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Décroissance au sein du tourisme de montagne : défis et perspectives futures

Dates limites : 1er décembre 2024 (résumés), 1er mai 2025 (articles).
Appel à articles à envoyer aux responsables du numéro spécial, Morgane Müller-Roux, Université de Lausanne, Suisse, morgane.muller.1@unil.ch ; Christophe Clivaz, Université de Lausanne, Suisse, christophe.clivaz@unil.ch ; Jarkko Saarinen, University of Oulu, Finlande, jarkko.saarinen@oulu.fi ; Géraldine Overney, Université de Lausanne, Suisse, geraldine.overney@unil.ch ; Anouk Bonnemains, Université de Lausanne, Suisse, anouk.bonnemains@unil.ch.
Comité de rédaction du Journal of Alpine Research|Revue de géographie alpine, coordination du numéro : Cristina Del Biaggio (cristina.del-biaggio@univ-grenoble-alpes.fr).

Le tourisme mondial a atteint un niveau de croissance qui remet désormais en question la durabilité actuelle et future de l’industrie et de son impact sur notre environnement. Alors que les aspects développementaux du tourisme ont principalement été basés sur l’ampleur des flux de visiteurs, il devient désormais de plus en plus nécessaire de réfléchir aux limites de la croissance touristique et aux paradigmes de développement alternatifs pour l’avenir du tourisme.

Ce type de remise en question des impacts de la croissance, en général, n’est pas nouveau (premier rapport au Club de Rome, 1972 ; première conférence mondiale sur le climat [Genève], 1979 ; rapport Brundtland, 1987), mais il existe de nouvelles façons de reconceptualiser des avenirs alternatifs pour le développement : l’usage du terme « décroissance » dans le débat économique et social apparait plus récemment dans les années 2000 (Latouche, 2022 ; Bernard et al., 2003). Le terme n’est pas à prendre uniquement au sens littéral, comme une inversion de la courbe du Produit intérieur brut (PIB), mais également au sens symbolique avec l’idée de « sortir de l’idéologie de la croissance, c’est-à-dire du productivisme » (Latouche, 2022, p. 4). Au sein de nos sociétés, un constat s’installe : les modèles de développement basés sur la croissance ont atteint leurs limites autant du point de vue environnemental (pollution de l’air, des sols, etc.), climatique (modèle basé sur l’exploitation des énergies fossiles) que social (concentration des richesses, inégalités). En effet, l’idéologie selon laquelle la croissance économique et le progrès technique seraient les seuls remèdes aux changements globaux ignore le fait que six des neuf limites planétaires sont actuellement dépassées (Rockström et al., 2009). Par ailleurs, la communauté scientifique (Parrique, 2022 ; Lamb et Steinberger, 2017) soutient que les indicateurs tels que le PIB éludent les conséquences négatives d’un développement centré sur la dimension économique. Dans ce contexte, le paradigme de la décroissance a émergé en portant une critique radicale du productivisme et du développementalisme (Latouche, 2003) tout en proposant un projet sociétal alternatif répondant à la crise du développement (écologique, idéologique, sociale, etc.) (Morin, 2014). Par ailleurs, il est nécessaire de distinguer une décroissance subie, engendrée par diverses crises et qui pourrait s’apparenter à une phénomène de récession, d’« une décroissance voulue qui, elle, serait souhaitable et sereine » (Latouche, 2022, p. 12). En effet, la décroissance doit faire l’objet d’une réflexion consciente sur les besoins et le bien-être de l’ensemble de la population (Rognon, 2009), elle représente « une stratégie qui vise à atteindre une taille économique théorique qui garantit le bien-être et la justice sociale (les planchers sociaux) sans dépasser la capacité de charge des écosystèmes (le plafond écologique) » (Parrique, 2022, p. 220).

