101-102 | 2003
Sciences, savoirs modernes et pouvoirs dans le monde musulman contemporain
A partir du début du XIXe siècle, les sciences et les savoirs modernes développés en Europe occidentale depuis le XVIIe siècle font irruption dans la plupart des sociétés du monde musulman. Des institutions nouvelles sont créées qui développent et enseignent les sciences, des activités inexistantes ou très peu répandues émergent et prennent l’allure de professions nouvelles, des administrations se mettent en place qui ont pour tâche d’organiser ces activités, des mouvements d’hommes se dessinent, dont le but est l’acquisition, le transfert ou l’enseignement des savoirs modernes.On s’est souvent penché sur les réactions et les tentatives d’ajustement culturel face au défi qui représentait cette modernité envahissante. Dans les périodes les plus récentes, on s’est interrogé sur la contribution des sciences modernes au développement économique des pays de la région. En revanche, les interactions entre ce processus de construction des sciences et les systèmes de pouvoir en place dans les pays musulmans ont moins souvent été au centre de questionnements. Les pouvoirs des pays musulmans n’auraient-ils joué qu’un rôle mineur ? La structuration des sciences modernes dans le monde musulman relèverait-elle d’un processus réactionnel dans le meilleur des cas, relativement passif, et en tout cas largement déterminé par des causes extérieures ? Diverses recherches invitent à relativiser cette perception en mettant à jour les liens étroits qui unissent la construction des sciences modernes et l’évolution des modèles politiques, notamment celui de l’Etat en pleine transformation à cette période. Depuis le Maghreb jusqu’à l’Indonésie, en passant par l’Egypte, le Machreq et la Turquie, les textes rassemblés dans ce volume s’interrogent sur les évolutions croisées des sciences modernes et des pouvoirs au cours des deux siècles écoulés et proposent plusieurs pistes de questionnement. Comment les politiques de la science participent-elles d’un travail de l’Etat sur lui-même beaucoup plus que sur la société – pour se construire et se moderniser ? Comment ce processus crée-t-il des groupes sociaux nouveaux que les pouvoirs politiques tentent de s’allier et de contrôler, renouvelant – notamment à travers la fonction publique de la science – le type de rapport aux instances gouvernantes ? Dans quelle mesure la période coloniale brise-t-elle l’émergence de modèles originaux tout en laissant une empreinte durable ? Comment enfin, à la crise de l’Etat et aux modifications des conditions d’exercice du pouvoir dans ces pays correspond une crise de la science et des professions qui en sont les porteuses ?
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Première partie
Sciences, savoirs modernes et pouvoirs dans le monde musulman contemporain-
Sciences, savoirs modernes et évolutions des modèles politiques [Texte intégral]
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I. Construction de la science, construction de l'État
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Un réformateur et la science [Texte intégral]
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II. Autocratie et technocratie : héritages, légitimités
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Diplômes industriels et service de l'Etat. Les fantassins de la modernisation de l'Égypte [Texte intégral]Remarques sur l'histoire de l'Association des diplômés d'écoles industrielles (1943-1974)
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III. Crises des modèles ?
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Seconde partie
Études libres, lectures-
I. Études libres
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II. Lectures
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