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Émergences
Ethos, leader et charisme. La personnalisation du discours politique en Amérique(s) et en Europe

La construction de la figure des leaders

Ethos, identité et charisme en perspective comparée
Morgan Donot et Wander Emediato

Résumés

Cet article, qui joue le rôle d’introduction à ce dossier, s’interroge sur la construction de la figure des leaders et des leaderships et, notamment, sur le phénomène de la construction de l’image de soi qui semble dominer la scène politique actuelle. En effet, dans la majorité des pays du monde, les processus électoraux affrontent la réalité d’un croissant désalignement partisan des votants et une augmentation proportionnelle de la médiatisation de la politique. Cette nouvelle ère politique est symbolisée par la personnalisation croissante des politiciens, la fragilisation des partis politiques au profit de l’image des hommes et des femmes politiques. Dans ce cadre, il nous a semblé important de revenir dans ce dossier sur la construction de la figure des leaders et des leaderships dans les nouvelles scènes démocratiques contemporaines en mettant l’accent sur la problématique de l’ethos et du charisme dans toute sa complexité.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Champs / Flammarion, 1996.
  • 2 Christian Le Bart, L’ego-politique. Essai sur l’individualisation du champ politique, Paris, Armand (...)
  • 3 Patrick Charaudeau, Entre populisme et peopolisme. Comment Sarkozy a gagné, Paris, Vuibert, 2008.

1Les interrogations sur la construction de la figure des leaders et des leaderships sont d’autant plus d’actualité que, ces dernières années, tant dans les démocraties latino-américaines qu’européennes, de nombreux changements sont intervenus dans la vie politique : nous avons assisté au passage de la « démocratie des partis » à la « démocratie du public »1. Dans la majorité des pays du monde, les processus électoraux affrontent la réalité d’un croissant désalignement partisan des votants et une augmentation proportionnelle de la médiatisation de la politique. Dans ce nouveau contexte mondial, les identités partisanes ont perdu leur relative cohérence et leur homogénéité. Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle ère politique, symbolisée par la personnalisation croissante du personnel politique et par la médiatisation des sociétés. Les moyens de communication de masse ont un rôle de plus en plus déterminant dans la configuration de la scène politique et de nouveaux leaders apparaissent qui utilisent des médiations directes avec la population, sans intermédiaire partisan. Si la personnalisation de la politique n’est bien évidemment pas apparue de manière récente2, la médiatisation de la vie politique s’est considérablement accrue et apparaît symbolisée aujourd’hui par le phénomène de la « peopolisation » politique3. Dans ce cadre, il nous a semblé important de revenir dans ce dossier sur la construction de la figure des leaders et des leaderships dans les nouvelles scènes démocratiques contemporaines.

Le discours politique et la problématique du leader

2C’est par le biais de l’analyse des discours politiques que nous avons fait le choix d’étudier la construction de la figure des leaders. En effet,

  • 4 Patrick Charaudeau, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris, Vuibert, 2005, p. 31.

« [l]e discours politique n’est pas le tout du politique, mais il n’est pas de politique sans discours politique. Celui-ci est constitutif de celui-là. La politique relève de l’action, et le langage est ce qui motive l’action, l’oriente et lui donne du sens. […] L’action politique et le discours politique sont indissolublement liés, ce qui justifie du même coup l’étude du politique par son discours »4.

3Dans cette perspective, le discours politique n’est pas restreint à la parole des hommes et des femmes politiques dans l’exercice de leurs fonctions, mais englobe tant les productions discursives des politiciens que toutes celles ayant trait au politique, en tant que champ dans lequel les rapports sociaux sont régulés par une autorité établie, structurant un ordre fondé sur la recherche d’un consensus.

  • 5 Michel Pêcheux, L’inquiétude du discours, textes choisis et présentés par Denise Maldidier, Paris, (...)
  • 6 Dominique Maingueneau, Les termes clés de l’analyse du discours, Paris, Éditions du Seuil, coll. Po (...)

4De plus, en nous inspirant du courant de l’analyse du discours dite française, nous accordons au contexte un rôle déterminant dans la formation du sens, c’est-à-dire que « le lien qui relie les “significations” d’un texte aux conditions socio-historiques de ce texte n’est nullement secondaire, mais constitutif des significations elles-mêmes »5. Ainsi, si le discours est une activité conditionnée par le contexte, c’est aussi en soi une pratique sociale qui transforme ce même contexte6. Il apparaît donc nécessaire de prendre en compte les conditions dans lesquelles s’exerce la parole des hommes et des femmes politiques, ainsi que la manière dont elle est professée, dès lors qu’ils leur incombent de construire leur communauté et de lui donner un sens.

