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Numéro 2 - Communication et diversité culturelle

Dossier coordonné par Anne-Marie Laulan
Anne-Marie Laulan

La question de la diversité culturelle n’est pas récente, même si le débat s’est longtemps tenu en des cercles fermés, hétérogènes. Le long combat à l’UNESCO pour la reconnaissance et la protection du Droit à la diversité des expressions culturelles aura duré presque trente ans : le germe issu des minorités ethniques, se nourrit de revendications anticolonialistes, se fortifie par la conquête de l’Indépendance en de nombreux pays, (1960), pour se renforcer finalement par le retour à la démocratie pour d’autres nations européennes(1990 et sq). Il nous paraît intéressant de souligner la convergence de ces mouvements venus de plusieurs continents, en des domaines aussi variés que les arts, les langues régionales, la démocratie, l’autonomie des citoyens, mais aussi la connaissance (diversité des formes de savoir). Rappelons également que cette prise de conscience du Droit à la diversité est contemporaine du combat pour la protection de la Diversité biologique, dans les milieux scientifiques.

Aux yeux des anthropologues (Marc Augé), notre époque immédiatement contemporaine voit surgir des interrogations nouvelles concernant la diversité, comme une menace pour l’identité. En effet, l’accélération de l’Histoire, la facilité des déplacements, la multiplication des sources d’information et l’appropriation individuelle du sens à donner aux événements constituent, pour l’homme moderne, un risque d’éparpillement, de dispersion, face à l’organisation séculaire et structurée de la connaissance et des choix politiques.

Dans l’actualité très récente, les démarches pour la nécessaire régulation mondiale de la protection de l’environnement. (Copenhague, 2009) pas encore couronnée de succès, prouve que l’interrogation sur la diversité du monde (humain comme environnemental) est encore dans les agendas de la réflexion. Ainsi, la diversité culturelle, sociologiquement, émerge dans la quasi-totalité champs : scientifiques, juridiques, frontières public-privé, relations homme-femme. Nous sommes bien au-delà de la dimension économique et du rapport au pouvoir classiquement étudiés. D’où l impossibilité d’une approche théorique simplifiée et l’intérêt d’une approche en termes de communication, plus soucieux de complexité car relevant de champs très dissemblables : 1° l’originalité adolescente, admise, se mue parfois en revendication puis en révolte, mène à l’accusation de dissidence ; cf. les manifestations de jeunes en Espagne mai 2011. 2° les populations immigrées, appréciées dans le passé des nations industrielles suscitent, en période de crise économique et de troubles politiques, des interrogations brûlantes en termes de droits humains, de gestion économique, de démocratie européenne ; d’où le rétablissement (illégal constitutionnellement) des contrôles frontaliers au sein de l’Union européenne. Le traitement médiatique de ces problèmes « sensibles » y compris à l’UNESCO, fait l’objet d’analyses par des spécialistes, conscients des contradictions intrinsèques (cf. Laulan A M in Hermès 58, consacré aux « Langues de bois ».) de son côté ; Paul Rasse, anthropologue, souligne l’importance de la circulation des biens (le commerce) des voies maritimes autour de la Méditerranée ou le long des fleuves (le Danube) pour que se transforment en profondeur les modes de vie ; plus les sociétés se différencient, plus elles semblent fascinées par l’Autre, cherchant à nouer des relations, violentes ou pacifiques. « Comment vivre ensemble tout en étant différent? » s’interroge Éric Dacheux

Paradoxalement les tendances à l’individualisme et au libéralisme du monde occidental se trouvent pourtant confrontées, brutalement parfois, à des exigences de contrôle collectif, garantissant la sécurité dans les grandes villes, respectant l’autonomie de chaque Région dans sa spécificité.

Aller vers l’Autre, c’est voyager. Notre époque, particulièrement en Europe, voit paradoxalement augmenter le pouvoir du culturel aux dépens du politique ; jamais autant les politiques culturelles, (francophonie incluse évidemment) n’auront été les meilleures armes au service de la Paix dans le Monde. L’Union européenne offre ce spectacle inédit dans l’Histoire de la cohabitation paisible de peuples militairement opposés pendant deux millénaires. Réussir à tisser des liens qui empêchent le repli tout en évitant les conflits : une chance pour la paix, un exemple, peut être, pour d’autres continents fratricides. Les médias ne devraient-ils pas se préoccuper de jouer ce rôle conciliateur, en portant un regard plus bienveillant qu’accusateur sur ce qui nous distingue ? Ainsi l’interrogation sur les médias et la diversité culturelle pourrait-elle déboucher sur une nouvelle fonction du journaliste : de révélateur/dénonciateur, devenir un passeur/médiateur. Telle est l’interrogation que porte ce deuxième numéro de la Revue.

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