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Tribune du comité de rédaction

Le comité de rédaction de la Revue française de pédagogie souhaite faire connaître son opposition aux orientations principales du projet de Loi de programmation pluriannuel de la recherche (LPPR), qui s’inspire de trois rapports qui ont été rendus publics. Ces orientations risquent de remettre fortement en question la qualité de la recherche et son fonctionnement, au cœur desquels se trouvent les revues scientifiques.

Les principes qui inspirent ces rapports et ce projet de loi sont ceux d’une mise en concurrence des chercheurs, des équipes et des établissements, qui ignore le fait que le sujet de la recherche est nécessairement collectif et non le résultat de la concurrence brute, « darwinienne » entre des chercheurs singuliers et isolés. Ces principes sont très éloignés du fonctionnement réel des chercheurs, des laboratoires, des publications scientifiques et des champs de recherche lorsqu’ils réduisent l’explication du progrès du savoir scientifique à l’action de quelques chercheurs productifs contre la masse des autres. Une telle approche manifeste une vision de la concurrence idéologique et extrêmement néfaste, qui ignore les savoirs que les sciences sociales ont établis depuis des décennies. Dans le monde scientifique, la concurrence n’a en effet pas de sens si elle n’est pas rapportée à la nécessaire coopération entre chercheurs, et aux nécessités du maintien d’une « tension essentielle » entre les savoirs dominants et les approches qui les contestent, les objets reconnus aujourd’hui et ceux qui se construiront demain. Ces nécessités doivent se traduire dans l’organisation des activités de recherche, et notamment les possibilités d’un débat délimité, constant, approfondi et robuste dans lequel les revues jouent un rôle essentiel.

Nombre des recommandations portées par ces trois rapports vont très nettement à l’encontre de ces conditions de possibilité d’une recherche scientifique libre et productive : la précarisation encore accrue des statuts des chercheurs et enseignants-chercheurs à l’embauche (par la mise en place de contrats non pérennes à durée indéterminée) et dans leur activité (par la remise en cause de la référence aux 192 h d’enseignement) ; la précarisation et la réduction des moyens alloués au soutien aux chercheurs, affectant les fonctions administratives et d’accompagnement qui sont indispensables au fonctionnement des revues comme de l'activité scientifique en général ; la remise en cause de l’encadrement scientifique des recrutements par les pairs et au sein des disciplines instituées, en supprimant l’obligation de la qualification par le Conseil national de l’Université (CNU).

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Face à cette perspective, la RFP s’associe au mouvement des revues, laboratoires, associations scientifiques et universités contre le projet de LPPR. Elle s’efforcera d’y contribuer dans le respect de sa fonction en publiant rapidement des points de vue divers mais fondés sur la raison et l’enquête empirique.

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