Les silences de la vertu
Résumés
Le baron de Monthyon décide en 1819 d'attribuer à l'Académie française 12 000 francs afin de " tirer de l'oubli les belles actions du peuple et d'en susciter de nouvelles ". Si sous la Monarchie de Juillet, 351 personnes, dont 216 femmes, ont été jugées dignes de recevoir le prix, la sélection des lauréat(e)s n'est pas sans poser problème, comme le soulignent les discours des immortels, puisque la vertu, fort éloignée du tapage et de la réclame, se caractérise a priori par le silence qui la couvre. Le mutisme possède pourtant de multiples avantages. Il permet à la personne que l'on veut protéger par son dévouement de conserver le respect d'elle-même ; il donne la possibilité à un malade qui souffre d'une maladie terrible de ne pas se percevoir comme un objet de répulsion. Toutefois, le silence est moins important que l'abstention volontaire qui est l'expression d'une modestie réelle. Mais, à partir de 1831, l'Académie entend combattre le silence de la vertu car celui-ci est nuisible. Comment en effet peut-on diffuser les " bons exemples " si nul n'en parle ? La vertu doit donc s'exposer pour lutter efficacement contre la " démoralisation ". Un tel combat ne peut pourtant être anodin, car l'action des académiciens contribue à maintenir silencieux le peuple des pauvres, condamné à la vertu.
Pour citer cet article
Référence électronique
Sylvain Rappaport, « Les silences de la vertu », Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 10 | 1994, mis en ligne le 04 septembre 2008, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rh19/73 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rh19.73
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