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Émergences

Co-construction des discours organisationnels entre les « méta-textes » et les textes locaux

Karolina Swiderek

Résumé

Dans cet article, nous proposons d’étudier l’imbrication des textes au sens de James Taylor (1993) afin de saisir les discours organisationnels. Pour ce faire, nous distinguons les textes émergeant des situations locales d’interactions des textes plus globaux qui cherchent à préconfigurer les processus organisants. Il s’agit d’analyser le processus d’articulation entre ces deux dimensions organisationnelles en prenant en compte les normes et les formes organisationnelles dans l’analyse des discours.

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Texte intégral

L’organisation dans les imbrications des textes

1L’objectif de cet article est de saisir les discours organisationnels par l’étude de l’emboîtement des textes au sens de James Taylor (1993). Selon ce chercheur, les textes prennent part à l’existence et au fonctionnement de l’organisation. Ils sont la « surface » à partir de laquelle l’organisation devient lisible et interprétable (Taylor, 1993). Ils créent un « […] con-text really, since it is text that frames the continued text-ing that is the essence of conversation » (Taylor, 2010, p. 78-79). Produits dans les interactions, les textes existent au-delà des situations locales. Ils se déplacent d’un endroit à un autre et transportent, traduisent et interprètent ce qui y est inscrit. Le texte organisationnel met en forme et matérialise tout un processus ou ensemble d’opérations en contribuant au mode d’être et au mode d’agir des organisations (Cooren, Robichaud, 2011).

2Nous proposons de retravailler la notion de texte. Une des premières observations que nous formulons concerne l’insuffisance de travaux empiriques qui montreraient comment se créent les relations entre différents textes organisationnels. Nous constatons que la plupart des travaux des chercheurs s’inspirant de la théorie conversation-texte (Taylor, 1993 ; Taylor et Van Every, 2000 ; Cooren, Tayor et Van Every, 2006) et d’organizing (Weick, 1995) privilégient l’analyse de la mise en négociation d’un texte concret ou de textes singuliers isolés. Ils ne prennent que rarement en compte ce qui relève de systèmes de normes et de formes organisationnelles au-delà de ce qui est « présentifié » dans l’interaction (Cooren, 2006), donc évoqué de manière explicite. Ces travaux se limitent à découvrir un fragment des processus organisants sans interroger le contexte plus large constitué par un ensemble de textes organisationnels, sans définir ladite « surface de l’organisation » (Taylor, 1993 ; Taylor, Van Every, 2000) dans sa complexité. La sociologie « performative » dont s’inspirent les chercheurs de l’École de Montréal, rompt avec le niveau de description de l’organisation prescrite (Delcambre, 2009). Les auteurs ont donc tendance à privilégier les études des situations de communication sans s’attarder à identifier des liens plus étroits avec ce qui est stabilisé dans des textes organisationnels plus globaux. Certes, James Taylor et ses collègues cherchent à proposer un modèle théorique qui permettrait d’aller au-delà de l’analyse des interactions situées localement. Ils proposent les analyses des situations dans lesquelles émergent les textes et les méta-conversations (Robichaud, Giroux, et Taylor, 2004) ; ces dernières définies comme les conversations sur des conversations ou les conversations qui lient un ensemble de conversations (Taylor, 2011). Toutefois, il manque des travaux empiriques qui permettent de voir comment cette notion de méta-conversation prend forme dans des cas concrets, et en quoi elle se différencie de ce qui devient le texte.

