Navigation – Plan du site

AccueilNuméros104Et pourtant ils tournent… des ada...L’Histoire à distance. Autour de ...

Et pourtant ils tournent… des adaptations

L’Histoire à distance. Autour de L’Anglaise et le Duc d’Éric Rohmer

History from Afar. Around L’Anglaise et le Duc by Éric Rohmer
Charlotte de Castelnau-L’Estoile et Monica Martinat

Résumés

Dans cet article, nous proposons une lecture historienne du film L’Anglaise et le Duc qui insiste sur le rôle des dispositifs de mise en scène dans le dépaysement et la création de distance qui éloignent le spectateur du passé auquel il est confronté. Ces choix refusent la recherche de l’empathie et suggèrent une manière de rendre compte de l’histoire par un regard étranger et distant, tout en étant impliqué. Ce regard nous paraît important en tant que suggestion artistique pour les historiens, afin de réévaluer la distance en tant qu’outil d’analyse et interprétation historiques.

Haut de page

Texte intégral

Nous remercions Julie Wolkenstein pour son amicale invitation à réfléchir ensemble autour du film de Rohmer, nos étudiants des universités de Paris Diderot et de Lyon 2 pour les discussions sur Histoire et cinéma et notamment Raphaël Pfeiffer, réalisateur du beau documentaire L’Œil du tigre (2018) et Benoît de L’Estoile.

  • 1 François Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1978, p. 26

C’est cette élasticité commémorative, où ne cesse de s’investir la fierté nationale, qui fait de l’histoire révolutionnaire en France un secteur particulier de la discipline, élu à la dignité de spécialité académique, non parce qu’il constitue un champ de problèmes particuliers, et spécifiés comme tels, mais parce qu’il est soumis à un mécanisme d’identification de l’historien à ses héros et à « son » événement. De la Révolution française il y a donc des histoires royalistes, des histoires libérales, des histoires jacobines, des histoires anarchistes ou libertaires, et cette liste n’est ni exclusive — car ces sensibilités ne sont pas toutes contradictoires — ni surtout limitative : mère de la civilisation politique dans laquelle nous sommes nés, la Révolution permet toutes les recherches de filiation. Mais toutes ces histoires qui s’affrontent et qui se déchirent depuis deux cents ans au nom des origines de cet affrontement et de cette déchirure, ont en réalité un terrain commun : elles sont des histoires de l’identité. Il n’y a donc pas, pour un Français de cette deuxième moitié du xxe siècle, de regard étranger sur la Révolution française. Il n’y a pas d’ethnologie possible dans un paysage aussi familier. L’événement reste si fondamental, si tyrannique dans la conscience politique contemporaine que toute « distance » intellectuelle prise par rapport à lui est immédiatement assimilée à de l’hostilité — comme si le rapport d’identification était inévitable, qu’il soit de filiation ou de rejet1.

  • 2 On peut lire à ce propos l’interview-débat d’Arlette Farges et Christian Jouhaud, réalisé à Paris l (...)

1Ainsi écrivait l’historien François Furet en 1978, dans un essai qui eut l’effet d’un pavé dans la mare des historiens de la Révolution. Ces considérations permettent d’éclairer les réactions que de nombreux historiens eurent au moment de la sortie du film d’Éric Rohmer L’Anglaise et le Duc en 2001 : un rejet de la vision de la Révolution française proposée par le réalisateur. Les critiques s’arrêtèrent en particulier sur la vision caricaturale du peuple qui, dans la représentation rohmérienne, devenait un acteur grossier, violent, et ridicule. L’interprétation de la Révolution proposée par le cinéaste était considérée comme fortement réactionnaire et rangée du côté des produits idéologiques peu attentifs à la réalité des faits et aux nuances : les historiens ramenaient le débat à un affrontement entre des positions politiques différentes et capables de ranger les porteurs dans un camp ou dans l’autre d’un affrontement identitaire, comme Furet avait mis en garde2.

2Il ne s’agit pas ici d’ajouter notre voix à celles des historiens qui se sont déjà exprimés sur le sujet, et surtout sur la représentation de la Révolution proposée par le cinéaste — nous ne sommes d’ailleurs pas des spécialistes de cette période ; mais plutôt de tenter une lecture un peu décalée d’un film que nous avons aimé et qui peut dire aussi autre chose aux historiens à propos de leur travail et des procédures de connaissances qui sont (ou devraient être) les nôtres.

  • 3 En particulier, voire Ivan Jablonka, L’Histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour l (...)
  • 4 La littérature concernant l’empathie est assez abondante, et généralement vante les mérites d’un us (...)

