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Résumés

Objectif : cet article vise la présentation et l’analyse des résultats statistiques d’une étude de corpus de communications vaccinales sur l’Internet. Dans une dynamique d’optimisation des discours sur le vaccin anti-papillomavirus humain (anti-HPV), nous chercherons à mettre en lumière les usages discursifs mobilisant surtout l’émotion, chez les acteurs médiatiques qui alimentent les controverses techno-scientifiques. Méthodologie : cette étude s’adosse à une approche segmentant les discours en diverses modalités « socio-communicationnelles », agissant dans le sens d’une mise en confiance, défiance ou encore hésitation vaccinale. Résultats : bien que de plus en plus de communications de santé préventive par vaccination soient symétriques vis-à-vis de leurs usages de modalités discursives mobilisant raison et/ou émotion chez leurs récepteurs, sur un Internet homogénéisant alors les représentations médiatiques pour le plus grand nombre, les présents résultats prouvent qu’il est néanmoins possible de mieux les caractériser pour mieux agir dessus, selon un équipement méthodologique nouveau (i.e. « l’approche socio-communicationnelle ») en permettant leur analyse fonctionnelle.

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Texte intégral

Introduction : les enjeux socio-communicationnels d’une recherche-action sur la prévention sanitaire par vaccination

  • 1 Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, [p. 6 consulté le 28 jui (...)

1À partir d’une revue de la littérature sur les études empiriques menées depuis 2010 au sujet des communications et des connaissances vaccinales auprès de différents segments de l’opinion publique (Ferrer et al. ; Holman et al. ; Kim et al. 2015 ; 2017 ; Lerais et al. ; Peretti-Watel et al. ; Ward 2013 ; 2015 ; Wong et al. ; Yaqub et al.), nous souhaitons nous inscrire dans un sillon de recherches-actions visant à réduire les controverses technoscientifiques de santé publique. Par ce biais, nous répondons aussi présent à l’appel institutionnel du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MERSI), dont la stratégie nationale de culture scientifique, technique et industrielle, inclut désormais les établissements de recherche et d’enseignement supérieur, à la mission de « fixer le cap [des recherches], définir des priorités [d’action], créer un environnement [discursif] favorable, accompagner les acteurs [médiatiques], faire émerger et encourager les initiatives [allant vers davantage de consensus et de bien-être dans le domaine de la santé] »1.

  • 2 « Souvent « affect » et « émotion » sont employés comme synonyme. […] Les émotions s’inscrivent dan (...)
  • 3 Ces communications sur l’usage de la technologie vaccinale, dont la balance bénéfice/risque est dés (...)

2Ainsi allons-nous tout d’abord présenter la méthodologie d’une étude de corpus inspirée du « modèle socio-communicationnel » d’approche des discours selon Patrick Charaudeau (2006). Ensuite et à l’aide d’une typologie de modalités socio-communicationnelles, dites « discursives », nous comparerons les éléments médiatiques mobilisés par les acteurs de l’arène du débat vaccinal qui font appel à la raison et/ou à l’émotion2 (Allart et al. ; Derville, Ekman ; Goody ; Ruth) au sein de leurs discours online via le dispositif Internet et ses réseaux sociaux. Notre analyse de résultats sur 284 communications cherchera à optimiser des discours publics sur le vaccin anti-papillomavirus humain (anti-HPVs), qui, bien que protégeant contre certaines infections responsables du cancer du col utérin, peine encore à faire consensus (Fischer). Nous entendrons alors ces « communications vaccinales » aux sens donnés, d’une part, par Arlette Bouzon (2001) de « communication du risque », qui permet l’équipement conceptuel nécessaire à leur étude sociale, et d’autre part, selon le sens donné par Ulrich Beck (1986/2008) de la « société du risque », pour leur ancrage sociétal3. En effet, ces communications émises par les acteurs institutionnels (experts scientifiques, politiques), organisationnels (journalistes spécialistes ou généralistes, associatifs) ou encore indépendants (parents de victimes ou victimes elles-mêmes) au sujet du vaccin anti-HPVs, n’ont eu de cesse depuis 2006 de produire des objets de controverses (Ollivier-Yaniv) qui mettent en péril les enjeux de santé publique, ou tout du moins, l’atteinte des objectifs politiques sanitaires (e.g. composition des vaccins [adjuvants aluminiques], prix [part non remboursable du vaccin], politique sanitaire [ambiguïté entre recommandation ou obligation vaccinale]).