3D’autres chercheurs soulignent la nécessité d’analyse de différentes dimensions de l’organisation, et non seulement du niveau « local » de l’organisation. Ils proposent de maintenir l’étude du « niveau prescrit d’organisation » (Delcambre, 2009) qui « installe et prescrit, qui dote et régule », qui « s’impose, qui cadre et gouverne » (Ibid., 2009, p. 80). Nicole Giroux (2000) propose de revenir sur deux perspectives d’analyse qui étudient des phénomènes communicationnels distincts : la perspective de la diffusion et de l’émergence. La perspective de la diffusion vise à étudier les discours officiels de l’organisation, la parole et les documents formels. La perspective de l’émergence privilégie l’analyse des discours dans les interactions pour étudier l’organisation en train de se penser et se faire, ainsi que pour mettre en évidence le rôle important d'acteurs autres que ceux faisant partie dans l'élaboration de la stratégie. Selon Nicole Giroux, cette division a donné lieu à des oppositions qui apparaissent réductrices. Étudier la stratégie officielle des dirigeants ou la manière dont elle se forme et se réalise dans les conversations locales ? Ou encore, en suivant la distinction proposé par Mats Alvesson et Dan Karrëman (2000), étudier les « Discours » officiels (grand ‘D’) en se focalisant sur l’analyse des relations de domination ou contrôle, ou les « discours » locaux (petit ‘d’), la notion qui renvoie aux conversations et textes produits dans des interactions (Taylor et Van Every, 2000 ; Cooren, Matte, Taylor, et Vasquez, 2007) ?

4Nous voulons étudier les processus organisants à travers différentes narrations qui permettent de prendre en compte de multiples dimensions. Nous soulignons qu’il est important de porter attention non seulement sur les situations locales d’interaction mais également sur ce qui relève du niveau prescrit qui permet de saisir des « acteurs obligés » et des « formes imposées » (Delcambre, 2009). Nous avançons l’idée que pour pouvoir concevoir une organisation dans sa complexité, il faut tout d’abord savoir comment ces processus ont été pensés.

5Pour ce faire, nous proposons de distinguer : les « méta-textes » et les textes co-construits dans des situations locales. Nous envisageons les « méta-textes » comme les textes relativement stabilisés et imposés en tant que documents normatifs dans un milieu organisationnel qui visent à préconfigurer les processus organisationnels (Swiderek, 2014). Ces méta-textes deviennent porteurs de normes prescrites de l’extérieur des situations locales participant pleinement dans les processus organisants. Ils constituent le contexte plus global des processus organisants, à savoir les règles, les procédures, les méthodes. L’analyse d’un ensemble de méta-textes permet de mieux cerner ce qui joue sur le fonctionnement des organisations spécifiques et d’interroger comment les méta-textes font-ils « con-texte » des processus organisants ou « contours de l’organisation "émergée" » (Bouillon, 2009, p. 2). En étudiant ces textes locaux nous voulons savoir comment les acteurs mettent-ils en discussion les récits managériaux tout en créant de nouveaux textes. Nous faisons l’hypothèse que les méta-textes ne sont jamais simplement appliqués mais ils sont mis à l’épreuve d’une situation concrète. Ainsi, les textes construits dans les situations locales émergent d’une négociation entre les méta-textes et le contexte de ces situations locales.

Terrain et méthode

6L’étude que nous présentons s’inscrit dans une recherche plus vaste qui porte sur la gestion de la sécurité dans l’aviation civile, et plus particulièrement, sur le processus de notification et de traitement des événements relevant de la sécurité (Swiderek, 2014). Dans le cadre de cet article, nous proposons de nous focaliser sur l’étude d’une notion particulièrement importante dans le domaine du contrôle aérien, à savoir la sécurité, telle qu’elle est inscrite dans les méta-textes et telle qu’elle est co-construite dans des situations locales.

7Nous nous sommes donné comme objectif de saisir la façon dont les méta-textes cherchent à préconfigurer et imposer les processus organisants. Pour ce faire, il nous faut tout d’abord comprendre les objectifs, les règles et les procédures, ainsi que d’autres éléments liés à la notion de sécurité qui sont inscrits dans les méta-textes. À travers l’analyse de ces derniers, nous pouvons rendre compte de la manière dont l’imbrication des méta-textes met en forme une « carte de repère » (Taylor, 2011) pour l’ensemble des acteurs faisant partie de ces processus d’organizing. Comment ces méta-textes créent le contexte de l’action et permettent aux individus de se positionner dans les situations de travail, se positionner non seulement par rapport à des situations auxquelles ils sont confrontés mais aussi par rapport à une politique de l’organisation qui s’inscrit dans une logique gestionnaire ?

