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Spicilège

L’usage des objets connectés dans le cyclisme : étude sur les tendances et les pratiques émergentes

Feirouz Boudokhane-Lima

Résumés

L’univers du sport, professionnel comme amateur, devient l’un des champs d’utilisation privilégiés des objets connectés qui investissent désormais l’ensemble des disciplines (course à pied, football, cyclisme, tennis…). Cet article propose d’explorer les pratiques du cyclisme connecté appareillé par des artefacts techniques. L’étude qualitative par entretiens semi-directifs menée auprès de cyclistes et entraîneurs a permis de comprendre comment et pourquoi ces objets sont-ils utilisés dans le cyclisme. L’analyse proposée porte sa focale sur les tendances et les nouvelles pratiques engendrées par l’usage de ces outils. En plus des apports perçus, cette étude souligne également les risques qui peuvent être liés à l’usage des objets connectés. L’approche adoptée est interdisciplinaire, elle s’appuie sur un corpus de références théoriques qui concerne l’étude des usages, les data, les objets connectés, les réflexions sociologiques sur le corps, le sport et la quantification de soi.

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Texte intégral

1Les objets connectés s’invitent dans tous les domaines (domotique, santé, bien-être…) et séduisent de plus en plus d’utilisateurs. L’institut d’étude Gartner estime qu’il y aurait près de 8,4 milliards d’objets connectés en 2017 et que ce chiffre pourrait atteindre les 20,4 milliards en 20201. L’Internet des objets (IoD) relie désormais les hommes, les données et les objets dans un écosystème numérique global. La vision d’un monde où la technologie s’intégrerait dans les objets de la vie quotidienne – portée par Mark Wieser le père de l’informatique ubiquitaire – devient une réalité. De l’ère de l’hypertexte nous passons à celle de « l’hyper-objet » (Saleh et al. 2015). Le World Wide Web cède sa place au World Wide Wear (web des objets et du corps-interface) (Ertzscheid 2013). La tendance est aux objets connectés qui se portent (wearable technology) : bracelet, montre, collier, vêtement…

2Les mutations contemporaines du corps humain ont conduit à l’émergence de plusieurs types de corps : le corps remodelé, le corps prothétique, le corps scruté, le corps simulé, le corps connecté… (Santaella 2006). Ce corps connecté fait à présent l’objet d’une culture de quantification qui consiste à l’appareiller par des dispositifs numériques permettant de collecter, stocker et visualiser des données sur soi-même (Catoir-Brisson 2015).

3L’univers du sport, professionnel comme amateur, n’échappe pas à cette tendance et devient l’un des champs d’utilisation privilégiés des objets connectés qui investissent l’ensemble des disciplines (course à pied, football, cyclisme, tennis…). Objets, chaussures, vêtements et accessoires sont équipés de puces et de capteurs connectés permettant de collecter un panel de données physiologiques, géo-localisées, etc. « Les premiers sportifs ont banalisé dès la fin de xixe siècle une vision précise du corps : mouvements calculés jusqu’au chiffre, énergies toujours mieux dosées, efficacités toujours mieux ciblées » (Vigarello 2016 : 13). Les concepteurs des objets connectés sportifs promettent dans ce sens plus de mesures et une meilleure connaissance des capacités du corps. Ce dernier sera plus que jamais « chiffré et chiffrable, transparent et lisible » (Catoir-Brisson, op. cit.). Il s’agit désormais d’intégrer un très large panel de données dans l’analyse de la performance pour un résultat plus précis. Les discours promotionnels parlent d’une révolution et d’une réinvention de l’expérience même du sport2. Nous voulons ainsi analyser l’impact de ces objets sur la pratique sportive.

4Cette recherche s’inscrit dans le cadre des travaux en SIC portant sur les usages des innovations numériques. L’explosion des technologies, leur évolution constante, leur intégration dans tous les domaines de la vie, contribuent à renouveler les problématiques des usages (Badillo et Pélissier 2015) et à repenser ces derniers à travers l’analyse des pratiques induites par la transformation numérique. Nous proposons dans le cadre de cet article d’étudier les nouveaux usages du monde numérique à travers l’exemple du sport connecté. Les études portant sur les innovations technologiques se heurtent souvent « à la difficulté de pouvoir cerner des usages diversifiés, pouvant évoluer très rapidement dans des environnements technologiques, économiques et sociaux eux-mêmes changeants » (Badillo 2015 : 5). Afin de mieux contextualiser les usages et la construction des pratiques, nous avons fait le choix de mener notre enquête auprès de personnes pratiquant le même sport. Au fil de nos lectures, ce choix s’est arrêté sur le cyclisme.

