Olivier Le Deuff, La formation aux cultures numériques
Olivier Le Deuff, La formation aux cultures numériques, Limoges, FYP Éditions, 2012, 160 p. ISBN : 978-2-91657-154-6
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1Comment former des individus à un environnement en cours de construction et dont la structure et les outils permettant d’y accéder engendrent des mutations dans les usages desdits individus ?
Digital literacy chez les Y
2C’est à cette ambitieuse question qu’Olivier Le Deuff souhaite répondre dans son livre en proposant « une nouvelle pédagogie pour une culture de l’information à l’heure du numérique ». Car ce qui se joue dans les smartphones des adolescents et les tablettes tactiles des enfants, c’est bien une évolution (révolution ?) de la lecture et de l’écriture. Pour l’auteur, les « litteraties du numérique » engendrent bien plus que des nouveaux rapports avec des objets techniques, et il réinterroge les pratiques, les usages d’exercice de notre pensée.
3En sept chapitres l’auteur d’une thèse sur « La culture de l’information en reformation » va nous exposer les enjeux, les litteraties du numérique, les écritures de soi et des pistes concrètes pour réformer un système qui n’est pas adapté.
4Pour se convaincre, comme Olivier Le Deuff, que la fameuse génération Y, bien que très utilisatrice de tout ce qui se fait sur le web aujourd’hui, n’a pas forcément de culture de l’information, il suffit de constater l’émoi que provoque une rumeur sur d’éventuels messages privés devenus publics sur Facebook. Ainsi il décrypte les « why », les « millenials », jusqu’aux « homo zappiens », et les fameux mythes liés aux « digital natives ».
5Après une définition de la culture à l’heure du numérique, l’auteur présente les six principaux enjeux que sont la déformation, les infopollutions, le double numérique, la crise de l’autorité face à la popularité, la surveillance participative et la crise de l’attention.
De big brother à little sister
6Les premiers chapitres nous permettent d’arriver aux écritures de soi, le cœur du livre. Pour l’auteur, « la question de l’identité numérique consiste surtout en une gestion de sa présence en ligne ». Qui, dans l’arène romaine, osait baisser le pouce quand tout le monde le levait ? Qui, sur Facebook ne « like » pas (un pouce levé) quand ceux qui sont autour de lui, ses « amis », le font ?
7Il faut considérer que toutes les actions menées sur les réseaux sociaux numériques sont autant d’actes d’écriture. Alors, comme l’auteur « on voit évidemment l’enjeu de concevoir une formation aux écritures de soi ».
8Olivier Le Deuff, tout comme Socrate et Michel Foucault avant lui, souhaite que les « Digital Natives » se connaissent elles-mêmes, non pas comme forme ultime d’égocentrisme en appliquant les préceptes du « personnal branding » mais bien pour être à même d’exercer le pouvoir. Se former, acquérir le savoir, la technique, pour pouvoir exercer son libre arbitre et pas uniquement suivre les conseils algorithmiques des outils sociaux-techniques qui se font comme objectifs, de plus en plus avoués, d’établir avec précision notre échelle d’intentionnalité.
Pourquoi le B2I n’est pas un bon outil ?
9Pour l’auteur de « La formation aux cultures numériques », la réponse est simple : « ce genre de système donne l’impression », par le score obtenu, « que les élèves maîtrisent un grand nombre de savoirs ». Or les études de terrain, comme celles de Lorenzen (2001) montrent au contraire une incapacité à évaluer l’information sur le web. Il s’agit bien, comme le souligne le Maître de Conférences « d’un effondrement des connaissances de base ».
- 1 Lawrence Lessig, Culture Libre, Creatives Commons, traduction disponible sur readwriteweb.com, p. 1 (...)
- 2 Christian Fauré, « La prolétarisation dans les sociétés informatiques », billet du 14 mars 2009, di (...)
10Deux citations tirées du livre pour conclure. La première est de Lawrence Lessig1 « Notre culture était libre. Elle l’est de moins en moins ». La deuxième est de Christian Fauré2 « On ne peut pas être architecte (que ce soit de l’architecture réseau, applicative ou même de l’architecture des données) en étant incapable de porter un regard critique ».
Notes
1 Lawrence Lessig, Culture Libre, Creatives Commons, traduction disponible sur readwriteweb.com, p. 18.
2 Christian Fauré, « La prolétarisation dans les sociétés informatiques », billet du 14 mars 2009, disponible sur www.christian-faure.net
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Référence électronique
Guillaume-Nicolas Meyer, « Olivier Le Deuff, La formation aux cultures numériques », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 2 | 2013, mis en ligne le 01 janvier 2013, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/395 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.395
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