3Le contexte culturel et intellectuel dans lequel nous revoyons ces images aujourd’hui a bien changé par rapport à celui de sa sortie en 2001. Un nouveau paradigme historiographique semble s’affirmer, basé sur un rapport très proche entre la production des historiens et celles des artistes ; parmi les premiers, certains plaident même pour une « littérature du réel » rassemblant des textes tant de fiction que scientifiques, dont le dénominateur commun serait à la fois l’objet non-fictionnel et l’écriture narrative3. Et les arts s’emparent de manière habile et savante de l’histoire, sans gage de scientificité mais en transmettant volens, nolens une forme de connaissance de l’histoire de l’intérieur des faits, induisant une proximité, voire une identification forte entre les lecteurs ou spectateurs et les personnages du passé. L’empathie, qui est l’un des ressorts fondamentaux de l’adhésion aux narrations artistiques recherchée par les écrivains ou les cinéastes, trouve cependant une limite certaine lorsqu’elle remplace toute autre forme de connaissance : car l’empathie réduit la distance et peut aussi devenir un obstacle à la compréhension des phénomènes historiques4.

4L’Anglaise et le duc nous dit quelque chose de fondamental, nous semble-t-il, à ce propos. En prenant le parti de faire raconter la Révolution à une étrangère, Rohmer s’attaque à cet événement fondateur de l’histoire contemporaine par le biais d’un regard inévitablement distancié à plusieurs titres. La protagoniste est en effet femme, aristocrate et étrangère ; elle a beau être à l’intérieur des événements, mais elle ne peut pas être perçue comme « interne ». Se produit ainsi immédiatement une forme de distanciation chez ceux et celles qui regardent, qui place les événements et l’interprétation de ceux-ci dans une zone dans laquelle l’empathie n’agit pas immédiatement, d’autant plus que les choix de mise en scène et les techniques cinématographiques déployées ne font qu’augmenter ce sentiment.

5Regard étranger et distanciation : ce sont les deux fils qu’on cherchera ici à tirer afin de montrer une des lectures possibles de ce film, au-delà du jugement politique que les historiens ont pu en donner.

Filmer un regard étranger sur la Révolution française

6Dans La Révolution française est terminée, François Furet suggérait l’importance de poser un regard étranger et ethnographique sur les événements fondateurs de l’histoire de France. Il s’agirait tout d’abord de prendre des distances par rapport au langage et au récit révolutionnaire. Le choix que fait Rohmer d’utiliser les Mémoires5 et le personnage de Grace Elliott est, à ce propos, intéressant. L’Anglaise n’est pas un personnage central de la Révolution française : c’est une femme et une étrangère. Elle incarne donc deux figures archétypiques de la distance. De plus, sur le plan social, elle occupe une position ambiguë. Malgré ses grands airs d’aristocrate, elle n’est au fond qu’une femme dépendant totalement de son ancien amant, devenu son protecteur, le duc d’Orléans. Elle ne peut même pas envisager de rompre avec lui après le procès du roi car son avenir est entre ses mains. Le Duc d’Orléans, l’autre personnage central est lui aussi un personnage un peu décalé et ambivalent. C’est un prince de sang qui se prend pour un révolutionnaire et un révolutionnaire qui rêve de devenir le roi.

7Dans le film, tout est vu par les yeux de Grace : Paris qu’elle aime, la populace qui lui fait peur, les révolutionnaires, leur intransigeance et leur bêtise, le duc attachant malgré une certaine veulerie. Rohmer filme le monde, les événements tels qu’ils sont reflétés dans le regard de Grace qui parfois ne voit rien — comme dans la scène de l’exécution de Louis xvi sur laquelle on reviendra — parfois est confrontée à l’horreur — comme dans la scène où les sans-culottes lui montrent la tête de la princesse de Lamballe dans un cruel face à face que Rohmer glisse dans le film, bien qu’il ne soit pas évoqué dans les Mémoires de Grace, ce qui renforce l’ambiguïté du personnage tout en évoquant un épisode très connu et certainement attendu par les spectateurs.

8Nul doute que le regard de cette Anglaise (en fait Écossaise) sur la Révolution soit violemment réactionnaire. On sait que le jugement le plus fondamentalement négatif sur la Révolution française est celui d’Edmund Burke. Dès novembre 1790 dans Reflections on the Revolution in France, ce parlementaire qui connaissait bien la France, dénonce les principes qui ont mis à bas l’édifice ancien. Rohmer ne cite jamais Burke mais en choisissant le regard d’une Anglaise de la haute société sur la Révolution française, il prend indiscutablement position, et commet une forme de crime de lèse-majesté par rapport au « Roman national ». Les Anglais qui eux-mêmes vivent dans un régime libéral n’ont généralement pas éprouvé la fascination pour la Révolution française, la manière de faire table rase du passé étant même précisément ce que les Anglais rejettent.

