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Émergences
Ethos, leader et charisme. La personnalisation du discours politique en Amérique(s) et en Europe

Le Storytelling : cercle de la narration au service de l’ethos du leader

Raphaële Galmisch

Résumés

Dans une perspective communicationnelle, nous proposons de prendre le storytelling, ou l’art de raconter des histoires (Marti et Pélissier, 2012), comme angle d’analyse du discours politique des candidats, aux élections présidentielles française et américaine. Nous nous interrogeons sur le pourquoi de l’utilisation du récit, mais également sur la manière dont le politique le sollicite. Lors du discours de campagne, l’orateur se raconte, alternant récits personnel et collectif, et histoires de ses concitoyens. Il construit et transmet simultanément sa propre image. Nous parlons alors d’ethos (Charaudeau, 2005). Après avoir observé la prépondérance de la narration dans la stratégie de communication de Barack Obama lors de la campagne à l’élection présidentielle de 2008, nous entreprenons une approche comparative avec le discours de Nicolas Sarkozy, durant la campagne de 2007. Nous travaillons sur une sélection de discours de meeting des deux candidats, analysant ce qui relève du storytelling dans l’allocution. Nous éclairons notre analyse grâce au logiciel d’analyse de discours Tropes. Les discours de Barack Obama et Nicolas Sarkozy ont mobilisé leur peuple usant d’éléments fondateurs d’un imaginaire commun (Girardet, 1986). Les récits d’expériences personnelles sont imprégnés de récits collectifs et ces derniers nourrissent les récits individuels (Bruner, 2010). L’orateur utilise ce que nous appelons « un cercle de la narration » au service de l’identité, tant dans sa construction que dans sa transmission. La question est de savoir comment la présentation de soi permet à un candidat de s’inscrire dans l’Histoire du pays, celle-là même qui conduit à l’intronisation de l’homme « providentiel », ou « populaire ». Nous nous interrogeons sur ce qui relie récit et image de soi et posons ainsi la question : comment et pourquoi communiquer par l’ethos dans un discours de campagne à l’élection présidentielle et plus globalement dans une stratégie de communication ?

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Texte intégral

  • 1 Paula Cossart, Le meeting politique, Rennes,Presses Universitaires de Rennes, 2010, 325 p.
  • 2 Christian Delporte, La France dans les yeux. Une histoire de la communication politique de 1930 à n (...)
  • 3 Christian Salmon, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Par (...)

1Afin de traiter de la parole du leader, nous avons entrepris une comparaison des discours de campagne à l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 et Barack Obama en 2008, centrée sur l’utilisation du récit. Nous travaillons sur le texte du discours de campagne émis durant un meeting public. Nous faisons référence aux réunions ayant lieu après la Seconde Guerre Mondiale, définies par P. Cossart comme la démonstration de force d’un parti, sans débat. Il y est nécessaire de surprendre les spectateurs, choyer les militants, se servir des médias présents, dans un « lieu de persuasion »1. Quatre postures guident notre analyse. Primo, la communication politique n’est pas une pratique purement américaine. Pratiquer la communication politique en France n’est donc pas forcément « s’américaniser »2. Secundo, le storytelling n’est pas qu’une « machine à formater les esprits »3, décrite par C. Salmon comme une manipulation, niant le sens critique des individus. Tercio, le storytelling n’est pas né dans les années 2000. Il n’est pas utilisé en France seulement depuis Nicolas Sarkozy, encore moins depuis Barack Obama aux États-Unis. Cette pratique du récit s’adapte aux moyens de communication et usages, ils sont donc véhiculés par différents médias, notamment par les réseaux sociaux à partir de 2008. Quarto, lors du discours de campagne, le candidat se raconte, alternant trois types de récits : anecdotes personnelles, histoires de concitoyens, récits collectifs. Il utilise des identités, construit et transmet son ethos.

  • 4 Tropes, 1984, [En ligne] Site du logiciel Tropes [Page consultée le 12/06/2014] Disponibilité et a (...)

2Notre objectif est de répondre aux questions suivantes : comment et pourquoi communiquer sur l’ethos dans un discours de campagne à l’élection présidentielle ? Dans ce but, il nous faut dans un premier temps définir le storytelling et l’illustrer dans le discours politique, afin d’établir le lien entre récit et identité. Nous en présenterons ensuite ses usages par une approche comparée des discours de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama, éclairée notamment par le logiciel d’analyse sémantique de textes, Tropes4.

Le storytelling : première approche

Le storytelling et le récit : définitions

  • 5 Marc Marti et Nicolas Pélissier (dir.), Tension narrative et storytelling. En attendant la fin, Par (...)

3Selon C. Salmon, le storytelling est l’art de raconter des histoires. Cette pratique est utilisée dans de nombreux domaines et disciplines scientifiques. Le livre de Marc Marti et Nicolas Pélissier en est un exemple5, Alexandre Eyriès développe le storytelling en communication politique, Nicolas Pélissier le relie au journalisme. Afin d’en comprendre la pratique, une définition du récit est utile.

  • 6 Jean-Michel Adam, Le récit, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1996, p. 10.
  • 7 Ibid., p. 12.
  • 8 Ibid., p. 17.

