est par là surtout que l’Olympiade doit se distinguer d’une simple série de championnats mondiaux.54 » Le baron s’efforça de créer un système global uni par un principe unique, l’« eurythmie ». S’inspirant d’une culture festivalière s’enracinant dans la Révolution française55, Coubertin considérait les Jeux olympiques comme la célébration d’une religion laïque, la « religio athletae » (« religion de l’athlète ») :

  • 56 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques de l’olympisme moderne », art. cité.

La première caractéristique essentielle de l’olympisme ancien aussi bien que de l’olympisme moderne, c’est d’être une religion. […] L’athlète moderne exalte sa patrie, sa race, son drapeau. J’estime donc avoir eu raison de restaurer dès le principe, autour de l’olympisme rénové, un sentiment religieux transformé et agrandi par l’internationalisme et la démocratie qui distinguent les temps actuels56.

34Le rénovateur des Jeux était ainsi convaincu que des symboles bien conçus avaient le pouvoir de changer le monde. En dépit de la réaffirmation répétée de l’apolitisme du sport, le politique constitue bien le cœur symbolique de l’olympisme moderne. Le CIO a lutté pour que le sens des symboles qu’il promouvait ne soient pas détournés et pour que l’internationalisme l’emporte sur le nationalisme, les valeurs d’échange sur celles de division, la paix sur la guerre. Bien entendu, ce corpus théorique renforçait l’autorité de ce dernier, consacrée par la Charte olympique et le droit de propriété intellectuelle. Le CIO est ainsi devenu un puissant acteur politique mondial en raison du contrôle qu’il a réussi à maintenir sur le système symbolique olympique, qui reste encore, au XXIe siècle, fortement attractif.

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Notes

1 Voir Panos Valavanis, « Politics and Diplomacy in Ancient Athletics and the Olympic Games: General Remarks on a Brief Historical Survey », dans Susan Brownell (dir.), From Athens to Beijing: West Meets East in the Olympic Games, New York, Greekworks, 2013, p. 140-151 et Wolfgang Decker, Sport in der griechischen Antike. Vom minoischen Wettkampf bis zu den Olympischen Spielen, Göttingen, Arete, 2012, p. 96.

2 Voir Eric Hobsbawm, Terence Ranger (dir.), The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1983, p. 1-14 et Eric Hobsbawm, « Mass-Producing Traditions: Europe, 1870-1914 », iid. (dir.), The Invention… op. cit., p. 263-308.

3 Voir Victor Turner, The Ritual Process: Structure and Anti-structure, Chicago, University of Chicago Press, 1979; id., From Ritual to Theatre: The Human Seriousness of Play, New York, PAJ, 1982; id., The Anthropology of Performance, New York, PAJ, 1988; Clifford Geertz, « Deep Play: Notes on the Balinese Cockfight », Dædalus, 101-1, 1972, p. 1-37; Sally F. Moore, Barbara G. Myerhoff (dir.), Secular Ritual, Amsterdam, Van Gorcum, 1977; John J. MacAloon (dir.), Rite, Drama, Festival, Spectacle: Rehearsals Toward a Theory of Cultural Performance, Philadelphie, Institute for the Study of Human Issues, 1984.

4 Maurice Roche, Mega-Events and Modernity: Olympics and Expos in the Growth of Global Culture, Londres, Routledge, 2000.

5 Daniel Dayan, Elihu Katz, Media Events: The Live Broadcasting of History, Cambridge (MA), Harvard University Press, 1992; Monroe E. Price, Daniel Dayan (dir.), Owning the Olympics: Narratives of the New China, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2008.

6 Voir Victor Turner, The Forest of Symbols: Aspects of Ndembu Ritual, Ithaca (NY), Cornell University Press, 1967, p. 19; id., From Ritual to Theatre…, op. cit., p. 9.

7 Voir id., The Forest of Symbols…, op. cit., p. 19-20 et 29-36.

8 Voir id., The Ritual Process…, op. cit., p. 43.

9 Milton Singer, When a Great Tradition Modernizes: An Anthropological Approach to Indian Civilization, New York, Praeger, 1972, p. 77.

10 Niko Besnier, Susan Brownell, Thomas F. Carter, The Anthropology of Sport: Bodies, Borders, Biopolitics, Oakland (CA), University of California Press, 2018, p. 258-272; John J. MacAloon, « Olympic Games and the Theory of Spectacle in Modern Societies », dans id., Rite, Drama, Festival, Spectacle…, op. cit., p. 241-280.

