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Dossier - Cultures olympiques. Appropriations, pratiques, représentations
Métamorphoses et reconfigurations des cultures olympiques

La réception de la Grèce antique par le mouvement olympique moderne

The modern Olympic movement’s reception of ancient Greece
Otto J. Schantz

Résumés

La réception l’Antiquité grecque dans les récits olympiques modernes s’est manifestée sous différentes formes et a rempli diverses fonctions. En procédant à une analyse systématique des écrits de Pierre de Coubertin, des rapports officiels ainsi que d’autres documents officiels du Comité international olympique (CIO) et de certains comités nationaux olympiques, il nous est possible d’identifier trois aspects principaux de ce réemploi du matériau antique : a) commémorer et affirmer l’identité et la grandeur nationales de la Grèce contemporaine, comme cela a été le cas lors des Jeux olympiques de 1896, 1906 et 2004 ; b) glorifier et esthétiser l’idéologie nazie, ce qui s’est passé lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936 ; c) utiliser l’Antiquité grecque comme support de marketing pour propager les idéaux olympiques modernes, une pratique initiée par Pierre de Coubertin et poursuivie par le CIO lors de la phase de commercialisation accrue des Jeux.

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Texte intégral

  • 1 La date de 776 avant notre ère a été avancée par le sophiste Hippias, vers 400 av. n.è., et ne corr (...)
  • 2 Voir Nigel Spivey, The Ancient Olympics, Oxford/New York, Oxford University Press, 2004; Mark Golde (...)
  • 3 Voir Mark Golden, « War and Peace in the Ancient and Modern Olympics », Greece & Rome, 58-1, 2011, (...)
  • 4 Salvatore Settis, Futuro del « classico », Turin, Einaudi, 2004.
  • 5 Seth L. Schein, « “Our Debt to Greece and Rome”: Canon, Class and Ideology », dans Lorna Hardwick, (...)
  • 6 Johann Joachim Winckelmann, « Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerei un (...)

1Le nom lui-même du plus prestigieux événement sportif de notre époque évoque l’Antiquité grecque : les Jeux olympiques. Dans les documents officiels du mouvement olympique moderne, il est fait fréquemment référence aux Jeux et à la Grèce antiques, même si cela reste très général et que cette simple évocation constituait en soi un argument de poids. Les Jeux antiques, qui furent organisés pendant plus de mille ans (de 776 avant notre ère à 393 de notre ère)1, ne correspondaient probablement guère à l’image que s’en faisaient ou s’en font encore les membres contemporains du Comité international olympique (CIO). Rares devaient être les athlètes qui y participaient dans une perspective de perfectionnement physique, moral et spirituel – en réalité, ces Jeux antiques étaient plutôt le théâtre de compétitions sanglantes, où la victoire était recherchée à presque n’importe quel prix2. De même, la prétendue « trêve olympique » entre les cités-états grecques ne devait être limitée qu’à l’octroi de sauf-conduits pour les participants et les spectateurs des Jeux3. L’importance de la référence à l’Antiquité classique tient avant tout à sa fonction de légitimation de valeurs sociales, politiques et morales contemporaines4. La réception de l’Antiquité revêt généralement une dimension idéologique5 et se contente rarement de simplement rendre hommage aux splendeurs du passé, comme dans le cas de l’historien de l’art allemand Johann Joachim Winckelmann, promoteur d’un néo-classicisme pur qui voit dans la Grèce antique la source du bon goût et du Beau idéal6.

  • 7 « Our Olympic Games are not so much a revival of the ancient Greek games as a genuine continuation (...)
  • 8 Susan Brownell, « The View from Greece: Questioning Eurocentrism in the History of the Olympic Game (...)

2Nous proposons ici de questionner le rôle de la réception de l’Antiquité dans la rhétorique du mouvement olympique contemporain, notamment chez Pierre de Coubertin à la fin du XIXe siècle. Le recours à l’Antiquité veut-il suggérer une authentique continuité avec les Jeux grecs antiques comme croit pouvoir le constater David Young ?7 Ou remplit-il des fonctions différentes selon le contexte, selon les priorités successives des acteurs du mouvement olympique ? La fondation et la pérennisation des Jeux olympiques modernes auraient-elles été possibles sans l’ancrage dans l’Antiquité grecque ?8 Il convient de se demander si cette dernière a vraiment été la force motrice de la renaissance des jeux et d’analyser les fonctions qu’elle a revêtues et qu’elle revêt encore. Dans cette perspective, il convient également de se demander dans quelle mesure les références à l’Antiquité ont évolué dans le contexte des avancées technologiques qui ont permis une véritable explosion de la médiatisation, de la commercialisation et de la mondialisation des Jeux olympiques dans la seconde moitié du XXe siècle.

  • 9 Voir Ullrich Sinn, « Olympia », dans Manfred Landfester et al. (dir.), Der neue Pauly. Enzyklopädie (...)
  • 10 Lana Italo, « I ludi Capitolini di Domiziano », Rivista di Filologia e di Istruzione Classica, 79, (...)
  • 11 Louis Ruprecht, « Greek Exercises: the Modern Olympics as Hellenic Appropriation and Reinvention », (...)
  • 12 Wolfgang Decker, « Eine Reminiszenz an die Olympischen Spiele im Byzanz des 14. Jahrhunderts », Nik (...)
  • 13 Voir Id., « Pre-Olympic Olympias. Olympic Games before the Modern Olympics », dans Andreas Amendt e (...)

3La référence aux Jeux olympiques antiques a une longue histoire. Ulrich Sinn avance qu’elle débute dès l’Antiquité, avec au moins 38 olympiades ou isolympiades recensées uniquement dans les provinces orientales de l’Empire romain. Ces festivités reprenaient en partie les règles, le contenu et les récompenses de la fête originale. Certaines d’entre elles ont même survécu à l’interdiction des cultes païens, décrétée en 393 par Théodose Ier et réaffirmée en 426 par Théodose II9. Un autre exemple est l’organisation des Ludi Capitolini à partir de 86 de n.è. sous le règne de l’empereur Domitien. Ces jeux étaient directement inspirés des Jeux olympiques et visaient à s’approprier leur éclat et leur prestige10. L’historien Louis Ruprecht considère même les Jeux d’Olympie comme un « phénomène néo-olympique », s’inspirant de compétitions bien plus anciennes et en grande partie tombées dans l’oubli11. Si la mémoire des Jeux olympiques a été vivace dans l’Empire byzantin jusqu’au XIVe siècle, cela n’a pas été le cas en Europe occidentale où elle n’est ravivée qu’à la Renaissance12. Au XIXe siècle, les tentatives de réintroduction des Jeux olympiques se sont multipliées, mais uniquement à une échelle locale, en Angleterre, en Grèce, mais aussi en Amérique du Nord13.

  • 14 Norbert Müller, « Coubertin et l’Antiquité grecque », Gazette Coubertin, 56-57, 2019, p. 28-33.
  • 15 Dikaia Chatziefstathiou, Ian P. Henry, Discourses of Olympism. From the Sorbonne 1894 to London 201 (...)
  • 16 Louis Callebat, « The modern Olympic games and their model in antiquity », International journal of (...)
  • 17 Ingomar Weiler, « Zur Rezeption des Griechischen Sports im Nationalsozialismus: Kontinuität oder Di (...)
  • 18 Christina Koulouri, « From Antiquity to Olympic Revival: Sports and Greek National Historiography ( (...)
  • 19 Alexander Kitroeff, Wrestling with the Ancients. Modern Greek Identity and the Olympics, New York, (...)
  • 20 Elena Yalouri, « When the New World meets the Ancient », dans Christina Koulouri (dir.), Athens Oly (...)
  • 21 Jilly Traganou, « National narratives in the opening and closing ceremonies of the Athens 2004 Olym (...)
  • 22 Zinon Papakonstantinou, « Epilogue: New directions in classical reception, sport and the body in Mo (...)
  • 23 Eleni Fournaraki, Zinon Papakonstantinou (dir.), Sport, bodily culture and classical antiquity in m (...)
  • 24 David Young, A Brief History…, op. cit.
  • 25 Voir notamment Eric Moormann, « De Olympische Spelen van 1936 en de Duitse aanspraken op het antiek (...)
  • 26 Johann Chapoutot, Le National-socialisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 2008, p. 202.
  • 27 Mark Golden, « War and Peace… », art. cité; Mark Golden, Greek sport and social status, Austin, Uni (...)
  • 28 Jacques A. Bromberg, « Sport and peace… », art. cité.

4De nombreux travaux ont abordé le cas spécifique de Pierre de Coubertin : Norbert Müller explique l’intérêt et l’enthousiasme de ce dernier pour l’Antiquité par sa formation scolaire et son milieu social14 ; Dikaia Chatziefstathiou et Ian P. Henry analysent eux les processus ayant contribué à la formulation de l’idéologie olympique coubertinienne15 ; Louis Callebat examine quant à lui les divergences entre la vision de Coubertin et le modèle antique16, tandis qu’Ingomar Weiler s’attache à déterminer les connaissances de l’Antiquité sur lesquelles Coubertin s’est appuyé, concluant que sa vision de la Grèce était à la fois politisée et empreinte d’idéalisme17. La vision de l’Antiquité déployée lors des Jeux olympiques organisés en Grèce en 1896 et en 2004, ainsi que sa signification pour la nation grecque ont été étudiées par des chercheurs grecs, que ce soit18, Alexander Kitroeff19, Elena Yalouri20, Jilly Traganou21 ou Zinon Papakonstantinou22, dans des perspectives historique, politique ou culturelle. À ce propos, Eleni Fournaraki et Zinon Papakonstantinou ont dirigé un intéressant recueil d’articles23. Le rôle de la Grèce et de sa tradition classique dans la création des Jeux modernes a été exploré par David Young qui estime que l’importance de Coubertin est surestimée24. De nombreuses études ont également été consacrées à l’instrumentalisation de l’Antiquité par les nazis25, notamment celle de Johann Chapoutot qui, dans son ouvrage sur les rapports du national-socialisme avec l’Antiquité, décrit les Jeux de 1936 comme une « grande mise en scène de la parenté helléno-germanique »26. D’autres travaux explorent les références récurrentes au rôle pacificateur des anciens Jeux olympiques. Mark Golden, en particulier, démontre qu’il s’agit d’un mythe27, ce que confirme Jacques A. Bromberg28.