4Jean-Michel Adam explique que le récit est une représentation des faits, d’un événement qui a eu lieu, subjective par essence : « Des événements comme l’assassinat de quelqu’un, un accident, une vie même, ne deviennent des récits que lorsqu’ils sont représentés, c’est-à-dire rapportés, racontés […] Toute représentation est déjà une interprétation […] »6. L’émetteur a une représentation du savoir de son interlocuteur. Ce dernier a des attentes qui correspondent au genre, au contexte, au sujet du discours. Un récit requiert au moins deux propositions, la première ayant un lien de cause à effet avec la seconde. Adam donne un exemple de récit court : « L’enfant a pleuré. Le papa l’a pris dans ses bras »7. Le lecteur doit pouvoir suivre l’ordre des épisodes, mais également en saisir le sens en jugeant et réfléchissant, c’est pourquoi selon Adam, « [l]’activité narrative combine un ordre chronologique et un ordre configurationnel […] »8. Par ailleurs, Jerome Bruner, dans son livre Pourquoi nous racontons-nous des histoires ? explique qu’une histoire est une suite d’événements qui, grâce au concept de peripeteia, se relient pour faire sens. Ainsi, l’histoire débute lorsqu’un événement inattendu survient. Des personnages animent ces récits, générant des représentations. L’histoire a toujours une intention, une force illocutoire. Vient ensuite la coda, ou évaluation. Le lecteur, ou spectateur du meeting, analyse le récit, en extrait le sens.

Pourquoi raconter des histoires ?

Bruner insiste sur la façon innée de raconter des histoires. Selon lui,

  • 9 Jerome Bruner, Pourquoi nous racontons-nous des histoires ?, Paris, Retz Éds, 2002, p. 76-77.

« Le don de raconter des histoires caractérise l’homme autant que la station debout ou l’opposition du pouce à l’index. Tout indique que c’est notre manière “naturelle” d’utiliser le langage […]. Personne ne connaît exactement […] comment ce don est né et a survécu. Nous savons seulement que c’est un outil irremplaçable qui donne sens à l’interaction humaine »9.

  • 10 George Lakoff, Thinking Points, Communicating Our American Values and Vision, New York, Farrar, Str (...)

5Les narrations fictives et réelles contribuent à donner forme à notre expérience quotidienne. Afin de décrire quelqu’un, on peut utiliser un personnage de la littérature, la fiction donne une structure à la réalité. Ces schémas narratifs connus de tous sont fédérateurs, composant un imaginaire collectif. On se référera aux « quatre histoires américaines majeures »10, développées par Robert Reich, membre de l’administration Clinton, dont « L’Individu Triomphant », racontant l’histoire du self-made-man, ou celle de « La Société Bienveillante », où la société ne fait qu’une. Elles font partie de la culture américaine, les électeurs y sont accoutumés.

Le storytelling dans le discours de campagne : typologie et exemples

6Nous analysons trois types de récit : autobiographique ou personnel, citoyen et collectif. Nos développements sont illustrés par des exemples, extraits des discours de campagne de Nicolas Sarkozy et Barack Obama.

Le récit autobiographique

  • 11 Bruner, op. cit., p. 27.

7Le politique peut transmettre son ethos, narrant sa propre vie. Son récit est souvent imprégné du récit collectif. Bruner constate la force constructrice du récit : « Les modèles narratifs ne se bornent en effet pas à donner forme au monde ; ils façonnent également les esprits qui cherchent à lui donner un sens »11.

  • 12 Notre traduction de : « But let me tell you how I came to be here. As most of you know, I am not a (...)

Exemple 1 : « Mais laissez-moi vous raconter comment je suis arrivé ici. Comme la plupart d’entre vous, je ne suis pas originaire de ce grand État. J’ai déménagé pour l’Illinois il y a deux décennies. J’étais jeune, un an après l’université, je ne connaissais personne à Chicago, j’étais sans argent ni réseau. Mais une paroisse m’a donné un job d’agent de la communauté. Et j’ai accepté ce job, motivé par une seule, simple et puissante idée – celle qu’un jour je jouerai peut-être un rôle dans la construction d’une Amérique meilleure »12.

8Ici, Barack Obama relate le long chemin parcouru pour être devant l’auditoire du moment, auquel il s’adresse directement (« laissez-moi vous raconter »). Obama fait son récit à la première personne du singulier, au passé. On relève un repère spatio-temporel (« il y a deux décennies »). Ici, le politique se raconte et justifie sa candidature à l’élection présidentielle.

Le récit citoyen

9Celui-ci raconte le peuple dans le discours. Il est un épisode de vie d’individu, souvent du même pays que l’orateur, contemporain ou non. Ce récit authentifie le récit. Le candidat raconte la vie de ses concitoyens, et comme en échange, livre une partie de sa vie. L’orateur représente les citoyens, ceux-ci montent sur scène, acteurs de l’histoire.

  • 13 Nicolas Sarkozy, le 27 avril 2007, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. [En ligne] Site viepublique.fr (...)

Exemple 2 : « J’y suis allé avec mes rêves de jeunesse qui ne m’ont jamais quitté.
J’y suis allé avec ma longue expérience politique qui m’a tout appris. […]
J’y suis allé avec en moi le souvenir de cette famille à la Courneuve qui pleurait la mort d’un petit garçon de onze ans. […]
J’y suis allé avec dans la tête la voix de ce petit garçon que je tenais par la main devant le cercueil de son père gendarme et qui me tirait par la manche en me disant : “ Sors mon papa de la boîte ! ”
J’y suis allé avec devant les yeux l’image de la jeune Ghofrane battue à mort et atrocement torturée parce qu’elle refusait de donner son numéro de carte bleue à ses bourreaux »13.

