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La SFSIC - Vie des commissions

Activités des commissions Formation – Recherche – Relations professionnelles

Valérie Lépine et Patrice De la Broise

Texte intégral

1Les formations relevant des sciences de l’information-communication dispensées dans les établissements de l’enseignement supérieur public se sont développées avec un formidable dynamisme au cours des trente dernières années. Le nombre d’étudiants dans les filières de communication a augmenté de 58,6 % entre 1999 et 2009 (sources : MESR, note d’information 11-10) tandis que le nombre global d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur n’augmentait que de 2 % sur la même période. Ce développement foisonnant des formations a accompagné plus qu’il n’a devancé ou anticipé celui des activités sociales, économiques et des métiers qui intègrent de façon systématique ou non des pratiques info-communicationnelles. Face à la demande de compétences nouvelles, aux côtés des formations académiques et en concurrence directe, se sont aussi multipliées les formations dispensées par des acteurs privés qui ont investi avec des stratégies extrêmement offensives tant le marché de la formation initiale que celui de la formation professionnelle continue. À tel point qu’il est devenu quasi impossible de recenser l’ensemble des dispositifs de formation relevant des SIC. À titre d’illustration, 1379 formations post-bac sont proposées à partir d’une recherche sur le site officiel de l’ONISEP à partir des entrées information et/ou communication. Plusieurs obstacles se présentent d’emblée lorsque l’on tente de se doter d’outils de caractérisation ou de description. La première difficulté est celle de la définition du périmètre, au moins partiellement stabilisé, d’un domaine commun associé à un socle disciplinaire et/ou à des activités sociales ou professionnelles identifiées. La construction du champ académique et scientifique, en France, associe l’information et la communication dans une épistémologie commune, là où la réalité des métiers renvoie plus souvent, au moins dans les représentations les plus fréquentes, à une coupure entre des métiers de l’information, de la documentation, du livre, des archives d’un côté, des métiers de la communication associés à des spécialisations de plus en plus fortes par domaines – communication culturelle, publique, financière,… ou par types d’outils – communication événementielle, publicitaire, visuelle, numérique, multimédia, etc. L’offre des formations, selon les orientations plus ou moins professionnalisantes adoptées, reprend pour une partie ces découpages par spécialités et pour autre partie les vocables qui se sont stabilisés par la voie académique disciplinaire (Licence ou master en sciences de l’information et de la communication). À cette première difficulté que l’on pourrait caractériser d’obstacle d’indexation, s’ajoute le fait que devant l’importance prise par les enjeux informationnels et communicationnels dans quasiment toutes les sphères socio-professionnelles, de nombreuses formations en gestion, sciences économiques, management, sciences politiques, ont complété le cœur de leur offre disciplinaire en créant des cursus de spécialisation en information-communication (veille informationnelle et intelligence économique dans les facultés de sciences économiques, journalisme pour les IEP, management des systèmes d’information et de communication pour les écoles de management, par exemple). Enfin, la technicisation des outils de conception, de traitement, d’édition, de diffusion, de partage qui accompagnent les évolutions des pratiques info-communicationnelles au cours du dernier quart de siècle renforce le poids des formations informatiques qui, elles-aussi, se sont orientées vers les métiers d’interface, de relation entre les dispositifs et les usagers. Les logiques de complémentarité d’expertises, de pluridisciplinarités, de double spécialisation sectorielle et fonctionnelle, sont autant de facteurs qui concourent à une extraordinaire complexification de l’offre des formations.

