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Paradigme de l’interdisciplinarité, communication et développement international

A paradigm of interdisciplinarity, communication and international development
Ndiaga Loum

Résumés

L’originalité de cette analyse est à rechercher dans la construction d’une nouvelle problématique qui cherche à rapprocher deux visions critiques de deux disciplines différentes : l’une développementaliste et l’autre communicationnelle. L’ambition est de démontrer que si la critique s’épuise dans le champ de la communication à force de s’enfermer dans le débat d’Écoles (empirique, critique, cultural studies), dans le champ du développement par contre, on est à une période cruciale de remise en cause paradigmatique. C’est donc une chance de « réinventer » la critique en tentant une construction de problématique passant par le thème de la solidarité numérique, à cheval entre deux disciplines : le développement et la communication internationale pour le développement. Il s’agit in fine d’un plaidoyer pour l’interdisciplinarité dont dépendrait fatalement l’avenir de la théorie critique même si le risque de « retomber » dans l’idéologie n’est jamais totalement écarté.

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Texte intégral

1La thématique de la solidarité numérique peut être abordée sous plusieurs angles et faire l’objet d’un traitement scientifique par l’ensemble des disciplines reconnues dans la catégorie des sciences sociales : science politique, sociologie, études de développement, communication. Nous avons préféré ici les aborder sous le prisme combiné de ces dernières disciplines tant elles suffisent à la démonstration du plaidoyer qui constitue la trame de cette analyse et qui est sa motivation principale. Le rapport naturel entre les deux disciplines est tel d’ailleurs qu’il a fait naître une nouvelle : la communication pour le développement. Mais en attendant de revenir en profondeur sur les enjeux épistémiques d’un tel plaidoyer, il s’impose d’abord une exigence de définition de certaines notions avant de poser les termes du débat critique que se propose de construire cette réflexion.

  • 1 Wallerstein I, 1995, Impenser la science sociale. Pour sortir du XIXe siècle. Pratiques théoriques, (...)
  • 2 Morin E, 1990, « L’ancienne et la nouvelle transdisciplinarité » dans E. Morin. Science avec consci (...)
  • 3 Castells M., 2002, La Galaxie Internet, Paris, Fayard, p. 301

2Qu’en-est-t-il d’abord du paradigme interdisciplinaire ? L’idée principale sur laquelle repose ce paradigme est que la recherche fondamentale progresse au sein des disciplines constituées, mais aussi par un mouvement qui tend à repousser les frontières disciplinaires des connaissances. Selon Wallerstein1, il existe une obligation d'interdisciplinarité afin de prendre en charge des problèmes qui ne peuvent plus être résolus à partir d'un seul point de vue disciplinaire mais par la relation entre les disciplines, donc la transdisciplinarité2. Quant à la solidarité numérique, elle apparaît comme la solution à la fracture numérique. Au sens usuel de l'expression, on appelle fracture numérique l'inégalité dans l'accès à Internet. À lui seul, l'accès n'est pas suffisant pour résoudre le problème. Mais, il s'agit d'une condition qu'il faut satisfaire si l'on veut surmonter l'inégalité dans une société dont les fonctions et les groupes sociaux dominants s'organisent de plus en plus autour d'Internet3. On peut distinguer trois dimensions dans les écarts que la fracture engendre et perpétue : les écarts liés à l'accès d'Internet, à la technologie, au savoir. Si la fracture numérique est donc le problème, la solution serait la solidarité numérique. Elle renvoie à l’émergence d’une société nouvelle axée sur un usage égalitaire et démocratique du plein potentiel qu’offrent les technologies de l’information et de la communication (TIC), sans considération de territoires, de races, de sexe ou de culture. Bref, elle procède d’une volonté de cultiver l’égalité dans les échanges pour offrir une alternative à la mondialisation qui, dans sa dimension économique, serait au service du projet unificateur du capitalisme.

3Ces précisions faites, il convient de revenir d’abord sur les enjeux qui structurent la recherche interdisciplinaire et sur les fondamentaux du paradigme de l’interdisciplinarité, avant de voir comment les questions que pose une étude orientée sur le thème de la solidarité numérique sont nécessairement interdisciplinaires.

L’interdisciplinarité : débats, enjeux et défis

  • 4 Jolivet M, 2007, « Les universités face aux enjeux de la formation interdisciplinaire)», Nature et (...)

4Marc Jolivet note que les études réellement interdisciplinaires commencent dans les grandes écoles (exemple des écoles d’ingénieurs)4. Mais contrairement à une idée admise, il en va de même pour les universités. L’auteur renvoie aux anciennes formations de 3e cycle dont le caractère disciplinaire des intitulés n’est souvent qu’une commodité institutionnelle confortant une routine intellectuelle. Le problème est-il alors dans le courage d’assumer cette interdisciplinarité ? C’est la critique que semble faire Jolivet qui constate que bien que l’étant, aucune de ces formations ne se déclare interdisciplinaire; les universités ont en charge de reproduire le découpage des sciences en plusieurs disciplines distinctes. L’affirmation du caractère interdisciplinaire de certaines formations universitaires est donc quelque chose de relativement récent. Comment l’expliquer ? Selon Jolivet, cette affirmation procède du souci d’offrir de plus en plus des formations à débouché professionnel immédiat. Cependant, cela peut se faire sans qu’on ait besoin d’affirmer le caractère interdisciplinaire d’une formation. Pourtant, le fait de l’affirmer a en soi son importance : c’est une façon de souligner l’originalité de la formation proposée. Est-ce qu’en le faisant, les initiateurs de ces formations ouvertement interdisciplinaires prennent en quelque sorte, le soin de se démarquer de l’image disciplinaire universitaire ? Est-ce une façon de reconnaître que les structures institutionnelles et l’organisation des enseignements, les habitudes intellectuelles et corporatives qui président à leur fonctionnement et les « rapports sociaux – en particulier de pouvoir » – que celles-ci induisent, deviennent des tares ? L’interdisciplinarité revendiquée dans l’intitulé de certaines formations n’est-elle pas plus proche d’un affichage de marketing que d’une réalité scientifique ? Tout compte fait, et comme le souligne Jolivet, ce volontarisme plus subi que choisi ouvre une nouvelle dynamique à laquelle il sera de plus en plus difficile d’échapper. La question étant de savoir si les universités qui ont fait le choix de l’ouverture de ces formations pluridisciplinaires pourront relever les défis auxquels elles ont à faire face.