10Dans l’exemple 2, Nicolas Sarkozy raconte des faits divers qui ont touché ses concitoyens, notamment l’assassinat d’une jeune femme. Ici, le candidat mêle son récit (« mes rêves de jeunesse ») à son récit de personnage public (« ma longue expérience politique »), aux récits des citoyens. Il y fait intervenir plusieurs personnages, fait parler l’un d’eux (« Sors mon papa de la boîte ! »), et nomme une victime (« Ghofrane »).

Le récit collectif

11Cette histoire compose l’imaginaire du peuple. Elle provient le plus souvent de l’Histoire du pays. C’est un récit fondateur et fédérateur, dont les membres du collectif se réclament. Lorsqu’un politique fait référence à un moment charnière de l’Histoire, à un lieu symbolique, devenu parfois lieu de mémoire, nomme un personnage devenu héros, il fait usage du récit collectif.

  • 14 Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007, Congrès de l’UMP, Paris. [En ligne] Site viepublique.fr [Page (...)

Exemple 3 : « Ce jour-là, la France s’appelle Claude Mandel. Elle a 14 ans, son père vient d’être assassiné non par l’occupant mais par des Français ennemis de la France.
La France, elle a 17 ans le visage de Guy Môquet quand il est fusillé : “ 17 ans et demi… Ma vie a été courte ! Je n’ai aucun regret si ce n’est de vous quitter tous.”
La France, elle a 19 ans et le visage lumineux d’une fille de Lorraine quand Jeanne comparaît devant ses juges.
Elle a 32 ans et le visage d’un émigré italien naturalisé français, quand Gambetta quitte en ballon Paris assiégé pour organiser la résistance aux Prussiens »14.

12Ici, Nicolas Sarkozy illustre la France avec des personnages du récit collectif, symboles de résistance, à des époques différentes. Les choix sont stratégiques. En parlant de Georges Mandel, il interpelle la communauté juive. Il cite Jeanne d’Arc, choisie par le Front National pour emblème, puis Gambetta, s’adressant à un électorat immigré et « intégré ».

Ethos et identité

  • 15 Anna De Fina, Deborah Schiffrin et Michael Bamberg, Discourse and Identity, Cambridge University Pr (...)

13L’orateur construit et transmet simultanément son identité ou ethos. Nous caractérisons l’identité comme plurielle et mouvante. Selon les trois auteurs de l’ouvrage Discourse and Identity, l’identité considérée par le socio-constructivisme n’est ni un don, ni un produit, mais un processus qui s’opère dans le cadre d’interactions, constitué d’un nombre infini d’identités, ne provenant pas seulement de l’individu. L’identité découle d’un processus de négociations, d’adaptations à des contextes sociaux, entrainant un « travail discursif »15, une adaptation du discours au contexte. Le processus d’élaboration du discours contribue à la construction de l’identité et vice-versa.

14Nous définissons l’ethos comme l’image de soi, on peut transmettre un ethos de courage, de sauveur, d’érudit, etc. L’ethos que l’orateur veut transmettre n’est pas forcément l’image que l’audience reçoit et interprète. C’est pourquoi nous faisons nôtre la posture de P. Charaudeau quand à l’ethos, qui est pour nous question de « croisement de regards » :

  • 16 Patrick Charaudeau, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris, Vuibert, 2005, p .88.

« Notre position est que pour traiter l’ethos il faut tenir compte de ces deux aspects. En effet, l’ethos, en tant qu’image qui s’attache à celui qui parle, n’est pas une propriété exclusive de celui-ci ; il n’est jamais que l’image dont l’affuble l’interlocuteur, à partir de ce qu’il dit. L’ethos est affaire de croisement de regards : regard de l’autre sur celui qui parle, regard de celui qui parle sur la façon dont il pense que l’autre le voit. Or, cet autre, pour construire l’image du sujet parlant, s’appuie à la fois sur des données préexistantes au discours – ce qu’il sait a priori du locuteur – et sur celles apportées par l’acte de langage lui-même »16.

15Le politique se raconte et le contexte parle pour lui, nourrissant son histoire. Quatre catégories de critères interdépendantes nous semblent définir la notion d’ethos. La première relève des cadres qui correspondent à une situation de communication, respectés à l’occasion d’une stratégie, dans le but de donner une certaine image de soi. La seconde correspond aux représentations qui forgent l’ethos, générées par les acteurs de la situation de communication. La troisième insiste sur le fait que l’ethos est une construction collective. La dernière décrit les composantes de l’ethos, où ethos discursif et pré-discursif ne font qu’un.

Le cercle de la narration

  • 17 Martine Xibberas, « Mythe et processus d’identification individuelle et collective », dans Frédéric (...)
  • 18 Ibid.

16Selon Martine Xiberras, l’identité individuelle « […] s’inscrit dans une relation interactive avec autrui, et dans “une confrontation avec les modèles culturels” ambiants et environnants »17. Elle utilise les travaux de Berger et Luckmann pour expliquer « […] que le processus de construction identitaire se laisse toujours décrire comme un va-et-vient dialectique qui parcourt la relation sujet/monde ». Cette dialectique peut aussi être illustrée par ce que nous appelons le « cercle de la narration », dans lequel le sujet avec son récit individuel s’inspire du monde et de son récit collectif, mais le nourrit également. M. Xiberras souligne aussi le caractère narratif inhérent de l’identité. Elle reprend les propos de Paul Ricœur, expliquant l’évolution inéluctable de l’individu, qui travaille sur soi. Ricœur décrit « […] une herméneutique de soi, c’est-à-dire un “travail narratif susceptible de configurer un sens”, un travail interprétatif »18.

