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Notes critiques

Perrin-Glorian Marie-Jeanne & Reuter Yves (éd.). Les méthodes de recherche en didactiques

Villeneuve-d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2006. – 208 p. (Acquisition et transmission des savoirs : éducation et didactiques).
Claire Margolinas
p. 184-185
Référence(s) :

Perrin-Glorian Marie-Jeanne & Reuter Yves (éd.). Les méthodes de recherche en didactiques. Villeneuve-d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2006. – 208 p. (Acquisition et transmission des savoirs : éducation et didactiques).

Texte intégral

1Cet ouvrage collectif réunit des textes issus du premier séminaire international sur les méthodes de recherches en didactiques, organisé en 2005. Il s’agit d’une entreprise ambitieuse, qu’il faut comprendre sur la durée (un deuxième séminaire, centré sur les questions de temporalité, a eu lieu en 2006).

Penser les méthodes de recherche en didactique(s)

2Le premier texte, celui de Y. Reuter est un texte programmatique. Je prendrai tout d’abord appui sur ce texte pour évoquer l’ensemble de l’ouvrage.

3L’auteur introduit trois questions : Pourquoi s’interroger sur les méthodes de recherche en didactique(s) ? Où en est ce questionnement en didactique(s) ? Qu’est-ce qu’une méthode de recherche ? L’importance d’un tel questionnement est justifiée par plusieurs considérations : la défense contre les critiques qui accusent les didactiques d’un manque de rigueur ; la nécessité épistémologique propre à toute discipline ; la perspective du développement de la didactique comparée. La difficulté qu’il y aurait à caractériser des méthodes de recherches spécifiques des didactiques des disciplines et notamment spécifiques à la transmission des savoirs n’est pas vraiment prise en considération.

4Ainsi, l’intérêt mais aussi les limites de l’ouvrage apparaissent d’emblée : l’intérêt, qui est de prendre pour objet la question des méthodes, ce qui est rare ; la limite, qui est de ne pas s’attacher à la discussion des spécificités des méthodes. Pour tempérer cette critique, il faut noter qu’une telle discussion est très difficile. De plus, pour le chercheur en didactique, cet ouvrage présente l’intérêt de réunir des approches méthodologiques souvent très différentes, ce qui peut permettre à celles-ci d’être connues au-delà de la didactique disciplinaire qui leur a donné naissance. Par ailleurs, cette diversité montre qu’il est toujours possible de faire preuve d’inventivité méthodologique, ce qui est assez stimulant.  

Comparaisons et croisements

5A. Crindal cherche à distinguer les compétences des enseignants dans différentes formes de travail. Il s’agit d’identifier des repères significatifs pour comprendre les compétences des enseignants. Le cadre méthodologique emprunte aux entretiens d’auto-confrontation et de co-confrontation, son originalité est d’insister sur une association des enseignants à la recherche qui vise à les mettre en confiance. Le cadre méthodologique de M. Loquet, S. Roessle et E. Roncin repose sur une description des séquences : épisodes potentiels, synopsis court et large, intrigue didactique. Le problème posé est celui de l’intentionnalité didactique : le sens didactique ne peut être postulé a priori mais découvert à partir des interactions effectives. L’étude incite à abandonner une conception restreinte des régulations professorales en tant qu’intervention verbale volontaire, et plaide pour une métaphore « orchestrale ». A. Fluckiger présente une méthodologie en deux temps. Le premier temps, hors classe cherche à identifier les invariants en jeu, par la mise en situation de questions de mathématiques ; le second temps, en classe, est une ingénierie de longue durée. L’auteur décrit les allers et retours entre les  deux temps, qui permettent de répondre à des questions didactiques prenant en compte la dimension cognitive. N. Constant-Berthes’interroge sur la conscience disciplinaire des élèves. Grâce à la même consigne dans deux disciplines différentes, les élèves sont amenés à choisir les référents qui leur semblent les plus appropriés disciplinairement, ce qui permet de voir que, pour certains élèves, cette différenciation disciplinaire est loin d’être évidente.