  • 29 Peter J. Miller, Sport-Antiquity and Its Legacy, Londres, Bloomsbury Academic, 2023.
  • 30 Tony Spawforth, What the Greeks did for us, New Haven-Londres, Yale University Press, 2023. L’auteu (...)
  • 31 « How the concept of ancient Greece has developed and become distorted over time to signify a fabri (...)
  • 32 Avery Brundage, Discours du Président Avery Brundage de 1952 à 1968, [Lausanne], CIO, s. d. [1969]  (...)
  • 33 Tous les rapports officiels des Jeux olympiques ainsi que la Revue olympique peuvent être consultés (...)
  • 34 Une grande partie des cérémonies d’ouverture est disponible sur YouTube ; tous les films auxquels n (...)
  • 35 https://olympics.com/ioc
  • 36 Norbert Müller, Olympia zwischen Idealität und Realität. Die Internationale Olympische Akademie (IO (...)

5Toutefois, les recherches sur l’ensemble de la période contemporaine restent souvent descriptives ou trop sommaires, qu’il s’agisse de l’essai de Peter J. Miller29, de celui de Tony Spawforth30 ou du mémoire de maîtrise d’Al Harlington31. Contrairement à ces travaux, nous nous proposons d’étudier l’évolution du recours à l’Antiquité par le mouvement olympique contemporain du XIXe au XXIe siècle, en nous fondant sur les textes produits par les présidents du CIO, en particulier ceux de Pierre de Coubertin32, sur les rapports officiels des Jeux d’été de 1896 à 2021, sur les articles de la Revue Olympique, l’organe officiel du CIO33, sur l’analyse des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques d’été34 et sur le site Internet du CIO35. Les ouvrages de vulgarisation relatifs aux différents Jeux olympiques, ainsi que les conférences tenues à l’Académie internationale olympique36 ont également été pris en compte, bien que de manière plus sporadique. La réflexion sera chronologique : après s’être intéressé à l’usage qui a été fait de l’Antiquité par Coubertin et les élites grecques, et s’être attardé sur le système d’interprétation élaboré par le régime nazi, nous verrons comment la référence antique s’est progressivement diluée, après la Seconde Guerre mondiale, dans le tournant iconique du mouvement olympique, sans toutefois disparaître complètement.

Coubertin, les Grecs et le rétablissement des Jeux olympiques

  • 37 Armand D’Angour, « Pindar at the Olympics: The Limits of Revivalism », dans Barbara Goff, Michael S (...)
  • 38 Nigel Spivey, The Ancient Olympics, Oxford, Oxford University Press, 2004, p. 244
  • 39 C’est dans le Journal pour la jeunesse que le jeune Coubertin avait lu ce roman de Thomas Hughes, b (...)

6Selon Armand D’Angour, « il est bien connu que les Jeux olympiques d’Athènes de 1896 sont le produit du projet coubertinien de faire revivre un idéal classique d’excellence physique et sportive »37. En revanche, Nigel Spivey38 – et nous sommes d’accord avec lui sur ce point – considère lui que « ce n’est pas avec Homère mais avec un exemplaire de Tom Brown. Scènes de la vie de collège en Angleterre sous le coude que Coubertin a conçu son rêve d’une renaissance olympique »39.

  • 40 Pierre de Coubertin, Une campagne de 21 ans (1887-1908), Paris, Librairie de l’Éducation physique, (...)
  • 41 Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur, Mirville, Archives privés de G. de Navacelle, s.d.
  • 42 Une des plus grandes et prestigieuses écoles d’Angleterre qui se trouve dans la ville de Harrow au (...)
  • 43 Pierre de Coubertin, « Les collèges anglais. Harrow-School », La Réforme Sociale, 2e série, t. II, (...)
  • 44 Donald E. Hall, Muscular Christianity. Embodying the Victorian Age, Cambridge, Cambridge University (...)
  • 45 Heather Ellis, « Thomas Arnold, Christian Manliness and the Problem of Boyhood », Journal of Victor (...)
  • 46 Dikaia Chatziefstathiou, Ian Henry, « Hellenism and Olympism… », art. cité.

7Pour le baron français, qui aspire à associer son nom à une grande réforme de l’éducation, le rétablissement des Jeux olympiques est un moyen et non une fin en soi40. Profondément marqué par la défaite de 1870, il ambitionne de contribuer à la reconstruction d’une France forte et vigoureuse. Son leitmotiv dans les années 1880-1890 est de « rebronzer la France »41 et, pour ce faire, il estime qu’une réforme éducative s’impose de toute urgence. Coubertin est convaincu qu’il existe une étroite corrélation entre la réussite d’une nation et la qualité de son système éducatif, et il considère le modèle éducatif anglais, promouvant la démocratie et la responsabilité, comme une source d’inspiration. Influencé par une vision mythifiée des principes éducatifs de Thomas Arnold, ancien headmaster de la Rugby School, il conçoit le sport comme la pierre angulaire d’une éducation efficace destinée à préparer les jeunes hommes de la future élite à guider une nation prospère. L’enseignement classique dispensé au collège jésuite Saint-Ignace, où il a passé une grande partie de sa scolarité, a sans aucun doute fortement nourri son intérêt pour la culture grecque antique, qu’il cultivera tout au long de sa vie. Dès sa première publication, il évoque ainsi les Jeux olympiques en comparant l’enthousiasme des élèves de l’école de Harrow42 pour le sport à celui des athlètes grecs de l’Antiquité43. Néanmoins, lorsqu’il élabore son projet d’introduction du sport dans les lycées français, il accorde peu d’attention aux Jeux olympiques antiques et privilégie davantage les modèles éducatifs anglais et américains. Coubertin est en réalité plus imprégné de la vision de l’Antiquité qui avait cours dans le système scolaire britannique que par une fréquentation directe des sources classiques. La Muscular Christianity, apparue dans l’Angleterre victorienne44, se référait en effet à une vision idéalisée de la Grèce antique en ce qui concernait les vertus morales et la formations du caractère grâce aux activités sportives. Thomas Arnold avait ainsi été l’un des premiers à plaider en faveur de l’introduction du grec dans les programmes scolaires45, Albion constituant à ses yeux la Grèce des temps modernes46.

  • 47 Arnd Krüger souligne l’influence que les théories esthétiques et d’économie politique de John Ruski (...)
  • 48 Pierre de Coubertin, Une campagne de 21 ans…, op. cit.
  • 49 Coubertin a utilisé des stratégies similaires, avec beaucoup moins de succès, pour promouvoir le sp (...)
  • 50 Elena Yalouri, « When the New World… », art. cité.
  • 51 Bernd Wirkus, « Der pragmatische Historismus Pierre de Coubertins », dans Gerd Hecker, August Kirsc (...)
  • 52 Pierre de Coubertin, Une Olympie moderne, Auxerre, Jattefaux, 1910, p. 21.

8Lorsque, à la fin des années 1880, les efforts de Coubertin pour introduire les sports anglais dans le système éducatif français rencontrèrent une forte résistance, celui-ci dut affiner sa stratégie. En plus de ses efforts pour internationaliser le mouvement sportif et promouvoir son rôle dans la construction de la paix, il a adopté une approche que l’on qualifierait aujourd’hui de « marketing »47, consistant à établir un lien entre le sport et les anciens Jeux olympiques, comme il l’a lui-même relaté dans ses mémoires48. Pour que les sports athlétiques anglais, souvent perçus comme futiles, soient acceptés par les aristocrates et les bourgeois de l’Hexagone, il a fait appel au prestige du classicisme49. Cette patine hellénique a également été utilisée au niveau international, le philhellénisme étant largement partagé au sein des élites européennes éduquées de l’époque et pouvant servir de lingua franca pour soutenir et encadrer les rencontres sportives internationales50. Les premiers collaborateurs et amis de Coubertin, tels que le premier président du CIO, Dimítrios Vikélas, un homme d’affaires et un écrivain grec, ou l’Américain William M. Sloane, professeur d’histoire à l’université de Princeton, étaient probablement plus versés dans les lettres classiques qu’en sport. Coubertin choisit d’adopter une approche pragmatique51, en convoquant l’Antiquité pour construire une Olympie contemporaine52.

  • 53 Alexander Kitroeff, « Greece and the 1904 “American” Olympics », dans Susan Brownell (dir.), The 19 (...)
  • 54 Giorgos Kokkinos, « The Greek Intellectual World and the Olympic Games (1896, 1906) », dans Christi (...)
  • 55 Un an avant les Jeux d’Athènes de 1896, il a publié un livre élogieux sur le Jeux antiques. Voir Ge (...)
  • 56 Ibid., p. 147.
  • 57 Voir Zinon Papakonstantinou, « Epilogue… », art. cité ; Christina Koulouri, « From Antiquity to Oly (...)