Le storytelling en campagne : cas pratiques

Nicolas Sarkozy : campagne à l’élection présidentielle de 2007

  • 19 En 2002, cette région vote majoritairement au premier tour pour Le Pen avec 22,33 % et Jospin arri (...)
  • 20 En 2002, au premier tour, dans le Puy-de-Dôme, Chirac arrive premier et Jospin second avec respecti (...)

17Nous avons choisis trois discours correspondant à trois moments de rupture, en prenant pour point de départ le moment crucial pour le candidat de la convention de son parti, puis deux discours donnés avant chacun des deux tours de l’élection. D’abord, celui du Congrès de l’UMP, à la Porte de Versailles (d1), le 14 janvier 2007, durant lequel le candidat s’adresse à sa famille politique. Nous avons ensuite sélectionné un discours donné avant le premier tour, à Perpignan (d2), le 23 février19, puis lors de l’entre-deux tours, à Clermont-Ferrand (d3), le 27 avril20.

Analyse par Tropes

  • 21 « Les connecteurs (conjonctions de coordination et subordination, locutions conjonctives) relient d (...)
  • 22 « Les modalisations (adverbes ou locutions adverbiales) permettent à celui qui parle de s’implique (...)
  • 23 Damon Mayaffre, Nicolas Sarkozy, Mesure et démesure du discours, 2007/2012, Paris, Presses de Scien (...)

18Nous observons le style, la mise en scène et les catégories fréquentes (verbes, connecteurs21, modalisations22, adjectifs, pronoms). Le style est majoritairement argumentatif, le sujet s’engage, explique, critique. La mise en scène s’exprime principalement grâce à une prise en charge par le narrateur, caractérisée par l’utilisation des pronoms personnels « je », « me », « moi », etc. Deux catégories de verbes ressortent. D’abord, les verbes déclaratifs, dont l’usage est constant sur les trois discours, oscillant entre 20,4 % (d2) et 26,5 % (d3). Ils permettent de dénoncer l’adversaire, sont souvent suivis d’une adresse directe à l’audience, d’une citation ou d’une prise de parole fictive au style direct. Les verbes performatifs, normalement peu utilisés, donc significatifs ici, varient entre 2 % (d2) et 5,6 % (d1). Grâce à eux, le candidat est d’ores et déjà dans l’action, en plus de la parole. Nous parlerons de la « puissance autoréalisatrice »23 du langage. Les connecteurs de cause sont les plus importants, présents entre 12,3 % (d2) et 14,9 % (d1), viennent ensuite les connecteurs de condition, variant entre 6,5 % (d3) et 10,6 % (d2). Ces deux types de connecteurs ont pour but d’expliquer, d’articuler l’argumentation, de dénoncer les actions adverses, mais servent aussi à s’engager pour le futur. Les deux autres catégories significatives sont les connecteurs de temps et de but, essentiels dans le discours de promesses, un discours qui projette des actions.

  • 24 Ibid., p. 304.
  • 25 Ibid., p. 306.

19Si les modalisateurs d’intensité et de négation permettent de dramatiser le discours, les modalisations de négation ressortent significativement, entre 28,3 % (d3) et 30,5 % (d1). Damon Mayaffre rapporte que la structure des phrases est souvent négative, induisant l’échec et l’interdit. Il explique que la négation « fait partie de l’essence du Sarkozysme »24. Selon l’auteur, 1/3 des phrases du candidat UMP sont négatives, il parle même de « cadre rhétorique négatif »25. Nicolas Sarkozy exprime ses sentiments, les adjectifs sont majoritairement subjectifs dans les trois discours, variant entre 48,1 % et 53,1 %. Les pronoms personnels sont dans l’ordre du plus au moins utilisé : je, on, ils, vous, nous. Le « je » traduit l’importance du moi, donc de l’ethos dans le discours. Notons aussi le pourcentage relativement faible du « nous », entre 3,9 % (d2) et 6,5 % (d1). L’orateur agit seul avec le « je », il engage à l’action et désigne avec le « vous », il valorise ou dénonce avec le « ils » au pluriel, ainsi qu’avec le « on ». D. Mayaffre explique que le pronom « on » désigne l’autre, en une menace indéfinie. Nicolas Sarkozy fait rarement l’unité avec le « nous », dont le nombre varie entre 3,9 % (d2) et 6,5 % (d1).

Analyse des récits

20Dans ces trois discours, Nicolas Sarkozy, expose sa version de l’Histoire de France, influencée par son histoire personnelle, professionnelle. Les références historiques sont nombreuses, tant dans les parties autobiographiques du discours, que dans les parties racontant le collectif. En région, il valorise le territoire, racontant l’histoire locale, revenant sur le passé national. Le choix des personnages et épisodes de l’Histoire de France contribue à l’élaboration de l’ethos du candidat.

Récit collectif

Réécriture de l’Histoire de France
  • 26 Alexandre Eyriès, « Henri Guaino, storyteller sarko-gaullien. Psychosociologie d’un conseiller spéc (...)