  • 1er défi : c’est la question des moyens, car l’interdisciplinarité ajoute ses coûts propres à ceux de l’enseignement habituel. Ces coûts sont élevés, si l’on veut réellement prendre les exigences en charge.

  • 2e défi : la difficulté à atteindre les objectifs poursuivis, c’est à dire, donner à de futurs praticiens des compétences multiples et complémentaires ou couvrir des champs de recherche nouveaux, étendus et complexes. Faudrait-il promouvoir une interdisciplinarité de proximité ou élargie ? En quelque sorte, quelle serait la limite dans l’offre ?

  • 3e défi : il réside dans la personnalité des animateurs. Quel est leur degré d’adhésion à une perspective réellement interdisciplinaire et quelle est la conception qu’ils ont de celle-ci ?

  • 5 Jolivet M, 2007, « Les universités face aux enjeux de la formation interdisciplinaire)», Nature et (...)

5Marc Jolivet fait remarquer que ce problème est d’autant plus important qu’il se traduit dans les procédures pédagogiques mises en œuvre, dans la place qu’elles accordent à la confrontation des disciplines, mais aussi dans le rôle qu’elles donnent aux étudiants dans leur propre formation, et notamment dans la place qu’elles font à leur initiative et à leur réflexivité, individuelles et collectives, en jouant sur la diversité de leurs formations initiales5. Comment trouver des formes d’enseignement répondant à l’hétérogénéité des publics d’étudiants ? Enfin, comment faire en sorte que la richesse ne se perde pas dans le foisonnement ?

  • 6 Vidal V, 1992, « Quelques réflexions sur l’interdisciplinarité. La méthode interdisciplinaire rend- (...)

6Vidal (1992) préfère quant à lui, situer l’explication originelle de l’interdisciplinarité, dans l’hyperspécialisation des études universitaires et paradoxalement dans leur impuissance radicale à contrôler la totalité du savoir. Ce constat a été le moteur des travaux interdisciplinaires. Il s’est agi ainsi de dépasser les limites de chaque individu, dérivées de sa spécialisation, à l’aide de spécialistes venant d’autres domaines6. Mais cette volonté de se réunir ne garantit pas en soi la réussite. Les difficultés apparaissent immédiatement : délimiter une méthodologie, un langage, des thèmes et des objectifs communs. Vidal est conscient que cette mission demeure impossible ou tout au moins difficilement réalisable. Il en résulte donc que l’interdisciplinarité suppose des méthodes et des objectifs communs, sans quoi, elle n’existe pas. Il y a un certain pragmatisme dans le discours de l’auteur, car pour lui, l’interdisciplinarité ne devrait exister que là où elle est nécessaire : c’est un prolongement de la spécialisation et ne doit donc pas se substituer à celle-ci.

  • 7 Guattari F, « Fondements éthico-politiques de l’interdisciplinarité », dans Portella E (sous la dir (...)

7Guattari va préférer l’usage du terme transdisciplinarité qui suppose, selon lui, une réinvention permanente de la démocratie dans les divers étages du champ social7. La transdisciplinarité est ici conçue en termes de collaboration entre les chercheurs et les communautés citoyennes qui doivent être en amont des politiques les concernant. Il n’existe pas de pédagogie générale pour rendre opérationnelle la transdisciplinarité : il s’agirait juste d’une option prise par les chercheurs pour sortir des schémas bureaucratiques préétablis, planifiés et standardisés des universités. Il faut avoir le goût du risque et de l’initiative.

  • 8 Bélanger J. (1996), « Les disciplines universitaires : leur nature et leurs avantages » dans M. Raf (...)
  • 9 Ibid.

8L’optimisme affiché par ces auteurs est contrebalancé par Bélanger (1996). Il va tenter de montrer les mythes, les confusions et les erreurs sur lesquelles reposent plusieurs critiques de la disciplinarité et va répondre à la question de savoir pourquoi le discours anti-disciplinaire est propre aux sciences humaines ? Grand défenseur de la disciplinarité, il écrit : « La meilleure garantie de la liberté et du progrès des œuvres intellectuelles est l’existence de disciplines intellectuelles différentes et indépendante8. » Il envisage même la possibilité pour les auteurs, de créer de nouvelles disciplines « quand leur œuvre ne peut s’exprimer dans les disciplines existantes9 ».

  • 10 Charpentier I. et V. Dubois, 2005, « Conseils d’indiscipline », dans G.Mauger (dir.), Rencontres av (...)
  • 11 Fortin R, (2005). « Une méthode de complexité », dans R. Fortin, Comprendre la complexité. Introduc (...)