3De manière plus pragmatique, il s’agira de comparer selon différentes modalités discursives (cf. Méthodologie) des communications vaccinales online qui « font signe » (Barthes) selon des éléments de contenu sensibles qui « affectent » (e.g. esthétique des images) et cognitifs qui font « sens » (e.g. sémantique du texte) dans un contexte social et sociétal donné ; avec lequel ces communications de santé (dont l’objectif est l’atteinte d’une adhésion par le plus grand nombre) doivent alors composer pour être réellement performatives (Bernard). À ce sujet, nous attacherons-nous aussi à un phénomène important pour les sciences de l’information et de la communication (SIC), celui d’une mise en concurrence – depuis l’avènement de la cybernétique et de l’Internet – des médias de la santé (Marchetti) offline (TV, radio, presses) à ceux online (sites Internet, réseaux sociaux, blogs, forums). Ces « formes nouvelles de publicisation [celles online] viennent [en effet] concurrencer des formes plus traditionnelles, comme la communication publique ou la communication scientifique [qui ont historiquement émergé offline] » (Romeyer 6).

4Il s’agira donc d’observer la qualité et la quantité des différents contenus faisant appel à l’émotion et/ou à la raison, dans des discours sur la vaccination qui reproduisent, ou non, des formes historiques de publicisation de la santé (Bernard ; Girandola et al. ; Lemire ; Marchioli). C’est-à-dire, d’une part le discours expert des scientifiques, des politiques ou des journalistes spécialistes qui semblent suivre une dynamique de reproduction online de leurs habitus de publicisation de la science offline ; et d’autre part, le discours non-expert ou proto-expert des associatifs, des indépendants ou des journalistes généralistes qui semblent s’être totalement adaptés au dispositif Internet à « inculcation massive » (Poitou 95) de ses usages « sociotechniques » (Akrich et al.) et « sociomédiatiques » (Meyer 2004). Dans cette perspective, l’Internet participe à la reconfiguration des schémas de légitimation des « signes » à publiciser pour être crédible au sein des nouveaux espaces de discussion (Habermas) et de négociation online, où la « pulsion scopique » semble désormais régner en maître (Anaut et al.) au royaume de l’image sur Internet.

5Nous allons dès lors interroger dans les sections suivantes cette transition sociale et communicationnelle des usages médiatiques traditionnels – soit ceux historiquement offline – vers des usages plus cyber-médiatiques (Claverie) – soit ceux, plus contemporains, online. Ces derniers favorisent en effet le phénomène de symétrisation (Payet) des discours de santé, et a fortiori de ceux sur la vaccination, tant du point de vue de leur mise en forme esthétique (Declercq ; Maffesoli) que de leur processus de « reconnaissance sociale » (Honneth) par l’opinion publique ; induit par la reconnaissance visuelle online de « signes » émis via un système sémiologique (i.e. sémantique et sémiotique).

Méthodologie : une étude de corpus de communications vaccinales via une approche expérimentale sensible et raisonnée

6Le projet d’étude de corpus dont nous venons de faire état n’est que la première phase d’un protocole de recherche plus vaste dédié à la captation, la qualification et l’expérimentation de nouvelles formes de discours sur le vaccin anti-HPVs, nommé « approche socio-communicationnelle ». Cette approche expérimentale se mue en une méthodologie mixte qui se compose d’une première phase d’étude de corpus et d’une seconde phase d’enquête par questionnaires en ligne s’adossant à la méthode des scénarios (Drouot ; Meyer 2005). Cette dernière phase sert notamment à tester, auprès d’un public le plus large possible, de nouvelles communications du risque, par la médiation de « mises en situation » problématiques ouvrant sur plusieurs scénarios de réponses possibles et prenant la forme de différents discours caricaturaux. Ceux-ci peuvent dès lors être conçus à la suite d’une étude de corpus, ou bien de manière intuitive (pendant la phase de constitution du corpus), selon des modalités discursives repérées comme pertinentes pour caractériser et contraster les usages discursifs des acteurs médiatiques du champ de la santé.