11 Voir la Charte olympique en vigueur au 8 août 2021, en ligne : file :///Users/chs8058/Downloads/OK_OLY-Olympic-Charter-FR-Web.pdf

12 Comité international olympique, Charte olympique 2021, articles 7-14.

13 Le guide du protocole actuellement en vigueur n’est pas disponible, mais la bibliothèque olympique de Lausanne garde un exemplaire du Protocole/Protocol : Manuel technique sur le Protocole/Technical Manuel on Protocol, Lausanne, CIO, 2001.

14 Article 58, « Compétence en dernier ressort », Charte olympique 2021, p. 101.

15 Monroe E. Price, « On Seizing the Olympic Platform », dans Monroe E. Price, Daniel Dayan (dir.), Owning the Olympics: Narratives of the New China, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2008, p 86-114).

16 Victor Turner, The Forest of Symbols…, op. cit., p. 31.

17 Ibid.; voir également Clifford Geertz, Negara: The Theatre State in Nineteenth-Century Bali, Princeton, Princeton University Press, 1981, p. 2.

18 John J. MacAloon, « Olympic Games and the Theory of Spectacle in Modern Societies », art. cité.

19 Maurice Roche, Mega-Events and Modernity…, op. cit., p. 1-5.

20 Susan Brownell, « Beijing’s Olympic Education Program: Re-Thinking Suzhi Education, Re-Imagining an International China », China Quarterly, 197, 2009, p. 44-63.

21 Victor Turner, Dramas, Fields, and Metaphors: Symbolic Action in Human Society, Ithaca, Cornell University Press, 2018, p 19-47.

22 John J. MacAloon, This Great Symbol: Pierre de Coubertin and the Origins of the Modern Olympic Games, Chicago, University of Chicago Press, 1981, p. 4, p. 268-269; id., « Olympic Games and the Theory of Spectacle in Modern Societies », art. cité.

23 John J. MacAloon, « The Turn of Two Centuries: Sport and the Politics of Intercultural Relations », dans Fernand Landry, Marc Landry, Magdeleine Yerles (dir.), Sport, the third millennium: Proceedings of the International Symposium, Quebec, Canada, May 21-25, 1990, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 1991, p. 42.

24 Susan Brownell, « The Beijing Olympics as a Turning Point? China’s First Olympics in East Asian Perspective », dans William Kelly, Susan Brownell (dir.), The Olympics in East Asia: Nationalism, Regionalism, and Globalism on the Center Stage of World Sports, New Haven, Yale Council on East Asian Studies Monograph Series, 2011, p. 190-203; Christian Tagsold, « The Tokyo Olympics: Politics and Aftermath », ivi, p. 61-74.

25 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques de l’olympisme moderne », Bulletin du Comité international olympique (Revue olympique), 13, 1949, p. 12-13.

26 « Olympic Motto: On 20 July 2021, the Session of the International Olympic Committee approved a change in the Olympic motto that recognises the unifying power of sport and the importance of solidarity », site Internet du CIO, 20 juillet 2022. En ligne : https://olympics.com/ioc/olympic-motto# :~ :text =In %20his %20remarks %20before %20the,standing %20together %20 %E2 %80 %94 %20in %20solidarity. %E2 %80 %9D

27 Pierre de Coubertin, « L’emblème et le drapeau de 1914 », Revue olympique, 92, 1913, p. 119-120.

28 Il précise en effet : « Le bleu et jaune de Suède, le bleu et blanc de Grèce, les tricolores français, anglais, américain, allemand, belge, italien, hongrois, le jaune et rouge d’Espagne voisinent avec les innovations brésilienne ou australienne, avec le vieux Japon et la jeune Chine », ibid.

29 Ibid.

30 Ibid.

31 Karl Lennartz, « The Story of the Rings », dans Karl Lennartz, Roland Renson (dir.), The Games Reborn, Anvers, Pandora, 1996, p. 55.

32 Christian Wacker, « The Bolanachi Story: Egypt goes Olympic with Greek Entrepreneurship », International Journal of Olympic History, 26-3, 2017, p. 58-59.

33 Karl Lennartz, Roland Renson (dir.), The Games Reborn…, op. cit., p. 38.

34 Jürgen Buschmann, Karl Lennartz, « From Los Angeles (1932) to Melbourne (1956): The Olympic Torch’s Protagonism in Ceremonies », dans Miquel de Moragas, John J. MacAloon, Montserrat Llinés (dir.), Olympic Ceremonies: Historical Continuity and Cultural Exchange, Lausanne, International Olympic Committee, 1995, p. 111-130, ici p. 115 et p. 126-129.

