Victimes et bourreaux de la Semaine sanglante
Résumés
Dès la fin des années 1870, Camille Pelletan d'un côté, Maxime du camp de l'autre, offraient deux lectures de la Semaine sanglante. Pour le premier, les véritables victimes étaient les Communeux, plus de 18 000 à Paris et près de 10 000 en banlieue ; pour le second, elles n'étaient pas aussi nombreuses, un peu plus de 8 000 pour la capitale. Avec Seignobos et Lavisse se dessine un consensus républicain, la répression entre dans les livres d'histoire et les manuels et l'on retient le chiffre de 17 000 morts. Estimation empruntée à Lissagaray qui lui-même semble la tenir du général Appert, cité lors de l'enquête parlementaire sur l'insurrection. Les listes électorales, le rapport établi par quelques conseils municipaux en 1871, les registres des actes de décès, les archives des bureaux d'enregistrement sont autant de pistes pour cerner la réalité de la répression. À ces sources s'ajoutent d'autres dossiers et documents. Toujours est-il qu'il est possible de faire une estimation approximative de 10 000 victimes. Revue à la baisse, le nombre de victimes permet de mieux comprendre le sens d'un massacre. Le mythe d'une soldatesque livrée à elle-même et ivre de sang ne tient pas. En effet, il apparaît qu'une très importante proportion des morts de la Semaine sanglante, voire la majorité des exécutés, aient été les victimes de tueries organisées et quasi-légales. L'essentiel du massacre ne résultait donc pas de la férocité de soldats-paysans, cédant à des impulsions ataviques, mais venait de l'acharnement des chefs, inspiré, en partie du moins, par une analyse pseudo-sociologique de la révolte populaire, et de ses liens avec la criminalité. Si la Semaine sanglante a été la dernière tragédie de l'épopée révolutionnaire du XIXe siècle, elle a aussi inauguré un style moderne de solution aux malaises sociaux.
Pour citer cet article
Référence électronique
Robert Tombs, « Victimes et bourreaux de la Semaine sanglante », Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 10 | 1994, mis en ligne le 09 septembre 2008, consulté le 23 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rh19/78 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rh19.78
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