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Dossier « Accumulation et Politique : approches et concepts »

Capitalisme(s) et Politique

Pour un institutionnalisme critique centré sur la régulation et le travail politiques des acteurs
Politics and Capitalism: in favour of a critical institutionalism focused on regulation and the political work of actors
Capitalismo(s) y Política. Por un institucionalismo crítico centrado sobre la regulación y el trabajo político de los actores
Éric Lahille

Résumés

L’article propose un éclairage des structures politiques des capitalismes à partir d’une entrée régulationniste. Le développement en parallèle des conceptualisations limitant la possibilité de forger un cadre unitaire, il apparaît nécessaire de dégager les principaux acquis régulationnistes à partir d’une appropriation et d’une actualisation critiques subjectives. Ce socle constitutif de la méthode régulationniste ne pouvant prétendre à l’exhaustivité, le travail s’oriente vers la recherche de synergies avec l’institutionnalisme critique sur la base de complémentarités épistémologiques. Dans un contexte intellectuel et institutionnel marqué par l’emprise croissante des idées néolibérales, le projet consiste en un travail de fertilisation croisée permettant de définir un cadre conceptuel élargi articulant « modes de régulation et travail politiques des acteurs » dans une optique constructiviste.

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Texte intégral

L’auteur tient à remercier les rapporteurs anonymes et les membres chargés de la coordination du numéro spécial de la Revue, ainsi que Bernard Billaudot, Marie-Laure Djelic, Emmanuel Lazega, Andy Smith et Bruno Théret pour leurs commentaires avisés sur des versions antérieures.

Introduction

1Contre la convention constitutive de l’orthodoxie économique, l’économie institutionnaliste et la sociologie économique ont réfuté de longue date l’opposition simpliste entre politique et économie justifiant les politiques publiques d’assujettissement de l’État au marché. Celles-ci continuent, cependant, de se déployer, aussi convient-il de réinterroger les structures relationnelles reliant les logiques économiques et politiques dans les sociétés capitalistes contemporaines. Certes, la sociologie classique a montré que les logiques capitalistes ne relevaient ni du marché libre ni de calculs d’optimisation d’individus sans appartenance sociale, mais d’une volonté d’accumulation (Weber, 2009 [1905], 1995 [1921]) qui s’actualisait à travers le cycle sans fin de mise en valeur du capital (Marx, 1976 [1867]). Si dans les systèmes capitalistes ce processus structure les rapports sociaux et l’ordre politique, il ne permet pas d’en décrire les modalités précises (Ansaloni & Roger, 2018 ; Hay & Smith, 2018).

2Afin d’expliciter les médiations principales opérant de nos jours, l’article s’appuie sur la théorie de la régulation (TR) (Billaudot, 1996 ; Boyer, 2015 ; Chanteau, 2017, p. 72-75), qui a contribué à renouveler la topologie traditionnelle des interrelations économie-politique en imbriquant structures politiques et accumulation privée du capital, à partir d’une théorisation du changement institutionnel établie sur une conception politique non déterministe et conflictuelle des rapports sociaux.

3En forgeant le concept intermédiaire de régime d’accumulation, qui désigne les principes macroéconomiques régissant un modèle de croissance (Juillard, 2002, [1995]), la TR donne à voir les rapports de force qui en constituent le socle. L’accumulation repose alors sur des principes organisateurs historiquement situés dépendant d’arrangements institutionnels dont le façonnage relève de l’instance politique. Ainsi la crise du fordisme a été étudiée sous l’angle de logiques non strictement économiques, d’ordre social et politique (Aglietta, 1982 ; Boyer & Mistral, 1978), et sa transformation par un régime d’accumulation financiarisé est appréhendée sous l’angle de conflits/compromis dont la régulation est fondamentalement politique (Amable & Palombarini, 2005 ; Boyer, 2004a). La conformation des politiques publiques aux intérêts de la communauté financière exprime ainsi, de nos jours, le « pouvoir de la finance » (Orléan, 1999) et la financiarisation de l’économie est l’expression de la domination de l’industrie financière et de sa capacité à imposer ses intérêts et ses valeurs à l’ensemble du corps social (Aglietta & Rebérioux, 2004 ; Aglietta & Orléan, 1998 ; Boyer, 2015 ; Godechot, 2016). Ce consensus sur le rôle sociopolitique de la finance ne doit cependant pas masquer plusieurs difficultés.

4La théorisation des formes et de la dynamique de l’accumulation reste, de facto, souvent traitée séparément des dimensions politiques. L’entrée privilégiée étant économique, les logiques sociopolitiques n’y occupent généralement qu’un statut ancillaire. Certaines facettes du capitalisme financiarisé, comme les intérêts de la communauté financière (Lordon, 2002), la cupidité des acteurs financiers (Lordon, 2009 ; Stiglitz, 2010), la quête de la liquidité (Orléan, 2008), etc., ne peuvent cependant prétendre faire totalité. En rabattant plus ou moins directement l’autoréférentialité de la finance sur le seul compartiment des politiques publiques, le risque est de sous-estimer le poids des médiations et structures politiques stricto sensu.

5Or, considérant que les régimes économiques sont redevables d’interdépendances non univoques avec les conditions symboliques et sociologiques (Billaudot, 1996 ; Durkheim, 1893 [2007] ; Mauss, 1923, Sum & Jessop, 2013 ; Théret, 1999) et les ordres politiques (Théret, 1992, 1999 ; Nitzan & Bichler, 2000 ; Srnicek, 2018), et que les grandes crises sont aussi de nature politique (Lahille, 2014b ; Rosanvallon, 2014 ; Salais, 2014 ; Streeck, 2014), il convient d’expliciter plus précisément leur mode d’imbrication.

6En l’espèce, les formes de l’accumulation ressortissant à des arrangements sociopolitiques, les travaux régulationnistes se sont logiquement orientés vers l’étude des différentes facettes, dimensions et modes d’insertion sociale du politique. Toutefois, malgré des avancées constantes (Lahille, 2014a, 2015) et des convergences avec le néo-institutionnalisme historique autour des théories de la diversité des capitalismes (Amable, 2005 ; Boyer, 2004b ; Hall & Soskice, 2001 ; Hall & Thelen, 2009), les caractérisations restent hétérogènes et problématiques (voir infra, 1re et 2e parties). L’absence de véritable consensus limite la possibilité de forger une conceptualisation unitaire à opposer aux approches standard. Pourtant, à l’heure du renforcement de l’emprise néolibérale sur les sciences et les formations sociales, penser les processus politiques sous-jacents aux mutations des capitalismes constitue pour l’hétérodoxie un enjeu intellectuel et institutionnel fondamental.

7C’est pourquoi la présente recherche entend se focaliser sur l’étude des fondements sociopolitiques des capitalismes. Contrairement à la plupart des approches économiques hétérodoxes, l’article privilégie une entrée par les logiques politiques organisant les capitalismes, pour y intégrer les impératifs de l’accumulation. Le projet consiste à prolonger les principaux acquis régulationnistes en les associant à des apports institutionnalistes critiques complémentaires sur la base d’une appropriation critique subjective et d’une actualisation constructiviste. La grille d’analyse, centrée sur la régulation et le travail politiques, articulant de manière dialectique les stratégies contradictoires des « groupes actifs » aux structures institutionnelles, débouche sur une interprétation de la régulation politique néolibérale.

1. La TR et le politique : un processus complexe de maturation

  • 1 Dans le cadre limité de cet article, il ne s’agit pas tant d’éclairer en profondeur le processus de (...)

Le politique ne représentant qu’une composante particulière d’un programme de recherche régulationniste évolutif, pour en évaluer les avancées et les limites, il convient d’en proposer une mise en perspective mêlant chronologie et éléments méthodologiques et épistémologiques1.

1.1. Entre reflet des structures sociales et autonomie relative

8Au départ, le rôle de l’instance politique apparaît indissociable de la régulation des rapports de force entre acteurs sociaux et, à ce titre, est confondu avec le pouvoir et l’État. En l’occurrence, cette conception doit beaucoup à Poulantzas (2013 [1978]), pour qui l’État n’est pas tant un appareil qu’un « processus relationnel dynamique » exprimant un système complexe de relations de pouvoirs entre différents blocs sociaux (Keucheyan, 2015). La distanciation épistémologique opérée avec la vision marxiste-structuraliste de la superstructure et la vision fonctionnaliste de l’État peine ainsi à trouver son expression propre (Baslé, 2002 ; Boyer, 2002 ; Théret, 2003). Le primat conféré à la dynamique des structures sociales fondamentales, la conception passive de l’État et de la politique économique ainsi que l’entrée par les logiques économiques endogènes de la régulation limitent donc l’analyse du politique.