7Précisons désormais la composition et l’élaboration des modalités d’analyse du corpus de communications vaccinales à l’étude – dont cet article fait l’objet – en répondant aux deux questions suivantes : 1) quelle est la méthodologie d’approche « terrain » la plus adaptée à ces communications ? ; 2) comment se saisir des variables d’interaction du processus structural de communication en santé publique, afin de localiser les points de tension – i.e. les Spannung chers à Max Weber – « pour décrire les logiques conflictuelles qui traversent et structurent la vie sociale » (Grossein 29) et les dispositifs socio-communicationnels ?

  • 4 Selon les habitudes de l’archiviste : consultation de flux RSS (e.g. Le monde, Libération, Sciences (...)

8En ce qui concerne la première question, nous avons constitué notre corpus d’étude selon un processus d’archivage au gré des expositions médiatiques4 (offline/online) du chercheur, à différentes communications préventives, de novembre 2015 à novembre 2016. Cette période (de plus d’un an) garantit une diversité et une quantité suffisante d’informations, de supports de communication et de traces informationnelles sur les différents supports, en provenance d’une grande hétérogénéité d’acteurs transmettant au sein de leurs discours, diverses normes et valeurs. Ainsi avons-nous le matériau nécessaire à l’analyse des éléments de contenu informationnel sur les vaccins, ainsi qu’à l’analyse des usages discursifs de leurs émetteurs en dispositifs de publicisation. Ces expositions ont dès lors orienté notre attention vers les communications online : plus de 300 communications (sur les 400 de notre corpus) sont en provenance de l’Internet de la santé, dont la grande majorité est soit directement diffusée sur le réseau social Facebook ; soit indirectement publiée sur ledit réseau social, à la suite d’une première diffusion sur un site Internet (institutionnel, journalistique ou associatif). En ce qui concerne la seconde question, nous avons cartographié le processus complexe de publicisation des communications vaccinales (Romeyer ; Ward 2015), puis, nous avons sérié l’ensemble des indicateurs discursifs (cf. description ci-dessous des « cinq dimensions de modalités discursives ») permettant la mise en confiance, défiance ou hésitation médiatique de l’opinion publique, qui structurent les discours autour de la vaccination. Nous avons ensuite étudié (de manière non automatisée) notre corpus selon ces modalités, et observé les variables redondantes sur l’ensemble des communications vaccinales, afin de les analyser (cf. Résultats de l’étude de corpus) selon l’approche comparative sus-citée.

  • 5 La terminologie « proto-expert » employée dans le texte est un réductionnisme. Par soucis de fluidi (...)

9Bien que l’intégralité notre plan d’analyse du corpus développe trois phases d’étude : par modalité discursive, par type d’acteur, et par communauté d’acteurs, nous ne présenterons que (partiellement) la dernière phase par communauté d’acteurs (« experts » et « proto-experts5 »), car elle nous semble la plus féconde en apports empiriques relatifs à la dimension sensible du discours. Cependant, elle sera ponctuellement enrichie d’apports produits lors des phases précédentes. Précisons que ces phases d’étude d’éléments de contenu discursifs plus ou moins sensibles, font aussi appel à l’émotion et à la raison de l’évaluateur. Ces évaluations reposent alors sur l’agencement du bon sens, et de la sensibilité propre qui l’affecte. Pour cette raison, chacun des résultats statistiques produits à l’issue de notre étude de corpus, ainsi que les présentes analyses selon notre approche socio-communicationnelle, ne pourront être développés sans être sujets à une certaine « violence dans l’interprétation » (Aulagnier).

10Avant de passer à l’étude stricto sensu précisons enfin la nature des différentes modalités d’analyse, qui se répartissent en cinq dimensions discursives – faisant appel à l’émotion ou la raison de l’évaluateur comme du récepteur lambda – et nous permettent de structurer l’étude des communications vaccinales online : selon qu’elles répondent aux critères d’une ou plusieurs variables d’évaluation (spécifique ou non à la vaccination), qui forment deux grands ensembles d’usages discursifs, à dominante soit cognitive (ceux de la raison), soit sensible (ceux de l’émotion) :

111-Les usages discursifs mobilisant la raison :