5Au-delà d’une étude sur les usages des objets connectés dans le sport cycliste, cet article propose d’analyser les pratiques, dans la mesure où celles-ci recouvrent non seulement l’utilisation des techniques mais aussi les comportements, les attitudes et les représentations inhérentes à l’emploi de ces dispositifs (Jouët 1993). Notre objectif ne consiste pas à dresser un panorama complet des systèmes existants ou à établir une enquête statistique sur l’usage de ces outils. Nous avons fait le choix d’une démarche désireuse de comprendre le phénomène du cyclisme connecté appareillé par des artefacts techniques : En quoi consistent ces outils ? Comment et à quelles fins les objets connectés sont-ils utilisés dans le cyclisme ? Quels sont les apports perçus ? Quelles tendances et quelles pratiques engendrent-ils ? Existe-t-il des risques liés à leur usage ?

6Pour appréhender les éléments que soulèvent ces questionnements, nous avons mené une étude qualitative par entretiens semi-directifs. Nous avons rencontré les premiers enquêtés à l’Upfr des Sports de l’Université de Besançon ; le recours à la méthode dite « de proche en proche » nous a permis de constituer notre corpus de sportifs. Il s’agissait de demander « à un premier interviewé potentiel de désigner d’autres interviewés possibles et ainsi de faire la chaîne » (Blanchet et Gotman, 1992 : 58). Vingt-cinq personnes (usagers d’objets connectés sportifs) ayant entre 19 et 54 ans ont finalement accepté de participer à notre enquête. L’échantillon comporte des cyclistes qui pratiquent le vélo en loisir et en compétition à un niveau amateur, ainsi que des entraîneurs (ces derniers sont eux-mêmes cyclistes amateurs ou anciens cyclistes). Les enquêtes d’une durée moyenne de 50 minutes ont été réalisées dans la région de Bourgogne-Franche-Comté. Notre recherche se voulait également immersive dans l’univers des sportifs. En plus des entretiens approfondis, nous avons cherché à observer les usages. Certains enquêtés ont ainsi accepté de nous montrer leurs outils et comment ils les utilisent. Ces observations nous ont permis de mieux comprendre les pratiques déclarées.

7Les informations recueillies ont fait l’objet d’une analyse de contenu. L’approche adoptée est interdisciplinaire, elle s’appuie sur un corpus de références théoriques qui concerne l’étude des usages, les data, les objets connectés, les réflexions sociologiques sur le corps, le sport et la quantification de soi.

8Avant d’analyser les pratiques émergentes et d’examiner les enjeux liés à l’usage des objets connectés dans le cyclisme, nous présenterons dans une première partie les dispositifs numériques des sportifs rencontrés.

Les technologies du cyclisme connecté

  • 3 Il s’agit d’une affaire de dopage qui a touché le cyclisme professionnel en 1998.

9« Excepté la Formule 1, l’usage des objets connectés a fait du cyclisme aujourd’hui certainement le plus connecté de tous les sports », nous affirme Frédéric (entraîneur, directeur de la performance d’une équipe cycliste). L’essor de ces outils dans le cyclisme est lié à l’affaire Festina3 qui a permis de se rendre compte de l’importance du principe de recueil de données via les capteurs afin d’améliorer les performances autrement que par le dopage (Cassini 2015). Aujourd’hui le dopage n’a pas disparu, mais l’usage de ces outils s’est démocratisé et il est devenu de plus en plus ancré dans la pratique du vélo (chez les professionnels et les amateurs) : « C’est complétement intégré, je veux dire un cycliste quand il roule, il prend son vélo et son compteur ! » (Tom, cycliste, étudiant en entraînement sportif). Nos interlocuteurs font valoir également un certain effet de mode et de mimétisme :

10« Dans mon entourage la majorité des cyclistes utilisent ces objets. C’est aussi pour faire pareil que tout le monde ! Il faut suivre le "mouv" ! » (Jules). Nous pouvons souligner une forme d’injonction de connexion qui trouve sa source dans l’environnement social du cycliste. L’objet connecté est devenu l’incarnation de « l’objet protocolaire », selon l’expression de Violette Morin (Morin 1969), « un objet moderne », dont « la présence et les fonctions sont commandées par les progrès d’un monde en pleine accélération » (ibid., p. 133). C’est un objet que tout le monde consomme parce qu’il faut le consommer : le "tout le monde en a" devient le "tout le monde doit en avoir".