9Opposés à la conception « disciplinaire » de Bélanger, Charpentier et Dubois (2005) donnent quant à eux des « conseils d’indiscipline10 » et estiment que les sciences sociales sont artificiellement séparées et devraient être unifiées. Les auteurs font un appel pour la remise en cause des frontières disciplinaires à partir de la sociologie de la culture et de la politique développée par le sociologue français Pierre Bourdieu. Ils sont renforcés dans leur conception par Fortin (2005) qui s’appuie sur le « paradigme perdu11 » d’Edgar Morin pour dénoncer le réductionnisme de la recherche disciplinaire. Pour ce dernier, la spécialisation et l’hyperspécialisation du savoir rendent impossible toute vision macroscopique des choses. Ce que l’on considère donc comme le progrès de la connaissance scientifique est en fait aussi un progrès de l’ignorance. Fortin propose donc, comme porte de sortie, l’adoption de la méthode de la complexité et de la transdisciplinarité d’Edgar Morin qui s’oppose à la méthode de la simplification de Descartes.

  • 12 Karpinski, A et M. Samson, (1972), L’interdisciplinarité, Presses de l’Université du Québec, pp. 14 (...)
  • 13 Ibid.

10Il n’empêche que la méthode dite de l’interdisciplinarité manque toutefois de fondements théoriques en dépit des postures catégoriquement affichées. C’est ce que soulignent Karpinski et Samson qi considèrent que les recherches dites interdisciplinaires s’appuient sur des intuitions plus ou moins fondées. Les auteurs se demandent si ces recherches dites interdisciplinaires apportent des meilleurs résultats ? Ces doutes exprimés ne les empêchent guère cependant de constater qu’il existe un certain nombre de problèmes appelés « problèmes frontières12 » ou encore « problèmes limites13 » et qui se situent à la périphérie de plusieurs disciplines.

  • 14 Ibid.

11C’est exactement ce genre de « problèmes frontières14 » évoqué par Karpinski et Samson, que pose une recherche sur la thématique sur la solidarité numérique qui pourrait se situer à la lisière des études en communication, en développement international, en économie, en science politique, en sociologie. C’est ce type de problèmes que vise à résoudre la méthode interdisciplinaire. Les diverses tentatives d’intégration du savoir humain expriment donc le désir d’aller au-delà des frontières disciplinaires. Face aux problèmes sociaux concrets et complexes, l’appel à plusieurs disciplines scientifiques semble aller de soi.

  • 15 Limoges C, (1996), « Les sciences humaines : plaidoyer pour une libre circulation », dans M. Rafie (...)
  • 16 Morin E, 1990, « L’ancienne et la nouvelle transdisciplinarité » dans E. Morin. Science avec consci (...)
  • 17 Ibid.
  • 18 Ibid.

12Il convient toutefois de distinguer la multidisciplinarité, la pluridisciplinarité et l’interdisciplinarité. Si les deux premiers termes sont synonymes, il convient de les distinguer de l’interdisciplinarité qui n’est pas qu’une simple juxtaposition de concepts et de méthodes empruntés à plusieurs disciplines. L’interdisciplinarité traduit un niveau d’intégration élevé entre chercheurs réunis autour d’un objet dont la résolution passe nécessairement par des méthodes et concepts venant de disciplines séparées. C’est à ce plaidoyer pour une « libre circulation des idées 15 » dans les sciences humaines que nous adhérons aussi ici. Sans réclamer l’éradication de la discipline, on serait tenté comme le fait Limoges (1996) de proposer un cheminement plus libre de la connaissance sans souci de territorialité intellectuelle. Une telle position rejoindrait celle de Morin qui propose comme alternative au « paradigme perdu16 », d’arriver à « l’unité de la connaissance17 » en passant par la transdisciplinarité. Morin constate que les phénomènes sont de plus en plus morcelés sans qu’on arrive à concevoir leur unité, or, selon l’auteur, la science n’aurait jamais été la science si elle n’avait pas été transdisciplinaire. L’auteur constate que la dissociation entre le sujet (ego cogitans), renvoyé à la métaphysique, et l’objet (res extensa), relevant de la science, fait par Descartes, est à l’origine de la débâcle de la science moderne. La solution à ce réductionnisme scientifique serait donc le paradigme qu’il nomme « nouvelle transdisciplinarité18 » qui permettrait par exemple de faire communiquer en circuit la physique, la biologie et l’anthropo-sociologie.

  • 19 Wallerstein I, 1995, Impenser la science sociale. Pour sortir du XIXe siècle. Pratiques théoriques, (...)

13Ce plaidoyer pour le paradigme interdisciplinaire ou transdisciplinaire est aussi celui fait par Wallerstein19. La recherche interdisciplinaire doit beaucoup à Wallerstein. Il insiste sur le fait que le travail interdisciplinaire n’a pas encore critiqué la fragmentation des sciences sociales (elle s’en accommode plutôt) et qu’elle ne fait rien pour ébranler les institutions en place. Il a étudié l’histoire de la notion de discipline et démontre comment la fragmentation des champs d’études est décidée par l’idéologie libérale même, dominante au xixe siècle, qui concevait l’État, le marché, la politique et l’économie autonomes (chacune avec ses propres lois). L’on priait la société de les maintenir séparés et les chercheurs les étudièrent séparément, estime l’auteur, qui ajoute que toutes les réalités qui ne pouvaient être rangées ni dans le marché ni dans l’État se sont trouvées dans un pot pourri nommé sociologie. Or, aujourd'hui, entre par exemple l’anthropologie, l’économie, la science politique, la sociologie, on se demande s’il y a des critères clairs et sérieux de distinction ? Non, tranche Wallerstein, dans son analyse des systèmes-monde, car dans la vie sociale, les quatre aires de l’économie, de la politique, de la société ou de la culture ne forment pas des territoires autonomes.