21Alexandre Eyriès explique combien Henri Guaino, conseiller et plume du candidat, a réécrit le gaullisme et l’Histoire de France lors de cette campagne26. Au Congrès de l’UMP, Nicolas Sarkozy rend hommage, racontant l’histoire de De gaulle et de la résistance. Il emmène les spectateurs dans l’ailleurs narratif de la Seconde Guerre Mondiale. Il fait le portrait de Georges Mandel, lit la lettre de sa fille au Président Laval, puis parle de Guy Môquet, et de tous les symboles de résistance de l’Histoire de France : Jeanne d’Arc, Émile Zola, Simone Veil, Pompidou. Il fait le portrait de la France à travers le temps, la personnifiant grâce à quinze personnages. La France devient la patrie de héros. Quand Nicolas Sarkozy parle de résistance, il parle du refus de la repentance, de fierté nationale, et cite Jaurès et Camus (d1). À Perpignan, il narre l’histoire de la Catalogne, la cite en exemple, pour parler du sentiment national et encore du refus de repentance (d2). Dans ce discours prônant l’autorité, notamment celle de l’école, Nicolas Sarkozy se réfère à Jules Ferry, lisant sa lettre aux instituteurs de France faisant siens les mots du père de l’école républicaine (d2).

Le retour aux valeurs pré-mai 68

22Nicolas Sarkozy insiste sur le fait que l’Histoire de la France soit un tremplin vers l’avenir et non un fardeau. La stratégie consiste à revendiquer un héritage, invoquer le passé pour aborder le futur. Il prône le changement, veut la rupture… Pour revenir aux valeurs d’avant mai 1968. Citant Georges Pompidou, Nicolas Sarkozy transporte les citoyens dans le temps : « Après mai 1968, Pompidou avait dit : “ le monde a besoin d’une nouvelle Renaissance” » (d1). L’électorat visé est capable de comprendre la référence, il est donc au moins de la génération du candidat, si ce n’est sexagénaire. À Perpignan, Sarkozy explique que l’erreur qui a mené la France à la crise morale se situe en mai 1968, mettant à bas les barrières de l’autorité (d2). À Clermont-Ferrand, le candidat dresse le portrait de trois présidents de la République, dont Georges Pompidou. Ce portrait l’amène à se placer dans la lignée gaulliste. Le candidat cite les écrits de l’homme de lettres et se livre. Il aborde les difficultés que l’homme choisi par de Gaulle a dû affronter, ce qui a été dit de lui. Le rapprochement se fait alors car, les deux hommes ont été mis en cause concernant leur style de vie et leurs fréquentations. Georges Pompidou fut un président de rupture, proche de la finance, décomplexé vis-à-vis de l’argent. L’histoire de Pompidou est à présent un constituant du récit collectif, lié à l’histoire de Nicolas Sarkozy (d3).

La France de la Terre

23Le salut viendrait d’une rupture conservatrice, trouvant ses origines dans le mouvement gaulliste, mais aussi dans une valorisation de la terre, obéissant à l’idéal barrésien (d2). Une terre à nouveau valorisée à Clermont-Ferrand, Nicolas Sarkozy cite même Jules Michelet, visant une fois encore un électorat âgé. L’héritage gaulois est immédiatement évoqué. Le rapport à l’Histoire est essentiel : « Ici se noue depuis XX siècles le mystère d’une France dont l’âme est enracinée dans son sol, son histoire, dans ses mythes et ses traditions » (d3).

Récit personnel : toujours mêlé au collectif

  • 27 « Oui je suis heureux d’être avec vous ce soir, dans ce Sud que j’aime tant, si près de l’Espagne à (...)

24Nicolas Sarkozy exprime ses sentiments, évoque sa vie, mais la raconte peu, ne parlant pas de sa famille. Pourtant, il dépeint sa vie et sa carrière en faisant le récit d’une autre personne ou encore de l’histoire de France. Les récits lui servent de pré-texte. L’héroïsme des résistants a stimulé son engagement politique pour la France. Faisant l’éloge de Jacques Chaban-Delmas, il se positionne comme son héritier politique. Puis, Achille Peretti, Edouard Balladur et Jacques Chirac s’invitent dans son récit, lui donnant ainsi son premier rôle dans l’histoire collective. Militant depuis l’adolescence, fort d’une longue carrière politique, un nouveau paramètre intervient dans l’équation : « […] moi petit Français au sang-mêlé […] » (d1). Ce faisant, il prône l’ouverture, peut-être en préambule à l’immigration choisie. L’intrication du collectif et du récit personnel est encore remarquable dans le portrait de la France, avec l’anaphore « Ma France, c’est […] », puisque l’orateur s’approprie le pays (d1). À Perpignan, il commence son discours en soulignant son rapport intime à la Catalogne, une seconde patrie pour sa famille (d2)27. À Clermont-Ferrand, il répond aux attaques, arguant de la vie de Pompidou, la façon dont il a été vilipendé, évoquant ainsi les attaques qu’il subit durant cette campagne (d3).

Récit citoyen (et faits divers) 

25Quand le candidat justifie son changement par l’expérience et les sentiments, dans un récit personnel, il fait sans cesse le lien avec les citoyens. Il n’évoque pas de mesure politique, concernant un programme éventuel, il énonce des faits divers : la vie des ouvriers, le mari d’une jeune femme tuée. Nicolas Sarkozy se met à la place des citoyens français. La compassion le guide dans sa mutation et son action politique : « j’ai changé parce que […] » et « j’ai changé quand […] » (d1). Les anecdotes servent d’arguments et d’exemples. Les situations doivent être simples et les caractères connus, afin que les exemples soient compris. Ainsi, dans le passage sur l’autorité, nous découvrons le délinquant, la victime, les intellectuels, « celui qui ne se lève pas le matin pour aller travailler », « celui qui se lève tôt et qui travaille dur », le fraudeur, etc. (d2). À Clermont-Ferrand, le politique cite une réussite, celle de Michelin, une réussite individuelle ayant contribué au collectif. Cet exemple sollicite l’imaginaire commun, en permettant de valoriser le territoire et ses habitants, acteurs des usines. Dans un autre récit, Nicolas Sarkozy fait l’apologie de l’agriculteur. Il nourrit la France, transmet les traditions de son pays et par là même, une partie de l’Histoire de la nation. Ici, une partie du peuple participe au discours, voire à l’écriture de l’Histoire (d3).