11Il existe une multitude d’objets connectés dans le cyclisme, c’est un secteur en pleine expansion : du casque au cuissard connecté en passant par toutes sortes de capteurs pour mesurer l’activité sportive, les cyclistes ont l’embarras du choix. Nos interlocuteurs utilisent essentiellement un compteur avec GPS intégré et/ou un téléphone mobile, ainsi qu’un ensemble de capteurs, parmi lesquels on cite notamment : celui de la fréquence cardiaque (relié à l’athlète), les capteurs de puissance, de vitesse et cadence de pédalage (reliés au vélo). Certains possèdent également des montres ou encore des bracelets connectés.

12Ces outils sont considérés comme des objets connectés communicants qui permettent de collecter des données, de les visualiser et de les transférer à une ou plusieurs plateformes. L’ensemble de ces données peut être classé essentiellement en trois grandes catégories : des paramètres physiologiques (la fréquence cardiaque notamment) ; des réponses biomécaniques (la cadence, la vitesse, la puissance développée) ; des variables environnementales et de géolocalisation (la température, l’altitude, le terrain, le parcours, la durée, la distance, la position…). En matière de connexion entre les différents systèmes utilisés (capteurs, compteur, téléphone mobile, ordinateur…), nos interlocuteurs évoquent la connectivité Bluetooth, le Wifi, le 3/4G et la technologie ANT+. Cette dernière est décrite comme le protocole de communication sans fil nouvelle génération, doté d’une capacité de transfert ultra rapide notamment entre les capteurs et le compteur. Les différents objets utilisés permettent d’informer le cycliste en temps réel des données relatives à son activité (celles-ci sont transmises via ANT+ au compteur, fixé au guidon, qui sert d’interface affichant les valeurs de puissance, la vitesse, etc.). À partir de ces mêmes données, il devient d’usage d’effectuer des analyses.

  • 4 Nous citons ici uniquement les outils utilisés par nos interlocuteurs. Il existe une multitude d’au (...)

13L’essor des objets connectés dans le cyclisme s’est en effet accompagné du développement de logiciels et plateformes numériques d’analyse et de suivi de l’activité sportive. Les données recueillies y sont transférées pour être étudiées. Les programmes d’entraînement sont adaptés en fonction de ces analyses, nous expliquent les cyclistes et entraîneurs interrogés. Ces technologies remplacent désormais le carnet d’entraînement papier ; elles proposent de multiples fonctionnalités : rapports, statistiques, graphiques, planification, coaching, partage des données… Plusieurs outils, accessibles en ligne (avec création d’un compte) et en téléchargement, sont utilisés par nos interlocuteurs. On cite notamment4 :

  • Garmin Connect : un site permettant de récupérer, visualiser, stocker, analyser et partager les données enregistrées.

  • Velobook : une plateforme de suivi en ligne de l’entraînement, qui permet le stockage et l’analyse des données. C’est aussi un outil de communication autour de l’entraînement utilisé comme un moyen d’échange entre cyclistes et entraîneurs.

  • Strava : application mobile et site web. Il s’agit d’un réseau social permettant essentiellement le partage des données recueillies, mais qui propose également des outils d’analyse et des plans d’entraînement.

  • Golden Cheetah ; PowerAgent et TrainingPeaks WKO+ : des logiciels d’analyse et de suivi de l’entraînement.

14Tous les cyclistes rencontrés, même ceux qui ont un entraîneur, analysent et suivent leurs données via ces technologies. Les objets connectés sont utilisés quasiment lors de chaque sortie à vélo : pour la pratique de loisir, pour les entraînements, pour relever un défi ou préparer une compétition. L’usage de ces technologies devient ainsi « social », parce qu’il se manifeste « avec suffisamment de récurrence et sous la forme d’habitudes suffisamment intégrées dans la quotidienneté » de nos interlocuteurs (Lacroix 1994, cité par Badillo et Pélissier, op. cit., p. 3). L’univers sportif des enquêtés paraît fortement augmenté par le numérique, ce qui engendre de nouvelles tendances.