14Ayant exposé les fondamentaux du paradigme de l’interdisciplinarité, on peut à présent tenter de démontrer comment les questions que pose une recherche sur la question de la solidarité numérique « enjambent » les frontières de la communication et des études sur le développement et vont même au-delà de ces deux disciplines citées.

La solidarité numérique : questions nécessairement interdisciplinaires

  • 20 Breton P et Proulx S, 2002, L’explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle, Paris, La Déco (...)
  • 21 Castells, M 2002, La Galaxie Internet, Paris, Fayard.
  • 22 Ibid.
  • 23 Ramonet I, 1999, La tyrannie de la communication, Paris, éditions Galilée, coll. « L’espace critiqu (...)
  • 24 Ibid.
  • 25 Ibid. P.208
  • 26 Mattelart A, 2006, Histoire de la société de l’information, Troisième édition, Paris, La Découverte

15Les discours sur la société de l'information et sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont souvent associés à la mondialisation et au développement20. Dans La Galaxie Internet (2002), Castells soutient qu'Internet est le fondement technologique de la forme d'organisation propre à l'ère de l'information : le réseau21. Le non-accès à ces réseaux serait devenu ainsi la forme la plus dommageable d'exclusion dans l’économie et la culture mondiales. Les paradigmes de l’information et de la communication22 dominent le discours mondialiste et développementaliste en laissant peu de place aux interrogations critiques qui auraient tendance à en souligner les faiblesses. Pour Ignacio Ramonet, l'idéologie communicationnelle serait devenue le « paradigme de notre temps23 », le « lubrifiant social24 », « l'idéologie qui nous oblige à communiquer »25. Mais à l’ère de la société de l’information, il convient de souligner que les discours qui font la promotion de la réduction de la fracture numérique sont récurrents26, et cela depuis le rapport McBride au début des années 80 qui dénonçait déjà le déséquilibre de l’information entre les pays du Nord et ceux du Sud.

  • 27 Breton, P et Proulx, S., 2002, L’explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle, Paris, La D (...)

16Qu’est-ce qui explique le resurgissement brusque de toutes ces questions dans les années 2000 au point de justifier l’urgence de l’organisation de deux sommets mondiaux sur la société de l’information, sous l’égide des Nations Unies entre 2003 et 2005 ? Est-ce que ce sont les changements de techniques symbolisés par l’avènement d’Internet ? Les initiateurs du SMSI succomberaient-ils à l’influence de l’idéologie communicationnelle qui fonctionne comme une sorte d’ « impérialisme épistémologique »27 avec la certitude que les TIC vont réduire la pauvreté et réaliser une démocratie électronique planétaire ? Il suffit de voir les réflexions de Pierre Lévy (1987) qui transpose, à la société de l'information, à l'heure de l'ordinateur et d'Internet, les propos que McLuhan a tenus sur le rôle de la télévision dans sa célèbre vision du « village global », et qui voit dans l'Internet la possibilité de réaliser la démocratie des « sages ».

  • 28 Garnham N, 2003, « The information society : Myth or Reality », dans Tremblay G, et B, Miège (sous (...)
  • 29 Voir notamment Ntambue R, 2001, L'Internet, son Web et son e-mail en Afrique. Approche critique, L' (...)
  • 30 Les concepts de « solidarité numérique » et de « fonds de solidarité numérique » sont les « trouvai (...)

17Toutefois, l’euphorie laisse un peu plus de place aux interrogations dubitatives, ce que résume bien le titre proposé par Garnham : « The information society : Myth or Reality ? »28. À l’instar d’autres chercheurs critiques29, Garnham essaye d’identifier les nombreux obstacles à l’avènement d’une véritable société de l’information. Les discours des gouvernements du Sud, promoteurs du Fonds de solidarité numérique (FSN), reproduisent-ils ceux des thuriféraires de l’information, ou reflètent-ils l’approche critique ? Tout compte fait, la solution à la réduction de la fracture numérique semble cette fois-ci venir du Sud qui a fini de théoriser la « solidarité numérique »30 et de préconiser la création du Fonds de solidarité numérique (FSN) et de l’Agence mondiale de la solidarité numérique (AMSN).

  • 31 Raboy M et N. Landry, 2005, Civil Society, Communication and Global Governance. Issues from the Wor (...)
  • 32 Il importe de souligner que l'adoption de ce programme résulte d’un consensus entre deux propositio (...)

18Ne cadrant pas avec les schémas traditionnels du développement extra déterminés, l'idée du FSN n'a pas convaincu tout de suite les puissances occidentales et les principaux bailleurs de fonds qui estimèrent que les mécanismes actuels de financement internationaux permettraient de prendre en charge la question du financement de la réduction de la fracture numérique. Certains représentants d’organisations de la société civile ont aussi exprimé leur doute quant à la pertinence de ce nouveau mécanisme31. Néanmoins, le volontarisme des porteurs du projet de Fonds de solidarité numérique, surtout le président sénégalais chargé du volet NTIC du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD)32, a abouti à la mise en place effective du Fonds de solidarité numérique et de l’Agence Mondiale de la Solidarité Numérique, juste après le premier sommet mondial de la société de l’information à Genève, en 2003.