12a. la dimension sémantique (non spécifique) avec les deux modalités suivantes : a) « types d’information » (Boltanski 1990) dont les variables sont celles de l’information scientifique, émotive, défiante, complémentaire ou vulgarisée ; b) « positionnement du message vaccinal » (Peretti-Watel et al. 2015) dont les variables sont celles de l’hésitation, défiance, confiance, neutralité ;

13b. la dimension psychosociologique (non spécifique) avec la modalité « approche socio-cognitive » (Glanz et al.) dont les variables sont celles de déterminisme réciproque, d’attente de résultats, d’efficacité personnelle, d’efficacité collective, d’apprentissage par l’observation, de motivation par la récompense ou de la sanction, de la facilitation, de l’autocontrôle, du désengagement moral ;

14c. la dimension des sources d’hésitation (spécifique) avec la modalité « hésitation vaccinale pour HPV » (Yaqub et al.) dont les variables sont celles de peur des effets secondaires, perception faible de contracter la maladie, autres [dont raisons positives favorables au vaccin], peur des aiguilles / souffrance du vaccin, perception d’inefficacité du vaccin, perception d’une maladie peu dangereuse, défiance envers les institutions, manque d’intérêt, manque de connaissance, croyance en des médecines alternatives, pas assez d’information concernant la maladie, vaccin non recommandé par l’avis général, nature sexuée du vaccin pour des enfants, raisons religieuses, prix, inconfort, pas besoin si tout le monde est vacciné, trop vieux pour le vaccin anti-HPV, défiance envers les industries pharmaceutiques [et les médecins], l’avis général n’a pas d’importance, proche de penser que la vaccination n’est pas importante ;

15d. la dimension relative à l’éthique (spécifique) avec la modalité « éthique » (Morin, Oiry et al.) dont les variables sont celles d’une éthique à visée réflexive, d’une éthique à visée normative, d’une éthique à visée uniquement informative, d’une éthique complexe (i.e. à visée informative, réflexive puis normative).

161. Les usages discursifs mobilisant l’émotion :

17a. la dimension sémantique (non spécifique) avec la modalité « type de rhétoriques » (Meyer 2004 ; Trépos) dont les variables sont celles de la rhétorique du manque, de l’engagement, de la fragilisation, de l’humour, de la dénonciation, du scientifique ;

18b. la dimension esthétique (non spécifique et spécifique selon les variables) avec les sept modalités suivantes : a) « présence d’image » dont les variables se déclinent en vidéo, photo/dessin, tableau graphique ; b) « couleurs » dont les variables sont réalistes, fictionnelles, noir et blanc ; c) « style des portraits » dont les variables sont celles de cadrage serré, cadrage en pied, portrait nourrisson, portrait enfant/ado, portrait adulte, portrait d’homme, portrait de femme, portrait personne âgée, présence de seringue ; d) « type de paysage » dont les variables sont celles du genre domestique/bureautique, laboratoire/hospitalier, bucolique ; e) « longueur du texte » dont les variables sont < 1§, < 3§, < 1p., < 5p., > 5p. ; f) « typographie » dont les variables sont celles du genre classique, recherchée ; et g) « ambiance » vaccinale dont les variables (Ekman) sont celles du genre rassurante, anxiogène, neutre, drôle.

Résultats de l’étude de corpus : les usages discursifs de la raison et de l’émotion comparés par communauté d’acteurs

  • 6 C’est-à-dire ni pro- ni anti-vaccin et sans faire non plus la démonstration d’une hésitation vaccin (...)