9Grace n’est pas particulièrement clairvoyante sur les événements révolutionnaires, elle continue de vivre sa vie de femme élégante, oisive et raffinée. Peu à peu, cependant, cette vie insouciante est envahie par les événements extérieurs. Les aristocrates libéraux qu’elle fréquente et avec qui elle vit les heures du procès du roi ont des avis politiques intéressants sur le rôle de la guerre, sur l’unité de la nation, mais elle n’a pas d’avis, seulement un attachement affectueux aux personnes royales, une défense de ses privilèges et de son mode de vie. Le spectateur est placé à distance : il peut difficilement s’identifier à cette femme, belle et élégante certes, mais très irritante du fait de sa position « réelle » dans l’économie de la Révolution, mais aussi du fait de son jeu d’actrice, décalé, porteur d’une certaine artificialité qui renforce la prise de distance de la part du spectateur.

10Comme l’historien travaillant sur un témoignage, Rohmer présente le point de vue de Grace en restant fidèle à l’esprit de sa source, sans pour autant supprimer un mouvement de sympathie pour son personnage. Comment peut-on ne rien voir des événements ? Comment peut-on vivre sa vie de femme uniquement tournée vers l’intérieur et la maison ? Les grands événements affectent la vie de Grace parce qu’elle doit quitter Paris pour Meudon, puis Meudon pour Paris. La tourmente révolutionnaire peu à peu s’immisce au cœur de la maison, de la chambre et du lit même de Grace. Celle-ci finalement la force à sortir de ses maisons pour demeurer en prison. C’est une vision intimiste de la Révolution par une femme qui ne comprend rien et ne cherche pas à comprendre. À travers cette procédure de distanciation permanente, Rohmer suggère une lecture qui transcende celle de la Révolution en tant que fait historique, et peut s’adapter à d’autres pans de l’histoire : quelle est la place de l’événement dans l’économie d’une vie individuelle ? Comment peut-on mesurer la force et la faiblesse du déroulement de l’Histoire à l’échelle individuelle ? Ce sont des questionnements qui résonnent aux oreilles des historiens et ouvrent des perspectives intéressantes, capables de dépasser les clivages des interprétations politiques de la Révolution, pour embrasser celui des manières de représenter l’incertitude de l’histoire.

11La scène de l’attente du verdict du procès du roi est emblématique du talent de Rohmer pour raconter l’histoire et de ses choix. Grace Elliot et ses amis sont réunis chez le général Dumouriez. L’angoisse est perceptible car tous ont le sentiment de vivre un tournant historique. Les coursiers entrent pour apporter les plis donnant des informations qui se contredisent systématiquement jusqu’au résultat final, qui est un moment dramatique aussi sur le plan personnel pour Grace lorsqu’elle comprend que la voix du duc d’Orléans a été décisive et qu’elle n’a pas su l’influencer. C’est l’habile reconstitution d’une histoire dont le sens n’était pas donné à l’avance. Rohmer réussit à rendre l’incertitude de l’événement, en refusant une lecture téléologique, reconstruite a posteriori. Il arrive à nous faire comprendre que chaque action engendre des possibilités différentes, que l’histoire déploie ses rails au fur et à mesure qu’elle avance, pour utiliser une image chère à Tolstoï. Jusqu’au moment où Louis xvi sera exécuté, cet événement n’est qu’une possibilité qui aurait pu ne pas se réaliser.

12Le rapport à l’histoire de Rohmer est méticuleux et passe, entre autres choses, par des choix techniques particuliers. L’équilibre délicat entre le faux et le vrai, entre la reconstruction et le document sur lequel repose le film, fait avancer la réflexion et la compréhension historiennes.

Saisir le vrai par l’artifice

  • 6 Le film présenté aux étudiants d’un séminaire de Master d’Introduction à la méthode historique susc (...)

13Certains spectateurs sont aujourd’hui gênés par le côté artificiel du film, ses décors de carton-pâte. Pour un public habitué à la sophistication des effets spéciaux, surtout jeune, la dimension artisanale et visible des effets du film est jugée déficiente. Tout sonne faux, disent-ils, eux qui sont familiers des mondes virtuels qui se présentent comme parfaitement conformes à la réalité6.

  • 7 Les considérations de Caroline Renouard à propos des effets de vérité engendrés par la technique de (...)
  • 8 Sur le site de Jean-Baptiste Marot, on a accès aux trente-six tableaux du film. En ligne : <https:/ (...)