  • 7 Ernesto Laclau, La raison populiste, Paris, Seuil, 2008 [2005], p. 78.
  • 8 Op. cit., p. 8.
  • 9 Christian Le Bart, « Métier politique et ubiquité : l’art d’être là », dans Christian Le Bart et Ré (...)
  • 10 Jean-Claude Monod, Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? Politiques du charisme, Paris, Seuil, L’ord (...)

5En accord avec Ernesto Laclau, on peut avancer que « [l]a nécessité d’un meneur existe toujours »7, et donc d’un leader. C’est ainsi que dans le cadre d’une personnalisation accrue du pouvoir politique, l’égotisme en politique acquiert une centralité nouvelle, ce qui amène Christian Le Bart à définir « l’ego politique », comme « une politique qui met en scène des individus plus que des institutions, qui valorise les ressources individuelles plus que les ressources collectives, qui accorde à la singularité autant d’importance qu’à l’exemplarité »8. Cela renvoie à la tension constitutive au sein de la démocratie représentative de la relation entre les gouvernants et les gouvernés caractérisée par deux logiques contraires : « une logique de proximité qui oblige les premiers à demeurer au contact et à l’écoute des seconds, une logique de distanciation qui les invite au contraire à se maintenir éloignés des simples citoyens »9. La prédominance, ou tout au moins la place centrale, de la première vis-à-vis de la seconde modifie profondément les règles du jeu démocratique, la manière de représenter, de mettre en images et en récits la et les politiques. Ces nouvelles règles entraînent la mise en exergue des figures politiques – à commencer par le chef de l’exécutif –, de leurs vies privées, de leurs réussites et même de leurs échecs, donnant naissance à une « exibo-cratie »10 nécessitant une mise en scène continue et renouvelée de l’ego des gouvernants.

  • 11 Leonor Arfuch, « Biografía y política », Punto de Vista, n° 47, 1993, p. 18.
  • 12 Jean-Michel Blanquer et Isidoro Cheresky, « Introducción », dans Jean-Michel Blanquer et Isidoro Ch (...)
  • 13 Isidoro Cheresky, Poder presidencial, opinión pública y exclusión social, Buenos Aires, Manantial, (...)

6« La passion biographique, cette attraction qu’exerce le récit de vies propres ou lointaines, est l’une des caractéristiques essentielles de notre expérience contemporaine »11. En effet, dans les démocraties contemporaines, nous assistons à une redéfinition de la frontière entre l’espace privé et l’espace public, ainsi qu’entre les canaux de demande et d’offre entre ces deux espaces12. Les transformations récentes de la vie politique ont donné naissance à un type de leaders particuliers, les « leaderships de popularité »13 qui se différencient des autres leaderships populistes ou simplement traditionnels par leur capacité de créer ou de recréer un lien représentatif. C’est-à-dire que les leaderships de popularité contemporains s’appuient sur un lien direct avec l’opinion, avec peu de médiations institutionnelles. Et quelle meilleure manière d’y parvenir qu’à travers une mise en scène constante de leurs figures politiques ?

L’ethos ou l’image de soi dans le discours, une notion multidimensionnelle

  • 14 « De fait, […] il ne faut pas poser que, dans la technique rhétorique, la disposition éthique de l’ (...)
  • 15 Ruth Amossy, « L’éthos et ses doubles contemporains. Perspectives disciplinaires », Langage & socié (...)
  • 16 Pour plus d’informations, se reporter à Ruth Amossy (dir.), Images de soi dans le discours. La cons (...)

7Le thème de la construction d’une image de soi occupe une place prépondérante tant dans les interactions de la vie quotidienne que dans la pratique publique ou professionnelle, et les problèmes inhérents à sa conceptualisation divisent les chercheurs, et ce depuis Aristote, l’ethos étant un terme emprunté à la rhétorique antique. En effet, selon la trilogie aristotélicienne, le logos et le pathos font partie, avec l’ethos, des trois preuves inhérentes au discours, mais l’auteur de la Rhétorique ajoute que parmi ces trois preuves l’ethos correspond au « moyen de persuasion le plus puissant »14. Cette notion – sous des appellations souvent différentes – est l’objet d’innombrables travaux que ce soit dans les sciences du langage ou plus largement dans les sciences sociales et humaines, attestant d’« un même intérêt porté à la production d’une image de soi dans la communication verbale et non verbale »15. Notre objectif n’est pas ici de revenir sur le parcours théorique de cette notion16, mais de présenter la conception qui est la nôtre pour analyser la construction de la figure des leaders et des leaderships dans le discours à destination des médias et de publics spécifiques.