Barack Obama : campagne à l’élection présidentielle de 2008

26Trois discours ont également été choisis. Tout d’abord, celui de la convention du parti démocrate, durant lequel le candidat s’adresse à sa famille politique, à Denver, Colorado, le 28 août 2008 (d1). Ensuite, nous avons sélectionné un discours prononcé dans un État dit tangent, à Dayton, Ohio, le 9 septembre 2008 (d2). Le dernier discours est prononcé la veille du vote dans un État qui a voté républicain à l’élection précédente, à Manassas, Virginie, le 3 novembre 2008 (d3). Le discours de la convention et celui de Dayton sont de longueur quasi équivalente, celui de Manassas est plus court.

Analyse par Tropes

  • 28 0 % (d2) ; 1,2 % (d1).

27Nous observons le style, la mise en scène et les catégories fréquentes (verbes, connecteurs, modalisations, adjectifs, pronoms). Le style est majoritairement argumentatif, à l’instar de Nicolas Sarkozy. Concernant la mise en scène, pour les trois discours, on remarque une prise en charge à l’aide du « je », donc une omniprésence de l’orateur. Cette mise en scène est une fois prise en charge par le narrateur, avec des verbes qui permettent de réaliser une déclaration sur un état, une action, mais deux fois ancrée dans le réel, avec des verbes des familles être et avoir. On observe une majorité de verbes statifs, qui constatent, dénoncent, variant entre 37 % (d3) et 42 % (d2). Les modalisateurs de manière sont les plus utilisés variant entre 14,5 % (d1) et 20,3 % (d2). On remarque l’absence de modalisateur de doute. Au niveau des connecteurs, on note une majorité de connecteurs de temps, essentiels dans le discours de promesses, un discours qui projette des actions, puis des connecteurs de condition, servant à articuler le raisonnement et à s’engager dans le futur. Il est intéressant de noter que les connecteurs de but sont très peu utilisés28. Les connecteurs d’opposition sont extrêmement présents dans le discours de Dayton, à hauteur de 17 %, afin de comparer et dénoncer. Contrairement à Nicolas Sarkozy, les adjectifs objectifs sont les plus utilisés, entre 55,3 % (d1) et 65,2 % (d3). Concernant les pronoms, nous notons que dans deux discours sur trois, le pronom « nous » est plus important que le « je ». Le pronom « nous » dépasse le « je » de 17 % dans le discours de Dayton (d2). L’usage du « nous » montre qu’Obama veut rassembler, qu’il est avec le peuple.

Analyse des récits

28Dans ce corpus, les histoires sont très présentes. Dans le discours de la convention, Obama raconte un récit collectif, la promesse américaine, dans celui de Dayton, il narre sa propre vie, et dans celui de Manassas, il énonce une anecdote citoyenne. Ce qui importe n’est pas la hiérarchie, ou savoir si le discours est majoritairement fait de récits collectif, personnel ou citoyen. Par ailleurs, il est ardu d’établir cette hiérarchie, car ces types d’histoires sont toujours enchevêtrés. C’est précisément ce que nous jugeons intéressant ici ; le fait que ces différents types de récits soient liés, pour former un cercle de la narration ou les sphères publiques et privées s’interpénètrent, où les récits se nourrissent les uns des autres.

Récit collectif

  • 29 Davis Guggenheim, « A Mother’s Promise », diffusé et mis en ligne le 28 août 2008 [En ligne] Site Y (...)

29Dans le discours de la convention démocrate, Barack Obama débute avec la promesse américaine, récit collectif, et titre de son discours, puis enchaîne avec la guerre d’indépendance. Ainsi, l’Histoire des États-Unis légitime ses raisons d’agir. La promesse a été véhiculée tout au long de l’Histoire, notamment par Martin Luther King, par les démocrates, Roosevelt et Kennedy, dont le candidat se revendique. Obama relie ce récit collectif à son histoire personnelle. La promesse américaine est celle que sa mère a tenue pour lui, et qu’à son tour il veut mener à bien pour ses propres enfants, promesse expliquée dans le film diffusé avant le discours, « La promesse d’une mère »29 (d1). À Dayton, le candidat cite en exemple des noms qui ont contribué à l’éducation aux États-Unis, prenant part à l’histoire collective, tels que Lincoln. Obama fait ensuite référence à des réussites proprement américaines, connues de tous, comme les frères Orville ou Bill Gates (d2).

Récit personnel

30La famille de Barack Obama est omniprésente dans ses discours. Au début du discours de la convention, il rappelle ses origines familiales américaine et kényane. Sa famille est liée au récit collectif, exemple typiquement américain. Son grand-père a combattu auprès de Patton, sa mère a fait des études et a énormément travaillé, tout comme sa grand-mère qui, malgré les diplômes, a subi la discrimination, mais a toujours persisté. Les récits personnels facilitent le traitement des sujets collectifs, ce sont là aussi des pré-textes. Le récit de la maladie de sa mère fait aborder la réforme de la santé (d1). Le discours de Dayton sur l’éducation, commence par le récit de la rentrée des classes de ses filles. Obama explique que l’éducation de l’école l’a construit. Sa femme l’accompagne toujours, il parle de leur éducation, responsable de leur réussite (d2).

Récit citoyen

  • 30 Notre traduction de : « Fired Up, ready to go ! ».