14Rohmer semble venir d’un autre monde, alors que deux générations à peine le séparent du jeune public contemporain. Mais c’est le sens du faux et du vrai qui ne sont pas conformes. Pour Rohmer, est faux précisément ce qui efface artificiellement la distance entre le passé et nous. Ses stratégies narratives refusent l’accès immédiat au passé, la possibilité même de le faire ressusciter sans médiation visible. C’est ainsi qu’il refuse la vision photographique du xviiie siècle et passe par la reconstruction de l’atmosphère visuelle de l’époque à partir d’un immense travail sur les sources iconographiques qu’ont fait le peintre des décors extérieurs, le costumier et le décorateur. En fait Rohmer et son équipe traquent l’anachronisme avec une forme d’obsession. Les rues de Paris ont trop changé pour être utilisées comme décor. On prend alors la décision de tourner le film dans des décors peints. C’est la technique de l’incrustation7 : les acteurs sont filmés sur un fond vert, puis les images sont incrustées dans les décors. Trente-six tableaux extérieurs sont peints par Jean-Baptiste Marot, directement inspirés des peintures du Musée Carnavalet, notamment celles de Jean-Baptiste Genillon (1750-1829)8. On y retrouve les quartiers de Paris et Meudon tels qu’ils avaient été représentés à l’époque, sans pouvoir y être immergé et les considérer des « lieux » familiers. Les décors intérieurs, eux-mêmes peints en trompe-l’œil par le décorateur Antoine Fontaine, sont reconstitués avec une grande minutie, pas un objet qui ne soit pas d’époque. Les costumes doivent ressembler à ceux des tableaux du xviiie siècle (de Mallet, de Vigée-Lebrun), les drapés doivent tomber bien (les habits de la foule des figurants sont faits dans de beaux tissus), les chaussures dont le talon, le bout pointu et les broderies sont « d’époque ». Mais l’intention de Rohmer est moins celle de ressusciter le passé que d’éviter tout anachronisme, considéré comme une faute de goût, une faute de sens, pouvant heurter la sensibilité et l’intelligence du spectateur : il signifie l’impossibilité de faire du vrai sans un travail philologique et historique qui doit aussi se montrer, car toute reconstitution du passé s’appuie bien sur des sources, et l’imagination du réalisateur se glisse dans les interstices de ces repères, ces bornes que sont les « documents » d’époque : les Mémoires de Grace Elliott, les tableaux de ses contemporains, le mobilier et les bibelots d’époque sont les sources auxquelles puise Rohmer pour reconstituer le xviiie siècle. Dans ce sens, il fait véritablement œuvre d’historien. Le spectateur est invité à regarder, à critiquer ou à entrer, comme les acteurs, dans les toiles peintes qui ne sont pas le réel mais le xviiie siècle minutieusement reconstruit par Rohmer et son équipe, le fruit de leur imagination toujours appuyée sur des sources extrêmement précises et travaillées. Dans ce travail réside aussi l’importance du détail.

L’attention aux détails vrais et leur sublimation

  • 9 Le passage des explications de Pierre-Jean Larroque sur les chaussures se trouve aux minutes 15:20- (...)
  • 10 Dans le film Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola, une paire de converses bleu clair glissée co (...)

15Dans une scène particulièrement réussie, Grace arrive à Meudon à la fin de la journée du 10 août 1792. Il s’agit d’une grande journée révolutionnaire, historique, où la foule attaque les Tuileries, massacre les gardes suisses, emprisonne la famille royale et force l’Assemblée législative à décréter la suspension de la monarchie. Ce jour-là, Grace sort de sa maison de la rue Miromesnil et fait la traversée de Paris en passant par la Concorde où se déroule le massacre. Malgré la violence et les risques encourus, l’intrépide Anglaise entreprend une longue marche de nuit jusqu’à Meudon. Rien ne révèle mieux le caractère insolite et douloureux de cet épisode que les chaussures abîmées et les pieds délicats souffrants à l’arrivée à Meudon ; Grace se traîne boitant et ses pieds endoloris doivent être soignés. La chute de la monarchie n’est ainsi pas évoquée directement mais elle est en quelque sorte symbolisée par ces chaussures de soie raffinées, désormais souillées et cassées, inadaptées aux nouvelles nécessités du temps. Le costumier Pierre-Jean Larroque commente avec bonheur cet épisode, en insistant sur le soin particulier mis à reconstituer la chaussure du xviiie siècle la plus exacte possible et cette attention portée aux chaussures de Grace dans la scène de la marche de Paris à Meudon. C’est une attestation ultérieure de la manière dont Rohmer travaille dans les interstices qui séparent la contrainte documentaire et la liberté imaginative et qui montrent le pouvoir de son travail poétique, plongé dans l’univers visuel du xviiie siècle9. Ainsi le détail vrai, la reconstruction sans anachronisme du passé sont essentiels pour Rohmer pour qu’il puisse imaginer son histoire10.

16Comme on l’a dit, les frontières du vrai et du faux de Rohmer ne sont pas celles du public habitué aux films à effets spéciaux. La reconstitution historique ne cherche pas à s’effacer aux yeux du spectateur, au contraire elle passe par le recours à l’artifice visible, elle se pose comme résultant d’un travail, de choix visuels, de sélection de sources, mais en même temps elle cherche obsessionnellement le « vrai », le « juste » jusqu’aux moindres détails comme le talon brisé de la chaussure élégante.

