Navigation – Plan du site

AccueilNuméros5Revue des revuesLa revue Hermès

Texte intégral

1Coordination : Bruno Chaudet

2La revue Hermès a été créée en 1988 par Dominique Wolton, directeur de recherche émérite en sciences de la communication au CNRS. La revue est devenue trimestrielle depuis quinze ans (1999). Aujourd’hui, elle compte à son actif soixante-neuf numéros.

3Un des objectifs éditoriaux d’Hermès est d’analyser et d’étudier la communication de manière interdisciplinaire. Ainsi, ses nombreux articles tentent d’appréhender la complexité des phénomènes de communication en prenant en considération la polysémie du terme. Par le biais d’analyses critiques, la revue se définit par la volonté d’« étudier [...] la communication dans ses rapports avec les individus, les techniques, les cultures, les sociétés ».

4La revue Hermès a fait également le choix, depuis vingt-six ans, de rester accessible à un large public tout en refusant ouvertement l’enfermement dans une discipline.

5Hermès couple sa diffusion papier à une diffusion numérique. Il est possible d’accéder aux articles numériques par le biais de trois interfaces : iRevues1 et Cairn.info2. Les articles sous format PDF et/ou HTML peuvent être consultés gratuitement jusqu’en 2010. En revanche, la consultation des articles et numéros complets publiés à partir de 2011 est payante. Il est également possible d’acheter la revue papier sur le site de CNRS éditions au prix de vingt-cinq euros.

Entretien avec D. Wolton

Pouvez-vous présenter votre revue et ses objectifs ?

D.W. : L’objectif n’a pas changé depuis sa création. Il s’agit de développer les recherches en sciences de l’information et de la communication de manière interdisciplinaire et transversale afin de montrer que les sciences de l’information et de la communication traversent tous les domaines de la science depuis cinquante ans voire quatre-vingt-dix ans. 

Dans un deuxième temps, il s’agit de valider l’approche politique de la communication. Je défends une approche de la communication, non pas technique, qui ne me dérange pas, mais qui m’indiffère. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre pourquoi les hommes arrivent ou non à cohabiter. Pour résumer, je dirais que la communication doit être vue non seulement comme science humaine et sociale, mais doit être également appréhendée de manière plus générale. La communication n’est pas seulement technique, elle est plus complexe que l’information, donc plus intéressante. La communication est interdisciplinaire, et si je puis dire, elle est un patrimoine politique.

L’exemple le plus parlant pour moi est la montée du racisme en Europe qui est de plus en plus explicite. Donc, la communication est bien un acte politique et non technique. Ce n’est pas parce que demain il y aura sept milliards d’internautes que les gens seront plus tolérants les uns avec les autres. Mon obsession est de creuser les rapports entre l’information et la communication pour être capable de trouver les moyens d’éviter qu’un monde multimédia et multi branché devienne un monde de haine.

Enfin, il y a la volonté de revaloriser le concept de communication qui est plus dévalorisé que le concept d’information, alors qu’il est plus complexe. L’autre grand objectif est de montrer qu’il n’y a pas de communication sans culture. C’est un élément important ! Pour plusieurs raisons, notamment parce que la culture est indissociable des techniques de communication et que la communication est une pratique culturelle, ce n’est pas une technique, ce n’est pas un tuyau. Il faut ainsi montrer que la communication est quelque chose de sophistiqué. La preuve en est que l’on ne communique pas de la même manière d’une culture à une autre. Il faut insister sur le caractère non communicationnel de la communication. Ce qui m’intéresse en fait, dans la communication, c’est l’incommunication. Il faut pouvoir se dire que ça ne marche pas, et que ce n’est pas grave. Mais évitons la fuite en avant dans les techniques et posons-nous la question de la dimension politique de la communication.

Enfin, il faut accepter qu’un physicien par exemple, soit capable d’apporter sa pierre à l’édifice. Je suis pour une conception des sciences de l’information et de la communication très ouverte, qu’il y ait des conflits théoriques ou non. Mais il faut que nous soyons pluralistes. Les hommes essayent de communiquer depuis des milliards d’années et cela fait des milliards d’années que cela ne marche pas. Ce n’est pas parce qu’il y a une petite communauté qui se met dans un coin et qui réfléchit que les choses sont pour autant claires.

Je reproche parfois à mes collègues de ne pas avoir une vision assez large des sciences de l’information et de la communication. Ils se spécialisent trop. Le risque de ce champ, c’est ce pêché de jeunesse, cette bêtise de vouloir paraître scientifique. La communication c’est un « bordel », c’est pour cela que c’est intéressant. Bien sûr, il faut regarder cela sérieusement, mais il faut regarder dans tous les sens et ne pas être en compétition avec la sociologie. Il faut avoir le courage d’ouvrir les critères. Je pense que le désordre qu’il y a, et qui est inhérent et substantiellement lié à l’information et à la communication, touche également toutes les autres sciences, autrement dit le cœur du modèle. Déjà, quand on voit la polysémie et la pluralité de sens de ces deux concepts centraux, nous comprenons que c’est énorme.

Je suis pour une vision ouverte et politique de la communication. Pour moi, l’enjeu de la communication est d’arriver à cohabiter quand on n’a rien à se dire. C’est quand même le cas de 80 % des situations humaines, sans se tuer et en se respectant. Quand on ne se comprend pas, mais que l’on se respecte et que l’on ne se s’entretue pas, c’est déjà bien.

Lorsque la revue s’oriente vers des thématiques et des questions d’actualité, est-ce difficile de se positionner ? Qu'est-ce qui vous guide par rapport au choix des thématiques ? 

D.W. : Ce sont des intuitions ! Parfois, je trouve vite les coordinateurs et cela se passe rapidement et on est bien à côté d’une problématique dominante. Ou bien, finalement, il faut réorienter le travail car on ramène des idées qui sont au final assez banales et qui existent déjà. Avec Hermès, deux fois par an, nous abordons plusieurs thématiques en parallèle. Nous en choisissons une avec cette volonté de rester pédagogique, avec des bibliographies et des articles courts.

Autrement, la rubrique qui me plait beaucoup est celle des « hommages ». Il s’agit de rendre hommage à des gens dont beaucoup sont très connus, mais d’autres moins. J’aime aussi bien mélanger des jeunes et des moins jeunes dans le comité de rédaction. Je ne veux pas m’enfermer dans une classe d’âge, car cela risque d’être trop homogène. Il ne faut pas se satisfaire de sa classe d’âge, car parfois on a besoin de l’inconscience de la jeunesse.

Vous avez notamment fait un numéro spécial sur Morin.

D.W. : Oui, car c’est important, nous faisons souvent des petits encadrés d’histoire pour recontextualiser les recherches, cela permet de diversifier les approches. Je préfère garder une forme assez classique à la revue. Mais que ce soit lisible et court, c’est obsessionnel chez moi et non ésotérique.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Solenn Tenier, Nina Malledant et Damien Sauvaire, « La revue Hermès »Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 5 | 2014, mis en ligne le 17 juillet 2014, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfsic/1009 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfsic.1009

Haut de page

Auteurs

Solenn Tenier

Articles du même auteur

Nina Malledant

Articles du même auteur

Damien Sauvaire

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search