19Quels sont les arguments de ceux qui rejettent un tel projet ? Si la proposition de création de ce fonds se veut une démarche de rupture face à la tendance actuelle, comment se fait-il que des représentants de la société civile qui se réclament de l’autre mondialisation aient pu avoir à son endroit une telle attitude de défiance similaire à la position affichée par des institutions internationales comme la Banque Mondiale ? Le projet de « solidarité numérique » ne s'inscrirait-il pas dans la mouvance d'une autre mondialisation, celle qui consacre les initiatives de communautés locales décidées à se prendre en charge pour limiter les effets d'une mondialisation à sens unique, qui creuse davantage qu'elle ne comble les écarts entre riches et pauvres, entre Sud et Nord ?

20Répondre à ces questions, c’est interroger tout le processus de légitimation de la solidarité numérique comme enjeu structurant du débat politique international dans la perspective du développement des pays dits du Sud.

Du NOMIC à la solidarité numérique : quand le passé se conjugue au présent

21Le droit à la communication est devenu un enjeu politique mondial dès le début des années 1970. Il s’appuie sur la critique du free flow of information. Une critique portée par le Mouvement des pays dits non-alignés. Déjà en 1973, lors de la 4e conférence des pays dits non-alignés sur le nouvel ordre mondial post-colonial, le constat du déséquilibre de l’information a été fait et dénoncé. Le débat s’est donc instauré à partir de ce moment sur le contrôle des moyens de communication (satellites, agences de presse). Trois ans après, en 1976, le mouvement de ces pays non-alignés tient un symposium international à Tunis au terme duquel des recommandations ont été faites, orientées principalement vers deux axes :

  • la création et la consolidation de réseaux de télécommunication ;

  • le développement de la coopération et des échanges entre les pays non-alignés dans tous les domaines de la communication.

  • 33 Mowlana H, 1996, Global communication in transition. Thousand Oaks, CA : Sage

22En 1977, l’ancien Secrétaire général d’Amnesty international, Sean McBride, reçoit le mandat de mener une réflexion sur la question de la communication dans le cadre d’une Commission qui, au terme de ses travaux, devait faire des propositions à l’UNESCO. En 1980, le rapport de cette commission met l’accent sur la disparité entre les situations des différents pays, sur la concentration des médias occidentaux et sur leur emprise sur les flux d’information à l’échelle internationale. La commission a contribué à faire prendre conscience de la valeur de l’information en tant qu’outil privilégié du développement économique, mais aussi à la fois comme une nécessité et comme le résultat du développement des sociétés démocratiques33. Dans l’esprit de McBride, le principe dominant devrait être celui de la réciprocité et de la symétrie entre les participants, au processus démocratique, et l’information devrait être considérée comme un droit démocratique indispensable à l’exercice de la citoyenneté.

  • 34 McBride S, 1980, Voix multiples, un seul monde : communication et société aujourd'hui et demain, Pa (...)

23C’est dans cette disposition d’esprit qu’il faudrait comprendre qu’on soit passé du droit à l’information au droit à la communication dans les discours qui portent sur le rôle et la place de la communication dans le développement. Mais on doit à la vérité de dire que les principes évoqués par la Commission McBride se sont révélés être un catalogue de vœux pieux. L’échec du NOMIC fut constaté dès la publication du rapport à la 20e Conférence Générale de l’UNESCO à Belgrade, en 1980. En relisant les recommandations de la Commission McBride, on est frappé par les similitudes entre les préoccupations exposées dans les années 80 et celles exprimées au courant des années 2000. Certaines des propositions déclinées alors par la Commission McBride34 en attestent éloquemment :

  • Diminuer les inégalités et dépendances, surtout dans les domaines technologiques

  • Choisir et promouvoir les technologies aptes à permettre une autosuffisance en communication dans chaque pays et dans chaque région.

  • Promouvoir une infrastructure de communication qui aide à l’éducation au développement autant que l’information publique.

24Dans la société dite de l’information, celle des années 2000, le discours désormais dominant se résume dans la nécessité de mettre fin aux inégalités dans l'accès aux TIC. Comme dans le cadre de la Commission McBride dans les années 1980, l’on attribue, dans les années 2000, au Sommet Mondial de la Société de l’Information (SMSI), la mission de proposer des solutions à l’éradication de la fracture numérique. C’est dans le cadre de ces propositions que sont apparues la solidarité numérique et l’idée d’un Fonds et d’une agence dédiés à sa concrétisation. Reste à analyser les objectifs attribués à la solidarité numérique.

Les buts attribués à la solidarité numérique dans un contexte sociopolitique favorable

  • 35 Kiyindou A, 2009, Les pays en développement face à la société de l’information, Paris, L’Harmattan