19Les communications vaccinales de notre corpus sont pour l’essentiel persuasives et engageantes (Bernard ; Marchioli), puisque seulement 17 % de celles-ci ont un positionnement « neutre6 ». Avant d’en entamer l’étude comparative dans une approche dite socio-communicationnelle, nous devons stéréotyper et qualifier les usages discursifs de chacune des différentes communautés d’acteurs-réseaux (Akrich et al.) différemment engagées. Si depuis la période phare de « désenchantement du monde » du XXe siècle (Weber 1921/2003), nous vivons dans une société capitaliste, cybernétique et de plus en plus esthétique (Lipovetsky et al.), elle semble surtout qualifiable de « société du risque » (Beck 1986/2008 ; 2002/2003). Et celle-ci a finalement pour effet d’engendrer un présent façonné par une société de l’expertise (Trépos). Les différents acteurs médiatiques s’exprimant sur des sujets technoscientifiques tels que celui du vaccin, sont ainsi et d’abord distinguables selon qu’ils fédèrent des communautés « d’experts dominants » (Bourdieu 2001 ; Weber 1959/1963) ou des communautés de « proto-experts dominés » (Goffman, 1963/1975 ; Simmel) ; vis-à-vis des institutions d’une démocratie sanitaire au biopouvoir de plus en plus prégnant (Lafontaine) pour ce qui concerne notre champ d’étude en santé. Nous nous adossons alors aux paradigmes : 1) de la « communication publique et scientifique » (Aldrin et al. ; Jacobi) pour les discours de légitimation des « experts » que représentent les acteurs scientifiques (médecins, chercheurs), politiques (ministres de la santé, chargés de communication territoriale en santé publique) et journalistes « spécialistes » (au sein de revues scientifiques ou institutionnelles) plutôt favorablement engagés à celui de la « communication organisationnelle et associative » (Bouzon ; Dacheux ; Flichy 2010a) pour les discours de légitimation des « proto-experts et non-experts » que représentent les acteurs médiatiques associatifs (membres de ligues anti-vaccinales, d’associations de soutien aux victimes), indépendants (étudiants, parents, malades, citoyens engagés pour la cause…), journalistes « généralistes » (dans la presse people, sportive, etc.) plutôt défavorablement engagés.

20Introduisons désormais l’analyse de notre corpus par un premier détourage, au tamis épais, présentant par ordre d’importance les pourcentages d’émission de communications vaccinales online par type d’acteurs : 31 % opérées par des acteurs associatifs, 23 % par des indépendants, 20 % par des journalistes généralistes (i.e. la communauté des proto-experts) ; 12 % d’émissions médiatiques opérées par des scientifiques, 10 % par des journalistes spécialistes, et 4 % par des politiques ou des institutionnels (i.e. la communauté des experts). Poursuivons plus finement avec deux exemples de comparaisons d’usages discursifs pour nos deux communautés d’acteurs, ainsi choisis selon leur mobilisation de modalités discursives en lien avec l’émotion (i.e. la rhétorique de la dimension sémantique et l’image de la dimension esthétique).

21Comparaison de la qualité des différentes rhétoriques employées entre communautés « d’experts » et « proto-experts » de la vaccination : en analysant les écarts statistiques, remarquons une première série de résultats qui distinguent nettement nos acteurs médiatiques. Avec respectivement 17 %, 8 % et 5 % d’écart entre la communauté des experts et des proto-experts, les trois rhétoriques scientifiques, de l’engagement et du lanceur d’alerte sont celles qui marquent en effet le plus de contraste. Une deuxième série de résultats que nous corrélerons à la première série, apparaît ensuite en observant les valeurs numéraires les plus hautes, nous permettant alors de faire ressortir les rhétoriques les plus fréquemment mobilisées (de manière générale) : dont celle de la rhétorique du risque, en effet mobilisée dans 33 % des discours proto-experts et 29 % des discours experts. Précisons à ce sujet, que dans le contexte vaccinal, cette rhétorique du risque précise, en la reprenant, celle de la fragilité (de la typologie des rhétoriques socio-médiatiques de Vincent Meyer [2004] : rhétorique de la fragilité, de l’engagement et du manque). Sa portée émotive lui permet, ici, d’affecter le récepteur en misant sur le sentiment de fragilité potentiel qu’il peut éprouver en s’exposant à un discours lui faisant percevoir, de manière plus ou moins « dramaturgique » (Beck 2002/2003 : 443), les différents risques (recommandés ou obligatoires) d’effets secondaires inhérents aux vaccins.