  • 17 La représentation de la personne du locuteur antérieure à sa prise de parole est parfois nommée eth (...)
  • 18 Dominique Maingueneau, « Ethos, scénographie, incorporation », dans Ruth Amossy, op. cit., 1999, p. (...)
  • 19 Op. cit., 2002, p. 58.
  • 20 Op. cit., 2005, p. 88.
  • 21 Ruth Amossy, « L’ethos au carrefour des disciplines : rhétorique, pragmatique, sociologie des champ (...)

8Tout d’abord, il faut prendre en compte l’aspect multidimensionnel de la présentation de soi. En premier lieu, la notion d’ethos renvoie tant aux données préalables ou prédiscursives de l’orateur17, c’est-à-dire à son rôle, à son statut institutionnel, entre autres, qu’aux données discursives, c’est-à-dire à l’image de lui-même qu’il construit dans son discours. Sur ce point, il convient de souligner que seul l’ethos discursif correspond à la définition qu’en donne Aristote18. D’ailleurs, Dominique Maingueneau considère que la distinction entre ces deux ethos n’est pas pertinente dans l’absolu, tout en reconnaissant qu’« il en va autrement dans le domaine politique, par exemple, où la plupart des locuteurs, constamment présents sur la scène médiatique, sont associés à un type d’ethos que chaque énonciation peut confirmer ou infirmer »19. En deuxième lieu, l’ethos n’est pas une propriété exclusive de celui qui parle, il est à la croisée d’interactions multiples. Ainsi, pour Patrick Charaudeau, « l’ethos est affaire de croisement de regards : regard de l’autre sur celui qui parle, regard de celui qui parle sur la façon dont il pense que l’autre le voit »20. C’est pourquoi une analyse des images de l’orateur dans le discours se doit de prendre en compte la situation de communication, l’énonciation et la représentation préalable de l’orateur, afin de voir comment se met en place un ethos qui doit contribuer au caractère persuasif de l’argumentation. En troisième lieu, cette notion est liée aux imaginaires d’une société, aux représentations qui la structurent. Pour que les images de l’orateur soient reconnues par l’auditoire, qu’elles apparaissent comme légitimes, « il faut qu’elles soient en prise sur une doxa, c’est-à-dire qu’elles s’indexent sur des représentations partagées. Il faut qu’elles puissent être rapportées à des modèles culturels prégnants »21.

  • 22 Op. cit., 1999, p. 82-83.
  • 23 Op. cit., 2002, p. 64.
  • 24 Ibid.
  • 25 Ibid., p. 65.

9Pour compléter cette première esquisse, nous pouvons nous référer aux travaux de Dominique Maingueneau qui propose d’analyser l’ethos discursif à travers trois scènes : la « scène englobante », la « scène générique » et la « scénographie »22. La première « donne son statut pragmatique au discours, elle l’intègre dans un type »23, en l’occurrence le discours politique ou le discours journalistique. La seconde « est celle du contrat attaché à un genre ou un sous-genre de discours »24, ce qui peut renvoyer par exemple au genre discours politique présidentiel dans un contexte démocratique, avec ses lois et ses invariants. La dernière correspond à la scénographie qui n’est pas imposée par le genre de discours, au contraire elle est le produit d’une construction. « La scénographie est ainsi à la fois ce dont vient le discours et ce qu’engendre le discours ; elle légitime un énoncé qui, en retour, doit la légitimer, doit établir que cette scène dont vient la parole est précisément la scène requise pour énoncer dans telle circonstance »25. Ainsi, le choix de la scénographie relève, en partie du moins, du libre arbitre des politiques. Cependant, il faut relativiser cette liberté du locuteur pour choisir sa scénographie, les images de sa personne qu’il pense les plus adéquates, puisque pour que ces images soient effectives, qu’elles servent les buts de l’échange, il faut qu’elles soient acceptées par l’auditoire qui les reconnaît comme légitimes.

  • 26 Ibid., p. 59.
  • 27 Christian Plantin, Les bonnes raisons des émotions. Principes et méthode pour l’étude de la parole (...)
  • 28 Dominique Maingueneau, op. cit., 2002, p. 65.

10Il faut également prendre en compte le fait que « la notion d’ethos renvoie à des choses très différentes selon qu’on considère le point de vue du locuteur ou celui du destinataire : l’ethos visé n’est pas nécessairement l’ethos produit. […] Les échecs en matière d’ethos sont monnaie courante »26. L’ethos apparaît donc comme une notion multidimensionnelle, amenant à prendre en compte l’ethos préalable et l’ethos discursif que l’on peut lui-même subdiviser en ethos explicite et ethos implicite27 ou ethos dit et ethos montré28. L’ethos explicite ou dit correspond aux déclarations sur lui-même du locuteur que cela soit de manière directe ou indirecte, alors que l’ethos implicite ou montré doit être reconstruit à partir de marques discursives, toutes ces dimensions pouvant d’ailleurs entrer en contradiction les unes avec les autres.