9Cette position est cependant amendée par l’idée d’autonomie relative de la politique économique par rapport aux autres formes institutionnelles (FI) (Boyer, 1986). En accordant une place et un rôle à part entière à cette FI dans la dynamique économique et sociale, la TR remet en question une vision structuraliste surestimant le poids et l’effet des structures sur les décisions des acteurs. Le rôle de l’instance politique se manifeste dans les grandes crises et les grandes guerres où l’État intervient dans la régulation économique et sociale à travers ses propres processus d’institutionnalisation (André & Delorme, 1983), car les impératifs fonctionnels de la régulation sociale prennent le pas sur les seules logiques de l’accumulation du capital (André & Delorme, 1983 ; Benassy et al., 1977 ; Lahille, 1989 ; Sapir, 1990). Les interactions entre l’économie capitaliste et l’État relèvent ainsi d’un « couplage stratégique » (Jessop, 1990) préfigurant les travaux de la période « moderne ».

1.2. Les développements en parallèle des travaux de deuxième génération

  • 2 Voir « État et politique économique », L’Année de la Régulation, no 3, Paris, La Découverte, 1999.

Ce changement de perspective alimente les essais de caractérisation des logiques spécifiques au champ politique et l’étude des interrelations avec les structures socioéconomiques (Billaudot, 1996 ; Delorme, 2002 ; Lordon, 1995 ; Théret, 1992). Les travaux sur l’État et la politique économique2 illustrent la diversité des niveaux et des angles d’analyse, ainsi que celle des modes d’insertion sociale du politique (Ansaloni & Roger, 2018 ; Lahille, 2014b, 2015).

1.2.1. La primauté du politique à l’aune de l’économie politique

10L’affirmation d’une macro-économie historique et institutionnelle va de pair avec l’exploration des tenants et aboutissants politiques des nouvelles formes de l’accumulation, car : « Les institutions de base d’une économie ont une origine extra-économique, le plus souvent politique. » (Boyer, 2004a) Dans cette cartographie du social, le politique est dans une relation hiérarchique descendante de détermination vis-à-vis de l’économique situé en aval, même si le régime économique rétroagit sur le politique (Boyer, 2004a, p. 26, Boyer, 2015, p. 35). Les changements structurels sont donc politiques même si les institutions sont conçues comme formes économiques.

« Les grandes crises ne sont surmontées que par l’intermédiation du politique dans les conflits sociaux […] » (Boyer, 2015, p. 13). Les rôles et places du politique sont donc essentiels lors de la genèse des FI mais aussi des sorties de crises, en raison de la capacité de l’État à légiférer (Boyer, 2015, p. 34-35, p. 318).

11Une telle approche, discutée du point de vue du caractère univoque de la relation de causalité politique/économie (Lahille, 2014b), du niveau d’analyse (macro), de l’entrée (économique) et de la définition sous-jacente du politique pose un problème empirique. La crise du régime d’accumulation financiarisé provenant d’un processus de déréglementation et de dérégulation endogène imputable au pouvoir financier (voir Boyer, 2015), le politique doit être sorti de sa « boîte noire ».

12C’est ce que proposent Palombarini (1999) et Amable et Palombarini (2005, p. 213), dont le projet d’économie politique néo-réaliste consiste en l’étude des interrelations réciproques entre dynamiques politique et économique. Le champ politique est ainsi défini comme « un mode d’interaction social » dominé par la quête de pouvoir entre groupes sociaux et dépendant des stratégies des différents acteurs pour « faire prévaloir une organisation sociale conforme à leurs intérêts tels qu’ils les conçoivent » (Amable & Palombarini, 2005, p. 48).

  • 3 Les institutions sont le produit indifférencié du politique et de l’économique, mais leur genèse et (...)

13Le processus de validation des structures sociales relève alors principalement des médiations politiques dont le rôle consiste en la fixation des choix collectifs. Ces médiations sont donc au centre de la régulation sociale3 et dépendent de la capacité d’un bloc social dominant à créer les conditions d’une stabilité politique. Celle-ci passe ainsi par l’élaboration d’une stratégie économique englobant les sphères idéologiques et institutionnelles (Amable & Palombarini, 2005, p. 220) traduisant les compromis passés entre groupes sociaux appartenant à ce bloc (Amable, Guillaud & Palombarini, 2012 ; Amable & Palombarini, 2017).

14De son côté, Lordon propose un éclairage du politique à l’aune d’une « métaphysique des luttes » (2008a, p. 39) articulant les problématiques régulationnistes à l’approche bourdieuso-spinoziste. Chaque formation sociale est un espace d’affrontements entre puissances contraires canalisés par le biais d’arrangements institutionnels et relevant de la force génétique du conatus.

  • 4 Le monétaire et le politique seraient l’expression de cadres mentaux, de valeurs et de conventions (...)

15Le postulat d’un « primat des luttes et [de] la nécessité de la guerre en première instance » (Lordon, 2008a, p. 30) débouche ainsi sur une « ontologie politique de l’être social » conférant au politique un rôle de matrice sociale. Les désirs d’expansion entre puissances opposées se manifestant dans le champ de l’économie à travers « le conatus du capital » (Lordon, 2002), le régime d’accumulation, marqué par l’hégémonie de la finance actionnariale vis-à-vis du capital industriel et du salariat, serait donc pleinement politique, dans un sens voisin de celui de l’approche social science de la TR4.

1.2.2. Autonomisation de l’économie et redéfinition du politique dans une approche de social science

16Les travaux sur la monnaie d’Aglietta et Orléan (1982) ont jeté les bases d’une méthodologie d’analyse globale, explicitée par une topologie du social (Théret, 1992, 1999) dans laquelle économie et politique sont vus comme deux ordres de pratiques avec leur propre registre (la monnaie et le droit) et finalité (accumulation et pouvoir) entretenant un rapport d’interactions complexes, « d’indépendance dans l’interdépendance ». La combinaison d’un ordre politique avec un régime économique co-détermine alors un ordre social spécifique (Théret, 1992, 1999, 2019). Dans l’optique polanyienne, la remise en cause du lien de subordination politique de la finance et de la monnaie par la dépolitisation des politiques publiques et la monnaie autoréférentielle (Aglietta & Orléan, 1998, p. 380), conduit ainsi à des crises politiques de souveraineté (Orléan, 1999), qui, dans la société moderne, expriment un risque d’autonomisation du pouvoir économique (Billaudot, 1996). La totalité sociale étant pensée à partir d’un socle anthropologique accordant la primauté aux représentations mentales, le politique s’apparente à un pouvoir symbolique autonome et d’influence (Orléan, 1999, p. 12) fondé sur les croyances et les idées (Aglietta & Orléan, 1998).

17Dans tous les cas, l’hétérogénéité entre dynamiques politique et économique modifie le schéma d’interactions réciproques mais asymétriques et la causalité descendante entre politique et économie (Boyer, 2004a, 2015, p. 35). À cette approche de l’ordre politique se substitue donc une conception plus horizontale et intégratrice de l’économie au politique.

18Dans le même esprit, Jullien et Smith (2008a, 2008b, 2012, 2014) proposent un décryptage des politiques publiques européennes en montrant comment les « rapports institués » évoluent sous l’effet contradictoire du travail politique des acteurs, consistant en un processus relationnel et institutionnel articulant logiques politique et productive, et des instances chargées de la fixation des normes, règles et institutions (Jullien & Smith, 2008b, 2014). Pour Smith (2011, p. 1) : « les économies sont régulées politiquement par les institutions et ces dernières sont coproduites par le travail politique des acteurs privés (les entreprises), collectifs (les groupes d’intérêts) et les pouvoirs politiques (les administrations et les élus) ».

19L’ordre institutionnel étant coproduit horizontalement selon la nature du travail politique des acteurs au niveau méso-économique en fonction de la combinaison des logiques économiques et politiques définissant un type de « gouvernement des industries » (Jullien & Smith, 2012, 2014), le politique change de statut et de dimension. Aux approches méta-sociales et macro-institutionnelles d’un holisme méthodologique dominant s’ajoute donc un niveau supplémentaire.

1.2.3. De la diversité à l’hétérogénéité des propositions

20Cette recension montre qu’en dépit de constants développements, il n’existe pas, à ce jour, de cadre conceptuel unifié pour appréhender les mutations contemporaines du politique. Bien qu’unanimes sur son rôle essentiel dans la dynamique institutionnelle et structurale, les régulationnistes en proposent des conceptualisations qui ne peuvent prétendre isolément à l’exhaustivité. Ainsi, faute de consolider et coordonner les différents espaces de réflexion, on aboutit à une arborescence de plus en plus large. Si ces changements successifs de perspectives et de niveaux d’analyse témoignent d’une vitalité et d’une capacité à se renouveler, les caractérisations restent disparates, car poursuivant des trajectoires parallèles. En outre, l’absence de débats connus sur l’articulation des conceptualisations pousse à s’interroger sur le degré de complémentarité des différentes conceptions du politique.