8Nous avons étudié un ensemble de documents réglementaires référentiels à la sécurité, au « traitement des événements » et à la notification des événements dans le domaine du contrôle aérien. Les analyses présentées dans le point suivant ont été réalisées à l’aide d’un outil d’analyse sémantique TermoStat1. Cette étude nous a aidés à mieux cerner la notion de sécurité et à montrer comment les normes et les procédures inscrites contiennent des injonctions relatives à l’action dans le cadre du processus de notification. Ensuite, nous les confrontons à des témoignages de ceux qui sont censés les mettre en œuvre. Nous avons effectué une vingtaine d’entretiens approfondis auprès de professionnels de l’aéronautique (contrôleurs aériens, membres de cellules qualité sécurité, formateurs) qui mettent en avant ce qui relève des autres textes émergents et co-construits dans les situations locales.

Des « méta-textes » aux textes émergeant des situations locales

Saisir le « con-texte » des processus organisants

9Dans le cas de notre recherche, nous considérons comme les méta-textes un ensemble de textes normatifs imposés par les institutions internationales et nationales, telles que l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile, Eurocontrol, la Direction Générale de l’Aviation Civile. Voici une représentation graphique des référencements entre différents méta-textes qui permet de mieux rendre leur imbrication.

Figure 1 : Imbrication des textes normatifs (source : élaboration propre sur la base de l’analyse des documents constituant notre matériau d’analyse et figurant dans le schéma)

Figure 1 : Imbrication des textes normatifs (source : élaboration propre sur la base de l’analyse des documents constituant notre matériau d’analyse et figurant dans le schéma)

10Dans le cas du système de gestion de la sécurité que nous analysons, plusieurs documents relatifs à la sécurité et au traitement des événements sécurité se croisent et décroisent. Chaque couleur signifie le niveau institutionnel auquel le texte a été élaboré et publié. Les flèches montrent les liens entre différents textes normatifs. Par exemple l’ESARR 2 de 2009 est cité comme source dans trois documents : Arrêté du 26 mars 2004, Procédure de traitement et Arrêté du 20 octobre 2004. Nous observons une forte dépendance entre ces documents.

11Ce schéma peut laisser sous-entendre que ce qu’il représente est fixé, verrouillé. Il est donc important de souligner que, comme le pointent les chercheurs de l’École de Montréal et notamment James Taylor (1993), le processus de textualisation de l’organisation se stabilise à un moment ou à un autre, mais il est caractérisé par un mouvement continu. De même, ces méta-textes sous forme des documents normatifs évoluent continuellement. Nous pouvons retrouver plusieurs éditions de ces textes normatifs qui apportent des modifications suite aux réunions de travail des commissions et des chefs des entités. Certains de ces changements ne concernent que des rectifications de mots, de termes ou des précisions des définitions, d’autres des articles ou des paragraphes entiers.

12Dans ces documents normatifs, nous retrouvons les éléments-clés pour analyser la notion de sécurité. Cette notion est inscrite dans les objectifs du système de gestion du trafic aérien et dans les « moyens formels » du traitement des événements liés à la sécurité. Dans la liste générée par l’outil d’analyse textuelle, le terme « sécurité » apparaît dans les trois mots le plus fréquents dans tous les documents réglementaires que nous avons analysés. À quoi cette notion est-elle articulée et comment est-elle mise en scène ?

« Sécurité », telle qu’elle figure dans les méta-textes

  • 2 « Bigramme », une des fonctionnalités du logiciel TermoStat, permet la décomposition des mots compl (...)
  • 3 Nous mettons en italique les termes provenant des documents que nous avons analysés.

13Nous proposons d’étudier deux exemples du terme « sécurité » issus de l’analyse des textes normatifs à partir des « bigrammes »2 qui permettent de visualiser le contexte dans lequel ce terme apparaît. Au-delà des termes complexes qui correspondent à des notions globales de la sécurité aérienne3, de la navigation aérienne, du trafic aérien ou de l’espace aérien, ce mot est lié à d’autres termes relevant des principes de gestion de la sécurité.

Dans les documents ESARR d’Eurocontrol, ce terme apparaît 216 fois.