Jusqu’à récemment, le tourisme n’était pas au centre des recherches sur la décroissance (Bourdeau et al. 2008, Hall, 2009). Néanmoins, ces dernières années, ce paradigme a intégré le phénomène touristique menant à des mouvements sociaux et à de nombreux débats dans les médias et au sein du champ académique, donnant notamment lieu à la parution de deux ouvrages : Tourism and Degrowth—Towards a Truly Sustainable Tourism (2020) et Degrowth and Tourism—New Perspectives on Tourism Entrepreneurship, Destinations and Policy (2020). En effet, le tourisme de masse, intrinsèquement lié à l’essor de l’économie capitaliste, entraine une surconsommation des ressources naturelles participant ainsi aux dépassements des limites planétaires (Hall, 2009 ; Saarinen, 2020). Le « besoin » de mobilité contribue largement aux dépassements des limites planétaires puisqu’elle est le résultat direct du tourisme et le principal impact de ce secteur sur le climat. Par ailleurs, la population locale a également manifesté son mécontentement concernant les excès des développements touristiques. Par exemple, en 2017, la mairie de Barcelone prend la décision urgente d’adopter un nouveau plan d’urbanisme qui interdit l’ouverture de nouveaux hôtels dans le centre, en raison de la « pression immobilière liée au tourisme » (García-Hernández et de Miguel, 2021). Cet évènement aura alors un écho au niveau mondial, poussant certaines instances touristiques à repenser leur modèle de développement économique, jusqu’alors centré sur la croissance et la mise en tourisme des centres urbains. Un modèle qui a débouché sur le phénomène d’overtourism (ou surtourisme en français) que l’on peut définir comme « the excessive growth of visitors leading to overcrowding in areas where residents suffer the consequences of temporary and seasonal tourism peaks, which have enforced permanent changes to their lifestyles, access to amenities and general well-being » (Milano et M Cheer, 2019). Ces dix dernières années, de nombreux chercheurs ont tenté de se pencher sur le phénomène afin de comprendre comment un tel niveau de saturation dans de nombreux lieux « dits » touristiques a été atteint (Gwiazdzinski et al., 2019 ; Gwiazdzinski, 2018 ; Vlès, 2021b). Au cœur de cette discussion, les impacts négatifs de la croissance poussent les auteurs à remettre en question la possibilité que cette dernière soit « durable », cette critique touchant d’ailleurs également le tourisme dit « durable » (Andriotis, 2021 ; Fletcher et al., 2019 ; Saarinen, 2020). De plus, la pandémie du Covid-19 a également rappelé la vulnérabilité de certains de ces territoires, avec de fortes baisses de l’activité touristique, et a mis en évidence la nécessité de construire des propositions plus résilientes pour faire face aux enjeux liés aux changements globaux (environnementaux, climatiques, sociétaux, sociaux, etc.) (Andriotis, 2021).

  • 1 On peut penser notamment au refus de la population suisse face au projet de construction d’un funic (...)

Quant aux territoires de montagne, si on peut y voir quelques prémisses dans les mouvements d’opposition à certains projets d’infrastructures qui voient le jour déjà à la fin du xixe ou au début du xxe siècle1, la critique de l’idéologie de la croissance à la base du modèle de développement des sports d’hiver prend son envol au début des années 1970 (Cognat, 1973 ; Arnaud, 1975 ; Krippendorf, 1977) et ces remises en causes sont encore d’actualité aujourd’hui (Vlès, 2021b ; Bourdeau, 2022). Si le tourisme a été un levier puissant au projet de modernisation des territoires de montagne (Boujrouf, 1998 ; Bonnemains, 2015), ce modèle de développement est questionné du fait de son impact environnemental, climatique, social. Pourtant, l’essentiel des recherches menées jusqu’à aujourd’hui sur la décroissance s’est principalement concentré sur les destinations urbaines qui ont souffert des effets de la surpopulation touristique et peu d’entre elles ont porté sur les territoires de montagne. Dans cet appel à contribution, l’intérêt est centré sur les régions de montagne dont les spécificités (climatiques, environnementales, socio-économique, etc.) les rendent particulièrement vulnérables aux changements globaux et « plus exposées aux aléas et aux risques naturels » (Vlès, 2019, p. 75). En effet, le tourisme, et plus spécifiquement l’exploitation de la neige, a créé des situations de monoéconomie entrainant une fuite en avant dans les aménagements touristiques (Bourdeau, 2009 ; Bonnemains, 2015). Ce modèle de développement basé sur la croissance est non seulement fragilisé par le réchauffement climatique mais aussi par les transformations sociétales (Clivaz et al., 2015 ; Vlès, 2021a ; Balaguer, 2020). La décroissance, instaurant la recherche d’un meilleur équilibre entre l’utilisation des ressources et les activités humaines, implique de « réimaginer » les relations économiques, politiques et sociales pour s’assurer que l’humanité reste dans les limites des capacités planétaires. Il serait donc question de passer d’un paradigme centré sur le développement touristique vers un modèle qui pense l’habitabilité de ces territoires (Bourdeau, 2021).

Cet appel à article vise à explorer un champ encore peu exploré par les chercheur.euse.s, à savoir l’application du concept de décroissance, et des diverses approches et initiatives qu’il peut subsumer, au tourisme en montagne. Nous attendons des contributions de différentes disciplines appartenant aux champs des sciences sociales qui peuvent, d’une part, porter sur des aspects théoriques et conceptuels, ou/et d’autre part, s’appuyer sur des études de cas menées dans des territoires de montagnes, si possible dans une optique comparative.

