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Thierry Libaert (Dir), La communication environnementale

Éditions du CNRS, collection « les Essentiels d’Hermès », 263 p. ISBN : 978-2-271- 09351-6, 8 €
Anne Lubnau
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Thierry Libaert (Dir), La communication environnementale. Éditions du CNRS, collection « les Essentiels d’Hermès », 263 p. ISBN : 978-2-271- 09351-6, 8 €

Texte intégral

1Cet ouvrage rassemble des articles scientifiques sur l’évolution de la communication environnementale en 2016. Il fait écho à un événement majeur pour la planète : la tenue de la COP 21 de Paris en décembre 2015. 195 pays étaient représentés pour ratifier un accord majeur : réussir à limiter les effets du réchauffement climatique et abaisser en moyenne les températures de 2 °C à l’ensemble de la Terre.

2Thierry Libaert rassemble dans cet ouvrage des articles d’auteurs chercheurs en sciences de l’information et de la communication environnementale. Les bases épistémologiques des études réalisées par ces auteurs s’appuient sur l’analyse des discours politiques en communication publique et privée (des entreprises) concernant les enjeux climatiques (exemple : la réduction des gaz à effet de serre).

3Dans sa présentation générale, Thierry Libaert définit les quatre domaines historiques de la communication environnementale à partir de 1990 : les sujets de controverses, telles que les expériences sur les animaux ; les grandes catastrophes, telles que les marées noires ; les conflits d’implantation, telles que les autoroutes ; sur les risques, tels que les pesticides. Pour l’auteur, l’objectif premier des entreprises reste de dégager des profits. À ce titre, les spécificités de la communication environnementale des organes de communication commandités par les entreprises ou organisations choisissent de diffuser des messages de neutralité et ainsi de taire les conséquences néfastes de leur activité sur l’environnement. Depuis le Grenelle 2008, le dispositif de régulation de la publicité s’est renforcé contre le greenwashing.

4Dans cet ouvrage, Thierry Libaert fait le choix d’ insérer des articles d’auteurs qui permettent d’enrichir la communication environnementale de données synchroniques et diachroniques quant au champ de confrontation idéologique, éthique, sémantique au niveau sociétal, des médias et des territoires locaux et internationaux. Il s’interroge sur les nouveaux enjeux de la communication environnementale : les dispositifs communicationnels sont-ils en adéquation avec la transition écologique ? Le plus souvent, la planification de la communication environnementale s’établit sur un an maximum, alors que la préservation de l’environnement a une temporalité longue.

5Ferenc Fodor et Valérie Brunetière dressent l’historique des controverses des discours depuis 2000, des organes de consultation, de représentation (GIEC, les grenelles, les COP). Leur analyse les conduit à observer, des changements de paradigmes : au départ, les discours interrogent, les causes, les conséquences et les moyens pour préserver l’environnement, puis l’occurrence du rôle atrophique de nos modes de vie et de production traditionnelle sur le réchauffement climatique se fait plus prégnante. Les climatoscepiques ( COP 15, 2009) s’invitent dans les débats, le climatogate et l’incident des mails compromettants discréditent les experts et les scientifiques du climat.

6Avec la COP 21, place à de nouveaux paradigmes : c’est l’adaptation aux conséquences de la modification du climat, cependant la crise financière ralentit la prise en compte de la crise écologique.

7Jean Pascal van Ypersele et Bruna Gaino détaillent les rôles du Giec depuis 1988. Le GIEC avait remporté le Prix Nobel de la paix en 2007. Malgré une période de discrédit avec le climatogate (2009-2010). Il reprend une légitimité, en la personne de Jean Pascal van Ypersele. Celui-ci a une longue carrière chez Reuters, qui lui permet d’encadrer et faire aboutir les missions du GIEC grâce un plan de communication efficace.

8Baptiste Campion analyse la rhétorique de la peur dans la communication climatique digitale chez les experts du Groupement intergouvernemental des experts du climat (GIEC) à travers sa plateforme (Notre planète), et d’autres plateformes appartenant aux climatosceptiques (exemple : Skyfall).

9François Allard-Huver nous éclaire sur les missions évolutives du comité économique et social, instance participative européenne. Il propose des pistes de réflexion sur l’étendue et les causes des limites de son action.

10Nicolas Bayert et Cédric Hananel abordent la question politique des discours des partis politiques à propos des thématiques vertes : l’éco-lassitude du public risque de s’installer face aux trois grandes problématiques : le développement durable, l’environnement et l’écologie.

11Jean-Marie Charpentier analyse les discours de différents acteurs, ceux de la COP 21, des salariés, de l’entreprise et de leur responsabilité sociétale engagée. Il adopte une posture critique : les salariés et les managers deviennent les premiers acteurs d’une transformation en actes. Jean-Marie Charpentier regrette que la communication environnementale politique reste le propre de quelques entreprises.