Figure 2 : Décomposition des termes complexes incluant le terme sécurité ESARR (source : analyse TermoStat, Décomposition/Bigramme, ESARR, mot sécurité)

Figure 2 : Décomposition des termes complexes incluant le terme sécurité ESARR (source : analyse TermoStat, Décomposition/Bigramme, ESARR, mot sécurité)

14Dans les ESARR, il est question de la gestion de la sécurité qui permettrait d’atteindre des niveaux élevés de performance, conformes aux dispositions des exigences réglementaires de sécurité relatives à la notification et à l'analyse des événements liés à la sécurité. Ces niveaux sont identifiés par la « liste minimale » qui indique le type d’informations à reporter dans un rapport annuel d’activité de chaque centre de la navigation aérienne. La notion de sécurité est définie à travers des données et des indicateurs qui sont censés permettre de saisir ce niveau quantitatif de sécurité. La décomposition de termes complexes contenant le mot sécurité démontre une logique qui renvoie à la « calculabilité » (Karpik, 2007) de la sécurité aérienne. La manière dont ces termes sont expliqués sous-entend une tentative de ramener le niveau de sécurité à un niveau acceptable ou tolérable. Qu’est-ce qu’il faut entendre par ce niveau acceptable et tolérable ? Les textes normatifs d’Eurocontrol laissent une large marge d’interprétation, ils sous-entendent que ce niveau peut éventuellement être modifié ou ajusté par rapport à des situations différentes et par rapport au contexte dans lequel elles se déroulent.

15Au niveau des textes nationaux, dans les Arrêtés concernant le système de gestion de la sécurité, le terme sécurité apparaît 150 fois.

Figure 3 : Décomposition des termes complexes incluant le terme sécurité Arrêtés (source : analyse TermoStat, Décomposition/Bigramme, Arrêtés, mot sécurité)

Figure 3 : Décomposition des termes complexes incluant le terme sécurité Arrêtés (source : analyse TermoStat, Décomposition/Bigramme, Arrêtés, mot sécurité)
  • 4 Système de gestion de la sécurité.

16Comme dans l’exemple précédent, il s’agit d’abord des indicateurs de sécurité de haut niveau. Ils sont définis par la même liste minimale d’informations publiée dans l’ESSAR2. Ensuite, le terme de marge de sécurité n’est pas très explicite dans ces méta-textes. Il apparaît dans le contexte des limites ou du non-respect des marges de sécurité. Ce dernier, le non-respect, correspond à des « marges supérieures à la moitié des normes prescrites » (Arrêté du 26 mars 2004, Annexe V), ce qui laisse entendre que les marges de sécurité se situent dans la limite du respect de la moitié des normes. Nous pouvons remarquer que ce terme ne permet pas de fixer une appréhension claire des écarts possibles de sécurité, et par conséquent des marges d’action en sécurité par les contrôleurs qui se trouvent dans des situations qui les exigent. Il ne permet pas non plus l’estimation des limites de ces marges par les services qualité-sécurité qui sont censés analyser les événements relatifs à la sécurité. Un autre terme d’enregistrement de sécurité renvoie à un ensemble de « documents ou supports permettant de garantir la traçabilité du SMS4 » (Arrêté 28 octobre). La traçabilité continue et la nécessité d’avoir des preuves de la sécurité. Dans ces documents normatifs, autant nationaux qu’internationaux, l’objectif est de gérer la sécurité, de reporter le niveau de la sécurité à l’échelle de chaque pays et enfin de tracer, d’enregistrer la sécurité.

17Nous remarquons que dans les textes réglementaires, et particulièrement dans ceux qui sont censés être plus opérationnels (Procédure DSNA, Procédure DO, Manuel QS/S), la sécurité est souvent caractérisée par ce qui est l’événement de sécurité ou l’événement lié à la sécurité. L’événement de sécurité est défini comme :

  • « événement qui a compromis ou qui aurait pu compromettre la sécurité »
    (ESARR2 ; Arrêté du 26 mars 2004 ; Arrêté du 17 août 2007 ; Procédure DO ; Procédure DSNA) ;

  • « ayant mis en cause ou susceptible de mettre en cause la sécurité »
    (Arrêté du 17 août 2007 ; Procédure DO) ;

  • événements qui « mettent (ou auraient pu mettre) en danger la sécurité », qui « constituent ou entraînent un danger ou qui conduisent à un danger » (Règlement 2096/2005 de la Commission Européenne).