35 Article 7.1-4, « Droits sur les Jeux olympiques et les propriétés olympiques », Charte olympique 2021, p. 19.

36 « Texte d’application des règles 7-14 », Charte olympique 2021, p. 22-27.

37 Susan Brownell, « The Beijing Olympics as a Turning Point?... », art. cité.

38 Article 50, « Publicité, démonstrations, propagande », Charte olympique 2021, p. 94-97.

39 CIO, Factsheet: The opening ceremony of the Olympic Winter Games, 8 février 2022. En ligne : https://stillmed.olympics.com/media/Documents/Olympic-Games/Factsheets/The-opening-ceremony-of-the-Olympic-Winter-Games.pdf

40 CIO, Factsheet: The closing ceremony of the Olympic Games, 6 octobre 2021. En ligne : https://stillmed.olympics.com/media/Documents/Olympic-Games/Factsheets/The-closing-ceremony-of-the-Olympic-Games.pdf

41 Montserrat Llinés, « The History of Olympic Ceremonies From Athens (1896) to Los Angeles (1984), an Overview », dans Miquel de Moragas, John J. MacAloon, Montserrat Llinés (dir.), Olympic Ceremonies…, op. cit., p. 63-79.

42 Pierre de Coubertin, « La valeur pédagogique du cérémonial olympique », Bulletin du Bureau international de pédagogie sportive, 7, 1931, p. 3-5.

43 Philip Barker, « The Olympic Rings and The Oval Office: From Teddy to Donald », Inside the Rings, 15 janvier 2017. En ligne : https://www.insidethegames.biz/articles/1045832/the-olympic-rings-and-the-oval-office-from-teddy-to-donald

44 Susan Brownell, « Bodies before Boas, Sport before the Laughter Left », dans ead. (dir.), The 1904 Anthropology Days and Olympic Games, Lincoln (Nebraska), University of Nebraska Press, 2008, p. 1-58.

45 Matthew P. Llewellyn, « Lighting the Olympic Flame », The International Journal of the History of Sport, 28-5, 2011, p. 654-657.

46 Mark Dyreson, « “This Flag Dips for No Earthly King”: The Mysterious Origins of an American Myth », International Journal of Sport History, 25-2, 2008, p. 142-162.

47 Pierre de Coubertin, « Mémoires olympiques. XV. Le XXe anniversaire des Jeux olympiques (Paris 1914) », Revue olympique, 121-122, 1977, p. 704-709.

48 Karl Lennartz, Roland Renson (dir.), The Games Reborn…, op. cit., p. 30-33.

49 Howard M. Stupp, « Olympic Charter Regulations Concerning the Olympic Ceremonies », dans Miquel de Moragas, John J. MacAloon, Montserrat Llinés (dir.), Olympic Ceremonies…, op. cit., p. 351-368.

50 Kostas Georgiadis, « Olympic Ceremonies in the Athens Games of 1896 and 1906 », ivi, p. 87-89.

51 Voir Otto J. Schantz, « From Rome (1960) to Montreal (1976) », ivi, p. 136-137 et Montserrat Llinés, « The History of Olympic Ceremonies from Athens (1896) to Los Angeles (1984). An Overview », ivi, p. 63-79.

52 CIO, Factsheet…, op. cit.

53 CIO, IOC Protocol Guide 2023, Lausanne, CIO, 2023.

54 Pierre de Coubertin, « Une Olympie moderne. VI. Les cérémonies », 51, 1910, p. 41-44.

55 Otto Schantz, « Franzosische Festkultur als Wegbereiter der Modernen Olympischen Spiele », Stadion, 21–22, 1995-1996, numéro thématique « Studien zur Geschichte der Olympischen Spiele », p. 64-85.

56 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques de l’olympisme moderne », art. cité.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Susan Brownell, « Symboles et cérémonies olympiques à l’épreuve de la mondialisation »Revue d’histoire culturelle [En ligne], 8 | 2024, mis en ligne le 30 mai 2024, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhc/10777 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ycv

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Auteur

Susan Brownell

Susan Brownell est professeure d’anthropologie à l’université du Missouri à Saint Louis. Elle a publié Training the Body for China: Sports in the Moral Order of the People’s Republic (1995) et Beijing’s Games: What the Olympics Mean to China (2008), co-publié The Anthropology of Sport: Bodies, Borders, Biopolitics (2018) et dirigé The 1904 Anthropology Days: Sport, Race, and American Imperialism (2008). Lorsqu’elle était étudiante en licence, elle a participé au célèbre séminaire de Victor Turner. sbrownell@umsl.edu

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