25Dans sa conception originelle, la solidarité numérique devait avoir pour objectif l’accès universel, généralisé et effectif, individuel, familial ou collectif, aux technologies de l’information et de la communication. Sa concordance avec les principes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et sa vocation mondiale, tout comme l’appel à une démarche favorable à un partage plus égalitaire des biens publics à l’échelle planétaire, devraient lui assurer une large adhésion. Cette adhésion semble acquise, mais elle ne s’est pas faite sans quelque réticence, venant quelquefois d’acteurs dont on n’attendait pas une telle attitude. Comme souligné supra, beaucoup de représentants de la société civile ont exprimé leur doute quant à l’efficacité de ce nouveau mécanisme et de sa capacité à rompre avec les schémas traditionnels de l’aide publique au développement35. L’objectif final de la solidarité numérique est, à travers les mécanismes institutionnels créés à cet effet (le Fonds de solidarité numérique et l’Agence Mondiale de la solidarité numérique) de garantir les libertés fondamentales, de faciliter l’exercice des droits démocratiques, dans le souci de satisfaire des besoins essentiels et de concourir à l’épanouissement économique, social et culturel des populations. Les initiatives de création de mécanismes de mobilisation des ressources visaient ainsi à répondre aux impératifs de réduire la fracture numérique. Le FSN est un micro fonds destiné à financer des micro- réalisations de préférence exécutées par les opérateurs privés, même s’il dispose de structures de fonctionnement, y compris des représentations régionales. Cependant, l’existence réelle des mécanismes institutionnels ne présume en rien de leur fonctionnement et donc, par conséquent de leur efficacité.

  • 36 Favreau L et L. Fréchette, 2002, Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarit (...)

26Il convient seulement de noter que les années 1990 restent marquées par l’essor sans précédent des technologies du numérique qui ont affecté l’ensemble des relations politiques, économiques, sociales et culturelles. Cette révolution dite numérique intervient dans un contexte d’apaisement du conflit Est-Ouest et d’aggravation lancinante et insidieuse des antagonismes larvés Nord-Sud. L’essor des technologies de l’information dans les pays riches du Nord s’accompagne du côté des pays du Sud d’un refus de plus en plus affirmé de l’injustice qui prévaut dans les échanges au niveau mondial. Dans ce contexte précis, toutes les initiatives de solidarités sont porteuses et mobilisatrices parce que tout le monde semble avoir compris que les choses ne peuvent plus continuer à fonctionner de la même façon36. Mais l’unanimité sur le constat et la capacité d’indignation ne produisent pas automatiquement une convergence de vues sur les formes d’action à mener. Il est apparu que les réticences de certaines grandes puissances à l’endroit du FSN sont fondées sur le fait que ce fonds vienne perturber les certitudes déjà établies par une politique de mondialisation qui ne laisse pas de place à des initiatives alternatives. Une telle attitude se comprend aisément, car accepter de nouveaux mécanismes de financement, ce serait admettre l’inefficacité de ceux qui existent déjà. Il est également apparu que les pays du tiers-monde, pour faire face au refus de leurs partenaires étatiques de développement, ont ciblé le partenariat avec des collectivités locales et des organisations de la société civile déjà à l'avant-garde de la lutte contre le sous-développement. Cette forme de coopération décentralisée est-elle la plus efficace en termes de développement ? Sous quelles formes se décline-t-elle concrètement ? Quels bénéfices réels en tirent les populations concernées ? La stratégie de « contournement » fondée sur la coopération décentralisée se lit dans le renforcement du partenariat avec des collectivités locales comme les municipalités de Genève (siège du FSN) et de Lyon (siège de l’Agence Mondiale sur la solidarité numérique) qui expriment leur enthousiasme en apportant leurs contributions au Fonds de solidarité numérique ? Cela reflète-t-il une prise de conscience locale qui s’oppose à la logique des États plus enclins à céder aux pressions des multinationales ?

  • 37 Mamadou Diop Decroix, cf. Conférence de presse tenue à Dakar, le 5 mai 2004.
  • 38 Amadou Top, Conférence de presse du ministre sénégalais de l’Information, de l’Intégration économiq (...)

27Il semblerait déjà que la réunion du Congrès constitutif de l’organisation « Cités et Gouvernements locaux unis » qui s’est tenue du 2 au 5 mai 2004 à Paris sur le thème « La coopération Nord-Sud et la Solidarité numérique », confirme cette hypothèse. Il se dégage de cette rencontre organisée par les dirigeants des collectivités locales que l’opportunité de la « solidarité numérique » est de plus en plus admise, avec notamment l’annonce faite par les villes de Paris, Rome, Lille, d’intégrer le groupe précurseur du « Fonds de Solidarité numérique » formé des villes de Genève, Lyon, Turin et de l’État du Sénégal37. L'hypothèse se confirmerait davantage dans les propos d’un des experts de la société civile qui affirme que la création du « Fonds de Solidarité numérique » a introduit une « nouvelle donne » dans le système mondial des échanges et les relations internationales : « Nous allons vers un changement de paradigme »38. La « nouvelle donne » tendrait-elle ainsi à éliminer la dimension de la coopération internationale qui fait que celui qui donne tend à imposer sa volonté à celui qui reçoit ?

  • 39 Ibid.
  • 40 Le Monde, 30 avril 2004
  • 41 Abdoulaye Wade, président du Sénégal, intervention au Congrès constitutif de l’organisation « Cités (...)

28Il appert que tout le débat qui a prévalu à la création du FSN résulte du désir de certains pays de maintenir leur domination : « On a voulu nous ramener aux mécanismes de financement existants […] Cette nouvelle donne qui intervient dans le cadre du système mondial des échanges et des relations internationales va contribuer à desserrer l’étau de l’assistance et de l’aide »39. Ces propos font échos aux conceptions défendues par le président sénégalais, Wade, et le maire de Genève Christian Ferrazino40 : « Le Sud a besoin des villes du Nord ». Les auteurs affirment qu'avec l'affaiblissement du leadership politique, les institutions financières internationales se sont imposées comme les seuls gestionnaires des questions de développement et restent peu perméables aux critiques face aux résultats de leurs engagements. Point d'étonnement donc, lorsque l'instigateur du concept de « solidarité numérique » affirme qu'un nouvel espoir est né dans la coopération internationale, consécutif à l'essoufflement des États qui n'ont pas toujours su gérer les énormes sommes d'argent mises dans leurs mains : « J'ose espérer que l'Internationale des Pouvoirs locaux, la plus grande du monde, relèvera le défi de la légitimité en matière de politique de coopération que vient de lui conférer l'histoire »41.