L’activité sportive comme objet numérique socialement partagé

15À l’usage des objets connectés dans le cyclisme s’associe la tendance du partage en ligne des données recueillies. Des plateformes sociales conçues pour le sport se développent et ouvrent la voie à de nouvelles pratiques d’échange et de communication numérique autour de l’activité sportive. Les cyclistes rencontrés (et notamment les jeunes) sont de plus en plus friands de ces plateformes communautaires, dont notamment Strava. Ce réseau social appelé par certains de nos interlocuteurs, le « Facebook des cyclistes », a été lancé en 2011 et compte aujourd’hui plusieurs dizaines de millions d’inscrits. Il est destiné, selon son PDG Mark Gainey, « aux athlètes pour leur permettre de comparer leur activité sportive avec celle des autres » (Lesnes 2016). Cet outil offre plusieurs fonctionnalités, parmi lesquelles les segments Strava sont très en vogue. Le cyclisme connecté a son propre langage. Strava, nous explique Mélanie (cycliste) : « Permet de créer des segments, […] c’est-à-dire des parcours avec un point de départ et un point d’arrivée. Celui qui réalise le meilleur record sur un segment donné obtient un KOM (king of the mountain), une sorte de Graal ! Chaque cycliste qui parcourt un segment obtient un classement et on peut aussi donner des Kudos5 pour féliciter les autres […]. Ceux qui ont un compte premium sont informés en temps réel via leur compteur ou leur téléphone dès qu’ils se rapprochent d’un segment ». Les applications digitales enrichissent la pratique sportive pour la rendre plus ludique, motivante et communautaire. La gamification du cyclisme s’infiltre dans les objets connectés. Une simple sortie en vélo peut se transformer en compétition, comme dans un jeu, avec un défi à relever : « C’est marrant ! Strava crée de l’émulation, on peut se challenger entre amis ou inconnus, pour essayer de récupérer leur KOM » (Jean, cycliste). La pratique peut devenir obsessionnelle, voire à risque, il faut gagner des points, dépasser les records, repousser ses limites pour obtenir le trophée. « L’éclat d’un palmarès », comme le note Isabelle Queval, « ne comble pas toujours l’attente et il faut au champion se dépasser encore, accumuler les victoires [ou les Kudos], tenter l’impossible » (Queval 2016 : 18). Le mot Strava (ou sträva) signifie d’ailleurs en suédois « se démener, s’efforcer de faire quelque chose »6.

  • 7 Le terme d’affordance a été introduit en 1977 par le psychologue J.J. GIBSON (The Theory of Afforda (...)

16La dernière version Strava mobile permet également au cycliste de relayer ses sorties sur d’autres médias sociaux tels que Facebook ou Twitter, illustrées avec des photos et un compte-rendu des variables recueilles. En disséminant les données dans « différentes communautés/réseaux », le partage devient multiple (Pharabod et al. 2013). Il est désormais incontournable pour plusieurs enquêtés qui soulignent l’effet fun de cette pratique. Elle leur permet d’être connectés à une communauté, de se comparer avec d’autres cyclistes amateurs mais également avec des professionnels qui partagent leurs données et séances d’entraînement. Pour suivre Danah Boyd (2016), les propriétés particulières d’un environnement – en l’occurrence ici l’environnement numérique du cycliste – peuvent être comprises comme des affordances7 parce qu’elles rendent possibles ou peuvent encourager certaines pratiques. L’activité sportive est désormais pratiquée à l’aune du regard des autres. Les objets connectés et les réseaux sociaux associés participent de cette logique de mise en scène de la performance réalisée. Le partage social répond à un désir de reconnaissance voire de valorisation des efforts accomplis : « j’ai été classé premier sur ce segment », nous dit fièrement Jules, en nous montrant sa page Strava. Obtenir un KOM ou des Kudos permet d’accéder à une certaine notoriété. La présence numérique devient primordiale, il faut être visible pour être reconnu au sein de la communauté.

17Les compteurs nouvelle génération, couplés à un téléphone mobile muni d’une connexion, offrent le suivi en temps réel de l’activité. Des applications telles que LiveTrack de Garmin ou encore Beacon, le nouveau service de Strava, permettent aux sportifs de partager instantanément leur position avec les contacts de leur choix. Il est ainsi possible à l’entraîneur du cycliste ou à ses amis de suivre son parcours. Les technologies utilisées se convertissent en véritables « substituts à l’absence » (Licoppe 2009), le sportif suivi est absent, mais sa présence est désormais connectée. Le spectre de la traçabilité et des data associées (Carmes et Noyer 2014) hante les nouvelles pratiques en cyclisme. Les écrans portatifs utilisés (compteur, téléphone mobile) deviennent à la fois des écrans « d’action » et de « contact » (Lancien 2011 ; Catoir-Brisson 2015) : d’action dans la mesure où les données affichées permettent au cycliste d’agir immédiatement sur son activité physique (l’effort, la vitesse…) ; et de contact dans la mesure où via ces écrans, le sportif peut être connecté aux autres.