Ethos, identité et charisme : quels rapports ?

11Lorsqu’on s’intéresse à la problématique de l’image de l’homme politique, c’est à l’ensemble du domaine politique qu’on est convoqué à penser. Or, l’ethos n’est pas qu’un artifice mis en scène dans le but de persuader un électorat en perte de rationalité, indifférent au logos et soumis à un pathos réduit aux passions primitives (la peur, la haine, la fascination, etc.). Il nous semble que la problématique de la construction de l’image de soi dans le domaine du politique reste encore ancrée, d’une part, sur une rhétorique vue comme techné, ce qui renvoie à la rhétorique des anciens. D’autre part, la construction de l’image de soi s’ouvre sur des problématisations plus complexes, renvoyant à des aspects psychosociologiques et discursifs. Des concepts tels que représentation, imaginaire social, identité, voire charisme, parmi d’autres, rendent à la problématique de l’ethos sa complexité et justifient son renouvellement dans le cadre de l’analyse du discours.

  • 29 Dominique Maingueneau, op. cit., 1999.
  • 30 Patrick Charaudeau, op. cit., 2005.
  • 31 Dominique Maingueneau, « Hyperénonciateur et particitation », Langages, 2004, n° 156, p. 111-126.

12Le concept de représentation qui nous semble ici intéressant correspond à la représentation de « mondes éthiques »29 et également à celle qui permet à Charaudeau de proposer une réflexion propre sur les « imaginaires socio-discursifs »30. Pour l’analyse du discours, il est donc intéressant d’élargir l’étude de l’ethos au-delà de la conception classique de « preuve » capable de susciter la confiance de l’auditoire pour la problématiser dans le domaine des représentations de valeurs circulant dans l’espace social à propos des aspects éthiques et de la présentation de soi dans le discours. Ce revient donc à problématiser l’ancrage psycho-social de l’ethos à l’intérieur de ces « mondes éthiques » qui font semblant de légitimer, comme une sorte d’« hyperénonciateur »31, l’image de soi opérant dans un échange quel qu’il soit. L’ethos gagne ainsi un statut bien plus large dans l’analyse du discours, car il ne se réduit plus à une preuve rhétorique et à l’argumentation. C’est une composante de base de tout échange communicatif.

13Dans une conception large de la problématique de la (ré)présentation de soi dans le discours, le concept d’identité pourrait être aussi l’un de ces concepts « nomades » dont a parlé Sophie Moirand lors du Colloque international sur le Discours politique en Amérique latine, organisé par l’association ADAL (Analyse des Discours de l’Amérique Latine)32. Un concept transversal auquel s’intéressent plusieurs disciplines des Sciences de l’Homme. Mais quels rapports entre l’identité et l’ethos ? Ce rapport n’est pas simple à cerner du fait de la complexité propre au concept d’identité. Mais lorsqu’on parle, par exemple, d’un ethos prédiscursif lié au statut social du sujet, le concept d’identité intervient, ainsi que les représentations socio-discursives attachées aux rôles sociaux. De plus, l’image de soi n’est pas indifférente à l’identité de la personne de par plusieurs dimensions (âge, groupe social, ethnie, classe, genre, profession, etc.). Pour ce qui est de l’analyse du discours, Amossy33 a bien discuté du rapport entre la présentation de soi et l’identité verbale. En effet, pour cette auteure, le rapport entre l’ethos et la présentation de soi se construit tout au long d’une traversée des disciplines. D’une part, on peut mentionner des versants néo-rhétoriques dont la base est la rhétorique d’Aristote car « il s’agit de voir comment un candidat électoral doit se présenter pour augmenter ses chances […] ou encore comment l’image que nous projetons de notre personne peut faire pencher la balance en notre faveur »34. D’autre part, « une seconde tendance ne s’arrête pas aux objectifs déclarés d’autopromotion ou de persuasion. Elle considère que la présentation de soi fait partie intégrante des rites d’interactions qui caractérisent la vie quotidienne »35. Cette dernière tendance s’attache aux études sociologiques d’Erving Goffman. Les réflexions développées par l’analyse du discours semblent évoluer à partir de ces deux versants, rhétoriques et sociologiques, pour les approfondir en étendant le problème de la présentation de soi, et donc de l’ethos, à tous les discours qui circulent dans l’espace social, comme le fait Maingueneau.

14Le concept de charisme, pour sa part, apporte d’autres éléments, jusqu’alors assez peu problématisés en analyse du discours, pour comprendre la force exercée par des individus sur les autres. Le concept, d’origine religieuse chrétienne, fait référence à un don exceptionnel accordé par Dieu à la personne (la Grâce), don qui est acquis pour le bien de tous. Le charisme serait ainsi une forme particulière que prend le Saint-Esprit. Du grec kharisme, il peut signifier don, grâce, faveur, bienfait.