9Les Grecs, qui organisèrent quatre fois des Jeux nationaux – les Jeux de Zappas – entre 1859 et 1889, puis les premiers Jeux olympiques modernes en 1896 et les Jeux dits intermédiaires en 1906, avaient cependant une autre conception de la renaissance olympique. La plupart d’entre eux considéraient les Jeux rétablis comme la célébration d’une ancienne tradition grecque agrémentée de sports modernes, alors que Coubertin les concevait comme la célébration du sport agrémentée de traditions anciennes53. Pour les organisateurs hellènes des premiers Jeux modernes de 1896 ainsi que pour la grande majorité de l’intelligentsia du monde grec, la renaissance des Jeux olympiques était interprétée comme un symbole de continuité ethnique et de régénération nationale54. Dans son ouvrage sur les Jeux olympiques publié en 1895, le philologue grec George Spyridis55 exposait ainsi sa vision de la supériorité de la civilisation grecque. Selon lui, les Jeux olympiques et l’idéal du développement harmonieux du corps et de l’esprit avaient fait des anciens Grecs – ainsi que de leurs descendants – « le plus courageux, le plus beau, le plus brillant, le plus sage et le plus philanthrope des peuples que les rayons du soleil aient jamais éclairés et réchauffés sur la terre »56. Au XIXe siècle, la construction de l’identité nationale grecque était profondément façonnée par l’idéalisation de l’Antiquité, en particulier dans le contexte de la guerre d’indépendance. Le monde classique était devenu un modèle pour l’État grec naissant, qui cherchait à raviver la gloire passée dans un contexte d’adversité. Peu après l’indépendance, l’historiographie nationaliste établit ainsi la continuité historique entre la Grèce antique, byzantine et moderne, avec une prédominance symbolique de l’Antiquité57.

  • 58 Norbert Müller, « Coubertin et l’Antiquité grecque », art. cité.
  • 59 Pierre de Coubertin, « Le rétablissement des Jeux Olympiques », Revue de Paris, 15 juin 1894, p. 18 (...)
  • 60 Eric Hobsbawm, « Introduction: Inventing Traditions », dans Eric Hobsbawm, Terence Ranger (dir.), T (...)
  • 61 Pierre de Coubertin, « Les universités populaires », Pages de Critique et d’Histoire, 5e fascicule, (...)
  • 62 Voir Alexandra Vinzenz, Vision « Gesamtkunstwerk » : Performative Interaktion als künstlerische For (...)
  • 63 Pierre de Coubertin, Olympie, Genève, Imprimerie Burgi, 1929, p. 4.

10Coubertin était indubitablement un fervent philhellène58, mais il n’adhérait pas à ce projet de régénération nationale grecque. Ainsi, il a à maintes reprises souligné que le rétablissement des Jeux olympiques ne signifiait pas la résurrection littérale des Jeux antiques dans leur forme originale, mais plutôt l’adaptation de leurs idéaux aux défis du XXe siècle à venir. En 1894, il déclarait par exemple que « les Jeux Olympiques rénovés seront modernes, très modernes [...] Seule l’idée peut revivre, adaptée aux besoins et aux goûts du siècle. Nous ne prétendons rétablir qu’une chose de l’Antiquité : la trêve, la trêve sacrée ! »59 S’inspirant des valeurs de la chrétienté musculaire victorienne, de celles de la chevalerie médiévale et des idéaux classiques de l’eurythmie – une sorte d’agencement harmonieux et équilibré des sens –, Coubertin a progressivement développé une « philosophie de vie » syncrétique qu’il a baptisée « olympisme » ou aussi « néo-olympisme », en inventant une tradition – au sens d’Eric Hobsbawm60 – célébrée lors d’une fête mondiale dotée d’une aura quasi religieuse. La notion d’eurythmie s’appuyait à l’origine sur les théories du critique d’art anglais John Ruskin : « Un rapport heureux entre les circonstances, la durée, les gestes, les sens, les couleurs... est à la base de tout effet eurythmique.61 ». À l’instar des visions de Richard Wagner, il s’agissait de mettre en scène des compétitions sportives sous la forme d’une œuvre d’art totale62. Le sport devait se présenter en habits de fête, en harmonie avec les arts et la science. Au soir de sa vie, après sa deuxième visite à Olympie en 1927, Coubertin soulignait que l’eurythmie ne concernait pas seulement l’art, mais qu’il existait « aussi une eurythmie de la vie »63.

  • 64 Dikaia Chatziefstathiou, Ian Henry, « Hellenism and Olympism… », art. cité.
  • 65 Pierre de Coubertin, « À mes amis hellènes. Lettre ouverte d’avril 1934 », cité dans Norbert Müller (...)

11Lorsque la monarchie grecque, qui se considérait comme l’héritière directe de la Grèce antique, a tenté de s’approprier le succès des Jeux de 1896 et a revendiqué le droit d’organiser de manière permanente les Jeux modernes sur son sol, Coubertin a temporairement abandonné le système référentiel centré autour de l’histoire de la Grèce64. Néanmoins, lorsqu’il fut assuré que sa proposition de Jeux itinérants l’avait emporté, il s’appuya de nouveau sur l’Antiquité classique pour donner corps à sa vision du « néo-olympisme ». En 1934, dans une lettre ouverte à ses « amis hellènes », il écrivait ainsi : « Ma foi en l’Hellénisme, en son avenir, en sa fécondité continue n’a cessé durant ces quarante dernières années d’aller s’affermissant.65 »

  • 66 Pierre de Coubertin, « Olympie » Le Sport Suisse, 25e année, 10-31 juillet 1929, cité dans Norbert (...)
  • 67 Ibid., p. 418.
  • 68 Pierre de Coubertin, « Les Congrès Olympiques », Revue Olympique, février 1913, p. 19.
  • 69 Pierre de Coubertin, « Les sources et les limites du progrès sportif (IV) », Olympische Rundschau, (...)
  • 70 Dans ses Leçons de Pédagogie Sportive, œuvre dont la première section est dédiée à l’histoire du sp (...)

12Les conceptions éducatives de Coubertin, qui accordaient une place centrale au sport, impliquaient que ce dernier relève le défi représenté par la vision de l’Église, notamment catholique, en la matière – orientation spirituelle au-delà de la vie terrestre et par conséquent hostilité envers le corps. Dans cette entreprise axée sur la réalité terrestre, où il s’agissait d’atteindre un équilibre entre l’esprit et le corps, les sens et la volonté, l’instinct et la conscience, le recours à l’hellénisme était primordial : « L’hellénisme est avant tout le culte de l’humanité dans sa vie présente et son état d’équilibre »66. L’Antiquité grecque lui servait ainsi de fondement pour justifier sa vision des choses : « Ce fut la gloire immortelle de l’Hellénisme de concevoir la codification de la poursuite de l’équilibre et d’en faire une recette de grandeur sociale.67 » L’introduction de compétitions artistiques aux Jeux et le respect et la promotion de l’idéal amateur étaient par conséquent destinés à maintenir l’équilibre entre le corps et l’esprit, et à rétablir « le règne heureux de l’antique eurythmie »68. Toujours selon Coubertin, « l’Hellénisme a, par excellence, préconisé la mesure, la proportion créatrice de beauté, de grâce et de force associées. Il nous faut sous ce rapport revenir vers les conceptions helléniques pour contrebalancer les effrayantes laideurs de l’âge industriel que nous venons de traverser »69. Dans cette optique d’une formation harmonieuse, Coubertin s’opposait à la spécialisation excessive du corps. La polyvalence physique, en combinaison avec l’éducation intellectuelle et le renforcement du caractère et de la volonté, constituait le pilier essentiel de son idéal éducatif, visant à doter l’élite dirigeante de ces qualités nécessaires pour affronter l’avenir. Afin d’encourager cette polyvalence, il introduisit le pentathlon moderne lors des Jeux olympiques de Stockholm en 1912, une nouvelle discipline qui adaptait résolument l’ancien pentathlon à la modernité70. C’est également lors des Jeux de Stockholm que les concours artistiques furent organisés pour la première fois, toujours en écho aux Jeux antiques. Les compétitions artistiques – qui ont d’ailleurs permis à Coubertin de remporter le titre de champion olympique de littérature en 1912 pour son Ode au sport (sous un pseudonyme). À la fin de sa vie, Coubertin est même allé jusqu’à qualifier son « néo-olympisme » de religion :

  • 71 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques de l’Olympisme moderne », Le Sport Suisse, 31e an (...)

En ciselant son corps par l’exercice comme le fait un sculpteur d’une statue, l’athlète antique « honorait les dieux ». En faisant de même, l’athlète moderne exalte sa patrie, sa race, son drapeau. J’estime donc avoir eu raison de restaurer dès le principe, autour de l’olympisme rénové, un sentiment religieux transformé et agrandi par l’internationalisme et la démocratie qui distinguent les temps actuels, mais le même pourtant qui conduisait les jeunes hellènes ambitieux du triomphe de leurs muscles au pied des autels de Zeus71.

13Là encore, Coubertin tentait de légitimer sa vision du sport en faisant un parallèle avec l’Antiquité et en présentant l’athlète masculin, qui façonne son corps dans un dévouement religieux en quête d’un objectif supérieur, comme une constante des civilisations avancées.

Berlin 1936 : le triomphe de l’interprétation nazie

  • 72 Johann Chapoutot, Le National-socialisme et l’Antiquité, op. cit.
  • 73 Ibid., p. 79.
  • 74 Ibid., p. 54.
  • 75 Voir Wilhelm von Humboldt, Briefe Juli 1795-Juni 1797, t. 3, présenté et commenté par Philip Mattso (...)
  • 76 Voir Ingomar Weiler, « Zur Rezeption des Griechischen Sports… », art. cité ; Anthony Andurand, Le M (...)
  • 77 Voir Barbara Stiewe, Der « Dritte Humanismus ». Aspekte deutscher Griechenrezeption vom George-Krei (...)
  • 78 Eliza Marian Butler, The Tyranny of Greece over Germany, Boston, Beacon Press, 1958, p. 335.