Illustration n° 1 « Comparaison des différentes rhétoriques vaccinales, entre les experts et proto-experts médiatiques, en pourcentage du nombre total de communications vaccinales online du corpus »

22Précisons aussi que le cumul des rhétoriques du genre scientifique et du risque, mobilisées dans 30 % et 29 % des communications expertes, produit un optimum de presque 60 % de communications vaccinales expertes capables de transmettre online un « effet [ou une sensation] de vérité » (Bourdieu 2001 : 59) – par exemple, au sein d’un discours mobilisant des arguments rationnellement positifs vis-à-vis du principe vaccinal –, et à la fois un « effet de fragilisation » des croyances proto-expertes, en produisant, chez eux, une sensation anxiogène – via, par exemple, la « mise en scène » (Boltanski 1993/2007 : 52) des risques d’épidémie d’une non protection massive par vaccination. En revanche, les rhétoriques de l’engagement et du lanceur d’alerte, mobilisées par les proto-experts à hauteur de 24 % et 13 % de leurs communications vaccinales online, se cumulant aussi à celle du risque, mobilisée à hauteur de 33 % par ceux-ci, produisent alors un optimum de 70 % de communications vaccinales proto-expertes capables d’influences médiatiques bien différentes de celles des rhétoriques expertes, sur les sentiments de l’opinion publique vis-à-vis des vaccins. Dans les faits, cet assemblage online de rhétoriques proto-expertes, dont nous venons de faire la catégorisation, joue effectivement très défavorablement vis-à-vis d’un actuel projet d’adhésion citoyenne à la politique vaccinale française (Fischer 2016). Les chiffres de notre étude de corpus sur le positionnement vaccinal « anti-vaccin ou hésitant » des communications online par acteur proto-expert le confirment également : 75 % des discours d’acteurs associatifs ; 76 % des discours d’acteurs indépendants ; 36 % des discours des journalistes généralistes (cf. infra).

Illustration n° 2 « Comparaison du positionnement vaccinal des communications online du corpus, par acteur médiatique de la communauté des proto-experts »

23L’hypothèse processuelle, qui va suivre, illustre de manière idéale-typique (Grossein ; Weber 1921/2003) l’analyse précédente, d’un « effet anti-vaccin » online aux répercussions bien concrètes offline. Par exemple, au sujet du passage de trois à onze vaccins pour les enfants, rendus obligatoire depuis le 1er janvier 2018 (http://vaccination-info-service.fr/​) : il est aujourd’hui possible pour un acteur médiatique d’alerter massivement le plus grand nombre des concernés, sur les risques d’effets secondaires (fondés ou non) en « dénonçant » (Ward 2015 : 352) des décisions politiques prises, par exemple, plus en rapport avec des enjeux industrialo-économiques que sanitaires. Simultanément à cette mobilisation des rhétoriques du lanceur d’alerte et de la fragilité qui affectent déjà l’opinion publique, l’acteur médiatique peut désormais aussi déployer aisément, via les réseaux sociotechniques de la démocratie 2.0, un « lexique esthétique » – c’est-à-dire « une portion du plan symbolique (du langage) qui correspond à un corps de pratiques et de techniques » (Barthes 1964 : 48) – capable de solliciter, à nouveau frais, chez le récepteur, son bon sens sensible au système sémantique, aussi bien que ses sens sensibles au système sémiotique du discours cyber-médiatique. Le cumul de ces effets rhétoriques online, peut ainsi renforcer les sentiments de la peur et accentuer les émotions vives du risque de souffrance relatives au principe de la vaccination, quand l’acteur-réseau met en scène son discours de prévention sanitaire. Précisons néanmoins, qu’en ce qui concerne le vaccin anti-HPV, les discours experts confirment une balance bénéfice/risque très largement positive (Alpérovitch et al. ; Bégué et al. ; Bourgault-Villada ; Denis, Cohen et al. ; Larson ; Monsonego). Ces « stratégies de l’émotion discursive » online rendent alors le propos sur les vaccins de plus en plus spectaculaire (Declercq) et engagent, non plus seulement cognitivement, mais aussi et surtout moralement, le récepteur affecté. Celui-ci sera dès lors plus enclin à suivre les croyances des différents émetteurs (i.e. experts, proto-experts ou non-experts) faisant usages de telles stratégies. Le récepteur engagé pourra en effet, non seulement adopter une attitude « d’opposition critique » (Blume ; Boltanski 1990) – souvent nécessaire à la mise en place de politiques de prévention sanitaire bien perçues par la société civile –, mais aussi tendre vers un comportement de plus en plus « extrême » (Bronner, 2013), que d’aucuns, membre de sa communauté, pourront par exemple qualifier de « devoir de désobéissance civile » (e.g. non-observance des recommandations institutionnelles de santé publique).