15Par extension, on trouvera aussi dans certains dictionnaires la définition du charisme comme un talent ou une force que semble posséder quelqu’un capable de susciter l’adhésion et la fascination d’un grand nombre de personnes. L’exceptionnalité du charisme semble être l’une de ses caractéristiques car il serait propre à certains individus et non à tous. La Grâce divine serait donc sélective.

16Le Trésor de la Langue Français Informatisé (tlfi) indique trois domaines de définition du terme : le domaine d’une définition stricto sensu (religieuse) et deux domaines de définition par extension (politique et littéraire) :

  1. « A.− THÉOL. Don surnaturel extraordinaire octroyé à un croyant ou à un groupe de croyants, pour le bien commun de la communauté.

  2. B.− P. ext. 1. Domaine de la sociologie politique. Autorité, fascination irrésistible qu’exerce un homme sur un groupe humain et qui paraît procéder de pouvoirs (quasi) surnaturels.

  3. C. Domaine littéraire. Don, inspiration qui pousse irrésistiblement à la création ».

17On doit à Max Weber (1864-1920) le développement du concept dans les sciences sociales. Pour l’auteur, le charisme est :

  • 36 Max Weber, Économie et Société, Paris, Pocket, 1995, p. 320.

« la croyance en la qualité extraordinaire […] d’un personnage, qui est, pour ainsi dire, doué de forces ou de caractères surnaturels ou surhumains ou tout au moins en dehors de la vie quotidienne, inaccessible au commun des mortels ; ou encore qui est considéré comme envoyé par Dieu ou comme un exemple, et en conséquence considéré comme un “chef” »36.

  • 37 Jean-Martin Ouedraogo, « La réception de la sociologie du charisme de Max Weber / The Acceptance of (...)

18Weber doit sa conceptualisation du charisme à la tradition théologique et chrétienne à travers laquelle il constitue son point de vue sociologique. Pour Ouedraogo (1993), « ce qui sera ultérieurement dénommé de ‘type idéal de charisme’ sera le résultat d’une élaboration se situant dans le sillage de travaux d’historiens du christianisme de confession protestante : R. Sohm et K. Holl. Weber tire profit du travail théologique et historique de ce duo »37. Ouedraogo souligne que Weber part particulièrement de l’interprétation que fait Sohm des références bibliques, notamment de Saint Paul, ce qui lui permet de voir le charisme comme un phénomène relationnel servant de base à une structure de domination, en particulier lorsqu’il s’agit du monde profane, comme pour l’État ou les institutions. Weber reprend les notions de soumission et d’ordre, déjà présentes chez Sohm, et élabore sa conceptualisation du charisme comme phénomène relationnel en les mettant en rapport avec sa notion de domination (Herrschaft). Cela permet à Weber de développer la notion dans une perspective sociologique, ce qui pour Ouedraogo est décisif :

  • 38 Ibid., p. 142.

« Weber met en évidence une dimension de la relation qui est d’une importance décisive du point de vue sociologique : la constitution autour du porteur de charisme d’un cercle de disciples (Gefolgschaft) qui se sent également doté d’une grâce. Premier cercle de suiveurs qui forme avec le chef une “communauté émotionnelle” »38 .

19Cette dévotion des suiveurs au chef charismatique serait libre et de l’ordre de l’amour, du dévouement à une révélation, de l’adoration d’un « héros », de la confiance vis-à-vis du chef. On voit bien ici que le rapport entre charisme et ethos, proposé par Charaudeau, est bien fondé sur certains aspects déjà présents chez Weber, comme la confiance dans la personne du chef, d’une part, et l’identification à ses « dons », de l’autre. Le problème de l’ethos d’identification, soulevé par Charaudeau, semble d’ailleurs s’harmoniser avec la problématique des charismes spécifiques présents dans l’œuvre de Weber.

  • 39 Régis Dericquebourg, « Max Weber et les charismes spécifiques », Archives de sciences sociales des (...)

20Pour mieux cerner ce problème, prenons le travail de Dericquebourg39, qui présente une réflexion intéressante sur les charismes spécifiques chez Weber en partant de la lecture de l’auteur d’Économie et Société. Au-delà des deux charismes traditionnellement traités par Weber – le charisme prophétique, personnel et le charisme de fonction, impersonnel, institutionnel – objets courants de réflexion chez ses commentateurs, Dericquebourg traite d’un troisième type de charisme chez Weber, qui échappe aux précédents, les charismes spécifiques :

  • 40 Ibid., p. 22.

