Khoury Stéphanie et Rannou Maël, Les Bibliothèques de proximité
Stéphanie Khoury, Maël Rannou, Les Bibliothèques de proximité, Clermont Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, coll. « L’opportunité », 2022, 62 p., ISBN : 978-2-38877-083-1.
Texte intégral
1Stéphanie Khoury, bibliothécaire et Maël Rannou, directeur des bibliothèques à la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême corédigent un court ouvrage visant à porter un regard analytique sur certaines missions rendues par les services des bibliothèques territoriales. Publié en 2022 aux presses universitaires Blaise Pascal, le livre appartient à la collection « l’opportunité » qui impose un format de 64 toutes petites pages. Trois chapitres ponctuent le texte. Le premier présente la variété des services assurés, le deuxième décrit l’évolution des usages et le troisième énumère les différents espaces hébergés dans les bibliothèques. Les auteurs présentent leur livre comme étant « […] aussi bien un résumé pour les profanes que d’une synthèse des débats et enjeux pour le passionné de politiques culturelles, rédigé en assumant la vision d’une bibliothèque engagée, nécessairement politique et ouverte aux diversités du monde » (p. 8).
2Dans le cadre de leur propos, ils font le choix de retenir le terme de « bibliothèque de proximité » pour signifier ce qui dans la profession est appelé « bibliothèque de lecture publique ». Ils relèvent que si la fonction documentaire reste centrale aux bibliothèques, d’autres missions protéiformes s’y sont ajoutées : actions culturelles, formations, rencontres communautaires, accès au numérique… ; ce qui fait que chaque bibliothèque développe une identité qui lui est propre et évolutive. Les auteurs rappellent que ces lieux sont les premiers espaces culturels publics en termes de fréquentation. Ils justifient les fonctions essentielles qu’elles assurent par-delà l’existence d’internet.
3Dans une première partie, les auteurs rappellent des textes fondamentaux : le manifeste sur la bibliothèque publique (IFLA, 2022), le code de la déontologie du bibliothécaire (ABF, 2020) et la loi Robert (2021) qui stipule que les bibliothèques « doivent garantir l’égal accès de tous à la culture, à l’information, à l’éducation, à la recherche, aux savoirs et aux loisirs ainsi que […] favoriser les développements de la lecture ». Ils extraient des données statistiques du rapport Orsenna et Corbin (2019) et dressent le profil des salariés - à 50 % cadre C et à 67 % féminin – et bénévoles qui y travaillent. Ils pointent combien il est complexe de comparer les moyens dont sont dotées les bibliothèques. Ils soulignent que les politiques détiennent un pouvoir majeur sur les acquisitions dont ils usent exceptionnellement. Ils seraient en droit de censurer ou d'imposer des titres.
4La deuxième partie se focalise sur les services rendus. Les auteurs rappellent que dans les représentations mentales de la bibliothèque, la fonction « d’antre de l’information » est première. Aujourd’hui, elle se combine avec des missions de formations souvent éclectiques (yoga, cuisine, code de la route…) et ce particulièrement avec l’avènement du numérique. Donner l’accès à Internet et accompagner les démarches administratives relèvent de leurs missions essentielles. Les auteurs relèvent que de nombreuses administrations n’accueillent plus que rarement au guichet, les administrés fragiles n’ont d’autres choix que de recourir aux salariés des bibliothèques. C’est aussi dans ces lieux que se tiennent des formations à la nécessaire éducation aux médias et à l’information.
5La troisième partie ouvre une perspective sur l’appropriation du lieu. Les auteurs dressent rapidement la façon dont le secteur jeunesse, et donc son public, ont investi les bibliothèques. À compter des années 1980, la notion de troisième lieu apparaît. Les auteurs énumèrent la diversité de ce qui se passe en son sein, citant les ludothèques mais aussi une fonction d’accueil des personnes sans domicile fixe. La gestion de ces espaces publics nécessite une réflexion politique sur l’amplitude des horaires d’ouverture mais aussi sur celle du respect des usagers dont les attentes divergent. Comment répondre tant à une demande d’accès à des espaces dédiés au silence, qu’à l’attente d’une utilisation dynamique d’un lieu d’expérience, comme l’accueil de scolaires ou de fablabs ?
6Les auteurs sont animés de convictions, celles des services essentiels que rendent les bibliothèques. L’argumentaire repose sur des sources récentes et fiables. Ils pointent la variété des services rendus et indiquent les freins qui limitent voire empêchent des équipes d’assurer leurs missions premières. Les bibliothécaires se voient submergées de nouvelles missions, comme l’accompagnement aux démarches administratives : « Les services de l’État […] se délestent vers des personnes non formées, au risque de mettre en difficultés les employés comme les usagers ». (p. 33).
7En très peu de pages, ils parviennent à brosser un état des lieux et poser les questions essentielles à la préservation de la fonction initiale des bibliothèques ; celle de permettre l’accès à des collections en adéquation avec le public. Cet ouvrage devrait figurer dans les lectures obligatoires de tout élu en charge de la culture.
Pour citer cet article
Référence électronique
Pascale Gossin, « Khoury Stéphanie et Rannou Maël, Les Bibliothèques de proximité », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 28 | 2024, mis en ligne le 31 mai 2024, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/15917 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ubw
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