14Un an avant la disparition de Coubertin, lors des Jeux de Berlin en 1936, l’usage de la culture olympique antique s’est enrichi d’un nouveau chapitre. L’identité nationale est en effet fréquemment associée à des récits mythiques originels72 : les nationaux-socialistes ont eux aussi utilisé l’Antiquité gréco-romaine pour construire une identité prestigieuse pour le nouvel ordre nazi. Le régime hitlérien a ainsi tenté de convaincre les Allemands de la supériorité de la race nordique et a prétendu que celle-ci était également à l’origine de la civilisation grecque antique. En janvier 1942, Hitler déclare par exemple : « Lorsqu’on nous demande qui sont nos ancêtres, nous devons répondre : les Grecs.73 » Les références à l’Antiquité abondaient dans la propagande du IIIe Reich. Nombre d’historiens et d’anthropologues ont accrédité et recyclé les théories du XIXe siècle selon lesquelles presque toutes les grandes cultures humaines procédaient de la race aryenne74. De ce fait, l’appropriation de la culture hellénique par le régime nazi n’a pas constitué une rupture radicale dans l’histoire de la réception allemande de l’Antiquité. Wilhelm von Humboldt avait déjà établi la thèse d’une parenté d’essence et d’une similitude entre les Grecs et les Allemands75 ; plus tard, des figures telles que Karl Otfried Müller, Ernst Curtius, Friedrich Nietzsche et Jacob Burckhardt avaient avancé des arguments qui pouvaient s’insérer facilement dans l’idéologie nationale-socialiste76 ; de même, le concept de « Troisième humanisme » (Dritter Humanismus), élaboré par Werner Jäger – qui considérait la grécité comme l’origine de la civilisation –, ainsi que le « cercle de George » (George Kreis) – constitué autour du poète Stefan George –, avec son esthétisme élitiste exacerbé, s’avérèrent également compatibles avec le national-socialisme77. Plus généralement, les historiens, les archéologues et les philologues allemands spécialistes de l’Antiquité se sont laissé emporter par la tyrannie d’un idéal : « La contemplation objective et sereine était au-dessus de leurs forces. Ils voulaient s’emparer de la beauté grecque, la posséder et se l’approprier, ou la surpasser, ou à défaut la détruire, ou l’entraîner violemment dans le présent, déterrer le trésor enfoui, ressusciter les dieux.78 » Ce contexte intellectuel offrait un terreau fertile pour l’élaboration d’une idéologie olympique conforme à la vision des nationalistes allemands.

  • 79 Les torches étaient fabriquées avec le même acier que les chars d’assaut qui furent utilisés quelqu (...)
  • 80 Ingomar Weiler, « Zur Rezeption des Griechischen Sports… », art. cité.
  • 81 Sonja Schreiner, « Verzerrtes antikes Heldentum im Totalitarismus des 20. Jahrhunderts (mit interme (...)
  • 82 Voir Eric Moormann, « De Olympische Spelen… », art. cité; Daniel Wildmann, « Desired Bodies... », a (...)
  • 83 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques… », art. cité.

15Le relais de la flamme olympique, imaginé par le dirigeant sportif Carl Diem, constitue probablement le symbole le plus manifeste de cette volonté d’établir un lien direct entre l’Antiquité grecque et l’Allemagne nazie. Le 20 juillet 1936, au cours d’une cérémonie théâtrale dans le sanctuaire d’Olympie, la flamme olympique fut allumée par les rayons du soleil à l’aide d’un miroir parabolique, puis transportée par plus de 3 000 coureurs de la Grèce à Berlin79. L’ancienne actrice et cinéaste Leni Riefenstahl, déjà fort appréciée des nazis après son film de propagande Triumph des Willens (Le Triomphe de la volonté) sur le congrès du parti nazi à Nuremberg en 1934, a filmé la cérémonie d’allumage et le relais de la flamme olympique dans son documentaire officiel des Jeux de Berlin, Olympia (Les Dieux du stade). La première séquence de ce film présente des temples et des statues grecques classiques dans la poussière, des statues qui s’animent lentement pour se transformer en corps aryens nus s’exerçant dans la nature. La statue de marbre inanimée du lanceur de disque de Myron est métamorphosée en un athlète vivant, le décathlonien allemand Erwin Huber, qui lance le disque. Riefenstahl, qualifiant cette séquence de « renaissance de l’Antiquité »80 « crée ainsi un continuum fatal – de l’athlète grec au « Herrenmensch » (« l’homme de la race des seigneurs ») aryen-germanique-nordique »81. Elle chante ainsi la gloire des Jeux olympiques tout en esthétisant l’idéologie nazie82. En donnant vie à une statue de marbre, Riefenstahl illustre les propos de Coubertin cités supra, à savoir que les athlètes olympiques sculptent leurs corps comme des artistes : dans l’Antiquité, on le faisait en l’honneur des dieux ; dorénavant, c’est en l’honneur de la nation et de la race83.

16Si les Jeux de Berlin illustrent par conséquent de manière exemplaire l’instrumentalisation de l’Antiquité par une idéologie raciste, ils ont également marqué un tournant dans la transmission des idéologies par le biais des médias. Les messages véhiculés par les images sont devenus plus subtils, mais aussi plus vagues. Leur portée s’est universalisée, attirant ainsi un nombre considérable de destinataires potentiels.

Le tournant iconique

17Depuis les Jeux de 1936, qui ont été diffusés pour la première fois à la télévision, bien que dans un cadre régional très limité, et depuis le film officiel de Leni Riefenstahl, qui a été salué comme un chef-d’œuvre dans de nombreux pays, ce ne sont plus les mots écrits mais de plus en plus les images animées qui façonnent la diffusion et la réception de l’idéologie olympique. Au temps de Coubertin, sa transmission se faisait essentiellement par le biais du langage, ce qui permettait d’expliciter les concepts. Les idéaux de Coubertin ont été diffusés par des livres, des journaux, des conférences, etc., par tout un appareil culturel ciblant principalement les élites. Ses plus de 15 000 pages imprimées n’ont ainsi atteint qu’un nombre limité de lecteurs parmi les citoyens cultivés du monde occidental. Ceux-ci se sont cependant souvent penchés de manière intensive sur ces écrits, comme en témoignent les nombreuses réactions en Europe et aux États-Unis. Les rites et les rituels engendraient des sentiments de type religieux dans les arènes olympiques, mais ils restaient réservés à un public restreint. L’année 1936 marque un tournant dans la médiatisation de l’olympisme, passant d’un symbolisme principalement linguistique et conceptuel à un symbolisme principalement iconique. Pour la première fois, les Jeux olympiques ont été retransmis à la radio dans 40 pays du monde entier et la première retransmission télévisée a été réalisée. L’appareil culturel linguistique de l’époque de Coubertin a progressivement cédé la place aux images et icônes de la culture populaire.

  • 84 Régis Debray, Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident, Paris, Gallimard, 1992, p (...)
  • 85 Roland Barthes, « Rhétorique de l’image », Communications. Recherches sémiologiques, 4-1, 1964, p.  (...)
  • 86 Ibid.

18Les successeurs de Coubertin ont été beaucoup moins productifs que le baron : Henri de Baillet-Latour (1924-1942) et Sigfrid Edström (1942-1952) étaient plutôt des technocrates qui se sont concentrés sur les questions d’organisation et de politique sportives – la question de l’amateurisme, les relations avec les fédérations sportives ainsi que la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences les ont largement occupés. Dès 1936, il est ainsi apparu que c’étaient moins les écrits des fonctionnaires que les images qui contribueraient à la diffusion de l’idéologie olympique, processus qui se renforça avec la diffusion télévisuelle massive à partir les années 1960. Néanmoins, les nouveaux médias ont modifié le message et, partant, l’idéologie elle-même. Les images spectaculaires et émotionnelles de performances extraordinaires et de compétitions passionnantes ont en grande partie supplanté les appels pédagogiques et moraux des textes écrits. Les aspects religieux (rituels, symboles) demeurent présents, mais ne se cantonnent plus aux stades : ils touchent une vaste et mondiale communauté virtuelle. Les images, notamment celles diffusées par la télévision, ont rendu les messages véhiculés moins spécifiques, ouvrant la voie à une plus grande liberté d’interprétation. Selon Régis Debray, « une chaîne de mots a un sens, une séquence d’images en a mille »84. Sans prétendre surestimer l’univocité linguistique et la polysémie inhérente à l’image, il apparaît manifeste que le texte, comme l’a noté Roland Barthes, « constitue une sorte d’étau qui entrave la prolifération des sens connotés »85. Il soutient que « par rapport à la liberté des significations de l’image, le texte exerce une valeur répressive, et l’on comprend que c’est principalement à son niveau que s’investissent la morale et l’idéologie d’une société »86.

  • 87 « The medium is the message », dans Marshall McLuhan, Understanding Media. The Extensions of Man, C (...)

19L’intérêt des spectateurs pour le sport se nourrit avant tout d’images et du suspens de l’action en temps réel : la télévision, avec ses images animées, offre une expérience immersive, informative et divertissante, faisant d’elle le médium parfait pour la transmission des compétitions sportives. Mais le médium a fini par modifier le message87 : les images spectaculaires de compétitions passionnantes, de performances physiques impressionnantes, de corps jeunes et performants ont supplanté les appels pédagogiques à un développement harmonieux du corps et de l’esprit. Les discours faisant référence à l’histoire se sont progressivement effacés au profit de l’immédiateté visuelle et auditive. Les anneaux olympiques sont ainsi devenus une marque commerciale et un des symboles les plus connus au monde ; les textes pédagogiques ont été remplacés par des slogans développés au département du marketing (« amitié, respect, excellence »). Différentes cultures, différentes idéologies, différentes opinions politiques et religieuses peuvent y trouver un sens, leur sens, plus facilement que dans des textes relativement précis favorisant une lecture et une relecture critique.

20À peine remarquée par les masses de téléspectateurs, la symbolique antique ne subsiste le plus souvent qu’en tant que phénomène marginal. Alors que jusque dans les années 1960, les motifs helléniques dominaient encore sur les affiches olympiques – comme les athlètes nus, les couronnes de vainqueurs en branches d’olivier ou, à Londres en 1948, le discobole de Myron –, ils ont presque totalement disparu dans la seconde moitié du XXe siècle. Les références à l’Antiquité ne perdurent que sur les médailles des vainqueurs : en 1927, le CIO avait choisi le dessin de l’artiste italien Giuseppe Cassioli – la Victoire est assise à gauche et tient une couronne, tandis que le Colisée est visible à l’arrière-plan à droite ; pour les Jeux de 2004, l’iconographie romaine a été remplacée par une iconographie hellénique représentant la déesse Niké trônant dans le stade panathénaïque d’Athènes. En ce qui concerne les cérémonies, seul l’allumage de la flamme olympique au milieu des ruines de l’ancienne Olympie rappelle l’Antiquité grecque – mais les images de cette tradition inventée sont rarement montrées et ne retiennent guère l’attention du grand public.