21Ainsi, le présent élargissement de la focale régulationniste vers les échelons méso-économiques (Chanteau et al., 2016) et les « micros events » (Chanteau, 2017) affecte peu les travaux macro- ou méta-institutionnels de référence sur le politique (Amable & Palombarini, 2017 ; Boyer, 2015 ; Lordon, 2015). Pourtant, la meilleure prise en compte de ces autres champs sociaux révèle des changements dans les espaces de localisation et de décision du politique (Jullien & Smith, 2008a, 2008b, 2014 ; Lazega, 2016 ; Lazega, Quintane & Casenza, 2017) qui permettraient d’enrichir la palette régulationniste et d’investiguer les conditions de production des politiques publiques.

  • 5 Ces logiques sont décrites dans les approches d’Économie Politique Internationale hétérodoxes, nota (...)

22Ce faible degré d’articulation des approches pose non seulement un problème théorique mais aussi empirique. Chaque modélisation apparaît tributaire d’un terrain d’application particulier, correspondant aussi à un niveau d’entrée, qui interroge la pertinence d’une transposition de ces grilles de lecture à toutes les formations sociales et fait douter de leur transférabilité à d’autres échelons. Les analyses portant sur la dynamique institutionnelle de l’UE montrent qu’il serait réducteur d’appréhender cet échelon en tant que simple addition de logiques nationales de puissance dans l’optique réaliste des Relations Internationales (RI). À cet égard, les travaux de Jullien et Smith (2014), de Lazega (2016), Lazega et al. (2017), Salais (2014), etc., qui concernent différents domaines des politiques publiques, mettent en évidence des logiques politiques plus hybrides5.

23Le caractère fécond de la poly-méthodologie régulationniste ne doit donc pas masquer un risque d’éparpillement des connaissances. En l’occurrence, encore faut-il s’accorder sur la définition du substantif « politique ». Or, les avancées régulationnistes sur le politique sont fondées sur plusieurs définitions qui ne sont conciliables que sous certaines hypothèses. Si l’élargissement du spectre de l’analyse est une condition de la meilleure appréhension des multiples facettes du politique (Bidet, Jany-Catrice & Vatin, 2015), on ne peut se contenter d’un rapprochement de façade fondé sur le caractère ubiquitaire du concept de politique.

24Le degré de coordination entre les projets s’étant distendu sous l’effet du foisonnement des pistes de recherche et des logiques de différenciation propres au travail scientifique, la complémentarité entre les divers éclairages constitue donc aujourd’hui une question fondamentale. Dans un contexte intellectuel et institutionnel marqué par l’emprise croissante des idées néolibérales, les travaux régulationnistes sur le politique arrivent à un tournant. En effet, cette hétérogénéité limite la possibilité d’élaborer un cadre alternatif plus cohérent à opposer à l’orthodoxie économique et constitue un frein au nécessaire travail de fertilisation croisée engagé avec les autres courants institutionnalistes et les autres disciplines pour forger une ontologie sociale pluraliste plus robuste.

25C’est pourquoi notre projet s’oriente vers une sélection des points saillants autour desquels prolonger la perspective en hiérarchisant les facteurs explicatifs sur la base d’une appropriation critique subjective et d’une actualisation constructiviste.

2. Ébauche d’une convention régulationniste sur le politique

Pour surmonter les obstacles répertoriés et instaurer un dialogue entre les approches, il convient d’identifier la nature des oppositions/coopérations qui structurent le champ régulationniste sur le politique.

2.1. Une diversité d’approches à comprendre à l’aune des orientations épistémologiques et méthodologiques

26Les sections précédentes ont mis en évidence une pluralité de théorisations selon les niveaux d’interprétation et d’abstraction, les angles, registres et modes d’insertion privilégiés. Si l’on y ajoute la variété des définitions du politique (explicites ou implicites) et leurs évolutions dans le temps, on se retrouve face à un enchevêtrement de conceptions du substantif et de l’adjectif « politique » qui questionne la concordance des propositions.

  • 6 Dans le cadre limité de ce travail, il n’est pas possible de chercher à cartographier le réseau de (...)

27Ces différenciations ayant des origines multiples (variété d’influences épistémologiques, méthodologiques et théoriques en évolution [voir supra, 1re partie]), le bilan ne peut être qu’incomplet6. En partant des fondements méthodologiques et épistémologiques structuralistes-institutionnalistes entremêlés de la TR, il est néanmoins possible de dégager des bases communes.

28S’il est acquis que les travaux de deuxième génération donnent de la consistance au concept de politique et à ses interactions avec l’économie, les apports sont à comprendre à l’aune de l’évolution de présupposés ontologiques se revendiquant progressivement, mais diversement, de l’institutionnalisme méthodologique (Boyer & Saillard, 2002 [1995] ; Baslé, 2002, [1995] ; Chavance, 2012). En effet, l’appropriation institutionnaliste apparaît variable, car la transition depuis les fondements épistémologiques « structuralo-marxiens » critiques initiaux (Lipietz, 1987, 1990) est restée ambivalente (Théret, 2003). Bien que les interdépendances et complémentarités situent la TR comme un structuralisme institutionnaliste compatible avec un institutionnalisme historique et/ou méthodologique (Théret, 2003), cette diversité d’enchevêtrements (voir infra 2.2. et 2.3.) ne suffit pas à canaliser l’hétérogénéité des conceptions du politique.

29Les différences tiennent ainsi à l’inégale prise de distance avec des fondements épistémologiques structuralistes abstraits et focalisés sur les seuls impératifs de l’accumulation privée du capital, les conflits et les relations de pouvoir. Bien qu’elle ne fasse pas l’objet de débats (connus) entre les auteurs, la polysémie du substantif « politique » illustre ce point.

30Une première acception du terme politique renvoie au conflit, à la quête de pouvoir et aux rapports de domination, dans la filiation marxienne ou bourdieusienne du politique (et de l’État), tandis que d’autres approches se concentrent sur le droit ou les médiations institutionnelles. De plus, l’espace d’analyse de ces rapports de force change selon que les auteurs privilégient plutôt le registre des idées (le pouvoir symbolique), le champ macro ou méso économique, lui-même traversé par des luttes entre groupes économiques, ou le champ politique stricto sensu, où règnent les logiques d’accumulation de pouvoir et de domination.

31Dans un deuxième sens, le politique est assimilé à l’État dans l’optique néo-gramscienne par opposition à la conception marxiste dérivée de la superstructure. L’État étant l’émanation des antagonismes économiques liés à l’accumulation, c’est par l’intermédiaire du droit et de la loi et/ou de jeux d’influence qu’il peut refléter les choix stratégiques des groupes économiques et sociaux hégémoniques. Son rôle n’est cependant pas uniforme puisqu’en tant qu’instance disposant du monopole de la violence légitime il peut imposer, par la coercition, les décisions des groupes hégémoniques. Selon les auteurs, le politique aurait donc à voir avec l’ordre constitutionnel et juridique, l’idéologie, l’état de droit, un ensemble hiérarchisé de médiations institutionnelles situées à différents échelons, etc.

32Ces approches coexistent avec la définition plus générale (inspirée de Louis Dumont), reprise par Théret (1992, 1999), Billaudot, (1996) ainsi qu’Amable et Palombarini (2005), du politique en tant que mode de relations entre les hommes. Les rapports sociaux étant antagoniques, les contradictions s’actualisent dans des institutions (via les compromis institutionnalisés) dans les différents champs (économiques, politiques et symboliques) selon divers schémas construits sur les logiques de la domination. La rivalité opposant les acteurs est en effet dérivée des structures sociales mais aussi des FI. Les définitions du politique changent donc selon que le point d’entrée concerne plutôt les structures sociales fondamentales ou le niveau des institutions et des acteurs exerçant en retour une action de transformation des rapports sociaux.

33Disserter sur le degré de compatibilité des différentes définitions du politique est une tâche d’autant plus vaine que ces différences se doublent de relations de causalité descendante avec l’économie et l’accumulation qui entrent en contradiction avec des schémas d’interdépendances politique-économie-symbolique variables selon les auteurs. Or, ces deux modes d’insertion sociale du politique définissent des positions limites (Ansaloni, 2018). Dans un cas, l’investigation porte sur la dimension politique, stricto sensu, de la dynamique du capitalisme et sur ses effets sur l’accumulation, sans toutefois expliciter les modes d’élaboration des pratiques et politiques publiques (Hay & Smith, 2018 ; Lahille, 2014b). Dans le second cas, certains travaux sont focalisés sur la problématique de l’autonomisation du champ économique et de ses acteurs, au détriment d’une investigation plus poussée sur le politique. Les rapports entre politique et économie relèvent donc soit de logiques verticales et de champs autonomes (selon différents schémas), soit d’une intrication plus endogène de même niveau (selon différentes modalités) définissant un type de régulation sociale. L’absence de travaux tentant d’opérer la jonction entre les différentes approches est l’indice qu’une synthèse régulationniste sur la question des rapports entre politique et économie reste donc, à ce jour, problématique.