  • 11 Nous renvoyons à la réflexion menée par Antoine de Baeque dans L’Histoire-caméra, Paris, Gallimard, (...)

17Cette vision de biais sur la Révolution que Rohmer propose n’oblige pas le spectateur, elle le laisse libre de se forger une opinion, d’être choqué soit par la violence des révolutionnaires soit par les préjugés de classe de Grace. L’Anglaise n’est pas censée avoir la juste vision de la Révolution mais le spectateur est confronté à un univers visuel différent du sien, à une vision des choses et un témoignage en particulier et il en reçoit les clefs de compréhension. C’est en ce sens que Rohmer fait œuvre d’historien à sa façon11. Cette œuvre se fait en assumant le parti pris de la distance, de la recherche d’une compréhension du passé qui, sans nécessairement enlever la passion, réussit à ne pas aplatir ce passé sur un présent permanent saisi de manière empathique et non critique.

De la distance

  • 12 Exécution de Louis xvi place de la Révolution, le 21 janvier 1793, Gravure (fin du xviiie siècle) d (...)
  • 13 Sans surprise, la scène de l’exhibition de la tête du roi par le bourreau est reconstituée dans le (...)
  • 14 En ligne : <https://www.youtube.com/watch?v=0uGjQCg4TlY>, consulté le 28 juin 2024.
  • 15 Gunther Anders, Nach « Holocaust » 1979, München, VerlagC.H.BeckoHG, 1987 : « C’est grâce à cette r (...)

18Soit la scène, magistrale, de la mort du roi. L’épisode est très représenté, très fantasmé, très attendu, presque cathartique. Les spectateurs peuvent le connaître par de nombreuses vignettes ou gravures12. Rohmer déçoit l’attente : au lieu de voir le bourreau présenter la tête du roi au peuple, le spectateur doit se contenter du ciel bas et lourd de ce 21 janvier, de l’atmosphère de cette journée (le jour de la mort du roi, les nuages eux-mêmes semblaient en deuil, écrit Grace Elliot). En effet, Rohmer ne présente pas l’événement directement, mais uniquement à travers Grace Elliott qui, elle non plus, ne le voit pas. Grace et sa servante ne sont pas présentes sur la place de la Révolution ; elles assistent de loin à l’exécution du roi. La servante dispose d’une lorgnette, avec laquelle elle cherche à rapprocher l’événement. Grace refuse toute image directe et indirecte, en saisissant la situation uniquement par le récit de la servante. Elle choisit de maintenir une distance physique qui fait contrepoids à sa participation émotive. « Je ne crois pas qu’il soit possible de ressentir un malheur de famille plus vivement que je ne ressens la mort du roi », dit-elle dans la scène suivante, lorsque les deux femmes ferment la porte qui sépare le monde extérieur — la Révolution, l’Histoire — de la chambre de la dame — l’intimité. Tout le dispositif scénique renvoie le spectateur à la distance avec le temps et les personnages de l’Histoire, qui ne sont presque pas réels. Comme on l’a vu, tous les extérieurs sont peints et les personnages y sont incrustés. Cela déplace le spectateur à l’extérieur de la scène, et rend l’adhésion empathique beaucoup plus complexe, voire impossible, tellement l’artificialité est évidente, d’autant plus qu’elle n’est pas constante : toutes les scènes d’intérieur sont réalistes et soignées. Ce télescopage de mondes (l’Histoire et l’Intimité, le réel et le subjectif) reformule la perspective du film et nous éloigne d’une lecture de celui-ci comme historique. Il reste évidemment une lecture subjective et interprétative d’un événement, sans pour autant que l’on confonde l’avis de l’auteur avec notre emportement sentimental. Et cela n’est pas courant : sur le même sujet, on peut prendre en considération l’effet totalement empathique produit par un film beaucoup plus récent et fortement politique sur la Révolution (Un peuple et son roi, Pierre Schoeller, 2018), qui s’inscrit dans un courant qui fait de la participation émotionnelle du spectateur la clé de voûte du message du film13. Et sur d’autres sujets, on retrouve la même tension vers l’émotion, par exemple dans le film historique sur l’esclavage Twelve Years a slave (Steve McQueen, 2013). Dès la bande-annonce14, tout est joué sur l’empathie, la souffrance. Rien n’est épargné, dans la violence des images. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous identifier au protagoniste, de souffrir, de lutter avec lui et, en dernière analyse, de reconnaître la vérité de l’histoire à travers lui. Ce film a suscité un consensus sur sa valeur historique. Certes, le travail des équipes cinématographiques et de leurs conseillers historiques permet une grande fidélité au temps historique. Mais il ne s’agit là que de l’arbre qui cache la forêt. La précision des reconstitutions ne saurait faire oublier qu’il s’agit de toute manière d’une interprétation de l’histoire, selon dans plusieurs sens. L’individualisation de l’histoire générale produit un biais qui a été souligné par exemple, et de manière positive, par le philosophe Gunther Anders à propos de la série américaine Holocaust (Marvin Chomski, NBC, 1978). La programmation de cette série par la télévision allemande a joué un rôle fondamental dans la prise de conscience des Allemands vis-à-vis du drame — et de son refoulement — par les générations d’après la guerre. L’argument fondamental de Anders, qui lui fait accueillir positivement une série dont la simplification de l’histoire est néanmoins brutale, est que l’holocauste, et tout drame collectif, n’est compréhensible que par le passage de la souffrance collective à une souffrance individuelle, de personnes (personnages) auxquelles on peut s’identifier15. Mais, comme le souligne une voix critique du film de Steve McQueen, cela produit aussi un paradoxe :