18L’événement de sécurité, correspond finalement à toutes les situations non conformes à ce qui est implicitement délimité comme relevant du périmètre de la sécurité. Ce sont des événements qui mettent en cause la sécurité, tels que les accidents et incidents graves qui concernent les situations des collisions ou quasi-collisions entre les aéronefs, les divers dysfonctionnements, défaillances, failles, fautes ou erreurs, ainsi que des situations inadéquates ou non-conformes à des exigences réglementaires.

19À partir de l’analyse des « bigrammes » le plus représentatifs, ainsi que de l’étude approfondie des contextes des termes relevés, dont nous avons montré quelques exemples, nous pouvons voir à quoi est articulée la notion de sécurité dans le « système de gestion de sécurité », telle que proposée par des institutions chargées du travail sur la sécurité dans l’aviation civile. Tout d’abord, nous nous rendons compte qu’il n’existe pas de définition précise. Or, dans la manière dont le terme figure dans les méta-textes, nous observons une tentative de réduire la « sécurité » à ce qui peut être calculable, mesurable sous forme de données, d’indicateurs. Les textes normatifs peuvent être caractérisés par différentes finalités. Tout d’abord, ils ont pour but la description des règles, le signalement, la définition et l’explication des normes. Il s’agit de prescription puisque ce type d’écrit est conçu pour dicter, disposer, ordonner quelque chose à un public plus au moins défini. Cette caractéristique des textes normatifs est lié à celle de l’inscription, non seulement au sens commun de l’action d’inscrire sur une liste mais également dans le sens qu’ils sont produits dans le but d’être transmis à un ensemble d’acteurs qui sont supposés les mettre en œuvre. Gérer, mesurer, évaluer, tout en prévoyant une marge de sécurité qui est finalement peu explicite au vu de ce qui est présenté dans les textes. Dans l’analyse plus approfondie (Swiderek, 2014), nous avons pu voir comment la façon dont la notion de sécurité et de risque sont appréhendés, peut influer non seulement sur la construction des objectifs des démarches qualité et des processus de traitement des événements, mais également sur leur mise en pratique et leur fonctionnement dans la vie quotidienne de l’organisation.

20Nous avançons que les méta-textes représentent ce qui relève du travail prescrit ou du « travail idéal » (Dujarier, 2006). Les contrôleurs aériens et les membres des services qualité-sécurité qui doivent les mettre en œuvre, ne contribuent pas à leur production. Ces méta-textes sont porteurs de discours managériaux, de « constructions symboliques produites par les organisations » (Bouillon, Bourdin, et Loneux, 2007, p. 12). À partir de l’analyse de la façon dont le « système de gestion de la sécurité » a été pensé, nous obtenons une description d’un processus très normalisé qui veut être un système cohérent dans son ensemble, harmonisé, formalisé, explicite, systématique, rigoureux. Ces termes clés que nous retrouvons dans les documents normatifs mettent en avant le « Logos gestionnaire » défini par Valérie Boussard (2008). Il repose sur trois notions-clés : la « Maîtrise » qui renvoie au rôle attribué à la gestion en termes de contrôle du fonctionnement d’une organisation, la « Performance » supposant que ce fonctionnement est orienté vers l’efficacité, et la « Rationalité » qui se manifeste par un ensemble cohérent de connaissances conformes à des lois et des normes.

21Cette étude de l’organisation à travers l’imbrication des textes réglementaires nous permet de saisir des phénomènes de rationalisation qui apparaissent dans la manière dont la réalisation du travail quotidien est prédéfinie. Nous y retrouvons ce que Jean-Luc Bouillon (2009) appelle la rationalisation dans ces processus d’« optimisation » par l’exigence d’atteindre le haut niveau de sécurité, de « codification » qui se traduit par la notification et classification des événements relevant de la sécurité et de « justification » qui fait de la sécurité l’objectif premier dont les méta-textes rendent compte et à propos duquel il convient de rendre des comptes, ce qui oblige à apporter des preuves de la sécurité à des autorités locales, nationales et internationales. Nous observons donc une tentative de rationalisation de l’organisation à travers des textes (Taylor, 1993) ou plutôt des méta-textes qui sont supposés devenir des références pour tous les membres de l’organisation.