21Depuis la seconde moitié du XXe siècle, ce sont donc surtout les images qui véhiculent l’idéologie olympique, de manière plus subtile, mais moins précise que les écrits. Les marges d’interprétation s’élargissent permettant d’attirer un public plus vaste. Le recours à l’Antiquité grecque, fondamentalement eurocentrée, a perdu de sa pertinence avec l’extension de l’horizon d’attente : les aspirations européennes à civiliser le monde – ce qui constituait un aspect important du projet coubertinien depuis les années 1920 – sont désormais caduques.

Cérémonies d’ouverture et commémoration de la grandeur nationale

  • 88 Miquel de Morags Spà, Nancy K. Rivenburg, James F. Larson, Television in the Olympics, Londres-Pari (...)
  • 89 Ibid.
  • 90 Salvatore Settis, op. cit.

22Avec la généralisation des retransmissions télévisées, les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux se sont transformées en de véritables spectacles, le tournant se situant à Squaw Valley en 1960 – le comité d’organisation avait confié leur mise en scène à Walt Disney. Certaines de ces cérémonies font désormais encore explicitement référence à la tradition grecque lorsque les Jeux sont organisés en Europe. Par exemple, lors de la cérémonie d’ouverture de Barcelone en 1992, le groupe théâtral catalan La Fura dels Baus présenta un spectacle intitulé « Mer méditerranéenne, mer olympique ». Les éléments centraux de ce spectacle étaient « l’eau (la mer Méditerranée), le soleil et la mythologie grecque, notamment en lien avec Hercule, fils de Zeus, héros et vainqueur olympique »88. Toutefois, les commentaires radiodiffusés et télévisés du monde entier ont interprété cette performance artistique originale de manière très variée. Seuls quelques-uns ont réussi à dépasser le niveau de la simple description détaillée et seuls les journalistes européens « ont pu fonder leurs commentaires sur une connaissance de base de la mythologie grecque »89, ce qui met en évidence que la référence à l’Antiquité reste essentiellement européenne90. L’hellénisme et la Grèce, considérés comme le berceau de l’Europe, restent souvent méconnus ou peu pertinents dans d’autres régions du monde.

  • 91 Alexander Kitroeff, Wrestling with the Ancients. Modern Greek Identity and the Olympics, New York, (...)
  • 92 Eleana Yalouri, « Fanning the Flame: Transformations of the 2004 Olympic Flame », The International (...)
  • 93 Walter Borgers, Olympic Torch Relays, Kassel, Agon-Sportverlag, 1996.

23Cependant, à l’occasion du centenaire des Jeux modernes en 1996, il était impossible de ne pas faire référence à leurs origines historiques. L’attribution des Jeux à Atlanta provoqua un véritable tollé en Grèce, un journal titrant « Coca-Cola [dont le siège se trouve dans la ville hôte choisie] bat le Parthénon »91. Certains protestataires envisagèrent même d’empêcher l’allumage de la flamme à Olympie. Cette tradition, inventée en 1936 par les nazis, avait été facilement récupérée par les Grecs, qui y voient le rappel récurrent de leur prééminence symbolique et historique92. Ce statut fut remis en cause pour la première fois à l’occasion des Jeux d’hiver d’Oslo en 1952. La flamme fut en effet allumée cette année-là au feu de la cheminée de Sondre Norheim, considéré comme le pionnier norvégien du ski, dans sa maison de Morgedal, dans le comté de Telemark. Quatre ans plus tard, à Cortina d’Ampezzo, l’allumage eut de nouveau lieu à Olympie, mais pour les Jeux d’hiver de Squaw Valley, ce fut de nouveau Morgedal. La Grèce réussit à imposer Olympie par la suite, jusqu’en 1994 avec les Jeux de Lillehammer. Deux flammes furent allumées, l’une à Olympie, l’autre à Morgedal, les deux flammes devant être unies à l’arrivée de la flamme grecque sur le sol norvégien. Contrairement à ce qui avait été prévu, les Grecs refusèrent et les Norvégiens se passionnèrent pour le relais de la flamme de Morgedal, délaissant complètement celui d’Olympie93. Bien que seuls les sports d’hiver, par définition disputés sur la neige et la glace, soient au programme des Jeux olympiques d’hiver, la Grèce en revendique également le patronage ; de son côté, la Norvège a inventé ses propres traditions et refusé de faire un lien quelconque avec l’Antiquité.

  • 94 Zinon Papakonstantinou, « Epilogue… », art. cité.
  • 95 Organising Committee for the Olympic Games (dir.), Official report of the XXVIII Olympiad, Athens 2 (...)
  • 96 Barbara Goff, « Introduction: Game Plan », dans Barbara Goff, Michael Simpson (dir.), Thinking the (...)
  • 97 La chorégraphie, dans laquelle les acteurs revêtaient des tenues blanches, contribua en outre à ren (...)
  • 98 Jilly Traganou, « National narratives… », art. cité.

24Après l’échec de la candidature de la Grèce pour les Jeux du centenaire, il fallut attendre deux olympiades pour qu’Athènes accueille la compétition olympique pour la seconde fois. En 2004, comme en 1896, la dimension antique fut largement mise en avant. Certaines épreuves furent organisées dans le stade antique d’Olympie et les médias hellènes n’eurent de cesse de saluer le retour des Jeux sur leur lieu de naissance, reprenant le discours éculé faisant le lien entre la Grèce moderne et l’Antiquité94. À propos de la cérémonie d’ouverture, le comité d’organisation affirma que celle-ci racontait le « voyage de l’humanité du mythe à la logique »95, avec la mise en scène de la double hélice de l’ADN, la chorégraphie de Dimitris Papaionnou visant à établir un lien avec l’ensemble de l’humanité96. L’historienne Jilly Traganou y a vu la persistance du nationalisme grec : la « rhétorique de la continuité » conduisit à « l’évocation d’un espace universel et cosmique identifié à la préhistoire de la Grèce »97, ce qui renforçait « la croyance que la naissance de la civilisation grecque coïncide avec la naissance de la civilisation mondiale »98.

Les références à l’Antiquité dans les discours officiels actuels

  • 99 Organising Committee for the Olympic Games, Official report of the XXVIII Olympiad, Athens 2004, vo (...)
  • 100 Ibid. En outre, il est précisé que « [...] des personnes d’origines diverses, de racines culturelle (...)

25À la suite de ce que l’on pourrait appeler le tournant iconique des récits olympiques, la diffusion des idées olympiques par l’écrit persiste et connaît même un certain renouveau avec les nouvelles technologies de l’information. Alors que le premier des deux volumes du rapport officiel des Jeux de 1896 était entièrement dédié aux Jeux olympiques antiques, la plupart des rapports officiels suivants, de même que les livres grand public diffusés dans le monde, ne comportent plus de références explicites à l’Antiquité. Une exception notable est représentée par le rapport officiel des Jeux de 2004 à Athènes, qui offre une vision extrêmement idéalisée des Jeux anciens en affirmant que « [...] les Jeux olympiques anciens étaient ceux pour la durée desquels les armes étaient déposées et les hostilités cessaient »99. Les auteurs du rapport soulignent que « le but ultime des Jeux olympiques était la participation et non la victoire [...] Les athlètes concouraient pour l’honneur et non pour le gain matériel »100. Comme on l’a vu, à l’instar de 1896 et 1906, les organisateurs grecs insistent sur la continuité avec cette tradition prestigieuse, renforçant ainsi le sentiment d’identité nationale grecque.

  • 101 Otto J. Schantz, « The written works of Pierre de Coubertin from a quantitative perspective », dans (...)
  • 102 Sa compréhension des idéaux olympiques a été façonnée par Pierre de Coubertin, que l’on peut consid (...)
  • 103 Otto J. Schantz, « Amateurisme », dans Michael Attali, Jean Saint-Martin (dir.), Dictionnaire cultu (...)
  • 104 David C. Young, The Olympic myth of Greek amateur athletics, Chicago, Ares, 1984.

26Après la Seconde Guerre mondiale, le discours officiel du CIO a principalement été véhiculé par les discours publics de ses présidents et par la Revue olympique, le journal officiel du mouvement olympique moderne. Bien que Pierre de Coubertin n’ait consacré qu’environ 9 % de ses écrits à l’olympisme, il demeure le théoricien le plus prolifique sur ce sujet101. Parmi ses successeurs, seul Avery Brundage, président du CIO de 1952 à 1972, a continué à faire référence à l’Antiquité102. Cette dernière était mise au service de son combat pour la préservation de l’amateurisme, les Jeux antiques devenant un exemple accompli de pureté sportive : selon lui, l’influence de l’argent et la professionnalisation ne peuvent qu’entraîner une forme de décadence ; c’est pour cette raison que les Jeux de l’Antiquité auraient fini par disparaître. Au début des années 1980, l’acceptation du professionnalisme par le mouvement olympique, engagée par Juan Antonio Samaranch – c’est en 1981 que le CIO supprime le terme « amateur » de ses statuts103 –, entraîne la reconfiguration du système de références à l’Antiquité. C’est d’ailleurs à ce moment-là que des historiens comme David Young démontrent de manière convaincante que la catégorie d’amateurisme était anachronique en ce qui concerne les Jeux antiques et qu’il s’agissait d’un mythe créé par le CIO au tournant du XXe siècle pour justifier ses positions rigides en la matière104. Dès lors, les dirigeants du mouvement olympique sont contraints de mobiliser d’autres thèmes pour justifier leur hégémonie sur le système sportif international : outre la question de l’héritage durable qui bénéficieraient aux différentes villes hôtes, c’est la promotion de la paix qui est mise en avant.

  • 105 Nations unies, « Les Nations Unies et la Trêve olympique », en ligne : https://www.un.org/fr/olympi (...)
  • 106 Voir Mark Golden, « War and Peace… », art. cité; Andreas Höfer, Der Olympische Friede. Anspruch und (...)