Peut-être que l’on a besoin d’une histoire à l’échelle individuelle pour comprendre le sujet ; mais quoi qu’il en soit, cela a un effet déformant sur la réalité. On se sent plus proche d’un héros unique que de millions de victimes ; si l’on est forcé de s’imaginer réduit en esclavage, on veut s’imaginer dans le rôle de Northup, un homme spécial qui s’échappe miraculeusement du système qui a failli l’écraser16.

  • 17 Marc Bloch, Apologie pour l’histoire, ou métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1949 (1re édition (...)

19Il est indiscutable que, lorsque nous regardons des films historiques, nous apprenons quelque chose de l’histoire que nous prenons comme fidèle à la vérité du passé — d’où l’importance de « mesurer » la charge idéologique des interprétations artistiques de l’histoire. Mais il y a là seulement un aspect de la connaissance historique. L’histoire, faire de l’histoire, n’est pas seulement la reconstitution fine et détaillée du passé ; et ce n’est pas non plus uniquement l’interprétation de processus historiques. L’histoire est aussi la « science des hommes dans le temps », comme le disait si bien Marc Bloch17. C’est l’élément à la fois de la durée et de la diversité des mondes qui est comprise dans ce complément « dans le temps ». L’histoire consiste dans la mise en rapport du temps présent de l’historien et du temps passé qu’il cherche à comprendre. Savoir resituer les faits, les atmosphères, dans un passé éloigné de nous et savoir rendre compte de cette distance. Voilà une tâche nécessaire du métier d’historien que l’on oublie sans doute assez souvent.

20Les choix de mise en scène de Rohmer dans L’Anglaise et le Duc acquièrent dans ce contexte un sens particulier : celui de nous (re)sensibiliser à ce rôle de l’histoire, et à l’exercice du regard historien qui s’ensuit. Dans le contexte actuel d’appréhension de l’histoire, cela fait de ce film un véritable outil pour penser un rapport spécifique, historien, au passé, présupposant la distance et non pas uniquement un processus d’identification empathique.

21Les considérations que nous faisons ici doivent évidemment beaucoup à celles de Carlo Ginzburg à propos du rôle du cinéma pour son métier d’historien. En discutant du film de Fellini Satyricon, Ginzburg affirme que ce film l’a beaucoup aidé à penser la distance et la manière spécifique de la restituer dans le tissu du récit. Dans les choix dramaturgiques et techniques de Fellini, dit Carlo Ginzburg, il y a :

  • 18 « Un’idea estremamente sollecitante per lo storico: cioè che raccontare vuol dire ricostruire una s (...)

une idée très stimulante pour l’historien qui est que raconter veut dire reconstruire une histoire dans sa diversité, dans sa profonde diversité []. Il me semble que Fellini fait quelque chose de la sorte, en créant un effet d’éloignement : ces gens étranges qui gesticulent de manière imprévisible, qui parlent une langue que nous ne connaissons pas, nous dépaysent profondément. Je crois que le travail de l’historien a exactement cet objectif : nous dépayser ; nous faire regarder la réalité, les individus, les rapports sociaux, les inventions technologiques, allant contre nos perceptions qui nous portent à tout antidater, à projeter aujourd’hui dans le passé18.

22Ainsi, on peut peut-être mettre de côté les critiques idéologiques portées par les historiens au film de Rohmer, se mettre à distance non seulement de la Révolution mais aussi de toute interprétation interne de celle-ci, et considérer un film pour ce qu’il est : une représentation interprétative de l’histoire par une œuvre de création qui ne se doit pas de produire un résultat scientifique ou politiquement correct, mais qui peut dire des choses importantes tant du passé en tant qu’il est capable de soulever des interrogations spécifiques et universelles, que de l’histoire et des manières de la faire (ou de l’appréhender).