« Weber souligne l’existence d’un charisme qu’il dit spécifique et qu’il nomme le charisme de la foi. Dans ce cas, il n’évoque ni le charisme du prophète, ni le charisme institutionnel détenu par un clerc, mais un charisme qui semble spécifier une qualité ou une capacité particulière reconnue à son porteur. Dans le même ordre d’idée, on trouve aussi sous sa plume, le charisme de la bonté, le charisme de la raison, le charisme du savoir-faire, le charisme de l’esprit et du goût, le charisme de la chasteté, le charisme de la vertu, le charisme de la certitude du salut, le charisme de l’illumination qui ne sont pas qualifiés de spécifiques par l’auteur mais que nous pouvons considérer comme tels car ils correspondent au même souci de spécification que le charisme de la foi »40.

  • 41 Ibid.

21Le charisme spécifique, pour l’auteur, « fonde une virtuosité dans un domaine de l’action quotidienne plus que dans l’extra-quotidienneté du charisme prophétique »41 et, pour cela, il ne serait pas forcément lié à la légitimation d’une domination, mais il serait utile à l’interprétation des activités sociales.

  • 42 Patrick Charaudeau, op. cit., 2005.

22On voit bien que cela rend plus complexe la notion de charisme et permet de la rapprocher de la notion d’ethos tel que le propose Charaudeau42, au moins en ce qui concerne le discours politique. Or, Charaudeau propose de distinguer deux types d’ethos dans le discours politique : l’ethos de crédibilité et l’ethos d’identification : le premier est fondé sur un discours de la raison (se présenter comme sérieux, rationnel, honnête et compétent) ; le second est fondé sur l’affect (se présenter comme puissant, courageux, intelligent, humain, solidaire, ou comme un chef ou un prophète, attaché à la famille, à la tradition, etc.).

  • 43 Mikhail Bakhtine, Marxisme et philosophie du langage, Paris, Éditions de Minuit, 1977.

23Quoi qu’il en soit, il serait important de discerner dans quelle mesure les propriétés de l’ethos – et du charisme – relèvent uniquement du discours ou des effets du discours, sa part personnelle, voire sa dimension oratoire et technique, d’une part, et, d’une manière plus étendue, d’un phénomène soumis à l’ordre du discours, ce qui renvoie aux institutions, aux différents modes de domination, aux conditions sociales de production y compris à ce que Bakhtine43 désignait comme « psychologie du corps social ». Il ne faut pas non plus écarter les réflexions d’une certaine Psychologie des foules, qui analyse différents facteurs qui font interagir les meneurs de foules et les foules elles-mêmes. Les uns relèvent des croyances, des passions et des opinions des gens, les autres des moyens utilisés par les meneurs des foules pour les dominer. En effet, pour Gustave de Bon,

  • 44 Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Paris, Alcan, 1905, p. 73.

« Les meneurs ne sont pas le plus souvent des hommes de pensée, mais des hommes d’action […] L’intensité de leur foi donne à leurs paroles une grande puissance suggestive. La multitude est toujours prête à écouter l’homme doué de volonté forte qui sait s’imposer à elle. Les hommes réunis en foule perdent toute volonté et se tournent d’instinct vers qui en possède une »44.

24Notons donc que ces réflexions ne sont pas étrangères à celles d’identité et de représentation ou d’imaginaire social car les propriétés persuasives, voire séductrices, de l’ethos, aussi bien que celles du charisme, doivent être reconnues ou ressenties par la communauté et dépendent de l’identité du groupe social, de ses systèmes de valeurs, de ses attentes et de ses affects. C’est bien pour cela que Weber, à propos du charisme, évoque la constitution d’une « communauté émotionnelle » entre les suiveurs et le porteur du charisme.

Présentation des articles

25Les auteurs de ce dossier nous présentent un ensemble de problématisations sur le discours politique et la construction de la figure du leader et de son leadership. Chacun à sa manière développe une analyse qui concerne l’image de l’homme ou de la femme politique dans des conjonctures sociales et historiques spécifiques. Que ce soit par le biais du concept d’ethos ou de charisme, c’est à l’image de soi qu’ils consacrent leurs études.

  • 45 Patrick Charaudeau, op. cit., 2005 et 2008.

26En prenant appui sur des postulats antérieurs45 qui explicitent sa conception du discours politique, Charaudeau distingue ce qui est de l’ordre de la légitimité, car « tout sujet qui s’exprime dans l’espace public a besoin, pour être entendu, d’être reconnu dans son droit à parler, car, en public, ne peut prendre la parole qui veut », de ce qui concerne la crédibilité, car le sujet « a aussi besoin, a minima, d’être crû, et donc de construire de lui-même une certaine image, un certain ethos ». C’est à partir de cette distinction que Charaudeau va se poser des questions qui lui semblent essentielles : « le charisme a-t-il partie liée avec la légitimité ? Ethos et charisme sont-elles deux notions identiques ou différentes et sont-elles dépendantes ou indépendantes des circonstances socio-historiques ? ». Dans un dialogue critique avec Weber, il cherche à montrer qu’ethos et charisme sont des catégories distinctes de la légitimité.