34En prolongeant les conceptions fondées sur l’indépendance dans l’interdépendance économie-politique-symbolique (Théret, 1992, 1999) sans surestimer les mérites de la méthode structurale, il est possible de prolonger les regards régulationnistes sur le politique. En effet, cette approche trouve une forme de validation empirique à l’échelle méso-économique et méso-institutionnelle dans les travaux de Jullien et Smith (2008a, 2008b, 2012, 2014). En montrant que les mutations institutionnelles combinent des logiques politiques en partie aussi endogènes à la sphère économique, puisque le travail politique implique des acteurs privés et publics, remodeler le statut du politique s’avère prioritaire.

2.2À la recherche d’une méthode d’analyse et d’une position ontologique propres à « la régulation »

  • 7 Par exemple, pour Aglietta (1982, p. X) : « Parler de la régulation d’un mode de production c’est c (...)
  • 8 À ne pas confondre avec la démarche mainstream « positiviste-injonctive » basée sur l’instrumentali (...)

35L’objectif n’est pas de produire une synthèse artificielle entre des propositions parfois paradoxales, mais d’identifier les bases d’un noyau dur régulationniste nécessaires à son actualisation. Malgré l’hétérogénéité de conceptions du politique, il existe, en premier lieu, une communauté de pensée portant sur le rôle prééminent et ubiquitaire des logiques politiques dans la régulation du capitalisme. Quelles que soient les définitions, la régulation d’une formation sociale7 apparaît comme fondamentalement politique, et cette fonction politique de la régulation est paradoxale, voire toujours problématique (Boyer, 2015, p. 48, Chanteau, 2017, p. 80), car conçue sous l’angle d’une « hétérorégulation immanente8 » (Chanteau, 2017).

  • 9 Selon Théret cette démarche s’apparente à la méthode d’analyse proudhonienne fondée sur une combina (...)

36Le concept de régulation peut d’ailleurs être considéré comme un « concept fractal » (Jessop, 2015 ; Jessop & Sum, 2016), représentant une manière structurante de penser les phénomènes sociaux. En fixant les contours d’une méthode d’interprétation qui lui confère sa cohérence épistémologique, la « convention régulationniste » se définit donc comme une position ontologique et une méthode « constructiviste-procédurale » spécifiques. En raisonnant à partir des catégories de l’institutionnalisme méthodologique d’Ostrom (2011), la régulation doit donc être considérée, au niveau de généralité le plus élevé, comme un « élément universel » servant d’armature à un « cadre heuristique », qui se décline, selon une logique d’abstraction descendante, vers des théories et des modèles autorisant une meilleure appréhension du réel (Chanteau & Labrousse, 2013). Ainsi, l’unité méthodologique régulationniste réside dans le rôle central joué par les institutions dans des processus régulatoires ontologiquement paradoxaux9.

37Pour autant, cette approche de « la régulation » n’est pas seulement une méthode qui se décline de manière invariante sur tout type d’objet, car l’équivalence fonctionnelle, présente au niveau d’abstraction le plus élevé, ne se manifeste pas de manière identique selon les champs. Ainsi, toute duplication sommaire risque d’aboutir à des contresens. La singularité des mécanismes régulatoires mobilisés et la pluralité de définitions du politique aboutissent d’ailleurs à la construction de représentations parfois complémentaires mais aussi partiellement concurrentes. Si les rétroactions dérivées du renouvellement des modélisations du social et/ou de l’ordre politique confortent un cadre heuristique basé sur la régulation politique, la variété des outils, catégories et méthodes induit aussi une diversité de statuts et de formes qui interroge la topologie d’ensemble (voir infra, 3.1.). L’articulation des appareillages théoriques aux faits stylisés constituant l’aboutissement de la démarche régulationniste, l’actualisation constructiviste doit tenir compte, outre la cohérence interne formelle des conceptualisations, de leur capacité à rendre compte des diverses formes politiques sur lesquelles sont établis les capitalismes contemporains.

  • 10 Bien que les travaux d’André et Delorme (1983), de Delorme (2002 [1995]) et de Théret (1992) sur l’ (...)

38En adoptant, comme la TR le revendique, une démarche historicisée (Labrousse et al., 2017), il est logique que les théorisations évoluent au gré des séquences historiques à partir de l’évolution des formes politiques. En l’occurrence, de la Seconde Guerre mondiale à la crise fordienne, du fait de l’insertion des États dans les économies nationales et du rôle joué par les acteurs publics dans la stabilisation des arrangements institutionnels, le politique a paru dominer, si ce n’est surplomber l’économie10. Cette configuration résulte des linéaments historiques liés aux guerres mondiales et à la Grande Dépression, qui ont abouti à un processus politique de contention sociale des logiques de l’accumulation. En revanche, l’essor d’un nouveau régime d’accumulation financiarisé et la montée en puissance des acteurs économiques et financiers, les mutations des politiques publiques (Muller, 2018) et les métamorphoses de la régulation politique (Commaille & Jobert, 1998), donnent à voir des processus plus « horizontalisés » que dans la théorisation du mode de régulation fordiste. Ces tendances s’étant renforcées, il est aujourd’hui acquis que la fonction de régulation sociale échappe partiellement aux acteurs politiques stricto sensu au profit d’acteurs privés de plus en plus autonomes et organiquement liés à la sphère politique (Djelic, 2012 ; Favereau, 2014 ; France & Vauchez, 2017 ; Jullien & Smith, 2014 ; Hay & Smith, 2018).

39On peut en conclure que du point de vue structurel c’est l’enchevêtrement horizontal économie-politique qui est la norme : a priori il n’y a pas de hiérarchie logique. Du point de vue historique, il existe, en revanche, une diversité de schèmes dépendant des positions relatives des acteurs au sein des structures politiques de régulation (Jobert, 1998 ; Muller, 2018). Il en résulte différentes configurations qui s’étagent à la fois dans l’espace et le temps au gré de l’évolution des rapports sociaux. Ainsi la période contemporaine est marquée par l’emprise croissante des logiques marchandes et la prééminence des impératifs de la financiarisation sur les principes politiques de la démocratie représentative. Ce « moment néolibéral » s’accompagne donc d’une transformation des référentiels et des formes institutionnelles à l’origine de tensions et conflits sociaux qui interrogent la régulation politique.

40En l’espèce, la conception de la régulation politique repose sur un alliage « structuraliste-institutionnaliste » original constituant un deuxième dénominateur commun. Cette connexion est ainsi vue par Théret, (2003, p. 24) sous l’angle d’une « […] interdépendance entre structuralisme et institutionnalisme […] de type inclusif : le premier [ayant] vocation à englober le second tant au plan de la méthode qu’au plan des concepts ». Ainsi, malgré des schémas méthodologiques variés, il est possible de concilier l’institutionnalisme méthodologique et historique revendiqué par une large fraction de la TR et certaines formes (critiques) de structuralismes influençant les autres travaux (Théret, 2003 ; Chanteau, 2017). Les affinités électives reliant l’institutionnalisme historique (Commons) et le structuralisme méthodique ou génétique (Piaget), propres à la méthode régulationniste, indiquent ainsi que les différents modèles s’opposent moins qu’ils ne se combinent (Théret, 2003). Les représentations des structures n’étant ni déterministes ni univoques, elles figurent un ensemble d’interdépendances sociales complexes multiniveaux et multidimensions, dans lequel les institutions formelles et informelles (règles, normes et conventions) occupent un espace privilégié d’intermédiation articulant le niveau général et abstrait des structures avec celui, plus empirique, des stratégies des acteurs (individuels et collectifs).

41Que l’entrée se fasse par les structures ou les institutions, ces dernières restent donc fondamentales. De ce fait, cette ontologie sociale du monde et cette méthode d’analyse (Boyer & Saillard, 2002 [1995] ; Boyer, 2004b, 2015) n’apparaissent pas contradictoires avec d’autres réflexions institutionnalistes hétérodoxes car chacun cherche « à réencastrer, à sociologiser la structure et l’action humaine » (Chanteau, 2017, p. 91) par l’intermédiaire des institutions.

2.3. Prolonger les regards régulationnistes sur la base de complémentarités avec l’institutionnalisme critique

42Considérant le développement en parallèle des travaux sur le politique et le renouvellement des démarches institutionnalistes vers des formes de convergence constructivistes localisées ou plus générales et un moindre marquage des frontières théoriques traditionnelles (Billaudot, 2006 ; Chavance, 2012), il semble souhaitable de recourir à un usage pluraliste et à géométrie variable des catégories clés de la TR (Ballon et al., 2016 ; Labrousse, 2018). Une telle démarche, appliquée aux structures politiques de régulation des capitalismes, doit permettre un enrichissement réciproque. De même que nous avons dégagé les vertus communes aux différents travaux régulationnistes (voir supra, 2.1. et 2.2.), il convient de voir sur quelles bases logiques on peut les associer à d’autres approches heuristiques. À cet égard, cet article plaide pour l’unidisciplinarité telle que proposée par Orléan et Diaz-Bone (2013) et pour l’instauration d’un processus délibératif ouvert sur les analyses institutionnalistes hétérodoxes dont la nature des projets porte sur les mêmes classes de phénomènes.