18Par ailleurs, le « potentiel décuplé d’ubiquité et de simultanéité » (Compiègne 2011 : 66) des applications permettant le suivi en temps réel du cycliste n’est pas approuvé par l’ensemble de nos interlocuteurs. Ces tendances risquent de transformer les objets connectés en outils de surveillance : « Strava c’est aussi Big Brother qui vous observe pendant vos sorties à vélo, l’œil qui décortique vos parcours ! », fait remarquer Sylvain (cycliste-entraîneur). Le partage des données de l’activité sportive via les réseaux sociaux accentue également les pratiques de Little Sister. Chacun devient en effet tour à tour surveillant et surveillé (Le Deuff 2011). La surveillance est désormais participative, les données se confrontent au regard des autres, elles sont exposées et soumises à approbation des contacts qui attribuent des Kudos aux meilleures performances.

L’importance de la mesure : des objets connectés au service de la performance

19Les données recueillies par le biais des objets connectés favorisent, selon nos interlocuteurs, une meilleure connaissance de soi par la mesure, ce qui permet une optimisation de la performance : « La quantification permet de connaître les réponses de l’organisme […]. C’est une sorte d’exploration de soi ! Ces outils m’apportent un tas de variables, avec ça j’arrive à mieux comprendre mes faiblesses, mes points forts… » (Jean, cycliste). La « culture du moi quantifié » (Lamontagne 2014) se confond ici avec celle du corps quantifié. La connaissance du corps et de ses capacités devient la condition de la possibilité de la connaissance de soi (Vigarello 2014).

20Identifiée sous le nom de self-tracking, l’idée de « la connaissance de soi par les chiffres » (Granjon et al. 2011) a été développée par le mouvement Quantified self, lancé en 2007 par Kevin Kelly et Gary Wolf, deux journalistes de Wired Magazine. Les sociologues Anne-Sylvie Pharabod, Véra Nikolski et Fabien Granjon (op. cit.) distinguent trois types de mesure dans les pratiques dites de « quantification de soi » : la mesure de surveillance pour éviter de dépasser un seuil (calories, poids, cholestérol…) ; la mesure de régularité pour adopter une nouvelle routine, maintenir une bonne pratique ou rompre avec une mauvaise (faire du sport, manger équilibré, s’abstenir de produits addictifs) ; et la mesure de performance (sportive notamment). C’est essentiellement dans cette optique que nos interlocuteurs utilisent les objets connectés.

21La mesure n’est pas un principe nouveau dans le cyclisme. L’usage d’outils comme le cardiofréquencemètre ou encore le chronomètre de poche pour enregistrer le temps d’une course se fait depuis bien longtemps. Les objets connectés ont permis par ailleurs d’élargir le champ des données quantifiables et le suivi de nouveaux indicateurs de performance. Ils sont considérés comme une aubaine pour les cyclistes désireux d’une meilleure quantification, et donc d’une meilleure compréhension de leurs capacités physiques.

  • 8 Le watt est l’unité internationale de puissance.

22L’ensemble des données collectées est considéré comme important et complémentaire, mais l’indicateur de performance le plus plébiscité renvoie à la puissance développée en watts8 : « Grâce à ces systèmes on a des mesures objectives à l’entraînement, des variables biomécaniques qu’on n’avait pas avant. Ça nous permet de mieux comprendre les facteurs qui impactent la performance […]. Le capteur de puissance est celui qui nous sert le plus aujourd’hui. Le suivi de cette mesure nous permet de connaître le potentiel du cycliste, d’établir son profil de puissance record », nous explique Antoine (cycliste-entraîneur). La mesure permet de suivre la progression du sportif et devient un facteur de motivation. Elle constitue aussi un objet de discussion entre cyclistes qui comparent leurs variables, dont notamment les watts. Elle semble désormais indispensable et indissociable de l’activité elle-même : « Je ne me vois pas faire une sortie en vélo sans enregistrer mes données, c’est très important pour moi de connaître mes variables ! En plus je me lance des défis à chaque fois, j’essaye d’améliorer mes performances, de faire mieux que la dernière fois » (Julien). L’usage des objets connectés, permettant une approche innovante au niveau de la mesure, favorise « l’optimisation de l’entraînement ». Ils représentent ainsi pour nos interlocuteurs un véritable « allié » de la performance.