Co-construction des discours organisationnels dans la pratique

22Les spécialistes en matière de sécurité se basent sur la conviction qu’il existerait un ensemble de méthodes « objectives » et indiscutables, un ensemble de « bonnes pratiques » pour optimiser la sécurité dans le domaine du contrôle aérien tout en visant l’amélioration de la productivité et de l’efficacité. Cependant, il existe un espace d’interprétation de ce qu’est la sécurité au travers des listes non exhaustives des événements de sécurité, des termes qui manquent de précisions, tels qu’important, mauvais, quasi, qui apparaissent fréquemment dans les textes normatifs. Au regard de ce qui est inscrit dans ces textes, les professionnels concernés doivent faire face aux situations de travail en contexte d’action et produire le sens de leur activité en même temps qu’ils participent à les conformer en pratique. Ainsi, dans les situations concrètes, ils sont confrontés à une nécessité d’interprétation et de négociation des actions qu’ils entreprennent par rapport à ce référentiel des méta-règles existantes. Ils doivent trouver une façon de faire pour pouvoir faire face à ce qui relève de la sécurité, de ce qui est tolérable ou non.

« Sécurité » dans la pratique ou « pratiquer la sécurité »

23Comment les acteurs essayent-ils d’articuler le processus organisant imposé par les textes normatifs et les processus organisants qui sont requis en situation ? Pour répondre à cette question nous confrontons ce qui est inscrit dans les imbrications textuelles aux interrogations relevées du point de vue de ceux qui sont censés mettre en œuvre les règles inscrites dans les méta-textes. Nous avançons que ces négociations s’accomplissent également entre les différents textes – les méta-textes et les textes au sens plus large des « références » produites dans l’action, dans les situations concrètes du travail. Ce sont les interprétations de l’ensemble des textes, de l’expérience passée et en cours, ainsi que du contexte matériel qui vont guider les actions des acteurs (Weick, 2009). Il s’agit donc d’interroger la notion de sécurité en tant que partie prenante de la pratique (Gherardi, 2006), produit organisationnel et produisant l’organisation. La pratique est donc un processus continu qui contribue à la production d’un ordre social. « Pratiquer la sécurité » (Gherardi et Nicolini, 2000) ce n’est pas simplement appliquer une règle mais confronter les règles avec une situation, les ajuster au contexte d’une situation particulière et développer le sens de ce qui est sécurité (Gherardi et Nicolini, 2002 ; Grosjean, Bonneville, Huët, 2010) en fonction du contexte spécifique de la situation qui l’exige.

24Au-delà des méta-textes, l’ensemble des textes au sens plus large envisagés comme des objets discursifs devenant référence dans l’action doit être pris en compte. Voici le témoignage d’un contrôleur aérien que nous avons rencontré :

« Alors la sécurité, on a tous les mêmes mesures de la sécurité, en général il n’y a pas de divergence de point de vue là-dessus. C’est vraiment le pré requis pour tout le monde. Par contre là où il peut y avoir des divergences, c’est par rapport au service qu’on va rendre et la qualité du service qu’on va rendre. […] et quelque part si tu veux, la sécurité et l’efficacité ce sont deux choses qui sont pas antinomiques mais presque. Et c’est au contrôleur de choisir où il place le curseur par rapport à ça. S’il veut vraiment faire de l’efficacité, ça veut dire qu’il va renier sur ces marges de sécurité, jusqu’à aller trop loin en fait. […] il y a des aménagements à la réglementation pour faire plus serré sur certains terrains qui ont des grandes pistes ou ça deviendrait pénalisant. Et malgré que tu veux jouer aussi fin que ça, c'est-à-dire aligner un avion sous le nez d’un avion qui est en approche, le faire décoller de manière à ce que tu es juste à cette séparation minimale, ça devient très très fin en fait. Parce qu’il y a toujours le risque derrière, c'est-à-dire si l’avion met plus de temps que prévu pour s’aligner, pour mettre en puissance et s’envoler, on se retrouve avec deux avions qui sont trop près l’un de l’autre. […] Donc on ne peut le faire que sous certaines conditions. Donc ça devient assez stressant en fait, parce que la marge d’erreur, elle diminue. » (Paul, contrôleur, entretien, 2011).