  • 11 Vandenberghe (1998, p 301-302) définit le structurisme critique comme : « Les approches qui postule (...)

43Cette entreprise se justifie premièrement par la proximité épistémologique avec un « structurisme critique » avancé par F. Vandenberghe11 et repris par Chanteau (2017, P. 90), qui, par extension, permet d’articuler structure et action à partir des institutions. Comme ce traitement du triptyque structures-institutions-acteurs affiche explicitement sa proximité avec l’approche institutionnaliste d’Elinor Ostrom (voir supra, 3.1.) ou la sociologie des réseaux, dans une perspective « d’institutionnalisme néo-structural » (Lazega, 2012, 2016), ce socle commun permet d’envisager des synergies sur l’analyse du politique (voir infra, 2.4. et 3e partie).

  • 12 « Si nous nous efforçons de trouver un principe universel, commun à tout comportement considéré com (...)

44Cependant, dans un contexte de déclin du structuralisme et de renouveau institutionnaliste raisonnant plus ou moins indépendamment des problématiques structurales, l’ouverture doit être précisée. La diversité d’interprétation des interrelations structure-institution n’étant pas en soi antinomique (voir supra, 2.1. et 2.2), la différenciation des approches selon leur point d’entrée (par les structures ou par les institutions) ne saurait être un obstacle à un rapprochement. Dans la mesure où les institutions jouent systématiquement un rôle pivot, le recentrage spécifiquement institutionnaliste sur cet échelon aboutit à l’identification d’un terrain commun avec les approches structuristes et néo-structurales (Chanteau, 2017 ; Théret, 2000a, 2000b, 2003). Les institutions constituant le point nodal autour duquel gravitent les différentes approches, on peut envisager d’associer ces dernières afin de caractériser des régularités situées. Ce référentiel commun est d’autant plus solide que, malgré leur diversité, ces approches tendent vers une conception unitaire de l’institution. Fondée sur un principe d’action collective dans l’optique de la définition commonsienne12 (Théret, 2019), cette convergence permet ainsi d’assurer l’opération, implicite ou explicite, de jonction entre structure et action.

45Toutefois, l’économie institutionnelle étant composite (Chavance, 2012), on ne peut envisager une fertilisation croisée qu’à une seconde condition. Les théorisations doivent être fondées, en amont, sur une ontologie critique du cadre conceptuel mainstream et un questionnement de l’ordre social établi. Les approches normatives « positivistes-injonctives » (Chanteau, 2017) s’inscrivant dans la filiation « standard » sont donc hors de ce périmètre. En revanche, une démarche réflexive prenant en compte les institutions en tant que constructions sociales (historiques et actualisées par des personnes), peut suffire à jeter des ponts entre courants, quelles que soient, par ailleurs, les modalités d’imbrication aux structures fondamentales et/ou aux stratégies des acteurs individuels ou collectifs.

46On peut donc distinguer, par opposition à un « institutionnalisme des choix rationnels » (Roger, 2018), caractérisé par des formes plus ou moins prononcées d’économicisme, de naturalisme, de technicisme, de fonctionnalisme, de réductionnisme et d’essentialisation des catégories économiques et politiques, un second type d’institutionnalisme basé sur une distanciation vis-à-vis des postulats méthodologiques du courant dominant. La question de la généalogie des institutions, du rapport critique au référentiel du marché et à la rationalité substantive doit donc être considérée comme la source d’un véritable clivage épistémologique. L’affirmation du caractère sociopolitique, historique, dialectique et contradictoire de toute construction institutionnelle étant antithétique avec une vision normative du monde peu ou prou dérivée de développements de la théorie standard, il est cohérent d’associer ces conceptions alternatives. (Postel, 2007) Il en est de même pour la multitude de variations institutionnalistes traversant les champs disciplinaires, à condition que les démarches ne s’exonèrent pas de l’histoire, du social ou du réel (Hodgson, 2001, 2004 ; Ostrom, 2005, 2011).

47À cet égard, le champ politique se présente comme un terrain d’expérimentation d’une méthode combinatoire et interdisciplinaire fondée sur un institutionnalisme critique. En effet, que l’on se réfère à l’institutionnalisme historique, comme dans la tradition régulationniste, ou à d’autres formes de construction institutionnaliste critique (voir infra, 2.4., et 3e partie), ces approches s’avèrent logiquement compatibles puisqu’elles reposent sur des fondements épistémologiques communs. Comme il n’existe pas, a priori, de one best way, pour essayer de ré-enchâsser socialement et historiquement les formes politiques contemporaines, il est d’autant plus souhaitable d’élaborer une construction puisant dans l’espace d’intersection réunissant des approches critiques hétérogènes mais logiquement conciliables. Il s’agit alors de faire « remonter » des hypothèses particulières selon une logique d’abduction dans une perspective « fédéraliste » (Labrousse, 2018).

48Enfin, sans confondre dénominateur commun et compatibilité totale des propositions, nous revendiquons un parti pris méthodologique fondé sur une dose maîtrisée d’anarchisme épistémologique au sens de Feyerabend (1988). Au-delà de la nécessaire identification des points communs portant sur un rejet du positivisme logique de la théorie standard et d’un socle ontologique agrégeant des approches institutionnalistes critiques, il s’agit aussi de sortir d’une clôture des conceptualisations sur elles-mêmes. Comme nous l’enseignent les expériences passées, tout hermétisme théorique est susceptible de nuire à l’essor d’une construction intellectuelle à opposer aux approches dominantes.

49Ce troisième point doit être compris comme une posture intellectuelle à l’appui des arguments analytiques précédents. Il s’agit d’opposer à la méthode alvéolaire, par l’aval, mettant l’accent sur les séparations, une démarche inclusive privilégiant les complémentarités épistémologiques situées en amont des conceptualisations (voir supra, 2.1. et 2.2.). La production intellectuelle étant le fruit d’un processus discursif partagé collectivement entre les participants d’un forum commun, il est logique d’en saisir les complémentarités. À cet égard, le décloisonnement de conceptualisations dérivées des courants et des disciplines de sciences sociales non étanches et leur regroupement autour d’un noyau dur institutionnaliste critique apparaît comme la meilleure façon de créer les conditions d’élaboration d’un cadre conceptuel plus complet sur le politique.

50À partir d’une entrée fondée sur le concept fédérateur de régulation (voir supra, 2.1. et 2.2.), il est donc nécessaire d’emprunter des outils conceptuels provenant d’une nébuleuse épistémique de manière nécessairement imparfaite et subjective, dans l’esprit de l’approche « institutionnaliste constructiviste » préconisée par Hay et Smith (2018). Avant d’esquisser les contours d’un canevas institutionnaliste critique en confrontant, de manière non exclusive, quelques éclairages réalistes sur le politique selon leur intérêt heuristique, encore faut-il pouvoir dépasser au préalable la polysémie du vocable « politique » (voir supra, 3.1.).

2.4. Essai de caractérisation du et de la politique

51L’approche topologique de Théret donne des clés d’interprétation de la relation économie-politique permettant d’intégrer la diversité de conceptions du politique. Toutefois, bien que la définition générale, en tant que système de relations entre les hommes, constitue un point de départ pour penser les interactions complexes entre politique et capitalisme, cette définition n’est pas en mesure de fournir un cadre empirique explicatif.

52En premier lieu, ces rapports ne sauraient être conçus systématiquement sous la forme exclusive de relations agonistiques car, dans les sociétés démocratiques, les structures politiques débordent les impératifs de l’accumulation du capital (Ramaux, 2012, p. 268-284), du pouvoir (même symbolique) et de la coercition. Les interrelations entre la dynamique de l’accumulation et celle des structures politiques doivent donc être requalifiées en intégrant les logiques de la citoyenneté, de la « gouvernementalité » et de l’état de droit qui leur sont transversales et dont les expressions institutionnelles plus ou moins coopératives ou conflictuelles varient dans l’espace et le temps (Commons, 1934-1990 ; Giraud & Warin, 2008).

53Pour canaliser l’ubiquité du substantif politique et en appréhender les interdépendances horizontales avec les ordres symboliques et économiques entendus au sens de Théret (1999) sans les confondre avec l’État et le conflit, il convient logiquement de puiser dans les travaux de sciences politiques. On peut alors distinguer le politique, comme champ organisé d’interrelations institutionnelles ambivalentes, et la politique vue comme activité de positionnement stratégique des acteurs (publics et privés).

  • 13 À noter que notre définition de la politique correspond plutôt à celle du politique chez Hay et Smi (...)