  • 19 Éric Rohmer, entretien de Télérama « Éric Rohmer revient sur L’Anglaise et le Duc » 2001, publié su (...)

23Lorsque Rohmer a été interrogé sur ses modèles de reconstitution historique au cinéma, il a déclaré ne pas trop aimer la manière dont les gens se comportent dans les films historiques : « Même Barry Lyndon, je n’aime pas beaucoup ça, le jeu des acteurs est trop xxe siècle, trop américain19. » Voici l’expression de sa distance vis-à-vis des modèles qui se sont imposés dans le cinéma (mais on pourrait dire aussi dans la littérature et, d’une certaine manière, dans l’historiographie aussi) et un « mode d’emploi » de son propre film. En expérimentant une nouvelle voie du film historique, il a ouvert des possibilités narratives et interprétatives du passé particulièrement intéressantes.

  • 20 Monica Martinat a développé plus amplement cette réflexion autour d’histoire et fiction dans son ou (...)

24Nous avons cherché ici à saisir en particulier, mais pas exclusivement, ce que les choix de Rohmer peuvent suggérer d’une manière distanciée de représenter l’Histoire, en mettant de côté l’aspect idéologique du film et en mettant plutôt en lumière les effets actuels d’un film inactuel. Les deux partis pris qui nous ont paru centraux — le regard étranger et la distance — ouvrent des pistes à de nouvelles interrogations qui, sans être historiennes, disent ou devraient dire beaucoup aux historiens aussi20.

Haut de page

Notes

1 François Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1978, p. 26

2 On peut lire à ce propos l’interview-débat d’Arlette Farges et Christian Jouhaud, réalisé à Paris le 7 septembre 2001. En ligne : <www.objectif-cinema.com/interviews/049.php>, consulté le 21 mai 2024.

3 En particulier, voire Ivan Jablonka, L’Histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales, Paris, Le Seuil, 2014.

4 La littérature concernant l’empathie est assez abondante, et généralement vante les mérites d’un usage de ce réflexe (ou sentiment) aussi dans les sciences sociales. Une voix se distingue toutefois pour souligner les limites de l’empathie, et en particulier sa sélectivité des objets avec lesquels nous pouvons être empathiques. Cf. Paul Bloom, Against Empathy. The Case for Rational Compassion, New York, Ecco, 2016.

5 En ligne : <https://www.fabula.org/actualites/101974/captives-sous-la-terreur-souvenirs-de-la-princesse-de-tarente-1789-1792-suivi-de-memoires-de-madame-.html>, consulté le 17 juin 2024.

6 Le film présenté aux étudiants d’un séminaire de Master d’Introduction à la méthode historique suscite des réactions mitigées. Certains étudiants apprécient le film mais d’autres critiquent les choix de réalisation et le jeu des acteurs (le décor peu efficace, l’actrice peu naturelle et énervante) : autant de formes de « prises de distance ».

7 Les considérations de Caroline Renouard à propos des effets de vérité engendrés par la technique de l’incrustation utilisée dans le film nous semblent intéressantes et pertinentes. Mais la vérité à laquelle Rohmer parviendrait, dans l’analyse de Renouard, est plutôt celle qu’Aristote attribue à la « poésie » qu’à celle de l’histoire. Cf. Caroline Renouard, « L’image composite de L’Anglaise et le Duc », Hybrid, no 2, mis en ligne le 23 octobre 2015. DOI : <https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hybrid.1287>.

8 Sur le site de Jean-Baptiste Marot, on a accès aux trente-six tableaux du film. En ligne : <https://jeanbaptistemarot.fr/cinema/>, consulté le 21 mai 2024.

9 Le passage des explications de Pierre-Jean Larroque sur les chaussures se trouve aux minutes 15:20-16:03 du supplément au film en DVD. Pierre-Jean Larroque est l’un des costumiers les plus célèbres du cinéma français ; il a reçu quatre Césars (1999, 2016, 2019 et 2022).

10 Dans le film Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola, une paire de converses bleu clair glissée comme par inadvertance parmi les chaussures de soie de la reine est censée révéler son côté rebelle, adolescente et « fashion victim », et symbolise une forte rupture puisque tout le film joue sur une reconstitution parfaite. Il y a là une forme de contre-point exact du film de Rohmer. Cf. Monica Martinat, « Produire de l’empathie ou de la distance ? Réflexions sur le cinéma et l’histoire à partir de quelques films d’auteur », Passé Futurs, no 8. En ligne : <https://www.politika.io/fr/article/produire-lempathie-ou-distance>, consulté le 21 mai 2024.