2En qualité de société savante et comme instance de représentation de la discipline et des individus qui l’incarnent et la porte au sein de l’Université, la SFSIC a vocation à éclairer la compréhension des évolutions en cours tant au plan de la recherche qu’à celui de la formation. Elle ne peut le faire valablement sans être en prise avec les évolutions du monde professionnel et en lien avec les acteurs, notamment les associations professionnelles, qui revendiquent une représentativité à l’égard des métiers et des professionnels de l’information et de la communication. C’est dans cette perspective qu’une dynamique de travail, partagée par la commission Formation (Valérie Lépine), la commission Recherche (Patrice De la Broise) et rejoint par la commission Relations avec les associations professionnelles, récemment créée (Didier Chauvin), a été engagée. Cette dynamique a pour fondement la conviction, partagée par de nombreux collègues, que nos connaissances sur les acteurs spécialisés, les métiers, les processus de professionnalisation et d’institutionnalisation des fonctions ainsi que l’interrogation réflexive quant à nos pratiques d’ingénierie pédagogique doivent s’actualiser dans une démarche collective d’une part, internationale d’autre part. À l’occasion du 78e Congrès de l’ACFAS de 2010 nous avions été quelques-uns à rejoindre le colloque proposé par Bernard Motulsky (UQAM) autour de « La reconnaissance professionnelle des communicateurs ». Nous avions pu constater que nos interrogations étaient partagées par nos collègues canadiens, engagés dans une grande enquête quantitative vivant à caractériser la fonction de communication et son périmètre de missions dans les différents types d’organisations publiques et privées. Le 79e Congrès de l’ACFAS de 2011 « Perspectives de développement des pratiques en communication : modes d’organisation et enjeux de formation » a été organisé par Marc David et Dany Baillargeon (Université de Sherbrooke) afin de structurer le partage de travaux de recherche menés par d’une vingtaine de collègues de divers horizons francophones et d’élargir ainsi la dimension internationale du programme qui commençait à se dessiner. En marge du congrès scientifique, un symposium avec des représentants d’associations professionnelles de communicateurs présentes au Canada a permis de valider l’idée d’un véritable travail collaboratif pour la création et l’animation d’un réseau d’universitaires et de professionnels œuvrant conjointement à la collecte, la production, l’échange, et la diffusion de travaux susceptibles d’alimenter des approches comparatives (Belgique, Canada, France pour commencer), concernant les dynamiques de professionnalisation observables dans le champ, restreint pour une première étape, à celui de la communication. Le projet a pris la forme d’un réseau encore informel mais déjà doté d’un nom : RESIPROC (RESeau International sur la PROfessionnalisation des Communicateurs), d’un programme de travail et d’un calendrier de rencontres. La première étape de ce programme a l’ambition de dresser une sorte d’état des lieux et de cartographie des associations et représentants des métiers et des professionnels qui s’inscrivent dans le champ de la communication à partir d’un travail d’enquête mené en parallèle dans les trois pays selon un protocole d’interview en binômes et un guide de questionnement communs. La collecte de données concerne d’une part les productions sémiodiscursives et déontiques (chartes, référentiels, codes de déontologie) qui visent à orienter explicitement et réguler les pratiques professionnelles ; d’autre part les récits biographiques et les discours des principaux acteurs engagés dans la vie associative des groupes professionnels de la communication. En effet, les présidents fondateurs, les présidents et secrétaire généraux en activité, sont partie prenante des dynamiques de structuration et de défense des métiers, des professionnels et de la production, de la diffusion de visions plus ou moins normatives des compétences attendues pour la réalisation de telle ou telle activité relevant de leur périmètre d’action. Quatre segments professionnels ont été retenus : la communication sociale et interne, la communication publique et territoriale, les relations publiques (incluant les relations presse) élargies à la communication dite corporate ou institutionnelle – et enfin la communication commerciale. En France, c’est un collectif d’une douzaine d’enseignants-chercheurs qui a été mobilisé pour participer à cette première phase d’enquête dont la justification et les tous premiers résultats seront présentés lors d’une session dédiée aux programmes de recherche collective lors du colloque international co-organisé par l’ICA, la SFSIC et le GERIICO, à Lille-Roubaix les 7-9 mars 2012. Les résultats plus complets devraient être présentés lors de prochaines manifestations scientifiques programmées à Mons en Belgique sous l’impulsion de François Lambotte, puis à Montréal pour les prochaines échéances de 2012-13. Ils feront aussi l’objet d’un article plus développé dans l’un des prochains numéros de la Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Valérie Lépine et Patrice De la Broise, « Activités des commissions Formation – Recherche – Relations professionnelles »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 05 septembre 2012, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/195 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.195

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Auteurs

Valérie Lépine

Maître de conférences en SIC à l'Université Pierre Mendès France, IUT2-Grenoble 2. Chercheure membre du Gresec, ses travaux de recherche portent sur les enjeux info-communicationnels qui traversent ou structurent les organisations. Elle interroge les communications organisationnelles au prisme des problématiques portées par le déploiement des Tics, les dynamiques de recomposition liées au Nouveau Management Public, les ré-articulations entre compétences managériales et compétences communicationnelles, ainsi que les problèmes de reconnaissance qui en résultent. Ses recherches en cours portent sur les modèles et représentations qui orientent les pratiques des professionnels de la communication et contribuent à forger leur propre vision de la professionnalisation de leur métier et fonction. Mail : valerie.lepine@iut2.upmf-grenoble.fr

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Patrice De la Broise

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