  • 7 La moyenne d’usage (en %) des 19 variables de la modalité « image » est de 5,3 points (en %) pour c (...)

24Comparaison du style des images dans les communications vaccinales entre communautés « d’experts » et « proto-experts » : la comparaison des écarts et l’observation des valeurs les plus hautes des résultats statistiques extraits de notre étude de corpus ne nous ont pas permis d’apercevoir d’emblée de grandes distinctions entre les différentes variables de choix d’images, qui esthétisent les communications vaccinales online de nos acteurs experts et proto-experts. En effet, le choix d’élaboration statistique en pourcentage « par variable » sur l’ensemble des variables du lexique esthétique, réduit considérablement la visibilité de chacune des variables d’esthétisation « comparée entre communauté d’acteurs » de par leur nombre important. Cependant, trois variables esthétiques parmi les dix-neuf autres structurant la modalité « image » semblent tout de même ressortir – en s’accordant sur un écart minimum de trois points7 entre les usages de chacune des deux communautés d’acteurs à l’étude pour qu’elles deviennent pertinentes : la première variable concerne « l’ambiance anxiogène » (Böhme et al. ; Pillon) générée par des images davantage partagées par la communauté des proto-experts (7 %) que des experts (3 %) ; la seconde concerne la présence plus marquée « d’homme » sur les photos accompagnant le discours des experts (9 %) que celui des proto-experts (6 %) ; la troisième concerne la présence de « nourrisson » bien plus marquée sur les photos accompagnant le discours des proto-experts (4 %) que des experts (1 %). Ce dernier résultat nous intéresse particulièrement car il est relatif aux sentiments de fragilité et de culpabilité que peut produire sur un récepteur, la « photo d’un nourrisson » (cf. infra), et a fortiori d’un nourrisson semblant souffrir. Cet usage est dès lors un bel exemple de mise en scène de la souffrance produisant une certaine « dramaturgie des risques » (Beck 2002/2003 : 443) – opérée par des proto-experts associatifs, indépendants ou journalistes généralistes – qui ne favorise pas un climat social propice au consensus.

Illustration n° 3 : « Scénario conçu pour le questionnaire s’adossant à la méthode des scénarios, mettant en scène un discours sur la vaccination avec une « stratégie de l’émotion discursive »

Illustration n° 3 : « Scénario conçu pour le questionnaire s’adossant à la méthode des scénarios, mettant en scène un discours sur la vaccination avec une « stratégie de l’émotion discursive »

Image, texte et référence repris, puis retravaillés de manière fictionnelle et caricaturale à partir des sources [texte et photo]) : http://initiativecitoyenne.be/​2016/​10/​l-alimentation-bat-les-vaccins-dans-la-prevention-des-maladies.html et https://www.naturalhealth365.com/​aluminum-adjuvant-1975.html)

Conclusion

25L’information vaccinale sur l’Internet de la santé est désormais massivement mise en scène par une communauté d’acteurs médiatiques proto-experts (composée d’associatifs, d’indépendants et de journalistes généralistes) faisant dès lors appel à des émotions qui affectent la raison par différents sentiments via un dispositif au riche lexique esthétique en permettant facilement l’exaltation ; telle que la souffrance ou la peur, lors du choix d’une photo, d’un levier psycho-cognitif ou encore d’une rhétorique. Les résultats de notre étude de corpus menée sur les discours médiatiques online autour de HPV, bien que partiels (pour des raisons évidentes de format), semblent cependant bien confirmer, et non sans nuance, l’idée que les « usages discursifs » traditionnels (offline) mobilisés sur l’Internet de la santé (online) par la communauté des acteurs experts (le politique, le scientifique et le journaliste spécialiste) faisant historiquement surtout appel au bon sens d’une pensée rationnelle pour communiquer sur des biopolitiques qu’ils façonnent et souhaitent faire accepter : 1) n’agissent plus suffisamment sur le comportement du plus grand nombre des récepteurs exposés à diverses « stratégies de l’émotion discursive » (Kim et al. 2017) ; 2) doivent de surcroit faire face à un « principe d’asymétrie de la confiance » (Slovic) aujourd’hui accentué par un phénomène de symétrisation du capital symbolique des discours sur les vaccins, qui n’autorise pas la remise en question du statu quo des positionnements vaccinaux les plus tranchés (pour ou contre). Cette symétrisation des discours experts et proto-experts est néanmoins désormais techniquement traduite en modalités d’usages socio-communicationnelles opérant online, et dont l’agencement stratégique – de celles les plus en lien avec l’émotion par exemple – est capable d’accentuer ou d’affaiblir certaines des sources rationnelles de mise en confiance ou défiance.

