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1L’évolution de la transition digitale passe par une appropriation des technologies numériques par les acteurs du champ social et médico-social. Elle pose donc des questions en termes d’innovation et d’identité.

2Cette évolution s’inscrit dans une histoire puisque l’informatisation a démarré il y a près de cinquante ans. Dès son arrivée, et de manière variable, elle a bousculé les pratiques professionnelles des travailleurs sociaux entre « savoir-faire » et « devoir faire ». Quatre logiques de l’activité numérique ont pu être observées : l’informatisation, l’information, la médiatisation et la médiation.

3Cette transformation n’est pas propre au secteur social et médico-social mais touche l’ensemble de la société et soulève ainsi de nombreux enjeux, notamment dans notre positionnement individuel et collectif. En effet, comment comprendre et vivre cette révolution numérique dans notre quotidien ? Selon quels repères éthiques ? Et sans en exclure les plus fragiles ?

4Dès les années 1970, les enjeux et questions éthiques autour de l’utilisation de l’informatique puis du numérique ont été soulevés en France. Par exemple, depuis 1978, la CNIL veille au respect de la vie privée et des libertés individuelles et publiques afin que le développement de ces technologies s’effectue dans le respect des personnes, et en particulier des personnes en situation de fragilité sociale. De même, le Haut Conseil du travail social a lancé des réflexions, productions et recommandations dans le cadre d’un groupe de travail « Numérique et travail social ». Par exemple, il en est ressorti un document spécifique qui aborde les articulations nécessaires entre les acteurs du social, de la médiation numérique et de la médiation sociale.

5Dans la continuité de ces textes, c’est au plus près du terrain qu’Emmaüs Connect et des actions québécoises ont donné aux acteurs de l’accompagnement social et médico-social les moyens d’agir face à la précarité numérique. En effet, l’usage des outils numériques dans les pratiques professionnelles du champ social et médico-social est complexe. Il représente à la fois des opportunités et à la fois, des risques. Aussi, à travers différents exemples relatifs à l’accompagnement des personnes en situation de handicap mental avançant en âge, et celles en EPHAD, il est constaté que les outils numériques peuvent être des supports facilitateurs pours différents aspects comme la communication, la formation et la transmissions d’informations, si tenté que les usagers soient accompagnés et les outils numériques intégrés dans le parcours de vie et de soin des personnes concernées. Un autre exemple de solution pour initier l’accompagnement social et médico-social est la « solution COV ON » qui permet une narration cartographique dématérialisée d’histoires humaines sur lesquelles les professionnels de l’action sociale peuvent s’appuyer pour démarrer un accompagnement.

6En revanche, la dématérialisation des relations administratives peut aussi engendrer du non recours aux services et prestations sociales, notamment pour les populations en manque d’autonomie numérique, et pour les populations étrangères par exemple, lors du renouvèlement du titre de séjour.

7Cet ouvrage poursuit donc un débat visant à repenser l’usage des technologies numériques et leurs impacts dans le champ du social et du médico-social, en particulier auprès d’une population en situation de fragilité. Tout l’enjeu réside dans l’intérêt de faire de ces progrès technologiques de réelles ressources maîtrisées en faveur des plus fragiles.