  • 46 Dominique Maingueneau, « L’ethos, de la rhétorique à l’analyse du discours » (version web de « Prob (...)

27L’article de Ricardo Peñafiel propose de réfléchir sur la difficulté de la « délégation du charisme » d’un homme politique à un autre, en étudiant plus précisément l’association entre Nicolas Maduro et Hugo Chávez au Venezuela. Le texte prétend aborder des questions plus générales au sujet des notions de « charisme » et de « leadership charismatique », en présentant une approche discursive de l’ethos d’exceptionnalité et une lecture critique du problème du « charisme héréditaire ». Pour ce faire, Peñafiel va s’appuyer sur la notion d’ethos discursif développée par Maingueneau46.

28C’est à une analyse du storytelling ou de la narration au service de l’ethos du leader que s’intéresse Raphaëlle Galmisch dans un article qui prend comme corpus des discours proférés par Barak Obama et Nicolas Sarkozy en temps de campagne électorale, respectivement aux États-Unis et en France. L’auteure propose de distinguer trois types de récits servant à la construction de l’ethos de l’homme politique : autobiographique ou personnel, citoyen et collectif. La description de ces trois types de récit lui permet de mener une analyse contrastive qui met en évidence des stratégies propres à chaque candidat en ce qui concerne la construction de l’ethos.

29Mesti, Lima et Baronas analysent le processus de construction et de reconstruction de l’ethos dans des interviews télévisées ayant comme protagonistes les femmes politiques sud-américaines, élues présidentes de la République : Dilma Roussef (Brésil), Cristina Kirchner (Argentine) et Michelle Bachelet (Chili). Les auteurs de cet article proposent de discuter, en prenant appui sur les études de Maingueneau, Amossy, Haddad et Charaudeau, les notions d’ethos pré-discursif, ethos discursif, ethos réfléchi et ethos confirmé. Ces catégories sont problématisées dans l’analyse des processus d’interaction dialogale entre intervieweurs (reporters) et interviewées (femmes politiques). Ils évaluent ensuite les effets possibles du processus de construction et de reconstruction de l’ethos par les protagonistes au cours de l’interaction télévisée sur les spectateurs interprétants l’interview.

30Ce dossier présente donc aux lecteurs des perspectives complémentaires permettant de mieux comprendre ce phénomène qui semble dominer la scène politique actuelle et constituer une caractéristique prégnante de nos démocraties contemporaines : la personnalisation du et de la politique dans toute son extension.

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Bibliographie

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Notes

1 Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Champs / Flammarion, 1996.

2 Christian Le Bart, L’ego-politique. Essai sur l’individualisation du champ politique, Paris, Armand Colin, 2013, p. 10 et suivantes.

3 Patrick Charaudeau, Entre populisme et peopolisme. Comment Sarkozy a gagné, Paris, Vuibert, 2008.

4 Patrick Charaudeau, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris, Vuibert, 2005, p. 31.

5 Michel Pêcheux, L’inquiétude du discours, textes choisis et présentés par Denise Maldidier, Paris, Éditions des Cendres, 1990, p. 141.

6 Dominique Maingueneau, Les termes clés de l’analyse du discours, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points Essais, 2009 [1996], p. 35.

7 Ernesto Laclau, La raison populiste, Paris, Seuil, 2008 [2005], p. 78.

8 Op. cit., p. 8.

9 Christian Le Bart, « Métier politique et ubiquité : l’art d’être là », dans Christian Le Bart et Rémi Lefebvre (sous la dir. de), La proximité en politique. Usages, rhétoriques, pratiques, Rennes, PUR, 2005, p. 145.

10 Jean-Claude Monod, Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? Politiques du charisme, Paris, Seuil, L’ordre philosophique, 2012, p. 266.

11 Leonor Arfuch, « Biografía y política », Punto de Vista, n° 47, 1993, p. 18.

12 Jean-Michel Blanquer et Isidoro Cheresky, « Introducción », dans Jean-Michel Blanquer et Isidoro Cheresky (sous la dir. de), ¿ Qué cambió en la política argentina ? Elecciones, instituciones y ciudadanía en perspectiva comparada, Rosario, Homo Sapiens, 2004, p. 15.

13 Isidoro Cheresky, Poder presidencial, opinión pública y exclusión social, Buenos Aires, Manantial, Clacso, 2008, p. 35 et suivantes.