Détermination et sens des indicateurs

6J. Rogalski développe des outils s’appuyant sur la prise en compte d’indicateurs linguistiques visibles dans le discours de l’enseignant avec la visée d’atteindre du non visible : l’organisation de l’activité et ses invariants. Les marqueurs du discours et les connecteurs logiques sont les pivots de cette analyse, qui permet d’identifier des régularités dans le discours de l’enseignant, selon un schème d’unitarisation. C. Donahue s’interroge sur le rôle constructeur de l’écrit et la complexité de ce rôle. La méthodologie cherche à identifier des indicateurs textuels, dont le caractère est mobile. Les indicateurs retenus ne sont pas tous pré-établis, ils sont issus également de la prise en compte du corpus ainsi que d’une enquête auprès d’enseignants permettant de comprendre leurs critères d’appréciation. M. Le Paven et Y. Léziart retiennent l’incident critique, dans le cadre d’une méthodologie d’autoconfrontations simples et croisées, pour mieux comprendre l’articulations des savoirs en jeu. Les registres d’expression verbal et gestuel sont considérés, selon deux perspectives : synchronique, et diachronique. D. Cariou construit une méthode d’enseignement qui s’appuie sur la place du raisonnement par analogie dans la conceptualisation, dans un passage d’analogies non contrôlées à des analogies contrôlées. La méthodologie s’appuie sur des classes témoins, comparées à la classe expérimentale. L’originalité méthodologique du travail de D. Forest consiste à s’appuyer sur l’analyse des comportements proxémiques, qui permet de prendre en compte les interactions non verbales et notamment visuelles. La principale technique est une analyse « à la sourde », les observations étant effectuées dans un premier temps son coupé, ce qui permet de mettre en valeur les comportements non-verbaux de l’enseignant dans leur cohérence. M. Chappet-Paries cherche à déceler des indicateurs susceptibles de renseigner sur le niveau d’autonomie que le professeur propose effectivement à ses élèves : les fonctions du discours, les buts illocutoires, la forme des échanges et l’implication du professeur et des élèves. Cette analyse permet de décrire certains éléments de la stratégie d’enseignement du professeur, qui agit sur deux leviers : la forme des échanges et le choix de l’élève interrogé.

Retraitement des données, script, chronologie et synopsis

7B. Schneuwly, J. Dolz et C. Ronveaux, proposent un outil méthodologique spécialisé : le synopsis. La recherche s’intéresse principalement aux objets construits dans l’interaction didactique. L’analyse par niveaux permet la confrontation permanente entre la macro-structure de la séquence d’enseignement, la dynamique des transformations et l’ensemble des analyses « micro- » sur les gestes professionnels. A. Robert cherche à mettre en relation l’enseignement dispensé en classe avec l’apprentissage. La méthodologie se décline en plusieurs étapes : établissement de la chronologie de la suite des tâches, analyse de déroulement et reconstitution des activités des élèves, étude des alternatives possibles. Les analyses cumulées de plusieurs corpus contribuent à la connaissance des diversités, régularités et variabilités des pratiques, en relation avec les apprentissages.

8En conclusion, M.-J. Perrin-Glorian donne quelques éléments de synthèse et d’ouverture, qui ouvrent notamment sur de nouveaux chantiers possibles : le chercheur et son objet d’étude, la temporalité de la recherche et le grain d’analyse, l’articulation de méthodes différentes autour d’un même objet.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claire Margolinas, « Perrin-Glorian Marie-Jeanne & Reuter Yves (éd.). Les méthodes de recherche en didactiques »Revue française de pédagogie, 158 | 2007, 184-185.

Référence électronique

Claire Margolinas, « Perrin-Glorian Marie-Jeanne & Reuter Yves (éd.). Les méthodes de recherche en didactiques »Revue française de pédagogie [En ligne], 158 | janvier-mars 2007, mis en ligne le 23 septembre 2010, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rfp/563 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rfp.563

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Auteur

Claire Margolinas

INRP, UMR Apprentissage, didactique, évaluation, formation

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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