  • 42 Il est à noter qu’une divergence de vues entre les gestionnaires du Fonds et son initiateur ont déb (...)
  • 43 Voir Loum, N, 2003, Les médias et l’État au Sénégal : l’impossible autonomie », Paris, L’Harmattan.
  • 44 Voir Loum, N., Les médias et État au Sénégal : l’impossible autonomie, op.cit. L’auteur y démontre (...)

29Mais en constatant aujourd’hui son échec42, on peut affirmer que l’on était fondé à se demander si l’une des faiblesses potentielles du FSN ne résidât pas dans la surenchère institutionnelle avec des mécanismes prompts à servir de réceptacle à des prédateurs économiques et financiers, principaux bénéficiaires des règles du marché43 ? La solidarité numérique est une idée généreuse en soi, surtout que son but naturel est de réduire la fracture numérique dont tout le monde reconnaît la gravité des conséquences. Mais comment ne pas avoir aperçu dès le départ, l’absence d’une vision globale des besoins, l’indétermination des priorités, l’imprécision des échéances et le flou autour des impératifs de financement ? À ces questionnements critiques, les tenants du projet du FSN répondaient ainsi : le libéralisme est fondé sur le libre marché, le laisser-faire. Mais peut-on compter sur l’autorégulation du marché tout en prétendant à une rupture d’avec les logiques jusque-là dominantes de la mondialisation libérale ? Quelle crédibilité accorder aux leaders africains qui se sont mobilisés avec tant de zèle pour ce fonds, alors qu’ils ont toujours fait une utilisation peu orthodoxe de l’aide publique au développement souvent détournée de ses objectifs44 ? Si ces questions importantes avaient été abordées rigoureusement, elles auraient pu contribuer à déterminer l’impact réel ou supposé de la solidarité numérique sur le développement qui a été son objectif final, en se détournant des « sentiers battus » de l’aide publique au développement dont l’échec relatif fonde une remise en cause radicale des paradigmes dominants dans ce domaine.

  • 45 Mosco, V., 1996, The Political Economy of Communication. Rethinking and Renewal, London, Sage Publi (...)

30De telles questions rejoignent bien sûr les préoccupations exprimées dans le cadre de l’économie politique de la communication45. Si le fonds de solidarité a aujourd’hui disparu, les questions qui ont surgi lors de sa création démontrent toutefois qu’on est bien dans une période cruciale de remise en cause paradigmatique dans le champ du développement international. Et, on voit bien que ce sont des questions qui interpellent presque toutes les disciplines des sciences sociales. Ce sont des questions que se posent des historiens, des sociologues, des économistes, des politologues, des chercheurs en études de développement, des communicologues, etc.

31À quelle discipline devrait donc se prêter une telle recherche ?

32Le réalisme confine à recourir au paradigme interdisciplinaire. D’où les motivations de ce plaidoyer pour l’interdisciplinarité qui expose à la fois les fondamentaux de celui-ci mais qui n’ignore guère les difficultés de son application systématique à toutes les recherches en sciences sociales et humaines. Des blocages institutionnels existent et se traduisent par un morcellement des disciplines, des diplômes, des départements, des facultés. Il est plus facile de mener sa recherche dans le cadre de sa discipline d’appartenance reconnue plutôt que de traverser les frontières disciplinaires. Il y a forcément un risque d’isolement que se doit d’assumer le chercheur interdisciplinaire. Dans ce sens, la liberté dont parle Bélanger supra, relève plus d’un confort intellectuel que d’une vraie liberté intellectuelle. Il devient alors confortable de penser l’interdisciplinarité comme anarchie pour ne pas s’en prévaloir. La transversalité se heurte à la pesanteur des structures et au cloisonnement entre disciplines, départements, organismes, institutions etc.

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Notes

1 Wallerstein I, 1995, Impenser la science sociale. Pour sortir du XIXe siècle. Pratiques théoriques, « Questions de paradigmes : un appel à débat », PUF, pp. 269-289

2 Morin E, 1990, « L’ancienne et la nouvelle transdisciplinarité » dans E. Morin. Science avec conscience. Paris, Fayard, pp. 124-129.

3 Castells M., 2002, La Galaxie Internet, Paris, Fayard, p. 301

4 Jolivet M, 2007, « Les universités face aux enjeux de la formation interdisciplinaire)», Nature et Société, n.15

5 Jolivet M, 2007, « Les universités face aux enjeux de la formation interdisciplinaire)», Nature et Société, n.15

6 Vidal V, 1992, « Quelques réflexions sur l’interdisciplinarité. La méthode interdisciplinaire rend-elle caducs les savoirs spécialisés ?» dans Portella E (sous la direction de), Entre savoirs. L’interdisciplinarité en acte : enjeux, obstacles, résultats, Erès, pp. 53-56

7 Guattari F, « Fondements éthico-politiques de l’interdisciplinarité », dans Portella E (sous la direction de), 1992, Entre savoirs. L’interdisciplinarité en acte : enjeux, obstacles, résultats, Erès, pp. 101-107

8 Bélanger J. (1996), « Les disciplines universitaires : leur nature et leurs avantages » dans M. Rafie, (dir.) Les sciences humaines : États des lieux. Saint – Foy : Presses de l’Université Laval, p. 86.