23Le cycliste numericus est hyperconnecté, il ne vit que par, avec et selon ses « prothèses techniques » (Stiegler 1994). À la recherche constante d’augmentation de leurs performances, plusieurs sportifs rencontrés sont attentifs aux nouvelles possibilités qu’offre la technologie. Certains se sont par exemple essayés à l’administration d’une gélule connectée pour enregistrer la température interne de leur corps et mesurer l’influence de cette variable sur leurs conditions et capacités physiques. Le corps devient ainsi un champ d’expérimentation, un environnement à découvrir et à optimiser grâce au progrès technique. La transformation de Chris Dancy9, l’Homme le plus connecté au monde, constitue à ce titre un « exemple paradigmatique » de la possibilité d’optimiser son corps et ses aptitudes grâce aux technologies de l’information et systèmes de quantification de soi (Catoir-Brisson, op. cit.). Le cas de ce citoyen américain, en perdant 45 kg grâce à l’impact du biofeedback, montre également à quel point le corps contemporain peut devenir « un objet manipulable susceptible de maintes métamorphoses selon les désirs de l’individu » (Le Breton 2003 : 35). Le corps est vu comme un « brouillon », il faut le rectifier et améliorer son potentiel au profit d’une forme plus à la hauteur des techniques contemporaines (Le Breton 1999).

24Dans ce contexte, nos interlocuteurs accordent aux innovations en matière d’objets connectés le potentiel d’améliorer davantage les performances sportives : « Ceux qui utilisent ces outils ont compris que ça leur permet d’être meilleurs ! [La startup] Citizen Science vient de sortir la tenue connectée avec de nouveaux capteurs pour mesurer la température, l’hydratation, etc. Les capteurs de demain permettront d’absolument tout mesurer, ça nous permettra de mieux comprendre notre organisme, d’améliorer nos compétences et d’être plus performants ! » (Dylan). Le discours de certains enquêtés est marqué, à notre sens, par une forme d’idéologie qui semble s’appuyer « sur un imaginaire des technologies orienté vers le transhumanisme » (Catoir-Brisson, op. cit.), courant qui milite ouvertement en faveur d’une optimisation radicale « des performances humaines, aussi bien physiques, intellectuelles qu’émotionnelles », par le biais des technosciences (Le Dévédec et Guis 2013).

25On peut reconnaître aux innovations numériques des avantages, et il faut savoir profiter de leurs potentialités. Il est cependant nécessaire de se méfier du déterminisme technologique qui ferait de l’usage des objets connectés désormais le garant de la performance et la meilleure "manière de faire sport". Certains propos recueillis illustrent une dépendance à ces systèmes et aux données qu’ils permettent d’engranger.

Le diktat de la donnée : entre opportunités et risques

  • 10 Amaury Sport Organisation est l’organisateur du Tour de France.

26La généralisation des objets connectés, permettant d’élargir le champ des données quantifiables, a fait du big data dans le cyclisme un nouveau levier de compétitivité. Ses possibilités en matière d’amélioration des performances sont affirmées par les professionnels de ce sport. De l’aveu de Tim Kerrison (l’entraîneur de Christopher Froome), la collecte et l’analyse des données des cyclistes procurent un avantage concurrentiel majeur et se placent plus que jamais au cœur de l’enjeu sportif (Cassini, op. cit.). Le Big data s’invite sur les grandes compétitions et courses à étapes. Depuis 2015 par exemple, la société Dimension Data, suite à un accord signé avec ASO10, collecte en temps réel et traite les données issues des capteurs placés sous la selle des coureurs du Tour de France, avant de les mettre à disposition des médias et du grand public (Texier 2015). Le système mis en place permet aux fans de visualiser via le site du Tour des paramètres tels que la vitesse et la position des coureurs. Les technologies numériques et les data associées ne semblent pas uniquement bousculer la pratique du sport mais aussi le suivi des évènements sportifs. L’enjeu est de taille, plus que jamais il est devenu primordial d’accorder de l’importance aux données.

27Dans le cadre de notre recherche, l’analyse du terrain démontre également que le point déterminant de l’importance prise par les objets connectés dans le cyclisme réside finalement dans l’usage des données recueillies. Tous nos interlocuteurs soulignent l’idée que ces dernières sont devenues vitales : « Nous avons accès à des gigantesques quantités de données grâce à tous ces objets. On parle d’ailleurs de Big Data, c’est le terme à la mode. Ces données sont porteuses d’informations, c’est pour ça qu’on les analyse, ça nous permet d’être plus réactifs » (Alain) ; « Plus ces systèmes nous donnent des données pertinentes et plus on sera meilleurs au niveau du diagnostic, de la définition des charges de travail et des entraînements » (Frédéric). La fiabilité des données semble un élément fondamental qui soulève par ailleurs la question de la validité des dispositifs. Certains capteurs sont en effet considérés comme des gadgets et nos interlocuteurs mettent en garde contre la mesure erronée : « Il faut se méfier des systèmes non valides, des discours qui sont clairement très marketing, et puis le trop plein de données ne doit pas devenir un but en soi, il faut savoir ce qu’on veut et ce qu’on peut faire avec ! » (Jordan).