11 Nous renvoyons à la réflexion menée par Antoine de Baeque dans L’Histoire-caméra, Paris, Gallimard, 2008. Antoine de Baeque est également co-auteur d’une biographie de référence sur Rohmer : Antoine de Baecque et Noël Herpe, Éric Rohmer : biographie, Paris, Stock, 2014.

12 Exécution de Louis xvi place de la Révolution, le 21 janvier 1793, Gravure (fin du xviiie siècle) d’Isidore Stanislas Helman, Bibliothèque nationale de France, Paris.

13 Sans surprise, la scène de l’exhibition de la tête du roi par le bourreau est reconstituée dans le film de Pierre Schoeller.

14 En ligne : <https://www.youtube.com/watch?v=0uGjQCg4TlY>, consulté le 28 juin 2024.

15 Gunther Anders, Nach « Holocaust » 1979, München, VerlagC.H.BeckoHG, 1987 : « C’est grâce à cette réduction cinématographique maltraitée que des millions de personnes […] connaissent aujourd’hui la vérité. Alors que le simple récit des faits, même leur comptage statistique, ne parvenait pas à stimuler et à façonner la capacité imaginative, le film Holocauste l’a fait. La figuration imaginaire d’une seule personne torturée dont nous connaissons la vie (fictive) et que nous avons appris à aimer, en dit bien plus sur les millions de morts que leur addition à coups de millions de dollars n’aurait pu en dire sur un seul individu » (la traduction est la nôtre, de la version italienne de ce livre [DopoHolocaust, 1979, préf. de David Bidussa, Turin, BollatiBoringhieri, 2014]).

16 Ce concept est résumé sous l’appellation « the heroproblem » : cf. <http://fr.wikipedia.org/wiki/Twelve_Years_a_Slave>, consulté le 21 mai 2024.

17 Marc Bloch, Apologie pour l’histoire, ou métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1949 (1re édition, posthume).

18 « Un’idea estremamente sollecitante per lo storico: cioè che raccontare vuol dire ricostruire una storia nella sua diversità, nella sua profondissima diversità. […] Mi pare che Fellini pensi di fare qualcosa del genere, di creare un effetto di spaesamento : questa strana gente che gesticola in maniera imprevedibile, che parla una lingua che non conosciamo, ci spaesa profondamente. Io credo che il lavoro dello storico abbia proprio questo fine : spaesare, farci guardare la realtà, individui, rapporti sociali, invenzioni tecnologiche, andando contro le nostre percezioni che portano a retrodatare tutto, a proiettare l’oggi nel passato. » Carlo Ginzburg, « Di tutti i doniche porto a Kaisàre… Leggere il film, scrivere la storia », dans Gianfranco Miro Gori (éd.), La storia al cinema : ricostruzione del passato, interpretazione del presente, Rome, Bulzoni, 1994, p. 147-158.

19 Éric Rohmer, entretien de Télérama « Éric Rohmer revient sur L’Anglaise et le Duc » 2001, publié sur le site le 11/01/2010. En ligne : <http://www.telerama.fr/cinema/eric-rohmer-revient-sur-l-anglaise-et-le-duc,51422.php>, consulté le 21 mai 2024.

20 Monica Martinat a développé plus amplement cette réflexion autour d’histoire et fiction dans son ouvrage Tra Storia e Fiction. Il raconto della realtá nel mondo contemporaneo, Milan, Et.al/edizioni, 2013.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Charlotte de Castelnau-L’Estoile et Monica Martinat, « L’Histoire à distance. Autour de L’Anglaise et le Duc d’Éric Rohmer »Recherches & Travaux [En ligne], 104 | 2024, mis en ligne le , consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/recherchestravaux/7438 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11xzl

Haut de page

Auteurs

Charlotte de Castelnau-L’Estoile

Sorbonne Université
castelnau.lestoile[at]gmail.com
 
Charlotte de Castelnau-L’Estoile est professeure d’histoire moderne à Sorbonne Université, spécialiste d’histoire du Brésil. Elle s’intéresse aux écritures de l’histoire ; elle a publié Páscoa et ses deux maris. Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle (PUF, 2019, prix Lycéen du livre d’histoire et prix du Sénat en 2020) qui a été adapté au théâtre par Jeanne Balibar dans un spectacle intitulé Les Historiennes.

Monica Martinat

Université Lumière-Lyon 2, UMR LARHRA 5190
monica.martinat[at]univ-lyon2.fr
 
Monica Martinat est professeur d’histoire moderne à l’université Lumière-Lyon 2. Spécialiste d’histoire sociale et économique de l’Europe moderne, elle s’occupe également des rapports entre histoire et fiction dans le monde contemporain, sur lesquels elle a publié plusieurs articles en français, anglais et italien et un volume monographique, Tra Storia e Fiction. Il racconto della realtá nel mondo contemporaneo, Milan, Et.al/edizioni, 2013.

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search