31À Denver, Obama parle des citoyens et décrit leurs difficultés, sans les nommer. Comme Nicolas Sarkozy, il énumère les membres du collectif : une femme d’Ohio, un homme d’Indiana, des Vétérans, des familles, hommes, femmes, gays (d1). Il réitère à Manassas, parlant du PDG, de la secrétaire, du propriétaire (d3). Les récits citoyens et personnels sont liés. À Manassas, Obama remercie à deux reprises les citoyens d’avoir partagé leurs histoires avec lui (d3). Parfois, il met un citoyen en valeur. À Manassas, le candidat raconte sa rencontre avec une citoyenne lors d’un meeting à Greenwood. Il mélange un récit personnel, une expérience de campagne, et le récit de vie d’une citoyenne. Il ne divulgue pas son identité, elle est conseillère municipale et détective privé. Cette femme crie « Réveillez-vous, on y va ! »30, éveillant une salle endormie et couvrant la voix d’Obama, surpris. L’atmosphère est soudainement survoltée et le candidat transporté. L’histoire est celle d’Edith Child, arrivée trop tard dans la campagne pour être exploitée. Elle deviendra pourtant centrale dans la stratégie de communication de la campagne de 2012.

Conclusion

  • 31 29,7 % contre 23,3 % chez Obama.

32Le récit contribue à la transmission et à la construction de l’identité. La dialectique entre l’individu et le collectif montre que l’identité est au cœur et aussi le résultat d’un cercle de la narration. Barack Obama raconte sa propre vie avec force détails pour faire le lien avec le récit collectif, et traiter de sujets qui touchent au collectif ; quand Nicolas Sarkozy raconte le collectif pour faire le lien avec ses choix politiques, sa vie, en insistant sur ses sentiments. Le Français utilise d’avantage l’Histoire nationale et ne raconte que très peu sa vie personnelle. Pourtant, il est celui qui utilise le plus le pronom « je », dans un style très égocentré31. Et si Obama raconte d’avantage sa vie personnelle, il est celui qui utilise le plus le pronom « nous » avec en moyenne 27 % contre 6 % chez le Français. La façon de se mettre en avant et de raconter le collectif est différente. On peut supposer qu’Obama se livre d’avantage et soit plus transparent, car sa vie privée est plus simple que celle de Nicolas Sarkozy, alors divorcé, puis remarié à la femme dont il a célébré le mariage en tant que maire de Neuilly, visant néanmoins un électorat conservateur.

33Les récits sont toujours entremêlés. Ce cercle de la narration, dans lequel les récits se nourrissent mutuellement, est une métaphore de l’identité et de l’ethos. Nous considérons le storytelling comme une rencontre narrative, durant laquelle des histoires se croisent pour faire sens. La rencontre doit aboutir par un vote en faveur du politique. L’orateur utilise des récits collectifs, familiers des citoyens. Grâce aux histoires, le politique communique sur les identités et peut fabriquer son ethos. Racontant les citoyens et sa propre vie, le politique conte l’histoire nationale et vice-versa. Le cercle de la narration permet alors au candidat d’aller à la rencontre du pays, son Histoire et son identité plurielle et mouvante.

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Bibliographie

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Bruner Jerome, Pourquoi nous racontons-nous des histoires ?, Paris, Retz Éds, 2002, 112 p.

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De Fina Anna, Schiffrin Deborah et Bamberg Michael, Discourse and Identity, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, 474 p.

Delporte Christian, La France dans les yeux. Une histoire de la communication politique de 1930 à nos jours, Paris, Flammarion, 2007, 490 p.

Lakoff George, Thinking Points, Communicating Our American Values and Vision, New York, Farrar, Straus and Giroux, 2006, 176 p.

Mayaffre Damon, Nicolas Sarkozy, Mesure et démesure du discours, 2007/2012, Paris, Sciences Po Presses, 2012, 347 p.

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Xibberas Martine, « Mythe et processus d’identification individuelle et collective », dans Monneyon Frédéric et Mouchtouris Antigone (sous la dir. de), Des mythes politiques, Paris, Éditions Imago, 2010, 208 p.

Discours de Barack Obama

« The American Promise », Convention démocrate, Denver, le 28 août 2008. [En ligne] Obamaspeeches.com [Page consultée le 12/05/13] Disponibilité et accès http://obamaspeeches.com/E10-Barack-Obama-The-American-Promise-Acceptance-Speech-at-the-Democratic-Convention-Mile-High-Stadium--Denver-Colorado-August-28-2008.htm

Dayton, le 9 septembre 2008 [En ligne] Presidentialrhetoric.com [Page consultée le 12/05/13] Disponibilité et accès http://www.presidentialrhetoric.com/campaign2008/obama/09.09.08.html

Manassas, le 3 novembre 2008. [En ligne] Obamaspeeches.com [Page consultée le 12/05/13] Disponibilité et accès http://obamaspeeches.com/E-Barack-Obama-Speech-Manassas-Virgina-Last-Rally-2008-Election.htm

Discours de Nicolas Sarkozy

Porte de Versailles, le 14 janvier 2007. [En ligne] Site viepublique.fr [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://discours.vie-publique.fr/notices/073000153.html http://discours.viepublique.fr/notices/073000153.html

Perpignan, le 23 février 2007. [En ligne] Site viepublique.fr [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://discours.vie-publique.fr/notices/073000743.html

Clermont-Ferrand, le 27 avril 2007. [En ligne] Site viepublique.fr [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://discours.vie-publique.fr/notices/073001621.html

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Notes

1 Paula Cossart, Le meeting politique, Rennes,Presses Universitaires de Rennes, 2010, 325 p.

2 Christian Delporte, La France dans les yeux. Une histoire de la communication politique de 1930 à nos jours, Paris, Flammarion, 2007, 490 p.