27À partir de la fin des années 1980, on observe ainsi une augmentation significative de l’utilisation du mot « trêve » dans la Revue olympique. Le CIO continue d’exploiter l’héritage de l’Antiquité pour renforcer et soutenir son engagement en faveur de la paix, nourrissant l’espoir d’obtenir un jour le prix Nobel de la paix. Cette nouvelle orientation s’appuie sur la référence à la trêve sacrée antique, qui était supposée mettre fin aux conflits armés pendant les Jeux. Toutefois, l’objectif principal de l’Ἐκεχειρία (ekekheiría) était probablement de garantir la tenue des fêtes panhelléniques. Aujourd’hui, l’ambition du CIO est, en collaboration avec les Nations Unies, de contribuer à « l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique »105. Quarante ans après la proclamation d’une trêve par le comité d’organisation des Jeux d’Helsinki en 1952 – dans le contexte de l’entrée de l’URSS dans le mouvement olympique –, le CIO lance en 1992 un appel à l’observation de la trêve olympique et autorise les athlètes de l’ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie à participer aux Jeux de Barcelone. En outre, depuis 1994, le président de l’Assemblée générale de l’ONU lance tous les deux ans un appel à tous les États pour qu’ils observent la trêve olympique durant les Jeux106.

28En dehors de la cérémonie d’allumage de la flamme et de ces appels répétés à la trêve olympique, la référence à l’Antiquité est encore mobilisée par d’autres institutions liées au CIO. C’est notamment le cas au sein de l’Académie internationale olympique (AIO). Cette dernière a été fondée en 1961 sous une double tutelle, celle du CIO et celle du gouvernement grec. Elle organise de nombreux séminaires destinés à des étudiants, des universitaires, des dirigeants sportifs et des athlètes. La localisation de son siège, à un jet de pierre du stade antique d’Olympie, souligne à elle seule le lien revendiqué avec l’Antiquité grecque. Dans ses statuts, il est fait explicitement référence au rôle joué par la Grèce dans la rénovation des Jeux. Elle « vise à étudier, enrichir et promouvoir l’Olympisme et ses valeurs en rapport avec les questions mondiales actuelles qui présentent un intérêt olympique et en conformité avec les principes énoncés par les Grecs anciens et les rénovateurs du Mouvement olympique contemporain ». Il est également précisé qu’« Olympie fut détruite mais ne fut pas éliminée. Son esprit immortel, son idéologie et la philosophie des Jeux Olympiques survécurent et furent transmis, par la Grèce moderne et par Pierre de Coubertin, à tout le monde contemporain. Les Jeux Olympiques furent rénovés à Athènes, en 1896, et sont toujours célébrés avec la participation d’athlètes de tous les pays de monde »107. Il est compréhensible que cette institution, dirigée par des Grecs et contrôlée et soutenue par le gouvernement hellène, mette en avant la continuité avec la tradition classique. Mais il est également dans l’intérêt du CIO de s’inscrire dans cette filiation. Sur son site Internet, la rubrique « Histoire » commence par présenter les Jeux antiques de manière facilement compréhensible, avec force anecdotes et dessins108. Au Musée olympique de Lausanne, la première salle d’exposition est consacrée à l’Antiquité grecque. Des panneaux, de toute évidence rédigés par des historiens et des archéologues, informent le visiteur sur le déroulement et la signification des Jeux antiques. Selon la chercheuse Barbara Goff, « la Grèce antique est aujourd’hui modelée en fonction des nouveaux besoins de l’establishment olympique, principalement pour donner une patine de haute respectabilité culturelle à ce qui est, à bien des égards, une entreprise commerciale mondiale »109. Se réclamer d’un passé prestigieux et largement mythifié comporte bien des avantages : quelle autre marque commerciale peut-elle revendiquer une histoire vieille de plus de 2700 ans ?

Conclusion

29Le recours à l’Antiquité grecque dans le mouvement olympique contemporain est un palimpseste : la vision idéalisée des philhellènes a été partiellement remaniée et réécrite, sous l’égide de Pierre de Coubertin, dans la perspective de la « Muscular Christianity » victorienne ; les successeurs et les exégètes du baron français ont ensuite reformulé cette proposition en fonction des différents contextes, le dernier ayant trait aux nécessités de vendre la marque olympique en s’appuyant sur une tradition prestigieuse. Trois scansions principales peuvent être repérées : 1) la commémoration de l’identité et de la grandeur nationales grecque (notamment en 1896, 1906 et 2004) ; 2) l’instrumentalisation et l’esthétisation par le régime nazi (1936) ; 3) le marketing des idéaux olympiques modernes (éducation, amateurisme, paix).

30Les connaissances historiques encore souvent vagues et incertaines sur les Jeux olympiques antiques ont permis un filtrage sélectif et la mise en avant de certains aspects en fonction des intérêts du CIO. Tous ces récits visent à donner du poids à une notion floue, celle de l’olympisme, et à légitimer le projet coubertinien de réenchanter les sports anglais et de les utiliser comme un outil éducatif. Au bout du compte, cet olympisme s’est révélé suffisamment plastique pour pouvoir être compatible avec le nazisme, le socialisme ou le capitalisme.

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Bibliographie

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Notes

1 La date de 776 avant notre ère a été avancée par le sophiste Hippias, vers 400 av. n.è., et ne correspond certainement pas à la réalité historique, mais est néanmoins communément admise. La date de 393 correspond quant à elle à la fermeture officielle du sanctuaire d’Olympie, suite à l’interdiction des cultes païens par l’empereur Théodose. Il est toutefois probable que des compétitions aient continué à être organisées après cette date. Voir Ingomar Weiler, Der Sport bei den Völkern der Welt, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1981.

2 Voir Nigel Spivey, The Ancient Olympics, Oxford/New York, Oxford University Press, 2004; Mark Golden, Sport and Society in Ancient Greece, Cambridge, Cambridge University Press, 1998; Ulrich Sinn, Das antike Olympia, Munich, Beck, 2004; Wolfgang Decker, Jean-Paul Thuillier, Le Sport dans l’Antiquité, Paris, Picard, 2004; Nigel B. Crowther, Sport in Ancient Time, Londres, Bloomsbury, 2007; Paul Veyne, « Olympie dans l’Antiquité », Esprit, 125-4, 1987, p. 53-62.

3 Voir Mark Golden, « War and Peace in the Ancient and Modern Olympics », Greece & Rome, 58-1, 2011, p. 1-13; Jacques A. Bromberg, « Sport and peace: Panhellenic myth-making and the modern Olympics », dans Sophia Papaioannou, Andreas Serafim, Michael Edwards (dir.), Brill’s Companion to the Reception of Ancient Rhetoric, Leiden/Londres, Brill, 2021, p. 356-378; Manfred Lämmer, « Der sogenannte Olympische Friede in der griechischen Antike », Stadion, VIII-IX, 1982-1983, p. 47-83; Harold A. Harris, Greek Athletes and Athletics, Londres, Hutchinson, 1964; Nigel B. Crowther, « The Ancient Olympics and Their Ideals », dans Gerald P. Schaus, Stephen R. Wenn (dir.), Onward to the Olympics: Historical Perspectives on the Olympic Games, Waterloo (Canada), Wilfrid Laurier University Press, 2007, p. 69-80.

4 Salvatore Settis, Futuro del « classico », Turin, Einaudi, 2004.

5 Seth L. Schein, « “Our Debt to Greece and Rome”: Canon, Class and Ideology », dans Lorna Hardwick, Christopher Stray (dir.), A companion to classical receptions, Chichester, Wiley-Blackwell, 2011, p. 75.

6 Johann Joachim Winckelmann, « Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerei und Bildhauerkunst », dans Helmut Holzhauer (dir.), Winckelmanns Werke in einem Band, Berlin-Weimar, Aufbau-Verlag, 1969 [1755], p. 1-38.

7 « Our Olympic Games are not so much a revival of the ancient Greek games as a genuine continuation of them », dans David Young, A Brief History of the Olympic Games, Malden-Oxford, Blackwell Publishing, 2004, p. 140.

8 Susan Brownell, « The View from Greece: Questioning Eurocentrism in the History of the Olympic Games », Journal of Sport History, 32-2, 2005, p. 203-216.

9 Voir Ullrich Sinn, « Olympia », dans Manfred Landfester et al. (dir.), Der neue Pauly. Enzyklopädie der Antike. Rezeptions- und Wissenschaftsgeschichte, tome 15/1, Stuttgart-Weimar, Metzler, 2001, p. 1166-1174 ; Wolfgang Leschhorn, « Die Verbreitung von Agonen in den östl. Provinzen des Röm. Reiches », Stadion, 24, 1998, p. 31-57.

10 Lana Italo, « I ludi Capitolini di Domiziano », Rivista di Filologia e di Istruzione Classica, 79, 1951, p. 147.

11 Louis Ruprecht, « Greek Exercises: the Modern Olympics as Hellenic Appropriation and Reinvention », Thesis Eleven, 93, 2008, p. 72-87.

12 Wolfgang Decker, « Eine Reminiszenz an die Olympischen Spiele im Byzanz des 14. Jahrhunderts », Nikephoros, 21, 2008, p. 7-13.

13 Voir Id., « Pre-Olympic Olympias. Olympic Games before the Modern Olympics », dans Andreas Amendt et al. (dir.), Olympics. Past & Present, Munich, Prestel, 2013, p. 165-171 ; Karl Lennartz, Kenntnisse und Vorstellungen von Olympia und den Olympischen Spielen in der Zeit von 393-1896, Schorndorf, Hofmann, 1974 ; Joachim K. Rühl, « The Olympian Games in Athens in the year 1877 », Journal of Olympic History, 5-3, 1997, p. 26-34 ; Ingomar Weiler, « The predecessors of the Olympic movement, and Pierre de Coubertin », European Review, 12-3, 2004, p. 427-443.

