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Lectures

Jean-Pierre Bois, La paix. Histoire politique et militaire (1435-1878)

Perrin, 2012, 645 pages
Antoine Boulant

Texte intégral

1Connu pour ses éminents travaux sur les guerres européennes et le monde militaire d’Ancien Régime, Jean-Pierre Bois nous offre ici une volumineuse histoire politique et militaire de la paix – la première du genre – de la fin du Moyen Âge aux dernières décennies du XIXe siècle. On pourrait s’étonner du choix d’un tel sujet d’étude, la paix étant davantage assimilable à une situation donnée – l’absence de guerre – qu’à une réalité juridique susceptible d’être analysée sur le plan historique. Une approche politique et surtout diplomatique du phénomène est pourtant possible, mais également sociale, culturelle et philosophique. L’auteur adopte un plan résolument chronologique, fixant l’année 1435 comme point de départ de l’histoire moderne de la paix : le congrès organisé à Arras est en effet « la première tentative de l’histoire occidentale de règlement général d’un conflit entre souverains » (p. 20). La paix de la Renaissance s’articule autour des deux personnages majeurs de François Ier et Charles Quint, et s’appuie sur les traités fondamentaux de Cateau-Cambrésis comme sur les politiques matrimoniales alors en expansion, tandis que se dessine le monde des diplomates. Le XVIIe siècle est celui de « l’invention de l’équilibre » (p. 187), avec la paix de Westphalie reposant sur des principes fondateurs et dessinant une nouvelle carte de l’Europe. Le règne de Louis XIV met à mal la paix européenne, mais c’est pourtant le traité de Nimègue qui va lui voir conférer son titre de Louis le Grand, avant le nouvel équilibre introduit par la paix d’Utrecht. Vient ensuite la « paix des Lumières » (p. 322) théorisée par l’abbé de Saint-Pierre et les philosophes français, tandis que la diplomatie dispose désormais d’une véritable organisation à l’échelle européenne et que l’émergence de la Prusse vient transformer le jeu international. La Révolution française, porteuse des valeurs de liberté et d’égalité, introduit un nouveau rapport à la paix, avant que les guerres napoléoniennes ne dominent l’Europe. Le XIXe siècle est enfin celui du concert des nations, du congrès de Vienne en 1814 à celui de Berlin en 1878 : parallèlement à la diplomatie, la pensée pacifiste se développe et s’incarne dans les plus belles plumes du temps. Au terme de ce remarquable ouvrage, l’analyse du phénomène pacifiste dans la longue durée permet à Jean-Pierre Bois de conclure que « la paix est plus sûrement l’avenir de l’homme que la guerre » (p. 560).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Antoine Boulant, « Jean-Pierre Bois, La paix. Histoire politique et militaire (1435-1878) »Revue historique des armées [En ligne], 270 | 2013, mis en ligne le 10 juin 2013, consulté le 11 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rha/7661

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Auteur

Antoine Boulant

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