3 Christian Salmon, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris, La Découverte, 2007, 247 p.

4 Tropes, 1984, [En ligne] Site du logiciel Tropes [Page consultée le 12/06/2014] Disponibilité et accès http://www.tropes.fr/

5 Marc Marti et Nicolas Pélissier (dir.), Tension narrative et storytelling. En attendant la fin, Paris, L’Harmattan, 2013, 148 p.

6 Jean-Michel Adam, Le récit, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1996, p. 10.

7 Ibid., p. 12.

8 Ibid., p. 17.

9 Jerome Bruner, Pourquoi nous racontons-nous des histoires ?, Paris, Retz Éds, 2002, p. 76-77.

10 George Lakoff, Thinking Points, Communicating Our American Values and Vision, New York, Farrar, Straus and Giroux, 2006, p. 129.

11 Bruner, op. cit., p. 27.

12 Notre traduction de : « But let me tell you how I came to be here. As most of you know, I am not a native of this great state. I moved to Illinois over two decades ago. I was a young man then, just a year out of college ; I knew no one in Chicago, was without money or family connections. But a group of churches had offered me a job as a community organizer for $ 13,000 a year. And I accepted the job, sight unseen, motivated then by a single, simple, powerful idea - that I might play a small part in building a better America », dans Barack Obama, le 10 février 2007, à Springfield, Illinois. [En ligne] Obamaspeeches.com [Page consultée le 12/05/13] Disponibilité et accès http://obamaspeeches.com/099-Announcement-For-President-Springfield-Illinois-Obama-Speech.htm

13 Nicolas Sarkozy, le 27 avril 2007, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. [En ligne] Site viepublique.fr [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://discours.vie-publique.fr/notices/073001621.html

14 Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007, Congrès de l’UMP, Paris. [En ligne] Site viepublique.fr [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://discours.vie-publique.fr/notices/073000153.html

15 Anna De Fina, Deborah Schiffrin et Michael Bamberg, Discourse and Identity, Cambridge University Press, 2006, p. 2.

16 Patrick Charaudeau, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris, Vuibert, 2005, p .88.

17 Martine Xibberas, « Mythe et processus d’identification individuelle et collective », dans Frédéric Monneyron et Antigone Mouchtouris (sous la dir. de), Des mythes politiques, Paris, Éditions Imago, 2010, p. 18.

18 Ibid.

19 En 2002, cette région vote majoritairement au premier tour pour Le Pen avec 22,33 % et Jospin arrive second avec 16,20 %. Chirac gagne au second tour avec 75,54 %. Source : [En ligne] Site Politiquemania.com, [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://www.politiquemania.com/presidentielles-2002-region-languedoc-roussillon.html

20 En 2002, au premier tour, dans le Puy-de-Dôme, Chirac arrive premier et Jospin second avec respectivement 18,96 % et 16,99 %. Au second tour, Chirac gagne avec 87,05 %. Source : [En ligne] Site Politiquemania.com, [Page consultée le 29/08/12] Disponibilité et accès http://www.politiquemania.com/presidentielles-1995-departement-puy-de-dome.html

21 « Les connecteurs (conjonctions de coordination et subordination, locutions conjonctives) relient des parties de discours par des notions de condition, cause, but, addition, disjonction, opposition, comparaison, temps, lieu », dans Manuel de Tropes version 8.4, p. 52.

22 « Les modalisations (adverbes ou locutions adverbiales) permettent à celui qui parle de s’impliquer dans ce qu’il dit, ou de situer ce qu’il dit dans le temps et dans l’espace, par des notions de temps, lieu, manière, affirmation, doute, négation, intensité », Ibid.

23 Damon Mayaffre, Nicolas Sarkozy, Mesure et démesure du discours, 2007/2012, Paris, Presses de Sciences Po, 2012, p. 29.

24 Ibid., p. 304.

25 Ibid., p. 306.

26 Alexandre Eyriès, « Henri Guaino, storyteller sarko-gaullien. Psychosociologie d’un conseiller spécial », dans Marc Marti Nicolas Pélissier (sous la dir. de), Tension narrative et storytelling. En attendant la fin, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 73-86.

27 « Oui je suis heureux d’être avec vous ce soir, dans ce Sud que j’aime tant, si près de l’Espagne à laquelle tant de choses vous lient et qui est pour ma famille presque une seconde patrie […] » (d2).

28 0 % (d2) ; 1,2 % (d1).

29 Davis Guggenheim, « A Mother’s Promise », diffusé et mis en ligne le 28 août 2008 [En ligne] Site Youtube [Page consultée le 17/03/14] Disponibilité et accès http://www.youtube.com/watch?v=x4LjHtwG5U4

30 Notre traduction de : « Fired Up, ready to go ! ».

31 29,7 % contre 23,3 % chez Obama.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Raphaële Galmisch, « Le Storytelling : cercle de la narration au service de l’ethos du leader »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 7 | 2015, mis en ligne le 30 septembre 2015, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/1627 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.1627

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Auteur

Raphaële Galmisch

Raphaële Galmisch est doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, à l’Université de Paris VIII, aux seins des laboratoires du CEMTI et du JILC. Elle enseigne la communication au CNAM – Paris. Mail : raphaele.galmisch@gmail.com

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