14 Norbert Müller, « Coubertin et l’Antiquité grecque », Gazette Coubertin, 56-57, 2019, p. 28-33.

15 Dikaia Chatziefstathiou, Ian P. Henry, Discourses of Olympism. From the Sorbonne 1894 to London 2012, Basingstoke, Palgrave, 2012, p. 93-101 ; iid, « Hellenism and Olympism : Pierre de Coubertin and the Greek challenge to the early Olympic movement », Sport in History, 27-1, 2007, p. 24-43.

16 Louis Callebat, « The modern Olympic games and their model in antiquity », International journal of the classical tradition, 4, 1998, p. 555-566.

17 Ingomar Weiler, « Zur Rezeption des Griechischen Sports im Nationalsozialismus: Kontinuität oder Diskontinuität in der deutschen Ideengeschichte », dans Peter Mauritsch, Werner Petermandl, Barbara Mauritsch-Bein (dir.), Die Gegenwart der Antike. Ausgewählte Schriften zu Geschichte, Kultur und Rezeption des Altertums, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2004, p. 171-188.

18 Christina Koulouri, « From Antiquity to Olympic Revival: Sports and Greek National Historiography (Nineteenth–Twentieth Centuries) », The International Journal of the History of Sport, 27-12, 2010, p. 2014-2052.

19 Alexander Kitroeff, Wrestling with the Ancients. Modern Greek Identity and the Olympics, New York, Greekworks, 2004.

20 Elena Yalouri, « When the New World meets the Ancient », dans Christina Koulouri (dir.), Athens Olympic City 1896-1906, Athènes, International Olympic Academy, 2004, p. 295-332.

21 Jilly Traganou, « National narratives in the opening and closing ceremonies of the Athens 2004 Olympic Games », Journal of Sport and Social Issues, 34-2, 2010, p. 236-251.

22 Zinon Papakonstantinou, « Epilogue: New directions in classical reception, sport and the body in Modern Greece », The International Journal of the History of Sport, 27-12, 2010, p. 2184-2186.

23 Eleni Fournaraki, Zinon Papakonstantinou (dir.), Sport, bodily culture and classical antiquity in modern Greece, Londres, Routledge, 2014.

24 David Young, A Brief History…, op. cit.

25 Voir notamment Eric Moormann, « De Olympische Spelen van 1936 en de Duitse aanspraken op het antieke Griekenland », Lampas, 54-2, 2021, p. 270-295 ; Hajo Bernett, « Der Diskuswerfer des Myron. Geschicke eines Idols in Wechselfällen der Politik », Stadion, 17, 1991, p. 27-51 ; Daniel Wildmann, « Desired Bodies. Leni Riefenstahl’s Olympia, Aryan masculinity and the classical body », dans Helen Roche, Kyriakos N. Demetriou (dir.), Brill’s Companion to the Classics, Fascist Italy and Nazi Germany, Leiden/Boston, Brill, 2018, p. 60-81 ; Toon Van Houdt, Mietjes, monsters en barbaren. Hoe we de klassieke oudheid gebruiken om onszelf te begrijpen, Anvers, Polis, 2015 ; Michael MacKenzie, « From Athens to Berlin. The 1936 Olympics and Leni Riefenstahl’s Olympia », Critical Inquiry, 29-2, 2003, p. 302-336.

26 Johann Chapoutot, Le National-socialisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 2008, p. 202.

27 Mark Golden, « War and Peace… », art. cité; Mark Golden, Greek sport and social status, Austin, University of Texas Press, 2008, p. 136-139.

28 Jacques A. Bromberg, « Sport and peace… », art. cité.

29 Peter J. Miller, Sport-Antiquity and Its Legacy, Londres, Bloomsbury Academic, 2023.

30 Tony Spawforth, What the Greeks did for us, New Haven-Londres, Yale University Press, 2023. L’auteur y explore l’héritage de la Grèce Classique dans notre vie quotidienne : un chapitre est consacré au sport, mais se limite à la figure de Coubertin.

31 « How the concept of ancient Greece has developed and become distorted over time to signify a fabrication rather than a reality […] », dans Al J. Harlington, « We are all Greeks ». The Appreciation of Ancient Greece and Modern Olympics Revivals, mémoire de maîtrise, Université de Bristol, 2019, p. i. L’auteur ne dépasse pas les Jeux d’Athènes de 1896.

32 Avery Brundage, Discours du Président Avery Brundage de 1952 à 1968, [Lausanne], CIO, s. d. [1969] ; Norbert Müller, Otto J. Schantz (dir.), Œuvres complètes de Pierre de Coubertin. Complete Works of Pierre de Coubertin, 2e éd., Lausanne, CIPC, 2014.

33 Tous les rapports officiels des Jeux olympiques ainsi que la Revue olympique peuvent être consultés dans la bibliothèque numérique de la Fondation LA84 (https://digital.la84.org/) ou aux archives du CIO à Lausanne.

34 Une grande partie des cérémonies d’ouverture est disponible sur YouTube ; tous les films auxquels nous faisons référence sont disponibles aux archives du CIO.

35 https://olympics.com/ioc

36 Norbert Müller, Olympia zwischen Idealität und Realität. Die Internationale Olympische Akademie (IOA) im Spiegel der Vorträge 1961-1994, Niedernhausen, Schors, 1995. Les 62 Proceedings des sessions de l’AIO pour les jeunes (1961-2022), ainsi que les documentations sur d’autres séminaires peuvent être consultés sur la page web de l’AIO : https://www.ioa.org.gr/the-academy/articles-publications

37 Armand D’Angour, « Pindar at the Olympics: The Limits of Revivalism », dans Barbara Goff, Michael Simpson (dir.), The Classical Tradition and the modern Games, Londres, Bristol Classical Press, 2011, p. 190.

38 Nigel Spivey, The Ancient Olympics, Oxford, Oxford University Press, 2004, p. 244

39 C’est dans le Journal pour la jeunesse que le jeune Coubertin avait lu ce roman de Thomas Hughes, best-seller de l’Angleterre victorienne où sont exposés les principes de la Muscular Christianity mis en œuvre dans les public schools à partir de la moitié du XIXsiècle.

40 Pierre de Coubertin, Une campagne de 21 ans (1887-1908), Paris, Librairie de l’Éducation physique, 1909. Cité dans Norbert Müller, Otto Schantz (dir.), Pierre de Coubertin. Textes choisis, t. III, Pratique sportive, Zurich-New York, Hildesheim-Weidmann, 1986, p. 52.

41 Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur, Mirville, Archives privés de G. de Navacelle, s.d.

42 Une des plus grandes et prestigieuses écoles d’Angleterre qui se trouve dans la ville de Harrow au nord-ouest de Londres.

43 Pierre de Coubertin, « Les collèges anglais. Harrow-School », La Réforme Sociale, 2e série, t. II, 1886, p. 466-473.

44 Donald E. Hall, Muscular Christianity. Embodying the Victorian Age, Cambridge, Cambridge University Press, 1994.

45 Heather Ellis, « Thomas Arnold, Christian Manliness and the Problem of Boyhood », Journal of Victorian Culture, 19-4, 2014, p. 425-441.

46 Dikaia Chatziefstathiou, Ian Henry, « Hellenism and Olympism… », art. cité.

47 Arnd Krüger souligne l’influence que les théories esthétiques et d’économie politique de John Ruskin ont joué dans le projet olympique coubertinien. Voir Arnd Krüger, « “The masses are much more sensitive to the perfection of the whole than to any separate details” : The Influence of John Ruskin’s Political Economy on Pierre de Coubertin », Olympika, 5, 1996, p. 25-44.

48 Pierre de Coubertin, Une campagne de 21 ans…, op. cit.

49 Coubertin a utilisé des stratégies similaires, avec beaucoup moins de succès, pour promouvoir le sport pour tous et la paix sociale en voulant réintroduire l’ancien gymnase. Voir Otto Schantz, « “Le Gymnase de la Cité”. Le droit au sport pour les citadins selon Pierre de Coubertin », dans Christian Vivier, Jean-François Loudcher (dir.), Le Sport dans la ville, Paris, Montréal, L’Harmattan, 1998, p. 15-27.

50 Elena Yalouri, « When the New World… », art. cité.

51 Bernd Wirkus, « Der pragmatische Historismus Pierre de Coubertins », dans Gerd Hecker, August Kirsch, Clemens Menze (dir.), Der Mensch im Sport. Festschrift zum 70. Geburtstag von Professor Liselott Diem, Schorndorf, Hofmann, 1976, p. 32-45.

52 Pierre de Coubertin, Une Olympie moderne, Auxerre, Jattefaux, 1910, p. 21.

53 Alexander Kitroeff, « Greece and the 1904 “American” Olympics », dans Susan Brownell (dir.), The 1904 Anthropology Days and Olympic Games. Sport, Race, and American Imperialism, Lincoln-Londres, University of Nebraska Press, 2008, p. 301-323.

54 Giorgos Kokkinos, « The Greek Intellectual World and the Olympic Games (1896, 1906) », dans Christina Koulouri (dir.), Athens Olympic City…, op. cit., p. 125-186.

55 Un an avant les Jeux d’Athènes de 1896, il a publié un livre élogieux sur le Jeux antiques. Voir George Spyridis, Le Panorama illustré des Jeux olympiques : étude historique accompagnée de plusieurs gravures et d’un plan d’Olympie avec le programme des Jeux olympiques de 1896, Paris-Athènes, E. Thorin-Wilberg, 1895.

56 Ibid., p. 147.

57 Voir Zinon Papakonstantinou, « Epilogue… », art. cité ; Christina Koulouri, « From Antiquity to Olympic Revival… », art. cité.

58 Norbert Müller, « Coubertin et l’Antiquité grecque », art. cité.

59 Pierre de Coubertin, « Le rétablissement des Jeux Olympiques », Revue de Paris, 15 juin 1894, p. 184.

60 Eric Hobsbawm, « Introduction: Inventing Traditions », dans Eric Hobsbawm, Terence Ranger (dir.), The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 1-14.