9 Ibid.

10 Charpentier I. et V. Dubois, 2005, « Conseils d’indiscipline », dans G.Mauger (dir.), Rencontres avec Bourdieu, Ed. du Croquant, pp. 305-312

11 Fortin R, (2005). « Une méthode de complexité », dans R. Fortin, Comprendre la complexité. Introduction à La Méthode d’Edgar Morin. Québec : Presses de l’Université de Laval, pp. 1-11.

12 Karpinski, A et M. Samson, (1972), L’interdisciplinarité, Presses de l’Université du Québec, pp. 14-29

13 Ibid.

14 Ibid.

15 Limoges C, (1996), « Les sciences humaines : plaidoyer pour une libre circulation », dans M. Rafie (dir.), Les sciences humaines : état des lieux, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, pp. 149-154

16 Morin E, 1990, « L’ancienne et la nouvelle transdisciplinarité » dans E. Morin. Science avec conscience. Paris, Fayard, pp. 124-129.

17 Ibid.

18 Ibid.

19 Wallerstein I, 1995, Impenser la science sociale. Pour sortir du XIXe siècle. Pratiques théoriques, « Questions de paradigmes : un appel à débat », PUF, pp. 269-289

20 Breton P et Proulx S, 2002, L’explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle, Paris, La Découverte.

21 Castells, M 2002, La Galaxie Internet, Paris, Fayard.

22 Ibid.

23 Ramonet I, 1999, La tyrannie de la communication, Paris, éditions Galilée, coll. « L’espace critique ».

24 Ibid.

25 Ibid. P.208

26 Mattelart A, 2006, Histoire de la société de l’information, Troisième édition, Paris, La Découverte.

27 Breton, P et Proulx, S., 2002, L’explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle, Paris, La Découverte.

28 Garnham N, 2003, « The information society : Myth or Reality », dans Tremblay G, et B, Miège (sous la direction), 2001 Bogues, Globalisme et pluralisme, Tome 1, Tic et Société, Laval, PUL, pp. 53

29 Voir notamment Ntambue R, 2001, L'Internet, son Web et son e-mail en Afrique. Approche critique, L'Harmattan.

30 Les concepts de « solidarité numérique » et de « fonds de solidarité numérique » sont les « trouvailles » du président sénégalais, Wade (2000-2012), responsable du volet NTIC du NEPAD.

31 Raboy M et N. Landry, 2005, Civil Society, Communication and Global Governance. Issues from the World Summit on the Information Society. New York: Peter Lang USA

32 Il importe de souligner que l'adoption de ce programme résulte d’un consensus entre deux propositions d'origine différente : le Plan MAP des Présidents sud-Africain, Mbeki, nigérian, Obasanjo et algérien Bouteflika d'un côté, et de l'autre le Plan Oméga du Président Sénégalais Wade.

33 Mowlana H, 1996, Global communication in transition. Thousand Oaks, CA : Sage

34 McBride S, 1980, Voix multiples, un seul monde : communication et société aujourd'hui et demain, Paris, La Documentation française et Éditions, UNESCO.

35 Kiyindou A, 2009, Les pays en développement face à la société de l’information, Paris, L’Harmattan

36 Favreau L et L. Fréchette, 2002, Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale, Québec, PUQ.

37 Mamadou Diop Decroix, cf. Conférence de presse tenue à Dakar, le 5 mai 2004.

38 Amadou Top, Conférence de presse du ministre sénégalais de l’Information, de l’Intégration économique africaine et des Technologies de l’information et de la communication, axée sur le Fonds de Solidarité numérique (FSN), Dakar, le 5 mai 2004.

39 Ibid.

40 Le Monde, 30 avril 2004

41 Abdoulaye Wade, président du Sénégal, intervention au Congrès constitutif de l’organisation « Cités et Gouvernements locaux unis » qui s’est tenu du 2 au 5 mai au Palais des Congrès de Paris sur le thème : « La coopération Nord-Sud et la Solidarité numérique ».

42 Il est à noter qu’une divergence de vues entre les gestionnaires du Fonds et son initiateur ont débouché sur la liquidation de celui-ci en 2009, avec en prime, des accusations de mauvaise gestion et de menaces de procès. Le président sénégalais, Wade, a par la suite créé une Fondation de la solidarité numérique qui siège à Dakar et dont la gestion est confiée à des Africains. Il convient toutefois de questionner l’avenir de cette fondation après la défaite de son initiateur aux dernières élections présidentielles au Sénégal, en mars 2012.

43 Voir Loum, N, 2003, Les médias et l’État au Sénégal : l’impossible autonomie », Paris, L’Harmattan.

44 Voir Loum, N., Les médias et État au Sénégal : l’impossible autonomie, op.cit. L’auteur y démontre comment dans le cadre du système néo-patrimonial africain, les fonds destinés au développement peuvent quelquefois être détournés de leurs objectifs et servir de fonds politiques pour entretenir une clientèle électorale.

45 Mosco, V., 1996, The Political Economy of Communication. Rethinking and Renewal, London, Sage Publication.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Ndiaga Loum, « Paradigme de l’interdisciplinarité, communication et développement international »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 4 | 2014, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 20 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/961 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.961

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Auteur

Ndiaga Loum

Ndiaga Loum est professeur au département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), il est membre du Centre interdisciplinaire sur la communication, l’information et la société. Courriel : ndiaga.loum@uqo.ca

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