25Tout d’abord, selon notre interviewé, « le métier des contrôleurs aériens c’est savoir jusqu’où on peut aller avant d’intervenir pour gérer un conflit » (Paul, contrôleur, entretien, 2011). Il souligne que la sécurité est « le pré requis pour tout le monde ». Les contrôleurs aériens, ils ont « tous les mêmes mesures de la sécurité », c'est-à-dire qu’ils ont tous à la base les mêmes références concernant ce qui doit être identifié comme relevant de la sécurité. En parlant des « mesures de sécurité », notre interlocuteur nous renvoie à des méta-textes où sont inscrites des méta-règles qui tentent de prédéfinir, souvent de façon très mathématique, très chiffré, ce qui est entendu par la sécurité. Mais dans l’action chacun choisit « où mettre le curseur » entre la sécurité et le risque ou encore entre la sécurité et l’efficacité.

26L’obligation d’optimisation de l’efficacité au travail demande selon ce contrôleur aérien de prendre le risque et parfois « renier sur les marges de sécurité ». Les contrôleurs avouent que dans leur travail, ils ont un double objectif de sécurité et d’efficacité : « […] on est payé clairement pour à la fois assurer la sécurité mais à la fois pour assurer l’efficacité pour accélérer l’écoulement du trafic aérien » (Paul, contrôleur, entretien, 2011).

27Le contexte d’une situation concrète dans laquelle doivent agir les contrôleurs (tant les circonstances de l’événement, le problème précis à traiter, que d’autres éléments, tels que la configuration des avions dans l’espace ou l’infrastructure de l’aéroport […], les méta-textes et les méta-règles, ou les textes qui relèvent des expériences passées des contrôleurs qui viennent assister la réponse à ce contexte particulier, tous ces éléments influent sur le processus de construction de sens de la situation locale et des potentialités d’agir. Il s’agit de modifier certaines limites de ce qui est acceptable, pour reprendre le terme utilisé dans les méta-textes, tout en essayant de maîtriser la situation. Dès lors, la marge d’« aménagement à la réglementation » devient flexible. Les contrôleurs co-construisent donc des nouveaux textes émergeant des situations concrètes ; des textes qui circulent entre les professionnels de l’aéronautique, mais qui ne sont jamais inscrits sur un papier. Pourtant, ils participent à co-construire la réalité des pratiques des contrôleurs aériens. Ce sont les textes qu’ils produisent pour ensuite les déconstruire et remodifier dans les situations futures tout en prenant compte du cadre plus global prescrit par les méta-textes.

28Ce décalage entre le prescrit et le réel a été travaillé par de nombreux auteurs (Daniellou, Laville, et Teiger, 1983 ; Reynaud, 1989 ; Dejours, 2003 ; 2013 ; Dujarier, 2006 ; Denis, 2007). Le « travail réel » est « la réalité concrète de la situation » (Dejours, 2003, p. 13) avec ses accommodements, ses arrangements, les bricolages pour surmonter, contourner, résoudre les impasses. C’est « ce que l’on réalise, mais aussi tout ce que l’on fait pas, ce qu’on fait pour ne pas faire ce qu’on nous demande de faire » (Dujarier, 2006, p. 48). C’est ce processus de « travail réel » qui est le plus souvent invisible. Ces « tricheries » (Dejours, 2013) sur des prescriptions ne sont jamais prévues à l’avance mais construites dans la situation concrète. Étudier ces processus de production de sens nous permet de saisir comment les textes sont mobilisés, négociés et produits dans les situations de leur mise en œuvre, dans les activités de travail qui le nécessitent. C’est un processus complexe d’interprétation, de co-construction de sens, et parfois de déplacement du sens et des limites de l’interprétation de ce qui peut être compris dans les inscriptions. C’est dans l’action, dans des situations locales, que les nouvelles significations de ce qu’est la « sécurité » ainsi que les nouveaux textes sont construits. Ces derniers contiennent toujours un point de vue et une interprétation des méta-textes ainsi que de la situation en cours, mais ils peuvent devenir une référence dans les situations futures.