54Cette approche entre en résonnance avec les significations du politique données par Hay et Smith (2018) sur la base des travaux de sociologie politique constructiviste ; à savoir le politique, l’action publique et la politique correspondant à autant d’objets d’analyse13. Le politique, qui désigne la conduite et l’implication des élus dans la régulation politique (stratégies en liens avec les autres groupes sociaux, entreprises, etc.), reste, selon nos auteurs, un champ secondaire, car n’intégrant, dans les approches habituelles de sciences politiques, que faiblement les formes capitalistes qui le sous-tendent. En revanche, le champ des politiques publiques ou de l’action publique, abordé depuis les « institutions – c’est-à-dire des règles, normes et conventions stabilisées qui structurent l’activité économique », en mettant « à parité l’entrée par les acteurs économiques et celle par les pouvoirs publics » (Hay & Smith, 2018, p. 43), recoupe directement notre projet. Il en est de même pour la politique, conçue de manière restrictive, comme « la redéfinition et la priorisation de valeurs en vue de changer ou de reproduire les institutions » (Hay & Smith, 2018 p. 45) à partir de stratégies tantôt de politisation tantôt de dépolitisation des acteurs.

55La confrontation des stratégies politiques des acteurs économiques avec les logiques propres aux acteurs politiques stricto sensu (soit la et le politique au sens de Hay et Smith) recoupe notre propre conception de la politique, conçue comme travail politique des acteurs. Toutefois, en tant que travail institutionnel, celui-ci déborde la notion de travail symbolique (Smith, 2019), en raison des prérogatives de l’autorité publique en matière de monopole de la violence légitime et plus largement des différents modes d’exercice possibles du pouvoir (Lahille, 2014b). Pour paraphraser le langage géopolitique, le travail politique proprement dit s’apparente donc à un exercice de smart power, incorporant les dimensions de soft et de hard power, même si, dans un État de droit, l’usage de la force ne représente a priori qu’une option de dernier recours.

3. Vers un cadre conceptuel institutionnaliste critique

Dans une perspective institutionnaliste critique, l’architecture institutionnelle du politique entre dans un rapport d’interdépendances complexes avec la politique et les politiques publiques. Pour préciser notre grille de lecture de la régulation politique, il faut alors recourir à des compléments et des emprunts institutionnalistes en phase avec l’ontologie sociale de la TR.

3.1. Le et la politique : entre dualité et antinomie

56Dans la mesure où les autorités politiques sont fonctionnellement chargées de la régulation des choix collectifs et des rapports sociaux, l’action publique relève de rapports de pouvoir et de production d’équivalence entre des univers et des espaces sociaux hétérogènes. Comme la sociologie classique et l’anthropologie sociale l’ont montré, le propre de l’action publique et ce qui fonde sa légitimité consiste à trouver des arrangements acceptables socialement, c’est-à-dire mobilisant des catégories relatives aux valeurs sociales (Bessy & Favereau, 2003) et aux registres de justification (Thévenon, 2006). Elle ne se réduit pas au seul fait d’entériner ou d’imposer des rapports de force en agrégeant les coalitions sociales sur les intérêts économiques contradictoires (Amable & Palombarini, 2005). Dans une démocratie représentative, l’action publique a donc un caractère ontologiquement ambivalent.

57Cette dualité entre rapport de force et universalisation, qui se manifeste dans la recherche de compromis institutionnalisés, est amplifiée par le jeu des intérêts et des conventions contradictoires entre les acteurs privés et publics. Le politique se présente donc comme un ensemble d’institutions dont la coordination et la régulation sont traversées par des tensions ontologiques, topologiques et fonctionnelles. Pour en comprendre la dynamique, il faut donc partir des structures propres au champ politique. En l’occurrence, la fonction d’intégration d’intérêts et de valeurs contraires étant constitutive du projet démocratique, c’est sur cette base que l’on peut ébaucher l’architecture institutionnelle organisant ce système régulatoire. Enfin, rappelons que la diversité des configurations institutionnelles résulte aussi de l’évolution des rapports sociaux dans différents registres et de stratégies d’acteurs relativement autonomes.

58Quant à l’ambivalence de la politique, elle s’explique par la différence de nature entre le travail politique des groupes privés et celui du personnel politique. Là où les acteurs privés cherchent à faire prévaloir leurs conventions et leurs intérêts, en démocratie, la finalité du travail des acteurs publics est aussi de parvenir à hiérarchiser entre différentes représentations du monde en canalisant les conflits sociaux de manière à assurer la reproduction sociale. On retrouve d’ailleurs ces contradictions inhérentes au travail politique des acteurs dans la production des politiques publiques. Les travaux fondateurs de Jobert et Muller (1987), Jobert (1995) ainsi que de Muller (2018) en sciences politiques confortent cette analyse, en soulignant que celles-ci sont à la fois un lieu d’expression de la domination et un espace de contention des tendances centrifuges menaçant l’unité de tout système social. Les « référentiels », qui sous-tendent les politiques publiques, sont donc traversés par cette dichotomie fonctionnelle propre à la politique, de sorte que les politiques publiques expriment « une pragmatique de la démocratie » (Giraud &Warin, 2008, p. 8).

  • 14 De son côté, Ramaux (2012) rappelle que ce paradoxe est énoncé dans la publication posthume de Pier (...)

59Autrement dit, le et la politique sont indissociablement placés sous le signe de l’universalité et du rapport de force14. Ainsi, en régime démocratique, la régulation sociale repose sur des processus politiques antinomiques, fragmentés et multipolaires qui sont aux antipodes des approches verticalisées et mono-centrées du politique et de l’État. Et le et la politique emboîtent plusieurs niveaux de contradictions qui se manifestent sur des scènes et dans des arènes relevant de plusieurs registres institutionnels et d’un jeu d’interdépendances entre acteurs.

60La prise en compte du concept de politique (dans la diversité de ses acceptions) et la centralité de processus régulatoires contradictoires qui le sous-tendent, dessinent les contours d’un cadre exploratoire de la régulation politique associant de manière dialectique le et la politique à partir d’une méthode d’analyse multidimensionnelles et multiniveaux.

3.2. La régulation politique entre « structures » institutionnelles et travail politique des acteurs

  • 15 Pour une vue d’ensemble, voir Chanteau et Labrousse (2013).

61L’imbrication des acquis régulationnistes aux apports institutionnalistes critiques aboutit à une conceptualisation de la régulation politique articulant le et la politique. On peut ainsi reformuler ces théorisations au regard de l’institutionnalisme méthodologique d’Ostrom articulant « structures » et « énoncés institutionnels », conçus « comme règles, normes et stratégies partagées », dans une logique combinatoire15. Considérant la proximité avec les perspectives régulationnistes (Chanteau & Labrousse, 2013), il s’agit alors de définir les relations causales au centre d’une « grammaire institutionnelle » (Ostrom, 2005) de la régulation politique.

  • 16 Pour des précisions sur le sujet, voir Commaille et Jobert (1998).

62On emprunte ainsi le concept de « mode de régulation politique » avancé par Jobert (1998), composé de trois sous-systèmes régulatoires interconnectés : le régime politique proprement dit (relatif aux positions de pouvoir), le régime de politiques publiques (expression des enjeux de la régulation socioéconomique) et le régime de citoyenneté, qui englobe les mécanismes symboliques et de légitimation (Jobert, 1998, p. 123 et suiv.), car il théorise une structure institutionnelle cohérente avec la TR16 (cf. supra, 2e partie). La stabilité et la viabilité d’un mode de régulation politique sont ainsi à considérer à l’aune des interdépendances entre ces espaces organisés en régime, c’est-à-dire fonctionnant selon des logiques institutionnelles propres relativement autonomes.

63Afin de ne pas surestimer les effets de structure et d’appréhender l’emboîtement entre les « invariants structurels » et les « énoncés institutionnels » ostromiens, le concept de « travail politique des acteurs » en le transposant au niveau macro-institutionnel, permet d’assurer le bouclage du modèle. En effet, le travail politique se présente comme un travail « d’institutionnalisation/désinstitutionnalisation » qui repose sur des stratégies d’acteurs (voir Jullien & Smith, 2008b, 2014). Ainsi, quel que soit le niveau de la régulation politique, celle-ci résulte d’un travail politique incorporant l’analyse des infrastructures relationnelles dynamiques.

64Cette approche est confortée par l’analyse sociologique des réseaux, pour laquelle le travail politique d’acteurs défendant leurs intérêts régulatoires dans les divers espaces sociaux conditionne la dynamique des formes institutionnelles. Comme l’illustre l’étude des conditions d’émergence d’un nouveau régime européen des brevets, le rôle clé « d’entrepreneur institutionnel » est joué par une poignée de juges lobbyistes organisée en un réseau transnational autonome vis-à-vis des autorités publiques nationales et européennes (Lazega, 2016). Leur travail politique ayant échoué à définir un projet d’intérêt général, une « oligarchie collégiale », dont la légitimité symbolique est fondée sur l’expertisme, se trouve alors en situation de construire un nouveau régime européen de la propriété intellectuelle et d’imposer un système de privatisation de la connaissance par alignement normatif (Lazega, 2016 ; Lazega, Quintane & Casenza, 2017).