28La quête de nouveaux capteurs semble commandée par le « désir des data » (Carmes et Noyer, op. cit.). Ce sont elles qui dictent la pratique sportive et les tendances du cyclisme connecté. Tout s’organise autour de la donnée : le partage social, le lien avec la communauté, la comparaison avec les autres, l’analyse de la performance, les programmes d’entraînement, le suivi de la progression… On assiste à une connexion tripartite qui fait interagir les sportifs, les dispositifs numériques et les data. L’usage de ces technologies fait désormais partie « du processus identitaire de construction de soi comme sportif » (Pharabod, op. cit.).

29Le diktat de la donnée crée par ailleurs une dépendance envers les objets connectés, plus qu’un effet de mode, la tendance est ancrée, ces outils font partie intégrante de la pratique du vélo chez nos interlocuteurs. En se prêtant à des conduites addictives, ils peuvent devenir de véritables laisses électroniques. Comme le soulignent plusieurs entraîneurs, le risque est de devenir esclave de ces objets, de ne plus être capable d’écouter son corps : « On n’est pas des robots. Il ne faut pas s’enfermer dans les données et oublier son ressenti. Les deux doivent rester complémentaires, mais certains viendraient presque à oublier cela » (Gérard). Les données recueillies apportent des indicateurs objectifs que le cycliste doit être en mesure de lier à ses sensations.

30Le constat des entraîneurs corrobore le discours de certains cyclistes. L’exercice de verbalisation de leurs pratiques a engagé chez eux un effet de réflexivité. Ils reconnaissent qu’ils sont hyperconnectés et de plus en plus dépendants de ces objets : « Je ne sais pas si je peux m’en passer, je dois essayer, en fait les rares fois où je roule sans, je me sens un peu perdu, je sais qu’on peut devenir esclave de son Garmin, à force de focaliser sur les données, on peut oublier tout le reste ! » (Sam). Pour accompagner les nouvelles pratiques du cyclisme connecté et éviter que ses technologies se transforment en objets d’asservissement volontaire, la régulation des usages paraît primordiale : « C’est à nous, entraîneurs, de les canaliser, surtout les jeunes qui veulent avoir toutes sortes de capteurs. Mais c’est à eux aussi de savoir mettre des limites, de ne pas tomber dans le tout connecté. Ces outils sont d’une grande aide, ils doivent être utilisés raisonnablement et à bon escient ! » (Bernard). Toute technique est ambivalente comme un pharmakon, à la fois remède et poison, et « faute de mesures thérapeutiques qui consistent en lois, éducations, disciplines, techniques de soi, etc. », elle peut engendrer plus de maux que de bienfaits (Stiegler 2014 : 15).

31Le cycliste conexus, adepte des objets connectés, s’associe de façon volontaire à un ensemble de données. La quantification de ses performances physiques et la diffusion en ligne de ces variables le transforme en « individu-data » (Merzeau 2013) ; voire en « une ressource en réseau » (Catoir-Brisson, op. cit.). Les données du sport cycliste sont fabriquées en masse et circulent entre capteurs, compteur, téléphone mobile, réseaux sociaux et plateformes d’analyse. Elles peuvent constituer une véritable aubaine pour les géants du web, les concepteurs des objets connectés et des applications utilisées. Strava vend par exemple certaines données aux collectivités locales (Lesnes, op. cit.). Louable de prime abord, l’objectif étant de permettre aux villes d’améliorer leurs infrastructures pour les cyclistes, cet exemple montre tout de même que les données peuvent être commercialisées et rentabilisées.

  • 11 Le Monde, supplément « Big Data », 21711, 6 novembre 2014.

32Ce contexte illustre une nouvelle problématique « celle de l’usager prisonnier, captif des industries de l’information » (Badillo, op. cit., p. 11). Le développement du Big data dans le cyclisme devient un enjeu pour les secteurs du commerce et du marketing. La diffusion de ces données via l’Internet des objets soulève le rôle de la CNIL pour encadrer leur exploitation et éviter leur marchandisation. Comme le soutient François Bourdoncle « à l’heure du big data, on ne peut plus continuer à fonctionner avec ce système d’autorisations préalables à la collecte de données auprès de la CNIL »11. L’essor des Big Data, la diffusion des objets connectés dans le cyclisme, dans le sport et dans d’autres secteurs, soulèvent des questions à la fois juridiques, éthiques et sociales qui nécessitent des régulations.