Conclusion et discussion

29Ce travail nous a permis d’interroger la notion de texte au sens de James Taylor (1993) et de proposer une distinction entre les textes produits dans la pratique et les méta-textes imposés par les autorités des institutions. Dès lors, nous soulignons l’importance dans l’analyse des discours organisationnels de la prise en compte de différentes dimensions : celle prescrite et imposé qui correspond à ce qui est convenu d’appeler « Discours » ou discours managériaux, et celle co-construite dans la négociation de divers éléments organisationnels qui renvoie à la notion de « discours » émergeant dans des situations locales. Nous avançons qu’un chercheur en privilégiant l’analyse des situations locales n’est pas capable de saisir les processus organisants dans leur complexité. Il les réduit à ces situations ponctuelles qui mettent en évidence des éléments isolés qui ne rendent pas l’organisation dans toutes ses dimensions, et occulte une dimension-clé du travail d’articulations. Il nous semble que sans les méta-textes, il serait difficile d’analyser les processus organisants dans des milieux organisationnels spécifiques, tel que par exemple le contrôle aérien. Comment est-il possible de comprendre les processus organisants émergeant dans des situations locales sans connaître le contexte plus global qui les co-construit, c’est-à-dire les notions-clés, les règles et les procédures prescrites ou les méthodes de travail recommandées ?

30Sans étudier auparavant des méta-textes, nous pouvons passer « à côté » d’aspects importants des processus organisants dans les situations locales. Cela nous permet de mettre en évidence le caractère hybride de ces processus organisants. D’un côté, les méta-textes contribuent activement dans la contextualisation des textes locaux. Nous avons vu comment les documents réglementaires internationaux sont transposés dans des documents nationaux et locaux en créant une sorte d’emboîtement, d’imbrication tout en faisant le cadre des processus organisants émergeant dans la pratique. De l’autre côté, ces méta-textes forment un cadre pour chaque action organisationnelle mais ils ne sont jamais simplement appliqués. Les acteurs négocient les méta-règles en s’appuyant sur leur expérience, leur vécu, qui renvoie à ce qui est souvent implicite dans les textes normatifs. Cette double agentivité (Cooren, 2009) des textes et des acteurs permet une négociation entre les méta-textes prescrits et les textes produits dans la pratique, c’est-à-dire les textes qui émergent dans l’action et qui deviennent des références pour les acteurs dans les actions futures.

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Bibliographie

Alvesson Mats et Karrëman Dan, « Varieties of discourse: On the study of organizations through discourse analysis”, Human Relations, 2000, n° 53(9), p. 1125-1149.

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Notes

1 TermoStat est un outil d’acquisition automatique de termes disponible en ligne (http://olst.ling.umontreal.ca/?page_id=91) développé par un groupe de chercheurs de l’Observatoire de linguistique Sens-Texte (OLST) de l’Université Montréal.

2 « Bigramme », une des fonctionnalités du logiciel TermoStat, permet la décomposition des mots complexes (un verbe et d'un nom, ou sujet ou objet du verbe) caractérisés par des liens les plus forts du texte analysé et de visualiser les résultats de sous forme des schémas des dépendances entre les mots.

3 Nous mettons en italique les termes provenant des documents que nous avons analysés.

4 Système de gestion de la sécurité.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Imbrication des textes normatifs (source : élaboration propre sur la base de l’analyse des documents constituant notre matériau d’analyse et figurant dans le schéma)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/docannexe/image/1354/img-1.png
Fichier image/png, 236k
Titre Figure 2 : Décomposition des termes complexes incluant le terme sécurité ESARR (source : analyse TermoStat, Décomposition/Bigramme, ESARR, mot sécurité)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/docannexe/image/1354/img-2.png
Fichier image/png, 60k
Titre Figure 3 : Décomposition des termes complexes incluant le terme sécurité Arrêtés (source : analyse TermoStat, Décomposition/Bigramme, Arrêtés, mot sécurité)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/docannexe/image/1354/img-3.png
Fichier image/png, 100k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Karolina Swiderek, « Co-construction des discours organisationnels entre les « méta-textes » et les textes locaux »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 6 | 2015, mis en ligne le 23 janvier 2015, consulté le 24 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/1354 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.1354

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