65Le rôle du travail politique des acteurs s’avère donc essentiel dans la dynamique du changement institutionnel. En prolongeant ces développements récents des niveaux méso-économique et méso-social au niveau macro-institutionnel, la nature du travail politique apparaît alors pleinement multiscalaire. À l’œuvre dans la dynamique structurelle interne de l’ordre politique, du régime de citoyenneté et du régime des politiques publiques, le travail politique opère aussi dans les espaces d’interactions reliant les trois pôles d’un mode de régulation politique.

3.3. La régulation politique au prisme de la souveraineté

66Ce cadre conceptuel apparaît cependant incomplet, dans la mesure où il n’inclut pas explicitement les problématiques de la souveraineté, qui sont pourtant au cœur de l’unité et de l’indépendance politique d’une formation sociale (Sapir, 2002, 2016). Pour mieux intégrer cette dimension centrale, on introduit un quatrième pilier, sur le modèle des trois autres, en avançant la notion de régime de souveraineté, désignant le type de rapport au monde et le degré d’autonomie d’une entité sociale (Lahille, 2013, 2014a, 2014b, 2015 ; Théret, 2008).

Cependant, la notion de souveraineté étant controversée, car établie sur des fondements méthodologiques et philosophiques contradictoires (Mairet, 1997), pour gagner en pertinence analytique et empirique, il convient de préciser notre angle de vue.

  • 17 Pour des précisions et développements, voir Théret (2008).

67D’une part, comme le souligne Théret (2008), on peut isoler au moins quatre idéaux-types de la souveraineté selon les ontologies du politique et du social, les unités de base privilégiées et la méthodologie retenue (individualiste ou holiste). La combinaison de ces paramètres débouche sur des conceptions du type souveraineté étatique, souveraineté nationale, souveraineté constitutionnelle et souveraineté libérale17 justifiant un ordre social qui accorde la primauté à l’État, au peuple, aux droits de l’homme ou aux individus. Comme ces fondements intellectuels sont constitutifs du façonnage empirique des différents régimes de souveraineté et que ceux-ci ont tendances à l’hybridation, cela démultiplie les cas de figure observables (Théret, 2008).

68D’autre part, à l’image des autres registres de la régulation politique, les régimes de souveraineté sont agis selon un double processus associant, d’une part, les logiques endogènes des « structures » institutionnelles et du travail politique des acteurs et, d’autre part, un jeu d’influence (réciproque) avec les autres régimes et la fonction politique centrale de régulation sociale (voir supra, 3.2.). Ainsi, un régime de souveraineté s’actualise dans des configurations institutionnelles en fonction de la nature du travail politique des différents « groupes actifs » (Commons, 1934-1990), au sein de chaque espace de la régulation politique. Son appréhension relève donc pleinement de l’hétérorégulation immanente. En l’espèce, celle-ci s’enrichit d’un niveau de complexité supplémentaire puisque les mécanismes à l’œuvre emboîtent des interdépendances endogènes à un jeu de forces internationales/mondiales selon le type de rapport au monde entretenu par une formation sociale.

  • 18 Cf. la « gouvernance » européenne qui se présente comme un modèle de régulation politique construit (...)

69Un régime de souveraineté regroupe donc de manière dialectique plusieurs niveaux de contradictions articulant les logiques internes et externes des conflits/compromis entre groupes sociaux. L’ajout de ce registre spécifique permet ainsi de mettre en exergue les problèmes d’échelle inhérents à la régulation politique d’une entité sociale18 dont le mode d’insertion international/mondial conditionne les logiques internes.

  • 19 Rappelons que depuis les année 1980, les gouvernements français ont fait évoluer les politiques pub (...)

70Un mode de régulation politique est donc le fruit de l’enchâssement de quatre sous-systèmes institutionnels interdépendants multiniveaux et multidimensions (économiques, politique et symbolique) agis par le travail politique discordant d’acteurs hétérogènes. En régime démocratique, il n’y a donc pas d’indétermination de la régulation politique, mais des configurations institutionnelles dont la cohérence n’est que relative et la stabilité transitoire (voir Figure 1). Toutefois, à l’ère de la globalisation financière et stratégique, le régime de souveraineté occupe une place à part dans la régulation politique. Celui-ci influe sur le régime de politique publique et graduellement sur le régime de citoyenneté et le régime politique allant jusqu’à remettre en question le travail politique de régulation sociale19. En outre, le « travail politique mondial » (Smith, 2011, p. 1) des communautés ou réseaux transnationaux (Djelic, 2012 ; Lazega, 2016), des acteurs « extranationaux » (Salais, 2014, p. 140-141) peut parvenir à supplanter les impératifs démocratiques nationaux (Rodrik, 2008 ; Sapir, 2002). Cependant, l’idée d’une autonomisation de la communauté financière ne doit pas masquer les interdépendances sociales entre acteurs économiques et politiques hégémoniques (Nitzan & Bichler, 2000 ; Sinclair, 2005 ; Lahille 2014b) et la porosité de nature sociologique et culturelle entre des milieux d’affaires et des groupes politiques organiquement liés par leur appartenance et leur identification sociales (Bezes, 2018). Ce travail politique ne peut donc se propager en dehors de cadres cognitifs et réglementaires intimement liés à des espaces sociopolitiques.

  • 20 L’inspection des finances sert de réservoir au système bancaire et financier français fonctionnant (...)

71En France, ce mouvement a été porté, non pas par une communauté financière hors sol, mais par l’élite administrative et bureaucratique d’une partie de l’appareil d’État dont les liens organiques avec les milieux financiers sont encapsulés socialement (Bezes, 2018 ; Salais, 2014)20.

Figure 1. Régulation macrosociale, entre mode de régulation et travail politiques (des acteurs)

Figure 1. Régulation macrosociale, entre mode de régulation et travail politiques (des acteurs)

Source : Lahille, 2020

  • 21 Parmi les indices les plus révélateurs, on peut mentionner la multiplication des conflits d’intérêt (...)

72Si les affinités électives entre milieux financiers et « groupes actifs » se sont renforcées constamment ces dernières années21, elles résultent aussi d’attributs structurels (France & Vauchez, 2017). Le régime de souveraineté français, combinant une conception néolibérale et étatiste verticalisée, est donc à comprendre au prisme de la domination de ces groupes. Le régime de politiques publiques est alors l’expression de la stratégie d’un attelage politique dont l’idéologie commune se résume à des politiques de l’offre inégalitaires qui télescopent le régime de citoyenneté. Cette forme institutionnelle du mode de régulation politique entrant alors en conflit avec les impératifs d’universalité de la régulation sociale, il en résulte une crise sociale inédite et un changement du mode d’exercice du pouvoir dans une optique de plus en plus autoritaire (Godin, 2019 ; Rosanvallon, 2020).

73Une comparaison des capitalismes fait ainsi apparaître des points communs et des différences dans la manière dont les logiques de l’accumulation sont socialisées. Les modes d’insertion politique du capital sont donc contingents des modèles de régulation sociale. L’exemple du capitalisme chinois, avec un système d’État-Parti (Chavance, 2018), ou de la Russie, caractérisée par un mode de régulation « gazpromien » (Vercueil, 2019), reposent sur une conception verticale et englobante de l’État, en cohérence avec un primat de la souveraineté étatique.

Conclusion

74L’approche constructiviste associant des apports institutionnalistes critiques aux logiques régulationnistes de l’hétérorégulation immanente aboutit à une grille de lecture permettant d’appréhender les structures politiques des capitalismes sur la base de régularités situées. Même si celles-ci devront faire l’objet de développements ultérieurs dans une optique pragmatiste, cette conceptualisation livre, d’ores-et-déjà, de premiers enseignements.

75En différenciant le et la politique, l’article propose une définition institutionnaliste critique permettant de relier horizontalement les logiques politiques à celles de l’accumulation. En l’espèce, la régulation politique étant le fruit d’une combinaison entre le travail politique contradictoire d’acteurs publics et privés hétérogènes et des structures institutionnelles inférées à quatre piliers en interaction réciproque (voir Figure 1), celle-ci relève d’un processus ontologiquement problématique. Cette approche en spirale de la régulation politique permet de dégager les principes organisateurs qui la sous-tendent et de comprendre la diversité des modes d’enchevêtrement institutionnels à l’aune de la centralité du régime de souveraineté et de la dualité du travail politique des groupes actifs.