61 Pierre de Coubertin, « Les universités populaires », Pages de Critique et d’Histoire, 5e fascicule, s.d. [1919], p. 5.

62 Voir Alexandra Vinzenz, Vision « Gesamtkunstwerk » : Performative Interaktion als künstlerische Form, Bielefeld, transcript Verlag, 2018.

63 Pierre de Coubertin, Olympie, Genève, Imprimerie Burgi, 1929, p. 4.

64 Dikaia Chatziefstathiou, Ian Henry, « Hellenism and Olympism… », art. cité.

65 Pierre de Coubertin, « À mes amis hellènes. Lettre ouverte d’avril 1934 », cité dans Norbert Müller (dir.), Pierre de Coubertin. Textes choisis, t. II, Olympisme, Zurich-New York, Hildesheim-Weidmann, 1986, p. 73.

66 Pierre de Coubertin, « Olympie » Le Sport Suisse, 25e année, 10-31 juillet 1929, cité dans Norbert Müller, Otto Schantz (dir.), Œuvres complètes de Pierre de Coubertin. Complete Works of Pierre de Coubertin, 2e éd. sur CD, Lausanne, CIPC, 2014, A.1132, p. 417.

67 Ibid., p. 418.

68 Pierre de Coubertin, « Les Congrès Olympiques », Revue Olympique, février 1913, p. 19.

69 Pierre de Coubertin, « Les sources et les limites du progrès sportif (IV) », Olympische Rundschau, n° 5, avril 1939, p. 2.

70 Dans ses Leçons de Pédagogie Sportive, œuvre dont la première section est dédiée à l’histoire du sport, Coubertin parle de l’éducation physique durant l’Antiquité grecque, tout en offrant une succincte esquisse des Jeux olympiques de l’époque. Il s’y livre à une analyse critique de ces Jeux, considérant qu’ils ne sauraient perdurer « mille ans sans se modifier et se déformer », à l’instar de toute institution. Dans cette perspective, la responsabilité du déclin des Jeux antiques incombe à la spécialisation, catalyseur de la professionnalisation et, ultimement, de la corruption (Pierre de Coubertin, Leçons de Pédagogie Sportive, Lausanne, La Concorde, 1921, p. 19).

71 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques de l’Olympisme moderne », Le Sport Suisse, 31e année, 1er août 1935, p. 1.

72 Johann Chapoutot, Le National-socialisme et l’Antiquité, op. cit.

73 Ibid., p. 79.

74 Ibid., p. 54.

75 Voir Wilhelm von Humboldt, Briefe Juli 1795-Juni 1797, t. 3, présenté et commenté par Philip Mattson, Berlin, De Gruyter, 2017.

76 Voir Ingomar Weiler, « Zur Rezeption des Griechischen Sports… », art. cité ; Anthony Andurand, Le Mythe grec allemand. Histoire d’une affinité élective, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.

77 Voir Barbara Stiewe, Der « Dritte Humanismus ». Aspekte deutscher Griechenrezeption vom George-Kreis bis zum Nationalsozialismus, Berlin, De Gruyter, 2011.

78 Eliza Marian Butler, The Tyranny of Greece over Germany, Boston, Beacon Press, 1958, p. 335.

79 Les torches étaient fabriquées avec le même acier que les chars d’assaut qui furent utilisés quelques années plus tard. De manière encore plus sarcastique, Hitler a écrit dans le rapport officiel sur les Jeux de 1936 : « La compétition sportive et chevaleresque éveille les meilleures qualités humaines. Elle ne sépare pas, mais au contraire, unit les adversaires dans la compréhension mutuelle et le respect réciproque. Elle contribue également à renforcer les liens de paix entre les nations. Que la flamme olympique ne s’éteigne donc jamais », dans Organisationskomitee für die XI. Olympiade Berlin 1935 E.V. (dir.), The XIth Olympic Games Berlin, 1936. Official Report, Volume I, Berlin, Limpert, 1936, p. 6.

80 Ingomar Weiler, « Zur Rezeption des Griechischen Sports… », art. cité.

81 Sonja Schreiner, « Verzerrtes antikes Heldentum im Totalitarismus des 20. Jahrhunderts (mit intermedialer Nachwirkung) », dans Stefan Tilg, Anna Novokhatko (dir.), Antikes Heldentum in der Moderne : Konzepte, Praktiken, Medien, Freiburg -Berlin-Vienne, Pontes 9, 2019, p. 101-118.

82 Voir Eric Moormann, « De Olympische Spelen… », art. cité; Daniel Wildmann, « Desired Bodies... », art. cité; Toon Van Houdt, Mietjes, monsters en barbaren…, op. cit.; Michael MacKenzie, « From Athens to Berlin… », art. cité; Hajo Bernett, « Der Diskuswerfer des Myron… », art. cité.

83 Pierre de Coubertin, « Les assises philosophiques… », art. cité.

84 Régis Debray, Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident, Paris, Gallimard, 1992, p. 79.

85 Roland Barthes, « Rhétorique de l’image », Communications. Recherches sémiologiques, 4-1, 1964, p. 40-51.

86 Ibid.

87 « The medium is the message », dans Marshall McLuhan, Understanding Media. The Extensions of Man, Cambridge-Londres, MIT Press, 1994 [1964], p. 7.

88 Miquel de Morags Spà, Nancy K. Rivenburg, James F. Larson, Television in the Olympics, Londres-Paris-Rome, John Libbey, 1995, p. 113.

89 Ibid.

90 Salvatore Settis, op. cit.

91 Alexander Kitroeff, Wrestling with the Ancients. Modern Greek Identity and the Olympics, New York, Greekworks, 2004, p. 162.

92 Eleana Yalouri, « Fanning the Flame: Transformations of the 2004 Olympic Flame », The International Journal of the History of Sport, 27-12, 2010, p. 2155-2183.

93 Walter Borgers, Olympic Torch Relays, Kassel, Agon-Sportverlag, 1996.

94 Zinon Papakonstantinou, « Epilogue… », art. cité.

95 Organising Committee for the Olympic Games (dir.), Official report of the XXVIII Olympiad, Athens 2004, volume II, Athènes, OGOC, 2004, p. 164.

96 Barbara Goff, « Introduction: Game Plan », dans Barbara Goff, Michael Simpson (dir.), Thinking the Olympics. The Classical Tradition and the Modern Games, Londres, Bristol Classic Press, 2011, p. 1-20.

97 La chorégraphie, dans laquelle les acteurs revêtaient des tenues blanches, contribua en outre à renforcer le mythe de la Grèce blanche, dans le sens d’un « blanchiment radical d’une mémoire métisse » (Philippe Jockey, Le Mythe de la Grèce blanche. Histoire d’un rêve occidental, Paris, Belin, 2013, p. 194). Dans l’Antiquité, les statues n’étaient pas blanches mais peintes de couleurs.

98 Jilly Traganou, « National narratives… », art. cité.

99 Organising Committee for the Olympic Games, Official report of the XXVIII Olympiad, Athens 2004, volume I, Athènes, OGOC, 2004, p. 43.

100 Ibid. En outre, il est précisé que « [...] des personnes d’origines diverses, de racines culturelles différentes et d’idées différentes viennent aux Jeux olympiques pour participer à un rassemblement qui met en évidence ce qui nous rapproche et non ce qui nous différencie. Les Jeux olympiques se sont poursuivis pendant près de 12 siècles et sont devenus le point de rencontre pour la célébration de la noble compétition et de la valeur éducative du sport, mettant en lumière des exemples extraordinaires d’accomplissement » (ivi, p. 44).

101 Otto J. Schantz, « The written works of Pierre de Coubertin from a quantitative perspective », dans Norbert Müller, Otto J. Schantz (dir.), Œuvres complètes de Pierre de Coubertin…, op. cit., chapitre 1.2b

102 Sa compréhension des idéaux olympiques a été façonnée par Pierre de Coubertin, que l’on peut considérer sans exagération comme son père spirituel. Il se considérait comme le gardien des idéaux olympiques coubertiniens, qu’il fallait protéger de la commercialisation et de la politisation. Voir Otto J. Schantz, « La présidence de Avery Brundage (1952-1972) », dans Raymond Gafner et al. (dir.), Un siècle du Comité International Olympique. L’Idée-Les Présidents. L’œuvre, t. II, Lausanne, CIO, 1995, p. 77-200.

103 Otto J. Schantz, « Amateurisme », dans Michael Attali, Jean Saint-Martin (dir.), Dictionnaire culturel du sport, Paris, Armand Colin, 2010, p. 256-258.

104 David C. Young, The Olympic myth of Greek amateur athletics, Chicago, Ares, 1984.

105 Nations unies, « Les Nations Unies et la Trêve olympique », en ligne : https://www.un.org/fr/olympictruce

106 Voir Mark Golden, « War and Peace… », art. cité; Andreas Höfer, Der Olympische Friede. Anspruch und Wirklichkeit einer Idee, Sankt Augustin, Nomos, 1994.

107 Académie internationale olympique, « Mission », en ligne : https://www.ioa.org.gr/fr/all-about-ioa-fr

108 CIO, « Bienvenue aux Jeux olympiques de l’Antiquité », en ligne : https://olympics.com/cio/jeux-olympiques-antiquite

109 Barbara Goff, « Introduction… », art. cité.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Otto J. Schantz, « La réception de la Grèce antique par le mouvement olympique moderne »Revue d’histoire culturelle [En ligne], 8 | 2024, mis en ligne le 31 mai 2024, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rhc/10103 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ycp

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Auteur

Otto J. Schantz

Otto J. Schantz est professeur émérite de l’université de Coblence-Landau. Il a participé à la fondation de la commission de la recherche du CIO et a publié de nombreux articles sur le mouvement olympique et paralympique. Il est notamment l’auteur de The International Olympic Committee. One Hundred Years (Lausanne, CIO, 1995) et de Bibliographie de Pierre de Coubertin (Lausanne, CIPC, 1991). schantz@uni-koblenz.de

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