Les contributions attendues peuvent concerner les domaines suivants (sans exhaustivité) :

  • la portée heuristique et analytique du concept de décroissance dans un contexte touristique de montagne ;

  • la place du tourisme dans les territoires de montagne face aux effets du changement climatique ;

  • la place du tourisme dans les territoires de montagne en s’interrogeant sur le bien-être des populations, permanentes et temporaires, humaines et non-humaines :

  • la décroissance comme réaction et réponse au « surtourisme » ;

  • les initiatives et projets sociétaux alternatifs qui s’emparent du concept de décroissance pour penser et faire le tourisme autrement ;

  • le rôle des acteurs (professionnels du tourisme, élu.e.s, visiteurs, populations locales, etc.) dans les démarches et projets de décroissance touristique en montagne ;

  • les enjeux de la déconcentration spatiale et temporelle des visiteurs comme réponse à la surfréquentation de certaines stations ou sites touristiques ;

  • les mouvements de contestations contre la réalisation de nouvelles grandes infrastructures touristiques en montagne (complexes hôteliers, retenues collinaires, téléphériques, etc.) et leurs relations avec l’idée de décroissance ;

  • la décroissance comme nouvel imaginaire des territoires touristiques de montagne.

Calendrier

Les propositions d’articles, d’environ 1 000 mots, doivent être envoyées en français (si l’auteur est de langue maternelle française) ou en anglais (si l’auteur est d’une autre langue maternelle) avant le 1er décembre 2024 à Morgane Müller-Roux (morgane.muller.1@unil.ch), Christophe Clivaz (christophe.clivaz@unil.ch), Jarkko Saarinen (jarkko.saarinen@oulu.fi); Géraldine Overney (geraldine.overney@unil.ch) et Anouk Bonnemains (anouk.bonnemains@unil.ch) ainsi qu’à l’équipe éditoriale : ainsi qu’à l’équipe éditoriale, adressée à Cristina Del Biaggio (cristina.del-biaggio@univ-grenoble-alpes.fr) et Maxime Frezat (m.frezat@protonmail.com).

Les articles finaux sont attendus pour le 1er mai 2025. Les articles finaux doivent être soumis dans l’une des langues dans lesquelles la revue est publiée : Langues alpines (français, italien, allemand, slovène), espagnol ou anglais. L’auteur doit veiller à ce que l’article soit traduit dans la deuxième langue après avoir été évalué.

Des contributions en lien avec la thématique de ce numéro spécial sont également les bienvenues pour les rubriques annexes de la revue, dont nous vous invitons à prendre connaissance sur le site de la revue :
Transition https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rga/11018
Lieux-dits https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rga/10516
Montagnes en fiction https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rga/11244

La publication des articles est prévue d’ici mars 2026.

Bibliography

Arnaud D., 1975.– La neige empoisonnée, Éditions Alain Moreau, 299 p.

Balaguer, F., 2020.– « Les stations de ski face au réchauffement climatique : une adaptation nécessaire mais attendue », Revue juridique de l’environnement, vol. 45, p. 771-788.

Bernard, M., Cheynet, V., & Clémentin, B., 2003.– Objectif décroissance : vers une société viable

Bonnemains, A., 2015.– Vulnérabilité et résilience d’un modèle de développement alpin : Trajectoire territoriale des stations de sports d’hiver de haute altitude de Tarentaise, thèse de doctorat, Université Grenoble Alpes. En ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01237308/document.

Boujrouf S., Bruston M., Duhamel P, Knafou R, Sacareau I., 1998.– « Les conditions de la mise en tourisme de la haute montagne et ses effets sur le territoire. L'apport d'une comparaison entre le Haut-Atlas et le Népal mise en perspective à l'aide du précédent alpin (exemple du massif du Mont-Blanc) », Revue de géographie alpine, vol. 86, no 1, 1998. p. 67-82. DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3406/rga.1998.286.

Bourdeau, P., 2009.– « De l’après-ski à l’après-tourisme, une figure de transition pour les Alpes ?. Réflexions à partir du cas français », Journal of Alpine Research|Revue de géographie alpine, vol. 97, no 3. DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rga.1049.

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Krippendorf, J., 1977.– Les dévoreurs du paysage. Le tourisme doit-il détruire les sites qui le font vivre ? Lausanne, 24 Heures, 157 p.

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Rognon, F., 2009.– « Développement durable ou décroissance ? Repenser l'économie à partir du souci du bien être des générations futures », Bulletin de l'Observatoire des Politiques Économiques en Europe, vol. 21, no 1, p. 3-5.

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Vlès, V., 2021a.– « Anticiper le changement climatique dans les stations de ski : la science, le déni, l’autorité », Sud Ouest Européen, no 51. DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/soe.7778.

Vlès, V., 2021b.– « Les difficultés de régulation des flux touristiques dans les organismes de gestion de destination: l’exemple de Porquerolles », dans L. Botti, J. Spindler (dir.), Organismes de gestion de destination : stratégies et pratiques pour un management responsable et durable des territoires touristiques (p. 252-277), L’Harmattan.

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Notes

1 On peut penser notamment au refus de la population suisse face au projet de construction d’un funiculaire reliant directement Zermatt au sommet du Cervin au début du xxe siècle (1906) (Denoréaz, A. [2012]).

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