76En outre, ces hypothèses trouvent un début de validation empirique. Le cas français illustre l’imbrication horizontale des logiques de l’accumulation à celles de la régulation politique en raison de l’alignement historique de la technostructure sur le programme de la communauté financière. Il révèle aussi les effets délétères des changements des régimes de souveraineté et de politiques publiques pour les régimes politiques et de citoyenneté. La conformation de la régulation politique aux conceptions néolibérales vient buter sur l’antinomie du travail politique des acteurs stratégiques avec la fonction proprement universelle de la régulation politique et provoque une crise de gouvernementalité.

Tableau 1. Architecture conceptuelle pour l’analyse des interactions du politique et de l’économique

Démarche proposée
Niveau et registre

Statut et définition du politique

Position dans la structure sociale

Rôle et conséquence

Une entrée par les logiques de la régulation politique. Approche constructiviste fondée sur un institutionnalisme critique.

Spécificité fonctionnelle du politique (universalité et domination).

Centralité du travail politique conçu comme travail institutionnel.

Nature ubiquitaire et antinomique du travail politique des acteurs (publics / privés). Différenciation entre le et la politique.

Horizontalité économie-politique. La régulation politique entre « structures » institutionnelles et travail politique des « groupes actifs ».

Approche multiniveaux et multidimensions centrée sur la régulation et le travail politiques. Introduction des logiques de souveraineté et des modes d’exercice du pouvoir.

La régulation sociale conditionnée par une pluralité de configurations institutionnelles formant des modes de régulation politique. Rôle du travail politique des acteurs dans la dynamique d’ensemble.

Sources de contradictions et de crises.

Source : Lahille, 2020

  • 22 Voir Jullien et Smith (2014), Lahille (2014b), Lazega (2016), Lazega et al. (2017), Salais (2014).

77Enfin, si les travaux hétérodoxes décrivent les mécanismes macro-institutionnels et les coalitions macrosociales de la régulation politique, l’article confirme que celle-ci se joue aussi à l’échelon méso-social. Le travail politique est, en effet, l’apanage de petits groupes actifs occupant des positions clés au sein des instances économiques et/ou politiques de décisions22 entrant en contradiction avec l’essence même de la souveraineté et de la légitimité démocratiques. Autant d’observations qui confortent l’idée d’une centralité du travail et de la régulation politiques et de leur caractère multiscalaire et multidimensionnel.

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Notes

1 Dans le cadre limité de cet article, il ne s’agit pas tant d’éclairer en profondeur le processus de maturation multifactoriel jalonnant l’histoire de la TR sur le politique que de pointer certaines racines épistémologiques utiles pour en comprendre l’actuelle dépendance au sentier.

2 Voir « État et politique économique », L’Année de la Régulation, no 3, Paris, La Découverte, 1999.

3 Les institutions sont le produit indifférencié du politique et de l’économique, mais leur genèse et leur fonction procèdent de logiques distinctes (Amable & Palombarini, 2005).

4 Le monétaire et le politique seraient l’expression de cadres mentaux, de valeurs et de conventions dépendant d’un principe d’identification sociale, reposant sur le mécanisme ontologique des interactions mimétiques de « la puissance de la multitude » (Orléan & Lordon, 2007, Lordon, 2015).

5 Ces logiques sont décrites dans les approches d’Économie Politique Internationale hétérodoxes, notamment dans l’ouvrage de Christian Chavagneux, Économie Politique Internationale (Paris, La Découverte, coll. « Repères », no 367, 2010) et de celui Stéphane Paquin, Théories de l’économie politique internationale (Paris, Les Presses de Sciences Po, 2013).

6 Dans le cadre limité de ce travail, il n’est pas possible de chercher à cartographier le réseau de déterminations et d’interactions complexes qui agit à travers les diverses modélisations de la TR.

7 Par exemple, pour Aglietta (1982, p. X) : « Parler de la régulation d’un mode de production c’est chercher à exprimer la manière dont se reproduit la structure déterminante d’une société dans ses lois générales […]. Une théorie de la régulation sociale est une alternative globale à la théorie de l’équilibre général […]. L’étude de la régulation du capitalisme ne peut être la recherche de lois économiques abstraites. C’est l’étude de la transformation des rapports sociaux créant des formes nouvelles à la fois économiques et non économiques, formes organisées en structures […]. »

8 À ne pas confondre avec la démarche mainstream « positiviste-injonctive » basée sur l’instrumentalisation de l’action étatique (Chanteau, 2017).

9 Selon Théret cette démarche s’apparente à la méthode d’analyse proudhonienne fondée sur une combinaison de processus fondamentalement antinomiques (discussion avec l’auteur). Elle se manifeste aussi dans son propre parcours intellectuel, dans le cadre d’une topologie du social (voir supra, 1.2.) ontologiquement « à géométrie variable » (Théret, 2019).

10 Bien que les travaux d’André et Delorme (1983), de Delorme (2002 [1995]) et de Théret (1992) sur l’État laissent déjà entrevoir une articulation différente.

11 Vandenberghe (1998, p 301-302) définit le structurisme critique comme : « Les approches qui postulent l’existence d’une relation de causalité circulaire […] – ou boucle récursive ou hiérarchie enchevêtrée – entre l’action et la structure […], je les nommerai “structuristes”. Je défendrai la thèse qu’une théorie critique doit dépasser le dualisme de l’idéalisme et du matérialisme mais […] ne peut pas dépasser le dualisme de l’action et de la structure » (Chanteau, 2017, p. 90).

12 « Si nous nous efforçons de trouver un principe universel, commun à tout comportement considéré comme institutionnel, nous pouvons définir l’institution comme étant une action collective contrôlant l’action individuelle. L’action collective se déploie sur toute la gamme allant de la coutume inorganisée jusqu’aux nombreux groupes actifs, comme la famille, la firme, la société de portefeuille, l’association professionnelle, […] ou l’État. » (Commons, 1934-1990, p. 69-70), cité par Théret (2019, p. 9).

13 À noter que notre définition de la politique correspond plutôt à celle du politique chez Hay et Smith, tandis que notre définition du politique correspond plutôt à celle de la politique et de l’action publique chez ces mêmes auteurs.

14 De son côté, Ramaux (2012) rappelle que ce paradoxe est énoncé dans la publication posthume de Pierre Bourdieu, Sur l’État : « La domination de ceux qui ont le pouvoir sur l’État s’exerce au nom de l’universel» (cours au Collège de France, 1989-1992, Paris, Le Seuil, 2012).

15 Pour une vue d’ensemble, voir Chanteau et Labrousse (2013).

16 Pour des précisions sur le sujet, voir Commaille et Jobert (1998).

17 Pour des précisions et développements, voir Théret (2008).

18 Cf. la « gouvernance » européenne qui se présente comme un modèle de régulation politique construit sur un régime de souveraineté très particulier, articulant logiques nationales, logiques régionales et logiques mondialisées de manière inédite.

19 Rappelons que depuis les année 1980, les gouvernements français ont fait évoluer les politiques publiques au gré de la stratégie d’intégration européenne et de l’insertion dans la globalisation financière, provoquant une mutation profonde du régime de souveraineté se traduisant par un changement du régime de politiques publiques puis des autres composantes de la régulation politique.

20 L’inspection des finances sert de réservoir au système bancaire et financier français fonctionnant sur la base d’allers-retours entre structures publiques et privées et d’une institutionnalisation du pantouflage et rétro-pantouflage. À titre d’exemple récent, voir l’article de Laurent Mauduit, « Jeu de chaises musicales à Bercy », Médiapart, édition du 20 janvier 2020.

21 Parmi les indices les plus révélateurs, on peut mentionner la multiplication des conflits d’intérêts entre de nombreux acteurs politiques de l’actuel gouvernement et les milieux d’affaires, l’uniformisation sociologique des élus au parlement français (voir Donatien Huet et Mathieu Magnaudeix, « À l’Assemblée nationale, le renouvellement et ses limites, Médiapart, édition du 19 juin 2017). Citons enfin la création emblématique du « Comité Action Publique 2022 », largement dominé par des intérêts privés, embarqué au sein même des instances publiques de décision, afin « de proposer rapidement une baisse de points de PIB des dépenses publiques ».

22 Voir Jullien et Smith (2014), Lahille (2014b), Lazega (2016), Lazega et al. (2017), Salais (2014).

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Régulation macrosociale, entre mode de régulation et travail politiques (des acteurs)
Crédits Source : Lahille, 2020
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/regulation/docannexe/image/18081/img-1.png
Fichier image/png, 499k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Éric Lahille, « Capitalisme(s) et Politique »Revue de la régulation [En ligne], 28 | 2nd semestre / Autumn 2020, mis en ligne le 31 décembre 2020, consulté le 06 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/regulation/18081 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/regulation.18081

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Auteur

Éric Lahille

Professeur associé, ESIEE Paris, Université Gustave Eiffel, Cité Descartes : 2 boulevard Blaise Pascal, BP 99, 93162 Noisy-le-Grand CEDEX. Chercheur associé au centre Émile Durkheim ; eric.lahille@esiee.fr

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