14 « De fait, […] il ne faut pas poser que, dans la technique rhétorique, la disposition éthique de l’orateur ne contribue en rien à la persuasion : au contraire, cette disposition éthique est quasiment, disons-le, le moyen de persuasion le plus puissant », Aristote, Rhétorique, texte établi et traduit par Jean Lauxerois, Paris, Pocket, 2007, 1356a.

15 Ruth Amossy, « L’éthos et ses doubles contemporains. Perspectives disciplinaires », Langage & société, n° 149, 2014, p. 13.

16 Pour plus d’informations, se reporter à Ruth Amossy (dir.), Images de soi dans le discours. La construction de l’ethos, Genève, Delachaux et Niestlé, 1999a ; Ruth Amossy, La présentation de soi. Ethos et identité verbale, Paris, PUF, L’interrogation philosophique, 2010 ; Dominique Maingueneau, « Problèmes d’ethos », Pratiques, n° 113, 2002, p. 55-68 ; ou encore au dossier « Éthos discursif » de la revue Langage & société, n° 149, 2014.

17 La représentation de la personne du locuteur antérieure à sa prise de parole est parfois nommée ethos préalable (selon Ruth Amossy), ou bien ethos prédiscursif (selon Dominique Maingueneau).

18 Dominique Maingueneau, « Ethos, scénographie, incorporation », dans Ruth Amossy, op. cit., 1999, p. 77.

19 Op. cit., 2002, p. 58.

20 Op. cit., 2005, p. 88.

21 Ruth Amossy, « L’ethos au carrefour des disciplines : rhétorique, pragmatique, sociologie des champs », dans Ruth Amossy, op. cit., 1999b, p. 135.

22 Op. cit., 1999, p. 82-83.

23 Op. cit., 2002, p. 64.

24 Ibid.

25 Ibid., p. 65.

26 Ibid., p. 59.

27 Christian Plantin, Les bonnes raisons des émotions. Principes et méthode pour l’étude de la parole émotionnée, Berne, Peter Lang, 2011, p. 38.

28 Dominique Maingueneau, op. cit., 2002, p. 65.

29 Dominique Maingueneau, op. cit., 1999.

30 Patrick Charaudeau, op. cit., 2005.

31 Dominique Maingueneau, « Hyperénonciateur et particitation », Langages, 2004, n° 156, p. 111-126.

32 http://www.adalassociation.org/fr/

33 Ruth Amossy, op, cit., 2010.

34 Ibid., p. 13.

35 Ibid.

36 Max Weber, Économie et Société, Paris, Pocket, 1995, p. 320.

37 Jean-Martin Ouedraogo, « La réception de la sociologie du charisme de Max Weber / The Acceptance of Max Weber’s Sociology of Charism », Archives de sciences sociales des religions, 1993, n° 83, p. 141-157.

38 Ibid., p. 142.

39 Régis Dericquebourg, « Max Weber et les charismes spécifiques », Archives de sciences sociales des religions, janvier-mars 2007, n° 137, [En ligne]. [Page consultée le 2 mai 2015]. Disponibilité et accès http://assr.revues.org/4146

40 Ibid., p. 22.

41 Ibid.

42 Patrick Charaudeau, op. cit., 2005.

43 Mikhail Bakhtine, Marxisme et philosophie du langage, Paris, Éditions de Minuit, 1977.

44 Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Paris, Alcan, 1905, p. 73.

45 Patrick Charaudeau, op. cit., 2005 et 2008.

46 Dominique Maingueneau, « L’ethos, de la rhétorique à l’analyse du discours » (version web de « Problèmes d’ethos », Pratiques, 2002, n° 113-114, p. 55-67), http://dominique.maingueneau.pagesperso-orange.fr/pdf/Ethos.pdf

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Pour citer cet article

Référence électronique

Morgan Donot et Wander Emediato, « La construction de la figure des leaders »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 7 | 2015, mis en ligne le 30 septembre 2015, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/1588 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.1588

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Auteurs

Morgan Donot

Morgan Donot est docteur associée au CREDA – Paris 3 – Sorbonne Nouvelle/CNRS (UMR 7227). Membre fondateur et présidente de l’Association ADAL (Analyse des Discours de l’Amérique Latine) depuis sa création en 2011. Mail : morgandonot@yahoo.fr

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Wander Emediato

Wander Emediato est professeur de linguistique à l’Université Fédérale du Minas Gerais (UFMG). Il dirige le Centre d’Analyse du Discours (NAD) de l’UFMG et est directeur de recherche au Programme de doctorat en Études Linguistiques (POSLIN) de cette même université. Mail : wemediato@hotmail.com

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