12Andrea Catellani fait état des résultats de l’analyse sémiotique dans l’iconographie des marques qui se rapportent à une entreprise et à la politique de responsabilité sociétale (RSE), mais aussi à une ONG, et à une association de défense de l’environnement. Il vérifie l’hypothèse suivante : les images visuelles renvoient à plusieurs registres : le discours critique, de défense ou de justification ; et permettent de comprendre la structuration des stratégies des acteurs.

13Pour Gildas Bonnel, l’enjeu environnemental est une chance pour la communication. Elle doit se saisir des nouveaux enjeux culturels qui renvoient aux mutations sociales et économiques de la société : l’économie collaborative, par exemple. Dans cet article, il informe des profonds changements concernant les organes de régulation éthiques de la publicité, tels que le bureau de vérification de la publicité (BVP), et l’autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).

14Mickaël Dupré et Sébastien Meineri poursuivent dans l’analyse de contenu des messages publicitaires. Un message basé sur les ressorts psychologiques (dissonance cognitive, Festinger, et al 1956 ; influence sociale, ASH, 1951) est à la fois opérant sur les cognitions, et sur les comportements : les usagers finissent par éteindre la lumière en partant de leur lieu de travail.

15Céline Hervé-Bazin évoquent les récits et la conscience environnementale en évolution. La première étape historique de la conscience correspond aux mythes fondateurs, la seconde étape à la conscience du monde, et la troisième étape à une conscience environnementale collective morale au sens marxien qui s’étoffe grâce aux réseaux sociaux. Cette dernière communication apporte des ouvertures, de niches, en même temps que progresse l’économie collaborative (UBER, Bla Bla car…). Sur le net, il existe des influenceurs à haute valeur individuelle (HNWI), qui se font le relai d’une conscience individuelle collective et morale parmi les plateformes vertes (ex. Fish arretes, Ehtou).

16Béatrice Jalenques-Vigouroux porte son étude sur la polysémie des chiffres en communication environnementale. Le recours aux statistiques renvoient à des pratiques de communication publique […] plus qu’à des discours qui présenteraient une dimension scientifique. Au niveau paradigmatique, en communication environnementale, c’est l’avènement de l’anthropocène, l’humanité devient le héros pour inverser les dérèglements climatiques. « Le métarécit environnemental peut aboutir […] s’il est saisi par les démocraties délibératives et de proximité qui s’appuient à leur tour sur les données scientifiques ».

17Iskra Herak et Nicolas Kervyn étudient la perception sociale des marques. Les résultats permettent d’entrevoir que communiquer sur les intentions d’une entreprise n’apporte pas toujours l’effet escompté (BP est discrédité malgré la communication qu’elle mène sur ses actions pour contenir la marée noire en Louisiane en 2010). Cependant, les messages sur l’aspect qualitatif et gustatif des produits alimentaires influenceraient les consommateurs pour choisir une marque responsable.

18Céline Pascual Espuny livre l’historiographie du concept greenwashing apparu en 1992, en décrivant ses impacts et ses conséquences sur les pratiques en entreprises, et ses effets sur la communication environnementale. Les nouvelles pratiques doivent s’orienter vers des pratiques participatives avec un socle cognitif solide. Transparence et humilité, deux expressions qui sont à adopter par les émetteurs en communication environnementale.

19Yonnel Poivre-Le Lohé étudie les comportements des consommateurs face au greenwashing. Ce dernier pousse à l’inaction au statu quo ; il crée la défiance du consommateur. Il crée l’illusion et incite les consommateurs en modifiant leurs comportements de façon mineure : le consommateur pense ainsi qu’il en fait assez pour sauver la planète.

20Dominique Bessières s’intéresse aux avancées des territoires, dans leur communication publique, et de leur prise en compte des enjeux environnementaux, ainsi que les avancées juridiques (charte de l’environnement, les enquêtes publiques, les guides et outils en éco-communication…). Les instances ministérielles communiquent sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités vis-à-vis des parlementaires et de la presse.

21En conclusion, dans cet ouvrage, Thierry Libaert a su convoquer, à juste titre, des auteurs qui offrent des articles minutieusement référencés. Aux résultats des recherches documentaires ou empiriques, s’invitent des points de vue critiques. Il nous présente un très riche panorama thématique en communication environnementale : les discours des organes de décision, de consultation ou de représentation (le CES, Le GIEC, la COP21), de régulation (BVP, ARPP), des plateformes et les réseaux sociaux impliqués, les partis politiques qui s’emparent de ces questions, les ONG et associations de défense de l’environnement, ainsi que les salariés, et les managers d’entreprises. Il termine avec Dominique Wolton, actuellement expert en sciences de l’information et de la communication au comité d’éthique publicitaire (CEP). Ce dernier nous livre ses réflexions que nous pouvions qualifiées d’optimistes et de visionnaires : « L’écologie et l’environnement sont de formidables porteurs de vente […]. Tous les partis de droite comme de gauche doivent s’emparer de l’écologie. […] L’entreprise (capitalistique) peut digérer l’écologie, l’intégrer dans trente ans […] et devenir écologique ».

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Pour citer cet article

Référence électronique

Anne Lubnau, « Thierry Libaert (Dir), La communication environnementale »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 10 | 2017, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 02 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/2829 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.2829

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