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Bibliographie

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Allart Laurence, Alloing Camille, Béchec Mariannig et PIERRE Julien, 2017, “Les affects numériques”, Revue française des sciences de l’information et de la communication, n° 11, 10 p., consulté le 12 juin 2018 disponible sur : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/2870

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Notes

1 Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, [p. 6 consulté le 28 juin 2018] Disponible sur : https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/CSTI/57/3/SNCSTSI_728573.pdf

2 « Souvent « affect » et « émotion » sont employés comme synonyme. […] Les émotions s’inscrivent dans le spectre psychologique d’un sujet, là où les affects circulent donc entre les corps des sujets. […] Pour les uns, les affects recouvrent l’ensemble des émotions, des sentiments et des humeurs. […] Pour les autres, l’affectivité est pensée comme une capacité à affecter. […] Cependant les références spinozistes (relues par Deleuze) de certains auteurs insistent sur la puissance d’agir […] : les émotions sont – sans exclusive – à la fois un facteur et un résultat » (Allart Laurence. et al. , 2017, "Les affects numériques" [en linge], Revue française des sciences de l’information et de la communication, n° 11, 10 p., [p. 2 consulté 28 juin 2018]. disponible sur : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/2870)

3 Ces communications sur l’usage de la technologie vaccinale, dont la balance bénéfice/risque est désormais en perpétuelle négociation online, engagent et influent en effet tout autant sur les risques sociaux (e.g. non respect du calendrier vaccinal) que sociétaux (e.g. crise sanitaire).

4 Selon les habitudes de l’archiviste : consultation de flux RSS (e.g. Le monde, Libération, Sciences et Avenir) ; lecture de newsletters et de revues en santé (e.g. « Journalisme et Santé Publique » de Jean Yves Nau, « Pratiques, les cahiers de la médecine utopique »), visite sur de nombreux groupes Facebook de citoyens engagés sur les problématiques de santé (> 50 000 membres) – noms des groupes uniquement sur demande).

5 La terminologie « proto-expert » employée dans le texte est un réductionnisme. Par soucis de fluidité de lecture, elle a cependant volontairement voulu englober, et d’une certaine manière aussi représenter, les acteurs de type « non-expert » : la terminologie complète étant « proto-expert/non-expert ».

6 C’est-à-dire ni pro- ni anti-vaccin et sans faire non plus la démonstration d’une hésitation vaccinale qui chercherait à prendre parti.

7 La moyenne d’usage (en %) des 19 variables de la modalité « image » est de 5,3 points (en %) pour chaque variable ; 3 points d’écart minimum entre les % d’usage experts et proto-experts signifient alors que le résultat par variable est d’au moins 3 points (soit une différence de plus de la moitié du score d’usage médian), et d’au moins 4 points (soit presque la moyenne d’usage).

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Titre Illustration n° 3 : « Scénario conçu pour le questionnaire s’adossant à la méthode des scénarios, mettant en scène un discours sur la vaccination avec une « stratégie de l’émotion discursive »
Crédits Image, texte et référence repris, puis retravaillés de manière fictionnelle et caricaturale à partir des sources [texte et photo]) : http://initiativecitoyenne.be/​2016/​10/​l-alimentation-bat-les-vaccins-dans-la-prevention-des-maladies.html et https://www.naturalhealth365.com/​aluminum-adjuvant-1975.html)
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Référence électronique

Cyril Drouot, « La communication vaccinale online : analyse de corpus entre raison et émotion »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 14 | 2018, mis en ligne le 01 septembre 2018, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/3864 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.3864

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Auteur

Cyril Drouot

Cyril Drouot est doctorant en sciences de l’information et de la communication, membre de l’URE Transitions, il est chargé d’enseignement en communication des organisations et communication en santé publique à l’Université Nice Sophia Antipolis, membre de l’Université Côte d’Azur. Courriel : cyril.drouot@gmail.com

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