Conclusion

33L’usage des objets connectés semble finalement reconfigurer la pratique du sport cycliste. L’approche adoptée ne permet pas par ailleurs de généraliser les constats et résultats de cette étude exploratoire. « Toute donnée qualitative est issue d’un phénomène situé, et ne doit être considérée qu’avec précaution au-delà de son territoire d’expression » (Cordier 2015 : 267).

34A l’issue de ce travail, plusieurs perspectives de recherche peuvent être envisagées. Il serait par exemple intéressant de mesurer l’ampleur du cyclisme connecté à travers une étude quantitative ou de comparer les pratiques de différentes disciplines sportives. Les usages de Strava ouvrent aussi vers d’autres problématiques. Si ce site est initialement destiné au partage des performances sportives, l’exemple de l’analyse des données des cyclistes par les villes afin de promouvoir le déplacement en vélo, illustre l’émergence de nouveaux usages qui semblent soulever d’autres types d’enjeux (urbains, écologiques…).

35Les innovations de demain engendreront d’autres tendances qui mériteront également de faire l’objet de nouvelles réflexions. Les capteurs utilisés aujourd’hui ne semblent qu’un début. Les lunettes de réalité augmentée pour cyclistes arrivent sur le marché12. Dans un futur proche, la technologie sera capable d’optimiser le vélo lui-même pour concevoir un modèle qui correspond exactement aux mouvements du coureur13. Certaines sociétés travaillent sur de nouveaux capteurs qui permettraient de quantifier l’activité électrodermale, et à terme, il semblerait même possible de mesurer, via un casque connecté, l’activité électrique du cerveau du cycliste pendant l’effort physique (Richaud 2015). On peut se demander jusqu’où ira la technologie. L’étape suivante sera probablement celle de « l’infiltration de puces à l’intérieur des tissus biologiques, réalisant une connectivité permanente entre organismes et serveurs » (Sadin 2013 : 30).

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Notes

1 Site de l’institut Gartner : http://www.gartner.com/ (consulté le 08/03/2017).

2 Voir Le magazine des objets connectés et innovants : http://www.objetconnecte.net/ (consulté le 08/03/2017).

3 Il s’agit d’une affaire de dopage qui a touché le cyclisme professionnel en 1998.

4 Nous citons ici uniquement les outils utilisés par nos interlocuteurs. Il existe une multitude d’autres logiciels et plateformes d’analyse utilisés dans le sport cycliste.

5 L’équivalent des like sur Facebook.

6 Dictionnaire suédois/français : https://www.dict.com/ ?t =se&set =_frse&w =str %C3 %A4va (consulté le 08/05/2017).

7 Le terme d’affordance a été introduit en 1977 par le psychologue J.J. GIBSON (The Theory of Affordances) pour désigner « les possibilités d’action dans l’environnement, d’un objet, d’une situation… en fonction de ses caractéristiques propres et de celles de l’observateur/acteur ». Il a été repris en 1988 en ergonomie par D. NORMAN (The Design of Everyday Life) pour désigner cette fois-ci « les possibilités perceptibles d’un programme pour son utilisateur, le terme est donc utilisé pour désigner le potentiel d’une interface homme-machine » : http://www.definitions-de-psychologie.com/fr/definition/affordance.html (consulté le 20/04/2017).

8 Le watt est l’unité internationale de puissance.

9 Voir https://www.sciencesetavenir.fr/sante/chris-dancy-l-homme-le-plus-connecte-du-monde_16117

10 Amaury Sport Organisation est l’organisateur du Tour de France.

11 Le Monde, supplément « Big Data », 21711, 6 novembre 2014.

12 http://lecollectif.orange.fr/articles/solos-lunettes-a-realite-augmentee-cyclistes/

13 Voir Le magazine des objets connectés et innovants : http://www.objetconnecte.net/

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Pour citer cet article

Référence électronique

Feirouz Boudokhane-Lima, « L’usage des objets connectés dans le cyclisme : étude sur les tendances et les pratiques émergentes »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 12 | 2018, mis en ligne le 01 janvier 2018, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/3449 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.3449

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Auteur

Feirouz Boudokhane-Lima

Feirouz Boudokhane-Lima est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Franche-Comté, responsable du Master 1 MEEF professeur-documentaliste et membre du laboratoire C3S (Culture, Sport, Santé, Société). Ses recherches actuelles portent sur les pratiques émergentes et les nouveaux enjeux des technologies numériques. Ses derniers travaux ont porté notamment sur la question de la transformation numérique du travail.

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